Dossier pédagogique - Pinacothèque de Paris

HIROSHIGE, UNE APPROCHE POÉTIQUE DE LA NATURE
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« Mon intention est surtout de dessiner des paysages
tels que l’on peut les voir aujourd’hui de ses propres yeux. »
Hiroshige, Souvenirs illustrés d’Edo, 1850
Ce qui compte pour Hiroshige, c’est évoquer
l’idée d’un paysage et transmettre une certaine
vision. Il ne se limite pas à reproduire la réalité ;
il la transgure, souligne la poésie des paysages
et interprète la nature avec une profonde sensibilité.
L’art de Hiroshige se caractérise par son
approche poétique de la nature. Privilégiant les
effets d’atmosphère, les phénomènes climatiques,
la lumière, il suggère avec lyrisme la saison, gure
les intempéries (pluie de printemps, orage, vent,
neige, brouillard) ou encore les moments de
la journée (aube dans la brume, lever de soleil,
crépuscule du soir, clair de lune, obscurité de
la nuit).
À travers les caprices du temps, la oraison
des cerisiers ou la chute soudaine des eurs, il
évoque avec nostalgie la brièveté de la vie et
les plaisirs fugitifs. Attentif aux manifestations de
l’« impermanence » et de l’éphémère, observateur
enthousiaste et parfois mélancolique de la
nature, sensible à sa beauté, à sa fragilité et à ses
variations, il cherche à en saisir les impressions
instantanées et changeantes, précurseur en ce
sens des impressionnistes sur qui il exercera une
inuence très nette. Le maître parvient à représenter
un site réel de façon identiable, tout en le
baignant de cette aura poétique et mystérieuse
inhérente à la nature. Hiroshige est un véritable
« portraitiste » de la nature.
Au contraire de Hokusai qui privilégie l’activité
humaine dans un paysage qui sert de décor,
Hiroshige privilégie d’abord le paysage puis intègre
au premier plan de ses estampes des personnages.
Suivant la tradition des meisho‐e (peintures
japonaises de « vues célèbres »), il immortalise
des sites fameux ainsi que des vues urbaines :
ponts, rivières, cascades, lacs, côtes, montagnes,
rizières, temples, sanctuaires, théâtres, maisons
de thé, auberges ou boutiques. Il saisit également
sur le vif des scènes de genre : des foules
bigarrées, des personnages de toutes conditions,
voyageurs, marchands, artisans, paysans, pèlerins,
moines, geishas et samouraïs. Ces gures anonymes,
représentées de manière synthétique et
souvent avec humour, se fondent dans le paysage
; inuencé par les principes du shintoïsme,
Hiroshige les représente en symbiose avec
une nature gloriée, qu’il dévoile sous tous ses
aspects saisonniers.
Ses compositions reposent fréquemment
sur l’opposition entre le premier et l’arrièreplan,
entre le mouvement et l’immobilité, entre
l’agitation humaine et le statisme du paysage. Il
attache la même importance que Hokusai à la
construction géométrique de l’estampe : un étagement
de plans colorés, des courbes et des
lignes droites (horizontales, diagonales, verticales)
rythment la composition, structurent l’espace et
orientent le regard. Hiroshige place souvent un
sujet particulier au tout premier plan, l’exagère
et l’isole du reste du paysage.
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