Cadre Procédural de Réinstallation - Dr. Kai Schmidt-Soltau
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ICCN<br />
<strong>Cadre</strong> procédural <strong>de</strong> Réinstallation du Projet GEF-BM<br />
pendant les premières années <strong>de</strong> sa création, elles avaient encore le droit <strong>de</strong> rendre visite à leurs<br />
sites culturels à l'intérieur <strong>de</strong> parc national. Elles se souviennent aussi <strong>de</strong> ce qu'à l'intérieur <strong>de</strong>s<br />
réserves <strong>de</strong> chasse, les habitations humaines, l'agriculture, la chasse traditionnelle et l'exploitation<br />
<strong>de</strong>s ressources naturelles, n'étaient pas encore limitées et qu'au moins dans une certaine mesure,<br />
elles avaient encore le droit à l'utilisation <strong>de</strong>s ressources provenant <strong>de</strong> PNG. Ces faits retenus par la<br />
mémoire collective <strong>de</strong>s populations se trouvent aussi confirmés par <strong>de</strong>s publications <strong>de</strong> cette époque.<br />
Ainsi, dans un rapport <strong>de</strong> 1941, l'on peut lire que «la majorité <strong>de</strong>s braconniers ayant leurs bases<br />
d’opérations en territoire soudanais. (…) Outre le maintien <strong>de</strong>s droits indigènes <strong>de</strong> pêche, dans<br />
plusieurs biefs <strong>de</strong> l’Aka, <strong>de</strong> la Garamba et <strong>de</strong> la Dungu, <strong>de</strong>ux servitu<strong>de</strong>s grèvent encore cette réserve<br />
intégrale: d’une part, la Société <strong>de</strong>s Mines d’Or <strong>de</strong> Kilo-Moto a conservé ses droits miniers dans toute<br />
l’étendue du Parc; ses prospecteurs peuvent circuler dans la réserve sous certaines conditions fixées<br />
par décret» (Les Parcs Nationaux du Congo Belge; 1941).<br />
Toutes les populations contactées <strong>de</strong> même que les spécialistes travaillant dans cette région<br />
s'accor<strong>de</strong>nt que, dans les anciens jours, la chasse <strong>de</strong>s petits animaux ainsi que <strong>de</strong>s buffles était<br />
encore tolérée même à l'intérieur du parc puisqu'elle n'était pas encore considérée comme activité<br />
entraînant un impact majeur sur <strong>de</strong>s espèces en danger. Cette pratique était même poursuivie<br />
jusqu'après 1975 lorsque la loi relative à la conservation <strong>de</strong>mandait une stratégie <strong>de</strong> «shoot-to-kill» à<br />
l'intérieur <strong>de</strong>s parcs nationaux (Buls et al. 1994) et c'est Lefebre (1955) qui rapporte que l'abattage<br />
contrôlé était une pratique bien commune pour réduire l'impact négatif <strong>de</strong>s éléphants sur la production<br />
agricole. Pour défendre les plantations et les vies <strong>de</strong>s populations locales, 28 éléphants ont été tués<br />
en 1948, 68 en 1949 et 35 en 1954. Hillman-Smith (1989) affirme clairement que cette pratique était<br />
en accord avec les stratégies <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> cette époque puisque les réserves <strong>de</strong> chasse<br />
<strong>de</strong>vaient fournir <strong>de</strong> l'espace à une utilisation régulière et légale <strong>de</strong>s ressources naturelles aux<br />
populations rési<strong>de</strong>ntes. Cette approche était encore renforcée lorsqu'un projet IZCN-FAO essayait,<br />
entre 1970 et 1976, <strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s revenus sur la base <strong>de</strong>s ressources naturelles à travers la chasse<br />
commerciale et sportive <strong>de</strong>s éléphants. Procurant <strong>de</strong>s bénéfices en même temps pour la conservation<br />
(les taxes collectées étaient utilisées à l'emploi <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s) et pour les populations locales ayant droit<br />
à la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s éléphants chassés, cette pratique était considérée comme une stratégie utile (Savidge<br />
et al 1976, Hillman-Smith 1989). Compte tenu <strong>de</strong> toutes ces interventions équilibrées, la perception<br />
