Sozialalmanach - Caritas Luxembourg
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fois par des défaites, il serait plus raisonnable de rassembler les troupes à nouveau après une retraite totale, pour ensuite mener une attaque brusquée, pour rester dans ce jargon militaire. Mais laissons ce jargon: nous ne pouvons tout simplement pas continuer de rechercher nos avantages au détriment des autres ! Nos avantages devraient plutôt être le fruit de notre travail, par exemple parce que nous sommes meilleurs, plus rapides et plus efficaces que d’autres. Si notre place financière attire des institutions étrangères, parce qu’elles ont compris que nos agents ont une meilleure formation, qu’ils sont plus innovateurs et plus efficaces, que l’environnement institutionnel est positif et que l’université aussi, respectivement la Luxembourg School of Finance, font la différence, dans ce cas-là nous disposions d’avantages durables que d’aucuns nous peuvent envier mais que personne ne peut nous enlever. De même le regard envieux lancé vers les riches qui envisagent de prendre domicile au Luxembourg et/ou veulent y placer leurs avoirs pour les faire gérer, lui aussi ne représente qu’une solution au détriment des autres et donc ne peut être durable. Il ne s’agit donc plus de défendre le secret bancaire, mais de développer des nouvelles procédures, de nouveaux produits, etc. pour trouver le succès auprès des marchés. Nous pourrions évoquer comme exemple l’industrie des fonds d’investissements, même si beaucoup reste à parfaire, par exemple concernant les fonds éthiques. Par ailleurs il faudrait se demander pourquoi l’idée des fonds de pension a tellement de difficultés à faire son chemin. La place financière doit s’assainir. Les institutions qui désirent s’implanter au Luxembourg doivent le faire parce que le climat leur est favorable et non parce qu’elles rencontrent ici le moins d’obstacles pour participer au Casino mondial, et par surenchère paient encore les impôts les moins élevés sur d’éventuels bénéfices. Par exemple nul dans ce pays ne comprendrait que la « Spuerkeess » ou encore la Banque Raiffeisen ne jonglerait avec l’épargne des gens sur le marché de Londres ou encore que la SNCI 12 placerait des liquidités éventuelles dans des investissements à haut risque et donc installerait une filiale à Singapour (ce qui vaut aussi pour des placements à risques du fonds de compensation des assurances-pension). Mais à côté de la nécessité d’une meilleure régulation des marchés financiers se pose aussi la question du système prépondérant des banques universelles 13 . Il serait peut-être plus astucieux de réserver les marchés spéculatifs à des banques d’investissement spécialisées qui alors pourront perdre au jeu leurs propres fonds ainsi que ceux des personnes qui leur ont expressément confié les leurs à cette fin, mais non l’argent de milliers de petits épargnants. 12 Société Nationale de Crédit et d’Investissement. 13 On appelle « banque universelle » une banque qui se donne ou a le droit de se donner à toutes sortes d’opérations financières, tandis qu’ils existent des banques spécialisées qui ne se livrent qu’à certaines opérations comme par exemple les investissements ou les crédits hypothécaires. 65
Celui qui se rend à Mondorf au Casino, sait qu’il risque de perdre son argent ; l’enseigne ne prétend d’ailleurs pas qu’il s’agit d’une banque (bien qu’on peut y faire sauter une banque !). Là où l’enseigne annonce « banque » et où le rendement se limite à des intérêts de 1,5%, l’épargnant devrait avoir confiance que nul ne se donne à des investissements spéculatifs avec son épargne. Pour le moment nous vivons une situation malsaine : le spéculateur potentiel se sent doublement sécurisé, puisque le petit épargnant ne sera pas lésé : –– le fonds de secours des banques garantit maintenant les placements jusqu’à 50.000 € au lieu de 20.000 € auparavant –– et comme le gouvernement doit intervenir dans le cas de banques systémiques, et qu’il intervient aussi comme il l’a démontré, un cordon sécuritaire supplémentaire est dressé. Cette situation n’est pas propice à un assainissement du réseau bancaire. À notre avis, cinq conditions y seraient nécessaires : –– une régulation plus forte de la part du pouvoir politique, –– une transparence sur les marchés internationaux ; des informations claires requises dans les publications qui conduisent à un contrôle effectif de la part du public, –– la promotion de banques spécialisées et limitation des autres banques à des affaires dites traditionnelles, –– un développement plus poussé de nouvelles procédures et de nouveaux produits, accompagné d’une meilleure formation des employés, –– une Imposition plus juste des bénéfices. 