Sozialalmanach - Caritas Luxembourg

institutions de redistribution sont contradictoires. Les responsables politiques ne doivent
pas hésiter non plus à réorienter, voire à abroger les prestations ainsi identifiées. Citons à
titre d’exemple de pareilles institutions difficilement conciliables entre elles, les allocations
d’éducation et les prestations générées par les soi-disant « baby years ».
Mais, il s’agit surtout d’augmenter le caractère sélectif des transferts sociaux. Si un
certain nombre de réformes récentes s’inscrivent dans cette logique, il importe de renforcer
encore davantage cette approche notamment en matière d’allocations familiales qui doivent
revenir en première ligne aux enfants relevant de ménages à faibles revenus.
Cette sélectivité pourrait aussi bénéficier aux personnes touchant une faible pension ou
rente. Comme il s’agit très souvent de personnes ne bénéficiant pas de carrières d’assurance
complètes en raison de l’abandon de leur activité professionnelle, notamment pour se
consacrer exclusivement à leur famille, le forfait d’éducation (« Mammerent ») revenant aux
personnes ayant élevé des enfants pourrait utilement servir, du moins en partie, à atténuer
– par le biais d’un ciblage poussé des bénéficiaires et par un relèvement des allocations – le
phénomène des soi-disant « Hongerrenten » mentionnées ci-avant et dont sont allocataires
une large majorité de femmes.
Mais, cet effort de cibler davantage les bénéficiaires des transferts sociaux ne doit pas
se limiter à ces deux institutions qui ne sont citées ici qu’à titre exemplatif. L’intégralité
des prestations doit être revue sous cet angle, alors que c’est justement par cette approche
qu’il est possible de ramener de façon sensible la pauvreté monétaire.
Adapter les transferts et les aides en fonction des nouvelles donnes sociétales
Il est vrai que l’organisation des transferts découle forcément des vues que porte une
majorité politique sur une société, alors que ces aides sont également conçues en vue de
favoriser un comportement donné. Il n’en reste pas moins qu’à partir du moment où une
partie significative de cette population quitte les schémas traditionnels, une société doit se
préoccuper du sort de ces personnes dans la mesure où il s’agit de personnes fragilisées et
ce afin d’éviter qu’elles n’en soient exclues.
Ceci est d’autant plus indiqué au vu du profil des ménages pauvres identifiés par les
statistiques et études en la matière. Les personnes vivant seules et les ménages monoparentaux
ainsi que les familles nombreuses méritent une attention particulière dans ce contexte
alors que leur risque de pauvreté est nettement plus élevé que celui des ménages composés
de deux adultes (voir infra).
Il s’agit dès lors d’adapter encore davantage les systèmes sociaux, en fonction de ces
nouvelles donnes sociétales. Le bien-fondé de toutes les prestations en numéraire, aides et
revenus de remplacement versés par l’Etat et par les systèmes sociaux, notamment le régime
des droits dérivés de différentes branches de la sécurité sociale, doivent être analysées sous
cet angle de vue.
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