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Délimiter l'espace public et l'espace privé - Revue des sciences ...

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BÉNÉDICTE GÉRARD<br />

Centre de Recherche en Sciences Sociales<br />

& Faculté <strong>des</strong> <strong>sciences</strong> sociales<br />

Université Marc Bloch, Strasbourg<br />

<br />

<strong>Délimiter</strong> l’espace<br />

<strong>public</strong> <strong>et</strong> l’espace <strong>privé</strong><br />

dans les grands ensembles d’habitation<br />

Les interrogations sur la délimitation<br />

<strong>des</strong> espaces <strong>privé</strong>s/espaces<br />

<strong>public</strong>s dans les grands ensembles<br />

d’habitation présentées ici, sont <strong>des</strong><br />

r<strong>et</strong>ombées de notre travail sur l’histoire<br />

du peuplement <strong>des</strong> grands ensembles de<br />

l’agglomération de Strasbourg 1 .<br />

La question de la définition de la<br />

population à étudier, <strong>des</strong> parties de villes<br />

à r<strong>et</strong>enir, dans quelles limites géographiques,<br />

a mené à préciser ce qu’il faut<br />

entendre par « grand ensemble d’habitation<br />

».<br />

La notion de composition urbaine<br />

s’est avérée importante pour caractériser<br />

c<strong>et</strong>te forme urbaine en rupture totale<br />

avec l’image de la ville traditionnelle. La<br />

composition urbaine <strong>des</strong> grands ensembles<br />

intéresse le thème abordé ici dans la<br />

mesure où elle instaure une perception<br />

de l’espace <strong>public</strong> <strong>et</strong> de l’espace <strong>privé</strong><br />

inédite, différente de celle qui est vécue<br />

dans le cadre urbain traditionnel.<br />

Un exemple local, celui du Grand<br />

Proj<strong>et</strong> de Ville du Neuhof, perm<strong>et</strong> d’illustrer<br />

que la problématique <strong>des</strong> relations<br />

espace <strong>privé</strong>/espace <strong>public</strong> est un<br />

fondement de la politique actuelle de<br />

la ville en matière de réhabilitation <strong>des</strong><br />

grands ensembles d’habitation<br />

Que faut-il entendre<br />

par grand ensemble<br />

d’habitation ?<br />

Aucun texte officiel ne codifie ou<br />

définit les grands ensembles d’habitation.<br />

Toutefois il apparaît qu’un certain<br />

nombre de critères sont r<strong>et</strong>enus par les<br />

géographes <strong>et</strong> les professionnels, pour<br />

caractériser ces parties de ville construites<br />

à partir <strong>des</strong> années 1950 jusqu’au<br />

milieu <strong>des</strong> années 1970, en période de<br />

vive croissance démographique <strong>et</strong> de<br />

sévère crise du logement.<br />

1. Un grand ensemble d’habitation<br />

compte en général un minimum de<br />

800 logements <strong>et</strong> constitue une zone<br />

monofonctionnelle exclusivement<br />

affectée aux logements avec leurs prolongements<br />

<strong>et</strong> aux plus indispensables<br />

équipements de proximité 2 . Le critère<br />

de masse de logements <strong>et</strong> la superficie<br />

importante de sol urbain d’un seul<br />

tenant qu’il implique est à garder en<br />

mémoire.<br />

2. Un grand ensemble est intégré à une<br />

agglomération déjà existante soit dans<br />

la ville centre, soit sur le territoire<br />

■<br />

d’une commune de banlieue (ce n’est<br />

pas une ville nouvelle).<br />

3. Un grand ensemble est le résultat<br />

d’une opération de construction<br />

d’immeubles confiée à un seul maître<br />

d’oeuvre, conçue « d’un seul coup »,<br />

réalisée en un temps très bref. Il a été<br />

l’obj<strong>et</strong> d’un proj<strong>et</strong> architectural unitaire,<br />

même si la réalisation effective<br />

s’est parfois quelque peu éloignée du<br />

proj<strong>et</strong> initial.<br />

4. Les logements qui composent un<br />

grand ensemble appartiennent pour la<br />

plupart, parfois en totalité, au secteur<br />

social, <strong>et</strong> sont réalisés sous l’autorité<br />

d’un nombre de maîtres d’ouvrage<br />

restreint. On peut préciser sans entrer<br />

ici dans les détails qu’il en résulte une<br />

structure socio-démographique spécifique<br />

de la population.<br />

5. Enfin, un grand ensemble présente<br />

une composition urbaine, un mode<br />

d’organisation de l’espace, en totale<br />

rupture avec l’image de la ville traditionnelle.<br />

Trois facteurs jouent de manière concomitante<br />

dans la création de ces paysages<br />

urbains singuliers : la structure<br />

foncière, le mode d’élaboration, <strong>et</strong> les<br />

formes architecturales 3 .<br />

40


Bénédicte Gérard<br />

<strong>Délimiter</strong> <strong>l'espace</strong> <strong>public</strong> <strong>et</strong> <strong>l'espace</strong> <strong>privé</strong><br />

