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Station fixe acoustique - ifremer

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Défi Golfe de Gascogne<br />

Synthèse des développements technologiques<br />

(V4 18/03/05)<br />

Jean François Cadiou, Dominique Choqueuse, Chantal Compère, Laurent Delauney,<br />

Dominique Festy, Philippe Marchand, Claude Marchalot, Fabrice Marchese, Carla<br />

Scalabrin, Verena Trenkel,<br />

Résumé<br />

En novembre 2001, le défi Golfe de Gascogne démarrait sur le constat qu’il importait de<br />

disposer d’observations nombreuses et de bonne qualité « pour franchir un pas dans la<br />

compréhension du fonctionnement de l’écosystème » et un ensemble d’actions étaient<br />

décidées :<br />

o Pour améliorer la couverture des mesures hydrologiques disponibles dans le Golfe de<br />

Gascogne, jugée largement insuffisantes. L’idée était de s’inspirer des<br />

développements pour l’océanographie opérationnelle en adaptant aux contraintes du<br />

Golfe de Gascogne les profileurs autonomes de mesures T/S car ceux qui existent sont<br />

exclusivement destinés au domaine hauturier. Le profileur « Pagode » est un nouvel<br />

instrument qui doit permettre de satisfaire les besoins de l’océanographie<br />

opérationnelle côtière,<br />

o Pour augmenter la durabilité des mesures effectuées par les quelques équipements<br />

<strong>fixe</strong>s déjà en place (réseau des îles) et progresser ainsi vers leur fonctionnement en<br />

mode automatique. Des essais de protection de capteurs par chlorateur autonome ont<br />

été menés et les premiers résultats positifs obtenus ont conduit à l’organisation de<br />

deux campagnes d’essai supplémentaires en 2004,<br />

o Pour compléter les observations <strong>acoustique</strong>s effectuées lors des campagnes<br />

halieutiques, avec deux approches originales. La première, tirant profit des progrès<br />

de la technologie des moyens d’observation autonomes, a consisté à développer une<br />

station <strong>acoustique</strong>s <strong>fixe</strong> observant en continu et dotée, pour ce faire, d’un sondeur<br />

visant à l’horizontal. Une station prototype a été développée, les premiers résultats<br />

sont encourageants et une première installation opérationnelle est prévue en 2005.<br />

La seconde a consisté en l’intégration d’un sondeur <strong>acoustique</strong> de nouvelle<br />

génération sur un AUV moyen porteur capable d’opérer jusqu’à 3000 mètres. Cette<br />

charge utile a été testée lors de la campagne Etauvhal (2004) selon trois modes de<br />

fonctionnement respectivement adaptés aux missions petit fond, démersales et<br />

pélagiques.<br />

o Pour tirer parti des méthodes visuelles en vue d’une meilleure connaissance des<br />

zones inaccessibles, qu’elles soient protégées ou accidentées. Les campagnes Vital<br />

(2002) et Mertail (2004) ont permis d’évaluer leur potentiel et mis en évidence leur<br />

intérêt pour l’observation des comportements individuels et pour une meilleure<br />

compréhension des variations de la capturabilité. Les travaux réalisés ont permis de<br />

définir les conditions techniques les plus efficaces ( vitesse de prise de vue,<br />

éclairage), de comparer trois techniques de mesures de tailles et d’estimation de<br />

densité, d’évaluer la capacité de plusieurs types de plate-forme et d’appréhender les<br />

difficultés du traitement automatique des images obtenues.<br />

- 1 -


Plan<br />

1 Introduction ................................................................................................... 2<br />

2 Améliorer les mesures physiques pour une modélisation réaliste ................ 3<br />

2.1 Mesures hydrologiques en zone côtière : le profileur autonome PAGODE .............. 3<br />

2.2 Améliorer la durabilité des mesures : la protection anti-biosalissure par chloration<br />

localisée sur conductimètre et turbidimètre............................................................... 4<br />

3 Compléter les observations <strong>acoustique</strong>s ....................................................... 7<br />

3.1 Le développement d’une station <strong>acoustique</strong> <strong>fixe</strong> ....................................................... 8<br />

3.2 Utilisation des AUVs en halieutique.......................................................................... 9<br />

4 Tirer parti des méthodes visuelles............................................................... 15<br />

4.1 Evaluer l’apport des méthodes visuelles .................................................................. 15<br />

4.2 Et définir les conditions techniques et les outils les plus efficaces.......................... 16<br />

5 Perspectives et conclusions......................................................................... 19<br />

6 Bibliographie............................................................................................... 20<br />

1 Introduction<br />

La décision de lancer un défi Golfe de Gascogne à l’Ifremer en 2001 a permis à de<br />

nombreux chercheurs et ingénieurs provenant des 5 directions opérationnelles de se<br />

rencontrer souvent pour la première fois. Ces rencontres ont été particulièrement fertiles<br />

et stimulantes pour les ingénieurs. Des besoins ont été identifiés, des propositions de<br />

solutions innovantes ont été formulées. Un programme pluriannuel de développements<br />

technologiques en accompagnement du défi a été construit. Certains projets de<br />

développement qui étaient techniquement mûrs ont bénéficié de cette dynamique. Ce fut<br />

le cas du sondeur multifaisceaux halieutique (SMFH), qui a été lancé à ce moment là. Cet<br />

équipement extrêmement novateur équipera la Thalassa en 2005 et rentrera en service<br />

opérationnel en 2006.<br />

Les développements plus spécifiques du Golfe de Gascogne sont abordés dans le texte<br />

qui suit. Ils concernent :<br />

o L’acquisition de mesures hydrologiques avec le développement d’un profileur<br />

autonome dédié et la mise au point d’une technique permettant d’améliorer<br />

sensiblement la durabilité des mesures en continu ;<br />

o L’observation <strong>acoustique</strong>, avec le développement d’un nouveau concept de station<br />

<strong>fixe</strong> permettant d’acquérir des séries temporelles d’observation de bancs de poissons<br />

et l’expérimentation d’un AUV équipé d’un sondeur halieutique ;<br />

o L’évaluation de l’intérêt des méthodes visuelles d’observation des poissons avec deux<br />

campagnes expérimentales qui ont permis de mieux définir les équipements et<br />

techniques optiques adaptées à ces observations visuelles in situ.<br />

- 2 -


2 Améliorer les mesures physiques pour une modélisation réaliste<br />

2.1 Mesures hydrologiques en zone côtière : le profileur autonome PAGODE<br />

Les données hydrologiques et courantologiques concernant le plateau continental sont<br />

aujourd’hui insuffisantes pour répondre aux besoins de la communauté scientifique<br />

exprimés dans le cadre du défi Golfe de Gascogne de l’IFREMER : mesures récurrentes<br />

et pluriannuelles, profils réguliers en tout point du plateau, systèmes instrumentaux<br />

autonomes ne nécessitant aucune intervention. C’est pour répondre à ce type de besoin<br />

qu’a été engagé le développement d’un instrument spécifique de type profileur autonome,<br />

comme cela existe pour l’océanographie opérationnelle hauturière, adapté au<br />

fonctionnement en eaux côtières de faibles profondeurs.<br />

Ce développement, dont la première étape a consisté à mettre au point un démonstrateur,<br />

a pour objectif de proposer à l’horizon 2006 un profileur capable non seulement de<br />

réaliser en toute autonomie des profils T, S<br />

(Température, Salinité) standards en tout point du<br />

plateau continental, mais également de mesurer, par<br />

adjonction de capteurs adéquates, d’autres<br />

paramètres caractéristiques de la colonne d’eau au<br />

point de déploiement.<br />

Cet instrument, le PAGODE (Profileur Autonome<br />

GOlfe DE Gascogne), est étudié pour délivrer<br />

jusqu’à 500 profils par mission à des fréquences à<br />

partir de 1 profil par heure. Ce profileur récupérable<br />

peut descendre jusqu’à 400 m de profondeur et ne<br />

dérive que faiblement grâce, notamment, à un<br />

Figure 1 : le Pagode<br />

atterrissage sur le fond entre 2 profils consécutifs.<br />

Chaque profil, réalisé à la fréquence<br />

d’échantillonnage d’un point par mètre, est à la fois<br />

transmis en temps réel, via le système ARGOS, et mémorisé en interne de façon à<br />

permettre aux utilisateurs de relire les données lors de la récupération de l’instrument.<br />

Le tout premier démonstrateur opérationnel PAGODE a été mis à l’eau le 2 Septembre<br />

