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Marqueurs Tumoraux Sériques et Syndromes Paranéoplasiques

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Item 140. Diagnostic des cancers :<br />

Signes d’appel <strong>et</strong> investigations para-cliniques ; stadification ; pronostic<br />

<strong>Marqueurs</strong> <strong>Tumoraux</strong> <strong>Sériques</strong><br />

<strong>et</strong> <strong>Syndromes</strong> <strong>Paranéoplasiques</strong><br />

Plan de cours<br />

I – CE QU’IL FAUT COMPRENDRE ..............................................................................................................2<br />

II – LES MARQUEURS TUMORAUX SÉRIQUES .......................................................................................2<br />

A – Les principaux marqueurs à connaître ................................................................................................................. 2<br />

B – Comment les utiliser de façon optimale ? .............................................................................................................. 2<br />

III–LES SYNDROMES PARANÉOPLASIQUES………………....................................................................3<br />

Contact enseignant :<br />

E-mail : william.jacot@valdorel.fnclcc.fr


I – CE QU’IL FAUT COMPRENDRE<br />

Les modifications des profils d’expression cellulaires au cours du processus de cancérogenèse aboutissent à de<br />

nombreuses modifications de synthèses métaboliques. Il peut s’agir de phénomènes de répression, entraînant la perte de<br />

certaines fonctions (par exemple, la disparition de la sécrétion de mucus dans certains cancers digestifs) ; mais, le plus<br />

fréquemment, il s’agit de la production excessive de molécules normalement synthétisées par le tissu à partir duquel<br />

s’est développé le cancer (par exemple, les immunoglobulines monoclonales produites par les plasmocytes tumoraux<br />

dans le myélome, ou encore l’insuline produite par insulinomes des îlots de Langerhans du pancréas) ou de l’apparition<br />

de synthèses métaboliques nouvelles (ou encore dites ectopiques) ou la réapparition de synthèses métaboliques<br />

présentes aux stades de la vie fœtale (protéines oncofo<strong>et</strong>ales).<br />

Les perturbations métaboliques responsables de la production nouvelle ou excessive de certaines molécules sont<br />

susceptibles d’avoir des conséquences cliniques si ces molécules possèdent des propriétés physiologiques : par exemple,<br />

hypoglycémie des insulinomes, hyponatrémie des tumeurs bronchiques sécrétant de l’ADH, gynécomastie des tumeurs<br />

secrétant de l’hormone chorionique gonadotrope (HCG), érythème nécrolytique migrateur associé aux sécrétions<br />

tumorales des glucagonomes ou encore hypercorticisme des tumeurs produisant de l’ACTH ; ces manifestations cliniques<br />

correspondent aux syndromes paranéoplasiques.<br />

Le terme « paranéoplasique » a pour objectif de souligner que les conséquences cliniques engendrées ne sont<br />

pas directement liées à la présence de cellules cancéreuses dans un tissu donné (par exemple, l’hypercalcémie liée à la<br />

présence de métastases osseuses), mais bien en relation avec la synthèse anormale d’une ou plusieurs molécules dont<br />

l’action se traduit à distance des cellules cancéreuses (par exemple, l’hypercalcémie liée à la sécrétion de PTH). Avant de<br />

pouvoir conclure à un syndrome paranéoplasique, il est donc indispensable de vérifier l’absence d’envahissement tumoral<br />

au niveau de l’organe cible. Ces molécules sont soit des molécules à activité biologique (hormones, facteurs de<br />

croissance), soit des auto-anticorps ciblant des antigènes communs aux cellules tumorales <strong>et</strong> à certaines cellules normales<br />

(mécanisme fréquent des syndromes paranéoplasiques neurologiques).<br />

Les syndromes paranéoplasiques peuvent précéder de plusieurs mois la découverte des tumeurs primitives qui<br />

les provoquent ; lorsqu’ils sont diagnostiqués sans antécédent tumoral connu, ils doivent donc faire réaliser un bilan à la<br />

recherche d’une néoplasie sous-jacente. Certains syndromes paranéoplasiques sont reconnus dans leur expression clinique<br />

mais n’ont pas encore été expliqués sur le plan biologique (par exemple, certaines dermatoses ou certains syndromes<br />

neurologiques). Bien qu’importants à connaître, les syndromes paranéoplasiques ne sont présents que chez environ 10%<br />

des patients cancéreux. Cependant leur fréquence peut être bien supérieure selon le type de tumeur considérée. Les cancers<br />

bronchiques sont ainsi associés à un ou des syndromes paranéoplasiques dans environ 20% des cas.<br />

