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Guide de visite - Palais des Beaux Arts de Lille

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<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong><br />

l'Allee <strong>de</strong> sculptures<br />

Actualite <strong>de</strong>s restaurations


Remerciements<br />

Nous adressons notre reconnaissance à Martine Aubry, Maire <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>, Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> Métropole<br />

Urbaine, à Catherine Cullen, adjointe au maire, déléguée à la Culture, à Laurent Dréano, directeur<br />

général <strong>de</strong> la Culture et à Isabelle Seigneur qui nous ont permis <strong>de</strong> réaliser cette exposition.<br />

Passion <strong>de</strong> la collection a été rendue possible grâce au mécénat <strong>de</strong>s Amis <strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>, dont<br />

nous remercions tout particulièrement le prési<strong>de</strong>nt, François Pouille.<br />

Direction<br />

<strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> et <strong>de</strong> l’Hospice Comtesse :<br />

Alain Tapié, Conservateur en chef du patrimoine<br />

Commissariat <strong>de</strong> l’exposition :<br />

Annie Scottez - De Wambrechies<br />

Conservateur en chef du patrimoine<br />

Elisabeth De Jonckheere<br />

Assistante qualifiée du patrimoine<br />

Archives Municipales : Michel Sarter<br />

Administration : Stéphanie Devissaguet<br />

Responsable administratif et Financier :<br />

Sébastien Desramaut<br />

Ressources Humaines : Catherine Lauret<br />

Développement et communication :<br />

Anne-Françoise Lemaître<br />

Ligne graphique : Claire Masset<br />

Restauration et montage <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins : Odile Liesse<br />

Régie <strong>de</strong>s œuvres : Sophie Loock,<br />

assistée <strong>de</strong> Hamid Bou<strong>de</strong>rsa<br />

Samir Ayache, Karim Merabet, Grégory Ryckewaert,<br />

Christian Simoulin<br />

Régie technique : Fabrice Gosset<br />

assisté <strong>de</strong> Sébastien Druelle, Sébastien Eckes,<br />

Denis Villaume<br />

Menuiserie : Philippe Baron<br />

Merci aux équipes techniques et muséographiques, aux équipes du développement <strong>de</strong>s publics et <strong>de</strong> la<br />

communication, à Axima, aux équipes d’accueil, <strong>de</strong> caisse et <strong>de</strong> surveillance, aux gui<strong>de</strong>s conférenciers et<br />

animateurs, aux enseignants détachés et aux Amis <strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>, et à tous ceux qui ont participé à la<br />

réalisation <strong>de</strong> cette exposition ou la font connaître.<br />

Sommaire<br />

Propos <strong>de</strong> l’exposition page 4<br />

La passion <strong>de</strong> la collection pages 5 à 20<br />

L’allée <strong>de</strong> sculptures pages 21 à 23<br />

Les restaurations pages 24 à 26


Donation Laporte-pellegrin<br />

Passion <strong>de</strong> la collection<br />

Fins connaisseurs <strong>de</strong>s collections du <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> qu’ils avaient déjà gratifiées<br />

d’oeuvres d’Arnould <strong>de</strong> Vuez, <strong>de</strong> Luc-Olivier Merson et d’Henri Biebuyck, <strong>de</strong>s<br />

collectionneurs dont un Lillois <strong>de</strong> souche, Philippe Laporte et Yannick Pellegrin, viennent<br />

d’accor<strong>de</strong>r au musée une belle donation originale. Passionnante par bien <strong>de</strong>s aspects, elle<br />

comporte 48 pièces datées <strong>de</strong>s XIX e et XX e siècles : une huile sur papier, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins, <strong>de</strong>s<br />

photographies argentiques et une majorité <strong>de</strong> sculptures en plâtre, terre cuite et bronze qui<br />

nous ouvrent les portes <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité.<br />

