Guide de visite - Palais des Beaux Arts de Lille

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16.05.2014 Views

Inv. Sc 59 (1) Inv. Sc 40 (2) Emile Edmond Peynot Villeneuve-sur-Yonne, 1850 - Paris, 1932 La Proie, 1888 (1) Comme l’Etat a coutume d’agir sous la III ème République, et le Palais des Beaux-Arts de Lille en bénéficie amplement, surtout au moment de son édification (1885-1892), il envoie en 1889 La Proie, un marbre terriblement fougueux. En équilibre instable sur un rocher, l’inextricable et dramatique enchevêtrement de corps humains et de rapace représente la lutte féroce de deux chasseurs pour s’emparer d’un aigle ; ce dernier résiste, les yeux et le bec redoutables, et s’agrippe à l’un des hommes que son compagnon ou adversaire (?), à l’expression effrayante, semble écraser. Prix de Rome en 1881, Peynot avait conçu le sujet lors de son séjour de pensionnaire à la villa Médicis, sous l’emprise de l’art puissant de Michel Ange. Il produit toutefois une œuvre personnelle qui ne cesse d’impressionner depuis son exposition au Salon de 1888, à l’Exposition universelle de 1889 et au musée à Lille. Gustave Frédéric Michel Paris, 1851- Paris, 1924 La Forme se dégageant de la matière, 1902 (2) En 1903, l’Etat envoie le marbre d’un artiste jouissant d’une solide réputation internationale et récent lauréat d’un Grand Prix à l’Exposition universelle de 1900, Gustave Michel. Thème symboliste, La Forme se dégageant de la Matière (modèle en plâtre au musée de La Piscine à Roubaix) incarne par excellence l’acte de création du sculpteur ; elle illustre aussi l’admiration vouée à Michel Ange, par la forme puissante et le recours au "non finito", technique pour suggérer l’émergence de la vie. Ici comme dans ses autres oeuvres, Michel veille toujours à insuffler le souffle vital de la nature qu’il embellit d’un mouvement de lignes élégantes et ondoyantes dont le félicitait la critique de l’époque. Les mêmes qualités de force et de sérénité imprègnent La Pensée, un buste monumental exposé dans la galerie de sculptures, que l’artiste exécuta deux ans plus tard. 22 | Guide de visite

Edgar Henri Boutry Lille, 1857- Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), 1938 Pax (3) Avec Cordonnier et Lefebvre, camarades d’études aux Ecoles académiques à Lille, Boutry fait partie des sculpteurs lillois célèbres pour avoir décroché le prix de Rome et ainsi accéder à l’Académie de France à Rome, installé villa Médicis, et recevoir par la suite des commandes officielles. A cette occasion, en 1887, Lille reçoit en grande pompe Boutry qui avait déjà gagné le second prix en 1885 avec le haut relief en plâtre Corps d’un Spartiate rapporté à sa mère, exposé dans la galerie de sculptures. Inspiré des allégories antiques comme l’atteste le terme latin Pax gravé dans le marbre, la Paix est symbolisée par une femme au geste dynamique pour dispenser son pouvoir, un enfant casqué, assis à ses pieds sur une peau de lion ; Pax offre cependant ici une nudité aux formes généreuses et à l’aura maternelle qui reflète l’esprit des années 1900. Elle pourrait avoir été exécutée à la suite des ravages que la Première guerre mondiale infligea à la ville de Lille. Inv. 2008.0.6.48 (3) Eugène Valentin Déplechin Roubaix, 1852-Thiais (Val de Marne), 1926 Amphitrite, 1893 (4) La déesse de la mer pose avec coquetterie et langueur, un dauphin enroulé à ses pieds pour attribut : la statue vaut à l’artiste une médaille au Salon de 1893. Le modèle en plâtre est exposé au musée de Roubaix. Fixé à Lille, Depléchin connaît une brillante carrière que couronne Le petit Quinquin, son œuvre la plus célèbre pour le Monument à Desrousseaux, en 1902 : la douceur du modelé, la tendresse des traits marquent les deux effigies féminines. Amphitrite dormait dans les réserves du musée sous une couche de poussière, les chevilles et la queue du dauphin cassées. La restauration s’avérait délicate : une fois dépoussiérée, le haut de la statue a été soulevé à l’aide d’une tour de levage afin d’emboîter de solides goujons au niveau des chevilles ; une fois ces cassures bouchées, ainsi que celles de la queue, le marbre a été nettoyé à l’eau. La restauration a été assurée par Daniel Ibled, restaurateur agréé des musées de France, grâce au mécénat des Eaux du Nord. Inv. Sc 33 (4) Guide de visite | 23