2003 pour une mission de 3 semaines à environ 20 km au sud de Belle Ile (point de<br />

coordonnées 47,001 °N, 3,010 °O), par 60 m de profondeur, dans une zone de pêche<br />

intensive. La récupération est intervenue le 23 septembre 2003 après l’acquisition de 28<br />

profils, à la fréquence d’un profil toutes les 18 heures.<br />

0<br />

Figure 2 : profils de température obtenus<br />

Temperature mesurée en °C<br />

11 13 15 17 19 21<br />

Pression en dbars<br />

10<br />

20<br />

30<br />

40<br />

50<br />

60<br />

03/09 à 15h38 05/09 à 03h44<br />

05/09 à 21h43 08/09 à 21h17<br />

14/09 à 04h12 16/09 à 09h54<br />

- 3 -


Le repérage ARGOS de<br />

l’émetteur embarqué a<br />

permis de constater une<br />

dérive totale en mission<br />

d’environ 4 km vers le sud,<br />

qui mérite toutefois d’être<br />

nuancée du fait de<br />

l’imprécision des positions<br />

calculées par les satellites<br />

(calcul de l’effet Doppler<br />

sur la fréquence reçue).<br />

Pression en dbars<br />

0<br />

10<br />

20<br />

30<br />

40<br />

50<br />

60<br />

Figure 3 : profils de conductivité<br />

Conductivité mesurée en mS/cm<br />

38 40 42 44 46 48 50<br />

03/09 à 15h38 05/09 à 03h44<br />

05/09 à 21h43 08/09 à 21h17<br />

14/09 à 04h12 16/09 à 09h54<br />

Ce pré-prototype a effectué<br />

toute la mission programmée<br />

conformément au schéma prévue et a permis de valider certaines fonctionnalités<br />

spécifiques :<br />

o Calcul des éphémérides et synchronisation des profils sur les passages satellites<br />

pour garantir la transmission systématique des résultats de mesure.<br />

o Procédure d’apprentissage pour optimiser les mouvements dans la colonne d’eau<br />

et la consommation d’énergie.<br />

o Atterrissage sur le fond entre 2 profils consécutifs.<br />

Cette expérimentation réussie a donc permis d’une part de démontrer la faisabilité de ce<br />

type d’instrument et, d’autre part, de vérifier et confirmer la pertinence de la stratégie<br />

globale de fonctionnement retenue. Dès lors la suite des développements, dont les<br />

premiers prototypes seront testés fin 2005, peut être abordée avec confiance.<br />

2.2 Améliorer la durabilité des mesures : la protection anti-biosalissure par<br />

chloration localisée sur conductimètre et turbidimètre<br />

La méthode de protection contre les bio-salissures par chloration localisée, développée à<br />

TMSI, a été mise en œuvre avec succès en 2003 et 2004, sur divers instruments utilisés<br />

pour l’océanographie côtière. Les tests ont été effectués sur plusieurs sites pendant des<br />

périodes allant de 56 à 190 jours. Toutes les expérimentations ont été effectuées pendant<br />

les périodes printanière et estivale propices à un développement rapide des bio-salissures.<br />

2.2.1 Méthode<br />

La chloration localisée a été mise en œuvre sur trois technologies instrumentales : optique<br />

(turbidité et fluorescence), électrochimique (conductivité) et luminescence (oxygène).<br />

Dans ce document, nous nous limiterons à la présentation des résultats obtenus sur le<br />

conductimètre et sur le turbidimètre Micrel.<br />

Quatre sites de test ont été utilisés, Sainte Anne du Portzic (Conductivité, oxygène) ; Baie<br />

du Mont Saint Michel (Turbidité) ; Ile de Houat (Conductivité) et Millport island,<br />

Scotland (Fluorescence, conductivité). La diversité des sites a pour but de couvrir des<br />

types de bio-salissures différents.<br />

- 4 -


Pour tous les tests deux capteurs ont été placés simultanément, un non protégé et un<br />

protégé par le système de chloration localisée. Les mesures ont été enregistrées à l’aide<br />

d’un data-logger ou lorsque possible transmises en temps réel au laboratoire. Lorsque<br />

possible, des prélèvements d’eau ont été effectués de façon à effectuer des analyses en<br />

laboratoire à l’aide d’une méthode de référence et ainsi suivre une éventuelle dérive du<br />

capteur protégé.<br />

2.2.2 Le système de chloration localisée<br />

Le système de chloration localisée est basé sur un principe électrochimique d’électrolyse<br />

de l’eau de mer. Il est réalisé à l’aide d’un système à trois électrodes : électrode de travail,<br />

contre-électrode et électrode de référence et d’un potentiostat permettant d’appliquer un<br />

potentiel <strong>fixe</strong> entre l’électrode de travail et l’ électrode de référence. Par conséquent un<br />

faible courant est échangé entre la contre-électrode et l’électrode de travail. Du chlore est<br />

alors produit sur l’électrode de travail. L’électrode de travail doit être spécifiquement<br />

adaptée à la géométrie du capteur à protéger. Une caractérisation métrologique en<br />

laboratoire doit être alors entreprise pour vérifier si cet équipement ne provoque pas de<br />

biais sur la mesure.<br />

Figure 4 : Chloration localisée pour le TPS 35<br />

Micrel.<br />

2.2.3 Test In-situ<br />

Conductivité<br />

La figure 4 ci-contre montre le système de<br />

chloration pour le conductimètre Micrel.<br />

Le potentiostat développé par la société<br />

Micrel fonctionne avec 4 piles LR6 pour une<br />

autonomie de 2 mois. Le potentiostat permet<br />

de programmer des séquences de chloration<br />

de durée et de période choisies par<br />

l’utilisateur, cela pour économiser de<br />

l’énergie et pour aménager des intervalles<br />

sans chloration afin d’éviter de perturber les<br />

mesures de l’instrument.<br />

D’une manière analogue l’électrode de<br />

travail a été adaptée au turbidimètre TBD35<br />

Micrel.<br />

Le conductimètre Micrel TPS 35 équipé du système de protection contre les biosalissures<br />

par chloration localisée a été testé sur deux sites :<br />

• Sainte Anne du Portzic Brest, France, 133 jours du 03 Juin au 16 Oct. 2003<br />

• Ile de Houat, France, 107 jours du 03 Juin au 20 Septembre 2004.<br />

L’expérimentation de l’île de Houat a été effectuée en collaboration étroite avec madame<br />

JEGOU Anne-Marie, monsieur KERDREUX Michel et monsieur LAZURE Pascal de<br />

l’équipe PDG-DEL-AO.<br />

Le site de l’île de Houat avait la particularité de confronter les conductimètres à une<br />

exondation lors de chaque marée basse. Par rapport au test de Ste Anne du Portzic<br />

effectué l’année d’avant, le test de l’île de Houat a présenté beaucoup moins de biosalissures<br />

visibles à l’œil nu. Cette observation se retrouve dans les mesures obtenues. Le<br />

site de l’île de Houat ne donne lieu qu’à une légère dérive de l’équipement non protégé.<br />

La figure 5 suivante montre les mesures obtenues pendant le test de Sainte Anne du<br />

Portzic Brest, France.<br />

- 5 -


Figure 5 : Chloration localisée sur TPS 35 Micrel<br />

133 jours 03 Juin - 16 Oct. 2003 St Anne du<br />

Portzic<br />

La courbe bleue représente les mesures de<br />

l’instrument protégé. La courbe rose représente<br />

les mesures de l’instrument non protégé. La<br />

courbe verte montre la différence entre les deux<br />

instruments. La dérive de l’un par rapport à<br />

l’autre a commencé après 80 jours, cette dérive<br />

est linéaire jusqu’au 110 ème jour et devient<br />

exponentielle jusqu’au 133 ème jour. Les mesures<br />

de référence obtenues par prélèvements et<br />

analyses au salinomètre Guildline (points<br />

rouges) montrent une légère dérive de<br />

l’instrument protégé après 133 jours (0,5 PSU).<br />

Cette dérive est sans doute due à un arrêt de la<br />

chloration au 120 ème jour qui a été occasionné<br />

par un manque d’énergie (piles déchargées).<br />

Les mesures obtenues montrent très bien la dérive de l’instrument non protégé et la<br />

fidélité de l’instrument protégé par rapport aux mesures de conductivité de référence<br />

obtenues par prélèvement.<br />

La figure 6 suivante montre l’aspect du conductimètre non protégé (à gauche) et du<br />

conductimètre protégé (à droite) après la campagne de mesures à Ste Anne du Portzic.<br />