Lorsque les molécules synthétisées en excès n’ont pas de rôle physiologique notable, il n’y a pas de conséquence<br />

clinique attendue ; c’est le cas de la majorité des marqueurs tumoraux sériques, dont la présence ne peut être décelée<br />

que par un dosage sanguin. A l’inverse des syndromes paranéoplasiques, l’utilisation des marqueurs tumoraux sériques est<br />

très fréquente (quotidienne) en pratique cancérologique. Cependant la sécrétion d’un ou plusieurs marqueurs tumoraux<br />

n’est pas systématique <strong>et</strong> un pourcentage non négligeable de tumeurs ne sont pas associées à une élévation de marqueurs<br />

tumoraux sériques.<br />

Il est capital de se souvenir que, d’une manière générale, aucun de ces marqueurs tumoraux sériques n’est<br />

spécifique du cancer (le diagnostic doit toujours être affirmé par des prélèvements biopsiques) <strong>et</strong> aucun d’entre eux<br />

n’est spécifique d’organe (ils ont le plus souvent une valeur d’orientation), à quelques exceptions près (par exemple, le<br />

PSA est spécifique de la prostate). Il existe des faux positifs ainsi que des faux négatifs, <strong>et</strong> aucun marqueur ne peut être<br />

considéré comme fiable à 100%.


II – LES MARQUEURS TUMORAUX SÉRIQUES<br />

A – Les principaux marqueurs à connaître Les principaux marqueurs utilisés en pratique quotidienne cancérologique sont<br />

répertoriés dans le Tableau I. Ils correspondent le plus souvent à des tumeurs d’origine épithéliale épidermoïde (SCC,<br />

Cyfra 21-1), glandulaire (ACE, CA 125, CA 15-3, CA 19-9), neuro-endocrine (NSE) ou d’origine germinale (AFP,<br />

HCG). Les tumeurs primitives dans la prise en charge desquelles ils sont principalement utilisés sont précisées.<br />

B – Comment les utiliser de façon optimale ?<br />

La prescription des marqueurs tumoraux sériques doit suivre une démarche logique.<br />

b1 -Le choix doit être dicté par la tumeur primitive <strong>et</strong> le type histologique (par exemple, CA125 pour un<br />

adénocarcinome de l’ovaire, AFP <strong>et</strong> HCG pour une tumeur germinale de l’ovaire).<br />

b2 - Le PSA est le seul marqueur susceptible d’être utilisé dans le cadre d’un dépistage de masse. Vu la<br />

prévalence faible à l’échelle de la population, ainsi que l’existence de faux positifs, un test de dépistage doit être<br />

extrêmement efficace, avec une VPP proche de 1, pour espérer être utile, <strong>et</strong> encore au prix de multiples faux positifs.<br />

Considérant une pathologie relativement fréquente (1/1000) dans la population dépistée, avec une VPP très élevée, de<br />

99% (0,99), il y aura encore 9 faux positifs pour un patient atteint de ladite pathologie…<br />

b3 - D’une manière générale, la sensibilité <strong>et</strong> la spécificité des marqueurs tumoraux sériques ne sont pas<br />

suffisamment élevées pour prétendre à eux seuls étayer un diagnostic de cancer ou de tumeur primitive (Tableau II).<br />

b4- Dans certaines situations, les marqueurs sériques ont une valeur pronostique qui intervient dans le choix du<br />

traitement (par exemple, le niveau d’élévation de l’AFP <strong>et</strong> de l’HCG dans les tumeurs germinales).<br />

b5 - La majorité d’entre eux sont utilisés dans le cadre du suivi de l’efficacité du traitement <strong>et</strong> de la surveillance<br />

ultérieure. Il est donc important, si l’on souhaite les utiliser en ce sens, d’avoir une valeur de référence pré thérapeutique,<br />

perm<strong>et</strong>tant de déterminer s’il existe ou non une élévation initiale d’un ou plusieurs marqueurs afin de pouvoir ensuite les<br />

utiliser en suivi.<br />

III – LES SYNDROMES PARANÉOPLASIQUES<br />

Ils peuvent être de nature cutanée, endocrinienne, hématologique, neurologique ou encore rhumatologique. Les<br />

syndromes les plus fréquents sont répertoriés dans le tableau III. Les tumeurs primitives sous-jacentes sont le plus souvent<br />

d’origine broncho-pulmonaire, digestive ou hématologique. Ils peuvent constituer la symptomatologie révélatrice du<br />

tableau clinique tumoral. Comme les marqueurs tumoraux sériques, leur évolution dans le temps perm<strong>et</strong> d’apprécier<br />

l’efficacité du traitement anti-cancéreux quand ils résultent de la sécrétion ectopique tumorale (SIADH, syndrome de<br />

Cushing). Pour ce qui est des syndromes paranéoplasiques liés à des auto-anticorps, le traitement de la tumeur primitive<br />

n’améliore pas obligatoirement le tableau clinique, voire est susceptible de l’aggraver, en augmentant la pression sur la<br />

cible tissulaire normale par disparition de la cible tumorale des auto-anticorps.