Inv. Sc 59 (1) Inv. Sc 40 (2)<br />

Emile Edmond Peynot<br />

Villeneuve-sur-Yonne, 1850 - Paris, 1932<br />

La Proie, 1888 (1)<br />

Comme l’Etat a coutume d’agir sous la III ème République,<br />

et le <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> en bénéficie<br />

amplement, surtout au moment <strong>de</strong> son édification<br />

(1885-1892), il envoie en 1889 La Proie, un marbre<br />

terriblement fougueux. En équilibre instable sur un<br />

rocher, l’inextricable et dramatique enchevêtrement <strong>de</strong><br />

corps humains et <strong>de</strong> rapace représente la lutte féroce <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux chasseurs pour s’emparer d’un aigle ; ce <strong>de</strong>rnier<br />

résiste, les yeux et le bec redoutables, et s’agrippe à l’un<br />

<strong>de</strong>s hommes que son compagnon ou adversaire (?), à<br />

l’expression effrayante, semble écraser.<br />

Prix <strong>de</strong> Rome en 1881, Peynot avait conçu le sujet<br />

lors <strong>de</strong> son séjour <strong>de</strong> pensionnaire à la villa Médicis,<br />

sous l’emprise <strong>de</strong> l’art puissant <strong>de</strong> Michel Ange. Il<br />

produit toutefois une œuvre personnelle qui ne cesse<br />

d’impressionner <strong>de</strong>puis son exposition au Salon <strong>de</strong> 1888,<br />

à l’Exposition universelle <strong>de</strong> 1889 et au musée à <strong>Lille</strong>.<br />

Gustave Frédéric Michel<br />

Paris, 1851- Paris, 1924<br />

La Forme se dégageant <strong>de</strong> la matière, 1902 (2)<br />

En 1903, l’Etat envoie le marbre d’un artiste jouissant<br />

d’une soli<strong>de</strong> réputation internationale et récent lauréat<br />

d’un Grand Prix à l’Exposition universelle <strong>de</strong> 1900,<br />

Gustave Michel.<br />

Thème symboliste, La Forme se dégageant <strong>de</strong> la Matière<br />

(modèle en plâtre au musée <strong>de</strong> La Piscine à Roubaix)<br />

incarne par excellence l’acte <strong>de</strong> création du sculpteur ;<br />

elle illustre aussi l’admiration vouée à Michel Ange, par la<br />

forme puissante et le recours au "non finito", technique<br />

pour suggérer l’émergence <strong>de</strong> la vie. Ici comme dans ses<br />

autres oeuvres, Michel veille toujours à insuffler le souffle<br />

vital <strong>de</strong> la nature qu’il embellit d’un mouvement <strong>de</strong><br />

lignes élégantes et ondoyantes dont le félicitait la critique<br />

<strong>de</strong> l’époque. Les mêmes qualités <strong>de</strong> force et <strong>de</strong> sérénité<br />

imprègnent La Pensée, un buste monumental exposé<br />

dans la galerie <strong>de</strong> sculptures, que l’artiste exécuta <strong>de</strong>ux<br />

ans plus tard.<br />

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