Les dysphonies de l'enfant Dysphonia in child - sepeap
Les dysphonies de l'enfant Dysphonia in child - sepeap
Les dysphonies de l'enfant Dysphonia in child - sepeap
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
1134<br />
R. Nicollas et al. / Archives <strong>de</strong> pédiatrie 15 (2008) 1133–1138<br />
2. ANATOMOPHYSIOLOGIE DE LA<br />
PHONATION<br />
Au plan physique, on considèrera que l’organe vocal<br />
comporte trois parties : l’excitateur, le vibrateur et le<br />
résonateur.<br />
L’excitateur correspond à la colonne d’air véhiculée par<br />
l’arbre aérien <strong>in</strong>férieur jusqu’à la sous-glotte <strong>in</strong>cluse.<br />
<strong>Les</strong> cor<strong>de</strong>s vocales (plan glottique) constituent le vibrateur,<br />
les résonateurs étant représentés par le reste du tractus vocal<br />
<strong>de</strong>puis la sus-glotte jusqu’aux lèvres.<br />
La vibration cordale a fait l’objet <strong>de</strong> nombreux travaux, mais<br />
il semble qu’elle soit le fruit d’un modèle dit « à relaxation » bien<br />
décrit dans la littérature [2,3]. Ce modèle fait appel à un<br />
glissement <strong>de</strong> la muqueuse sur le ligament cordal grâce à<br />
l’espace décollable <strong>de</strong> Re<strong>in</strong>ke. Cet espace est absent à la<br />
naissance et apparaît au cours <strong>de</strong>s premières années <strong>de</strong> vie sans<br />
que l’âge exact <strong>de</strong> son apparition ne soit déterm<strong>in</strong>é avec<br />
précision.<br />
<strong>Les</strong> modifications anatomiques du larynx sont également<br />
nombreuses et concernent tant le plan topographique que<br />
morphologique.<br />
Au plan topographique, on assiste à une <strong>de</strong>scente du larynx<br />
avec l’âge ; le bord <strong>in</strong>férieur du cricoï<strong>de</strong> se projette en regard <strong>de</strong><br />
C4 à un an, <strong>de</strong> C5 à <strong>de</strong>ux ans, <strong>de</strong> C6 à c<strong>in</strong>q ans, du bord <strong>in</strong>férieur<br />
<strong>de</strong> C6 à dix ans et au-<strong>de</strong>là. L’étage glottique est constitué, pour<br />
sa part, <strong>de</strong>s apophyses vocales, <strong>de</strong>s cartilages aryténoï<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s<br />
cor<strong>de</strong>s vocales.<br />
Chez l’enfant, il a un aspect plus ovalaire que chez l’adulte.<br />
<strong>Les</strong> aryténoï<strong>de</strong>s sont, dans un larynx immature, proportionnellement<br />
plus gros et les apophyses vocales ont une <strong>in</strong>sertion<br />
plus antérieure que dans un larynx d’adulte ( fig. 1).Ilenrésulte<br />
l’existence d’une échancrure postérieure plus profon<strong>de</strong> et<br />
d’une véritable cor<strong>de</strong> vocale cartilag<strong>in</strong>euse.<br />
Figure 1. Comparaison schématique du plan glottique chez l’enfant<br />
(en haut) et chez l’adulte (en bas). A : apophyse vocale ; B : glotte<br />
postérieure ; C : cartilage aryténoï<strong>de</strong>.<br />
Chez le grand enfant comme chez l’adulte, le plan glottique<br />
représente la partie la plus étroite du larynx, contrairement au<br />
nourrisson et au petit enfant. Ce fait est la conséquence du<br />
changement <strong>de</strong> forme globale du larynx qui s’<strong>in</strong>scrit au début <strong>de</strong><br />
la vie dans un tronc <strong>de</strong> cône à sommet <strong>in</strong>férieur, puis dans un<br />
parallélépipè<strong>de</strong> lorsque le larynx est mature [4]. On observe<br />
également une augmentation <strong>de</strong> volume <strong>de</strong>s cavités endolaryngées<br />
en rapport avec la croissance <strong>de</strong>s cartilages.<br />
À la naissance, l’angle antérieur du cartilage thyroï<strong>de</strong> fait un<br />
angle <strong>de</strong> 1308, puis il <strong>de</strong>vient plus aigu. <strong>Les</strong> cornes supérieures<br />
