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CH-11 Migration des substances - Université Laval

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<strong>CH</strong>APITRE<br />

<strong>11</strong><br />

<strong>Migration</strong> <strong>des</strong> <strong>substances</strong><br />

<strong>11</strong>.1 INTRODUCTION<br />

L’application d’engrais minéraux ou organiques apportent <strong>des</strong> quantités d’azote qui se transforment<br />

en nitrates. Ces nitrates sont prélevés par les plantes pour leur croissance. Ils sont aussi<br />

transportés vers les nappes par l’eau qui percole dans le sol et les nappes les transportent à leur<br />

tour vers les cours d’eau. Les autres <strong>substances</strong> solubles dans le sol subissent les mêmes phénomènes.<br />

Dans une perspective de protection de l’environnement, les phénomènes de diffusion,<br />

de transport et de lessivage <strong>des</strong> solutés doivent être considérés. Ce chapitre présente sommairement<br />

ces phénomènes et quelques lois de base qui les régissent.<br />

<strong>11</strong>.2 LOIS DE MIGRATION DES SUBSTANCES<br />

Les flux de soluté dans un sol peuvent être décrits sommairement par l’équation suivante :<br />

→<br />

qs = [C] → →<br />

q − [D]{∇[C]} + f n ([C], x, y, z, t)<br />

[<strong>11</strong>.1]<br />

flux = Convection<br />

Dispersion<br />

+ Diffusion + Réaction<br />

q s = Flux de soluté (g/s)<br />

q = Flux d’eau (m/s)<br />

[C] = Concentration de soluté (g/l)<br />

D = Coefficient de diffusion (m 2 /s)<br />

x,y,z = directions (m)<br />

t = temps (s)<br />

f n = production de soluté (g/s)


168 MIGRATION DES SUBSTANCES<br />

La diffusion est le phénomène de migration d’une substance sous l’influence du gradient de<br />

concentration. Ce phénomène est très important au niveau <strong>des</strong> racines. Celles -ci prélèvent les<br />

<strong>substances</strong> comme les nitrates et créent ainsi une plus faible concentration de cet élément près<br />

d’elles. La différence de concentration entre le milieu ambiant et la proximité <strong>des</strong> racines (gradient<br />

de concentration) provoque la migration <strong>des</strong> <strong>substances</strong> de la plus grande concentration<br />

vers la plus petite. Ce phénomène se produit principalement au voisinage <strong>des</strong> racines dans le<br />

sol. Il se produit aussi entre les micropores (solution du sol) et les macropores (eau de percolation).<br />

La convection/dispersion est le phénomène de transport <strong>des</strong> <strong>substances</strong> par le flux d’eau. L’eau<br />

qui percole dans le sol suite à une infiltration vient en contact avec l’eau du sol dans les micropores<br />

qui contient <strong>des</strong> <strong>substances</strong> en solution. Sous l’effet du gradient de concentration, ces<br />

<strong>substances</strong> migrent <strong>des</strong> micropores vers les macropores par diffusion jusqu’à équilibre <strong>des</strong><br />

concentrations (ce phénomène est aussi appelé mélange). L’eau <strong>des</strong> macropores continue son<br />

chemin chargée de nouvelles <strong>substances</strong>. Le phénomène est appelé convection pour exprimer<br />

le transport <strong>des</strong> <strong>substances</strong> par le flux d’eau (sans flux, pas de déplacement). Le phénomène est<br />

aussi appelé dispersion car, dans le sol, les pores ne sont pas tous de même dimensions et le<br />

déplacement de l’eau se fait à <strong>des</strong> vitesses différentes d’un pore à l’autre donnant l’impression<br />

que la substance se disperse avec le flux. Le phénomène de transport <strong>des</strong> <strong>substances</strong> par percolation<br />

de la zone de surface du sol où les concentrations sont élevées vers le bas de la colonne de<br />

sol est aussi appelé lessivage ou lixiviation car la percolation de l’eau d’infiltration y produit<br />

une déperdition <strong>des</strong> <strong>substances</strong> <strong>des</strong> couches de surface.<br />

Le phénomène de réaction permet d’exprimer toutes les réactions comme celles du cycle de<br />

l’azote (minéralisation, fixation, etc.).<br />

En lien avec les processus d’infiltration présentés au chapitre <strong>CH</strong> -8, le processus de transport<br />

ou lessivage peut être présenté schématiquement par la figure <strong>11</strong>.1. Le sol peut être représenté<br />

