Sozialalmanach - Caritas Luxembourg

Sozialalmanach - Caritas Luxembourg Sozialalmanach - Caritas Luxembourg

19.07.2014 Views

Or, l’OCDE publia non seulement une liste noire, mais également une liste grise, sur laquelle figurait le Luxembourg. Suite à cette inscription sur la liste grise, le Luxembourg s’est efforcé d’en être rayé. Pour être « blanchi », il a signé une vingtaine d’accords fiscaux bilatéraux avant la fin de l’année 2009. Sur le plan luxembourgeois, un certain nombre de mécanismes furent mis en place pour lutter contre l’augmentation du chômage. Ainsi, de plus en plus d’entreprises furent autorisées à avoir recours au chômage partiel et de nouveaux types de contrats ont été créés pour lutter contre l’augmentation du chômage des jeunes. La réponse du monde du travail à la crise Le 11 décembre 2008 fut instituée à la Chambre des Députés une Commission spéciale « Crise économique et financière ». Cette commission reçut tous les acteurs socio-économiques du Luxembourg, dont également la Chambre des salariés qui présenta une série de propositions pour préparer l’après-crise. Au mois de mai 2009 eurent lieu des manifestations syndicales importantes dans plusieurs grandes villes européennes à l’initiative de la Confédération européenne des syndicats. Des dizaines de milliers de personnes à travers l’Europe ont manifesté sous le mot d’ordre « Nous ne payons pas pour votre crise ». Au Luxembourg, le samedi 16 mai 2009 a eu lieu une grande manifestation organisée à l’initiative de l’OGB-L, auquel se sont joints officiellement l’ALEBA, la CGFP, la FGFC, le FNCTTFEL, le LCGB, et le Syprolux (ces organisations ont figuré comme signataires de l’appel à manifester). A côté de ces syndicats, des organisations syndicales comme le NGL-SNEP ou le NVGL, de même que l’association étudiante UNEL ou le Foyer de la femme, ont participé à la manifestation. 4 Les appels à participer à la manifestation signés par les syndicats organisateurs étaient focalisés quant à eux sur les mots d’ordre suivants : « Pour nos emplois. Pour notre pouvoir d’achat. Pour notre sécurité sociale. Ensemble contre tout démantèlement social ! » La manifestation a été un succès numérique de l’avis de l’ensemble des commentateurs, même si les estimations du nombre de participants ont varié entre 15.000 (Luxemburger Wort) et 30.000 (Tageblatt) manifestants. 4 Thill & Thomas (2009). 233

Dangereuses propositions de sortie Toutefois, ces mois où une majorité de citoyens et d’hommes politiques réclamaient un nouveau paradigme économique semblent loin, très loin. A l’heure actuelle, nous sommes plutôt retournés aux temps d’avant la crise, où les employeurs et la majorité des hommes politiques réclament des réformes structurelles qui vont à l’encontre des occupations fondamentales des travailleurs et de leurs familles et que l’on ne peut qualifier que de dangereuses propositions de sortie. Les mesures de sauvetage des établissements bancaires et les dépenses consacrées à la relance de l’activité économique générale, ont conduit à une augmentation considérable des déficits budgétaires des Etats européens, et aussi à un gonflement de la dette. Toutefois, en présence de l’affaissement de la conjoncture dans une mesure jamais connue depuis 1945, il conviendrait plus que jamais de prendre en compte l’esprit sous-jacent au pacte de stabilité et de croissance qui permet de réagir à des phases de faible conjoncture économique. Si le pacte a pour objectif de voir les pays de la zone euro atteindre l’équilibre budgétaire, il les autorise à dépasser les 3% de déficit public en cas de grave récession économique. Mais, à l’heure où les acteurs économiques ne peuvent absolument pas dire dans quelle direction va s’orienter l’économie de nos pays dans les années 2010 et 2011, dès novembre 2009, la Commission européenne a déjà demandé aux Etats membres de pratiquer une politique d’assainissement budgétaire dès 2011, les prévisions de croissance étant nettement supérieures à la croissance potentielle de la zone euro. On pourrait répliquer dans un premier temps que, pour ce qui est de la croissance potentielle du Luxembourg, le STATEC l’a évalué il y a un an et demi 5 , à 4% au Luxembourg. Avec des taux de croissance prévus de 2,5% pour 2010 et 3% pour 2011, l’on serait au-dessous de la croissance potentielle 6 et en raison de cet écart de production, il faudrait continuer la politique expansionniste et, en tout cas, éviter de freiner les dépenses publiques. Ensuite, le concept de croissance potentielle est lui-même sujet à controverse, puisqu’il s’agit du niveau de production qui peut être réalisé de manière soutenable, c’est-à-dire sans générer des déséquilibres sur les marchés des biens et du travail. Généralement, c’est le niveau de la production qui peut être atteint sans créer des tensions inflationnistes. L’on voit déjà qu’un tel niveau peut bien s’accommoder d’un certain taux de chômage que l’on peut d’ailleurs lier au NAIRU (non accelerating inflation rate of unemployment), notion fort 5 STATEC (2008). 6 La 11 e actualisation du programme de stabilité a réduit en février 2010 la croissance potentielle à respectivement 2,2% et 2,1% pour 2010 et 2011, en argumentant que les crises financières réduiraient la croissance potentielle, ce qui n’est cependant pas vrai de manière absolue, voir Gouvernement luxembourgeois (2010). 234