et <strong>in</strong>férieures s’allongent et écartent le cartilage thyroï<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’os<br />
hyoï<strong>de</strong>, agrandissant l’étage vestibulaire du larynx. A<strong>in</strong>si,<br />
l’agrandissement du volume <strong>de</strong>s ventricules <strong>de</strong> Morgagni peut<br />
être compris comme un moyen <strong>de</strong> « libérer » les mouvements<br />
<strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> vocale et d’éviter <strong>de</strong>s contacts parasites avec les<br />
ban<strong>de</strong>s ventriculaires [1].<br />
<strong>Les</strong> modifications histologiques et morphologiques qui<br />
viennent d’être évoquées font apparaître la notion d’évolution<br />
<strong>de</strong> la voix chez l’enfant avant même la mue. Cette évolution a<br />
récemment été mise en évi<strong>de</strong>nce lors <strong>de</strong> la réalisation d’une<br />
base normative <strong>de</strong> données sur la voix <strong>de</strong> l’enfant [5].<br />
3. PAPILLOMATOSES LARYNGÉES<br />
Elles sont liées à une <strong>in</strong>fection par Human papillomavirus<br />
(HPV), essentiellement <strong>de</strong> sérotype 6 ou 11. L’<strong>in</strong>ci<strong>de</strong>nce exacte<br />
est difficile à préciser, mais elle est estimée àun nouveau cas<br />
pour 100 000 habitants chaque année. Une nette prédom<strong>in</strong>ance<br />
mascul<strong>in</strong>e est retrouvée avec <strong>de</strong>ux patients sur trois <strong>de</strong> sexe<br />
mascul<strong>in</strong>, et la fourchette d’âge préférentielle va <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à dix<br />
ans. La gravité <strong>de</strong> cette forme juvénile tient à son évolution<br />
imprévisible, marquée par un très fort potentiel <strong>de</strong> récidive et la<br />
possibilité <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> dyspnées aiguës sévères, en cas <strong>de</strong><br />
forme flori<strong>de</strong>. Certa<strong>in</strong>s patients en détresse respiratoire aiguë<br />
ont dû être trachéotomisés, mais la réalisation <strong>de</strong> ce geste doit<br />
être la mo<strong>in</strong>s fréquente possible, car il est connu comme étant<br />
un facteur favorisant <strong>de</strong> diffusion trachéale <strong>de</strong> la papillomatose.<br />
Le caractère trèsrécidivant est très probablement lié au fait<br />
qu’il existe <strong>de</strong>s « réservoirs » viraux constitués par la muqueuse<br />
respiratoire. Ce fait est confirmé par l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong><br />
particules virales dans le noyau <strong>de</strong> cellules respiratoires <strong>de</strong><br />
patients en rémission.<br />
Cl<strong>in</strong>iquement, le maître symptôme est la dysphonie, qui est<br />
le plus souvent isolée. Une fibroscopie nasopharyngolaryngée<br />
retrouvera <strong>de</strong>s lésions mûriformes caractéristiques ressemblant<br />
à <strong>de</strong>s végétations ou à <strong>de</strong>s villosités rouges ou rosées,<br />
centrées par un po<strong>in</strong>t plus sombre correspondant à l’axe<br />
conjonctivovasculaire ( fig. 2). Elles sont plus ou mo<strong>in</strong>s<br />
volum<strong>in</strong>euses, en touffes ou en plaques.<br />
Que ces lésions soient bien vues ou qu’il existe un doute,<br />
une endoscopie sous anesthésie générale sera réalisée, af<strong>in</strong> <strong>de</strong><br />
confirmer le diagnostic et <strong>de</strong> pratiquer un bilan d’extension<br />
<strong>in</strong>itial <strong>de</strong> la maladie. L’endoscopie <strong>in</strong>téressera la totalité <strong>de</strong>s<br />
voies aériennes supérieures et <strong>de</strong> la trachée jusqu’aux bronches<br />
lobaires. Des biopsies en vue <strong>de</strong> typage viral et af<strong>in</strong> <strong>de</strong><br />
rechercher une dysplasie seront effectuées selon les centres.<br />
Lors <strong>de</strong> cette endoscopie, le traitement sera commencé. Il