ATSEM-ENSEIGNANTS travailler ensemble (Thierry Vasse)
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« J’ai lu pour vous »<br />
THIERRY VASSE<br />
« <strong>ATSEM</strong>-<strong>ENSEIGNANTS</strong> :<br />
<strong>travailler</strong> <strong>ensemble</strong> »<br />
SCEREN /CRDP Pays de Loire<br />
2008<br />
Introduction :<br />
Comme le précise Viviane Bouysse dans son propos introductif : « Travailler <strong>ensemble</strong>...Ce n'est<br />
pas faire la même chose ; si on tendait vers cette confusion, il y aurait très vite, n'en doutons pas, un<br />
acteur de trop». Le partage du travail de l'<strong>ATSEM</strong> et de l'enseignant procède certes de la<br />
réglementation mais aussi et surtout de conceptions managériales et éducatives et il faut éviter d'une<br />
part un partage trop strict des territoires et d'autre part la confusion des rôles dévolus à chacun.<br />
Ce livre est donc construit selon la cohérence suivante:<br />
Spécificité de l'école maternelle<br />
Comprendre les obstacles et identifier les leviers<br />
Propositions pour un travail équilibré et plus d'efficacité<br />
Fiches propositions pour plus d'efficience<br />
Première partie :Spécificité de l'école maternelle<br />
L'auteur commence par une évocation historique de l'évolution des métiers de la petite enfance dans<br />
l'école qui va de la « dame de corps » à l'<strong>ATSEM</strong> actuelle. Il précise les textes réglementaires<br />
régissant le statut de ce personnel non enseignant. Il décrit ensuite une collaboration nécessaire mais<br />
complexe, vécue de façons très diverses selon les lieux avec le risque d'approches plus personnelles<br />
que professionnelles. Il est primordial d'éviter la confusion des rôles tout en ayant le respect de<br />
l'importance de chacun. Comme le précise Henri Petit «tout adulte côtoyant l'enfant, pour quelque<br />
raison que ce soit est personnellement engagé dans une action éducative. »<br />
Cependant la complexité de cette collaboration « subie » peut engendrer des incompréhensions, des<br />
tensions voire des conflits. L'auteur en fait un tour d 'horizon montrant que les procès sont<br />
réciproques et les dysfonctionnements, qui peuvent aller jusqu'à la crise grave, ont la plupart du<br />
temps comme point de départ de banales situations d'incompréhension ou de manque de<br />
communication des deux côtés. Or ceci peut aller jusqu'à la mise en péril de la qualité du service<br />
rendu aux élèves et à leur famille.<br />
Un des axes de cette complexité réside dans l'ambiguïté d'une hiérarchie bicéphale. En effet si<br />
l'<strong>ATSEM</strong> est un agent territorial dépendant du maire (c'est lui qui procède à son recrutement, sa<br />
nomination, voire sa révocation et l'avis du directeur n'est que consultatif), il se trouve sous la<br />
responsabilité du directeur d'école durant le temps scolaire. Il y a donc deux formes de<br />
responsabilité bien distinctes, l'une de nature administrative, l'autre de nature fonctionnelle.<br />
L'auteur donne l'exemple du conseil d'école. Le décret n°90-788 du 6 septembre 1990 précise que<br />
les <strong>ATSEM</strong> peuvent assister, avec voix consultative aux séances du conseil d'école. La plupart des<br />
<strong>ATSEM</strong> ne le savent pas. Beaucoup de directeurs ne les invitent pas, soit qu'ils n'en voient pas<br />
l'intérêt, soit pour ne pas créer de difficultés sur un temps non rémunéré. Beaucoup de mairies ne<br />
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souhaitent pas les y voir paraître, à la fois pour ne pas avoir à rétribuer des heures supplémentaires<br />
et pour éviter que ce personnel ne soit interpellé comme représentant de la collectivité.<br />
Sur la question de l'évaluation de ces personnels, là encore la place et le rôle de l'enseignant reste<br />
flous, variables, et très aléatoires.<br />
L'auteur pointe alors le véritable déficit en terme de formation des enseignants, tant initiale que<br />
continue, sur ce que peut et doit être un partenariat avec un <strong>ATSEM</strong>. Il en veut pour preuve les<br />
disparités énormes constatées dans les fonctionnements de classe, dans les « tolérances » ou au<br />
contraire la rigidité, observées chez les inspecteurs, et dans les besoins de formation exprimés par<br />
les directeurs d'école en terme de gestion des crises, prévention de conflit, outils de communication<br />
et gestion du travail en équipe.<br />
Deuxième partie :Comprendre les obstacles et identifier les leviers<br />