Visuellement, on constate l’efficacité du système de protection. Il est même surprenant à<br />

quel point la chloration localisée semble avoir rayonné sur l’extérieur de l’extrémité de<br />

l’instrument.<br />

Figure 6 : Aspect des conductimètres Micrel sans protection (à Gauche) et avec protection (à<br />

Droite) après 133 jours à Ste Anne du Portzic du 13 juin au 16 octobre 2004<br />

Turbidité<br />

Le turbidimètre Micrel TBD 35 équipé du système de protection contre les bio-salissures<br />

par chloration localisée a été testé sur le site suivant :<br />

• Baie du Mt St Michel – France, 56 jours de Mars à Mai 2004<br />

Cette expérimentation a été effectuée en collaboration étroite avec monsieur LE HIR<br />

Pierre, monsieur BASSOULLET Philippe et monsieur JESTIN Hervé de l’équipe DEL-<br />

EC-TP.<br />

Le site de la baie du Mt St Michel avait la particularité d’offrir une forte plage de<br />

turbidité et de confronter les turbidimètres à une exondation lors de chaque marée basse.<br />

Les bio-salissures observées sont majoritairement de type « balanes ». Le développement<br />

est très rapide (moins de quinze jours).<br />

Les mesures fournies par chaque équipement présentent une étendue de 900 NTU. Elle<br />

sont très cohérentes et restent synchrones tout au long de la période de test. La sensibilité<br />

des deux équipements diffère légèrement ce qui occasionne un écart initial de 20 NTU.<br />

- 6 -


Cet écart n’est pas dramatique puisqu’il représente 2% de l’étendue observée. L’écart<br />

s’est accentué après 30 jours sur site pour atteindre 80 NTU.. L’instrument protégé a<br />

conservé sa sensibilité initiale pendant les 56 jours de test.<br />

La figure 7 ci-dessous montre l’aspect du turbidimètre non protégé (à gauche) et du<br />

turbidimètre protégé (à droite) après la campagne de mesures. Visuellement, on constate<br />

aisément l’efficacité du système de protection. Comme montré sur la figure 8 et comme<br />

observé ci-dessus sur les conductimètres, il est surprenant de voir à quel point la<br />

chloration localisée a rayonné sur l’extérieur de l’extrémité de l’instrument.<br />

Figure 7 : Aspect des turbidimètres Micrel<br />

sans protection (à Gauche) et avec protection (à Droite)<br />

Figure 8 : Détail de l’aspect du turbidimètre Micrel<br />

avec protection.<br />

Cette expérimentation a fort bien fonctionné puisqu’une forte colonisation a pu être<br />

observée sur le turbidimètre non protégé alors que le turbidimètre protégé est resté<br />

propre. Les mesures obtenus montrent très bien la dérive de l’instrument non protégé.<br />

2.2.4 Conclusion<br />

La chloration localisée est une bonne technique de protection contre les bio-salissures<br />

pour le conductimètre TPS 35 Micrel et le turbidimètre TBD 35. Le système reste à<br />

fiabiliser au niveau de la connectique du potentiostat et du système d’électrodes ; des<br />

avaries étant survenues dues à un manque d’étanchéité. L’autonomie de 2 à 3 mois est un<br />

peu juste pour les applications d’océanographie côtière et devrait être au moins doublée<br />

avant les prochains déploiements.<br />

En 2005 le système de chloration localisée sera mis en œuvre sur quatre conductimètres<br />

TPS35 Micrel dans le cadre du « réseau des îles ». Ces sites, au nombre de quatre, sont<br />

bien connus puisque instrumentés depuis 2001.<br />

3 Compléter les observations <strong>acoustique</strong>s<br />

Pour compléter les observations <strong>acoustique</strong>s effectuées lors des campagnes halieutiques,<br />

avec deux approches originales. La première, tirant profit des progrès de la technologie<br />

des moyens d’observation autonomes, a consisté à développer une station <strong>acoustique</strong> <strong>fixe</strong><br />

observant en continu et dotée, pour ce faire, d’un sondeur visant à l’horizontal. Une<br />

station prototype a été développée, les premiers résultats sont encourageants et une<br />

première installation opérationnelle est prévue en 2005. La seconde a consisté en<br />

l’intégration d’un sondeur <strong>acoustique</strong> de nouvelle génération sur un AUV moyen porteur<br />

capable d’opérer jusqu’à 3000 mètres. Cette charge utile a été testée lors de la campagne<br />

Etauvhal (2004) selon trois modes de fonctionnement respectivement adaptés aux<br />

missions petit fond, démersales et pélagiques.<br />

- 7 -


3.1 Le développement d’une station <strong>acoustique</strong> <strong>fixe</strong><br />

Les campagnes halieutiques permettent d’estimer l’abondance des espèces à un moment<br />

donné et sur des zones assez étendues. On peut ainsi suivre annuellement les stocks mais<br />

en étant dépendant d’aléas comme la programmation des navires et vu, le prix élevé des<br />

campagnes à la mer, il était logique d’imaginer de tirer parti des progrès de la technologie<br />

des moyens d’observation autonomes et de l’expérience de la détection <strong>acoustique</strong> pour<br />

proposer une approche complémentaire basée sur des stations <strong>fixe</strong>s <strong>acoustique</strong>.<br />

Dans le cadre du programme Approche Intégrée Golfe de Gascogne il a été décidé de<br />

développer une station <strong>fixe</strong> <strong>acoustique</strong>. Au vu des premiers résultats de la mission<br />

EXACHA 04 ayant montré l’intérêt de tirs horizontaux, une station prototype a été<br />

développée et installée sur la station de Saint Anne du Portzic, dans une hauteur d’eau de<br />

l’ordre de 12 mètres, pour évaluation au mois de Septembre. Cette station est basée sur<br />

l’utilisation d’un sondeur Simrad EK60 encapsulé pour répondre aux contraintes<br />

d’environnement.<br />

Figure 9 : Schéma de<br />

principe de la station<br />

prototype<br />

Les premiers résultats sont très prometteurs et montrent l’intérêt de ce type d’équipement.<br />

Bien que les premières analyses soient à compléter, une évaluation temporelle de<br />

l’activité halieutique d’une zone est accessible. A titre d’exemple, voici les résultats<br />

obtenus à l’aide du logiciel Movies pour différentes périodes de la journée :<br />

<strong>Station</strong> <strong>fixe</strong> de Ste Anne : détection horizontale par faisceau 7°x7°<br />

Les 06-07/10/2004 : écrans de 15 min<br />

Bancs de poissons<br />

Echo de surface<br />

15h00 T.U.<br />

17h00<br />

18h30<br />

19h25<br />

Figure 10 : Résultats obtenus par la station à différentes périodes de la journée (N.Diner)<br />

- 8 -


En parallèle, une demande d’aide communautaire a été déposée auprès de l’IFOP pour<br />

l’installation d’une station pilote destinée au suivi de la fréquentation faunistique d’un<br />

récif artificiel située au large du Vieux Boucau. Cette demande a été retenue pour<br />

financement. Pour ce projet, l’installation d’uns station autonome (autonomie de l’ordre<br />

de 6 mois) de suivi <strong>acoustique</strong> comprenant 3 bases <strong>acoustique</strong>s est planifiée pour Mai<br />

2005 (mission REBOUC1). La maintenance de cette station, à 18 mètres de profondeur,<br />

est prévue par intervention de plongeurs. Cette expérimentation est planifiée pour une<br />

durée de plusieurs années.<br />

Ces deux premières stations devraient nous confirmer la faisabilité et l’intérêt de ce type<br />

de station <strong>acoustique</strong> pour une hauteur d’eau limitée (de l’ordre de 20 mètres). Il sera<br />

ainsi possible de définir le besoin en performance <strong>acoustique</strong>, en cadence de données,<br />

pré-traitement, etc pour une station plus éloignée de la côte.<br />

Les développement futurs devraient intéresser des hauteurs plus importantes et se tourner<br />

vers des applications concernant le suivi de l’activité halieutique sur des distances<br />

balayées plus importantes.<br />

La configuration des stations est alors fortement conditionnée par les possibilités<br />

d’infrastructure et les conditions opérationnelles (raccordement à des câbles sous marins<br />

existants ou à un flotteur de surface, possibilité d’intervention par ROV,…). Les analyses<br />

de coûts et les développements de technologies génériques (intervention sous-marine,<br />

communication locale ou avec la surface et/ou avec la terre, modularité,…) du projet<br />

Observatoires fond de mer (programme PGE07-OTEO – mené par Ifremer-TMSI, sousprojet<br />

