Dossier pédagogique - Pinacothèque de Paris
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Ce principe <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce alternée aura plusieurs<br />
conséquences sur le pays : tout d’abord, la<br />
ville d’Edo va se développer considérablement<br />
pour accueillir les daimy et leur escorte. Au<br />
début du XVII e siècle, Edo compte un million<br />
d’habitants, ce qui fait d’elle la ville la plus peuplée<br />
du mon<strong>de</strong>.<br />
La moitié <strong>de</strong> la population d’Edo est alors<br />
composée <strong>de</strong> samouraïs (guerriers) qui sont<br />
venus accompagner leur maître pour leur séjour<br />
forcé. On assiste donc à la création <strong>de</strong> lieux <strong>de</strong><br />
plaisirs et <strong>de</strong> divertissements pour occuper les<br />
guerriers forcés à l’inaction (la paix étant installée)<br />
et pour répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la classe<br />
moyenne enrichie (marchands et commerçants)<br />
en quête <strong>de</strong> loisirs. Des quartiers réservés aux<br />
divertissements voient le jour dans les gran<strong>de</strong>s<br />
villes. À Edo, <strong>de</strong>ux quartiers <strong>de</strong>viennent les pôles<br />
d’attraction : le quartier <strong>de</strong>s théâtres et le quartier<br />
<strong>de</strong>s plaisirs (Yoshiwara), où l’on peut se divertir<br />
auprès <strong>de</strong>s courtisanes et <strong>de</strong>s geishas.<br />
Le kabuki, forme <strong>de</strong> théâtre dansé joué exclusivement<br />
par les hommes, rencontre un très<br />
grand succès. Les acteurs <strong>de</strong> kabuki <strong>de</strong>viennent<br />
<strong>de</strong> véritables stars au Japon. Les directeurs <strong>de</strong><br />
théâtre cherchent à développer leur communication<br />
et se tournent rapi<strong>de</strong>ment vers un nouveau<br />
support publicitaire : l’estampe. En effet, ce média<br />
a <strong>de</strong> nombreux avantages : il permet une gran<strong>de</strong><br />
diffusion, car l’on peut produire <strong>de</strong> nombreuses<br />
images en un délai très court, et il est très bon<br />
marché. D’abord utilisées comme afches ou<br />
programmes <strong>de</strong> spectacle, les estampes envahissent<br />
très rapi<strong>de</strong>ment les étals <strong>de</strong>s marchés, où<br />
elles sont achetées par les citadins qui souhaitent<br />
gar<strong>de</strong>r un souvenir <strong>de</strong> leurs loisirs ou tout simplement<br />
décorer leur intérieur. Les scènes <strong>de</strong> la<br />
vie quotidienne, les acteurs et les courtisanes<br />
sont les sujets principaux <strong>de</strong>s estampes <strong>de</strong> la n<br />
du XVII e siècle.<br />
En parallèle, l’édition connaît un développement<br />
sans précé<strong>de</strong>nt et contribue à l’essor <strong>de</strong><br />
l’art <strong>de</strong> l’estampe. En effet, au début du XVIII e<br />
siècle, 85 % <strong>de</strong> la population masculine d’Edo est<br />
lettrée et les Japonais raffolent <strong>de</strong>s livres illustrés<br />
qui paraissent sur les quartiers <strong>de</strong> plaisirs d’Edo<br />
ou les chroniques <strong>de</strong> la vie quotidienne <strong>de</strong> la ville<br />
en plein développement.<br />
Fin XVIII e , les habitants d’Edo renforcent<br />
encore la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en estampes avec la diffusion<br />
dans les couches urbaines plus populaires<br />
<strong>de</strong> la pratique consistant à accrocher dans un<br />
tokonoma (alcôve) une peinture agrémentée<br />
d’un poème <strong>de</strong> saison. Cette tradition implique<br />
un certain niveau économique car il s’agit <strong>de</strong><br />
changer l’œuvre très régulièrement an <strong>de</strong> suivre<br />
le déroulement <strong>de</strong>s saisons. La prospérité<br />
économique et les techniques <strong>de</strong> gravure moins<br />
onéreuses permettant l’acquisition d’estampes<br />
à moindres frais, nous assistons alors avec la<br />
propagation <strong>de</strong> cette pratique à l’âge d’or <strong>de</strong><br />
l’ukiyo-e (l’estampe).<br />
Ukiyo-e<br />
Ukiyo-e : terme japonais signifiant « image<br />
du mon<strong>de</strong> flottant ». Il désigne un mouvement<br />
artistique japonais <strong>de</strong> l’époque<br />
d’Edo (1603-1868). L’expression <strong>de</strong><br />
« mon<strong>de</strong> ottant », ukiyo, apparaît au Moyen<br />
Âge dans le vocabulaire bouddhique pour<br />
désigner le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> douleur qu’est la vie<br />
humaine avec tout ce qu’elle a <strong>de</strong> transitoire<br />
et <strong>de</strong> non permanent. En effet, le cycle <strong>de</strong><br />
la vie quotidienne et sa suite <strong>de</strong> plaisirs terrestres<br />
ne sont que <strong>de</strong>s images qui s’offrent<br />
au regard un beau jour pour s’effacer le len<strong>de</strong>main.<br />
Les artistes <strong>de</strong> l’ukiyo-e s’attachent<br />
à décrire la vie et les mœurs du temps, les<br />
portraits <strong>de</strong>s courtisanes et <strong>de</strong>s acteurs, le<br />
passage <strong>de</strong>s saisons, etc.<br />
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