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Discours Marc GIROUD Président de Samu-Urgences de ... - SFMU

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<strong>Discours</strong> <strong>Marc</strong> <strong>GIROUD</strong> <strong>Prési<strong>de</strong>nt</strong> <strong>de</strong> <strong>Samu</strong>-<strong>Urgences</strong> <strong>de</strong> France / ministre <strong>Urgences</strong> 2010<br />

Madame la Ministre,<br />

Vous avez déjà fait beaucoup pour les mala<strong>de</strong>s relevant <strong>de</strong> soins d’urgence.<br />

Plus, sans doute, qu’aucun autre ministre avant vous.<br />

Vous avez , entre autres,<br />

- créé, avec la loi HPST, les conditions du succès <strong>de</strong>s réseaux d’urgence et <strong>de</strong> la télémé<strong>de</strong>cine ;<br />

- fait, à l’occasion <strong>de</strong> la pandémie, avancer l’organisation <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s crises ;<br />

- géré avec une particulière attention les fêtes <strong>de</strong> la fin d’année tant redoutées ;<br />

- donné aux permanenciers l’espoir d’un véritable statut<br />

- mis en place l’ASIP Santé, formidable perspective <strong>de</strong> progrès pour nos systèmes<br />

d’information ;<br />

- créé le CNUH, instrument majeur que nous réclamions <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies.<br />

Vous avez, aussi, été à nos côtés, avec une humanité chaleureuse et réconfortante, dans les<br />

douloureuses épreuves humaines que nous avons eu à vivre ces <strong>de</strong>rniers mois.<br />

Vous avez fait beaucoup… mais il y a encore à faire.<br />

Et comme les défis ne vous font pas peur, voici quelques pistes pour aller plus vite, plus haut, plus<br />

fort !<br />

Certains estiment qu’il y aurait 10 000 morts évitables, chaque année, dans les hôpitaux français.<br />

Selon cette logique, dans les structures d’urgence, le nombre <strong>de</strong> morts évitables se situerait autour<br />

<strong>de</strong> 1 000 chaque année. Les mêmes recomman<strong>de</strong>nt que l’on applique dans les hôpitaux les principes<br />

sécuritaires <strong>de</strong> l’aéronautique (10 français « seulement », si l’on peut dire, meurent en moyenne<br />

chaque année d’un acci<strong>de</strong>nt d’avion). Suivons donc cette piste et commençons par imaginer ce que<br />

serait la compagnie aérienne « Air <strong>Urgences</strong> » si elle fonctionnait avec les ressources<br />

habituellement allouées aux urgences.<br />

Dans la compagnie « Air <strong>Urgences</strong> », <strong>de</strong> nombreux passagers feraient le vol <strong>de</strong>bout dans les<br />

couloirs, faute d’un nombre suffisant <strong>de</strong> sièges, les hôtesses seraient naturellement débordées, le<br />

plein <strong>de</strong> carburant serait fait a minima, juste ce qu’il faut, les avions décolleraient et atterriraient<br />

par tout temps, sans qu’aucun vol ne soit jamais supprimé, par précaution, à cause, par exemple,<br />

d’un nuage volcanique, dans le cockpit, enfin, il n’y aurait jamais <strong>de</strong>ux pilotes, mais, en règle, un<br />

seul pilote… Dans cette compagnie « Air <strong>Urgences</strong> », il y aurait même - dans les moments les plus<br />

tendus - un seul pilote pour 3 ou 4 avions !<br />

C’est frappant, n’est-ce pas, c’est même difficilement compréhensible que, dans un même pays, les<br />

efforts soient distribués avec tant <strong>de</strong> différences : 200 euros par an pour la formation continue d’un<br />

mé<strong>de</strong>cin urgentiste ; 20 000 euros par an pour la formation d’un pilote. Alors que chacun comprend<br />

que les urgentistes ont un besoin spécifique <strong>de</strong> formation continue, du fait <strong>de</strong> l’extrême diversité <strong>de</strong><br />

leur pratique. Et que, par ailleurs, ils n’ont pas - aussi facilement que d’autres - accès aux concours<br />

du secteur privé pharmaceutique pour financer leur formation.<br />

Voici donc, Madame la Ministre, une première piste : la formation <strong>de</strong>s urgentistes. Formation<br />

initiale par le DES à créer. Accès à la formation continue, avec une somme allouée qui ne se limite<br />

pas à 200 € par an. Développement <strong>de</strong>s simulateurs <strong>de</strong> situations cliniques, dont on peut penser<br />

qu’ils pourraient apporter aux urgentistes ce que les simulateurs <strong>de</strong> vol apportent aux pilotes : la<br />

répétition <strong>de</strong> situations courantes pour en améliorer la pratique et le vécu, presque réel, <strong>de</strong><br />

situations critiques rares.