Assem) permettront de proposer une station adaptée au besoin d’acquisition de<br />

données halieutiques dans le Golfe de Gascogne. La valorisation de cette station par une<br />

utilisation pluridisciplinaire sera probablement utile pour rentabiliser l’investissement et<br />

les coûts récurrents et pour disposer d’informations complémentaires de celles du<br />

sondeur. Le besoin de données d’océanographie physique entre déjà dans la<br />

problématique du Golfe de Gascogne.<br />

Le caractère technologiquement innovant de la station halieutique Golfe de Gascogne est<br />

à souligner ; plusieurs projets dans le monde de réseaux de stations benthiques affichent<br />

le besoin de surveillance halieutique (cf : projet Venus dans l’ouest canadien Victoria<br />

Experimental Network Under the Sea http://www.venus.uvic.ca/. qui s’intéresse à la<br />

technologie Ifremer de Assem). Les projets européens en cours de préparation par le<br />

projet Esonet auquel participe l’Ifremer fourniront peut-être des opportunités de<br />

financement.<br />

3.2 Utilisation des AUVs en halieutique<br />

L'utilisation des AUVs dans le domaine de l'<strong>acoustique</strong> halieutique est une perspective<br />

reconnue et encouragée par la communauté scientifique. A l’Ifremer, une première<br />

réflexion a été menée lors des « Journées prospectives sur la télé opération sous-marine<br />

pour l'observation et la surveillance du milieu marin » (Boucher et al. 2000). Les<br />

décisions prises à cette époque ont permis à l’Ifremer de s’investir dans la réalisation<br />

d’un projet AUV moyen porteur (Anon 2002, Opderbecke 2004). Le Défi Golfe de<br />

Gascogne a saisi cette opportunité en intégrant dès 2001 la perspective d’utilisation des<br />

AUVs en halieutique (Boucher et al. 2001, Rigaud 2002).<br />

- 9 -


En 2003, une session spécifique dédiée à l’utilisation des nouvelles technologies et plateformes,<br />

dont les AUVs, pour l’<strong>acoustique</strong> halieutique a été réalisée dans le cadre de la<br />

réunion annuelle du groupe FAST/CIEM (Fisheries Acoustics Science and Technology)<br />

(Scalabrin, 2003). Si l’utilisation des AUVs n'est pas encore une routine intégrée aux<br />

outils d'évaluation, elle a déjà démontré son potentiel pour l'observation des organismes<br />

marins (Fernandes et Brierley 1999, Brierley et al. 2002, Doolittle et Patterson 2003).<br />

En comparaison aux données acquises par des capteurs déployés à partir de navires<br />

océanographiques, l'utilisation d’une plate-forme AUV équipée de capteurs d’<strong>acoustique</strong><br />

halieutique doit permettre l'amélioration du diagnostic de l'état des ressources par :<br />

a. la réduction de la zone aveugle proche de la surface et une absence totale (ou du<br />

moins une forte réduction) de l'évitement des bancs à l'approche du navire à cause des<br />

bruits rayonnés ;<br />

b. la réduction de la zone d’ombre <strong>acoustique</strong> proche du fond et l’optimisation de la<br />

distance capteur-cible ;<br />

c. l'indépendance de la plate-forme d'acquisition de données <strong>acoustique</strong>s à l'état de la<br />

mer ;<br />

d. la réduction des lacunes d'observations horizontales à cause du trop grand espacement<br />

des parcours <strong>acoustique</strong>s imposé par les temps de route et le coût des navires.<br />

3.2.1 Contraintes actuelles et perspectives<br />

Zone aveugle surface et comportement d’évitement<br />

La zone aveugle proche de la surface est surtout fonction du tirant d’eau du navire et de la<br />

fréquence <strong>acoustique</strong> utilisée. Actuellement, en prenant le N.R.H. Thalassa comme<br />

exemple (5,5 m de tirant d’eau), la hauteur de la zone aveugle peut varier entre 7 et 11 m,<br />

respectivement pour les fréquences 200 et 18 kHz. Pour le sondeur multifaisceaux<br />

halieutique, la hauteur moyenne de la zone aveugle sera de 15 m, variant entre 9 et 25 m<br />

en fonction de la durée d’impulsion et du nombre des faisceaux utilisés.<br />

Or les poissons de certaines espèces et plus particulièrement les juvéniles d’anchois dans<br />

le golfe de Gascogne se regroupent en bancs localisés près de la surface. Pendant les<br />

campagnes JUVESU de 98 et 99, dédiées à l’étude de ces juvéniles dans la partie sud du<br />

golfe à la fin de l’été, 95% des bancs détectés étaient observés dans les 25 premiers m de<br />

la colonne d’eau (Uriarte et al., 2002). Dans ce cas précis, l’existence d’une zone aveugle<br />

surface peut conduire à ce qu’une fraction importante de la biomasse échappe à<br />

l’observation et à la quantification par sondage vertical classique. A cet effet, il est<br />

possible d’ajouter le phénomène d’évitement des bancs au navire, d’autant plus<br />

significatif que le niveau du bruit rayonné par le navire est élevé (Diner et Marchand,<br />

1995).<br />

L’utilisation d’un AUV peut apporter des réponses à ces questions. D’une part, l’AUV<br />

constitue une plate-forme pour les capteurs <strong>acoustique</strong>s pouvant être immergée à une<br />

distance optimale pour l’observation des espèces cibles ; d’autre part, le niveau du bruit<br />

rayonné par l’AUV est potentiellement inférieur à celui d’un navire. L’AUV immergé à<br />

40 ou 50 m et équipé d’un sondeur, dont le transducteur est orienté vers le haut, permettra<br />

l’acquisition des signaux <strong>acoustique</strong>s insonifiant la totalité de la colonne d’eau entre sa<br />

profondeur d’immersion et la surface et, par conséquent, diminuant la fraction de la<br />

biomasse non-observée. Dans cette configuration, la comparaison entre les résultats<br />

- 10 -


d’estimation de l’abondance obtenus par l’<strong>acoustique</strong>-navire et l’<strong>acoustique</strong>-AUV<br />

permettrait également d’estimer un facteur de correction pour la prise en compte du<br />

phénomène d’évitement des bancs au navire.<br />

Zone d’ombre <strong>acoustique</strong> et optimisation de la distance capteur-cible<br />

La zone d’ombre proche du fond est fonction de la topographie du fond, de la sonde, de<br />

l’ouverture angulaire du faisceau et de la durée d’impulsion utilisée.<br />

De façon sommaire, le volume de confusion<br />

d’un système <strong>acoustique</strong> indique sa résolution<br />

minimale. Ce volume est conditionné par la<br />

durée d’impulsion et l’ouverture angulaire du<br />

faisceau à la distance considérée. La résolution<br />

verticale du système sera d’autant meilleure<br />

que l’impulsion est courte (Figure 11) et sa<br />

résolution horizontale d’autant meilleure que le<br />

diamètre du faisceau est petit.<br />

Figure 11 : influence de la durée d’impulsion<br />

dans la résolution verticale d’un système<br />

<strong>acoustique</strong>. Le volume de confusion est illustré<br />

en jaune. Source : Noël Diner.<br />

Lorsque le signal <strong>acoustique</strong> atteint l’interface eau-fond, l’écho rétro-diffusé du fond<br />

correspond au point de contact le plus proche entre le volume de confusion et le fond. En<br />

théorie, pour un fond plat, ce point est dans l’axe du faisceau et la zone d’ombre<br />

<strong>acoustique</strong> correspond au volume entre le fond et les limites du volume de confusion. Si<br />

la topographie du fond est irrégulière ou en pente, par rapport au diamètre du faisceau à la<br />

sonde considérée, une zone d’ombre <strong>acoustique</strong> plus importante sera créée. Cette zone<br />

produit un phénomène de masquage pour les échos des cibles biologiques situées au delà<br />

de ce premier écho du fond, dont le niveau est très supérieur à ceux des poissons.<br />

Figure 12 : illustration de la zone d’ombre <strong>acoustique</strong> (en jaune) générée par un fond à<br />

topographie irrégulière (à gauche) ou en pente (à droite). Source : Noël Diner.<br />

- 11 -


La zone d’ombre <strong>acoustique</strong> proche du fond a été jusqu’à présent un des principaux<br />

obstacles pour la détection <strong>acoustique</strong> des espèces démersales du plateau continental et<br />

des espèces profondes du talus continental. La contrainte de la zone d’ombre peut être<br />

minimisée, soit en diminuant l’angle d’ouverture du faisceau, tout en préservant un<br />

volume échantillonné important par l’utilisation d’un fan des faisceaux contigus (option<br />

sondeur multifaisceaux halieutique), soit pour un même angle d’ouverture en diminuant<br />

le diamètre du faisceau par une optimisation de la distance capteur-cible (option<br />

