Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
discours de ces aspects sanitaires liés aux pratiques de la sexualité. De<br />
même, ici encore à juste raison statistique, concernant le thème de la<br />
mort maternelle, les variables quantitatives principalement étudiées<br />
font allusion à une sexualité avant tout définie par la reproduction :<br />
âge au premier rapport sexuel, âge au mariage, âge à la première maternité,<br />
prévalence contraceptive, etc.<br />
Ces statistiques liant divers aspects de la sexualité à la reproduction<br />
sont bien sûr essentielles. Elles permettent de comprendre des « tendances<br />
» et contribuent à mieux définir la « prise de risque » dans une<br />
population donnée. Mais elles ne suffisent pas pour décrire, par<br />
exemple, les contextes relationnels dans lesquels le risque intervient.<br />
Ces aspects non biologiques de la sexualité sont essentiels pour comprendre<br />
les conduites les plus ordinaires et, pour cela les plus importantes,<br />
des acteurs.<br />
Une brève revue de la littérature scientifique confirme cette sorte de<br />
relative « cécité » sur les aspects socio-relationnels que nous venons<br />
de souligner. En effet, beaucoup de travaux portant sur ce sujet résument<br />
souvent le sexuel aux uniques « pratiques sexuelles ». Et les<br />
œuvres historiques qui ont porté sur cette thématique (l’enquête<br />
ACSF en France, les travaux de Kinsey puis de Masters et Johnson<br />
aux Etats Unis) ont focalisé leur exploration de ce domaine en termes<br />
de « comportements sexuels ».<br />
Pourtant, la compréhension de la sexualité ne saurait être complète<br />
sans une prise en compte de ses aspects affectifs et relationnels.<br />
Comme le souligne Michel Bozon, «l’analyse des comportements sexuels ne<br />
peut se limiter aux pratiques réalisées, à la fréquence des rapports ou à la description<br />
des fantasmes sexuels… » (Bozon, 1993 : 1319). C’est donc à juste<br />
titre que Georges Balandier (1984) a souligné que la compréhension<br />
de la sexualité exige d’aller au-delà de sa signification apparente pour<br />
prendre en compte les multiples dimensions sociales qui la<br />
construisent en tant qu’objet scientifique. De même, il est évident que<br />
la thématique amoureuse influence fortement la construction du rapport<br />
à l’autre et le contexte interpersonnel de l’expérience sexuelle<br />
(Apotolidis, 2000).<br />
Outre ces aspects « relationnels », il est important de comprendre les<br />
variations sociales et historiques de la sexualité, des émotions et des<br />
- 158 -