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expériences de maternité célibataire (argument moral). Voyons
concrètement comment en matière de contraception, différents
contextes construisent les « cadres de l’expérience » (Goffman, 1991).
Les vécus corporels
Beaucoup de travaux en anthropologie ont souligné le caractère valorisant
de la maternité en Afrique (Rivière, 1990 ; Lallemand & al,
1991) et plus particulièrement le fait que la féminité se résume souvent
à la capacité de procréer. Le corps devient le lieu d’une distinction
sociale basée sur la capacité féconde de la femme.
Dans beaucoup de sociétés à travers le monde, ce corps fécond est
considéré comme un lieu de « transit » entre le monde des morts et le
monde des vivants d’autant plus qu’il arrive que l’enfant soit considéré
comme un ancêtre réincarné (Bonnet, 1998). Dans bien des représentations
partagées, la réussite sociale passe par la bénédiction de la
maman qui peut décider d’un « bon » ou d’un « mauvais » destin. La
malédiction prononcée par une maman est d’autant plus grave que
celle-ci se met nue pour les prononcer.
D’un autre point de vue, les représentations associées au corps reproducteur
font apparaître celui-ci comme un corps en souffrance.
L’expérience de la maternité est vécue comme une expérience unique
mais « difficile » à cause justement des souffrances vécues par la
femme durant tout le processus d’engendrement et même au-delà.
Au Mali, une parole populaire dit que « la maternité n’est pas facile »
(denbatigiya man nogo). Cette difficile « expérience » est souvent le point
de départ de la pratique contraceptive. C’est ce que soulignent les
propos de T.G., femme, 42 ans, 8 enfants (Mali, milieu péri- urbain) :
« ….être mère, c’est une peine, mettre un enfant au monde jusqu’à ce qu’il soit
porté, on nettoie son caca et ses urines, tout le monde sait que ça c’est une peine.
J’ai fini par pratiquer la contraception pour oublier tout ça ».
Tous les autres exemples qui suivent évoquent des divers « vécus
morbides » qui ont justifié chez les femmes concernées la pratique
contraceptive. Mme T, 38 ans (Sénégal, milieu urbain) insiste sur le
fait que la maternité ruine le corps de la femme : « C’est un truisme de
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