initiale <strong>de</strong>s PNG par les populations locales était encore bien positive.<br />
Cette situation avait changé en 1984 lorsque la loi <strong>de</strong> 1982 portant sur la conservation et impliquant<br />
l'interdiction <strong>de</strong> la chasse même à l'intérieur <strong>de</strong>s réserves était encore renforcée par le projet du Parc<br />
National <strong>de</strong> Garamba <strong>de</strong> l'IZCN, du WWF, le FZS et l'IUCN. L'objectif immédiat <strong>de</strong> ce projet est très<br />
bien percevable dans l'esquisse du plan d’aménagement pour le PNG <strong>de</strong> l'année 1995: «Réduire le<br />
niveau <strong>de</strong> braconnage à un niveau défini acceptable». Comme «niveau acceptable», le projet définit<br />
«l'absence complète du braconnage <strong>de</strong>s rhinocéros et aucun braconnage dans la partie au sud du<br />
parc» (<strong>de</strong>Mero<strong>de</strong> 1998). Le même auteur a documenté <strong>de</strong> manière bien détaillée que le projet luimême<br />
se limite plus ou moins à <strong>de</strong>s patrouilles comme l'un <strong>de</strong>s moyens pour atteindre ses objectifs<br />
<strong>de</strong> conservation. Ceci était justifié par le fait que les «problèmes rencontrés dans le parc proviennent<br />
<strong>de</strong>s populations locales vivant à l'intérieur ou autour <strong>de</strong>s Domaines <strong>de</strong> Chasse» (PNG <strong>Dr</strong>aft<br />
Management Plan 1995 in <strong>de</strong>Mero<strong>de</strong> 1998). Alors que <strong>de</strong>Mero<strong>de</strong> (1998) fournit, à travers une<br />
approche en faveur d'un management participatif <strong>de</strong>s ressources du PNG et <strong>de</strong>s réserves, démontre,<br />
dans son doctorat <strong>de</strong> 3è cycle, l'évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ce que cette hypothèse citée ne peut pas, dans une<br />
perspective plus scientifique, être maintenue et que le management <strong>de</strong> ce parc et le projet lui-même<br />
avaient entièrement visé sur <strong>de</strong>s activités anti-braconnage (<strong>de</strong>Mero<strong>de</strong> 1998). Tout comme dans le cas<br />
<strong>de</strong> beaucoup d'autres projets, l'esquisse d'un plan d'aménagement <strong>de</strong> même que les documents<br />
stratégiques relatifs au projet du Parc National <strong>de</strong> Garamba prévoient <strong>de</strong> l'espace pour une certaine<br />
conservation communautaire à l'intérieur <strong>de</strong>s zones plus <strong>de</strong>nsément peuplée afin <strong>de</strong> pouvoir proposer<br />
aux populations locales <strong>de</strong>s alternatives à la chasse. Mais, comme dans le cas <strong>de</strong> bien d'autres<br />
projets <strong>de</strong> conservation, cette <strong>de</strong>uxième phase n'avait jamais été réalisée et le centre d'intérêt restait<br />
d'assurer cette zone en renforçant les mesures pour bannir la chasse là où il était possible <strong>de</strong><br />
maintenir un poste <strong>de</strong> contrôle contre la pression <strong>de</strong>s forces armées en provenance <strong>de</strong> l'intérieur ou<br />
<strong>de</strong> l'extérieur du pays. DeMero<strong>de</strong> (1998) prouve <strong>de</strong> manière très détaillée que la concentration sur un<br />
renforcement sévère <strong>de</strong> la loi n'avait pas pu réduire ni la chasse ni la commercialisation <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />
quantités <strong>de</strong> ressources naturelles. Compte tenu du fait que la chasse n'était pas réglementée mais<br />
interdite sans que ce règlement soit, <strong>de</strong> manière stricte, appliqué, il n'y avait aucune opportunité <strong>de</strong><br />
motiver les populations <strong>de</strong> s'engager dans une chasse sélective. De cette manière, seulement les<br />
contrôles, par ailleurs corruptibles, avaient augmenté <strong>de</strong> même que le prix <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> brousse <strong>de</strong><br />
telle sorte que la motivation pour la chasse était encore augmenté, <strong>de</strong> telle manière qu'arrivait le<br />
Rapport Final Février 2007 20