Le Cirad en 2006
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Dans les systèmes agroforestiers, la production est moindre mais de meilleure qualité :<br />
caféiers sous Gravilea robusta. © P. Vaast/<strong>Cirad</strong>.<br />
dant, la t<strong>en</strong>dance de ces tr<strong>en</strong>te dernières<br />
années a été à la modernisation de<br />
la caféiculture : les pratiques culturales<br />
ont été int<strong>en</strong>sifiées et l’ombrage a été<br />
réduit. Or, pour mieux vivre de leur travail,<br />
les producteurs doiv<strong>en</strong>t désormais<br />
miser sur la qualité de leur café, sur la<br />
diversification de leur rev<strong>en</strong>u et sur la<br />
valorisation des services <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux<br />
qu’ils r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t grâce aux systèmes<br />
agroforestiers. Face à cette situation, il<br />
était donc nécessaire de proposer des<br />
alternatives viables à la monoculture<br />
int<strong>en</strong>sive afin de promouvoir des pratiques<br />
de gestion durables.<br />
Durant les cinq années du projet, des<br />
données ont été collectées au sein d’<strong>en</strong>viron<br />
900 exploitations de trois pays :<br />
Costa Rica, Guatemala et Nicaragua.<br />
Plusieurs grands axes de recherche ont<br />
été explorés, notamm<strong>en</strong>t l’effet des pratiques<br />
agroforestières sur la culture du<br />
caféier, l’impact de la caféiculture sur<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et, finalem<strong>en</strong>t, l’amélioration<br />
des rev<strong>en</strong>us des producteurs.<br />
arbres est rarem<strong>en</strong>t adaptée à l’ombrage<br />
nécessaire au bon développem<strong>en</strong>t végétatif<br />
et à la production des caféiers ; la<br />
fertilisation ne correspond pas toujours<br />
aux besoins des caféiers et des arbres<br />
d’ombrage. <strong>Le</strong>s chercheurs ont donc<br />
développé des modèles qui doiv<strong>en</strong>t<br />
permettre de décider des espèces et<br />
des d<strong>en</strong>sités d’arbres <strong>en</strong> fonction du<br />
besoin <strong>en</strong> lumière des caféiers. Ils ont<br />
égalem<strong>en</strong>t évalué l’impact de l’ombrage<br />
sur la physiologie et la qualité du<br />
café, notamm<strong>en</strong>t sur la photosynthèse,<br />
l’allocation du carbone <strong>en</strong>tre production<br />
et développem<strong>en</strong>t végétatif, la floraison<br />
et la charge <strong>en</strong> fruits. L’ombrage joue<br />
un rôle similaire à celui de l’altitude,<br />
<strong>en</strong> fournissant un micro<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
favorable à la croissance des baies.<br />
Il retarde la maturation de la pulpe,<br />
augm<strong>en</strong>te ainsi la taille des grains et<br />
améliore la qualité de la boisson. La<br />
production est moindre <strong>en</strong> quantité<br />
mais plus stable année après année et<br />
de meilleure qualité.<br />
<strong>Le</strong>s plantations de caféiers, qui couvr<strong>en</strong>t<br />
un million d’hectares <strong>en</strong> Amérique c<strong>en</strong>trale,<br />
ont égalem<strong>en</strong>t un impact sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
à grande échelle. Elles se<br />
situ<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t au sein d’écosystèmes<br />
de montagne très fragiles, dans le corridor<br />
biologique mésoaméricain, où la<br />
biodiversité est particulièrem<strong>en</strong>t forte.<br />
Afin de quantifier cet impact, les effets<br />
des arbres d’ombrage et de leur mode<br />
de gestion sur la fertilité des sols et la<br />
disponibilité <strong>en</strong> azote pour le caféier ont<br />
été évalués. <strong>Le</strong>s chercheurs ont id<strong>en</strong>tifié<br />
les pratiques de fertilisation permettant<br />
un compromis <strong>en</strong>tre production<br />
et protection de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Ils<br />
ont montré qu’<strong>en</strong> diminuant les besoins<br />
<strong>en</strong> <strong>en</strong>grais les systèmes agroforestiers<br />
contribu<strong>en</strong>t à réduire les pertes de<br />
nitrates par drainage et donc la contamination<br />
des nappes phréatiques. Par<br />
ailleurs, l’introduction de l’arbre dans<br />
les systèmes caféiers accroît le stock de<br />
carbone dans la biomasse, la litière au<br />
sol et dans le sol, contribuant ainsi à la<br />
séquestration du carbone.<br />
Des sources de rev<strong>en</strong>us<br />
diversifiées<br />
Enfin, les chercheurs se sont p<strong>en</strong>chés sur<br />
les rev<strong>en</strong>us des producteurs. L’objectif<br />
était de simuler les effets de plusieurs<br />
scénarios de culture et leurs conséqu<strong>en</strong>ces<br />
sur les coûts de production du<br />
café et sur la viabilité économique des<br />
exploitations. <strong>Le</strong>s simulations mett<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la contribution majeure<br />
du bois d’œuvre et du bois de feu, <strong>en</strong><br />
particulier dans les régions de basse<br />
altitude : le bois fournit <strong>en</strong>tre 10 % et<br />
50 % des rev<strong>en</strong>us des caféiculteurs au<br />
Costa Rica et au Guatemala. <strong>Le</strong>s rev<strong>en</strong>us<br />
peuv<strong>en</strong>t aussi être améliorés par<br />
la certification et la labellisation des<br />
productions (café durable, biologique,<br />
etc.), mais la mise aux normes techniques<br />
et les processus de certification<br />
<strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t des coûts supplém<strong>en</strong>taires.<br />
21<br />
Un café<br />
de meilleure qualité<br />
En général, les producteurs connaiss<strong>en</strong>t<br />
les espèces forestières à associer<br />
aux caféiers mais la gestion qu’ils leur<br />
appliqu<strong>en</strong>t est défici<strong>en</strong>te : la d<strong>en</strong>sité des<br />
Un compromis <strong>en</strong>tre<br />
production et protection<br />
de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
Ces résultats seront approfondis grâce à<br />
un nouveau projet, Cafnet** , qui vi<strong>en</strong>t<br />
de débuter. Il concerne l’Amérique c<strong>en</strong>trale,<br />
l’Afrique de l’Est et l’Inde, et vise à<br />
promouvoir les systèmes agroforestiers<br />
à base de caféiers pour les bi<strong>en</strong>s et<br />
les services <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux qu’ils<br />
procur<strong>en</strong>t. Il devrait permettre d’amé-<br />
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