A partir d'une expérimentation dans plusieurs écoles, l'auteur a listé les disparités dans les<br />
fonctionnements des <strong>ATSEM</strong> et leurs causes (amplitudes horaires, tâches données, nature même du<br />
travail, insertion dans l'équipe ou non, dispositif de communication, diplôme, etc.) et en a déduit<br />
que là où les binômes enseignants/<strong>ATSEM</strong> fonctionnent de manière harmonieuse, et donc ont<br />
trouvé leur point d'équilibre, c'est là où chacun s'est senti reconnu dans l'exercice de son métier.<br />
S'il est si difficile de trouver ce point d'entente c'est qu'il a fallu beaucoup de temps par exemple<br />
pour que l'éducation nationale prenne en compte cet aspect (avant 2002 aucune instruction officielle<br />
ne fait référence au corps de métier des <strong>ATSEM</strong>). C'est aussi lié à la réelle difficulté pour beaucoup<br />
de communes à positionner clairement les agents territoriaux travaillant en école maternelle sur le<br />
champ de l'éducatif.<br />
L'explicitation des rôles de chacun n'est guère facilitée par des textes trop flous, qui laissent une<br />
large part à l'interprétation. La collaboration enseignant/<strong>ATSEM</strong> se construit (ou pas) le plus<br />
souvent à partir de la représentation intuitive de ce pourquoi chacun est là, et de la prise de<br />
conscience (ou non) de la complémentarité de chaque mission. Les vocables utilisés illustrent assez<br />
bien la façon de penser cette collaboration (binôme, tandem, duo, doublette, couple...)<br />
Si l'<strong>ATSEM</strong> et l'enseignant assurent tous deux des missions éducatives, seul l'enseignant est en<br />
charge de la pédagogie. Mais la frontière entre les deux domaines n'étant pas toujours claire il est<br />
très important de préciser et d'évoquer <strong>ensemble</strong> les rôles dévolus à chacun.<br />
Le problème de la communication apparaît comme crucial. En effet très peu d'espace d'échanges<br />
sont possibles du fait de l'organisation des temps de travail de chacun. Les informations sont donc la<br />
plupart du temps données rapidement, en faisant autre chose, entre deux portes, etc. En découlent<br />
souvent des incompréhensions, des interprétations, des oublis...Dans ce mode de communication<br />
pas de place aux interrogations, aux échanges, au partage, aux avis, aux décisions conjointes.<br />
Une vraie communication est un levier majeur de la collaboration entre <strong>ATSEM</strong> et enseignant qui<br />
permettrait en outre d'afficher la cohérence de ces professionnels vis à vis des familles.<br />
L'auteur pointe également le manque d'espace de créativité laissée à l'<strong>ATSEM</strong>. En effet il ne lui est<br />
laissé que très peu de responsabilité, il s'adapte au fonctionnement de l'enseignant, répond au<br />
commandes, est « au service de ». Or si en effet il n'est pas en responsabilité des enfants qui lui sont<br />
confiés, il est disponible pour ceux-ci, assure la continuité, dédramatise, réconforte, rassure et pour<br />
peu qu'on lui laisse la possibilité d'être créatif, si on l'autorise à prendre des initiatives, joue donc un<br />
rôle éminemment facilitateur.<br />
Il y a donc une conscience professionnelle à partager. Une complémentarité réussie se construit sur<br />
le partage de valeurs et de référentiels communs sur ce qui se joue dans la classe, dans l'école, à<br />
tous moments de la journée de l'enfant/élève.<br />
A ce titre le moment de l'accueil du matin est un des leviers fédérateurs pour construire la cohérence<br />
et la complémentarité des rôles de chacun. Il est donc à réfléchir en commun.<br />
L'auteur évoque ensuite les évolutions récentes du métier d'<strong>ATSEM</strong>. On note une grande corrélation<br />
entre les fonctions de l'<strong>ATSEM</strong> précisées dans l'arrêté n°92-850 du 28 aôut 1992 (et dans la version<br />
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consolidée du 29 décembre 2006) et la compétence globale du CAP « petite enfance » (voir l'arrêté<br />
du 25 février 2005 qui en donne la définition). La modification du mode de recrutement est bien la<br />
conséquence d'une exigence de qualification de plus en plus élevée du métier d'<strong>ATSEM</strong>. Certes les<br />
situations sont très variables sur le territoire et l'obtention d'un CAP n'a pas toujours modifié le<br />
regard sur ces acteurs, et n'a pas toujours été valorisée dans les pratiques quotidiennes. On note<br />