Outre leurs qualités plastiques et stylistiques, reflets <strong>de</strong>s courants artistiques <strong>de</strong> leur temps,<br />

ces œuvres constituent souvent <strong>de</strong>s révélations ; elles sont également sources d’informations<br />

précieuses en lien direct avec les collections du musée comme avec la scène artistique<br />

lilloise <strong>de</strong>s années 1850 aux années 1950. Les peintres et sculpteurs présents sont presque<br />

tous nés à <strong>Lille</strong> ou alors à Valenciennes, Hazebrouck, Bailleul... ils ont reçu une formation<br />

aux Ecoles académiques ou à l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> la ville, qui les a généralement<br />

propulsés dans les ateliers parisiens <strong>de</strong> Falguière, Cabanel, Barrias et surtout <strong>de</strong> Landowski,<br />

leur permettant <strong>de</strong> gagner le premier ou le second prix <strong>de</strong> Rome, gage d’accès à une<br />

carrière nationale.<br />

Autre point fort <strong>de</strong> la donation, l’entrée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux artistes essentiels dans la collection <strong>de</strong><br />

sculptures, Constantin Meunier (1831-1905), le peintre et sculpteur belge marqué par la<br />

vie industrielle <strong>de</strong> son époque et le novateur "classique" Paul Landowski (1875-1961).<br />

Passion <strong>de</strong> la collection démontre l’étonnante vitalité <strong>de</strong> cette école lilloise encore<br />

méconnue, mais cependant excellente, qui fut stimulée par l’enseignement <strong>de</strong> qualité<br />

dispensé à <strong>Lille</strong> aux XIX e et XX e siècles, sous l’égi<strong>de</strong> d’Alphonse Colas et d’Aimé Blaise par<br />

exemple ; elle transmet le regard enthousiaste et savant <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux collectionneurs attachés<br />

au <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong>. A cet égard, ils ont eu à cœur d’enrichir l’exposition Passion <strong>de</strong> la<br />

collection en prêtant exceptionnellement quatre autres sculptures. Pour leur collaboration<br />

exemplaire et généreuse, nous exprimons à Philippe Laporte et Yannick Pellegrin notre<br />

entière reconnaissance.<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> |


Luc-Olivier Merson<br />

Paris, 1846- Paris, 1920<br />

Etu<strong>de</strong> du Christ pour "La Vision" (1)<br />

Le don <strong>de</strong> cette feuille a constitué en 2002 la première approche <strong>de</strong><br />

Philippe Laporte et <strong>de</strong> Yannick Pellegrin, une démarche réfléchie qui<br />

révélait leurs connaissances <strong>de</strong>s collections lilloises. Ils offraient ainsi un<br />

<strong>de</strong>ssin préparatoire à l’une <strong>de</strong>s œuvres majeures du musée La Vision.<br />

Légen<strong>de</strong> du XIV e siècle <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s meilleurs peintres du XIX e siècle.<br />

Lauréat du prix <strong>de</strong> Rome en 1869, Luc-Olivier séjourne à la villa<br />

Médicis, à Rome où il est subjugué par Raphaël et les peintres du<br />

Quattrocento, références dont il va user, notamment pour La Vision qui<br />

connaît le succès au Salon <strong>de</strong> 1873, à Paris.<br />

Le <strong>de</strong>ssin s’attache à définir la pose et l’étu<strong>de</strong> anatomique <strong>de</strong>s bras du<br />

Christ, l’un à droite étant cloué à la croix tandis que l’autre à gauche<br />

s’en détache pour bénir la sainte religieuse, tombée en extase face à ce<br />

miracle. Notons le visage imberbe du Christ, à la différence <strong>de</strong> celui<br />

peint barbu sur le tableau du musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>.<br />

Inv. W 4460. (1)<br />

Léon Comerre<br />

Trélon (Nord), 1850 - Paris, 1916<br />

Personnage drapé à l’antique (2)<br />

Elève précoce, il entre à l’âge <strong>de</strong> 9 ans aux Ecoles académiques <strong>de</strong><br />

<strong>Lille</strong> auprès du peintre Alphonse Colas, et se lie d’amitié avec Albert<br />

Darcq, Alphonse-Amédée Cordonnier et André Laoust. De nombreux<br />

prix et médailles viennent couronner sa scolarité. En 1869, il part à<br />

Paris à l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> auprès du peintre Alexandre Cabanel.<br />

