PSC 5-03 - FSP
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Arrêt sur image<br />
Le concept de l’implication<br />
en psychothérapie<br />
L’implication en psychothérapie<br />
sollicite<br />
une présence tant<br />
chez le patient que<br />
chez le thérapeute.<br />
Mais quelle présence<br />
exactement, et dans<br />
quelle thérapie ?<br />
Ian Frank, psychologue<br />
spécialiste en<br />
psychothérapie <strong>FSP</strong>,<br />
se penche sur un<br />
concept peu traité<br />
dans la littérature<br />
psychologique.<br />
Pourquoi le sujet de<br />
l’implication en psychothérapie?<br />
Parce<br />
que nous sommes<br />
impliqués par notre<br />
implication dans nos<br />
thérapies! C’est une<br />
réalité de notre travail<br />
qui est rarement<br />
explicitée. Peut-être<br />
cette thèse paraîtelle<br />
simpliste, mais<br />
en cernant de plus<br />
près ce concept, il se<br />
complique rien que<br />
par ses définitions.<br />
Le terme «implication»<br />
est associé<br />
par une majorité de<br />
lecteurs à l’idée<br />
d’entraîner des<br />
conséquences ou un<br />
engagement (malheureux?), voire de<br />
se compromettre. Dans un dictionnaire<br />
français de psychologie, on consacre<br />
plusieurs paragraphes à l’inculpation!<br />
C’est le psychologue genevois Claparède<br />
qui a le mieux utilisé ce concept.<br />
L’implication en tant que processus,<br />
a-t-il écrit, permet au sujet de s’orienter<br />
face à l’aléatoire afin de tester des<br />
hypothèses.<br />
L’année dernière, un collègue avec qui<br />
je venais de faire une supervision clinique<br />
live m’a demandé si je pouvais<br />
donner une conférence dans le cadre de<br />
Bibliographie<br />
Duruz, N. (1994). Psychothérapie ou psychothérapies ?<br />
Prolégomènes à une analyse comparative.<br />
Lausanne : Delachaux et Niestlé.<br />
Elkaïm, M. (1995). Panorama des Thérapies Familiales.<br />
Paris : Seuil.<br />
Frank, I. (1990). La Double Contrainte. Adolescence, Revue<br />
Semestrielle de Psychanalyse, 9, 1.<br />
Frank, I. (1999). La Psychothérapie Familiale : une réponse<br />
au mal-être de certains adolescents et leur famille.<br />
Générations, 17.<br />
Gergen, S. & K. (1992). Therapy as Social Construction.<br />
London : Sage.<br />
Goolishian, H., et Anderson, H. (1990). De la Thérapie familiale<br />
à la thérapie systémique et au-delà.<br />
Psychoses et Adolescence. Paris : Masson.<br />
séminaires sur les approches de situations<br />
de crise. J’étais libre de choisir le<br />
sujet de mon intervention. Au moment<br />
où il me faisait cette demande, nous<br />
venions de sortir d’une longue supervision<br />
d’un couple et j’étais encore très<br />
remué par ce que j’avais ressenti lors<br />
de ce traitement. Fort de cette heure de<br />
supervision et sans réfléchir plus loin,<br />
j’ai répondu: «Je parlerai de l’implication<br />
en psychothérapie.» Je m’étais<br />
rendu compte à quel point nous pouvons<br />
être impliqués dans une relation,<br />
et cela même en tant que superviseur,<br />
sans y participer directement.<br />
Recherche d’une définition<br />
En préparant la conférence, j’ai constaté<br />
que peu d’auteurs semblent avoir<br />
écrit sur ce thème qui préoccupe les<br />
professionnels travaillant dans la relation<br />
en psychothérapie. Vous me direz<br />
qu’on parle bien de distance, de neutralité,<br />
de transfert, de contre-transfert,<br />
d’engagement, d’investissement, etc.<br />
Mais nous parlons très peu, ou pour<br />
ainsi dire jamais, de l’implication.<br />
Dans son livre Psychothérapie ou<br />
