24.05.2014 Views

Dossier pédagogique - Pinacothèque de Paris

Dossier pédagogique - Pinacothèque de Paris

Dossier pédagogique - Pinacothèque de Paris

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

UN AUTRE REGARD SUR LE JAPONISME 1<br />

• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •<br />

Fascination pour le japonisme :<br />

les années 1860<br />

Dans les années 1860, le Japon <strong>de</strong>vient à son<br />

tour une source d’inspiration majeure pour les<br />

peintres français. En effet, les relations entre les<br />

<strong>de</strong>ux pays s’intensient suite à la restauration <strong>de</strong><br />

Meiji. Les artistes européens font connaissance<br />

avec les estampes ukiyo‐e par le biais d’expositions<br />

(Londres 1862, <strong>Paris</strong> 1867, 1878, 1889) ou<br />

<strong>de</strong> collectionneurs privés, tels que Samuel Bing<br />

ou Felix Bracquemond.<br />

Ce moyen d’expression exotique <strong>de</strong>vient vite<br />

une source d’inspiration, grâce aux estampes <strong>de</strong><br />

Hiroshige, Hokusai ou Utamaro : les impressionnistes<br />

revoient les règles académiques <strong>de</strong> la composition,<br />

<strong>de</strong> la lumière ou <strong>de</strong> la perspective, en<br />

introduisant une conception nouvelle <strong>de</strong> l’esthétique<br />

basée sur <strong>de</strong>s pivots « peu conventionnels »<br />

– perspective inclinée, mise un évi<strong>de</strong>nce d’un<br />

élément peu important, haute ligne d’horizon,<br />

etc. En 1872, le collectionneur Philippe Burty<br />

donne un nom à cet ensemble <strong>de</strong> nouveaux<br />

concepts, en parlant <strong>de</strong> « japonisme » dans un<br />

<strong>de</strong> ses articles. Ce terme désigne alors l’intérêt<br />

pour tout ce qui provient du Japon : art, objets,<br />

décors, etc.<br />

En 1969, une exposition est présentée au<br />

musée oriental <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, où <strong>de</strong>s objets japonais<br />

<strong>de</strong> toutes sortes sont mis en parallèle avec <strong>de</strong>s<br />

pièces similaires provenant d’autres cultures<br />

asiatiques. Cette exposition, qui est largement<br />

commentée dans la presse quotidienne, donne<br />

<strong>de</strong> précieuses indications sur les différentes<br />

façons dont les objets japonais s’intègrent dans<br />

la culture artistique parisienne. Le public intéressé<br />

peut désormais en examiner une gran<strong>de</strong><br />

variété, et la rapidité avec laquelle les collections<br />

se constituent alors va apporter <strong>de</strong>s changements<br />

importants dans l’art et la culture <strong>de</strong><br />

toute l’Europe. Cette inuence est déjà manifeste<br />

dans le Portrait <strong>de</strong> Madame Camus (1869) par<br />

Degas, qui y peint l’épouse d’un riche mé<strong>de</strong>cin<br />

et porte ainsi l’enthousiasme pour le Japon à un<br />

niveau supérieur. Certes, Madame Camus tient<br />

un éventail japonais à la main, ce qui pourrait<br />

n’être qu’un simple hommage à la culture nippone,<br />

mais Degas témoigne ici d’une déférence<br />

encore plus profon<strong>de</strong> envers l’art japonais et ses<br />

objets quotidiens. En effet, en plaçant le modèle<br />

sur le côté <strong>de</strong> la toile, <strong>de</strong> prol, il ne cherche<br />

pas tant à représenter un contexte anecdotique<br />

qu’à révéler les éléments <strong>de</strong> l’esthétique japonaise<br />

susceptibles <strong>de</strong> modier les conventions<br />

artistiques occi<strong>de</strong>ntales. Dans cette œuvre,<br />

Degas anticipe les éléments <strong>de</strong> composition et<br />

<strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> l’espace qui vont inuencer<br />

la conception picturale durant les décennies à<br />

venir – un aspect fort important du début <strong>de</strong> la<br />

fascination pour le Japon.<br />

D’autres artistes renommés introduisent<br />

<strong>de</strong>s éléments japonisants dans leurs tableaux<br />

– Olympia, dans la peinture éponyme d’Édouard<br />

Manet (1863), est placée dans un environnement<br />

oriental ; le peintre introduit également un paravent<br />

japonais et une estampe dans son Portrait<br />

d’Émile Zola, prouvant ainsi que le japonisme<br />

est présent dans les milieux littéraires. Manet<br />

est inuencé par les techniques <strong>de</strong> l’ukiyo‐e, qu’il<br />

reproduit notamment dans son œuvre En bateau<br />

(1874) ou encore dans Le Chemin <strong>de</strong> fer (1873).<br />

Henri <strong>de</strong> Toulouse‐Lautrec reçoit une inuence<br />

similaire, s’inspirant même <strong>de</strong>s sceaux japonais<br />

que l’on trouve sur les estampes pour sa signature.<br />

Clau<strong>de</strong> Monet possè<strong>de</strong> une collection <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux cent cinquante estampes japonaises dans<br />

sa maison <strong>de</strong> Giverny. Il représente le petit pont<br />

<strong>de</strong> style japonais enjambant son étang dans les<br />

couleurs <strong>de</strong>s estampes <strong>de</strong> Hiroshige. Il a également<br />

peint La Japonaise (1876) en représentant<br />

sa femme dans un kimono.<br />

1. D’après Dr Gabriel P. WEISBERG, « Un autre regard sur le japonisme », in Van Gogh, rêves <strong>de</strong> Japon, catalogue <strong>de</strong> l’exposition, Éditions<br />

<strong>de</strong> la <strong>Pinacothèque</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> / Éditions Gourcuff Gra<strong>de</strong>nigo, <strong>Paris</strong>, 2012, pp. 8‐21.<br />

21

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!