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Acquisition du tchèque par les francophones : analyse ... - LaLIC

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2.2.1 CADRE MÉTHODOLOGIQUE<br />

La version dite « forte » de l’<strong>analyse</strong> contrastive de Lado supposait que <strong>les</strong> points similaires<br />

des deux langues sont faci<strong>les</strong> à apprendre et <strong>les</strong> points différents, donnant lieu au<br />

transfert négatif et donc aux erreurs, représentent <strong>les</strong> sources de difficultés que la com<strong>par</strong>aison<br />

systématique des deux langues devrait prévoir et expliquer. Les travaux empiriques<br />

tentant de vérifier la validité de cette hypothèse l’ont mise en cause sur de nombreux points :<br />

<strong>les</strong> erreurs prévues <strong>par</strong> l’<strong>analyse</strong> contrastive ne se pro<strong>du</strong>isaient pas ou rarement, <strong>les</strong> locuteurs<br />

de langues maternel<strong>les</strong> typologiquement très différentes pro<strong>du</strong>isaient <strong>les</strong> même erreurs<br />

aux mêmes endroits, <strong>les</strong> erreurs qui ont été prévues et expliquées en tant qu’interférence se<br />

pro<strong>du</strong>isaient même pendant l’acquisition de la langue maternelle <strong>par</strong> <strong>les</strong> enfants natifs, etc. 6<br />

Ces recherches ont rapidement relevé le fait que ni l’<strong>analyse</strong> contrastive, ni la notion behavioriste<br />

de transfert, ne peuvent servir d’outil universel pour rendre compte ou prévoir des<br />

erreurs rencontrées pendant le processus d’acquisition. La conséquence la plus importante de<br />

l’échec de l’<strong>analyse</strong> contrastive « a priori » devrait être vue dans la focalisation de l’intérêt<br />

scientifique sur <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>ctions des apprenants en el<strong>les</strong> mêmes. La recherche des causes des<br />

erreurs a été reprise dans <strong>les</strong> années 1970 et 1980 <strong>par</strong> <strong>les</strong> courants nouveaux dans la psycholinguistique<br />

inspirée <strong>par</strong> la psychologie cognitive ou néo-behavioriste, voir <strong>par</strong> exemple<br />

Doca (1981), Slama-Cazacu (1981) 7 . L’approche contrastive modifiée et moins radicale (car,<br />

malgré tout, l’influence de la langue maternelle est indéniable sur certains aspects de l’acquisition)<br />

a su apporter des résultats significatifs, voir Ragusich (1977), Bautier-Castaing<br />

(1977), Giacobbe (1990), Giacobbe (1992).<br />

Les premières <strong>analyse</strong>s des erreurs effectuées directement sur des corpus de pro<strong>du</strong>ctions<br />

des apprenants sont déjà ap<strong>par</strong>ues comme un complément de l’<strong>analyse</strong> contrastive et ceci<br />

pour <strong>les</strong> langues maternel<strong>les</strong> qui n’étaient pas suffisamment décrites pour pouvoir accéder à<br />

cette <strong>analyse</strong> 8 . Tandis que <strong>les</strong> approches basées sur le behaviorisme considéraient <strong>les</strong> erreurs<br />

dans <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>ctions comme un défaut qui devrait être éliminé <strong>par</strong> l’application des résultats<br />

d’une <strong>analyse</strong> contrastive adéquate, <strong>les</strong> erreurs sont désormais appréhendées comme une<br />

manifestation de fausses hypothèses sur le fonctionnement de la langue étrangère qui sont<br />

construites inévitablement <strong>par</strong> l’apprenant et qui font <strong>par</strong>tie de sa compétence linguistique<br />

provisoire, appelé l’interlangue 9 , voir Selinker (1972).<br />

L’interlangue est défini comme un système linguistique autre que celui de la langue étrangère<br />

mais qui, quel que soit le stade d’apprentissage que l’on appréhende, en comporte certaines<br />

composantes 10 . Ces caractéristiques principa<strong>les</strong> sont l’instabilité, la perméabilité, la<br />

6 Voir <strong>par</strong> exemple Corder (1981), Dulay et al. (1982), Hawkins (2001).<br />

7 Pour une revue synthétique voir Gaonac’h (1991), pp. 84–121.<br />

8 Voir <strong>par</strong> exemple Champion (1974).<br />

9 Pour désigner la notion de interlanguage des termes divers sont aussi utilisés : système approximatif,<br />

compétence transitoire, langue de l’apprenant, dialecte idiosyncrasique ou système approché.<br />

10 Besse et Porquier (1991), pp. 216–239.<br />

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