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Dossier pédagogique - Pinacothèque de Paris

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orangé pâle faisant paraître bleu les terrains – <strong>de</strong>s<br />

soleils jaunes splendi<strong>de</strong>s. »<br />

Plus tard, le 17 octobre, il écrit à Gauguin,<br />

qui doit peu après quitter la Bretagne pour aller<br />

s’installer chez Van Gogh, à Arles : « J’ai toujours<br />

encore présent dans ma mémoire l’émotion que<br />

m’a causé le trajet cet hiver <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> à Arles.<br />

Comme j’ai guetté “si cela était déjà du Japon”!<br />

Enfantillage quoi. »<br />

L’inuence <strong>de</strong>s autres formes <strong>de</strong> l’art<br />

japonais sur Van Gogh<br />

Le regard <strong>de</strong> Van Gogh n’a pas été uniquement<br />

formé par l’observation <strong>de</strong> gravures japonaises,<br />

d’autres formes d’art japonais ont dû aussi jouer<br />

un rôle, comme le prouve la toile qu’il peint à<br />

Saint-Rémy pour célébrer la naissance du ls <strong>de</strong><br />

Theo, Amandier en eur. Van Gogh a pu trouver<br />

<strong>de</strong>s dizaines d’arbres en eur dans ses estampes,<br />

mais la façon particulière dont il a représenté ici<br />

la branche eurie sur un fond quasi monochrome<br />

évoque moins ces planches que les poteries ou<br />

les laques japonais où les branches euries sont<br />

souvent le seul motif. La céramique japonaise<br />

était elle aussi très appréciée à <strong>Paris</strong>, et Van Gogh<br />

a sans aucun doute connu <strong>de</strong>s œuvres telles<br />

que la gran<strong>de</strong> assiette qui gure au centre d’une<br />

illustration <strong>de</strong> L’Art japonais et qui faisait partie<br />

<strong>de</strong> la collection <strong>de</strong> Louis Gonse.<br />

Saint-Rémy et Auvers-sur-Oise<br />

Le 8 mai 1889, Van Gogh se fait volontairement<br />

interner à l’asile <strong>de</strong> Saint-Paul-<strong>de</strong>-Mausole, à<br />

Saint-Rémy. Le jardin <strong>de</strong> l’asile va <strong>de</strong>venir pour<br />

lui une source importante <strong>de</strong> motifs, comme<br />

dans le magistral Jardin <strong>de</strong> l’asile <strong>de</strong> Saint-Rémy<br />

qu’il réalise peu après son arrivée.<br />

Van Gogh se met à expérimenter un nouveau<br />

style qui laisse moins <strong>de</strong> place aux grands aplats <strong>de</strong><br />

couleurs vives ; sa palette <strong>de</strong>vient plus mo<strong>de</strong>rne,<br />

et son pinceau se fait plus rythmique, plus mobile.<br />

Un grand nombre <strong>de</strong> ces œuvres doit en tout<br />

cas quelque chose aux estampes ukiyo-e ; d’autres<br />

sont très japonisantes, comme <strong>de</strong>ux sous-bois<br />

aux arbres extrêmement découpés.<br />

Vers la n du séjour <strong>de</strong> Van Gogh à l’asile,<br />

Theo lui écrit une lettre dans laquelle il s’extasie<br />

sur une magnique exposition d’estampes et <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ssins japonais présentée à <strong>Paris</strong> 2 . Van Gogh<br />

lui répond qu’il se réjouit d’aller la voir. Il quitte<br />

Saint-Rémy le 16 mai et séjourne chez Theo du<br />

17 au 19, avant <strong>de</strong> partir à Auvers-sur-Oise le 20<br />

mai. L’exposition durait jusqu’au 22 mai, et bien<br />

que la correspondance ne nous donne aucune<br />

certitu<strong>de</strong> sur le sujet et que son séjour à <strong>Paris</strong><br />

ait été <strong>de</strong> courte durée, il est possible que Van<br />

Gogh l’ait effectivement visitée.<br />

Durant les <strong>de</strong>ux mois et une semaine <strong>de</strong><br />

son séjour à Auvers-sur-Oise, Van Gogh est très<br />

productif et explore <strong>de</strong> nombreuses possibilités<br />

nouvelles. À son arrivée, les marronniers sont en<br />

eur, ce qui lui inspire quelques œuvres. Pendant<br />

les <strong>de</strong>rnières semaines <strong>de</strong> son existence – il se<br />

tire une balle dans la poitrine le 27 juillet et<br />

meurt <strong>de</strong>ux jours plus tard – il témoigne encore<br />

du regard unique qu’il porte sur le mon<strong>de</strong> et qu’il<br />

transpose dans ses œuvres en s’appuyant sur les<br />

modèles <strong>de</strong>s maîtres qu’il apprécie. Quoique le<br />

rêve japonais <strong>de</strong> Van Gogh ne se soit pas réalisé<br />

et qu’il ne lui ait pas été donné <strong>de</strong> trouver la<br />

sérénité qui habitait selon lui les artistes nippons,<br />

leurs œuvres n’en ont pas moins joué un rôle<br />

irremplaçable dans la formation <strong>de</strong> son style pétri<br />

<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnité.<br />

Madame Chrysanthème<br />

En juin 1888, Van Gogh lit un livre fraîchement<br />

paru qui renouvelle ses idées sur le Japon :<br />

Madame Chrysanthème <strong>de</strong> Pierre Loti. Le roman<br />

fourmille d’anecdotes sur l’empire du Soleil-<br />

Levant qui enthousiasment Van Gogh. Loti parle<br />

notamment d’une mousmé, terme exotique que<br />

Van Gogh donne à un tableau et à quelques<br />

<strong>de</strong>ssins d’une jeune Provençale qu’il réalise peu<br />

après avoir lu le livre 3 .<br />

2. Lettre 869 <strong>de</strong> Theo à Vincent, voir aussi vangoghletters.org, n° 4. L’exposition avait été organisée par Siegfried Bing, s’était déroulée<br />

à l’École <strong>de</strong>s beaux-arts et regroupait sept cent vingt-cinq œuvres.<br />

3. Pour <strong>de</strong>s précisions à ce sujet, voir KODERA, « Van Gogh’s Utopian Japonisme », in Charlotte van RAPPARD-BOON et al, Japanese<br />

prints, catalogue <strong>de</strong> la collection du Van Gogh Museum, édition révisée, Amsterdam, 2006, pp. 11-45.<br />

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