<strong>acoustique</strong> embarquée sur un AUV).<br />

Au problème de la zone d’ombre, s’ajoutent ceux liés à la portée limite de détection des<br />

systèmes <strong>acoustique</strong>s. Les pertes de transmission <strong>acoustique</strong> dues à l’amortissement<br />

augmentent fortement avec la fréquence. Chaque fréquence présente une portée limite de<br />

détection qui dépend également du niveau de bruit et de l’indice de rétro-diffusion des<br />

cibles. En prenant comme exemple les capteurs embarqués sur le N.R.H. Thalassa,<br />

l’ordre de grandeur de cette portée limite, en ce qui concerne les poissons, est de 200 m<br />

pour la fréquence de 200 kHz et de 1000 m pour la fréquence de 38 kHz (Figure 13). La<br />

portée nominale pour le sondeur multifaisceaux halieutique, dont la largeur de bande se<br />

situe entre 70 et 120 kHz, est estimée à 700 m.<br />

Figure 13 : échogrammes obtenus par<br />

simulation d’un banc de poissons<br />

(longueur et largeur de 20 m, hauteur<br />

de 8 m, densité de 1 poisson/m 3 )<br />

positionné à différentes profondeurs<br />

(30, 100, 200 et 500 m). L’échogramme<br />

à gauche illustre la réponse à 200 kHz<br />

et celui à droite celle à 38 kHz pour une<br />

même durée d’impulsion de 1 ms. Le<br />

banc simulé à 500 m ne peut pas être<br />

détecté par la fréquence de 200 kHz, se<br />

trouvant hors de la portée limite de<br />

détection. La dégradation de la<br />

résolution horizontale est indiquée par<br />

l’augmentation de la longueur de<br />

l’image <strong>acoustique</strong> du banc en fonction<br />

de la profondeur (résultat fournit par le<br />

simulateur OASIS).<br />

Le choix de la fréquence ou des fréquences à utiliser est toujours le résultat d’un<br />

compromis entre la portée limite de détection, la résolution horizontale et la résolution<br />

verticale, celle-ci conditionnée par le type et la durée du signal. Plus la fréquence sera<br />

élevée et meilleure sera la résolution verticale, par contre plus faible sera la portée limite.<br />

La résolution verticale de la fréquence de 200 kHz peut être supérieure d’un facteur 4 par<br />

rapport à celle obtenue avec la fréquence 38 kHz, pour une portée limite de détection 5<br />

fois inférieure. La résolution horizontale est directement liée à l’ouverture angulaire du<br />

faisceau et à la distance capteur-cible : plus cette distance est élevée et plus importante<br />

sera la dégradation de la résolution horizontale, indiquée par le diamètre du faisceau<br />

(Figure 13). A 100 m, le diamètre d’un faisceau d’ouverture angulaire de 7° sera de 12 m,<br />

à 1 500 m ce diamètre sera de 183 m. Ces contraintes physiques sont particulièrement<br />

importantes pour la détection des espèces démersales et profondes.<br />

- 12 -


L’utilisation des capteurs <strong>acoustique</strong>s sur un AUV peut lever ces contraintes. En<br />

déployant, par exemple, un sondeur 200 kHz à partir d’un AUV il est possible d’obtenir<br />

une meilleure résolution tout en se libérant de la contrainte de la portée limite de<br />

détection. Une meilleure résolution verticale par la diminution de la durée d’impulsion,<br />

une meilleure résolution horizontale par l’optimisation de la distance capteur-cible et une<br />

augmentation de la portée par la possibilité d’immerger le capteur au-delà de 1000 m de<br />

profondeur, sont des atouts non-négligeables afin d’augmenter la capacité de surveillance<br />

des ressources démersales et profondes.<br />

Influence de l’état de la mer<br />

La qualité des signaux <strong>acoustique</strong>s acquis à partir d’une plate-forme navire est très<br />

sensible au comportement du navire et à l’état de la mer. D’une part, pour les capteurs<br />

monofaisceau, le signal ne peut pas être corrigé du roulis et du tangage, ce qui introduit<br />

une forte variabilité dans l’échantillonnage <strong>acoustique</strong> (Scalabrin, 1997). D’autre part, la<br />

dégradation de l’état de mer augmente la hauteur de la zone d’émulsion sous la coque, les<br />

bulles d’air ainsi formées sont un facteur d’atténuation important pour l’amplitude du<br />

signal <strong>acoustique</strong>.<br />

Pour une vitesse de vent de 20 nœuds, les pertes de transmission dues à ce phénomène<br />

peuvent être de l’ordre de 2,5 dB pour la fréquence de 38 kHz et de 10 dB pour celle de<br />

120 kHz (Dalen et Lovik, 1981). Ces auteurs suggéraient, à l’époque, l’utilisation d’un<br />

corps remorqué pour l’immersion des transducteurs à une profondeur d’au moins 20 m<br />

afin de s’affranchir de la dégradation du rapport signal-bruit due à l’état de la mer.<br />

Actuellement, les navires océanographiques le plus modernes sont munis de quilles<br />

rétractables qui, par mauvais temps, permettent d'immerger les transducteurs à plus de 10<br />

m sous la surface dans des zones moins bullées où ce type d'atténuation devient<br />

négligeable. Cependant, la plupart des navires n’en sont pas équipés.<br />

L’utilisation des capteurs <strong>acoustique</strong>s à partir d’une plate-forme AUV permet de rendre<br />

l’acquisition des signaux indépendant de l’état de la mer. L’AUV immergé est une plateforme<br />

plus stable qu’un navire et donc moins affecté par le roulis et le tangage. La<br />

possibilité de l’immerger à n’importe quelle distance de la surface permet non seulement<br />

de réduire le phénomène d’atténuation, mais également de l’étudier et éventuellement<br />

d’estimer un facteur de correction pouvant être appliqué sur les évaluations <strong>acoustique</strong>s<br />

réalisées en routine avec un navire.<br />

Améliorer la couverture spatiale des campagnes<br />

Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour estimer et améliorer la précision des<br />

évaluations <strong>acoustique</strong>s de l’abondance (Simmonds et al., 1992). Deux d’entre elles<br />

concernent directement l’utilisation des AUVs : la méthode de multiplication des<br />

parcours et la méthode empirique du degré de couverture.<br />

La méthode de multiplication des parcours permet d’estimer la variance de l’abondance,<br />

soit par l’utilisation simultanée de plusieurs navires, soit par la répétition des parcours<br />

<strong>acoustique</strong>s avec un même navire. L’utilisation d’un seul navire réduit automatiquement<br />

la taille de la zone à échantillonner afin d’éviter que les mesures ne soient pas affectées<br />

par une composante temporelle. Un effort considérable serait nécessaire pour réaliser un<br />

- 13 -


nombre suffisant de duplicata pour une zone telle que le golfe de Gascogne (la durée de<br />

la campagne PELGAS est déjà de 30 jours). La duplication des parcours en utilisant un<br />

AUV pendant les campagnes de routine peut fournir directement des mesures permettant<br />

d’estimer le coefficient de variation de l’abondance.<br />

Une règle empirique est utilisée pour estimer le degré ou l’effort de couverture nécessaire<br />

pour l’échantillonnage <strong>acoustique</strong> en fonction de la précision souhaitée. Le degré de<br />

couverture étant un rapport entre la longueur totale des parcours <strong>acoustique</strong>s et la racine<br />

carrée de la surface à échantillonner, pour améliorer la précision il est nécessaire de<br />

diminuer l’espacement entre parcours en augmentant la distance parcourue. Un gain de<br />

précision de l’ordre de 10% requiert le triplement de la distance parcourue, ce qui peut<br />

être envisagé avec l’utilisation des AUVs. Toutefois, des efforts technologiques restent à<br />

faire afin d’augmenter le potentiel d’autonomie et de vitesse des engins autonomes.<br />

Les AUVs permettront donc d'améliorer la résolution, la précision et l'extension spatiale<br />

des campagnes récurrentes d'évaluation de biomasse ainsi que les volumes d'eau<br />

observés. Ils peuvent déjà être utilisés comme plate-formes d’échantillonnage dans les<br />

zones actuellement inaccessibles aux navires comme les zones très côtières.<br />

