Sozialalmanach - Caritas Luxembourg

Utiliser la crise comme une chance
Au lieu d’être obsédés par les déficits et les dettes publics, les pays européens devraient
plutôt adopter des objectifs en termes de lutte contre la pauvreté et le chômage. Ceci signifie
qu’ils doivent s’abstenir de mettre en œuvre des politiques budgétaires restrictives tant que
le chômage ne diminue pas à un rythme satisfaisant vers un niveau de plein emploi.
La crise économique risque d’exclure un nombre croissant de personnes vulnérables de la
participation à la vie sociale. Or, la Stratégie de Lisbonne devait conduire à l’éradication de
la pauvreté en Europe à l’horizon 2010. Force est de constater que la pauvreté et l’exclusion
sociale restent un mal ancré dans l’Union européenne. C’est pourquoi une mobilisation
forte et un engagement déterminé sont plus que jamais nécessaires pour combattre la
pauvreté. Cette mobilisation doit être menée simultanément sur deux fronts : la protection
sociale et l’emploi.
Pauvreté de l’Etat, richesse du secteur privé
Lutter contre la pauvreté, ce n’est pas seulement fournir des remèdes, mais c’est soigner
en amont en confortant et en améliorant les systèmes de protection sociale. C’est aussi
assurer à tous des revenus décents, quelle que soit la situation sociale, professionnelle et
personnelle. C’est encore, développer des services sociaux et de santé de qualité, accessibles
à tous et abordables financièrement.
Des inégalités croissantes auraient en effet des conséquences graves pour l’équilibre
sociétal. Si les différences entre riches et pauvres sont perçues comme insurmontables par
une partie prépondérante de la société, l’acceptation de la société démocratique et de l’ordre
économique risquent d’être mis en question.
Ce danger est d’autant plus grand qu’une partie importante de la population ne bénéficie
pas des augmentations de revenu de l’économie. Des évolutions qui auront pour résultat
un clivage, voire une opposition entre groupes riches et pauvres de la société ne sont pas
seulement inacceptables d’un point de vue social, mais constituent une faille sociale et
sociétale et représentent un danger pour l’ordre sociétal.
Le discours sur la pauvreté et son éradication ne peut donc pas être mené sans demander
des efforts aux groupes aisés de notre société. C’est à bon escient que le plan d’action contre
la pauvreté allemand s’appelle « Armuts- und Reichtumsbericht » (rapport sur la pauvreté
et la richesse). Comment en effet parler de la pauvreté si l’on ne met pas également l’accent
sur la responsabilité de ceux qui ont des conditions de revenus et de vie beaucoup plus
agréables ?
La prospérité des ménages aisés les oblige à assumer leur responsabilité sociale. Un
isolement des groupes aisés de nos sociétés romprait le consensus social qui est à la base
de notre Etat social. Une compartimentation accrue de nos sociétés serait un frein à la
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