cependant une réelle demande en terme de formation continue et l'investissement de certaines<br />
institutions dans la proposition de stages (CNFPT, centres de gestion, associations...). Les<br />
municipalités commencent à prendre conscience d'un vrai besoin et tentent d'y répondre.<br />
Pour terminer ce chapitre on se penche sur les organisations d'école existantes.<br />
Les dispositions de l'article R 412-127 du code des communes n'impliquent pas l'affectation d'un<br />
agent spécialisé des écoles maternelles dans chaque classe. Le texte précise que c'est à la commune<br />
d'apprécier, en liaison avec les services de l'éducation nationale, les besoins en personnels. On peut<br />
ainsi voir des situations très différentes d'une commune à l'autre : certaines attribuent un <strong>ATSEM</strong><br />
par classe, d'autre pas, d'autres encore en prévoient plus que de classes (souvent pour un meilleur<br />
accueil des plus jeunes). Il est vrai que même si c'est une source de moyens supplémentaires non<br />
négligeable, la présence d'une <strong>ATSEM</strong> 6 heures par jour dans une classe homogène de GS n'est pas<br />
une condition sine qua non de réussite, au vu des objectifs de développement de l'autonomie des<br />
élèves, de la coopération, etc.<br />
Quelles sont les modes d'organisation les plus rencontrés ?<br />
– l'<strong>ATSEM</strong> hors classe « appelé par l'enseignant » : c'est le modèle qui prévalait par le passé<br />
et qui perdure par endroit. Les <strong>ATSEM</strong> disposent alors d'un endroit personnel de travail et<br />
répondent aux sollicitations de l'enseignant. Certains ont fait ce choix pour se « préserver »<br />
de la présence constante d'une tierce personne. Il apparaît que la collaboration s'en trouve<br />
diminuée et que l'agent a le sentiment de n'être qu'au « service de... ». C'est donc assez peu<br />
valorisant.<br />
– L'<strong>ATSEM</strong> dans la classe : c'est le modèle le plus courant lorsqu'il y a une <strong>ATSEM</strong> par<br />
classe. Du point de vue enseignant ce modèle est vécu comme plus à même de construire la<br />
cohérence des actions éducatives et d'offrir une plus grande disponibilité aux enfants. Du<br />
point de vue des <strong>ATSEM</strong> c'est vécu comme plus valorisant. Cependant cette présence quasi<br />
permanente est plus fatigante physiquement et nerveusement, d'autant que ces personnels<br />
vont enchaîner leurs missions sur le temps péri-scolaire (ménage, garderie, restauration....).<br />
Chacun des acteurs doit de plus accepter le regard de l'autre, établir un climat de confiance.<br />
– L'<strong>ATSEM</strong> tournant : c'est le cas de ceux qui opèrent des rotations sur un trimestre, ou une<br />
année. Ce système ne peut être fiable que si la période est suffisamment longue pour<br />
engager un vrai travail partenarial. On ne peut nier que cette solution est souvent adoptée<br />
dans le cas où des dysfonctionnements sont apparus entre les professionnels. Elle peut<br />
apporter une réponse temporaire à une situation particulière ou pour permettre aux <strong>ATSEM</strong><br />
de découvrir plusieurs niveaux de classe (en restant un an dans chaque classe). L'<strong>ensemble</strong><br />
des acteurs ne semblent pas estimer que c'est la meilleure solution sur le long terme.<br />
– Le cas des postes fractionnés : du fait de la législation du travail beaucoup d'enseignants<br />
utilisent leur droit au temps partiel. Avec trois personnes il faut donc construire deux<br />
binômes. Ces fonctionnements particuliers ne sont pas un frein à des collaborations efficaces<br />
mais nécessitent une réflexion et une prise en compte spécifique.<br />
Troisième partie :Propositions pour un travail équilibré et plus d'efficacité<br />
En préambule est citée Lucile Barberis, ancienne présidente de l'AGEEM sur le partenariat :<br />
« Etre partenaire c'est être associé mais pas forcément consentant à tout. C'est avoir des<br />
connivences mais aussi des divergences à régler avec l'autre dans le contrat initial et au fil des<br />
jours. Etre partenaires cela engage à des obligations et à des fonctionnements négociés. C'est que<br />
l'on a intégré la complémentarité des rôles respectifs de l'<strong>ATSEM</strong> et de l'enseignant et que l'on est<br />
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capable de dépasser une connivence naturelle des personnes pour construire un fonctionnement<br />
harmonieux. »<br />
Dans un premier paragraphe monsieur <strong>Vasse</strong> clarifie les rôles et missions de chaque acteur de la<br />
