Estimer l'utilisation des dispositifs de concentration de poissons (DCP)

Document de travail
Estimer l'utilisation des dispositifs de
concentration de poissons (DCP) dans le monde
1
Adam Baske
James Gibbon
Joanna Benn
Amanda Nickson
Document de travail
Estimer l'utilisation des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dans le monde

Sommaire
Avant-propos
Introduction et Résumé
Méthodologie employée par Pew Environment Group pour réaliser
les estimations
o Méthode n° 1 : Corpus scientifique et documentation des ORGP publiés
o Méthode n° 2 : Informations des fabricants de bouées de localisation des DCP
o Méthode n° 3 : Extrapolation sur base du nombre de navires et des informations
des différents acteurs
Conclusion
Senne coulissée autour d'un
DCP en mer pour capturer des
thons et d'autres espèces.
Senneur déployant un
DCP en mer.
COUVERTURE © MASA USHIODA / SEAPICS.COM

1
Avant-propos
À ce jour, aucune estimation du nombre de
dispositifs de concentration de poissons
(DCP) dérivants déployés par les pêcheries
thonières industrielles n'a été rendue publique.
Malgré les conséquences écologiques d'une
utilisation incontrôlée des DCP, aucun système
transparent n'a été mis en place pour réguler
le déploiement et le suivi de ces engins qui
permettent pourtant la capture de près de la
moitié des thons dans le monde.
Pew Environment Group s'est chargé de
développer une estimation approximative du
nombre de DCP dérivants actuellement utilisés,
tout en étant conscient qu'il s'agit là d'une tâche
difficile aux résultats préliminaires et imparfaits.
En rassemblant les données obtenues selon
trois méthodes différentes, nous avons été
capables de conclure que le nombre de DCP
dérivants placés dans les océans chaque
année se situe entre 47 000 et 105 000. Alors
qu'une grande partie des données nécessaires
à la réalisation d'une estimation plus précise
existent, celles-ci sont actuellement considérées
comme confidentielles car appartenant aux
professionnels du secteur de la pêche. En
conséquence, certaines informations utilisées
pour estimer le degré d'utilisation des DCP ont
été obtenues par des discussions informelles et
auprès de consultants du secteur.
Bien que ces estimations ne soient pas parfaites,
il est clair que même le bas de la fourchette, soit
47 000 DCP par an, montre de façon frappante
qu'une amélioration de la transparence et de la
réglementation est essentielle en ce qui concerne
cet engin de pêche. Cela est d'autant plus
évident si l'on considère que notre estimation
ne tient pas compte des DCP dérivants qui se
trouvent déjà dans les océans, alors que certains
peuvent tenir plusieurs années.
Lorsque nous avons entrepris cette analyse,
notre objectif était de lancer une discussion
entre tous les acteurs concernés sur le degré
d'utilisation des DCP dérivants et sur la nécessité
de mieux surveiller et réguler cet engin de
pêche. C'est par l'augmentation et l'amélioration
des données que nous serons plus à même
de comprendre la véritable ampleur de l'effort
de pêche, que la science et l'évaluation des
stocks pourront s'améliorer et, au final, que
les décideurs politiques pourront adopter des
mesures de gestion plus durables. Cette meilleure
compréhension participera également à mettre un
frein à la pêche illicite et aux pratiques illégales.
En un mot, qu'il y ait 47 000, 105 000 ou
même encore davantage de DCP déployés
chaque année, on ne peut plus faire semblant
de les ignorer. L'utilisation des DCP affecte les
écosystèmes, y compris les espèces associées et
dépendantes, elle contribue aux déchets marins
et elle a déjà participé à faire basculer deux
populations de thons obèses dans la catégorie
des espèces « surpêchées ».
Pew Environment Group a réalisé cette
première estimation, mais c'est aujourd'hui au
secteur halieutique, aux ORGP et à d'autres
acteurs de donner un état des lieux exact du
déploiement des DCP en prenant le relais et
en partageant leurs informations. Si le secteur
mondial de la pêche thonière, qui pèse
plusieurs milliards de dollars, souhaite s'engager
sérieusement dans une gestion durable de
la pêche sur le long terme, il doit travailler
avec l'ensemble des parties intéressées à la
régulation et à la gestion des DCP.
Amanda Nickson, directrice, Campagne mondiale
pour les thons. Pew Environment Group.