Tableau I : Les marqueurs tumoraux sériques<br />

Marqueur Type histologique tumoral Organe(s) d’utilisation<br />

préférentielle<br />

Utilisation pratique<br />

Antigène Carcino-Embryonnaire (ACE)<br />

Adénocarcinomes<br />

Colon<br />

Thyroïde (cancers médullaires)<br />

Suivi<br />

Suivi<br />

CA 125 Adénocarcinomes Ovaire Suivi<br />

CA 15-3 Adénocarcinomes Sein Suivi<br />

CA 19-9 Adénocarcinomes Colon<br />

Pancréas<br />

Suivi<br />

Suivi<br />

SCC Carcinomes épidermoïdes Col utérin<br />

Oesophage<br />

Suivi<br />

Suivi<br />

Cyfra-21 Carcinomes Bronches Suivi<br />

Neurone Specific Enolase (NSE)<br />

Tumeurs neuro-endocrines<br />

Bronches<br />

Suivi<br />

Alphafo<strong>et</strong>oprotéine (AFP)<br />

Tumeurs germinales séminomateuses<br />

Hépatocarcinomes<br />

Testicule<br />

Foie<br />

Suivi<br />

Suivi<br />

Diagnostic<br />

Tumeurs germinales non<br />

séminomateuses<br />

Testicule<br />

Pronostic<br />

Suivi<br />

Lacticodéshydrogénases (LDH)<br />

Tous types<br />

(refl<strong>et</strong> de la masse tumorale)<br />

Tumeurs germinales<br />

Pronostic<br />

Suivi<br />

Hormone Chorionique Gonadotrope (HCG)<br />

Tumeurs germinales non<br />

séminomateuses<br />

Lymphomes<br />

Testicule<br />

Pronostic<br />

Suivi<br />

Diagnostic<br />

Pronostic<br />

Suivi<br />

Tumeurs trophoblastiques<br />

Placenta<br />

Diagnostic<br />

Suivi<br />

<strong>Marqueurs</strong> biologiques spécifiques d’organe<br />

Antigène spécifique de prostate (PSA)<br />

Prostate<br />

Dépistage<br />

Pronostic<br />

Suivi<br />

Thyroglobuline<br />

Thyroïde (Cancers différenciés)<br />

Suivi<br />

Thyrocalcitonine<br />

Thyroïde (Cancers médullaires)<br />

Diagnostic<br />

Suivi<br />

Immunoglobulines monoclonales<br />

Plasmocytes<br />

Diagnostic<br />

Suivi


Tableau II : Rappel statistique : Sensibilité, spécificité, VPP <strong>et</strong> VPN<br />

Cancer<br />

Pas de cancer<br />

Marqueur élevé A B<br />

Marqueur normal C D<br />

Sensibilité : proportion d’élévation chez les suj<strong>et</strong>s malades (Se = A/A+C)<br />

Spécificité : proportion de normalité chez les suj<strong>et</strong>s sains (Sp = D/B+D)<br />

Valeur prédictive positive : proportion de suj<strong>et</strong>s malades en cas d’élévation (VPP = A/A+B)<br />

Valeur prédictive négative : proportion de suj<strong>et</strong>s non malades en cas de normalité (VPN = D/C+D)


Tableau III : Les principaux syndromes paranéoplasiques<br />

<strong>Syndromes</strong> paranéoplasiques<br />

<strong>Syndromes</strong> cutanés<br />

Acanthosis nigricans<br />

Acrokératose de Bazex<br />

Ichtyose diffuse acquise<br />

Erythema gyratum repens<br />

Syndrome de Swe<strong>et</strong><br />

Erythème nécrolytique migrateur<br />

<strong>Syndromes</strong> endocriniens<br />

Syndrome de Cushing<br />

Syndrome de Schwartz-Bartter / SIADH<br />

Gynécomastie<br />

Hypercalcémie<br />

Syndrome de flush carcinoïde<br />

<strong>Syndromes</strong> hématologiques<br />

Anémie hémolytique<br />

Polyglobulie<br />

Hyperleucocytose<br />

Purpura thrombopénique<br />

Coagulation intra-vasculaire disséminée<br />

Thromboses récidivantes<br />

<strong>Syndromes</strong> neurologiques<br />

Encéphale <strong>et</strong> nerfs crâniens<br />

Dégénérescence cérébelleuse<br />

Opsoclonie - myoclonie<br />

Encéphalites<br />

Dégénérescence rétinienne<br />

Moelle épinière<br />

Myélite<br />

Neuronopathie motrice subaiguë<br />

Neuronopathie sensitive subaiguë<br />

(syndrome de Denny-Brown)<br />

Système nerveux périphérique<br />

Neuropathie sensitivo-motrice<br />

Myasthénie<br />

Syndrome de Lambert-Eaton<br />

Dermato-polymyosite<br />

<strong>Syndromes</strong> rhumatologiques<br />

Algodystrophie<br />

Ostéo-arthropathie hypertrophiante pneumique<br />

Molécules incriminées connues<br />

Glucagon / carence en zinc<br />

ACTH<br />

ADH<br />

HCG<br />

PTH <strong>et</strong> PTH-rp<br />

Catécholamines (5HIAA)<br />

Erythropïétine<br />

G-CSF<br />

Anticorps anti-neuronaux (anti-Yo)<br />

Anticorps anti-neuronaux (anti-Ri)<br />

Anticorps anti-neuronaux (anti-Hu)<br />

Anticorps anti-neuronaux (anti-Hu)<br />

Acs anti-Rs à l’acétylcholine (postsynaptiques)<br />

Anticorps anti-VGCC (présynaptiques)

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