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DOSSIER PÉDAGOGIQUE - Pinacothèque de Paris

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<strong>DOSSIER</strong><br />

<strong>PÉDAGOGIQUE</strong>


Table <strong>de</strong>s matières<br />

Les origines <strong>de</strong> l’empire inca 5<br />

Carte géographique 7<br />

La naissance du peuple inca 8<br />

Chronologie <strong>de</strong>s empereurs : les treize dynasties 9<br />

Les sites historiques 12<br />

Quotidien 14<br />

Conquête espagnole 19<br />

Les différents dieux 20<br />

Les principaux animaux vénérés 22<br />

Vocabulaire quechua 23<br />

Bibliographie 24<br />

3


L’empire inca est une civilisation disparue, oubliée<br />

et qui pourtant reste mystérieuse. Le peuple<br />

inca est une mosaïque <strong>de</strong> différents peuples.<br />

On ne connaît pas l’origine exacte <strong>de</strong> cette civilisation<br />

qui s’est étendue sur un vaste territoire.<br />

Les incas possè<strong>de</strong>nt leur langue officielle : le quechua,<br />

mais aucun écrit n’existe.<br />

Chavin :<br />

1500-600 av. J.-C.<br />

Paracas :<br />

700 av. J.-C.-600 av. J.-C.<br />

Nazca :<br />

700 av. J.-C. - 600 apr. J.-C.<br />

Moche :<br />

200 av. J.-C. - 700 apr. J.-C.<br />

Huari :<br />

500 - 700<br />

Chimù :<br />

500 - 1440<br />

Incas :<br />

1420 - 1534<br />

1500 av. J.-C. 1000 av. J.-C. 500 av. J.-C. An 1 500 1000 1500<br />

4


Les origines <strong>de</strong> l’empire inca<br />

Plusieurs peuples vécurent à l’endroit où s’installèrent les Incas.<br />

Chavín : <strong>de</strong> 900- 200 av. J.-C. côte Nord<br />

Cette culture a longtemps été considérée comme la plus importante du<br />

Pérou, car elle exerça une gran<strong>de</strong> influence sur les autres cultures. Chavín <strong>de</strong><br />

Huántar est un site important <strong>de</strong> ce peuple. L’expansion <strong>de</strong> la culture chavín<br />

entraîna <strong>de</strong>s innovations dans les techniques du textile et <strong>de</strong> la métallurgie.<br />

C’est aussi à cette époque, appelée Horizon lointain, qu’apparut l’artisanat<br />

du bronze. Les techniques métallurgiques telles que la soudure, le repoussé<br />

et l’alliage or-argent commencèrent à être utilisées.<br />

Nazca / Parasca : <strong>de</strong> 100 av. J.-C. à 600 après J.-C.<br />

Les habitants vivaient en communautés réparties le long <strong>de</strong>s ríos Ica<br />

et Nazca. La vallée <strong>de</strong> Nazca, où se développa une imposante architecture,<br />

était le principal centre politique et sa capitale Cahuachi était organisée<br />

comme une véritable ville dans laquelle les divers quartiers étaient réservés<br />

à <strong>de</strong>s activités spécifiques : tisserands ou potiers.<br />

La région est plus souvent connue pour ses géoglyphes, dans le sol ari<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la Pampa <strong>de</strong> Nazca. Des oiseaux <strong>de</strong>ssinés sur le sol peuvent mesurer<br />

jusqu’à 60 m et sont très nombreux. Il existe aussi <strong>de</strong>s baleines, un singe<br />

large <strong>de</strong> 90 m et une araignée <strong>de</strong> 45 m <strong>de</strong> long.<br />

Moche / Mochicas : <strong>de</strong> 100 av. à 850 apr. J.-C. côte Nord<br />

Cette civilisation s’est développée dans la vallée du fleuve Moche.<br />

Elle marque l’essor <strong>de</strong> la vallée par son urbanisme. C’est l’époque <strong>de</strong> ces<br />

civilisations qui possédaient une gran<strong>de</strong> cité. Un <strong>de</strong>s plus grands édifices est<br />

la pyrami<strong>de</strong> du Soleil. C’est un sanctuaire qui mesurait 340 m <strong>de</strong> long sur<br />

220 m <strong>de</strong> large et s’élevait à une hauteur <strong>de</strong> 30 m.<br />

Les Mochicas ont construit <strong>de</strong> nombreux aqueducs et <strong>de</strong>s systèmes d’irrigation<br />

qui pouvaient relier plusieurs vallées. Ils cultivaient le maïs, le haricot,<br />

la courge, l’arachi<strong>de</strong> et le piment. C’est avec les Mochicas que l’art <strong>de</strong> la<br />

céramique atteignit son apogée (comme les vases-portraits) : ils étaient<br />

<strong>de</strong> véritables orfèvres très créatifs. Afin <strong>de</strong> dorer les objets en cuivre,<br />

ils avaient « inventé » une technique <strong>de</strong> placage électrochimique ! Ce peuple<br />

disparut à cause <strong>de</strong>s pluies torrentielles provoquées par El Niño détruisant<br />

ainsi les canaux d’irrigation et provoquant la famine.<br />

Huari - Tiahuanaco : <strong>de</strong> 500 à 900 apr. J.-C.<br />

Ce royaume se développa au sud <strong>de</strong> la sierra. Son peuple influença<br />

une vaste partie du Pérou. La capitale était Huari. Le style Huari est<br />

une céramique polychrome brillante <strong>de</strong> style angulaire et était largement<br />

inspiré <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Tiahuanaco (Bolivie actuelle).<br />

5


L’art textile subit également <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s transformations, aussi bien au niveau<br />

<strong>de</strong>s motifs que <strong>de</strong> la teinture (introduction du rouge <strong>de</strong> cochenille).<br />

Vers l’an 1000, l’empire huari semble rapi<strong>de</strong>ment décliner et sa capitale<br />

est abandonnée.<br />

Tiahuanaco était la ville la plus élevée du Nouveau Mon<strong>de</strong> mais aussi une<br />

cité très organisée. Un système <strong>de</strong> comptabilité et <strong>de</strong> prévoyance permettra<br />

<strong>de</strong> donner une force à l’empire inca. Un ingénieux système <strong>de</strong> culture pouvait<br />

nourrir jusqu’à 40 000 personnes.<br />

Chimú / Chimor : 900 à 1470 apr. J.-C.<br />

De tous les royaumes qui ont existé, celui <strong>de</strong> Chimú apparaît le plus puissant.<br />

Le site le plus important Chan-Chán se trouve près <strong>de</strong> l’ancienne capitale <strong>de</strong>s<br />