3.2.2 Développement de la charge utile d’<strong>acoustique</strong> halieutique (CUH) pour le<br />

véhicule autonome sous-marin Aster-X<br />

En vue de ces contraintes et de ces perspectives, le Défi Golfe de Gascogne a donc pris<br />

en charge le développement de la charge utile d’<strong>acoustique</strong> halieutique pour le véhicule<br />

autonome sous-marin Aster-X.<br />

Cette action consiste à intégrer au porteur AUV une charge utile scientifique composée<br />

de deux sondeurs halieutiques nouvelle génération. Cette charge utile est prévue pour<br />

répondre aux besoins halieutiques des quatre missions-type: mission plateau continental<br />

ressources démersales, mission plateau continental ressources pélagiques, mission talus<br />

ressources profondes, mission petits fonds (Anon, 2002). A la charge utile d’<strong>acoustique</strong><br />

halieutique il devrait s’ajouter une charge utile optique pour l’identification des cibles<br />

selon le projet original.<br />

La CUH utilise deux sondeurs Simrad ER-60 : le premier, opérant à la fréquence de 200<br />

kHz, insonifie la colonne d’eau sous l’Aster-X (de la profondeur d’immersion vers le<br />

fond) ; le deuxième sondeur, opérant à la fréquence de 70 kHz, insonifie la colonne d’eau<br />

au-dessus l’Aster-X (de la profondeur d’immersion vers la surface). L’immersion limite<br />

de la CUH est de 3 000 m, sauf pour le transducteur 200 kHz dont l’immersion est limitée<br />

à 1 500 m pour des raisons technologiques.<br />

Le premier essai à la mer de la charge utile, équipée d'un seul sondeur 200 kHz, a été<br />

réalisé pendant la campagne ETAUVHAL en juin 2004 sur le N.O. Thalia (Figure 14).<br />

L'intégration du deuxième sondeur est achevée en février 2005. La configuration<br />

complète de la CUH sera testée pendant la campagne ALLEGRO05 sur le N.O. Heincke<br />

de l’AWI en mer du Nord (du 1 er au 1’ mars 2005).<br />

Une demande de campagne pour 2006 sur le N.R.H. Thalassa a été déposée afin de tester<br />

la faisabilité scientifique et opérationnelle de l'utilisation de l'Aster-X avec la CU<br />

halieutique pour la détection des ressources démersales du plateau et du talus continental<br />

- 14 -


du golfe de Gascogne. A la suite de cette campagne les résultats obtenus permettront de<br />

définir le mode opérationnel le mieux adapté pour l'utilisation en routine de l'AUV/CUH<br />

pendant les campagnes EVHOE et IBTS.<br />

• Troisième plongée 17/06/04<br />

• Rade de Brest<br />

• Écran 60 minutes<br />

Parcours C :<br />

immersion de 7m<br />

Parcours B :<br />

immersion de 10m<br />

P1 point de plongée et<br />

de remontée à la<br />

surface<br />

Parcours A :<br />

immersion de 15m<br />

P1<br />

A B C P1 A B C<br />

P1<br />

Surface<br />

Immersion<br />

de l’AUV<br />

Écho du<br />

fond<br />

Figure 14 : échogramme illustrant les signaux acquis par la charge utile halieutique équipée du<br />

sondeur 200 kHz pendant deux plongées consécutives d’Aster-X en rade de Brest.<br />

4 Tirer parti des méthodes visuelles<br />

4.1 Evaluer l’apport des méthodes visuelles<br />

Pour faire progresser les connaissances sur l'écosystème marin, il est indispensable<br />

d'améliorer les méthodes d'acquisition de données. Le besoin en est renforcé par les<br />

incertitudes liées aux données de captures et l'inaccessibilité des zones protégées et des<br />

terrains accidentés aux engins de chalutage traditionnels. Dans cette perspective, les<br />

méthodes visuelles offrent des avancées. La campagne Vital (août 2002) avec le robot<br />

téléguidé Victor 6000 et la campagne Mertail (août 2004) avec l'engin tracté Merlin ont<br />

permis d'évaluer le potentiel de l'approche visuelle pour l'étude des communautés de<br />

poissons profonds (Vital) et celles du plateau continental (Mertail).<br />

Les estimations des densités des poissons profonds sont sensibles aux conditions<br />

d’environnement et d’observation. Leur comportement et leur réaction peuvent produire<br />

des estimations variables et biaisées : leur position dans la colonne d’eau (distribution<br />

verticale du poisson) au-delà du champ d’observation du ROV entraîne une sousestimation<br />

de l’abondance (Trenkel et al. 2004). L'étude des facteurs qui pourraient<br />

expliquer le rapport entre des estimations de densité d'une population à partir des<br />

- 15 -


chalutages et celles obtenues à partir des observations visuelles a montré que le type de<br />

distribution spatiale (aléatoire ou non) et la densité sous-jacente sont déterminants<br />

(Trenkel et al. sous presse). Cette méthode permet d’estimer la densité réelle de petites<br />

espèces proches du fond non capturées par la pêche et mal échantillonnées par les chaluts<br />

commerciaux ainsi que celle d’une grande espèce dont la distribution spatiale est<br />

aléatoire et dont la réaction au ROV est inexistante. Pour cette dernière les estimations de<br />

densité issues du ROV et du chalut ne sont pas significativement différentes (Trenkel et<br />

al. Sous presse). Ces travaux permettront de formuler un modèle général pour la<br />

capturabilité d'un chalut. La comparaison de deux méthodes d’observation visuelle (laser<br />

et caméra autofocus) pour la mesure in situ des tailles de poissons (Cadiou et al. 2004,<br />

Rochet et al. soumis) a permis d'établir le champ d'application de ces méthodes et<br />

d'identifier les besoins de développements technologiques. Le grand apport de l'approche<br />

visuelle réside dans l'observation des comportements individuels (Trenkel & Lorance,<br />

sous presse), qui contribue à une meilleure compréhension des variations de la<br />

capturabilité. Ainsi, il a été possible de classer les espèces profondes en trois groupes<br />

selon à leur comportement naturel et leur réaction à l'approche du danger : le groupe 1<br />

rassemble les espèces sans mouvement ni réaction, le groupe 2 celles qui nagent<br />

largement au-dessus du fond, et le groupe 3 les espèces qui dérivent plutôt près du fond et<br />

dont les individus sont peu réactifs (Lorance et al. Sous presse, Lorance et Trenkel<br />

soumis).<br />

La campagne Mertail avait pour but essentiel de tester de nouveaux outils d'observation<br />

visuelle pour une évaluation directe de la taille des animaux et de leur abondance. La<br />

principale espèce cible était la langoustine. La campagne s'est déroulée sur un secteur de<br />

la Grande Vasière du golfe de Gascogne où cette espèce est exploitée. La densité<br />

observée (langoustines et de leurs terriers) était très variable à cause de la nature du fond.<br />

Les observations ont confirmé une augmentation de l’activité de l’espèce au lever du jour<br />

et à la tombée de la nuit. La première comparaison des tailles de langoustines mesurées<br />

par laser avec celles capturées par un langoustinier professionnel semble indiquer qu'une<br />

faible proportion des langoustines présentes est accessible au chalutier. L’hypothèse la<br />

plus probable pour expliquer ce phénomène est la petite taille des individus qui peut-être<br />

reliée soit à un recrutement localement important soit à un taux d’exploitation élevé de la<br />

langoustine, soit aux deux. La campagne a aussi permis la mise au point d’une<br />

configuration efficace pour la vidéo-grammétrie, afin de mesurer et dénombrer les<br />

poissons qui vivent près du fond. Dans le cas étudié l’espèce principalement visée est le<br />

merlu et l’objectif immédiat sera la comparaison des observations vidéo avec les<br />

captures par chalutage et les mesures <strong>acoustique</strong>s.<br />

4.2 Et définir les conditions techniques et les outils les plus efficaces<br />

Les développements et les essais réalisés dans le cadre du chantier Golfe de Gascogne ont<br />

montré que les méthodes d’observation optiques peuvent apporter un complément utile<br />

aux outils traditionnels (notamment <strong>acoustique</strong>s) pour l’estimation de densité et l’étude<br />

de la faune benthique et démersale. Les travaux réalisés ont fait ressortir les éléments<br />

suivants :<br />

Turbidité de l’eau<br />

C’est un paramètre essentiel pour l’imagerie optique. La turbidité peut varier<br />

significativement en fonction de la zone de travail (proximité d’un estuaire), de la saison,<br />

de la météo, de l’activité (chalutage) sur zone. L’eau est en général claire par moyen et<br />