L'utilisation des DCP affecte les écosystèmes, y compris les
espèces associées et dépendantes, elle contribue aux déchets
marins et elle a déjà participé à faire basculer deux populations
de thons obèses dans la catégorie des espèces « surpêchées ».
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Introduction et Résumé
Entre 47 000 et 105 000 dispositifs de concentration
de poissons (DCP) sont lancés dans nos
océans chaque année.
De nombreuses espèces de poissons se joignent naturellement
aux objets qui flottent dans les océans et, pendant des
décennies, ce constat a été soigneusement et systématiquement
exploité pour capturer des bancs de thons de grande
valeur commerciale. Les DCP sont des objets flottants spécialement
construits par l'homme pour attirer ces poissons.
Le secteur de la pêche à la senne coulissante dépend de
plus en plus des DCP flottants, et ce nouveau problème
doit être abordé au plus vite. Alors que les déploiements
de DCP observés ont augmenté de plus de 60 % depuis
2006 dans le seul Pacifique Est, la prolifération des DCP
se poursuit sans aucun contrôle ou presque. À l'heure
actuelle, il n'existe pas de règles imposant aux pêcheurs
ou aux propriétaires de navires de consigner ou de
déclarer le nombre de DCP qu'ils utilisent, quand bien
même certaines ORGP (organisations régionales de gestion
de la pêche) ont pris des mesures visant à améliorer la
surveillance des DCP dérivants.
La question des DCP est étroitement liée à celles de la
durabilité à long terme. Dans tout l'océan Pacifique, les
thons obèses sont surpêchés : une tendance encouragée
par l'utilisation croissante de DCP qui attirent généralement
les jeunes thons obèses. De façon inquiétante,
le tonnage total de thons obèses capturés sur des DCP
(77 095 tonnes) dans l'ouest et le centre du Pacifique l'an
dernier dépassait le tonnage de ces mêmes thons capturés
par les pêcheries palangrières (67 699 tonnes) 1 . Si
l'on considère que les jeunes thons obèses sont capturés
sur des DCP, les impacts sur la durabilité globale de la
pêcherie sont extrêmement préoccupants.
L'utilisation de DCP a également de graves conséquences
pour les espèces menacées de requins, parmi
lesquelles le requin océanique et le requin soyeux, qui
sont capturés accessoirement.
L'urgence et la nécessité de gérer les DCP sont de plus
en plus reconnues. Lors d'une conférence internationale
sur les DCP organisée en 2011, les scientifiques et les
gestionnaires de pêcheries du monde entier se sont
accordés sur le fait que la prolifération de DCP dérivants
a engendré des impacts négatifs sur les thons et sur
d'autres espèces capturées accessoirement. Ils ont appelé
les pays et les ORGP à prendre une série
de mesures pour combler les lacunes en matière
d’information, ces mesures étant les suivantes :
· partager les données techniques de base sur : 1) le
nombre de DCP dérivants déployés ; 2) le nombre
de DCP dérivants activement surveillés par des
navires et des entreprises de pêche ; et 3) les dépla-
1 Williams, P. et Terawasi, P. 2012. « Overview of tuna fisheries in the Western and Central
Pacific Ocean, including economic conditions – 2011 ». http://www.wcpfc.int/node/5408
cements et la zone couverte par les DCP dérivants
dans une région océanique donnée ;
· développer des plans de gestion des DCP afin
de consigner le nombre et le statut (perdu, volé,
récupéré) des DCP, et définir des procédures
d'identification visant à clarifier la propriété et la
responsabilité des engins perdus ou abandonnés.
En se fondant sur les efforts fournis par des scientifiques
et par certains gestionnaires de la pêche pour reconnaître
et traiter ce problème, Pew Environment Group a
mené la toute première étude destinée à établir une estimation
mondiale du déploiement annuel de DCP. Elle a
été réalisée en employant trois méthodes distinctes
qui ont donné une estimation située entre 47 000 et
105 000 DCP dérivants déployés chaque année. Bien
qu'aucune de ces méthodes ne soit parfaite, elles attestent
du fort degré d'utilisation des DCP, ainsi que de leur
possible contribution au problème des déchets marins.
En menant cette enquête, nous avons rencontré de
grandes difficultés pour obtenir les informations nécessaires
à l'établissement d'estimations plus précises. Ces
difficultés montrent combien il est nécessaire que les
gestionnaires, les gouvernements et les ORGP instaurent
une réglementation et une gestion claires et transparentes
de cet engin de pêche.