Mochicas et fut occupé jusqu’à l’arrivée <strong>de</strong>s Incas en 1464. Avant l’arrivée <strong>de</strong>s<br />

incas, le royaume <strong>de</strong>s chimus s’étendait sur plus <strong>de</strong> 900 km. Il reste encore<br />

beaucoup <strong>de</strong> vestiges <strong>de</strong> cette époque. De nombreux tisserands, potiers<br />

ou forgerons travaillaient pour les entrepôts royaux.<br />

Les chimus étaient <strong>de</strong> grands bâtisseurs et spécialistes <strong>de</strong> l’irrigation, ils s’étaient<br />

<strong>de</strong> nouveau appropriés les anciennes canalisations <strong>de</strong>s mochicas. C’était<br />

un peuple doué en métallurgie et en orfèvrerie. Après avoir conquis Chan Chán.<br />

Les incas prirent les meilleurs artisans chimus pour les ramener dans leur cité.<br />

6


Car te géographique<br />

L’horizon récent (1400 - 1532 apr. J.-C.), les Incas<br />

montag. Juliane Cor<strong>de</strong>s assistée <strong>de</strong> Corinne Dury<br />

© <strong>Pinacothèque</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong><br />

7


La naissance du peuple inca<br />

Le lac Titicaca (vue satellite et photo) © D.R.<br />

Le lac Titicaca<br />

Manco Capac et Mama Ocllo sont sortis <strong>de</strong>s eaux du lac Titicaca, aux rivages<br />

<strong>de</strong> Puno et ont avancé vers le nord.<br />

Selon la légen<strong>de</strong>, le dieu créateur Viracocha ou Inti le Dieu Soleil, envoya<br />

le couple Manco Capac et Mama Ocllo sur terre afin <strong>de</strong> construire<br />

une nouvelle civilisation, la <strong>de</strong>rnière ayant été dévastée par un déluge.<br />

Ce couple était mari/femme et frère/sœur. Le Dieu leur donna<br />

un sceptre d’or avec pour objectif <strong>de</strong> trouver un endroit pour fon<strong>de</strong>r<br />

un nouveau royaume. Le sceptre d’or s’enfonça sur une terre riche.<br />

Le lieu <strong>de</strong>vint la première ville inca dénommée Cuzco ou Cusco signifiant<br />

le « nombril » en quechua.<br />

Manco Capac a envoyé ceux qui étaient avec lui s’installer dans la partie<br />

haute <strong>de</strong> la vallée, qui a été appelée Hanan Cuzco, tandis que Mama Ocllo<br />

a placé les siens dans la partie basse <strong>de</strong> Hurin Cuzco (dont la ville <strong>de</strong> Cusco).<br />

Ainsi, Manco Capac enseigna l’agriculture et la construction <strong>de</strong>s canaux<br />

et Mama Ocllo, l’art du tissage et <strong>de</strong> la cuisine ! C’est vers le milieu du xiv e<br />

siècle que les incas créent leur propre État avec une origine géographique,<br />

encore incertaine.<br />

8


Chronologie <strong>de</strong>s empereurs :<br />

les treize dynasties<br />

Manco Capac<br />

Fondateur <strong>de</strong><br />

l’empire<br />

1198-1228<br />

Sinchi Roca 1228-1258<br />

Lloque Yupanqui 1258-1288<br />

Hurin<br />

Mayta Cápac 1288-1318<br />

Cápac Yupanqui 1318-1348<br />

Inca Roca 1348-1378<br />

Yáhuar Huaca 1378-1408<br />

Wiracocha Inca 1408-1438<br />

Pachacutec<br />

Unificateur <strong>de</strong><br />

l’empire<br />

1438-1471<br />

Túpac Yupanqui 1471-1493<br />

Hanan<br />

Huayna Cápac 1493-1527<br />

Huáscar 1527-1532<br />

Atahualpa Dernier empereur 1532-1533<br />

9


µ µ Pachacutec<br />

Pachacútec a été le fondateur <strong>de</strong> l’empire <strong>de</strong>s incas. Son nom signifie<br />

« transformateur du mon<strong>de</strong> ». Il conquit plusieurs royaumes pour<br />

s’agrandir. Il choisissait <strong>de</strong>s royaumes avec <strong>de</strong>s terres fertiles et <strong>de</strong>s habitants<br />

pouvant travailler à Cuzco. Il gagna les territoires <strong>de</strong>s Ayarmacas, puis<br />

<strong>de</strong> Piccho, Vitcos et Vilcabamba. Son grand génie a été <strong>de</strong> faire construire<br />

<strong>de</strong>s bâtisses <strong>de</strong> défense et <strong>de</strong>s refuges en cas d’urgence. Son frère<br />

Capac Yupanqui partit lui aussi à la conquête <strong>de</strong>s Chincha, Huarco, Ishma,<br />

Yauyos, Huancas, Taramas, Pumpus, Conchucos et Cuismancus. Puis c’est<br />

au tour <strong>de</strong> son fils Túpac Yupanqui <strong>de</strong> remporter <strong>de</strong>s batailles victorieuses.<br />

Ainsi, les incas ont dominé le mon<strong>de</strong> andin.<br />

Mais le travail <strong>de</strong> l’empereur ne s’arrêta pas uniquement à une victoire<br />

géographique. Il a fallu organiser tout le système administratif. Il reconstruit<br />

et agrandit la ville <strong>de</strong> Cuzco avec un nouveau plan dont les découpes forment<br />

un puma. Il érigea le majestueux Coricancha (temple du dieu soleil),<br />

le Quishuarcancha et le Sacsayhuamán, mais aussi les centres administratifs<br />

et le Machu Picchu.<br />

Pachacútec confisqua les terres au nom du dieu Soleil, fit construire <strong>de</strong>s<br />

canaux d’irrigation, <strong>de</strong>s réservoirs et <strong>de</strong>s terrasses pour l’agriculture. Il étendit<br />

le Ñan Capable (les voies <strong>de</strong> l’empire) et fit construire <strong>de</strong>s auberges où<br />

pouvaient se reposer les employés impériaux. La création <strong>de</strong>s chasquis (messagers)<br />

permit d’accélérer la communication entre les villes et l’empereur.<br />

Il divisa son empire, le Tahuantinsuyo en quatre régions avec à leur tête <strong>de</strong><br />

loyaux fonctionnaires. Il unifia son pays par une langue officielle : le quechua.<br />

Il ordonna le culte du Soleil et <strong>de</strong> nombreuses constructions en son honneur !<br />

À l’aube <strong>de</strong> sa mort, il nomma son fils Tupac Yupanqui à la tête <strong>de</strong> l’empire.<br />

µ µ Atahualpa<br />

Avant <strong>de</strong> mourir, l’inca Huayna Cápac divisa le territoire alias le Tahuantinsuyo<br />

entre son fils aîné Huáscar (partie sud) et Atahualpa (partie nord).<br />

La division du territoire a été officielle vers 1530 mais un combat cruel s’engagea<br />

entre les <strong>de</strong>ux frères pour obtenir le contrôle <strong>de</strong> tout le territoire.<br />

