Guide de visite - Palais des Beaux Arts de Lille
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Attribué à Domenico PANETTI<br />
Ferrare, vers 1460 – ?, avant 1513<br />
La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Cécile<br />
Le style et le sujet <strong>de</strong> ce tableau anonyme renvoient à l’art<br />
<strong>de</strong> Domenico Panetti, peintre <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> Ferrare établi à<br />
Bologne dans sa phase <strong>de</strong> maturité, c’est-à-dire au cours <strong>de</strong><br />
la première décennie du XVI e siècle. La manière douce et<br />
sensible visible dans l’attitu<strong>de</strong> rêveuse <strong>de</strong> la Vierge, la pose<br />
naturelle <strong>de</strong> l’Enfant ou le paysage harmonieux qui s’ouvre<br />
à gauche évoquent le classicisme poétique du Pérugin ou<br />
<strong>de</strong> Raphaël. Au premier plan, l’arbre frêle finement découpé<br />
sur un panorama qui se dissout dans le bleuissement <strong>de</strong>s<br />
lointains est une référence directe aux créations <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />
maîtres.<br />
Toute la singularité <strong>de</strong> ce tableau rési<strong>de</strong> dans un motif<br />
inhabituel pour pareille scène : la présence d’une figure<br />
<strong>de</strong> sainte auréolée qui complète la composition à droite<br />
<strong>de</strong> la Vierge. On l’i<strong>de</strong>ntifie comme sainte Cécile grâce à<br />
son attribut, un orgue positif représenté <strong>de</strong>rrière elle. La<br />
patronne <strong>de</strong>s musiciens désigne une partition polyphonique<br />
inscrite sur un cartel qu’elle présente ostensiblement. Il<br />
s’agit d’un motet, mise en musique d’un psaume dont le<br />
texte latin est clairement lisible : Fiat, Domine, cor meum<br />
im[m]aculatum ut non confundar («Fais, Seigneur, que mon<br />
cœur soit sans tache afin que je ne connaisse pas la honte»).<br />
C’est la clef <strong>de</strong> cette œuvre énigmatique : la sainte au cœur<br />
pur est une image <strong>de</strong> la Nativité dépeinte à ses côtés. Or,<br />
selon la Légen<strong>de</strong> dorée <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Voragine, sainte Cécile<br />
est une vierge romaine du début du III e siècle qui, mariée<br />
<strong>de</strong> force, continue <strong>de</strong> respecter envers et contre tout son<br />
vœu <strong>de</strong> virginité.<br />
La restauration <strong>de</strong> cette peinture à l’huile sur bois, qui<br />
l’a dégagée <strong>de</strong>s larges repeints et du vernis jaune qui<br />
l’obscurcissaient, a permis <strong>de</strong> lui rendre sa lumineuse<br />
lisibilité... mais la composition n’a rien perdu <strong>de</strong> sa<br />
charmante étrangeté.<br />
Inv. P.781<br />
L’intervention a été réalisée par Brigitte Arbus (pour la<br />
couche picturale) et Patrick Mandron (pour le support),<br />
restaurateurs agréés <strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> France, sous le contrôle<br />
du C2RMF à Versailles, grâce au mécénat <strong>de</strong> Groupama.<br />
26 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>