- 16 -


grand fond où l’on peut espérer une visibilité de 5 mètres. Sur le plateau, par contre, cette<br />

visibilité peut être inférieure à 2 mètres, en particulier sur les fonds vaseux.<br />

Caméra<br />

Compte tenu de la mobilité des espèces observées, et en général de la plate-forme<br />

d’observation, il est essentiel d’avoir une caméra rapide, permettant la prise de vue avec<br />

obturateur (1/250 e ou plus rapide) pour disposer d’images exploitables, surtout pour les<br />

images <strong>fixe</strong>s (arrêts sur image ou captures a posteriori).<br />

Eclairage<br />

L’éclairage artificiel est indispensable dès que la profondeur dépasse quelques dizaines<br />

de mètres surtout qu’un temps d’exposition court est requis (cf. paragraphe précédent).<br />

La qualité des images obtenues par les systèmes mis en œuvre est en partie due à la<br />

puissance des éclairages (800W de projecteurs HMI sur Merlin). L’éclairage présente<br />

cependant l’inconvénient de perturber le comportement de la faune observée, soit en<br />

l’attirant (exemples de groupes de chinchards et maquereaux se formant autour de la plate<br />

forme Merlin), soit en la faisant fuir (animaux rentrant dans leur terrier à l’approche d’un<br />

engin). Pour limiter ces effets, les solutions sont :<br />

o D’avoir un éclairage de type pulsé (flash) afin de surprendre les animaux,<br />

o De faire les observations avec une plate-forme se déplaçant à vitesse élevée (de<br />

l’ordre de 3 nœuds)<br />

Imagerie quantitative<br />

Pour la mesure de taille des individus et l’estimation de densité de population, trois outils<br />

basés sur des caméras vidéo ont été utilisés lors des campagnes à la mer Vital et Mertail :<br />

Lasers parallèles<br />

Un ensemble de lasers parallèles (2 ou 4) est monté<br />

autour ou à proximité de la caméra. Ce dispositif<br />

simple à opérer est un bon compromis robustesse,<br />

simplicité, précision, il n’est pas affecté par une<br />

image instable. La présence sur toutes les images<br />

d’une échelle figurée par les spots laser en facilite<br />

l’exploitation en temps réel comme en postprocessing.<br />

Compte tenu du principe de mesure –<br />

l’échelle est valable si le plan objet est correctement<br />

orienté par rapport aux faisceaux – et de la nécessité<br />

d’avoir aux moins 2 spots (distants de 15 à 25 cm)<br />

sur l’objet à mesurer, ce système est bien adapté à<br />

l’observation des espèces benthiques. Dans ces<br />

conditions, à une distance inférieure à 3 mètres, la<br />

précision de mesure est évaluée à 5%. Une attention<br />

particulière doit cependant être portée sur le réglage<br />

du Caméra parallélisme à autofocus des faisceaux.<br />

Figure 15 : utilisation de 2 spots laser<br />

Ce système permet l’affichage en temps réel d’une échelle graduée sur l’image vidéo.<br />

L’échelle est calculée à partir des données de mise au point et de champ fournies par la<br />

- 17 -


caméra sur une liaison de données. Le système testé – construit autour d’un module vidéo<br />

compact - a montré des limites en termes de domaine de validité : nécessité d’avoir un<br />

champ angulaire réduit pour la caméra, objet situé à une distance comprise entre 1 et 3<br />

mètres, image contrastée et scène stable. La mesure peut par ailleurs être perturbée en<br />

cas de forte turbidité (autofocus accrochant sur les particules). Ce dispositif est donc peu<br />

adapté à l’observation des espèces mobiles.<br />

Vidéogrammétrie<br />

Cette technique consiste à utiliser 2 caméras filmant le même objet de 2 points de vue<br />

différents. Le système – qui doit avoir été calibré précisément au préalable – permet<br />

d’obtenir en post-processing les coordonnées géométriques des objets présents dans la<br />

scène pour chaque paire d’images. Les essais à la mer lors de la campagne Mertail ont<br />

montré que cette méthode était bien adaptée à l’observation des poissons en pleine eau ou<br />

à proximité du fond. Elle nécessite des caméras rapides (l’extraction des points<br />

homologues d’une paire d’images requiert des images bien nettes). Il faut enfin noter que<br />

l’obtention de mesures se fait actuellement lors d’un processus interactif nécessitant<br />

l’intervention d’un opérateur, et en conséquence relativement long.<br />

Plate-forme<br />

Différents vecteurs peuvent servir de support aux outils d’imagerie optique. Pour ce type<br />

de mission, ces types de plates-formes se caractérisent de la manière suivante :<br />

o ROV : engins conçus pour travailler en portée optique, ils ont une vitesse de<br />

déplacement relativement faible (< 1 m/s), nécessitent un navire de surface ayant des<br />

capacités de travail au point <strong>fixe</strong>. Ils sont plutôt adaptés au travail sur des chantiers<br />

spatialement et temporellement limités.Compte tenu de leur sensibilité au courant, ils<br />

conviennent mal aux opérations par faible fond. Leur positionnement requiert<br />

l’utilisation de systèmes spécifiques.<br />

o Engins tractés : ces engins sont largement répandus et adaptés à un échantillonnage<br />

spatial des observations. De même que pour les ROV, l’emploi de câbles à fibres<br />

optiques permet la transmission d’images de très bonne qualité. On distingue les<br />

engins opérés au-dessus du fond des luges tractés sur le fond. Les premiers sont sujets<br />

au pilonnement (mouvement vertical du navire de surface transmis par le câble), ce<br />

qui en limite l’emploi par mer formée. Les secondes ne peuvent être opérés que sur<br />

des fonds dépourvus d’obstacles susceptibles d’endommager le système traîné sur le<br />

fond, elles peuvent par contre être remorquées à une vitesse supérieure (3 ou 4 nœuds<br />

contre 2 nœuds maximum pour les engins remorqués au-dessus du fond).<br />

o Les AUV (Autonomous Underwater Vehicle) constituent une alternative envisageable<br />

à moyen terme pour des missions en pleine eau. Rapides, ils sont par contre peu<br />

adaptés à des missions nécessitant une navigation proche du fond.<br />

o Les stations <strong>fixe</strong>s présentent un intérêt pour l’acquisition de séries temporelles avec la<br />

possibilité de coupler l’imagerie avec d’autres instruments. Les structures des stations<br />

ont cependant un effet attracteur sur les poissons, effet qui peut biaiser certaines<br />

observations.<br />

- 18 -


Traitement automatique des images<br />

La variabilité des conditions d’environnement (turbidité…) et de prise de vue (distance<br />

caméra/scène) induisent une variabilité importante de la luminance et du contraste des<br />

images (ou de certaines parties des images). A ces éléments, il faut ajouter la difficulté<br />

d’identifier par traitement automatique des formes naturelles pouvant se présenter dans<br />

des positions et sous des angles différents. L’exploitation par traitement automatique des<br />

images sous-marines n’est donc pas simple en halieutique. Les travaux réalisés et en<br />

cours ont conduit à identifier les domaines ou situations favorables à l’application de ces<br />

techniques :<br />

• Traitement d’images de caméras verticales (distance et éclairage homogène dans<br />

toute la surface de l’image),<br />

• Détection et comptage de cavités dans le sédiment (avec un éclairage rasant, les<br />

cavités et terriers présentent un contraste important)<br />

• Détection de spots d’impacts laser (fort contraste) et calcul de surface observée<br />

• Reconstruction 3D à partir de paires d’images stéréo (vidéogrammétrie).<br />

5 Perspectives et conclusions<br />

Le défi Golfe de Gascogne a permis d’impulser de nouveaux développements<br />

technologiques en réponse à des besoins scientifiques clairement énoncés qui n’auraient<br />

probablement pas émergé sans cette dynamique transversale et pluridisciplinaire : rebattre<br />

les cartes catalyse l’innovation.<br />

Mais beaucoup reste à faire :<br />

Le sondeur multifaisceau halieutique SMFH sera implanté sur la Thalassa, il va faire le<br />

travail d’une trentaine de sondeurs, il va falloir en domestiquer son usage en deux ans<br />

d’expérimentation à la mer.<br />

L’acquisition automatique de profils de température – salinité (T,S), au moyen de<br />

profileurs autonomes PAGODE devra être démontrée à grande échelle lorsque les<br />

prototypes en cours de réalisation auront été testés à la mer. Leur technologie étant en<br />

partie dérivée de celle des profileurs hauturiers nous permet d’être confiant.<br />