Le début <strong>de</strong> la guerre commença à Tomebamba, un lieu stratégique pour<br />

Atahualpa qui y avait construit <strong>de</strong>s bâtiments et <strong>de</strong>s monuments.<br />

Atahualpa face aux Espagnols<br />

C’est dans ce contexte qu’apparaît Francisco Pizarro. Il est déjà au courant<br />

<strong>de</strong> la discor<strong>de</strong> entre les <strong>de</strong>ux frères et espère capturer Atahualpa afin<br />

<strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> l’empire. Il déci<strong>de</strong> d’aller à Cajamarca le 15 novembre 1532,<br />

tandis qu’Atahualpa attend avec 60 000 soldats. Pizarro invita l’inca pour<br />

un simple échange diplomatique, mais il tomba dans un piège et l’empereur<br />

fut fait prisonnier. Depuis sa captivité, Atahualpa ordonna le meurtre<br />

<strong>de</strong> Huáscar. Une rançon fut <strong>de</strong>mandée pour la libération <strong>de</strong> l’Inca. L’équivalent<br />

d’une cellule remplie d’or.<br />

10


L’empereur pensait être libéré afin <strong>de</strong> terminer son règne mais c’était sans<br />

compter sur la détermination <strong>de</strong> Pizarro à éradiquer définitivement le pouvoir<br />

Inca.<br />

Des rumeurs circulaient selon lesquelles, les indiens se rassemblaient pour<br />

venir libérer l’Inca. Une armée était en marche vers Cajamarca. Pizarro<br />

s’affola et ordonna le jugement <strong>de</strong> L’Inca. Mensonges, déclarations fantaisistes,<br />

témoignages falsifiés obtenus sous la torture condamnèrent Atahualpa à être<br />

brûlé vif ou, en cas <strong>de</strong> conversion à la religion catholique in extremis, étranglé.<br />

Convaincu que son esprit ne pourrait revivre par-<strong>de</strong>là la mort si son corps<br />

était brûlé, il accepta <strong>de</strong> se convertir.<br />

Juan <strong>de</strong> Herrada, avocat <strong>de</strong> l’accusé refusa d’admettre la compétence <strong>de</strong><br />

ce tribunal, stipulant que seul le roi d’Espagne pouvait juger un souverain.<br />

En Europe, l’opinion publique s’émut ; Charles Quint fut indigné <strong>de</strong> cette<br />

décision. Mais, les pièces d’orfèvrerie commencèrent à arriver à la Couronne<br />

d’Espagne et l’indignation s’évapora rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Parallèlement, la résistance inca se forma avec les adhérents d’Atahualpa<br />

et <strong>de</strong> nombreuses insurrections se soulevèrent durant <strong>de</strong>s décennies sans<br />

pour autant renverser le pouvoir. Le <strong>de</strong>rnier empereur « symbolique » fut<br />

décapité par les Espagnols en 1572. Il s’appelait Tupac Amaru.<br />

11


Les sites historiques<br />

µ µ Cuzco<br />

Cuzco ou Cusco, du quechua « Qusqu », est une ville du sud-est du Pérou<br />

au milieu <strong>de</strong>s An<strong>de</strong>s.<br />

Cuzco est une ville d’altitu<strong>de</strong> (environ 3 400 m). Cuzco fut la capitale <strong>de</strong>s<br />

incas et a été longtemps un carrefour sur l’axe économique transandin mais<br />

s’est essoufflée quand l’activité commerciale s’est tournée vers Lima.<br />

La légen<strong>de</strong> veut que la ville ait été fondée au xi e siècle ou au xii e siècle<br />

par Manco Capac et Mama Ocllo. Avant l’arrivée <strong>de</strong>s conquistadors, la ville<br />

était partagée en quatre quartiers, occupés par les Incas et <strong>de</strong>s ressortissants<br />

<strong>de</strong>s tribus <strong>de</strong> leur empire. Les principaux monuments dataient <strong>de</strong> l’Inca<br />

Pachacutec.<br />

Les Incas bâtirent <strong>de</strong>s temples pour honorer leur dieu. Coricancha est<br />

un temple très important à Cuzco.<br />

µ µ Machu Picchu<br />

Le Machu Picchu (du quechua machu, vieille et picchu, montagne) était<br />

une cité inca au xv e siècle. Elle fut l’une <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> l’empereur<br />

Pacahcutec et un sanctuaire religieux.<br />

La ville sacrée fut oubliée pendant <strong>de</strong>s siècles et n’est réapparue dans<br />

la mémoire collective qu’en 1911 quand l’archéologue américain Hiram<br />

Bingham découvrit cette splen<strong>de</strong>ur.<br />

Le Machu Picchu © D.R.<br />

12


µ µ Nazca<br />

Les Nazcas (700 av. J.-C. - 600 ap. J.-C.) furent un peuple très important,<br />

mais qui n’a jamais été conquis par les incas. Néanmoins, il reste assez mystérieux<br />

pour qu’on s’y intéresse dans ce dossier.<br />

On appelle les lignes nazcas, ces gigantesques <strong>de</strong>ssins (géoglyphes) qui<br />

recouvrent une surface <strong>de</strong> 50 km <strong>de</strong> longueur sur 15 km <strong>de</strong> large. Le docteur<br />

María Reiche a essayé tout au long <strong>de</strong> sa vie <strong>de</strong> percer les mystères <strong>de</strong><br />

ces lignes. Il y en aurait <strong>de</strong>s milliers, mais uniquement 325 ont été référencées.<br />

La plupart <strong>de</strong>s géoglyphes représentent <strong>de</strong>s animaux : une baleine, un chien<br />

avec <strong>de</strong>s jambes et une queue, divers oiseaux comme la grue, le pélican,<br />

la mouette, le colibri (picaflor) et le perroquet. Dans la catégorie <strong>de</strong>s reptiles,<br />

un lézard et un serpent.<br />

Le Colibri :<br />

La distance entre les extrémités <strong>de</strong> ses<br />

<strong>de</strong>ux ailes est <strong>de</strong> 66 m.<br />

L’Araignée :<br />

Figure <strong>de</strong> 46 m <strong>de</strong> longueur qui est placée<br />

entre un réseau <strong>de</strong> lignes droites, elle fait<br />

partie du bord d’un énorme trapézoï<strong>de</strong>.<br />

Le Singe :<br />

Figure célèbre qui mesure approximativement<br />

135 m et possè<strong>de</strong> seulement neuf<br />

doigts et une queue sous forme <strong>de</strong> spirale.<br />

Celle-ci est une <strong>de</strong>s figures les plus significatives<br />

et on croit qu’elle représente la<br />

Gran<strong>de</strong> Ourse.<br />

Le Lézard :<br />

Il mesure 188 m <strong>de</strong> longueur. Ses jambes<br />

arrières ont été effacées avec la construction<br />

<strong>de</strong> la route nommée la Panaméricaine,<br />

qui a divisé la figure en <strong>de</strong>ux.<br />

L’Oiseau géant :<br />

Cette figure élaborée montre un oiseau<br />

avec un cou en forme <strong>de</strong> couleuvre dont<br />

l’extrémité indique le soleil naissant. Cet<br />

oiseau gigantesque a une longueur totale<br />

<strong>de</strong> 300 m et une largeur <strong>de</strong> 54 m et il est<br />

considéré comme celui «Annonciateur <strong>de</strong><br />

l’Inti Raymi» (festivité Inca d’adoration au<br />

soleil).<br />

Diverses hypothèses permettent <strong>de</strong> comprendre l’origine <strong>de</strong>s lignes<br />