Grand Prix <strong>de</strong> Rome en 1875 avec L’Ange annonçant aux bergers<br />

la naissance du Christ, sa carrière est importante : pendant 40 ans il<br />

participe, au Salon <strong>de</strong>s artistes français. Grand <strong>de</strong>ssinateur, à la manière<br />

académique <strong>de</strong> son maître Cabanel, il aime traiter les scènes d’histoire,<br />

telles La Mort <strong>de</strong> Timophane, Samson et Dalila conservés au musée <strong>de</strong><br />

<strong>Lille</strong>. Comme d’autres artistes, il est chargé sous la III e République <strong>de</strong><br />

décorer les édifices publics parisiens et d’autres villes françaises. Notre<br />

<strong>de</strong>ssin au crayon et mise au carreau, aura peut-être été esquissé pour un<br />

personnage du décor Le Destin réalisé pour la Mairie du IV e arr. à Paris.<br />

Il est l’oncle du célèbre artiste cubiste Albert Gleizes.<br />

Inv. 2008.2.13 (2)<br />

| <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Inv. 2008.2.11 (4) Inv. 2008.2.12 (5)<br />

Inv. W. 4494 (3)<br />

Arnould DE VUEZ<br />

Saint-Omer, 1644 – <strong>Lille</strong>, 1720<br />

La Paix et la Justice se donnant la main (3)<br />

Premier prix <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin à Rome en 1667, après sa<br />

formation chez le frère Luc à Paris, Vuez <strong>de</strong>vient membre<br />

<strong>de</strong> l’Académie royale <strong>de</strong> peinture et <strong>de</strong> sculpture en 1681.<br />

Il s’installe à <strong>Lille</strong> en 1694, et <strong>de</strong>vient le peintre officiel<br />

<strong>de</strong> la ville. Jusqu’à la fin <strong>de</strong> sa vie, il reçoit <strong>de</strong> nombreuses<br />

comman<strong>de</strong>s pour les églises et les congrégations religieuses<br />

<strong>de</strong> la région.<br />

Ce <strong>de</strong>ssin, à l’encre noire et lavis gris, donné en 2005,<br />

vient enrichir l’important fonds Vuez du musée, pas<br />

moins d’une quarantaine <strong>de</strong> peintures et 194 œuvres<br />

graphiques. Si la plupart <strong>de</strong>s peintures traitent <strong>de</strong> sujets<br />

religieux, les <strong>de</strong>ssins abor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s thèmes différents. Cette<br />

allégorie rappelle d’autres réalisations (coll.part.), La Justice<br />

et l’Economie, La Paix et l’Autorité, et surtout la grisaille La<br />

Paix et la Justice se donnant la main, conservée au musée.<br />

Alphonse COLAS<br />

<strong>Lille</strong>, 1818 – <strong>Lille</strong>, 1887<br />

La Vierge Marie (4)<br />

Assomption <strong>de</strong> la Vierge (5)<br />

Dès 1834, il fréquente l’Ecole académique <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin à<br />

<strong>Lille</strong> et obtient rapi<strong>de</strong>ment les 1 ers prix. En 1838, l’Ecole<br />

<strong>de</strong> peinture est créée sous la direction du peintre François<br />

Souchon. Colas s’y inscrit et y est très vite remarqué pour<br />

ses qualités artistiques. De 1843 à 1848, il fait le voyage<br />

en Italie pour étudier et copier les grands maîtres <strong>de</strong> la<br />

Renaissance, principalement Raphaël à qui il voue une<br />

véritable admiration. En 1866, il offre à la ville L’Elévation<br />

<strong>de</strong> la croix réalisée en Italie, présentée avec son esquisse<br />

et 6 étu<strong>de</strong>s dans les salles du musée. Considéré comme<br />

le plus grand peintre religieux <strong>de</strong> sa région, il reçoit <strong>de</strong><br />

nombreuses comman<strong>de</strong>s pour les églises, notamment<br />

pour Saint-Michel à <strong>Lille</strong> (10 étu<strong>de</strong>s données par les Amis<br />

<strong>de</strong>s musées en 1997). Ses <strong>de</strong>ssins, au crayon avec mise au<br />

carreau, sont traités avec finesse et précision tant dans le<br />

contour et le mo<strong>de</strong>lé d’une figure, que dans le relief et les<br />

contrastes d’une draperie.<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> |