Psychothérapies? Prolégomènes à une<br />
analyse comparative, Nicolas Duruz<br />
lui consacre quelques pages et fait des<br />
références intéressantes. Il s’interroge<br />
même sur l’utilité de définir la psychothérapie.<br />
Comme base pour la discussion d’aujourd’hui,<br />
je dirais que la psychothérapie<br />
est un outil important et utile aux<br />
personnes dans un moment de la vie où<br />
elles se posent des questions pour lesquelles<br />
les réponses ne sont pas évidentes.<br />
Pour le patient 1 qui consulte, le<br />
but est de trouver un sens aux contenus<br />
psychiques. En ce qui concerne l’implication,<br />
vaut-il la peine de lui attribuer<br />
une définition? Pendant des années,<br />
on a trouvé d’autres mots et d’autres<br />
chemins pour exprimer un processus<br />
évident mais peu décrit. C’est l’objectif<br />
de cette réflexion. Jusqu’à maintenant,<br />
il me semble que l’on est passé à côté<br />
d’un concept. Or, nous avons suffisamment<br />
d’éléments pour cerner la définition<br />
de l’implication et chercher une<br />
meilleure compréhension quant à son<br />
utilisation.<br />
Comparaison avec la construction<br />
L’implication est un dénominateur commun<br />
du travail en psychothérapie, que<br />
ce soit chez des pionniers et modernistes<br />
comme Freud, Jung, Rogers, Winnicott,<br />
de Shazer et Andolfi, ou chez des<br />
post-modernistes, comme les constructionnistes<br />
sociaux Goolishian, Anderson<br />
et White. Notre existence peut être<br />
perçue en deux facettes, celle de l’intérieur<br />
et celle de l’extérieur. Cette dernière<br />
correspond à la vision d’un architecte<br />
qui réalise une structure: sa perspective<br />
tient compte de l’environnement,<br />
du contexte, de l’emprise du bâtiment<br />
sur le terrain, etc. La construction<br />
de la psyché, la vie interne, comprend<br />
également plusieurs variables. Quand<br />
le thérapeute intervient, il doit d’abord<br />
trouver la clef pour ouvrir la porte<br />
d’entrée, c’est-à-dire être reçu dans<br />
l’intimité du patient, ce qui est plus<br />
difficile que la simple réponse à une<br />
demande de psychothérapie. Une thérapie<br />
suppose 1) qu’il y ait une demande<br />
de la part du patient, 2) le choix du<br />
cadre (clinique, cabinet ou service de<br />
consultation), 3) arrêter un projet ou<br />
une approche thérapeutique et 4) commencer<br />
la thérapie. Pour ces professionnels<br />
des perspectives que sont l’architecte<br />
et le psychothérapeute, sans<br />
capacité à s’impliquer, il ne restera<br />
qu’une distance telle que toute relation<br />
sera compromise. Sans la relation,<br />
il n’y a pas de synergie. L’implication<br />
du patient et du thérapeute, indépendamment<br />
du modèle de traitement, est<br />
le liant pour assurer la meilleure issue<br />
possible et ainsi éviter la confusion<br />
puis la perte des objectifs thérapeutiques.<br />
Le terme « implication» n’est pas un<br />
concept psychanalytique ou systémique,<br />
mais plutôt la représentation de<br />
l’engagement et de la relation. En psychothérapie,<br />
l’implication est la prémis-<br />
Note<br />
(1) Il y a une tendance de plus en plus actuelle à<br />
distinguer la consultation médicale de la consultation<br />
psychologique, en utilisant le mot «patient»<br />
pour la première et «client» pour la seconde.<br />
Dans cette rédaction, je choisis de garder la tradition<br />
en utilisant le terme «patient». Bien entendu,<br />
il peut en tout temps s’agir d’un ou de plusieurs<br />
patients: individuel, couple ou famille.