Nazca sans pour autant avoir une certitu<strong>de</strong>.<br />

María Reiche pense qu’il s’agit d’un calendrier astronomique (sorte <strong>de</strong><br />

carte aux étoiles), d’autres pensent que ces lignes conduisent à <strong>de</strong>s sources<br />

d’eau (montagnes ou eau <strong>de</strong> source) ou bien que ces géoglyphes servaient<br />

<strong>de</strong> lieux <strong>de</strong> cérémonie ou encore que c’est une piste d’atterrissage pour <strong>de</strong>s<br />

vaisseaux spaciaux.<br />

D’autres questions sont apparues en essayant d’expliquer la manière avec<br />

laquelle les anciens hommes péruviens ont pu construire ces figures gigantesques<br />

sans pouvoir les voir dans leur ampleur totale, parce qu’on a besoin<br />

<strong>de</strong> survoler le terrain pour voir la perfection obtenue.<br />

13


Quotidien<br />

µ µ Le cycle <strong>de</strong> la vie, <strong>de</strong>s rites <strong>de</strong> passage<br />

Pour les incas, il y avait quatre gran<strong>de</strong>s étapes dans la vie : la première coupe<br />

<strong>de</strong> cheveux, le passage à l’âge adulte, le mariage et la mort. Chaque étape<br />

était marquée par une cérémonie ou un rite <strong>de</strong> passage. La naissance ne<br />

donnait pas lieu à un rite particulier, peut être du fait <strong>de</strong> la forte mortalité<br />

infantile. Une gran<strong>de</strong> cérémonie avait lieu au moment du passage <strong>de</strong> l’état<br />

<strong>de</strong> bébé à celui d’enfant vers l’âge <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans. Durant cette fête, on dansait<br />

et buvait, pendant plusieurs jours. Pendant l’enfance, les garçons surveillaient<br />

les champs alors que les filles aidaient leur mère à la cuisine ou au tissage.<br />

Un rite <strong>de</strong> passage était organisé pour <strong>de</strong>venir « adulte ». Pour les garçons, il<br />

avait lieu à l’âge <strong>de</strong> 14 ou 15 ans, au moment du solstice d’été. Au terme <strong>de</strong>s<br />

différentes épreuves <strong>de</strong> force <strong>de</strong>stinées à prouver que le jeune garçon était<br />

<strong>de</strong>venu un guerrier, on lui perçait les oreilles, on lui passait le pagne (d’où le<br />

nom <strong>de</strong> la cérémonie « mise du pagne ») et on lui donnait un nouveau nom.<br />

Pour les jeunes filles, le rite avait lieu après leurs premières règles. Après<br />

une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> jeûne, la jeune femme recevait sa famille. On lui donnait<br />

son nouveau nom et <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux.<br />

Le mariage avait lieu entre 16 et 20 ans pour les femmes et entre 20<br />

et 25 ans pour les hommes. On se mariait en général au sein du même ayllu.<br />

Le mariage était marqué par l’installation du couple dans une nouvelle maison<br />

construite à côté <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong>s parents du jeune homme.<br />

Pour les incas, la mort n’est pas une fin. La vie semble être cyclique tout<br />

comme l’année agricole. Ainsi, à la mort d’un individu on plaçait son corps<br />

en position assise dans un abri pour qu’il se <strong>de</strong>ssèche. Parées <strong>de</strong> leurs plus<br />

beaux vêtements, <strong>de</strong> bijoux et entourées d’objets du quotidien, les momies<br />

pouvaient ainsi continuer leurs activités dans l’au-<strong>de</strong>là. Les vivants offraient<br />

<strong>de</strong> la nourriture et <strong>de</strong> la boisson régulièrement à leurs morts.<br />

µ µ Travail <strong>de</strong> la terre et son organisation<br />

Les incas sont agriculteurs et éleveurs. Ils pratiquent la culture en terrasses<br />

pour cueillir <strong>de</strong>s graines (le quinoa), <strong>de</strong>s céréales, <strong>de</strong>s tubercules (la pomme<br />

<strong>de</strong> terre) et du maïs. Ils peuvent cultiver <strong>de</strong>s tomates, <strong>de</strong>s piments, <strong>de</strong>s haricots,<br />

du cacao, <strong>de</strong>s arachi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> la feuille <strong>de</strong> coca en fonction <strong>de</strong>s régions<br />

habitées.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> Cuzco et <strong>de</strong> Chimú, l’État était peu urbanisé. Il existait<br />

<strong>de</strong> grands centres administratifs régionaux gérés par <strong>de</strong>s représentants<br />

du pouvoir le long <strong>de</strong> la cordillère <strong>de</strong>s An<strong>de</strong>s. Néanmoins, la plus gran<strong>de</strong><br />

partie du peuple Indien vivait dans <strong>de</strong> petites communautés rurales réparties<br />

sur tout le territoire.<br />

14


Les terres <strong>de</strong> chaque province étaient divisées en trois parts :<br />

1. Le Soleil et son clergé<br />

2. L’empereur inca<br />

3. Répartition entre les différents ayllu (une gran<strong>de</strong> famille)<br />

Le travail <strong>de</strong> la terre était une forme <strong>de</strong> corvée pour les paysans : la mit’a.<br />

Les produits étaient stockés dans <strong>de</strong>s centres régionaux et répartis en cas<br />

<strong>de</strong> mauvaises récoltes. Ils élèvent <strong>de</strong>s lamas et <strong>de</strong>s alpagas pour manger mais<br />

surtout pour récupérer la laine et fabriquer <strong>de</strong>s vêtements chauds.<br />

µ µ Sciences et connaissances<br />

Le peuple inca adore les mathématiques et l’astronomie. Nombreux sites<br />

et lieux <strong>de</strong> spiritualité sont construits en fonction <strong>de</strong>s solstices d’hiver ou<br />

d’été, ainsi que pour les équinoxes.<br />

Leur calendrier était aussi bien solaire que lunaire, ce qui donnait place à <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s cérémonies.<br />

