PSC 5-03 - FSP

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d o s s i e r a t t e n t i o n Sommaire En bref De la théorie à la clinique Tout un chacun est confronté dans la vie quotidienne au phénomène de «l’attention», un terme largement répandu dans le langage courant. Thérèse Hirsbrunner, psychologue spécialiste en neuropsychologie FSP, démontre la complexité de ce concept lorsqu’il est appréhendé dans le cadre de la neuropsychologie clinique. Elle en expose tour à tour les modèles théoriques et neuro-anatomiques ainsi que les aspects cliniques. Page 19 Tests d’évaluation Il existe à l’heure actuelle de nombreux tests de l’attention. Pierre Zwicky, psychologue spécialiste en psychothérapie FSP, présente un aperçu des méthodes qui permettent d’évaluer les différentes composantes de l’attention (vigilance, attention soutenue, sélective ou divisée) et de mesurer le contrôle attentionnel. Page 22 L’implication en psychothérapie L’étude de la relation en psychothérapie fait souvent référence à des notions telles que la distance, le transfert, le contre-transfert, l’engagement, etc. Mais on parle très peu de l’implication. Ian Frank, psychologue spécialiste en psychothérapie FSP, propose une réflexion sur ce concept, qui est incarné par le mouvement constructionniste social. Page 24 Trois questions à... Hansjörg Znoj, psychologue FSP Le huitième congrès de la Société suisse de psychologie (SSP) se déroulera les 14 et 15 octobre prochain à Berne. Vous-même et le professeur Alexander Grob organisez ce congrès qui entend montrer le « paysage de la recherche en Suisse ». La Suisse est-elle vraiment une terra incognita sur la carte de la science ? Oui, en grande partie. Les spécialistes participent à des congrès qui se déroulent souvent à l’étranger. Et il arrive qu’une thérapeute zurichoise s’intéresse davantage à l’état de la recherche californienne en psychothérapie qu’à des échanges avec ses collègues fribourgeois. Nous entendons cependant montrer que la Suisse n’est pas une contrée désertique en matière de recherche et qu’elle a beaucoup à offrir. Qu’attendez-vous ? Des sièges vides ou un auditorium plein à craquer ? Plutôt votre deuxième hypothèse … Nous espérons que de nombreux orateurs de toute la Suisse vont s’inscrire. Pour qu’un congrès soit bon sur le plan de la qualité, il faut une «masse critique » de participants. Alexander Grob et moi estimons que la Suisse dispose d’un si grand nombre d’étudiants et d’enseignants que cette masse devrait être atteinte et que le niveau qualitatif du congrès sera élevé. En outre, nous nous sommes assuré la participation de deux spécialistes étrangers renommés, Lee Anna Clark et Ed Diener, qui présenteront les deux exposés principaux en donnant chacun une image différente du well-being. Mais pourquoi de jeunes psychologues devraient-ils venir à Berne côtoyer des collègues plus âgés ? Cette manifestation peut justement servir de « bourse aux contacts» pour des jeunes, car ils rencontreront à Berne des professionnels confirmés. Le Prix des jeunes chercheurs est une autre bonne raison de participer. Il s’agit d’un prix attribué tous les deux ans par la SSP à des psychologues âgés de moins de 34 ans qui se distinguent par leur créativité. En plus de la récompense financière, les lauréats auront la possibilité de présenter leurs résultats devant une large audience. Les exposés peuvent être annoncés jusqu’au 1 er juin 2003. Contact: sekrgrob@psy.unibe.ch ou: SSP/SGP 2003, Institut de psychologie, Université de Berne, 3000 Berne 9. La mise au concours du Prix des jeunes chercheurs se trouve sur le site: www.unifr.ch/psycho/sgp-ssp/ Frais de participation au congrès: Prof./Dr.: 100 francs; assistants et doctorants: 70 francs; étudiants: 40 francs; les membres de la SSP bénéficient d’un rabais de 20 francs. Dès le 1 er septembre, toutes les inscriptions seront majorées de 20 francs. Douleurs rebelles Les médecins sont souvent démunis devant des patients qui souffrent de douleurs chroniques, rebelles à toutes leurs stratégies thérapeutiques. Ces douleurs, insuffisamment expliquées par des facteurs organiques, sont la source de nombreux malentendus entre le soignant et le malade. La doctoresse genevoise Anne-Françoise Allaz, spécialiste de médecine interne et psychosomaticienne, vient de publier un livre qui veut aider les praticiens dans leurs rencontres avec ces patients. Elle met l’accent sur des dimensions souvent négligées, à savoir les aspects psychologiques et sociaux ainsi que le passage à la chronicité et à l’invalidité. Anne-Françoise Allaz: «Le messager boiteux – Approche pratique des douleurs chroniques rebelles», Médecine & Hygiène, Genève, 2003. Réflexions sur le vieillissement La revue Actualités psychologiques consacre son dernier numéro à la gérontologie, une science multiple, complexe et évolutive. Les auteurs appartiennent à des disciplines comme la psychologie, la psychosociologie et les sciences infirmières. Deux d’entre eux évoquent l’interdisciplinarité et l’interprofessionnalité. Un article porte sur les enjeux et les apports de la gérontologie psychosociale, un autre sur la perception subjective du temps chez les nouveaux retraités et le quatrième sur la vie émotionnelle de la personne âgée. «La gérontologie en questions», sous la direction d’Eliane Christen-Gueissaz, Actualités psychologiques, 2003-13, Institut de psychologie, Université de Lausanne.
