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Pour Nicole-Claude Mathieu (1991), la reproduction est un lieu majeur<br />
de l’exercice de ces inégalités. Et certains travaux féministes ont<br />
soutenu que c’est à travers la gestation que l’espèce humaine prend<br />
possession du corps de la femme qui se retrouve ainsi dans une position<br />
d’aliénation d’autant plus accentuée qu’elle est successivement la<br />
« propriété » de son père qui l’a mariée selon son vouloir avant d’être<br />
la « chose » de son époux (Beauvoir 1949 : 138).<br />
Pour Maurice Godelier (op. cit.), la reproduction des rapports sociaux<br />
se fait à travers l’enfant qui en naissant ne reproduit pas seulement les<br />
rapports de parenté mais aussi les rapports de propriété et de pouvoir<br />
politique : c’est le fils aîné par exemple qui peut hériter de la terre et<br />
non la fille.<br />
C’est ce caractère politique inhérent aux rapports sociaux qu’évoque<br />
aussi Georges Balandier (1984) en soulignant que la puissance et le<br />
pouvoir, les symboles et les représentations, les catégories et les valeurs<br />
se forment d’abord selon un référent sexuel.<br />
Ce sont de tels rapports politiques qui justifient l’idée selon laquelle il<br />
existe une « valence différentielle des sexes » qui définit les statuts des<br />
sexes selon un axe « supérieur/inférieur » (Héritier 2002 : 78).<br />
Dans beaucoup de sociétés à travers le monde, les femmes intègrent<br />
ces relations inégalitaires et les perçoivent comme « naturelles » donnant<br />
ainsi lieu à une espèce de « domination consentie » (Bourdieu<br />
1998). L’histoire des relations entre les sexes nous apprend justement<br />
que la « hiérarchie » n’a pas de fondement naturel et que les inégalités<br />
de sexe sont simplement le fruit d’une construction sociale (Beauvoir,<br />
1949).<br />
Ces quelques remarques nous permettent maintenant de rendre<br />
compte de ce que nous avons observés dans nos différents terrains.<br />
La mise en couple et le « devoir » social de maternité<br />
Après le mariage, une attente sociale se met en place pour questionner<br />
la fécondité du couple ; et cette attente est presque une exigence.<br />
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