L’utilisation <strong>des</strong> formes architecturales<br />

dites « modernes », isolées (blocs, tours<br />

<strong>et</strong> barres), <strong>et</strong> leur mode d’implantation<br />

en disposition ouverte en « open-planning<br />

» – sur fond « d’espaces verts »,<br />

composé non plus en relation avec la<br />

rue mais à partir <strong>des</strong> principes hygiénistes<br />

(air, soleil, verdure), institue une<br />

nouvelle échelle du cadre urbain <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

rapports espaces bâtis – espaces libres<br />

inédits.<br />

fig. 1 – Plan du quartier du Neuhof à Strasbourg. Localisation <strong>des</strong> cités d’habitat social <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

exemples cités<br />

Ce mode de production technique<br />

d’espace urbain se double d’un découpage<br />

du sol différent du découpage du<br />

sol traditionnel.<br />

Traditionnellement, la structure urbaine<br />

se base sur un découpage du sol par les<br />

voies qui configurent <strong>des</strong> îlots. Ces îlots<br />

sont à leur tour subdivisés en parcelles<br />

d’appropriation. À chaque parcelle correspond<br />

un propriétaire. Ce qui relève de<br />

l’espace <strong>privé</strong> <strong>et</strong> de l’espace <strong>public</strong> est<br />

clairement délimité <strong>et</strong> perçu.<br />

Ce mode de découpage du sol est le<br />

plus répandu. À Strasbourg, par exemple,<br />

on le r<strong>et</strong>rouve dans la vieille ville, la nouvelle<br />

ville allemande. Parfois, comme à<br />

l’Esplanade, il est combiné à <strong>des</strong> volumes<br />

architecturaux modernes, les tours <strong>et</strong> les<br />

barres, avec bien sûr <strong>des</strong> parcelles plus<br />

gran<strong>des</strong>.<br />

Dans les grands ensembles, la pratique<br />

de délimitation <strong>des</strong> unités d’appropriation,<br />

c’est-à-dire les parcelles, est<br />

toujours la règle, mais deux remarques<br />

s’imposent :<br />

1. Les parcelles sont peu nombreuses<br />

<strong>et</strong> plus gran<strong>des</strong> en raison du nombre restreint<br />

de propriétaires. On trouve,<br />

– d’une part, les maîtres d’ouvrages<br />

sociaux <strong>et</strong>/ou les sociétés civiles<br />

immobilières ;<br />

– d’autre part, les propriétaires <strong>des</strong><br />

équipements scolaires, socio-culturels,<br />

sportifs, <strong>et</strong>c. 4<br />

On peut rappeler ici que les maîtres<br />

d’ouvrage possèdent les immeubles, mais<br />

aussi les espaces entre les immeubles<br />

– espaces verts ou de jeux, parkings – <strong>et</strong><br />

les voies d’accès aux immeubles.<br />

2. Le processus de découpage en parcelles<br />

est lié à une technique de conception<br />

architecturale : la technique du<br />

plan-masse.<br />

C<strong>et</strong>te technique perm<strong>et</strong> de gérer<br />

la construction de gran<strong>des</strong> masses de<br />

logements. Le plan-masse est un plan<br />

<strong>Revue</strong> <strong>des</strong> Sciences Sociales, 2005, n° 33, “Privé– <strong>public</strong> : quelles frontières ?”<br />

41


fig. 2 – Proposition d’aménagement du square Nontron – Grand Proj<strong>et</strong> de Ville de Strasbourg.<br />

Document d'information au <strong>public</strong> (vers novembre 2002).<br />

42 <strong>Revue</strong> <strong>des</strong> Sciences Sociales, 2005, n° 33, “Privé– <strong>public</strong> : quelles frontières ?”


Bénédicte Gérard<br />

<strong>Délimiter</strong> <strong>l'espace</strong> <strong>public</strong> <strong>et</strong> <strong>l'espace</strong> <strong>privé</strong><br />