communauté éducative dont font partie les <strong>ATSEM</strong>. Il évoque le rôle central du directeur, qui<br />
malgré le manque de statut clair, est le pivot de l'organisation de l'école et des partenariats qui s'y<br />
tiennent.<br />
Sont abordés ensuite les enjeux de la communication. A l'interne, même si les rôles de chacun sont<br />
bien définis en début d'année, il est indispensable de ré-interroger les manières de fonctionner, de<br />
re-visiter les fonctionnements, les aménagements de la classe, qui doivent évoluer au cours de<br />
l'année, etc. Dans le souci de la continuité des actions et de la progressivité des apprentissages des<br />
enfants le binôme enseignant/ <strong>ATSEM</strong> aura à s'interroger sur de nouvelles stratégies de<br />
fonctionnement. Des temps de régulation interne, donc d'échanges hors la présence des enfants sont<br />
à prévoir. Quelques exemples sont donnés sur le temps de l'accueil par exemple, sur le retour de<br />
stage d'une <strong>ATSEM</strong> qui doit pouvoir partager ses informations, et sur la nécessaire interrogation à<br />
avoir sur le langage et le parler professionnel. A l'externe c'est l'image que l'on renvoie de l'école<br />
qui est en jeu dans une communication raisonnée. L'auteur en donne alors quelques éléments. Les<br />
noms de chaque personne oeuvrant dans la classe, dans l'école, devraient être affichés, avec leur<br />
statut, leur photo...Les réunions de classe étant un levier majeur de cette communication externe,<br />
l'<strong>ATSEM</strong> devrait y être présente, non pour garder les enfants dans une autre salle, mais pour<br />
expliquer ce qu'elle fait, le rôle qu'elle joue mais aussi entendre les attentes et enjeux de l'école<br />
maternelle, s'imprégner de cette culture scolaire. Une <strong>ATSEM</strong> (par rotation par exemple) devrait<br />
également être présente dans les conseils d'école pour positionner leur présence et leur importance<br />
dans l'école.<br />
Une fois les rôles de chacun compris et explicités, une fois une communication interne et externe<br />
mise en place des actions concrètes et des modalités de travail pourront émerger. Pour que le<br />
concept de « communauté éducative » existe, cela nécessite un travail d'équipe. Outre les<br />
concertations en binôme déjà évoquées, des pistes sont évoquées : celle d'un conseil des <strong>ATSEM</strong><br />
présidé par le directeur, celle de conseils des maîtres ouverts (partiellement souvent) aux <strong>ATSEM</strong><br />
selon les sujet abordés (organisation de sorties, surveillance, collation...), celle de leur participation<br />
à certaines réunions institutionnelles (de bilan de projets d'école, de concertation RRS, dans le cadre<br />
de contrats éducatifs, etc.. )<br />
Suivent ensuite dans ce paragraphe quelques exemples de formations communes, de rédactions<br />
concertées de « charte des <strong>ATSEM</strong> » dans certaines communes.<br />
Quatrième partie :Fiches propositions pour plus d'efficience<br />
La dernière partie de l'ouvrage est constituée de fiches techniques à destination des divers acteurs :<br />
enseignants, <strong>ATSEM</strong>, directeurs, IEN, CPC, formateur IUFM et cadre territorial. Construites sur le<br />
même modèle ces fiches permettent de poser les constats et difficultés ressenties, de cibler les<br />
acteurs partenaires, de donner des pistes d'actions prioritaires, les modalités d'action possibles, de<br />
prévoir des outils et supports et de cibler les résultats attendus.<br />
Conclusion<br />
Les métiers de professeur des écoles et d'agent territorial spécialisé se construisent aujourd'hui à<br />
partir de référentiels de compétences qui ont considérablement évolué et dans des contextes<br />
différents. La présence conjointe de ces deux corps de métier, dans une dynamique de collaboration<br />
professionnalisée ne peut que renforcer l'intention d'amélioration qualitative de l'accueil des enfants<br />
en maternelle. Il est essentiel que les institutions de référence prennent en compte ces<br />
problématiques et dépassent le déséquilibre créé par les deux cadres d'emploi. Pour ce faire un<br />
accompagnement des acteurs concernés semble nécessaire. Chacun d'entre eux doit en outre prendre<br />
en compte l'évolution et la complexité de ces coopérations quotidiennes.<br />
En annexe les textes institutionnels et quelques contributions sont proposés.<br />
Gastard Catherine IEN 4/4 15/01/2012