µ µ Les quipus (ou quipous)<br />

Les quipus sont composés d’une cor<strong>de</strong> principale sur laquelle sont accrochées<br />

<strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s secondaires <strong>de</strong> différentes couleurs portant <strong>de</strong>s nœuds.<br />

Nous ne savons pas exactement déchiffrer ces quipus. Nous savons juste<br />

qu’ils servaient à noter <strong>de</strong>s données comptables comme le nombre d’habitants<br />

ou les récoltes. Aujourd’hui le déchiffrage du quipu reste encore<br />

mystérieux pour les scientifiques mais l’on pense qu’il pouvait aussi contenir<br />

<strong>de</strong>s textes. Ce qui est intéressant avec ce système c’est qu’il permettait une<br />

lecture visuelle mais aussi tactile<br />

µ µ Art / Artisanat<br />

Les artisans, architectes, sculpteurs, métallurgistes, tisserands et potiers formaient<br />

une caste à part et étaient souvent attachés au service <strong>de</strong> l’Inca.<br />

La céramique :<br />

Utilisée dans les An<strong>de</strong>s centrales <strong>de</strong>puis 1700 av. J.-C., sa composante<br />

principale est l’argile (élément minéral dont les propriétés varient<br />

en fonction <strong>de</strong> son extraction). Les formes <strong>de</strong>s récipients étaient<br />

obtenues par moulage ou mo<strong>de</strong>lage et plus rarement par combinaison<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux techniques. Le moulage permettait une production<br />

en série. Pour la finition trois techniques étaient utilisées en fonction <strong>de</strong>s<br />

effets recherchés, le lissage effectué sur argile humi<strong>de</strong>, le polissage et le brunissage<br />

qui avait pour effet <strong>de</strong> laisser <strong>de</strong>s marques sur la surface <strong>de</strong> la pièce.<br />

Les céramiques étaient cuites dans <strong>de</strong>s fours ouverts, pour obtenir une pâte<br />

rougeâtre ou fermés pour une pâte plus sombre voire noire. L’ultime étape<br />

était la décoration. Elle pouvait être exécutée avant ou après la cuisson.<br />

15


1.<br />

2.<br />

3.<br />

4.<br />

5.<br />

16


Les métaux :<br />

Les métaux utilisés étaient l’or, trouvé dans les rivières et l’argent et le cuivre<br />

extraits <strong>de</strong>s mines. Ils étaient ensuite fondus dans <strong>de</strong>s fours afin <strong>de</strong> leur donner<br />

un aspect utile ou esthétique. La technique du laminage (aplatir) était<br />

une <strong>de</strong>s techniques les plus utilisées pour réaliser <strong>de</strong>s œuvres d’art. Puis, le<br />

métal laminé était repoussé, ciselé, poli, bruni.Les artisans étaient très habiles<br />

et utilisaient aussi bien <strong>de</strong>s outils en pierre qu’en métal. Les métaux les plus<br />

usités étaient : le cuivre, l’or, l’argent, le bronze.<br />

Os et coquillages :<br />

Ils étaient employés pour la décoration d’objets importants tels ceux<br />

mis dans les trousseaux funéraires : bijoux ou instruments <strong>de</strong> musique.<br />

On pouvait découper le coquillage ou l’os et s’en servir comme tesselles<br />

<strong>de</strong> mosaïque. Ils pouvaient être gravés et incrustés <strong>de</strong> divers matériaux.<br />

Les textiles :<br />

L’art du textile est totalement maîtrisé lors <strong>de</strong> l’arrivée <strong>de</strong>s Espagnols.<br />

Élaboration <strong>de</strong>s fibres végétales et animales : elles étaient nettoyées, cardées<br />

(démêlées) puis filées avant d’être teintes. La couleur pouvait être naturelle<br />

: blanche, marron, rosâtre pour le coton. La laine <strong>de</strong>s camélidés (alpaga,<br />

vigogne ou lama) était blanche, grise, noire ou marron.<br />

La teinture existait grâce à <strong>de</strong>s pigments végétaux et animaux :<br />

• le rouge vient <strong>de</strong> la cochenille;<br />

• le bleu provient <strong>de</strong> l’indigo;<br />

• le jaune provient du mollé ou faux poivrier;<br />

• le marron provient <strong>de</strong>s graines <strong>de</strong> caroubier;<br />

• le violet/pourpre provient du murex;<br />

• le vert provient <strong>de</strong> la combinaison entre jaune et bleu;<br />

• l’orange provient du mélange jaune et rouge.<br />

Les tissus étaient fabriqués sur <strong>de</strong>s métiers qui pouvaient être portés à la<br />

ceinture, horizontaux (travail moins délicat) ou verticaux (tissus plus fins).<br />

1. Poncho à plumes<br />

Culture chancay<br />

(900 – 1470 apr. J.-C.)<br />

Plumes et coton<br />

Musée National d’Ethnologie, Ley<strong>de</strong>,<br />

Pays-Bas<br />

© National Museum of Ethnology<br />

Lei<strong>de</strong>n<br />

2. Figurine anthropomorphe<br />

Culture chimú<br />

(900 - 1470 apr. J.-C.),<br />

Intermédiaire récent<br />

Argent et bois, laminé/repoussé/ciselé/découpé/soudé/,<br />

assemblage mécanique, 220 mm<br />

Musée national d’archéologie, d’anthropologie<br />

et d’histoire du Pérou,<br />

Lima (M-4448)<br />

© Musée national d’archéologie,<br />

d’anthropologie et d’histoire du<br />

Pérou, Lima - Instituto Nacional <strong>de</strong><br />

Cultura <strong>de</strong>l Perú, Lima © Photo :<br />

Joaquín Rubio Roach<br />

Spondylus<br />

(Spondylus princeps)<br />

Culture sicán<br />

(800 – 1350 apr. J.-C.),<br />

Intermédiaire récent<br />

Coquillage, 77 x 130 mm<br />

Musée national <strong>de</strong> Sicán, Ferreñafe<br />

(MNS-141)<br />

© Photo : Joaquín Rubio Roach<br />

3. Quipu<br />

(instrument mnémotechnique)<br />

Culture inca<br />

(1440 – 1532 apr. J.-C.)<br />

Textile, 75 x 58 cm<br />

Musée Larco, Lima<br />

© Photo : Joaquín Rubio Roach<br />

4. Bouteille à anse en étrier<br />

Atelier du couvre-chef ornithomorphe<br />

Culture mochica<br />

(100 av. J.-C. – 850 apr. J.-C.)<br />

Intermédiaire ancien<br />

Céramique, moulé/peint,<br />

315 x 222 x 170 mm<br />

Musée Larco, Lima (ML013572)<br />

© Photo : Joaquín Rubio Roach<br />

5. Sac à coca<br />

Culture huari<br />

(500 – 900 apr. J.-C.)<br />

Horizon moyen<br />

Tissu, toile/bro<strong>de</strong>rie au point <strong>de</strong><br />

passé plat (straight stitch)<br />

Musée national d’archéologie,<br />

d’anthropologie et d’histoire du<br />

Pérou, Lima<br />

© Photo : Joaquín Rubio Roach<br />

6.<br />

17


µ µ Organisation sociale<br />

L’organisation sociale est <strong>de</strong> type pyramidal. L’Inca (empereur ou le Sapa<br />

inca) et sa femme, l’impératrice ou la Coya (pouvant être sa sœur) étaient<br />

les plus puissants. L’Inca représentait le Soleil sur Terre.<br />

Autour <strong>de</strong> l’Inca vivait la noblesse, les cápac Incas, considérés comme les<br />