fig. 3 – Point de vue A vers l'est<br />

Le square Nontron a été réalisé à la<br />

place de la tour Nontron, détruite. L’aménagement<br />

de ce secteur s’est déroulé de<br />

novembre 2001 à juill<strong>et</strong> 2003.<br />

Le square est composé d’un terrain<br />

multisports, d’une aire de jeux pour<br />

enfants <strong>et</strong> d’un terrain d’évolution libre.<br />

Des cheminements piétons ont été créés<br />

de part <strong>et</strong> d’autre du square ; l’un d’entre<br />

eux instaure une coupure entre le square<br />

<strong>et</strong> un parking. Les pieds d’immeubles ont<br />

été plantés.<br />

fig. 4 – Point de vue B vers l'ouest<br />

fig. 5 – Point de vue C vers le nord-est<br />

fig. 3, 4 <strong>et</strong> 5 – Le square Nontron aujourd’hui<br />

(photos : Bénédicte Gérard, novembre 2004)<br />

43


d’architecture qui donne à voir le mode<br />

d’implantation du bâti, sa volumétrie <strong>et</strong><br />

les accès aux bâtiments.<br />

En simplifiant, on peut dire que l’architecte<br />

s’attache tout d’abord à la manière<br />

d’implanter les volumes architecturaux<br />

dans l’assi<strong>et</strong>te spatiale disponible, en<br />

référence aux mots-clés de la modernité<br />

– « soleil, espace, verdure » –, <strong>et</strong> qu’il<br />

règle la question <strong>des</strong> voies d’accès dans<br />

un second temps, lorsque celle de l’implantation<br />

est résolue.<br />

Deux eff<strong>et</strong>s de ce mode d’élaboration<br />

<strong>des</strong> espaces urbains sont à signaler :<br />

– d’une part, l’émergence d’un environnement<br />

quotidien original qui n’est<br />

pas perçu comme un cadre urbain (en<br />

comparaison du cadre bâti urbain traditionnel)<br />

;<br />

– d’autre part, une difficulté certaine à<br />

distinguer l’espace <strong>privé</strong> de l’espace<br />

<strong>public</strong>.<br />

En eff<strong>et</strong>, l’absence de rues bordées<br />

d’immeubles, l’absence d’îlots bâtis qu’il<br />

est possible de contourner à pied, l’absence<br />

de limites de parcelles reconnaissables,<br />

instaurent une autre perception<br />

de l’espace <strong>public</strong> <strong>et</strong> de l’espace <strong>privé</strong>,<br />

par rapport au découpage de la ville traditionnelle.<br />

C<strong>et</strong>te absence de repères (<strong>public</strong>/<strong>privé</strong>)<br />

affecterait principalement la perception <strong>et</strong><br />

l’usage <strong>des</strong> espaces extérieurs libres de<br />

construction (voies, espaces verts).<br />

Les maîtres d’ouvrages signalent que<br />

le statut <strong>des</strong> espaces <strong>privé</strong>s collectifs reste<br />

incompréhensible pour les habitants, ce<br />

qui ne manque pas d’avoir <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s sur<br />

les usages <strong>et</strong> les pratiques.<br />

Ce manque de distinction serait à<br />

l’origine de problèmes : les locataires ne<br />

respectent pas toujours les espaces <strong>privé</strong>s<br />

collectifs – qui ne leur sont pas personnels<br />

mais pour lesquels ils payent <strong>des</strong><br />

charges – parce qu’ils ne les différencient<br />

pas de l’espace <strong>public</strong>.<br />

L’hypothèse <strong>des</strong> collectivités locales <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> bailleurs est aujourd’hui la suivante :<br />

si les habitants peuvent bien identifier c<strong>et</strong><br />

espace <strong>privé</strong>, ils peuvent se l’approprier<br />

<strong>et</strong> le respecter.<br />

C<strong>et</strong>te hypothèse est désormais le fer<br />

de lance de l’intervention de l’État dans<br />

le cadre de la politique de la ville. Elle<br />

apparaît sous le terme de « résidentialisation<br />

». Elle est notamment au cœur du<br />

Grand Proj<strong>et</strong> de Ville pour le quartier du<br />

Neuhof à Strasbourg (2000-2006).<br />

L’exemple du Grand<br />

Proj<strong>et</strong> de Ville pour<br />

le quartier du Neuhof<br />

à Strasbourg<br />

Pour illustrer ce propos, le choix s’est<br />

porté sur le Neuhof. En eff<strong>et</strong>, le Neuhof<br />

est le seul quartier, parmi les dix grands<br />

ensembles de l’agglomération strasbourgeoise<br />

analysés dans notre étude, à faire<br />

l’obj<strong>et</strong> d’un Grand Proj<strong>et</strong> de Ville. On<br />

peut ém<strong>et</strong>tre <strong>des</strong> réserves quant à sa qualification<br />