Pte<br />

θ<br />

SAT<br />

CC<br />

PF<br />

N -NO 3<br />

N -NH 4<br />

q<br />

→ · [C]<br />

Figure <strong>11</strong>.1 Représentation schématique du phénomène de lessivage dans une couche de sol


BILAN DE SUBSTANCES<br />

169<br />

par une suite de couches de sol et chaque couche de sol peut être représentée par un réservoir<br />

comme celui de la figure <strong>11</strong>.1. Lors d’une pluie, le sol se réhumidifie et correspond au remplissage<br />

du réservoir. L’eau est retenue par les micropores. Lorsque le sol atteint la capacité au<br />

champ, le surplus doit être évacué par le trop plein (les macropores) et il va humidifier la couche<br />

de sol suivante. Ce surplus quitte la couche de sol avec la concentration <strong>des</strong> <strong>substances</strong> en<br />

solution, ce qui constitue le phénomène de lessivage parfois appelé lixiviation.<br />

<strong>11</strong>.3 BILAN DE SUBSTANCES<br />

L’équation <strong>11</strong>.1 permet d’exprimer les phénomènes à un niveau plus ou moins microscopique.<br />

L’approche <strong>des</strong> bilans de masse est souvent suffisante pour analyser les situations. Au niveau<br />

d’un hectare de sol, l’équation du bilan de masse d’une substance due à un flux pendant un<br />

certain temps (volume d’eau) s’exprime :<br />

V s = [ C]<br />

100 V q<br />

V s = Volume de la substance (kg/ha)<br />

V q = Volume d’eau (mm)<br />

[C] = Concentration de la substance (mg/l)<br />

[<strong>11</strong>.2]<br />

Cette équation représente la convection. Le volume d’eau représente le volume percolé et par<br />

analogie avec la précipitation, il est exprimé en mm sachant qu’un mm représente 1 l/m 2 . Le<br />

facteur 100 correspond à la conversion <strong>des</strong> unités de mm en l/m 2 , de m 2 en ha et de mg en kg.


170 MIGRATION DES SUBSTANCES<br />

<strong>11</strong>.4 CYCLE DE L’AZOTE<br />

Pour comprendre la lessivage <strong>des</strong> nitrates, il est important de comprendre la cycle de l’azote et<br />

son interaction avec le cycle de l’eau qui est défini localement par le bilan hydrique tel que<br />

présenté à la figure 5.2. La figure <strong>11</strong>.2 présente les principales réactions qui sont présentes<br />

dans le cycle de l’azote. La figure permet de distinguer la localisation dans le sol <strong>des</strong> différentes<br />

formes de l’azote (fixé aux particules de sol, dans les macropores et les micropores).<br />

Plante<br />

Prélèvement<br />

Adsorption<br />

Résidus<br />

Désorption<br />

Nitrification<br />

N -ORG N -NH 4<br />

N -NH 4 N -NO 3<br />

fixé<br />

Minéralisation<br />

SOL<br />

Fixé<br />

Immobilisation<br />

Micropores<br />

Soluble<br />

Macropores<br />

Soluble<br />

Figure <strong>11</strong>.2 Schéma <strong>des</strong> réactions du cycle de l’azote.<br />

La figure <strong>11</strong>.3 ajoute le bilan hydrique au cycle de l’azote et permet d’identifier les éléments du<br />

cycle qui sont associés au cycle de l’eau et les interactions avec ce dernier.<br />

La figure <strong>11</strong>.4 présente schématiquement l’introduction de matières fertilisantes azotées sous<br />

forme organique ou autre dans le cycle de l’azote. La matière fertilisante est divisée en trois<br />

composantes, la fraction organique (N -ORG), la fraction soluble sous forme de nitrates<br />

(N -NO 3 ) et d’azote ammoniacale (N -NH 4 ).


171<br />

Résidus<br />

RUISSELLEMENT<br />

Adsorption<br />

Désorption<br />

Nitrification<br />

Plante<br />

Prélèvement<br />

N -ORG<br />

N -NH 4<br />

N -NH 4 N -NO 3<br />

fixé<br />

Dénitrification<br />

PERCOLATION<br />

SOL<br />

Fixé<br />

Minéralisation<br />

Immobilisation<br />

Micropores<br />

Soluble<br />

LESSIVAGE<br />

Figure <strong>11</strong>.3 Schéma du cycle de l’azote couplé au bilan hydrique.<br />