Dangereuses propositions de sortie<br />

Toutefois, ces mois où une majorité de citoyens et d’hommes politiques réclamaient un<br />

nouveau paradigme économique semblent loin, très loin. A l’heure actuelle, nous sommes<br />

plutôt retournés aux temps d’avant la crise, où les employeurs et la majorité des hommes<br />

politiques réclament des réformes structurelles qui vont à l’encontre des occupations<br />

fondamentales des travailleurs et de leurs familles et que l’on ne peut qualifier que de<br />

dangereuses propositions de sortie.<br />

Les mesures de sauvetage des établissements bancaires et les dépenses consacrées à la<br />

relance de l’activité économique générale, ont conduit à une augmentation considérable des<br />

déficits budgétaires des Etats européens, et aussi à un gonflement de la dette. Toutefois, en<br />

présence de l’affaissement de la conjoncture dans une mesure jamais connue depuis 1945, il<br />

conviendrait plus que jamais de prendre en compte l’esprit sous-jacent au pacte de stabilité<br />

et de croissance qui permet de réagir à des phases de faible conjoncture économique. Si le<br />

pacte a pour objectif de voir les pays de la zone euro atteindre l’équilibre budgétaire, il les<br />

autorise à dépasser les 3% de déficit public en cas de grave récession économique.<br />

Mais, à l’heure où les acteurs économiques ne peuvent absolument pas dire dans quelle<br />

direction va s’orienter l’économie de nos pays dans les années 2010 et 2011, dès novembre<br />

2009, la Commission européenne a déjà demandé aux Etats membres de pratiquer une<br />

politique d’assainissement budgétaire dès 2011, les prévisions de croissance étant nettement<br />

supérieures à la croissance potentielle de la zone euro.<br />

On pourrait répliquer dans un premier temps que, pour ce qui est de la croissance<br />

potentielle du <strong>Luxembourg</strong>, le STATEC l’a évalué il y a un an et demi 5 , à 4% au <strong>Luxembourg</strong>.<br />

Avec des taux de croissance prévus de 2,5% pour 2010 et 3% pour 2011, l’on serait au-dessous<br />

de la croissance potentielle 6 et en raison de cet écart de production, il faudrait continuer la<br />

politique expansionniste et, en tout cas, éviter de freiner les dépenses publiques.<br />

Ensuite, le concept de croissance potentielle est lui-même sujet à controverse, puisqu’il<br />

s’agit du niveau de production qui peut être réalisé de manière soutenable, c’est-à-dire<br />

sans générer des déséquilibres sur les marchés des biens et du travail. Généralement, c’est<br />

le niveau de la production qui peut être atteint sans créer des tensions inflationnistes. L’on<br />

voit déjà qu’un tel niveau peut bien s’accommoder d’un certain taux de chômage que l’on<br />

peut d’ailleurs lier au NAIRU (non accelerating inflation rate of unemployment), notion fort<br />

5 STATEC (2008).<br />

6 La 11 e actualisation du programme de stabilité a réduit en février 2010 la croissance potentielle à respectivement<br />

2,2% et 2,1% pour 2010 et 2011, en argumentant que les crises financières réduiraient la croissance<br />

potentielle, ce qui n’est cependant pas vrai de manière absolue, voir Gouvernement luxembourgeois<br />

(2010).<br />

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