de « grand ensemble ». En eff<strong>et</strong>,<br />

les cités du Neuhof ne sont pas le résultat<br />

d’un programme architectural unitaire<br />

réalisé d’un seul tenant, mais une succession<br />

d’opérations à bas coût menées<br />

entre 1954 <strong>et</strong> 1972. Mais aujourd’hui on<br />

peut s’accorder à trouver que les cités du<br />

Neuhof ont bien les caractéristiques d’un<br />

grand ensemble, par :<br />

– le grand nombre de logements<br />

(3 400 logements),<br />

– la localisation en périphérie de noyau<br />

urbain,<br />

– le site, éclaté entre <strong>des</strong> urbanisations<br />

prééxistantes (les casernes, la cité du<br />

Stockfeld, le vieux Neuhof, le port),<br />

– la composition en « open-planning » 5 .<br />

Les différences entre les cités successives<br />

peuvent apparaître au visiteur<br />

d’aujourd’hui, comme les eff<strong>et</strong>s d’une<br />

volonté d’individualisation de sousquartiers<br />

réalisés par plusieurs maîtres<br />

d’ouvrage <strong>et</strong> différents maîtres d’œuvre,<br />

au moment de la création <strong>et</strong> de la réhabilitation<br />

(cf. figure 1).<br />

Les documents de base de notre analyse<br />

sont les suivants :<br />

– La communication concernant le programme<br />

prévisionnel 2004-2006 du<br />

Grand Proj<strong>et</strong> de Ville au Conseil de la<br />

Communauté de Strasbourg, extrait du<br />

registre <strong>des</strong> délibérations du 30 janvier<br />

2004 (30 e séance).<br />

– Le document <strong>public</strong> intitulé «Convention<br />

territoriale du quartier du Neuhof<br />

2000–2006. Grand Proj<strong>et</strong> de Ville de<br />

Strasbourg », février 2003, C.U.S.<br />

– Un document de travail non publié<br />

contenant <strong>des</strong> simulations formelles<br />

de proj<strong>et</strong>s par l’équipe d’architectes<br />

urbanistes Yves Lion.<br />

– Des informations directes recueillies<br />

auprès de Philippe Raluy, directeur du<br />

■<br />

Grand Proj<strong>et</strong> de Ville à Strasbourg, au<br />

cours d’une rencontre (avril 2004).<br />

Parmi les quatre axes de l’intervention<br />

publique affichés dans le cadre du Proj<strong>et</strong><br />

de Ville, c’est l’intitulé « La valorisation<br />

du cadre de vie : le proj<strong>et</strong> de recomposition<br />

urbaine » qui nous intéresse ici 6 .<br />

Un <strong>des</strong> objectifs principaux de ce proj<strong>et</strong><br />

est clairement affirmé : « la redéfinition<br />

<strong>des</strong> limites entre domaine <strong>public</strong> <strong>et</strong><br />

domaine <strong>privé</strong> ».<br />

Il s’agit de « définir un nouveau découpage<br />

foncier <strong>et</strong> un domaine <strong>public</strong> au sein<br />

<strong>des</strong> cités afin de casser leur monolithisme<br />

foncier, formel <strong>et</strong> fonctionnel » 7 . Le but<br />

est de rendre cohérente la domanialité,<br />

par l’attribution de fonctions précises,<br />

propres à chaque espace, <strong>public</strong> ou résidentiel,<br />

<strong>et</strong> de perm<strong>et</strong>tre ainsi une meilleure<br />

lisibilité <strong>des</strong> espaces, une meilleure<br />

appropriation par les habitants <strong>et</strong> une<br />

gestion mieux adaptée aux usages.<br />

Derrière ces objectifs définis de<br />

manière explicite s’exprime sans ambiguïté<br />

un but de contrôle social <strong>et</strong> policier<br />

de l’espace.<br />

Pour Philippe Raluy, directeur du<br />

Grand Proj<strong>et</strong> de Ville du Neuhof, il faut<br />

« délimiter l’espace <strong>privé</strong> <strong>et</strong> l’espace<br />

<strong>public</strong> pour couper court au sentiment<br />

de non lieu, de non appartenance ». Les<br />

espaces ouverts dit-il « ce n’est pas de<br />

la démocratie, mais le domaine du trafic<br />

organisé ». « Mieux l’espace est délimité<br />

moins il y a de problème. Où ce n’est pas<br />

délimité, c’est le domaine <strong>des</strong> ban<strong>des</strong> » 8 .<br />

La stratégie mise en place comporte<br />

deux vol<strong>et</strong>s : 1. La création <strong>et</strong> l’aménagement<br />

d’espaces <strong>public</strong>s par la collectivité.<br />

2. La résidentialisation <strong>des</strong> espaces<br />

extérieurs autour <strong>des</strong> immeubles par les<br />

bailleurs.<br />

1. La création <strong>et</strong> l’aménagement<br />

d’espaces <strong>public</strong>s par la collectivité<br />

Il s’agit de créer <strong>et</strong> d’aménager <strong>des</strong><br />

places, <strong>des</strong> squares, <strong>des</strong> espaces de loisirs,<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> voiries.<br />

C<strong>et</strong>te création <strong>et</strong> aménagement<br />

peut concerner : <strong>des</strong> espaces <strong>public</strong>s à<br />

(re)composer sur le domaine qui appartient<br />

déjà à la ville, mais également <strong>des</strong><br />

espaces <strong>public</strong>s à créer sur du sol repris<br />

du domaine <strong>des</strong> bailleurs.<br />

La collectivité souhaite en eff<strong>et</strong> constituer<br />

progressivement un domaine <strong>public</strong><br />

44<br />

<strong>Revue</strong> <strong>des</strong> Sciences Sociales, 2005, n° 33, “Privé – <strong>public</strong> : quelles frontières ?”


Bénédicte Gérard<br />

<strong>Délimiter</strong> <strong>l'espace</strong> <strong>public</strong> <strong>et</strong> <strong>l'espace</strong> <strong>privé</strong><br />

fig. 6 – La cité Solignac aujourd’hui (source : document Grand Proj<strong>et</strong> de Ville)<br />

fig. 7 – Proposition d’aménagement de la cité Solignac : simulation (source : document Grand Proj<strong>et</strong> de Ville)<br />

Dans les cités du Neuhof, il est prévu d’ici 2006, la résidentialisation de 50 000 m2 autour <strong>des</strong> immeubles d’habitat social.<br />