La mise en place du projet RECOPESCA d’acquisition automatique de mesures à bord<br />

des bateaux de pêche (projet connexe du défi Golfe) devrait, là encore, nous aider à<br />

fournir une image hydrologique du Golfe de Gascogne en temps réel.<br />

L’allongement de la durée de vie des capteurs de mesure, (par exemple des capteurs<br />

autonomes T, S de référence situés dans les îles du Golfe), va permettre d’éviter une<br />

lourde maintenance de nettoyage. La technique d’électrochloration efficace et adaptée<br />

mise au point dans le cadre du défi sera valorisée sur d’autres chantiers et d’autres<br />

instruments de mesures océanographiques.<br />

Le concept de station <strong>fixe</strong> d’observation <strong>acoustique</strong> de la biomasse dans un rayon de<br />

quelques centaines de mètres, sera expérimenté le long de la côte des Landes dès la mi-<br />

2005.<br />

- 19 -


Les données seront enregistrées dans un premier temps mais on peut imaginer une<br />

transmission automatique et en temps réel des observations à terre et l’implantation<br />

d’autres observatoires <strong>acoustique</strong>s dans le Golfe.<br />

La poursuite de campagnes expérimentales de l’AUV AsterX équipé de sondeurs<br />

halieutiques permettra au vu des conclusions, d’améliorer notre évaluation des stocks de<br />

poissons (en particulier anchois et espèces démersales) lors des campagnes halieutiques<br />

de routine telles qu’EVOHE, IBTS ou PELGAS.<br />

Reste à poursuivre l’évaluation de l’intérêt opérationnel des méthodes visuelles<br />

d’observation lors des campagnes expérimentales et en faisant un effort sur le traitement<br />

automatique des images.<br />

Enfin, la mise à disposition de l’ensemble des données d’observation hydrologiques,<br />

halieutiques, environnementales et des sorties de modèles est un souci permanent qui<br />

demande un système d’information adapté et réactif, comme ceci est le cas avec le portail<br />

de données créé pour le défi Golfe.<br />

Comme on peut le voir, la technologie ne s’arrête jamais, elle offre aux scientifiques et<br />

aux usagers de la mer des possibilités sans cesse nouvelles dont les seules bornes sont<br />

notre imagination et les moyens de les concrétiser.<br />

6 Bibliographie<br />

Antifouling<br />

M. Lehaitre, L. Delauney, C. Compère. BIOFOULING and UNDERWATER<br />

MEASUREMENTS. UNESCO series "Monographs on oceanographic<br />

methodology" volume soumis<br />

Delauney, L., Festy, D., Lehaitre, M., Lepage, V., Compère, C. A promising and<br />

adaptable biofouling prevention method. The International Conference on<br />

Alternative and Conventional Anti-Fouling Strategies September 13 – 15, 2004, in<br />

Mülheim<br />

P. Amram, C. Compère, B. Leilde F. Mazeas et al.Sedimentation and fouling of optical<br />

surfaces at the ANTARES site. (ANTARES collaboration), Astroparticle Physics<br />

19, p.253-267 (2003)<br />

C. Compère, Guest speaker. Biofouling and underwater measurements. Workshop on<br />

Real time coastal observing systems for ecosystems dynamics and harmful algal<br />

blooms, June 11-21 2003, Villefranche sur mer, France.<br />

Biofouling Reduction on Optical Systems, Final report, Vol 1 and II, Contract N°MAS3-<br />

CT95-0028, 1st February 1996-31st July 1998.<br />

Festy, D., Le Bras, S., Clegg, M., Lacotte, N., Lehaitre, M., Menlove, R., and Sebastiao,<br />

P. (1998). Biofilm prevention on optics by chlorine compound generation on tin<br />

oxide coating, Ocean’98, Nice, France.<br />

Manov, D.V., Chang, G.C., Dickey, T.D.(2003). Methods for reducing biofouling of<br />

moored optical sensors submitted to Journal of Atmospheric and Oceanic<br />

Technology<br />

- 20 -


Acoustique<br />

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DNIS/SM/RNV/02-182.<br />

Boucher, J., Y. Désaunay, D. Latrouite, C. Scalabrin, V. Trenkel, N. Diner, J. Sacchi, P.<br />

Lorance et J.L. Michel, 2000. Utilisation et besoins d’engins télé opérés pour<br />

l’analyse des ressources halieutiques et de leur environnement. Position paper<br />

dans Journées TSM2000 : journées prospectives sur la télé opération sous-marine<br />

pour l'observation et la surveillance du milieu marin, La Seyne sur Mer, 22-23<br />

novembre 2000.<br />

Boucher, J. et al., 2001. Chantier Golfe de Gascogne: définition du projet, Fascicule 1 et<br />

2. Document Ifremer sous la coordination de J. Boucher, novembre 2001.<br />

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surveys. J.Acoust.Soc.Am. 69(6): 1653-1659.<br />

Diner, N. et P. Marchand, 1995. Acoustique et Pêche Maritime. Ed Ifremer, 132 pp.<br />

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of fishes using high frequency side scan sonar deployed form a Fetch-class<br />

Autonomous Underwater Vehicule. Virginia Institute of Marine Science,<br />

FAST/CIEM 2003.<br />

Fernandes, P.G. and A.S Brierley, 1999. Using an autonomous underwater vehicule as a<br />

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ICES/CM/1999/M1, 9 pp.<br />

MacLennan, D.N. et E.J. Simmonds, 1992. Fisheries Acoustics. Chapman & Hall,<br />

London, 325 pp.<br />

Opderbecke, J. 2004. Projet AUVs côtiers: plan de projet, DNIS/SM/04-001.<br />

Rigaud, V. 2002. Programme AUVs littoraux, côtiers et halieutiques.<br />

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Scalabrin, C. 2003. Compte-rendu de la réunion du groupe de travail FAST/CIEM 2003.<br />

Document DRV/RH/Brest, 13 pp.<br />

Scalabrin, C. 1997. Identification <strong>acoustique</strong> des espèces pélagiques à partir d’attributs<br />

discriminants des bancs de poissons monospécifiques. Thèse de doctorat,<br />

Université de Bretagne Occidentale, 243 pp.<br />

Simmonds, J., N.J. Williamson, F. Gerlotto et A. Aglen, 1992. Survey design and<br />

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ICES Cooperative Research Report, n° 187.<br />

Uriarte et al., 2002. JUVESU: Experimental surveys for the assessment of juveniles.<br />

Rapport final du projet européen FAIR CT97-3374 (1998-2000).<br />

Méthodes visuelles<br />

Cadiou, J.F., Trenkel, V., Rochet, J.M. 2004. Comparison of several methods for in situ<br />

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ROV of large mid-slope species,<br />

Lorance, P., Trenkel, V.M. et Uiblein, F. Sous press. Characterising natural and reaction<br />

behaviour of large mid-slope fish species: consequences for catchability. FAO<br />

Technical report.<br />

- 21 -


Rochet, M.-J., Cadiou, J. F. et Trenkel, V. M. Soumis. Precision and accuracy of fish<br />

length measurements obtained with two visual underwater methods. Fishery<br />

Bulletin.<br />

Trenkel, V., Bailly, N., Berthelé, O., Brosseau, O., Causse, R., de Corbière, F., Dugornay,<br />

O., Ferrant, A., Gordon, J., Latrouite, D., Le Piver, D., Kergoat, B., Lorance, P.,<br />

Mahévas, S., Mesnil, B., Poulard, J.-C., Rochet, M. J., Tracey, D., Vacherot, J.-P.,<br />

Veron, G. et Zibrowius, G. 2002. First results of a quantitative study of deep-sea<br />

fish on the continental slope of the Bay of Biscay: visual observations and<br />

trawling. ICES Annual Science Conference, Copenhagen. ICES, CM 2002/L:18.<br />

Trenkel, V.M. Francis, R.I.C.C., Lorance, P., Mahévas, S., Rochet, M.-J. et Tracey, D.M.<br />

Sous presse. Factors for differences in availability of deep-water fish to trawling<br />

and visual observation from an ROV. Marine Ecology Progress Series.<br />

Trenkel, V.M. et Lorance, P. Sous presse. The contribution of visual observations to<br />

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Trenkel, V.M., Lorance, P. et Mahévas, S. 2004. Do visual transects provide true<br />

population density estimates for deep-water fish? ICES Journal of Marine<br />

Science, 61: 1050-1056.<br />

______________________<br />

- 22 -

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