d o s s i e r 18/19 a t t e n t i o n Sélective, soutenue Les recherches ou divisée Appréhendée dans le cadre de la neuropsychologie clinique, l’attention est un système complexe. Thérèse Hirsbrunner, psychologue spécialiste en neuropsychologie FSP, en expose les modèles théoriques et neuroanatomiques ainsi que les aspects cliniques. In memoriam Jean-François Camus Quotidiennement, et même à tout instant, nous sommes confrontés à l’« attention ». Il nous est arrivé à tous de nous entendre dire « Fais attention ! », après avoir commis une maladresse. Ou alors de déclarer « Je n’y ai pas prêté attention ! », dans ce cas pour nous excuser de ne pas pouvoir fournir une information. Interrogé par ce terme, si répandu dans le langage usuel, plus d’un psychologue a tenté de mieux comprendre le concept qu’il recouvre. La psychologie cognitive a certes été l’approche qui a permis d’apporter le plus d’éclaircissements. Mais qu’entend-on par « cognitif » ? Camus (1996) parle de représentation cognitive « si une représentation est constituée en un ensemble organisé qui correspond, sur le plan fonctionnel, à une connaissance durable à propos de laquelle il est possible de prendre une décision pour l’action, ou contribue à la prise de décision ». De plus, comme le démontre LaBerge (1995), l’approche doit également tenir compte des composantes neurobiologiques. La psychologie co- Schéma nº 1 sur l’attention en psychologie clinique gnitive de l’attention est plus particulièrement concernée par l’attention en tant que processus s’exerçant sur nos représentations, donc par l’analyse des opérations de traitement. Or il y a une grande diversité des processus attentionnels qui assurent différentes opérations nécessaires pour le contrôle des actions. En effet, nous pouvons relever l’importance de la sélection de l’information, de la focalisation attentionnelle, de la mobilisation des ressources attentionnelles, de la résistance à la distraction, du contrôle du bon déroulement de l’action qui nécessite des capacités de flexibilité, mais également le maintien d’une attention soutenue. Van Zomoren et Brouwer (1994) ont démontré que l’attention peut être subdivisée en deux grands domaines. Le premier représente les aspects « intensité » de l’alerte et de l’attention soutenue. Le second représente les aspects « sélectifs » de l’attention focalisée et de l’attention divisée. Le schéma nº 1 montre le système attentionnel, tel qu’il a été représenté par Cohen (1993). Les opérations attentionnelles sont étudiées au travers de différents paradigmes. Voyons tour à tour les principales composantes du système attentionnel : 1) L’attention sélective ou focalisée L’attention sélective correspond à l’aspect le plus fréquent et le plus commun du terme « attention ». C’est la capacité de traiter de manière sélective un événement au détriment d’autres qui apparaissent simultanément. Il est indispensable, dans la vie de tous les jours, de pouvoir sélectionner l’information qui nous intéresse, sans se laisser déranger et submerger par la multitude de stimuli auxquels nous sommes sans cesse confrontés. Pour ce faire, le filtrage de l’information (Broadbent, 1957 ; 1971) au niveau central – et non pas au niveau périphérique – permet d’isoler la représentation de la cible parmi les distracteurs simultanément présents. Par exemple, si nous cherchons un produit dans un supermarché, nous nous « référons » à la représentation de notre cible, afin de filtrer les informations visuelles en écartant les distracteurs, soit les produits qui ne nous intéressent pas. La sélection porte donc sur une représentation cognitive. Cette capacité de séparer la cible des distracteurs « s’effectue par un double mouvement de magnification de la représentation de la cible et d’inhibition de celle des distracteurs » (Camus, 1996). Mais comment peut-on maintenir l’attention sélective ? 2) L’attention soutenue L’étude de l’attention soutenue est immanquablement confrontée aux fluctuations de l’attention et se confond, au niveau neurophysiologique, avec l’état d’« éveil ». Très souvent, le terme de « vigilance » est utilisé de manière abusive en lieu et place « d’attention soutenue ». Ces deux termes recouvrent probablement un même continuum, mais se situent chacun à une extrémité. Lors d’un état de vigilance, peu d’informations sont traitées par le sujet. En situation d’attention soutenue, le flot d’informations à traiter est important et rapide. L’illustration d’une tâche de vigilance est typiquement la surveillance d’un écran, où il s’agit de repérer des variations occasionnelles de l’information. Par contre, un traducteur-interprète se trouve en situation d’attention soutenue. Il est donc aisé de comprendre Bibliographie Camus J. F. (1996). La psychologie cognitive de l’attention. Paris : Armand Colin. Couillet, J., Leclercq, M., Moroni Ch., & Azouvi, Ph. (2001). La neuropsychologie de l’attention. Marseille : Solal. Damasio, A. R. (1995). L’erreur de Descartes. La raison des émotions. Paris : Odile Jacob. Leclercq, M., & Zimmermann, P. (2002). Applied Neuropsychology of Attention. Psychology Press. Londres : Taylor & Francis Group. L’auteure tient à disposition une bibliographie complète.
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