L’objectif est de transformer les logements peu attractifs en grands logements (sur un ou deux niveaux) avec jardin privatif <strong>et</strong> accès<br />

direct à partir de la rue.<br />

45


par l’acquisition de parcelles incluses dans<br />

le patrimoine <strong>des</strong> bailleurs sociaux, jusqu’à<br />

ce jour (CUS-Habitat, par exemple) 9 .<br />

Cela suppose la redéfinition <strong>des</strong> affectations<br />

<strong>des</strong> espaces extérieurs entre la<br />

ville <strong>et</strong> les bailleurs. Certains espaces<br />

<strong>privé</strong>s collectifs deviendront propriété de<br />

la ville, qui en assurera l’aménagement<br />

<strong>et</strong> l’entr<strong>et</strong>ien. Ces espaces deviendraient<br />

ainsi clairement <strong>des</strong> espaces <strong>public</strong>s.<br />

Les avantages sont certains : la cession<br />

de surfaces foncières à la ville diminuera<br />

les frais d’entr<strong>et</strong>ien pour les bailleurs, ce<br />

qui allègera d’autant les charges <strong>des</strong> locataires.<br />

Bien plus, l’espace <strong>public</strong> gagné<br />

tombe sous responsabilité communale<br />

pour ce qui relève de la surveillance, de<br />

la sécurité, du maintien de l’ordre.<br />

Le processus est en cours de réalisation.<br />

Un espace <strong>public</strong>, le square Nontron,<br />

composé d’un terrain multisports, d’une<br />

aire de jeux pour enfants <strong>et</strong> d’un terrain<br />

d’évolution libre, a été réalisé à la place<br />

de la tour Nontron, détruite (2001-2003,<br />

cf. figures 1 à 5).<br />

D’autres proj<strong>et</strong>s devraient suivre. Deux<br />

exemples peuvent servir d’illustration.<br />

Le secteur de la place de Hautefort<br />

sera réaménagé en raison du passage du<br />

tramway route du Neuhof : une station de<br />

tramway sera implantée sur le parking de<br />

l’église St Christophe ; à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, une<br />

partie ou la totalité <strong>des</strong> tours du secteur<br />

sera démolie (rue Clairvivre <strong>et</strong> route du<br />

Neuhof), <strong>des</strong> espaces verts <strong>public</strong>s seront<br />

créés à leur place.<br />

Le secteur du carrefour Mâcon-Reuss<br />

sera restructuré afin qu’il devienne un<br />

centre de quartier : réalisation d’un boulevard<br />

ouest-est entre la rue de Provence<br />

(Meinau) <strong>et</strong> la rue de Lorient (zone portuaire),<br />

démolition de la tour 107 route du<br />

Neuhof, création d’une station de tramway,<br />

installation de services, d’activités<br />

<strong>et</strong> d’équipements (cf. figure1).<br />

2. La résidentialisation <strong>des</strong> espaces<br />

extérieurs autour <strong>des</strong> immeubles<br />

Celle-ci sera assurée par les bailleurs.<br />

Il est sans doute utile de rappeler avec<br />

Nicolas Michelin, architecte urbaniste, en<br />

quoi consiste la résidentialisation. Pour<br />

lui elle est « un principe de réorganisation<br />

urbaine qui consiste sur le terrain<br />

à regrouper ou découper les immeubles<br />

(tours <strong>et</strong> barres) en unités résidentielles.<br />

A faire en sorte que la limite entre l’espace<br />

<strong>public</strong> <strong>et</strong> celui, <strong>privé</strong>, de l’immeuble<br />

(dévolu au locataires) soit clairement<br />

définie. Le découpage peut se faire par<br />

groupe d’immeubles, par immeuble, <strong>et</strong><br />

même par cage d’escalier.<br />

Des clôtures diversement traitées<br />

(murs, haies, grillage, écran végétal) sont<br />

dressées afin de bien matérialiser les limites<br />

sur la rue ou entre immeubles. L’une<br />

<strong>des</strong> vertus reconnues à ces divisions,<br />

outre qu’elles facilitent la requalification<br />

<strong>des</strong> pieds d’immeubles, est qu’elles perm<strong>et</strong>tent<br />

la réappropriation par un p<strong>et</strong>it<br />

nombre d’habitants d’un territoire où ils<br />

peuvent éventuellement garer leurs voitures,<br />

entr<strong>et</strong>enir <strong>des</strong> jardins <strong>et</strong> personnaliser<br />

leurs entrées » 10 .<br />

Dans les cités du Neuhof, il est<br />

prévu d’ici 2006, la résidentialisation de<br />

50 000 m 2 autour <strong>des</strong> immeubles d’habitat<br />

social.<br />

L’objectif est de transformer les logements<br />

peu attractifs en grands logements<br />

(sur un ou deux niveaux) avec jardin<br />

privatif <strong>et</strong> accès direct à partir de la rue. Il<br />

s’agit de m<strong>et</strong>tre en relation les immeubles<br />

entre eux <strong>et</strong> de développer <strong>des</strong> jardins<br />

privatifs. Pour les concepteurs du proj<strong>et</strong><br />

« Ces opérations offrent <strong>des</strong> occasions de<br />

repenser le rapport entre l’immeuble <strong>et</strong><br />

l’espace <strong>public</strong> en favorisant <strong>des</strong> espaces<br />

appropriables, de créer <strong>des</strong> locaux collectifs,<br />

<strong>des</strong> locaux d’activités ou <strong>des</strong> services<br />

sur les axes passants ou les lieux où l’on<br />

souhaite renforcer <strong>des</strong> centralités » 11 .<br />

De nombreux pieds d’immeubles<br />

seront ainsi restructurés notamment dans<br />

les secteurs Solignac, Hautefort <strong>et</strong> Ballersdorf<br />

(cf. fig. 1 : respectivement cités<br />

d’habitat social 3, 7 <strong>et</strong> 10, <strong>et</strong> fig. 6 <strong>et</strong> 7).<br />