Un certain nombre d'initiatives positives sont en cours,
et il convient de les développer dans l'ensemble des
pêcheries thonières. La Commission internationale pour
la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) a
adopté en 2011 une mesure qui impose aux navires de
consigner tous les déploiements de DCP et de définir
des plans de gestion pour ces DCP. La Commission interaméricaine
du thon tropical (CITT) enregistre déjà tous
les déploiements et les retraits de DCP pour les grands
senneurs. Les parties à l'accord de Nauru, comprenant
huit États insulaires du Pacifique dans les eaux desquels
se trouve la plus grande pêcherie de thon listao, sont en
train de développer un système de suivi des DCP. Cela
leur permettra de surveiller le nombre et la localisation
des DCP quasiment en temps réel, de telle sorte qu'elles
puissent mieux comprendre l'impact des DCP dérivants
sur cette pêcherie d'une importance considérable.
Bien que toutes ces mesures aillent dans le bon sens,
la première grande mesure doit avant tout consister à
mettre en place des exigences réglementaires efficaces,
afin de s’assurer que la prochaine estimation mondiale
des DCP soit fondée sur des données transparentes et
précises. À cet effet, Pew Environment Group demande
aux ORGP thonières et à l'Organisation des
Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
d'entreprendre un examen indépendant de l'utilisation
des DCP dérivants, afin de produire une estimation de
l'ampleur de leur utilisation qui soit plus précise que celle
réalisée avec les informations actuellement disponibles.
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Méthodologie employée par Pew Environment Group
pour réaliser les estimations
Puisqu'il n'existe pas d'informations vérifiables du nombre
de DCP déployés et/ou surveillés par les flottes de
thoniers senneurs tropicaux dans les océans Atlantique,
Pacifique et Indien, nous avons entrepris d'estimer ce
chiffre en utilisant trois méthodes distinctes.
DCP dérivants
déployés
dans l'océan
Pacifique Est
2006 2007 2008 2009 2010 2011
8 006 8 403 9 724 10 768 11 090 12 864
1. La première approche a consisté à analyser les études
scientifiques et les rapports des ORGP rendus publics,
afin d'estimer les déploiements de DCP dans les
principales pêcheries thonières. Ceci a conduit à une
estimation de 61 900 DCP déployés chaque année,
mais pour toute une série de raisons (cf. p. 4), il nous
semble qu'il s'agit là d'une sous-estimation.
2. La seconde méthode impliquait la consultation des
fabricants de bouées de localisation par satellite, car
la plupart des DCP dérivants actuellement utilisés
sont équipés de cette technologie, et seul un nombre
limité d'entreprises les fabrique. Au vu des
informations que nous avons pu obtenir, nous sommes
parvenus à une estimation allant de 47 000 à
70 000 bouées produites chaque année par ces
entreprises. Il s'agit là aussi d'une estimation préliminaire,
étant donné que tous les DCP dérivants ne
sont pas nécessairement équipés de ces dispositifs
et que toutes les bouées manufacturées ne sont
peut-être pas déployées chaque année.
3. Une dernière approche a estimé l'utilisation annuelle
des DCP en croisant le nombre déclaré de thoniers senneurs
tropicaux avec les informations sur l'utilisation de
DCP dérivants obtenues auprès des experts du secteur
et lors de discussions informelles avec des acteurs de la
pêche thonière à la senne coulissante entre août 2011
et octobre 2012. Puisque nous ne pouvions pas obtenir
d'informations sur chaque flotte ou chaque navire,
notre méthodologie a nécessité le recours à un certain
nombre d'hypothèses et d'extrapolations. Elle a abouti
à une estimation d'environ 105 000 DCP dérivants.
Méthode n° 1 : Corpus scientifique et
documentation des ORGP publiés
Afin d'estimer le nombre de DCP dérivants déployés
tous les ans dans chacune des principales zones de
pêche thonière, la première méthode nous a conduits à
nous intéresser au corpus existant publié par la communauté
scientifique, ainsi qu'aux documents remis
aux ORGP thonières.
Océan Pacifique Est
La CITT est la seule ORGP thonière qui recueille les
informations fournies par des observateurs sur le
nombre de déploiements de DCP dérivants. Le nombre
de déploiements de DCP par les navires de plus de
363 tonneaux s'élevait à 12 864 en 2011. Cela
représente une augmentation de 61 % des déploiements
annuels de DCP depuis 2006.