Macropores<br />

Soluble<br />

FERTILISANT + PRÉCIPITATION<br />

N -ORG N -NH 4 N -NO 3<br />

Volatilisation<br />

Plante<br />

Prélèvement<br />

Adsorption<br />

Résidus<br />

Désorption<br />

Nitrification<br />

N -ORG N -NH 4<br />

N -NH 4 N -NO 3<br />

fixé<br />

Minéralisation<br />

SOL<br />

Fixé<br />

Immobilisation<br />

Figure <strong>11</strong>.4 Fertilisants dans le cycle de l’azote.<br />

Micropores<br />

Soluble<br />

Macropore<br />

Soluble


172<br />

<strong>11</strong>.5 EXEMPLES<br />

Les exemples qui suivent proviennent d’expériences réalisées sur <strong>des</strong> cases lysimétriques<br />

drainantes (figure <strong>11</strong>.5) installés sur <strong>des</strong> sols sableux de la région de Portneuf (Gasser et al.,<br />

2000). Le récipient collecteur permettait de recueillir l’eau de percolation au bas de la colonne<br />

de sol et de la mesurer la concentration <strong>des</strong> différentes <strong>substances</strong> d’intérêt. La surface du lysimètre<br />

a 1 m 2 et chaque litre d’eau représente 1 mm.<br />

Figure <strong>11</strong>.5 Diagramme d’un lysimètre drainant.<br />

La figure <strong>11</strong>.6 présente l’évolution <strong>des</strong> concentrations en nitrates au bas de la colonne de sol<br />

pour une culture de pommes de terre en 1996. La figure montre <strong>des</strong> concentrations relativement<br />

faibles au printemps mais qui s’accroissent en été lorsque le front de lessivage atteint la<br />

profondeur du lysimètre. Elles se maintiennent élevées jusqu’en automne et elles commencent<br />

par la suite à décroître lorsque la masse de nitrates diminue dans le sol suite au lessivage. Pendant<br />

les étés secs, le lessivage se produit plus tard à l’automne. Des mesures ont aussi été faites<br />

avec <strong>des</strong> applications de lisiers et le même phénomène a été observé. Les nitrates accumulés<br />

dans le sol à la fin de la période de culture est lessivé par la percolation <strong>des</strong> pluies d’automne et<br />

les concentrations en nitrates diminuent par la suite pour devenir relativement faible le printemps<br />

suivant. La figure montre <strong>des</strong> concentrations en nitrates largement supérieures à la<br />

norme de 10 mg/l et elle montre un cas avec une concentration approchant 200 mg/l.<br />

Sur ce site, la précipitation de mai à octobre a été de 739 mm, la percolation au bas du lysimètre<br />

de 286 mm et la concentration moyenne en nitrates de 42 mg/l. L’évapotranspiration peut en<br />

être déduite, soit 453 mm (739 mm - 286 mm). La masse de nitrates lessivés est selon l’équation<br />

<strong>11</strong>.2 de :<br />

120 kgha =<br />

286 mm . 42 mgl<br />

100<br />

[<strong>11</strong>.3]


BIBLIOGRAPHIE<br />

173<br />

Figure <strong>11</strong>.6 Évolution <strong>des</strong> concentrations de nitrates mesurées dans les eaux de lysimètres<br />

drainants sous une culture de pomme de terre dans la région de Portneuf.<br />

Sur ce site, les concentrations en nitrates dans le sol ont été mesurées au printemps et à la fin de<br />

l’automne. Les rendements de pomme de terre ont été de 36 mg/ha. Le bilan <strong>des</strong> nitrates est<br />

présenté au tableau suivant. Il présente aussi le bilan pour une culture de trèfle et de mil.<br />

Pdt trèfle mil mil<br />

Stocks dans le sol au printemps 17 kg/ha - - -<br />

Engrais 160 kg/ha 0 kg/ha 49 kg/ha 43 kg/ha<br />

Prélevés par les plantes 100 kg/ha <strong>11</strong>9 kg/ha 105 kg/ha 70 kg/ha<br />

Lessivé 120 kg/ha 20 kg/ha 15 kg/ha 7 kg/ha<br />

Stocks dans le sol à l’automne 20 kg/ha + 7 kg/ha - 5 kg/ha +24 kg/ha<br />

Minéralisation - pertes 63 kg/ha 147 kg/ha 66 kg/ha 58 kg/ha<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

Gasser, M.O. 2000. Transformation et transfert de l’azote dans les sols sableux cultivés en<br />

pomme de terre. Thèse de Ph. D., <strong>Université</strong> <strong>Laval</strong>.


174

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