<strong>de</strong>scendants <strong>de</strong> Manco Cápac (fondateur <strong>de</strong> l’empire) et répartis en dix<br />

panaca (ou maisons royales). La continuité du pouvoir n’était pas assuré par<br />

filiation donc chaque empereur <strong>de</strong>vait fon<strong>de</strong>r sa propre panaca. Seule celle<br />

<strong>de</strong> l’empereur en place avait donc à sa tête un homme vivant. À côté <strong>de</strong> la<br />

noblesse cohabitaient les prêtres (dispensés <strong>de</strong> tribut/taxe et entretenus par<br />

le travail du peuple).<br />

En <strong>de</strong>rnier, se trouvaient les gens du commun, les paysans.<br />

La domesticité <strong>de</strong> la noblesse était formée par les yana (personnes asservies<br />

ressortissants <strong>de</strong>s provinces conquises ou prisonniers <strong>de</strong> guerre).<br />

Les incas gardèrent l’ancienne structure sociale andine basée sur l’ayllu<br />

(groupe <strong>de</strong> familles unies par <strong>de</strong>s liens <strong>de</strong> parenté ou <strong>de</strong>s alliances, possédant<br />

un territoire et dirigé par un chef, le curaca, le plus souvent un <strong>de</strong>scendant du<br />

fondateur. Les ayllu, regroupés en chefferies occupaient <strong>de</strong>s territoires plus<br />

ou moins vastes.<br />

Despotique et paternaliste, le pouvoir impérial laissait peu <strong>de</strong> place pour la<br />

délinquance. Le vol était puni et leurs auteurs encouraient la peine <strong>de</strong> mort.<br />

Dans cette société, tout était hiérarchisé et organisé. Même si le climat était<br />

très difficile, la population avait toujours <strong>de</strong> quoi se vêtir et manger.<br />

µ µ L’architecture<br />

C’est un grand peuple bâtisseur. Il possédait une gran<strong>de</strong> ingéniosité et une<br />

parfaite maîtrise <strong>de</strong> la construction. Le Macchu Picchu en est un grand témoin.<br />

Pour construire les bâtisses, ils utilisent <strong>de</strong>s pierres <strong>de</strong> formes polygonales<br />

parfaitement taillées et polies. Elles s’emboîtent les unes aux autres sans laisser<br />

<strong>de</strong> vi<strong>de</strong> entre elles !<br />

Certaines <strong>de</strong> ces constructions ont défié les pires tremblements <strong>de</strong> terre !<br />

La plupart <strong>de</strong>s habitations sont construites en briques basiques avec un<br />

mélange <strong>de</strong> boue séchée et <strong>de</strong> paille.<br />

µ µ Axes <strong>de</strong> communication<br />

Ils construisent un réseau routier du nord au sud et d’est en ouest. Cela<br />

permet <strong>de</strong> développer les échanges entre les peuples. Les piétons et les<br />

caravanes <strong>de</strong> lamas s’y croisaient.<br />

Des ponts <strong>de</strong> cor<strong>de</strong> suspendus, <strong>de</strong>s canaux d’irrigation (notamment pour<br />

les cultures en terrasse), <strong>de</strong>s silos (cavité creusée dans le sol ou petit édicule<br />

où l’on conserve certains produits agricoles, notamment <strong>de</strong>s céréales, dans<br />

l’Antiquité ou dans certaines sociétés traditionnelles), étaient construits.<br />

18


Conquête espagnole<br />

Francisco Pizarro González, Marqués <strong>de</strong> los Atabillos (également appelé<br />

François Pizarre en français), né à Trujillo le 16 mars 1476 et mort à Lima<br />

le 26 juin 1541, fut un <strong>de</strong>s plus fameux conquistadores espagnols. Il parvint<br />

à conquérir et soumettre l’empire inca.<br />

µ µ Francisco Pizarro, le conquistador<br />

Il était le fils d’un lieutenant <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong>s Rois catholiques. Pizarro<br />

fut incorporé très tôt aux expéditions qui partaient vers l’Amérique.<br />

En 1524, après différents voyages à travers les océans, Pizarro l’ecclésiastique<br />

s’est associé avec Diego <strong>de</strong> Almagro et Hernando <strong>de</strong> Luque pour découvrir<br />

l’empire <strong>de</strong>s Incas.<br />

Pizarro en route vers l’Amérique<br />

Trois voyages ont été nécessaires avant d’obtenir la conquête définitive du<br />

continent.<br />

1524 : Premier voyage, direction Panama avec 112 hommes à bord. Almagro<br />

le suivit avec 80 hommes à bord. Mais ce fut un échec.<br />

Entre 1526 et 1528 : Deuxième expédition, direction la côté équatorienne<br />

puis un arrêt à Tumbes (ville au nord du Pérou). C’est ici, qu’on lui confirma<br />

l’existence d’un royaume rempli <strong>de</strong> richesses ! Il retourna en Espagne pour<br />

en informer l’empereur Carlos roi d’Espagne. En 1529, Francisco Pizarro fut<br />

proclamé au poste <strong>de</strong> « Capitaine Général et Gouverneur <strong>de</strong> la Nouvelle<br />

Castille », alias les nouvelles terres du Pérou. Il effectua le voyage avec les<br />

célèbres caravelles <strong>de</strong> Christophe Colomb : la Santa María, la Niña et la Pinta.<br />

En 1531 : Le troisième voyage. Quand Pizarro arriva à Tumbes, il constata<br />

que la ville était marquée par une guerre civile. En effet, à la mort du grand<br />

empereur grand Huayna Capac, ses <strong>de</strong>ux fils Huascar et Atahualpa se disputaient<br />

le trône.<br />

En 1532, il atteignit la ville <strong>de</strong> Cajamarca (ville abandonnée à l’époque). Il<br />

envoya un ambassa<strong>de</strong>ur à la rencontre d’Atahualpa, vainqueur <strong>de</strong> la succession.<br />

Le message <strong>de</strong> Pizarro était <strong>de</strong> s’allier au nouveau chef : Atahualpa. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier arriva avec 10 000 hommes (désarmés) ce qui facilita sa capture. En<br />