Il est important de noter que ces données reflètent
uniquement les déploiements « observés ». De
nombreux senneurs de l'océan Pacifique Est n'ont pas
l'obligation d'embarquer des observateurs, de telle sorte
que ces chiffres doivent être considérés comme des sousestimations.
L'Équateur, par exemple, a 42 senneurs qui
n'ont pas l'obligation d'embarquer des observateurs, et
beaucoup d'entre eux pêchent avec des DCP.
En 2011, de grands thoniers senneurs avec des observateurs
à leur bord ont mouillé leurs filets autour de DCP
à 6 920 reprises 2 . Selon les données de la CITT,
12 864 DCP ont été déployés par ces navires au cours
de cette même période. Les navires plus petits
n'embarquent pas d'observateurs. Toutefois, s'ils
présentent un rapport semblable à celui des navires plus
grands entre le nombre de filets mouillés autour de DCP
et le nombre de DCP déployés, il est possible d'estimer
le nombre de DCP déployés par les petits navires à
senne coulissante. Les petits navires ont mouillé leurs
filets autour de DCP à 2 269 reprises, donc :
le rapport entre le nombre de DCP déployés et le
nombre de filets mouillés autour de DCP pour les
grands navires en 2011 est de : 12 864 déploiements /
6 920 filets mouillés = rapport de 1,856
2 269 filets mouillés autour de DCP par les petits navires
en 2011 x 1,856 = 4 218 déploiements de DCP
Sur base de ce calcul, le total estimé de DCP déployés
chaque année dans l'est de l'océan Pacifique,
déduit à partir des déploiements déclarés de DCP et
du rapport connu entre le nombre de déploiements
et le nombre de filets mouillés autour de DCP, s’élève
à 17 082 DCP dérivants.
Océan Indien
Une étude remise à la Commission des thons de
l'océan Indien (CTOI) en 2010 fournit des informations
limitées sur l'utilisation des DCP dans l'océan Indien 3 .
Ce rapport analysait les données fournies par les navires
de ravitaillement des thoniers senneurs – navires
qui déploient les DCP, recherchent les thons près des
DCP, réparent les DCP et aident de toute autre manière
les senneurs à trouver du poisson.
2 Commission interaméricaine du thon tropical. 2012. « The Fishery for Tunas and
Billfishes in the Eastern Pacific Ocean in 2011 ». DOCUMENT SAC-03-03.
http://iattc.org/Meetings/Meetings2012/May/PDFs/SAC-03-03-The-fishery-in-the-EPO-2011.pdf
3 Ramos, Mª L., Delgado de Molina, A. et Ariz, J. 2010. « Analysis of activity data obtained
from supply vessels’ logbooks implemented by the Spanish fleet and associated in Indian
Ocean ». IOTC-2010-WPTT-22
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Le rapport présente les données des navires de ravitaillement
ayant travaillé pour environ un tiers de la flotte
de senneurs de la CTOI.
Dans ce rapport, nous avons examiné le nombre de
bouées de localisation par satellite que ces navires ont
enregistré au cours de chaque année de l'étude. Les
données les plus récentes montrent que ces navires ont
enregistré près de 3 800 bouées de localisation des
DCP en 2009 4 . Étant donné que ces valeurs se rapportaient
à seulement 14 senneurs, on peut raisonnablement
supposer que le nombre de bouées déployées
par l'ensemble de la flotte était bien plus élevé. Les
navires de ravitaillement de la CTOI peuvent déployer
jusqu'à 15 DCP par jour, avec une moyenne de cinq par
jour pour les navires de ravitaillement espagnols.
Puisque 3 800 bouées de localisation par satellite ont été
enregistrées en 2009 pour un tiers de la flotte, une estimation
prudente consiste à doubler ce nombre, et à supposer
ainsi que les autres flottes utilisent moins de DCP
que les navires espagnols figurant dans le rapport de la
CTOI. Ainsi, une estimation prudente donne 7 600 DCP
dérivants déployés dans l'océan Indien chaque année.
Ouest et centre de l'océan Pacifique
La Commission des pêches pour le Pacifique central
et occidental (COPACO) gère la plus grande flotte de
thoniers senneurs au monde, laquelle comptait 283 navires
en 2011 5 . Il n'existe aucun document disponible
sur le nombre total de DCP déployés dans cette zone.
