19.07.2014 Views

Sozialalmanach - Caritas Luxembourg

Sozialalmanach - Caritas Luxembourg

Sozialalmanach - Caritas Luxembourg

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

critiquée puisqu’elle accorde la priorité absolue à la lutte contre l’inflation en négligeant<br />

l’existence du chômage, voire en l’acceptant.<br />

Les citoyens risquent de payer deux fois<br />

On a donc l’impression qu’un nombre important d’institutions et d’experts se refusent à<br />

tirer toutes les leçons de la crise. Au lieu de s’interroger sur la responsabilité des politiques<br />

antérieures dans l’émergence de la crise, ils réclament le retour à ces politiques comme si<br />

rien ne s’était passé 7 !<br />

Deux théories peuvent être à la base de ces stratégies de sortie des déséquilibres budgétaires.<br />

La première, la plus honorable, est que le gonflement des déficits et des dettes<br />

amène certains gouvernements à prendre peur et à pratiquer trop rapidement des politiques<br />

restrictives, qui pèseraient toutefois lourdement sur la reprise.<br />

La deuxième est que les difficultés des finances publiques servent de prétexte pour réduire<br />

les dépenses publiques (en particulier les dépenses sociales). C’est ce que Paul Krugman<br />

appelle « starving the beast » (affamer la bête ou dégraisser le mammouth). D’après lui, il<br />

s’agirait d’une stratégie bien réfléchie et appliquée par les hommes politiques. Ceux-ci n’ont<br />

en effet pas le courage de s’attaquer d’emblée à la sécurité sociale, qui jouit généralement<br />

d’une très bonne réputation dans la population entière. C’est pourquoi ils engagent d’abord<br />

des réductions fiscales, qui sont bien accueillies par les électeurs. Plus tard, l’Etat ne dispose<br />

plus des moyens budgétaires nécessaires au financement de l’Etat-providence et, confronté<br />

à une crise économique et au vieillissement de la population, il est forcé de pratiquer des<br />

coupes dans ses dépenses sociales 8 .<br />

Or, nous ne devons pas oublier que ce ne sont pas des hausses excessives des dépenses<br />

sociales qui sont responsables des déficits actuels. Selon le Fonds monétaire international<br />

(FMI), les pays du G20 ont consacré en moyenne 17,6% de leur PIB au soutien direct du<br />

système bancaire et seulement, toujours en moyenne, 0,5% du PIB en 2008, 1,5% en 2009,<br />

et 1% en 2010 en mesures budgétaires discrétionnaires. Et il convient de noter que, sur les<br />

trois années considérées, la somme des plans de relance des pays membres de la zone euro<br />

fut seulement de 1,6% de son PIB, comparée à 5,6% pour les Etats-Unis 9 .<br />

Des politiques visant à réduire le système de protection sociale sont cependant socialement<br />

et économiquement dangereuses. Elles auront pour effet d’obliger les ménages à<br />

épargner davantage afin de mettre de côté les sommes nécessaires au financement de leurs<br />

dépenses de santé et de leurs retraites. Ne devrait-on pas d’abord augmenter les recettes<br />

7 Mathieu & Sterdyniak (2009).<br />

8 Krugman (2010).<br />

9 Fitoussi (2010).<br />

235

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!