Recueil 2010. A la Casse.com numéros 19 à 22 - Robin des Bois

L’exemple venant de haut, les armateurs américains continuent de vendre au plus offrant en Asie les
navires de leurs flottes de commerce et en particulier les vieux pétroliers frappés par la limite d’äge
comme les navires à simple coque, S/R Baytown (Chine) Philadelphia et Overseas Philadelphia (Inde).
Le propriétaire de l’Overseas Philadelphia a aussi pris la précaution juridique d’abandonner son pavillon
Etats-Unis pour celui de Tuvalu. Une exception, le vieux Colorado Voyager de Chevron, un double
coque construit en 1975, sera démoli aux Etats-Unis à Brownsville par All Star Metals. Ce fut aussi le
cas de l’Horizon Crusader annoncé vendu pour une destination de démolition inconnue dans le bulletin
n°20, qui est finalement en cours de démantèlement par Southern Recycling LLC en Louisiane (Cf.
courrier des lecteurs, Polly Parks).
Afrique
Le Togo dispose d’une façade maritime de 45 km. Il vient cependant de faire une entrée remarquée
dans la liste noire des pavillons du Memorandum de Paris, dans la classe des « à très haut risque ».
C’est aussi un pavillon qui devient à la mode chez les navires à démolir : cinq l’ont adopté avant d’aller
mourir dans les chantiers de démolition en Asie.
Le pétrolier sous pavillon Cambodge Seven Seas construit en 1972 au Japon était immobilisé pour des
raisons financières au large de Tema (Ghana) depuis le 15 novembre 2008 avec trois hommes chargés
de la maintenance à bord. Le 12 août 2010, il est percuté par le porte-conteneurs allemand Hanjin
Salerno. Les autorités portuaires remorquent et échouent le navire victime d’une voie d’eau en salle des
machines. Il gîte, il est tous feux éteints et représente une menace pour la sécurité du chenal d’accès au
port de Tema. S’agissait-il aussi de le démanteler sur place à moindre frais ? Plusieurs centaines de
personnes investissent en effet le navire
dans le but de récupérer de la ferraille, des
pièces mécaniques et du pétrole. Selon les
autorités, à l’arrivée de la police, des pillards
auraient mis le feu. 4 personnes sont tuées
et plus de 70 blessées dans l’explosion.
L’armateur grec Atlantic Oil Maritime, qui
prétend avoir été spollié de la vente du navire
à un armateur chinois, réclame des
indemnités pour la perte de sa cargaison de
pétrole.
© The Ghanaian Chronicle © The Ghanaian Chronicle
D’autres bâtiments dans un état précaire sont immobilisés ou abandonnés par leurs armateurs au large
des ports africains et l’on peut s’interroger sur leur avenir. Seront-ils l’objet de démantèlement sauvage à
risques comme le Seven Seas. Qu’adviendra-t-il par exemple du Swift Split, un vraquier croate sous
pavillon Panama qui transportait du ciment à destination du Cameroun ? Construit en 1982 par les
chantier de Dalian (Chine), le navire a été détenu en 2000 à Rotterdam (Pays-Bas), en 2002 à Gibraltar
(Royaume-Uni), en 2004 à Castellon de la Plana (Espagne), en 2005 à Santander (Espagne), en 2006 à
Tilbury (Royaume-Uni), en 2008 à Houston (Texas) et en 2009 à Fangcheng (Chine) ; Bureau Veritas lui
a retiré ses certificats de classification. Tombé en panne au large du Gabon en mai 2010, le navire a
interdiction de quitter le port d’Owendo. A bord, l’équipage composé de marins croates, ukrainiens et
birmans est abandonné dans des conditions sanitaires et morales déplorables. Plusieurs des marins
croates ont été rapatriés courant août ; qu’en est-il des autres ? D’autres marins auront-ils à subir ces
conditions dégradantes à bord du Swift Split, le navire sera-t-il dépecé localement, ou envoyé vers un
chantier de démolition en exercice ? A moins qu’il ne soit coulé…
L’Afrique de l’Ouest court un nouveau danger rampant qui sera accompagné de pratiques de
démantèlement catastrophiques pour l’environnement et les intervenants, celui de chantiers sauvages
de pillage et de démolition des navires en bord de plage, un remake de Nouadibhou. (Cf. aussi courrier
des lecteurs, réponse de la Commission Européenne).
A la casse.com n°21 - Robin des Bois / Novembre 2010 - 3/43