Toutefois, le Secrétariat général de la Communauté
du Pacifique, organisme responsable de fournir des
évaluations des stocks et de rassembler les données
recueillies par les observateurs pour la COPACO, estime
que les senneurs opérant dans la région déploient
en général en même temps un minimum de 100 DCP
équipés de transmetteurs satellites 6 . Si l'ensemble des
283 navires déploient 100 DCP dérivants, alors on
peut estimer à 28 300 le nombre de DCP déployés
dans l'océan Pacifique central et occidental.
Océan Atlantique
Il n'y a pas de documents disponibles pour l'océan
Atlantique sur le nombre de mouillages de filets autour
de DCP ou sur le nombre de DCP récupérés, perdus
ou réappropriés chaque année. Les plus grandes
flottes de thoniers senneurs tropicaux dans l'océan
Atlantique, en termes de nombre de navires, sont
celles de la France, de l'Espagne et du Ghana. Ces
dernières années, on observe qu'un certain nombre
de navires de l'océan Indien ont rejoint l'océan Atlantique
afin d'éviter les pirates, ce qui fait que le nombre
4
Ibid.
5
Williams, P. et Terawasi, P. 2012. « Overview of tuna fisheries in the Western
and Central Pacific Ocean, including economic conditions – 2011 ».
6
Hampton, J. 2010. « Tuna fisheries status and management in the
Western and Central Pacific Ocean ». Secrétariat général de la
Communauté du Pacifique, Nouvelle-Calédonie.
de senneurs opérant dans cette zone a augmenté 7 .
Les informations sur la flotte ghanéenne suggèrent
qu'elle a déployé plus de 1 500 DCP en 2011 8 et, la
même année, la CICTA a rapporté que plus de 90 %
des mouillages de sennes coulissantes par des thoniers
senneurs ont été réalisés autour de DCP 9 , ce qui
indique que les DCP sont des engins essentiels pour
l'ensemble des flottes pêchant dans la région. Selon
le rapport de la réunion intersession 2012 du Groupe
d'espèces sur les thonidés tropicaux de la CICTA, le
total des DCP dérivants dans l'Atlantique en 2010
était estimé entre 2 500 et 9 000 par trimestre 10 .
Estimation du nombre de DCP dérivants déployés annuellement
par la flotte de thoniers senneurs tropicaux
ORGP
DCP déployés par an
CTOI 7 600
COPACO 28 300
CITT 17 000
CICTA 9 000
TOTAL 61 900
En se basant sur ces chiffres approximatifs, le chiffre de
61 900 DCP dérivants déployés par an représente probablement
une estimation prudente. Mais malheureusement,
il n'existe actuellement aucun moyen de
confirmer le total de DCP déployés et suivis à un moment
donné sans la coopération des professionnels du
secteur. En effet, si un certain nombre d'autres éléments
sont pris en considération, ce chiffre est probablement
sous-estimé. Ainsi :
· Tous les déploiements de DCP ne sont pas observés,
c.-à-d. que dans le cas de la CICTA, les observateurs
sont uniquement embarqués sur de grands senneurs.
· Tous les DCP ne sont pas déployés par des senneurs.
Les thoniers canneurs utilisent et déploient eux aussi
fréquemment des DCP, mais il n'y a pas d'informations
sur l'utilisation de DCP par des canneurs où que ce
soit dans les océans. De plus, d'autres navires peuvent
déployer et déploient des DCP en coopération avec
des senneurs. Les navires de ravitaillement sont autorisés
à apporter leur aide dans le cadre d'activités de
pêche avec DCP dans l'océan Indien, et d'autres types
de navires (sans observateurs), tels que les palangriers,
peuvent travailler en coopération avec des senneurs
dans certaines régions des océans.
· Tous les DCP déployés ne sont pas surveillés. Les DCP
sont fréquemment perdus ou abandonnés, ou bien
ils dérivent hors de la zone de pêche et doivent être
remplacés. Si un rapport indique que 20 DCP sont
surveillés à un moment donné, cela ne signifie pas
7
Chassot, E. et al. « Analysis of the effects of Somali piracy on the
European tuna purse seine fisheries of the Indian Ocean ».
http://www.iotc.org/files/proceedings/2010/sc/IOTC-2010-SC-09.pdf
8
Rapports annuels 2011 de la CICTA.
9
CICTA.
10
http://www.iccat.int/Documents/Meetings/Docs/2012_TROP_REP_FRA.pdf
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que seuls 20 DCP sont déployés.