Inv. 2005.9.2 (1) Inv. 2008.0.4.14 (2)<br />

Henri Biebuyck<br />

Wacken (Belgique), 1835 – <strong>Lille</strong>,1907<br />

Portrait d’un notable, 1886 (1)<br />

Paul Auguste Crépy, 1899 (2)<br />

Peu connu aujourd’hui, Henri Biebuyck, élève <strong>de</strong>s Ecoles<br />

académiques <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>, présente au Salon lillois <strong>de</strong> 1866 un<br />

projet <strong>de</strong> fontaine La ville <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> et les communes annexées,<br />

pour lequel il reçoit une médaille d’or. Cet ensemble<br />

en plâtre, <strong>de</strong>stiné à célèbrer le rattachement <strong>de</strong>s villes<br />

<strong>de</strong> Moulins, Esquermes et Wazemmes à <strong>Lille</strong>, appartient<br />

aujourd’hui au musée.<br />

Dans les années 1868 à 1899, la décoration d’immeubles<br />

et d’hôtels particuliers lillois qu’il orne <strong>de</strong> cariati<strong>de</strong>s<br />

encore visibles aujourd’hui lui apportent la notoriété.<br />

Il s’agit, entre autres, <strong>de</strong>s immeubles situés au 62, rue<br />

Faidherbe, au 14-18 boulevard <strong>de</strong> la Liberté, et à l’angle<br />

<strong>de</strong> la rue Inkermann et <strong>de</strong> la rue Gauthier <strong>de</strong> Châtillon.<br />

Il est aussi l’auteur <strong>de</strong> sculptures ornant les frontons <strong>de</strong><br />

la Préfecture <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> ou le tympan <strong>de</strong> l’église Sainte<br />

Elisabeth à Roubaix, lesquels révèlent son habilité à<br />

pratiquer la sculpture monumentale.<br />

Parallèlement, il s’adonne à l’art précis et complexe<br />

du médailleur et nous livre ici <strong>de</strong>ux beaux portraits en<br />

bronze le Portrait d’un notable, donné en 2005, et surtout<br />

l’imposant profil <strong>de</strong> Paul Auguste Crépy que l’on retrouve<br />

sur la tombe <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> famille lilloise au cimetière<br />

du sud <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>. Ces <strong>de</strong>ux pièces viennent enrichir la<br />

collection du musée déjà propriétaire <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux médaillons<br />

<strong>de</strong> cet artiste Monsieur Six-Horemans (bronze), Madame<br />

d’Hespel (plâtre) et d’un buste en plâtre représentant<br />

Frédéric Mottez.<br />

| <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Inv. 2008.2.30 (4)<br />

Inv. 2008.2.29 (3)<br />

Agathon Léonard<br />

<strong>Lille</strong>, 1841 – Paris, 1923<br />

Sainte Cécile, 1888 (3)<br />

Le scapulaire, 1891 (Inv. D. 2009.3.2 - prêt exeptionnel)<br />

La paysanne (4)<br />

Agathon Léonard, <strong>de</strong>vient célèbre lors <strong>de</strong> l’Exposition<br />

universelle <strong>de</strong> 1900, lorsqu’il expose au stand <strong>de</strong> la<br />

Manufacture <strong>de</strong> Sèvres, avec laquelle il collabore <strong>de</strong>puis<br />

1894, le spectaculaire surtout <strong>de</strong> table en biscuit composé<br />

<strong>de</strong> 15 danseuses le Jeu <strong>de</strong> l’écharpe. Cet ensemble lui vaudra<br />

la médaille d’or et la légion d’honneur.<br />

Artiste Art nouveau par excellence, l’image <strong>de</strong> la femme<br />

idéalisée <strong>de</strong>s années 1900, femme chaste, pure, rêveuse,<br />

femme fleur… sera son thème <strong>de</strong> prédilection tout<br />

au long <strong>de</strong> sa carrière. Allégories, Vierges à l’Enfant,<br />

Annonciations, saintes emplissent son œuvre. Ce thème<br />

<strong>de</strong>s saints et saintes sera très répandu à l’époque, le célèbre<br />