C<strong>et</strong> aspect sera renforcé par la création<br />

d’une offre de logements individuels avec<br />

jardin, pour remplacer <strong>des</strong> secteurs où<br />

les logements seront détruits (500 au<br />

total) 12 . Les constructions neuves sous<br />

forme de maisons en bande, jumelées<br />

ou individuelles, perm<strong>et</strong>tront de diversifier<br />

les formes d’habitat. Ces logements<br />

seront « en accession très sociale » aussi<br />

bien en location qu’en vente. Il s’agit de<br />

renouveler pour partie l’offre sociale,<br />

mais également de réduire la part du<br />

logement social dans le quartier. La proportion<br />

de logements sociaux du quartier<br />

du Neuhof devrait ainsi passer de 61 % à<br />

moins de 50 % 13 .<br />

Les cités situées le long de l’Allée<br />

<strong>des</strong> Déportés (secteur Ballersdorf-Crabbé)<br />

sont concernées par ce processus<br />

de renouvellement 14 (cf. figure 1 : cités<br />

d’habitat social 10 <strong>et</strong> 12). Il y est prévu<br />

la <strong>des</strong>truction de nombreux immeubles<br />

(totale pour l’îlot Crabbé-Résistance) <strong>et</strong><br />

la construction de logements neufs individuels<br />

en moindre densité.<br />

Ainsi, d’un côté on aura l’espace<br />

<strong>public</strong> géré <strong>et</strong> détenu par la collectivité,<br />

d’un autre l’espace <strong>privé</strong> (celui de la résidentialisation)<br />

bien délimité qui appartient<br />

aux bailleurs. En dehors <strong>des</strong> grilles,<br />

<strong>des</strong> mur<strong>et</strong>s, <strong>des</strong> portails ce sera l’espace<br />

<strong>public</strong>. L’objectif est de faire disparaître<br />

les espaces <strong>privé</strong>s à usage collectif.<br />

Désormais, ils seront affectés à un usage<br />

précis <strong>et</strong> clairement délimités.<br />

C<strong>et</strong>te position n’a pas que <strong>des</strong> défenseurs.<br />

Nicolas Michelin, cité ci-<strong>des</strong>sus,<br />

s’élève contre la résidentialisation. Selon<br />

lui deux objections majeures sont à opposer<br />

à c<strong>et</strong>te vision théorique.<br />

La première concerne la prise en<br />

compte de l’existence de lieux de convivialité.<br />

Pour lui, « Des lieux de convivialité<br />

(ou de citoyenn<strong>et</strong>é) existent déjà dans<br />

les cités <strong>et</strong> même s’ils sont polémiques <strong>et</strong><br />

montrés du doigt par le « sécuritaire », ils<br />

n’en demeurent pas moins revendiqués<br />

par les habitants <strong>et</strong> notamment les jeunes<br />

qui y voient souvent l’âme de leur cité. La<br />

cité possède ses qualités propres qui tiennent<br />

essentiellement aux grands espaces,<br />

qu’il s’agisse <strong>des</strong> espaces verts entre les<br />

immeubles ou <strong>des</strong> zones de parkings au<br />

pied <strong>des</strong> tours ».<br />

La seconde concerne les conséquences<br />

<strong>des</strong>tructrices de la réorganisation urbaine<br />

qui accompagne le principe de résidentialisation.<br />

La stratégie mise en œuvre<br />

implique d’appliquer un modèle d’urbanisme<br />

plus traditionnel, c’est-à-dire de<br />

découper le sol en rues, îlots <strong>et</strong> parcelles.<br />

Pour Nicolas Michelin, « La résidentialisation<br />

s’accompagne inéluctablement<br />

d’un recalibrage <strong>des</strong> voiries, <strong>et</strong> surtout,<br />

d’une nouvelle organisation <strong>des</strong> espaces<br />

dits <strong>public</strong>s selon un modèle inapproprié,<br />

celui <strong>des</strong> centres-villes basés sur la rue,<br />

le stationnement latéral, les faça<strong>des</strong> <strong>et</strong> les<br />

alignements d’arbres. Tous ces principes<br />

censés apporter de l’urbanité aux quartiers,<br />

sont particulièrement <strong>des</strong>tructeurs<br />

quand ils y sont mis en œuvre. Ainsi le<br />

découpage <strong>des</strong> barres est complété par un<br />

nouveau tracé de rues pour désenclaver<br />

<strong>et</strong> de places pour faire « plus urbain ».<br />

Ces plans de restructuration inspirés du<br />

46 <strong>Revue</strong> <strong>des</strong> Sciences Sociales, 2005, n° 33, “Privé – <strong>public</strong> : quelles frontières ?”