· Le niveau d'utilisation des DCP n'a pas été constant ces
dernières années. Si l'on se base sur les données de la
CITT, les déploiements de DCP sont en hausse. Étant
donné que la pêche au moyen de DCP est très dynamique
et que la technologie est en constante évolution,
le fait de baser les estimations actuelles sur des données
passées aboutira probablement à des sous-estimations.
Méthode n° 2 : Informations des fabricants
de bouées de localisation des DCP
Avec cette seconde méthode, nous avons estimé le
nombre de bouées de localisation par satellite fabriquées
chaque année par les cinq principales entreprises
qui en produisent 11 . Les informations rassemblées par
le personnel et les consultants de Pew sur la part de
marché, la production récente et les augmentations
récentes de la demande ont permis d'estimer la production
de ces principaux fabricants entre 47 500 et
70 000 bouées par an. Ce chiffre donne une estimation
approximative du nombre de nouveaux DCP dérivants
placés dans l'eau chaque année, étant donné que la
grande majorité des DCP déployés sont équipés d'une
bouée de localisation par satellite.
Cette méthode part du principe que les cinq entreprises
représentées dans l'estimation produisent la
grande majorité des bouées de localisation utilisées
dans la pêche avec DCP et que la plupart des bouées
produites chaque année sont ensuite vendues et
placées sur des DCP dérivants.
Méthode n° 3 : Extrapolation sur base
du nombre de navires et des informations
des différents acteurs
Avec cette troisième méthode, nous sommes parvenus à
une estimation en combinant les données sur le nombre
de senneurs pêchant dans les quatre zones océaniques
et des informations obtenues auprès de parties bien
informées sur l'utilisation de DCP dérivants. Dans un
premier temps, une estimation du nombre de thoniers
senneurs dans le monde a été réalisée à partir des registres
de navires publiés par les ORGP ; elle a ensuite
été divisée par État du pavillon et par taille de navire.
Puis, sur base de conversations informelles avec le
secteur, les entreprises de bouées, les opérateurs de
navires et les gestionnaires de flottes, les estimations des
nombres de DCP dérivants utilisés par chaque classe de
navire de chaque État du pavillon ont été calculées et
additionnées pour produire une estimation du nombre
de DCP dérivants actuellement utilisés dans le monde.
La liste mondiale des thoniers senneurs tropicaux a été
dressée à partir des registres publics des navires de
quatre ORGP thonières (la CITT, la CICTA, la CTOI et la
COPACO). Elle s'est limitée aux navires enregistrés avec
un tonnage égal ou supérieur à 400 tonneaux de jauge
brute (tjb), car les navires inférieurs à 400 tjb ne sont
11
Entreprises maritimes - Nautical (Espagne) ; Zunibal (Espagne) ;
Satlink (Espagne) ; Kannad SAS (France) ; Ryokusei (Japon).
pas susceptibles d'utiliser des DCP dérivants dans leurs
opérations habituelles. Après consultation des secrétariats
respectifs des ORGP pour résoudre la question des
doublons et déterminer quels navires sont actuellement
actifs, une liste finale de 529 thoniers senneurs a
été dressée. Pour faciliter l'analyse, la liste a été divisée
en quatre catégories de taille : les petits navires, de
400 à 799 tjb ; les navires moyens, de 800 à 1 399 tjb ;
les grands navires, de 1 400 à 2 399 tjb ; et les très
grands navires, de plus de 2 400 tjb. Cette répartition
reflète à la fois la distribution actuelle de la taille de la
flotte et les différences dans les pratiques de pêche.
À partir des conversations avec les parties prenantes, une
estimation du nombre de DCP utilisés par plusieurs flottes
dans diverses catégories de taille de navire a ensuite été
calculée. Lorsque des informations directes ne sont pas
disponibles, des estimations ont été extrapolées à partir
des données de flottes présentant les mêmes caractéristiques.
Si possible, les informations obtenues ont été
recoupées grâce à plusieurs sources différentes.
La combinaison de ces éléments d'information sur
le nombre de navires et sur l'utilisation des DCP a
donné une estimation totale d'environ 105 000 DCP
dérivants activement surveillés par la flotte thonière
mondiale. Cela a également permis de déterminer
quelles flottes déploient le plus de DCP dérivants.
