Recueil 2010. A la Casse.com numéros 19 à 22 - Robin des Bois

Pour avancer, il faut donc s’extraire de ce fatras de papier et en venir à la réalité et aux comparaisons.
Depuis deux ans, les initiatives se multiplient pour démolir dans un cadre administratif rationnel les
bateaux de pêche. Auparavant ils étaient brûlés, coulés ou abandonnés dans les vases des ports ou des
abers. Le Winner, 101 m, environ 2.000 t, vieux transporteur saisi en 2002 par la Marine Nationale pour
trafic de drogue, est en cours de démantèlement dans une cale mise à disposition dans le port militaire
de Brest. C’est le premier des éclopés du port breton et de Landévennec à ouvrir la voie de la filière
d’une casse moderne et encadrée. Les consultations sont lancées pour la démolition de l’Anna à La
Rochelle – le transporteur Anna, 87 m de longueur, naviguant sous pavillon Comores pour des intérêts
ukrainiens a été saisi par la justice après avoir percuté en juillet 2008 la porte aval de l’écluse du bassin
à flot du port de La Rochelle – et le port civil loue à cet effet une de ses formes destinées à la réparation
navale. La Marine Nationale va annoncer dans l’année quels sont les attributaires des appels d’offres
pour la démolition de la Saone, de la Dives, de l’Argens et du Bouvet stationnés à Toulon et à Lorient.
La Marine Nationale va bénéficier pour les démolitions à venir du retour d’expérience de la coque Q 790
dont le ferraillage a été mené à bien dans une darse d’Hartlepool au Royaume-Uni en octobre 2010.
Au fil des travaux et missions, les ports de Saint-Nazaire, de Cherbourg, du Havre et de Dunkerque ont
aussi été cités comme des sites de démolition intéressants. La proximité de Gand est encourageante
pour le grand port français du Nord. De l’autre côté de la frontière avec la Belgique, le chantier Van
Heygen à Gand est de plus en plus actif et va traiter en ce début d’année une vingtaine de navires de
pêche écossais. N’en déplaise à la mission parlementaire décidément bien mal inspirée, le chantier de
démolition du port de Gand participe à la croissance du port belge qui vient de battre en 2010 son record
absolu d’activité.
Bangladesh
Au Bangladesh, la situation reste indécise. A l’automne 2010, les affaires ont dans un premier temps
repris : les chantiers locaux ont réussi à détourner plusieurs navires de leurs destinations initiales et à
les faire échouer pour démolition à Chittagong. C’est le cas du Haina A destiné à la Chine, arrivé en tant
qu’Ina, du VLCC panaméen Nichiryu, annoncé en Inde dans le bulletin n°19 mais arrivé au Bangladesh
comme Hiryu pavillon Saint-Kitts-et-Nevis et du Grace N également destiné à l’Inde à l’origine. Des
armateurs se sont montrés patients et ont attendu la réouverture du marché bangladais pour y expédier
des navires vendus plus tôt dans l’année comme le Aegiali annoncé vendu dans le bulletin n°19 mais
échoué sur l’estran dans les derniers jours de 2010. Juste à temps pour échapper à l’ultime demande de
la Haute Cour de Justice de suspendre toute nouvelle autorisation en attendant la formation d’’un comité
indépendant composé notamment de scientifiques, d’environnementalistes, de médecins qui devrait
garantir que les navires échoués pour démolition ne contiennent pas de matériaux dangereux. Ce
nouvel arrêt des importations au Bangladesh pousse aujourd’hui les armateurs désireux de se
débarrasser sans délai de leurs vieilles coques à les diriger vers d’autres chantiers, indiens dans le cas
du tanker Sabine.
On se souvient que le 12 août
2010, Robin des Bois avait lancé
une alerte sur le sort de l’Ocean
Pearl racheté par l’armateur
fossoyeur indien Prayati Shipping
(Cf. note d’information). Le 3
septembre 2010, le navire est
arrivé à Chittagong, en
provenance de Chine pour
décharger 4.000 t d’urée. A
l’heure actuelle, il n’a pas quitté le
Bangladesh et est échoué sur un
banc de sable sans être
officiellement à démolir…
17 novembre 2010, l’Ocean Pearl
échoué, vrillé et condamné sur un
banc de sable à Chittagong
© Hans Rosenkranz
A la casse.com n°22 - Robin des Bois / Janvier 2011 - 4/39