Une secon<strong>de</strong> piste : l’attractivité <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine d’urgence.<br />

La démographie ne s’annonce pas favorable ; à la décroissance quantitative du nombre <strong>de</strong><br />

praticiens, s’ajoute leur désaffection progressive pour les situations à forte pénibilité. L’urgentiste<br />

subit, jour et nuit, la pression <strong>de</strong>s patients qui souffrent et s’inquiètent… L’urgentiste subit, plus que<br />

d’autres, la pression <strong>de</strong> la surcharge <strong>de</strong> la structure. L’urgentiste subit aussi la pression <strong>de</strong>s autres<br />

professionnels qui n’enten<strong>de</strong>nt pas partager le far<strong>de</strong>au et développent, pour cela, toutes les<br />

stratégies. L’urgentiste se nourrit <strong>de</strong> l’ingratitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’institution pour qui l’action noble est ailleurs.<br />

L’urgentiste ne voit que trop rarement le patient prendre le temps <strong>de</strong> lui témoigner sa<br />

reconnaissance. Il entend, en revanche, très souvent, hélas, <strong>de</strong>s plaintes que le patient <strong>de</strong>vrait<br />

adresser à d’autres !<br />

Vous en conviendrez, ce n’est pas un tableau très attractif pour nos jeunes.<br />

Vivre une pratique professionnelle épanouie, reconnue, respectée est une légitime aspiration. Pour<br />

que l’urgentiste puisse vivre <strong>de</strong> façon toujours plus positive la mé<strong>de</strong>cine d’urgence, il faut recentrer<br />

sa pratique sur son métier qui est, précisément, la mé<strong>de</strong>cine d’urgence et confier à d’autres la<br />

gestion <strong>de</strong>s lits <strong>de</strong> l’hôpital (en créant au besoin, les métiers d’auxiliaires <strong>de</strong> gestion nécessaires). Il<br />

faut associer <strong>de</strong>s généralistes au fonctionnement <strong>de</strong>s structures d’urgence (comme cela se fait dans<br />

les centres <strong>de</strong> régulation médicale). Il faut, je le soulignais à l’instant, garantir à l’urgentiste un réel<br />

accès à la formation continue qui est, pour lui, la nourriture la plus motivante.<br />

Une telle perspective est sans doute utopique, mais c’est une utopie créatrice et peut-être même une<br />

utopie nécessaire !<br />

Voyez-vous, Madame la Ministre, c’est un véritable changement <strong>de</strong> paradigme que<br />

<strong>Samu</strong>-<strong>Urgences</strong> <strong>de</strong> France entend promouvoir : la mé<strong>de</strong>cine d’urgence doit cesser d’être la solution<br />

par défaut <strong>de</strong> toutes les insuffisances <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> la santé. Elle doit, comme les autres<br />

spécialités, <strong>de</strong>venir une pratique médicale avec ses règles affirmées et respectées.<br />

Il y aurait encore bien d’autres pistes, Madame la Ministre : les financements <strong>de</strong>s soins (qui peuvent<br />

favoriser ou non la prise en charge <strong>de</strong>s patients en urgence) ; la mise en place <strong>de</strong>s ARS qui nous<br />

plonge dans <strong>de</strong>s abîmes <strong>de</strong> perplexité ; le projet Ile <strong>de</strong> Nantes, dans votre région, qui menace <strong>de</strong><br />

séparer le <strong>Samu</strong> <strong>de</strong>s autres composantes <strong>de</strong> l’urgence, comme cela vient <strong>de</strong> se faire à Strasbourg, la<br />

mise en place <strong>de</strong> l’hélicoptère <strong>de</strong> la sécurité civile <strong>de</strong> Boulogne/mer, pour lequel on voudrait<br />

envoyer les mé<strong>de</strong>cins du Smur à la caserne et les couper <strong>de</strong> leur hôpital…<br />

Nous verrons tout cela avec vos conseillers et vos services (dont je vous remercie ici publiquement<br />

<strong>de</strong> la disponibilité, Jean-Patrick Sales, Céline Vigné, Annie Po<strong>de</strong>ur, Didier Houssin) ; je retiens pour<br />

vous, Madame le Ministre, <strong>de</strong>ux pistes pour cette année ; <strong>de</strong>ux pistes seulement, mais <strong>de</strong>ux pistes<br />

essentielles, vitales même pour la mé<strong>de</strong>cine d’urgence… et pour les patients qui s’y confient :<br />

- l’attractivité <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> l’urgence ;<br />

- la formation à la mé<strong>de</strong>cine d’urgence.

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