8 principaux utilisateurs de DCP
dérivants par ordre alphabétique
Corée du Sud
Équateur
Espagne
États-Unis
France
Japon
Philippines
Taïwan
En raison du nombre limité d'informations disponibles,
il s'est avéré nécessaire d'émettre plusieurs hypothèses
lors du calcul de l'estimation globale. La première
est que les navires de chaque État du pavillon et de
chaque entité de pêche opèrent uniformément dans
les différentes régions océaniques et dans les différentes
catégories de taille. La seconde est que le tjb
est un indicateur fiable de la façon dont sont déployés
les DCP 12 (à savoir que les plus grands navires utilisent
davantage de DCP). Enfin, on a supposé que la liste
de 529 navires représente l'ensemble des thoniers qui
utilisent des DCP dérivants. Les autres navires qui déploient
des DCP mais n'ont pas été inclus dans
l'analyse augmenteraient nécessairement l'estimation.
12
L'utilisation du tjb pour segmenter la taille des navires présente un
certain nombre de limites, étant donné que le tjb ne représente pas nécessairement
la « meilleure » mesure de l'effort de pêche ou de la capacité
des cales à poisson ; néanmoins le tjb est utilisé car la capacité des cales à
poisson n'a pas été rendue publique pour tous les navires répertoriés.
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6
Conclusion
Face au peu d'informations aisément accessibles,
l'estimation du nombre de DCP dérivants
déployés dans les océans du globe s'est avérée
être une tâche ardue au résultat imparfait. Même
si trois méthodes distinctes ont été employées
pour cette évaluation, aucune ne reflète
l'utilisation réelle des DCP en mer étant donné
qu'un certain nombre d'hypothèses ont dû être
formulées à chaque niveau de l'étude ; mais
tout a été mis en œuvre pour garantir que ces
hypothèses restent prudentes. Quoi qu'il en soit,
la fourchette estimée entre 47 000 et
105 000 DCP dérivants constitue un bon
indicateur de l'ampleur globale de leur utilisation.
Nous pouvons affirmer avec certitude que des
dizaines de milliers de DCP sont déployés dans
les océans du monde chaque année sans aucune
transparence. Plus généralement, leurs impacts
sur les écosystèmes et leur contribution aux
déchets marins ne sont pas connus et demeurent
une source de préoccupation importante. Peu
d'informations sont mises à la disposition du
public, à la disposition des scientifiques chargés
d'évaluer les populations de thons et l'état des
écosystèmes, ou encore à la disposition des
agents gouvernementaux chargés de prendre
des décisions en matière de conservation et
de gestion durable. Pourtant, les données sur
les DCP dérivants existent déjà et sont bien
connues d'un certain nombre de personnes. Elles
doivent désormais être rassemblées, analysées
et diffusées auprès du public et des scientifiques
qui travaillent à l'évaluation de l'état des stocks
de thons dans le monde. Les capitaines de pêche,
les gestionnaires de la flotte et les entreprises
fabriquant des bouées de localisation par satellite
savent combien de DCP sont déployés, où ils
se trouvent et s'ils ont été retirés ou non. À ce
jour, il n'existe aucune obligation de transmettre
ces informations, ni aucune limite au nombre de
DCP dérivants qui peuvent être déployés. Cette
situation doit changer.
Il est désormais temps pour ceux qui utilisent des
DCP dérivants de prendre leurs responsabilités,
de démythifier le sujet et de communiquer sur
la manière dont ces dispositifs sont utilisés, le
moment où ils le sont et leur nombre. Les océans
et leurs ressources appartiennent à tout le monde
et jouent un rôle crucial dans le développement
économique et la sécurité alimentaire de
nombreux États côtiers et de communautés
locales. Ceux qui exploitent ces ressources doivent
agir de façon responsable afin que la viabilité à
moyen et long terme de ces stocks, ainsi que des
pêcheries qui en dépendent, puisse être assurée.
Cela implique de collaborer avec les scientifiques,
de réduire les déchets et de fournir des
informations aux scientifiques et aux gestionnaires
de la pêche, de telle sorte que ces pêcheries et les
écosystèmes puissent rester en bon état pour les
générations à venir.
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À PROPOS DU PEW ENVIRONMENT GROUP
Le Pew Environment Group est la section dévolue à la conservation de Pew Charitable Trusts, une organisation non gouvernementale
œuvrant dans le monde entier à la mise en place de politiques pragmatiques et fondées sur la science pour protéger
nos océans, préserver notre nature et promouvoir une énergie propre.
Document de travail
Estimer l'utilisation des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dans le monde