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social, la différence des sexes construite socialement et culturellement » (Thébaud,<br />
2005 : 61) mais aussi de souligner les rapports de genres dans les domaines<br />
de la reproduction et du travail (Tabet, 1985, Mathieu, 1991).<br />
Tous ces commentaires montrent que le corps biologique fait l’objet<br />
de représentations culturelles et soulignent qu’il « n’existe que construit<br />
culturellement par l’homme » (Breton : 28). De la même manière que<br />
Maurice Godelier (2001) souligne que « la sexualité est toujours autre<br />
chose qu’elle-même », nous pouvons dire que « le corps humain est toujours<br />
autre chose que lui-même » à cause justement des multiples significations<br />
sociales qui en saturent la définition.<br />
Les arguments économiques<br />
Si l’altération de l’état de santé de la mère et de l’enfant faisant suite à<br />
la procréation est une raison constamment invoquée pour justifier la<br />
planification des naissances, il existe d’autres arguments pour justifier<br />
cette pratique.<br />
C’est le cas, par exemple, des arguments économiques sous-tendus<br />
par l’idée selon laquelle la limitation du nombre des naissances est un<br />
moyen d’adapter les dépenses aux revenus et donc un moyen d’améliorer<br />
les conditions de vie de la famille. L’ « épreuve économique »<br />
est vécue d’autant plus durement que les ressources de l’individu et la<br />
taille de la descendance sont inversement proportionnelles.<br />
Dans des contextes sociaux où la précarité a un caractère structurel,<br />
les logiques d’acteurs s’appuient dans de très nombreux cas sur une<br />
rationalité économique simple où la contraception trouve une de ses<br />
justifications récurrentes : « enfanter selon ses moyens » ou encore « faire<br />
moins d’enfants pour mieux vivre ». Une jeune femme de 28 ans, 6 enfants<br />
(Mali milieu rural) déclare : « Oui, être mère comporte des difficultés. Quand<br />
ton mari n’a pas de moyens, toi tu as de petits enfants, toi tu as de nombreux enfants,<br />
c’est la femme qui s’occupe alors des charges de l’enfant et de leur nourriture.<br />
J’ai pratiqué la contraception pour être soulagée ».<br />
De même, D.O., femme de 36 ans (Ghana, milieu péri-urbain) explique<br />
ainsi pourquoi elle n’a pas l’intention de faire plus de trois enfants:<br />
« I need to be sure that I can take care of the children. If I give birth to<br />
more than three, I might not be able to care for them, given my income ». En insistant<br />
sur les conditions économiques, elle rejoint K. M., homme 33<br />
ans (Burkina, milieu urbain) qui observe : « pour les enfants les trois déjà<br />
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