PSC 5-03 - FSP
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té, mais une construction coproduite<br />
par le thérapeute et le patient. Cette<br />
orientation du constructionnisme social<br />
est libératrice, car on n’est plus lié aux<br />
productions réductrices qui englobent<br />
un seul point de vue (celui l’individu).<br />
Mais elle est ouverte aux significations<br />
générées dans un contexte de relations<br />
sociales. Elle traduit bien la position du<br />
thérapeute qui ne doit pas être perçu,<br />
et encore moins vécu, comme un expert<br />
imbu de connaissances. Au contraire,<br />
le thérapeute est quelqu’un d’accessible<br />
et de disponible. Il agit de la même<br />
manière que le patient et partage avec<br />
lui un vocabulaire commun. Ce langage<br />
est basé sur des idées et des conduites<br />
qui définissent ce qui est vécu dans<br />
la rencontre avec le thérapeute. C’est le<br />
produit de la découverte d’une construction<br />
mutuelle entre thérapeute et<br />
patient qui s’avère infiniment plus proche<br />
du réel que la recherche d’une réalité<br />
objectivable. D’après le constructionniste<br />
social K. Gergen, «la construction<br />
du monde ne se situe pas à<br />
l’intérieur de l’esprit de l’observateur,<br />
mais bien à l’intérieur des différentes<br />
formes de relation ». Ceci est un contexte<br />
relationnel qui permet, par le dialogue,<br />
des relations humaines. Jusqu’à<br />
l’arrivée des constructivistes, tels Watzlawick,<br />
von Foester, etc., on était dans<br />
une période mécaniste de la deuxième<br />
cybernétique fondée sur le contrôle<br />
et non pas sur la compréhension et l’action<br />
humaine. Les relations sociales,<br />
telles qu’elles sont exprimées à travers<br />
le dialogue entre le patient et le thérapeute,<br />
deviennent un terrain d’échanges.<br />
De ce fait, on s’écarte complètement<br />
de l’idée du thérapeute comme<br />
expert pour en venir à l’idée du thérapeute<br />
ayant une expérience de la vie<br />
à partager dans une conversation-dialogue<br />
avec le patient. Cet échange est<br />
basé sur une implication partagée qui<br />
sert de moteur et d’élément de continuité<br />
dans la thérapie. Le fait de pouvoir<br />
communiquer est en soi un organisateur<br />
de la vie. Le développement<br />
d’une culture dite post-moderne permet<br />
une vie plus ouverte et moins réductrice<br />
parce que les valeurs sont plus universelles<br />
et la culture plus accessible.<br />
Moments de conversation<br />
Dans les travaux de H. Goolishian et<br />
H. Anderson, leur point de vue est<br />
exprimé par la métaphore de l’oignon.<br />
Chaque système est représenté par une<br />
couche de l’oignon. Chaque couche est<br />
subordonnée à la couche supérieure et<br />
chaque couche est contrôlée afin de<br />
garantir le maintien de l’ordre. L’ordre<br />
et la hiérarchie sont garantis grâce aux<br />
limitations des rôles et des structures<br />
imparties par la structure sociale. Cette<br />
même situation est recherchée dans<br />
l’espace thérapeutique de la thérapie<br />
collaborative et langagière, qui est<br />
rendu possible par l’implication des<br />
acteurs.<br />
En parlant de la dissolution du problème<br />
amené par le patient, par opposition<br />
aux thérapies axées sur le symptôme,<br />
on ne parle pas d’interventions<br />
thérapeutiques mais d’une conversation<br />
thérapeutique à partir d’une position<br />
(du thérapeute) de perplexité et de nonsavoir.<br />
Dans cette optique, nous comprenons<br />
que la connaissance est relationnelle<br />
et construite socialement.<br />
Nous pouvons voir cette démonstration<br />
dans une séance de thérapie où l’ouverture<br />
de la séance dépendra de l’implication<br />
de toutes les personnes présentes.<br />
L’objectif est de chercher des<br />
connexions, une collaboration et une<br />
«constructivité» entre le patient et<br />
le thérapeute.<br />
Nous pouvons apprécier le concept<br />
d’implication en reconnaissant sa présence<br />
à travers l’évolution de la psychothérapie,<br />
depuis les temps de la<br />
«grande psychiatrie» de Charcot et<br />
Freud jusqu’à l’actuel mouvement<br />
constructionniste social, qui incarne ce<br />
concept. Mais ce qui est également très<br />
important, c’est la place accordée à ce<br />
qui se passe dans le présent, à travers la<br />
relation, par la conduite et le discours.<br />
La thérapie est un mouvement collaboratif<br />
entre les personnes impliquées.<br />
Des séances conversationnelles permettent<br />
la dissolution du problème. En<br />
Norvège, le psychiatre T. Andersen implique<br />
des personnes extérieures à la<br />
thérapie par l’introduction d’une équipe<br />
qui réfléchit à haute voix. C’est un<br />
groupe de collaborateurs qui participe,<br />
soit dans une pièce de l’autre côté du<br />
miroir sans tain, soit dans la salle de<br />
thérapie. A un moment donné, les<br />
membres du groupe ont une conversation<br />
positive à propos de la séance en<br />
cours. Andersen a désigné ce mode de<br />
travail par l’expression reflecting team.<br />
La discussion de «l’équipe réfléchissante»<br />
est écoutée par le thérapeute et<br />
le patient. Le but est d’ouvrir les points<br />
de vue en passant d’une discussion<br />
privée à un dialogue plus «public»,<br />
ce qui permet également de comparer<br />
le dialogue de la séance de thérapie<br />
avec une conversation extérieure à la<br />
séance.<br />
Tout en souplesse<br />
L’implication est un concept de souplesse.<br />
Elle trouve bien sa place dans la<br />
position de neutralité bienveillante des<br />
psychothérapies analytiques. A travers<br />
le transfert, lien affectif intense, ces<br />
dernières dépendent d’implications spécifiques<br />
aussi bien de la part de l’analyste<br />
que de l’analysant. L’implication a<br />
également toute sa raison d’être dans<br />
les thérapies centrées sur la personne.<br />
En ce qui concerne les traitements<br />
post-modernes, thème qui nous préoccupe<br />
particulièrement, nous nous<br />
intéressons à l’implication du thérapeute<br />
et du patient dans une découverte<br />
mutuelle du réel et non pas à la recherche<br />
d’une vérité quelconque. La<br />
souplesse du concept fait que l’implication<br />
est présente dans toute interaction<br />
thérapeutique. Même chez les béhavioristes<br />
(thérapie comportementale et<br />
cognitive), où la seule base de construction<br />
reste ce qui est observable à<br />
l’exclusion des expériences subjectives,<br />
nous n’échappons pas au concept de<br />
l'implication. Nous pourrions presque<br />
adopter l’idée «Je m’implique en thérapie,<br />
donc je suis». Comme psychothérapeute,<br />
s’arrêter sur les séquences des<br />
séances et ensuite sur les images des<br />
séquences est un peu comme l’architecte<br />
qui fait un plan à grande échelle<br />
afin de bien cerner les détails. Pour le<br />
psychothérapeute, la maîtrise de tous<br />
les détails n’est pas l’objectif, mais la<br />
compréhension du processus reste une<br />
donnée de valeur indéniable.