échange <strong>de</strong> sa liberté, Atahualpa proposa une gran<strong>de</strong> quantité d’or. Mais, l’Espagnol<br />

n’a pas tenu parole et le <strong>de</strong>rnier empereur fut exécuté en juillet 1533.<br />

En août, Pizarro accompagné <strong>de</strong> quelques troupes et traducteurs <strong>de</strong> « collaborateurs<br />

» quechuas, assiégea, pilla et domina Cuzco. Le 18 janvier 1535, le<br />

navigateur déclara Lima comme la nouvelle ville <strong>de</strong>s Rois !<br />

Les Espagnols déciment les populations et font preuve <strong>de</strong>s pires exactions :<br />

viols, tortures, décapitations et précipitent les familles dans la maladie et la<br />

famine.<br />

Asservissement total et évangélisation sont les leitmotive <strong>de</strong> l’armée espagnole.<br />

19


Les différents dieux<br />

1.<br />

Viracocha Pachacamac<br />

Deux noms pour une même force vitale, celle <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> l’univers.<br />

Dans les hauts plateaux <strong>de</strong>s An<strong>de</strong>s, on l’appelle : Viracocha alors que sur la<br />

côte c’est Pachacamac.<br />

D’après la légen<strong>de</strong>, Viracocha émergea du lac Titicaca à un moment où<br />

le mon<strong>de</strong> était dans un chaos total et son nom signifierait « écume » ou<br />

« graisse » <strong>de</strong> la mer. Il créa l’homme sur terre. Deux versions existent sur<br />

ce Dieu :<br />

Première version : Les hommes désobéirent à Viracocha et pour les punir,<br />

il les transforma en statues <strong>de</strong> pierre. Il resterait <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> ces géants<br />

déchus à Tihuanaco<br />

Deuxième version : Un déluge élimina l’homme sur terre et Viracocha créa<br />

alors <strong>de</strong>s astres tels que la lune ou le soleil et donna naissance à une nouvelle<br />

race humaine. Il ordonna aux hommes <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre et d’émerger à<br />

son appel. Ils apparurent dans <strong>de</strong>s lacs ou <strong>de</strong>s grottes ; c’est ainsi que ces<br />

lieux <strong>de</strong>vinrent sacrés. Puis, Viracocha déguisé en mendiant et accompagné<br />

<strong>de</strong> ses frères ou fils commença un pèlerinage pour diffuser cette nouvelle<br />

civilisation. Il termina son itinéraire dans l’Océan Pacifique en marchant sur<br />

l’eau ou en naviguant sur son manteau avant <strong>de</strong> disparaître dans le ciel.<br />

Pachacamac<br />

Signifie littéralement « la force <strong>de</strong> l’univers ».<br />

D’après le chroniqueur Antonio <strong>de</strong> la Calancha (1638), Pachacamac serait le<br />

fils du soleil et <strong>de</strong> la lune. Mais, Con, ancienne divinité du nord du pays, avait<br />

déjà créé une première race humaine. Pachacamac vainquit Con et transforma<br />

les humains en singes, puis créa un homme et une femme. Il ne leur<br />

fournit pas <strong>de</strong> nourriture et par conséquent l’homme mourut. La femme<br />

implora le soleil qui la féconda avec ses rayons et un garçon naquit.<br />

Furieux <strong>de</strong> cette situation Pachacamac tua l’enfant, le découpa en morceaux<br />

et l’enterra. Ses <strong>de</strong>nts germèrent et donnèrent le maïs, les côtes du manioc,<br />

la chair <strong>de</strong>s fruits et <strong>de</strong>s légumes. La riposte du soleil, fut <strong>de</strong> créer un second<br />

fils à partir du nombril et du pénis <strong>de</strong> l’enfant mort. Il se nomma Vichama.<br />

Face à ce <strong>de</strong>rnier, Pachacamac dut fuir vers la mer et il coula au large <strong>de</strong><br />

l’océan Pacifique. Vichama transforma en pierre l’humanité existante et<br />

<strong>de</strong>manda à son père le soleil, la création d’une troisième race humaine. Le<br />

soleil lui envoya trois œufs : en or, argent et cuivre. De l’or naquit les curacas,<br />

<strong>de</strong> l’œuf en argent les femmes <strong>de</strong> l’élite et <strong>de</strong> l’œuf en cuivre, les gens du<br />

peuple.<br />

20


Inti<br />

Le Dieu-Soleil. Les peuples andins ont toujours donné <strong>de</strong> l’importance au<br />

soleil, mais grâce aux incas, c’est <strong>de</strong>venu la divinité la plus importante, même<br />

si dans certaines régions nouvellement acquises Viracocha et Pacahacamac<br />

étaient <strong>de</strong>s dieux dominants.<br />

L’Inca était le fils du Soleil sur terre.<br />

Au niveau artistique, Inti est souvent représenté par <strong>de</strong> grands masques ou<br />

décorations frontales en or avec un visage anthropomorphe qui possè<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

longs rayons ondoyants.<br />

2.<br />

Illapa<br />

Dieu du tonnerre et <strong>de</strong> l’éclair. Il pouvait déclencher <strong>de</strong>s catastrophes naturelles<br />

ou bien donner suffisamment d’eau pour obtenir <strong>de</strong> bonnes récoltes.<br />

Les incas pensaient qu’il vivait dans le ciel, habillé d’un vêtement réfléchissant.<br />

D’une main il possédait une massue, <strong>de</strong> l’autre une fron<strong>de</strong> (sorte <strong>de</strong> lancepierres).<br />

Il avait le pouvoir <strong>de</strong> détourner l’eau <strong>de</strong> la voie lactée et pouvait la<br />

gar<strong>de</strong>r dans un récipient en terre cuite. Quand il décidait d’envoyer <strong>de</strong> l’eau<br />

sur terre, il utilisait sa fron<strong>de</strong> pour briser le récipient, ce qui provoquait du<br />

bruit (le tonnerre) et l’éclair.<br />

Quilla<br />

C’est la déesse lunaire. Elle est à la fois sœur et épouse du soleil.<br />

Sur le plan terrestre, il existe cette même notion : l’Inca (empereur) est considéré<br />

comme le fils du soleil et son épouse la Qoya comme la fille <strong>de</strong> la lune.<br />

Naymlap<br />

C’est un héros légendaire <strong>de</strong> la côte nord du Pérou. Naymlap « courageux<br />

et noble » fut à la tête d’une flotte constituée <strong>de</strong> grands ra<strong>de</strong>aux et accompagné<br />