Bénédicte Gérard<br />

<strong>Délimiter</strong> <strong>l'espace</strong> <strong>public</strong> <strong>et</strong> <strong>l'espace</strong> <strong>privé</strong><br />

modèle néohaussmannien sont désespérément<br />

appliqués à un territoire conçu<br />

sur le modèle opposé, celui du mouvement<br />

moderne. Il faut alors démolir<br />

<strong>des</strong> immeubles qui gênent les nouveaux<br />

tracés <strong>et</strong> construire sur <strong>des</strong> espaces trop<br />

vastes entre les barres pour r<strong>et</strong>rouver <strong>des</strong><br />

largeurs classiques de rue. Parfois, on<br />

assiste ainsi à un véritable massacre. »<br />

Ces réflexions d’un architecte-urbaniste<br />

praticien éclairent les propositions<br />

d’aménagement contenues dans le Grand<br />

Proj<strong>et</strong> de Ville pour le quartier du Neuhof<br />

à Strasbourg. Elles contribuent à formuler<br />

plusieurs questions.<br />

D’abord un constat : le Grand Proj<strong>et</strong><br />

de Ville du Neuhof élaboré en ce début du<br />

XXI e siècle reste dans la tradition française<br />

de réhabilitation physique <strong>des</strong> grands<br />

ensembles d’habitation. Il s’agit principalement<br />

d’actions de transformation du<br />

cadre de vie, inaugurées au Neuhof en<br />

1977 avec l’opération HVS (Habitat <strong>et</strong><br />

Vie Sociale). Les eff<strong>et</strong>s escomptés n’ont<br />

pas été au rendez-vous. Trente ans plus<br />

tard, l’urgence de transformations s’avère<br />

toujours impérieuse.<br />

La volonté d’amélioration de la qualité<br />

du cadre bâti <strong>et</strong> de l’environnement<br />

« urbain » du Neuhof ne peut être remise<br />

en cause. Ces nouvelles dévolution <strong>et</strong><br />

gestion <strong>des</strong> « espaces libres » du grand<br />

ensemble avec leurs r<strong>et</strong>ombées financières<br />

pour les bailleurs <strong>et</strong> leurs locataires ne<br />

peuvent être que positives.<br />

Mais, les actions d’amélioration de<br />

l’image du Neuhof, entreprises ou proj<strong>et</strong>ées,<br />

ne sont pas exemptes de risques de<br />

déconvenues.<br />

Ainsi, la résidentialisation ne peut<br />

s’appliquer à tous les types d’immeubles.<br />

Que devient l’intimité d’un jardin privatif<br />

au rez-de-chaussée d’un immeuble<br />

de cinq étages ou plus ? Dans certains<br />

groupes de bâtiments, comment obtenir<br />

la surface suffisante pour <strong>des</strong> jardins<br />

résidentiels sans diminuer le nombre de<br />

places de parking ? Les voitures sont<br />

nombreuses au Neuhof !<br />

La nature <strong>des</strong> espaces <strong>public</strong>s créés<br />

satisfait-elle aux attentes <strong>des</strong> résidents de<br />

Neuhof-Cités ? Les espaces pour enfants<br />

<strong>et</strong> jeunes mis en place (ou en proj<strong>et</strong>) ressemblent<br />

fort à ceux <strong>des</strong> grands ensembles<br />

à leur origine. Les moins jeunes<br />

<strong>des</strong> « jeunes » seront-ils heureux longtemps<br />

d’être sous les regards de toutes<br />

ces fenêtres ? Ne feront-ils pas savoir<br />

qu’ils regr<strong>et</strong>tent les espaces sportifs plus<br />

généreux <strong>et</strong> moins contraints pratiqués<br />

à la faveur de la coupure verte ouest-est<br />

aujourd’hui reprogrammée voie de circulation,<br />

sous l’appellation « boulevard » ?<br />

Quels espaces <strong>public</strong>s reste-t-il pour<br />

la sociabilité spontanée de l’habitant<br />

ordinaire ?<br />

Les espaces <strong>public</strong>s majeurs créés à<br />

l’échelle de l’ensemble du secteur (boulevard<br />

ouest-est ; liaison Cannoniers-Orbey)<br />

sont <strong>des</strong> coupures de nature routière, de<br />

par leurs <strong>des</strong>tinations <strong>et</strong> usages prévisibles,<br />

<strong>et</strong> non <strong>des</strong> lieux de déambulation <strong>et</strong><br />

