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sanitas troesch Mai 2013 casanova 21
Les faiseurs de bonheur
Il y en a partout: des gens qui rendent les autres heureux.
Que ce soit pour quelques secondes, pour une demi-heure ou
pour toute la vie. Voici le portrait de trois faiseurs de bonheur
qui exercent leur métier ou leur vocation avec passion.
Le clown d’hôpital
Le «Docteur Kiko», ou dans les spectacles hors de l’hôpital le
«Clown Kiko», s’appelle de son vrai nom Enrique Sáenz et vient
du Pérou. Il a un visage expressif et gesticule volontiers en
parlant. En tant qu’étudiant déjà, il adorait faire du théâtre.
Les deux derniers billets qu’il réussit à obtenir en 1991 à Lima
pour un spectacle du clown Dimitri devaient changer sa vie.
Car en voyant Dimitri sur scène jouer de tous ses instruments,
il a compris d’un seul coup: oui! je veux être clown! «J’ai donc
accepté l’invitation de Dimitri en Suisse et ai pu, avec son
soutien, suivre les cours de la «Scuola Teatro Dimitri» à
Verscio. Après avoir fini l’école, j’ai encore affiné mon
personnage doux, poétique et musicien.» Kiko n’est pas un
clown burlesque, il amuse son public avec subtilité: avec de
la musique, du jonglage, des tours de prestigidation et des
bulles de savon. «Il m’arrive souvent d’improviser, ce qui
conduit parfois à des situations extrêmement drôles!»
Musique, mimique et magie
Quand Dr Kiko entre dans la chambre d’hôpital, les yeux
des petits (et plus grands) patients commencent à briller.
Avec sa grande casquette multicolore, son nez de clown,
son manteau brodé et son fauteuil roulant transformé
en miracle musical, il attire immédiatement l’attention.
Et pendant quelques instants, la douleur et les soucis
s’envolent. Avec son savant mélange de musique, mimique
et poésie, Dr Kiko apporte distraction, plaisir et insouciance
à son public qui se compose souvent d’un seul enfant avec
peut-être un frère, une sœur ou un parent. Le cadre étant
intime, il doit faire preuve de beaucoup de tact et adapter
son programme aux aptitudes physiques et mentales des
petits patients. — «Bien sûr qu’à l’hôpital je me sens un
faiseur de bonheur! Je suis artiste et amuseur. Je distrais les
enfants pendant quelques instants et apporte un peu de
couleur à leur quotidien. Ceci est du reste
également important pour les autres membres
de la famille, car le sort du petit malade les
touche et les accable généralement tout
autant. Mon travail de clown d’hôpital pour
la fondation d’utilité publique Theodora
m’enrichit au plan personnel et me fait vivre
en tant qu’artiste.»
Un cœur pour les enfants
«Mais il y a bien sûr aussi des moments tristes.
Par exemple quand je rends visite en tant que
Dr Kiko à des enfants qui ont une maladie incurable, qui sont des
grands brûlés ou qui ont été traumatisés par la guerre du Kosovo. Ayant
été sensibilisé par mon travail en Suisse, j’ai voulu, il y a quelques années,
introduire des clowns d’hôpital à Lima. Ce projet a malheureusement
échoué parce que les médecins étaient d’avis que les médicaments
sont plus importants que les clowns.» Mais Kiko alias Enrique Sáenz
n’a pas abandonné et a fondé en 2000 avec des enseignants, des
psychologues et des physiothérapeutes «Piel de Luna Llena»: le but de
l’«Association pour les enfants des rues au Pérou» est d’une part de couvrir
les besoins élémentaires des enfants et d’autre part d’encourager leur
épanouissement personnel. «Nous apprenons aux enfants à lire, à
écrire et à jongler. Ou à surfer. Entre-temps, des jeunes ont commencé
à louer des planches de surf à Cerro Azul (au sud de Lima) et ont ainsi
créé leur petite entreprise», raconte Kiko avec plaisir. «Nous voulons
donner confiance et espoir aux enfants des rues et leur rendre leur
dignité.» Le plus grand bonheur pour Kiko est d’être en bonne santé.
Car ceci est indispensable pour qu’il puisse gagner de l’argent et veiller
sur sa famille. Justement maintenant qu’il est l’heureux père de jumeaux.
Encore un grand petit bonheur!
www.kikoclown.ch, www.theodora.ch