4.6 Trop de liquidités sur les marchés internationaux Les dernières décennies la quote-part des salaires dans le produit national brut a baissé, tandis que celle du capital a augmenté. Ceci a conduit à ce que les investisseurs ont eu à disposition plus de capital que nécessaire pour leurs investissements (en relation avec les perspectives de vente), et comme d’autant plus les rendements sur investissements financiers étaient plus élevés que ceux en économie réelle, de plus en plus d’argent « libre » a envahi les marchés financiers. Le problème majeur des marchés financiers consiste dans le fait qu’on n’y marchande pas seulement les sommes qui sont nécessaires au fonctionnement de l’économie, mais que bien au contraire une somme de capitaux libres d’au moins 50 fois plus grande envahit les marchés et ne sert uniquement à la spéculation. Les marchés financiers ne voient donc plus leur raison d’être dans le fait de servir l’économie dite réelle, mais ils ont trouvé leur propre raison d’être : celle de faire de l’argent moyennant l’argent, ou comme d’aucuns disent « faire travailler de l’argent » ! L’argent ne 66
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fois par des défaites, il serait plus raisonnable de rassembler les troupes à nouveau après<br />
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militaire. Mais laissons ce jargon: nous ne pouvons tout simplement pas continuer de<br />
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Nos avantages devraient plutôt être le fruit de notre travail, par exemple parce que nous<br />
sommes meilleurs, plus rapides et plus efficaces que d’autres. Si notre place financière attire<br />
des institutions étrangères, parce qu’elles ont compris que nos agents ont une meilleure<br />
formation, qu’ils sont plus innovateurs et plus efficaces, que l’environnement institutionnel<br />
est positif et que l’université aussi, respectivement la <strong>Luxembourg</strong> School of Finance,<br />
font la différence, dans ce cas-là nous disposions d’avantages durables que d’aucuns nous<br />
peuvent envier mais que personne ne peut nous enlever.<br />
De même le regard envieux lancé vers les riches qui envisagent de prendre domicile au<br />
<strong>Luxembourg</strong> et/ou veulent y placer leurs avoirs pour les faire gérer, lui aussi ne représente<br />
qu’une solution au détriment des autres et donc ne peut être durable.<br />
Il ne s’agit donc plus de défendre le secret bancaire, mais de développer des nouvelles<br />
procédures, de nouveaux produits, etc. pour trouver le succès auprès des marchés. Nous<br />
pourrions évoquer comme exemple l’industrie des fonds d’investissements, même si beaucoup<br />
reste à parfaire, par exemple concernant les fonds éthiques. Par ailleurs il faudrait se<br />
demander pourquoi l’idée des fonds de pension a tellement de difficultés à faire son chemin.<br />
La place financière doit s’assainir. Les institutions qui désirent s’implanter au <strong>Luxembourg</strong><br />
doivent le faire parce que le climat leur est favorable et non parce qu’elles rencontrent ici<br />
le moins d’obstacles pour participer au Casino mondial, et par surenchère paient encore<br />
les impôts les moins élevés sur d’éventuels bénéfices.<br />
Par exemple nul dans ce pays ne comprendrait que la « Spuerkeess » ou encore la Banque<br />
Raiffeisen ne jonglerait avec l’épargne des gens sur le marché de Londres ou encore que la<br />
SNCI 12 placerait des liquidités éventuelles dans des investissements à haut risque et donc<br />
installerait une filiale à Singapour (ce qui vaut aussi pour des placements à risques du fonds<br />
de compensation des assurances-pension).<br />
Mais à côté de la nécessité d’une meilleure régulation des marchés financiers se pose<br />
aussi la question du système prépondérant des banques universelles 13 . Il serait peut-être plus<br />
astucieux de réserver les marchés spéculatifs à des banques d’investissement spécialisées qui<br />
alors pourront perdre au jeu leurs propres fonds ainsi que ceux des personnes qui leur ont<br />
expressément confié les leurs à cette fin, mais non l’argent de milliers de petits épargnants.<br />
12 Société Nationale de Crédit et d’Investissement.<br />
13 On appelle « banque universelle » une banque qui se donne ou a le droit de se donner à toutes sortes<br />
d’opérations financières, tandis qu’ils existent des banques spécialisées qui ne se livrent qu’à certaines<br />
opérations comme par exemple les investissements ou les crédits hypothécaires.<br />
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