LAT. 21 - Association des Revues Plurielles
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Artistes Portugais<br />
Egídio Álvaro<br />
L<br />
a Galerie Leonardo a présenté<br />
une exposition d’artistes<br />
portugais. Nous avons<br />
pu y voir les œuvres de Gonçalo<br />
Duarte, Cruzeiro Seixas, Carlos<br />
Carreiro, Costa Camelo, Pedro<br />
Chorão, Natividade Correa, Sílvia<br />
Hestnes, António Metello, <strong>des</strong> photographies<br />
de José Lopes et <strong>des</strong><br />
sculptures de Agostinho Moreira,<br />
Mónica Machado, Carlos Cobra e<br />
Aníbal Ferreira.<br />
De Gonçalo Duarte, un crâne<br />
dans le désert, souvenir de la débâcle<br />
de Alkacer Kibir, au Maroc. De<br />
Carlos Carreiro une toile de 1975,<br />
L’Art au Portugal, de Nuno<br />
Gonçalves à l’œuf en chocolat, que<br />
j’avais présenté à la Galerie<br />
Diagonale en 1977.<br />
J’avais alors écrit: “Nuno<br />
Gonçalves, notre grand classique,<br />
aimable et fraîche du lever du soleil.<br />
L’acquis culturel dénaturé, réduit au<br />
lyrisme parmi les trèfles”. “La peinture<br />
de Carlos Carreiro est ironique,<br />
critique, violente, un peu désabusée.”<br />
“Malgré l’intention fermement<br />
affichée par le peintre de choquer,<br />
de détruire par le sarcasme, cette<br />
peinture révèle un haut degré de<br />
lyrisme, fait appel aux détails oniriques”.<br />
Un bel ensemble de photos de<br />
José Lopes, dont celles de la découverte<br />
archéologique de Vila Nova<br />
de Foz Côa.<br />
J’avais également exposé<br />
António Metello à Paris, en 1972, à<br />
la Galerie Toumarkine. J’écrivais<br />
alors: “Metello appartient à ce<br />
noyau de peintres qui se révèlent<br />
actuellement au Portugal et en<br />
Europe, et dont la préoccupation<br />
essentielle est d’affirmer la singularité<br />
et de préserver l’originalité”.<br />
“Une seule exigence: libérons-nous<br />
de la lourde carapace <strong>des</strong> mots et<br />
apprenons à voir. Réapprenons la<br />
liberté personnelle”. Metello nous<br />
Gonçalo Duarte<br />
Natividade Correa<br />
Mónica Machado<br />
n° <strong>21</strong> - septembre 2004 <strong>LAT</strong>ITUDES<br />
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propose, donc, la singularité, la<br />
peinture irréductible aux autres<br />
peintures, la difficulté <strong>des</strong> références,<br />
la forme personnelle qui résiste<br />
même au jeu <strong>des</strong> affinités, le refus<br />
du plaisir si mondain du déjà vu. Il<br />
nous propose, finalement, l’aventure”.<br />
De Pedro Chorão il y avait une<br />
toile de 1978, présentée à la<br />
Fondation Gulbenkian de Paris,<br />
dans le cycle <strong>des</strong> boursiers. Elle<br />
représente, entre autres, le drapeau<br />
national.<br />
À remarquer encore une étrange<br />
sculpture de Mónica Machado, un<br />
chariot tiré par un cheval, avec,<br />
partout, beaucoup de poupées en<br />
plastique rose ●<br />
Paris, juin 2004<br />
Carlos Carreiro<br />
António Metello<br />
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Artistes d’Afrique<br />
Egídio Álvaro<br />
L<br />
a Culturgest de la Caixa Geral<br />
de Depósitos de Lisboa présente<br />
jusqu’au mois de septembre<br />
une remarquable exposition<br />
d’artistes africains, pour la plupart<br />
de la nouvelle génération. Leurs<br />
œuvres ont été achetées par la<br />
Caixa à partir de 1999.<br />
Le texte de présentation<br />
d’António Pinto Ribeiro, très concis<br />
et bien documenté, retrace l’évolution<br />
de cet art (peinture, photographie,<br />
sculpture) qui se démarque<br />
progressivement <strong>des</strong> co<strong>des</strong> de<br />
l’Europe.<br />
Les artistes “sont aujourd’hui<br />
producteurs d’un univers d’objets,<br />
de création de manières de connaissance,<br />
de transcendance du monde<br />
que nous sommes obligés de désigner<br />
comme art”.<br />
L’artiste incontournable du Cap-<br />
Vert s’appelle Tchalé Figueira. Je<br />
l’ai rencontré récemment à Paris, et<br />
il m’a donné l’invitation pour une<br />
exposition qu’il présente à Zurich.<br />
Il a “une œuvre qui assume <strong>des</strong><br />
contours clairs d’intervention<br />
sociale, avec <strong>des</strong> incursions occasionnelles<br />
dans le monde de l’enfance<br />
et de la fantaisie”.<br />
Il a travaillé en Hollande et en<br />
Suisse. Dans le dernier numéro de<br />
Miro, “Sem título”, 2000.<br />
Alex, “Just another self-created<br />
mirror”, 2001.<br />
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Latitu<strong>des</strong> n° 20, Alfredo Margarido<br />
lui a consacré une étude. On y voit<br />
<strong>des</strong> reproductions de toiles rappelant<br />
l’Olympia de Manet, un dictateur<br />
africain et <strong>des</strong> soldats devant<br />
un cadavre. Des œuvres de grande<br />
qualité.<br />
Les artistes de l’Angola ont subi,<br />
après l’indépendance, une effroyable<br />
guerre civile, pendant <strong>des</strong><br />
années. Ils furent enrôlés par le<br />
pouvoir dictatorial en place pour<br />
produire un art de propagande,<br />
idéologique. Ce n’est que depuis<br />
peu qu’ils purent commencer à<br />
créer plus ou moins librement.<br />
Alex, né à Luanda, vit et travaille<br />
à Amsterdam. Son travail, expressionniste,<br />
garde un peu le souvenir<br />
<strong>des</strong> tribulations <strong>des</strong> Noirs en<br />
Angola.<br />
Gonga, né à Uíge, pratique un<br />
art fort différent. Il est proche de<br />
l’art populaire et ses personnages<br />
(conteur d’histoires) représentent<br />
souvent les gens du peuple.<br />
Miro est né à Maputo, Mozambique,<br />
et il est décédé en 2002. Son travail<br />
montre <strong>des</strong> femmes angoissées, <strong>des</strong><br />
cris de révolte.<br />
Malangatana est le plus ancien,<br />
et le plus connu au Portugal. Dans<br />
la plupart de ses toiles il montre un<br />
amoncellement de corps et de têtes,<br />
avec <strong>des</strong> cris de rage, endormis ou<br />
perplexes.<br />
Les sculptures de Reinata<br />
Sadimba sont assez proches du<br />
surréalisme, et ses personnages,<br />
tranquilles.<br />
À remarquer, encore, Shikhani,<br />
avec <strong>des</strong> figures emblématiques ●<br />
Reinata Sadimba, “Cabecinha”, 2000.<br />
Paris, juin 2004<br />
Gonga, “o Arremenço (111)”, 2002.<br />
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