Marie-Françoise F ranck1 roBerT & BaiLLe - Art Auction Robert
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D’un réalisme saisissant, l’épisode représenté est tiré de l’Ancien Testament : Absalom,<br />
fils du roi David, veut venger le viol de sa sœur, la belle Tamar. Il médite deux ans<br />
avant d’inviter à festoyer le coupable, son demi-frère Amnon. Alors, Absalom donna<br />
cet ordre à ses serviteurs: Faites attention quand le coeur d’Amnon sera égayé par le<br />
vin et que je vous dirai: Frappez Amnon! Alors tuez-le; ne craignez point, n’est-ce pas<br />
moi qui vous l’ordonne? Soyez fermes, et montrez du courage! (II Sam 13,28)<br />
Beaucoup d’œuvres de Stomer, dernier des grands caravagesques d’origine nordique<br />
sont parvenues jusqu’à nous. Les plus belles sont celles où, comme ici, il peint des<br />
personnages à mi-corps, dans un cadrage serré, exacerbant leurs expressions par un<br />
éclairage contrasté. Peu de choses sont établies avec certitude quant à son parcours.<br />
Son premier contact avec le caravagisme se fait à Utrecht auprès de compatriotes<br />
rentrés de Rome vers 1620 : Ter Bruggen, van Baburen et surtout Gerrit van Horsthorst<br />
connu pour ses nocturnes mis en relief par la lumière d’une bougie. En 1630, il part<br />
lui-même à Rome. Après la mort de Valentin en 1632, il reste le seul à y travailler<br />
encore à la manière du Caravage et préfère alors rejoindre Caracciolo à Naples où il<br />
découvre l’œuvre de Ribera. Il travaille à Palerme en 1641 et meurt en Italie du Nord<br />
plutôt qu’en Sicile comme on l’a pensé.<br />
Les dimensions et les coloris de cette scène sont ceux qu’il emploie dans sa période<br />
napolitaine, soit vers 1633-1640. Comme Caravage, il actualise les sujets bibliques,<br />
les représentant avec des personnages de son temps. Les gestes d’Amnon, la lumière<br />
tombant sur les visages et la nappe blanche sont autant d’emprunts au Repas à Emmaüs<br />
du Caravage conservé à la National Gallery de Londres (toile, 141 x 196,2 cm) tandis<br />
que le rendu de la pièce d’orfèvrerie et de la carafe de vin rappellent ses origines<br />
nordiques. Le jeune homme coiffé d’un béret à plume peut être rapproché de la belle<br />
figure de violoniste passée en vente chez Sotheby’s en janvier 2010 (toile, 81,4 x 62<br />
cm, Sotheby’s, New-York,28 janvier 2010, n°269, repr.) : le traitement des boucles<br />
et celui de la plume y sont similaires. Caractéristiques de l’artiste sont les drapés aux<br />
couleurs contrastées, aux plis amples, incisés par des ombres nettes. Le vêtement bleu<br />
est tout à fait comparable à celui de la mère du Jugement de Salomon passé en vente<br />
en 1991 (toile, 157 x 222 cm, Sotheby’s,Londres,11 décembre 1991, n° 68, repr.). On<br />
y retrouve également la main accusatrice et le visage du bourreau. Les deux tableaux<br />
sont limités par une tenture laissant apercevoir un ciel nuageux.<br />
S’imposant par sa qualité, Le festin d’Absalon n’a pu passer inaperçu à Naples. Mattia<br />
Preti qui a travaillé dans cette ville de 1657 à 1660 l’y a très probablement vu avant de<br />
peindre lui-même Le festin d’Absalon daté vers 1665 (toile, 183 x 261,5 cm) conservé<br />
à la Galerie Nationale du Canada, à Ottawa.<br />
Bibl. en rapport:<br />
B. NICOLSON : Caravaggism in Europe (Turin, 1989), Vol. 1, pp. 179-183 et Vol. 3,<br />
ill. 1460-1572<br />
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