<strong>de</strong> sa femme Certeni, d’un harem et d’une suite d’une quarantaine <strong>de</strong><br />

serviteurs. Il possédait avec lui une figurine en pierre verte à savoir une idole<br />

connue sous le nom <strong>de</strong> Yampalec (son alter ego qui semble avoir donné son<br />

nom à la vallée <strong>de</strong> Lambayeque).<br />

Après le succès <strong>de</strong> l’invasion, Naymlap et ses hommes construirent un palais<br />

à Chot ou Huaca Chotuna. La légen<strong>de</strong> veut qu’à sa mort, il se soit envolé<br />

vers le ciel avec <strong>de</strong>s ailes.<br />

3.<br />

1, 2 et 3. Dessins :<br />

montag. Juliane Cor<strong>de</strong>s,<br />

assistée <strong>de</strong> Corinne Dury<br />

© <strong>Pinacothèque</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>.<br />

21


Les principaux animaux vénérés<br />

1.<br />

2.<br />

Les félins (jaguar ou puma)<br />

Dans la chaîne alimentaire <strong>de</strong> l’époque, les félins sont au sommet <strong>de</strong> cette<br />

chaîne. Ils sont puissants, respectés et craints. Au niveau iconographique, ils<br />

peuvent être représentés avec <strong>de</strong>s crocs, <strong>de</strong>s griffes mélangés à <strong>de</strong>s traits<br />

humains et représenter un être surnaturel !<br />

Les serpents<br />

Les serpents sont considérés comme <strong>de</strong>s êtres immortels, du fait <strong>de</strong> leur<br />

mue (idée <strong>de</strong> la renaissance ou résurrection). Au niveau iconographique,<br />

ils peuvent être représentés avec une langue fourchue, sous une forme <strong>de</strong><br />

bâton-serpent ou <strong>de</strong> cheveux serpents.<br />

L’amaru<br />

L’amaru est une sorte <strong>de</strong> dragon qui apparaît pour annoncer un boulversement<br />

<strong>de</strong> l’équilibre cosmique (astral) alias un Pachacuti, une divinité très<br />

puissante. Au niveau iconographique, il peut être représenté en serpent à<br />

<strong>de</strong>ux têtes, être un mélange <strong>de</strong> traits reptiliens, <strong>de</strong> félins et <strong>de</strong> cervidés.<br />

Baleine et orque<br />

Ils dominent le mon<strong>de</strong> marin et étaient vénérés pour leur puissance.<br />

3.<br />

1, 2 et 3. Dessins :<br />

montag. Juliane Cor<strong>de</strong>s,<br />

assistée <strong>de</strong> Corinne Dury<br />

© <strong>Pinacothèque</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>.<br />

22


Vocabulaire quechua<br />

Apu : c’est un esprit.<br />

Chicha : bière à base <strong>de</strong> maïs fermenté, utilisée pour les cérémonies en<br />

l’honneur du dieu Inti.<br />

Encomienda : système obligeant les « indigènes » à travailler gratuitement<br />

sur les terres ou dans le mines.<br />

Huaca : dans la philosophie inca, les huaca étaient <strong>de</strong>s endroits d’énergie,<br />

<strong>de</strong> pouvoir ou <strong>de</strong> spiritualité très importants. Cela pouvait être <strong>de</strong>s<br />

pierres, <strong>de</strong>s montagnes, d’anciennes tombes ou <strong>de</strong>s grottes.<br />

Kero : bol cylindrique en céramique. Utilisé au quotidien ou dans les<br />

cérémonies.<br />

Inti raymi : La fête du dieu du Soleil ou solstice d’hiver (21 juin).<br />

Attention, en Amérique du sud, c’est le jour le plus court.<br />

Mita : C’est le travail obligatoire, résultant <strong>de</strong> l’Encomienda.<br />

Orejones (ou oreillards) : les Espagnols donnaient ce nom aux<br />

prêtres et aux nobles incas à cause <strong>de</strong>s lourds ornements qu’ils portaient<br />

aux oreilles.<br />

Tahuantinsuyo : Les Incas donnaient ce nom à leur empire qui signifiait<br />

« la Pays <strong>de</strong>s quatre sillons » ou « <strong>de</strong>s quatre directions ».<br />

23


Bibliographie<br />

Pérou, l’Art <strong>de</strong> Chavín aux Incas, catalogue <strong>de</strong> l’exposition 5 avril-2 juillet<br />

2008, Petit Palais, Musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, éd. <strong>Paris</strong><br />

musées et éd. Skira, <strong>Paris</strong> et Milan, 2006.<br />

BERNAND (Carmen), Les Incas, peuple du Soleil, éd. Gallimard, coll.<br />

«Découvertes Gallimard», <strong>Paris</strong>, 1988, réed. 2010.<br />

CARCEDO DE MUFARECH (Mufarech Paloma), Inca, origine e misteri<br />

<strong>de</strong>lle civiltà <strong>de</strong>ll’oro, catalogue <strong>de</strong> l’exposition, Museo di Santa Giulia, 4<br />

dicembre-27 giugno 2010, Brescia, éd. Marsilio, Veniese, 2009.<br />

CAVATRUNCI (Claudio), LONGHENA (Maria), OREFICI (Giuseppe),<br />

Pérou <strong>de</strong>s Incas, éd. Larousse, <strong>Paris</strong>, 2005.<br />

FAVRE (Henri), Les Incas, Presses Universitaires <strong>de</strong> France, coll. «Que sais-je ?»,<br />

<strong>Paris</strong>, 1972, réed. 2008.<br />

ITIER (César), Les Incas, éd. Les Belles Lettres, <strong>Paris</strong> 2008, réed. 2010.<br />

MÉTRAUX (Alfred), Les Incas, éd. du Seuil, <strong>Paris</strong>, 1961, réed. 1983.<br />

RESTELLINI (Marc), L’or <strong>de</strong>s Incas, origines et mystères, catalogue<br />

d’exposition, éd. <strong>Pinacothèque</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, <strong>Paris</strong>, 2010.<br />

STEELE (Paul R.), Handbook of Inca Mythology, éd. ABC-CLIO, Santa Barbara,<br />

2004.<br />

URTON (Gary,) Mythes incas, éd. du Seuil, <strong>Paris</strong>, 2004.<br />

24


Visuel en couver ture :<br />

Ornement (détail)<br />

Culture mochica (100 av. J.-C. - 850 apr. J.-C.)<br />

Intermediaire ancien.<br />

Or laminé / repoussé / soudé / incrusté, 155 x 152 mm<br />

Musée Tumbas Reales <strong>de</strong> Sipán, Lambayeque (MNTRS-37-INC-02)<br />

©Photo : Joaquín Rubio Roach<br />

©photomontage et création graphique Gilles Guinamard<br />

© <strong>Pinacothèque</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, Service Jeunesse, 2010<br />

Responsable du Service Jeunesse : Véronique Besluau<br />

Conception et rédaction : Véronique Besluau et Stéphanie Aujames<br />

Création graphique : Germain Languille

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