de promenade urbaine. Ils contribuent à<br />

cloisonner le Neuhof, à le constituer en<br />

unités résidentielles fermées sur ellesmêmes.<br />

Les lieux d’animation (animation<br />

commerciale <strong>privé</strong>e) sont rej<strong>et</strong>és en<br />

périphérie, en deux lieux de «centralité»<br />

externes aux « cités » réhabilitées (liés<br />

aux arrêts de tramway, au sud <strong>et</strong> au nord).<br />

La ligne de tramway qui doit <strong>des</strong>servir<br />

le Neuhof est tracée sur sa frange ouest<br />

(allée Reuss) <strong>et</strong> ne pénètre pas dans les<br />

secteurs de réhabilitation lourde. Les<br />

responsables du Grand Proj<strong>et</strong> de Ville<br />

ont-ils mesuré les eff<strong>et</strong>s du renoncement<br />

au moyen le plus efficace de transformation<br />

<strong>et</strong> de valorisation urbaine qu’est<br />

le tramway pour les Strasbourgeois ? Ce<br />

tramway, espace <strong>public</strong> à part entière,<br />

était espéré dans les cités.<br />

Le Grand Proj<strong>et</strong> de Ville m<strong>et</strong> clairement<br />

en cause la forme urbaine du grand<br />

ensemble. Ce faisant il s’attaque à la<br />

question du peuplement. Par l’action sur<br />

l’espace physique, il compte agir sur le<br />

contenu social.<br />

La <strong>des</strong>truction <strong>des</strong> immeubles les plus<br />

dégradés ou les plus impropres à une<br />

réhabilitation « rentable » est sans doute<br />

utile au but poursuivi in fine, la baisse<br />

de la proportion de logements sociaux.<br />

Autrement dit, l’objectif est d’attirer<br />

au Neuhof <strong>des</strong> couches sociales moins<br />

démunies par l’offre de logements en<br />

accession à la propriété : maisons individuelles<br />

avec jardin.<br />

Ce but peut-il être atteint avec les<br />

moyens proposés ? Le Neuhof, <strong>et</strong> particulièrement<br />

les lieux <strong>des</strong>tinés aux programmes<br />

de maisons individuelles en<br />

remplacement <strong>des</strong> immeubles démolis,<br />

sont porteurs d’images très négatives<br />

(secteur Ballersdorf-Crabbé). Combien<br />

d’années seront nécessaires à la revalorisation<br />

de ces secteurs, dans l’esprit <strong>des</strong><br />

Strasbourgeois ?<br />

Le raisonnement est peut-être plus<br />

cynique. Il est peut-être escompté que la<br />

rar<strong>et</strong>é <strong>et</strong> le coût du foncier à Strasbourg<br />

finiront par avoir raison du désir d’accession<br />

à la maison individuelle <strong>et</strong> que <strong>des</strong><br />

familles se laisseront piéger ? Mais ces<br />

nouvelles familles apporteront-elles de<br />

la diversité sociale ?<br />

Notes<br />

1. Ce travail a été initié par la préparation du<br />

cours « Démographie <strong>des</strong> villes », prononcé<br />

dans le cadre du DESS « Villes <strong>et</strong> Conflits »<br />

depuis octobre 2002, à l’UFR <strong>des</strong> Sciences<br />

Sociales , Université Marc Bloch de Strasbourg.<br />

2. Prolongements du logis : espaces verts,<br />

espaces de jeux pour les enfants, parkings ;<br />

équipements de proximité : écoles, commerces,<br />

centre socioculturel, accueil de la p<strong>et</strong>ite<br />

enfance)<br />

3. Les conditions économiques <strong>et</strong> financières<br />

ne sont pas abordées ici.<br />

4. Egalement lorsque le grand ensemble est<br />

construit par tranche financière succesive.<br />

5. A l’exception de la cité jardin du Stockfeld,<br />

réalisée en 1911.<br />

6. Les quatre programmes d’action sont : la<br />

promotion de la personne, la gestion urbaine<br />

de proximité, la valorisation du cadre de vie,<br />

la dynamique économique.<br />

7. Convention territoriale du quartier du Neuhof<br />

2000-2006. Grand Proj<strong>et</strong> de Ville de<br />

Strasbourg, février 2003, C.U.S., p. 60.<br />

8. Commentaires illustrant l’opération déjà réalisée<br />

: le square Nontron.<br />

9. Le rachat de ces parcelles se ferait au franc<br />

symbolique.<br />

10. Michelin Nicolas (2002), « Comment éviter<br />

de passer de la barre à l’îlot ou les logiques<br />

interprétatives contre la résidentialisation »,<br />

L’archipel métropolitain, sous la direction<br />

de J. P. Pranlas Descours Picard ; Edition<br />

Pavillon de l’Arsenal <strong>et</strong> Picard Editeur.<br />

11. Convention territoriale du quartier du Neuhof<br />

2000-2006. Grand Proj<strong>et</strong> de Ville de<br />

Strasbourg, février 2003, C.U.S., p.60.<br />

12. Les cités du Neuhof comptent 3 405 logements<br />

au 31/12/2000 (sans la cité du Stockfeld)<br />

(Source : le document <strong>public</strong> intitulé<br />

« Convention territoriale du quartier du Neuhof<br />

2000-2006. Grand Proj<strong>et</strong> de Ville de<br />

Strasbourg », février 2003, C.U.S.)<br />

13. «Il est convenu que le nombre de logements<br />

résultant du solde entre le nombre de logements<br />

locatifs aidés démolis <strong>et</strong> le nombre de<br />

logements aidés reconstruits sur le Neuhof<br />

(y compris pour l’accession sociale) devra<br />

faire l’obj<strong>et</strong> d’une reconstruction du même<br />

niveau numérique en dehors du Neuhof. »<br />

Convention territoriale du quartier du Neuhof<br />

2000-2006. Grand Proj<strong>et</strong> de Ville de<br />

Strasbourg, février 2003, C.U.S., p. 63.<br />

14. A l’exception de la cité Raoul Clainchard.<br />

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