Sozialalmanach - Caritas Luxembourg

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19.07.2014 Views

Comment enrayer la pauvreté en temps de crise ? P I E R R E B L E Y La pauvreté est une notion complexe. Elle peut revêtir une forme immatérielle et constituer une appréciation subjective d’une certaine forme de détresse. Ce type de pauvreté frappe toutes les couches sociales de la population et concerne des personnes présentant des caractéristiques spécifiques, tel l’âge, la maladie, la solitude, etc. La pauvreté peut aussi être appréhendée par une approche matérielle ou monétaire. Ce type de pauvreté est soit de nature subjective, identifiable sur la base d’appréciations subjectives des personnes concernées, soit de nature objective, reposant sur des critères quantifiables permettant des comparaisons par rapport à la pauvreté de même type que subissent d’autres personnes prises individuellement ou de façon collective. C’est ce type de pauvreté qui fait l’objet de la présente contribution alors que c’est davantage la pauvreté monétaire qui se trouve en relation causale avec l’évolution économique et qui risque d’être amplifiée encore par la crise que nous traversons actuellement. La pauvreté monétaire peut être une notion absolue, en l’occurrence si elle est définie en partant d’un minimum nécessaire à la subsistance. Elle peut aussi être relative, en pareille circonstance elle est attribuée à des personnes dont le revenu se situe en-dessous d’un seuil donné. Pour l’Union européenne, ce seuil est fixé à 60% du revenu médian, grandeur qui sépare la population en deux parties de même importance numérique situées de part et d’autre de cette valeur repère. Sur la base de cette définition, le taux de risque de pauvreté établi par le STATEC 1 a augmenté progressivement depuis 2003 pour s’établir à 13,4% pour l’exercice 2008. En d’autres mots, chaque septième personne est frappée du risque de pauvreté dans notre pays. En comparaison internationale, il échet de constater que le Luxembourg se situe en-dessous de la moyenne des pays de l’Europe à 15 Etats membres, dont la valeur correspondante s’élève à 16%. Précisons toutefois que le risque de pauvreté monétaire, telle que définie par l’Union européenne, existe dans toute société ; même dans une société de millionnaires le risque de pauvreté monétaire relative peut exister. 1 STATEC (2009). 217

Il coule de source que l’ampleur de l’incidence de la crise sur la pauvreté dépend des répercussions de la récession sur les faits générateurs de la pauvreté. Il s’agit dès lors d’identifier les causes de la pauvreté et de proposer des remèdes dans le but d’enrayer ce phénomène, voire de l’atténuer. 1. Les causes de la pauvreté En vertu des mêmes données statistiques citées ci-avant, il échet de constater que la situation familiale est un élément déterminant du risque de pauvreté, de même que le fait de disposer ou non d’un emploi stable ou de son propre logement. Ainsi, seulement 10,2% des personnes disposant d’un revenu stable basé sur une activité professionnelle permanente sont exposés au risque de pauvreté, alors que ce taux est 18,4% parmi ceux qui n’ont qu’un emploi intermittent et qui n’ont ainsi qu’un faible niveau d’activité ou se trouvent en situation de chômage. De même le niveau d’éducation influe beaucoup sur le risque de pauvreté. Seulement 5,4% des personnes disposant d’un niveau d’éducation poussé sont exposés au risque de pauvreté, alors que 17,6% de ceux qui disposent d’un niveau d’éducation peu élevé en sont frappés. Il résulte d’une étude du CEPS 2 du mois d’avril 2007 que les revenus du travail représentent 74% des revenus disponibles des travailleurs pauvres, les 26% restants résultent essentiellement de transferts sociaux. Il s’ensuit que ces deux composantes méritent d’être analysées plus en détail au regard de leur impact sur la pauvreté. A. Les raisons qui tiennent à la politique économique Si le fait d’exercer une activité professionnelle ne prémunit pas de façon absolue contre le risque de pauvreté, il n’en reste pas moins que l’exposition au risque de pauvreté est toutefois tributaire de la situation professionnelle des personnes. Ainsi, toujours d’après le STATEC, les ménages qui disposent de deux revenus provenant de deux activités professionnelles à temps plein ne connaissent qu’un taux de risque de 6% s’ils n’ont pas d’enfants à charge, de 10% s’ils ont des enfants à charge. Il coule de source que les circonstances économiques difficiles que nous vivons actuellement, en ce qu’elles impactent l’emploi de façon négative, sont de nature à accroître le risque de pauvreté. Il s’agit dès lors de mettre en œuvre des politiques tendant à minorer les effets de la crise sur l’emploi. Aussi convient-il de saluer dès lors les efforts du Gouvernement tendant à éviter une situation de chômage complet à bon nombre de salariés, dont les entreprises ne disposent plus d’un niveau d’activité justifiant le maintien de leurs effectifs. Il en est de même du 2 Berger (2007). 218

Comment enrayer la pauvreté<br />

en temps de crise ?<br />

P I E R R E B L E Y<br />

La pauvreté est une notion complexe. Elle peut revêtir une forme immatérielle et constituer<br />

une appréciation subjective d’une certaine forme de détresse. Ce type de pauvreté<br />

frappe toutes les couches sociales de la population et concerne des personnes présentant<br />

des caractéristiques spécifiques, tel l’âge, la maladie, la solitude, etc.<br />

La pauvreté peut aussi être appréhendée par une approche matérielle ou monétaire.<br />

Ce type de pauvreté est soit de nature subjective, identifiable sur la base d’appréciations<br />

subjectives des personnes concernées, soit de nature objective, reposant sur des critères<br />

quantifiables permettant des comparaisons par rapport à la pauvreté de même type que<br />

subissent d’autres personnes prises individuellement ou de façon collective. C’est ce type<br />

de pauvreté qui fait l’objet de la présente contribution alors que c’est davantage la pauvreté<br />

monétaire qui se trouve en relation causale avec l’évolution économique et qui risque d’être<br />

amplifiée encore par la crise que nous traversons actuellement.<br />

La pauvreté monétaire peut être une notion absolue, en l’occurrence si elle est définie en<br />

partant d’un minimum nécessaire à la subsistance. Elle peut aussi être relative, en pareille<br />

circonstance elle est attribuée à des personnes dont le revenu se situe en-dessous d’un seuil<br />

donné. Pour l’Union européenne, ce seuil est fixé à 60% du revenu médian, grandeur qui<br />

sépare la population en deux parties de même importance numérique situées de part et<br />

d’autre de cette valeur repère.<br />

Sur la base de cette définition, le taux de risque de pauvreté établi par le STATEC 1<br />

a augmenté progressivement depuis 2003 pour s’établir à 13,4% pour l’exercice 2008. En<br />

d’autres mots, chaque septième personne est frappée du risque de pauvreté dans notre pays.<br />

En comparaison internationale, il échet de constater que le <strong>Luxembourg</strong> se situe en-dessous<br />

de la moyenne des pays de l’Europe à 15 Etats membres, dont la valeur correspondante<br />

s’élève à 16%. Précisons toutefois que le risque de pauvreté monétaire, telle que définie par<br />

l’Union européenne, existe dans toute société ; même dans une société de millionnaires le<br />

risque de pauvreté monétaire relative peut exister.<br />

1 STATEC (2009).<br />

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