Sozialalmanach - Caritas Luxembourg
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Le 5 e Rapport Travail et Cohésion sociale du STATEC 1 offre une revue fouillée de littérature<br />
sur les conceptions de la cohésion sociale et de sa mesure.<br />
Le risque de pauvreté, une convention arbitraire<br />
Le malaise que continuent de provoquer les statistiques sur la pauvreté a nourri une<br />
série de réflexions sur la définition statistique de la pauvreté. Ces tentatives tendent à réduire<br />
la pauvreté à une portion congrue, composée de « véritables » défavorisés. Le discours du<br />
Premier ministre sur l’état de la Nation, prononcé à la Chambre est très parlant à cet égard.<br />
Chacune de ces notions, pour être opérationnelle, nécessite une définition précise qui peut<br />
prêter le flanc à la controverse. C’est le cas de l’indicateur de « risque de pauvreté » critiqué<br />
vertement par le Premier ministre dans son discours sur l’état de la Nation en mai 2008 :<br />
« Au <strong>Luxembourg</strong>, 14% de la population vivraient dans la pauvreté ou en seraient menacés.<br />
Ce pourcentage, calculé sur la base d’une méthode européenne d’évaluation de la pauvreté et<br />
du risque de pauvreté, représente ce que je qualifie de pauvreté statistique. Elle se situe, avec<br />
14%, à un niveau très élevé parce que la méthode de calcul européenne a inévitablement pour<br />
effet qu’un pays à revenu moyen élevé connaît également une pauvreté relativement élevée. C’est<br />
ainsi qu’un couple avec un enfant et un revenu mensuel de 2.761 euros est considéré comme<br />
pauvre au <strong>Luxembourg</strong>. Or nous savons qu’un tel couple n’est pas considéré comme pauvre<br />
à Trèves, à Thionville ou à Arlon. Je n’ai pas envie de discuter de chiffres ou de méthodes de<br />
calcul européennes. La seule chose que je veux dire est ceci : ne perdons pas de temps avec la<br />
lutte contre la pauvreté statistique, parce qu’elle ne mènera à rien… »<br />
L’indicateur retenu par le Conseil européen de Laeken est arbitraire – comme tous les<br />
indicateurs du genre – car il fixe le seuil de pauvreté à 60% du revenu disponible équivalent<br />
adulte médian. Ceux des individus et des ménages situés en deçà de cette frontière tracée par<br />
les chefs d’Etat et de Gouvernement sont considérés comme courant le risque de devenir<br />
« pauvres ». Mais rien n’empêche les décideurs politiques de fixer un autre seuil, différent<br />
du seuil communautaire, éventuellement plus adapté à l’environnement luxembourgeois.<br />
Le rapport du STATEC offre quelques solutions dans lesquelles les hommes et les femmes<br />
politiques pourraient piocher, à condition qu’ils arrivent à se mettre d’accord sur une<br />
définition… !<br />
On peut approcher le risque de pauvreté comme étant une privation de certains biens et<br />
services jugés indispensables. On peut aussi garder la définition communautaire mais adopter<br />
d’autres seuils de pauvreté. Par exemple, un seuil correspondant à 50% du revenu disponible<br />
équivalent médian réduit le taux de pauvreté officiel de moitié, soit à 7,4%. Pourquoi ne<br />
1 STATEC (2009).<br />
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