médailleur Vernon en exécutera <strong>de</strong> nombreux reliefs.<br />

Le bas-relief Sainte Cécile, a probablement été présenté<br />

au Salon <strong>de</strong>s artistes français <strong>de</strong> 1888, et sera à nouveau<br />

repris par l’artiste 20 ans plus tard. Le profil <strong>de</strong> la sainte est<br />

inscrit dans un cercle parfait, le regard levé vers le ciel, les<br />

cheveux sont enserrés par un cerceau, témoignage <strong>de</strong> son<br />

engagement spirituel. Présenté à la Société nationale <strong>de</strong>s<br />

beaux-arts en 1891, Le scapulaire, désigne pour ce buste<br />

<strong>de</strong> marbre, le vêtement à l’origine porté sur les épaules<br />

par les religieux. Cette femme aux yeux baissés et au<br />

visage penché exprime le recueillement et la soumission.<br />

Nommée plus simplement, La Paysanne est une réplique<br />

plus petite en biscuit et émail cristallisé polychrome<br />

<strong>de</strong> Sèvres.<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> |


Alphonse-Amédée CORDONNIER<br />

La Ma<strong>de</strong>leine,1848 – Paris, 1930<br />

Héraut d’armes du XVIe siècle, vers 1884 (1)<br />

Le Semeur, 1907 (2)<br />

Elève aux Ecoles académiques <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> en même temps que<br />

Darcq, Cordonnier <strong>de</strong>vient pensionnaire <strong>de</strong> la fondation Wicar<br />

à Rome en 1873, il y séjourne pendant quatre ans. Il remporte<br />

ensuite le prix <strong>de</strong> Rome en 1877, ce qui lui permet <strong>de</strong> retourner<br />

en Italie.<br />

Inv. 2008.2.15 (1)<br />

Héraut d’armes du XVIe siècle<br />

Cette statuette en bronze, est une réduction <strong>de</strong> l’œuvre<br />

commandée par la Ville <strong>de</strong> Paris et réalisée en1884, pour décorer<br />

la cour sud <strong>de</strong> l’Hôtel <strong>de</strong> Ville. Cordonnier s’est surtout intéressé<br />

au côté décoratif d’une figure représentative d’une fonction bien<br />

précise ; il accor<strong>de</strong> une attention toute particulière au costume<br />

et à l’armure et campe son personnage dans une attitu<strong>de</strong> fière<br />

et autoritaire. Le musée possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>ssins préparatoires sur<br />

ce thème.<br />

Le Semeur<br />

Le courant réaliste marque profondément la fin du XIXe siècle<br />

et le début du XXe siècle. A l’exemple <strong>de</strong> son aîné, Constantin<br />

Meunier, Cordonnier est soucieux <strong>de</strong> représenter l’humanité<br />

laborieuse qui nous entoure. Dans cet esprit, il exécute cette très<br />

belle tête en terre cuite, qui sera utilisée pour l’imposant Semeur<br />

du musée <strong>de</strong> Roubaix. Le visage aux yeux vi<strong>de</strong>s est ridé, marqué<br />

par un travail fatiguant et pénible. Une Tête d’homme âgé (1907)<br />

du musée <strong>de</strong> Picardie d’Amiens s’avère très proche <strong>de</strong> la nôtre.<br />

Cordonnier multipliera les sujets à caractère social, comme en<br />

témoignent les <strong>de</strong>ux groupes Les Miséreux, Les Pauvres gens, ou<br />

L’Inoculation et La Fermentation, conservés au musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>.<br />

Inv. 2008.2.14 (2)<br />

| <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Inv. 2008.2.16 (3)<br />

Albert DARCQ<br />

<strong>Lille</strong>, 1848 – <strong>Lille</strong>, 1895<br />

Vue <strong>de</strong> campagne prise à Marque (3)<br />

Esquisse pour un fronton (Inv. 2008.2.17)<br />

Elève <strong>de</strong>s Ecoles académiques dès 1855, Albert Darcq<br />

suit les cours <strong>de</strong> peinture <strong>de</strong> Colas avant <strong>de</strong> se consacrer<br />

à la sculpture et complète sa formation à Paris auprès <strong>de</strong><br />

Cavelier. De 1875 à la fin <strong>de</strong> sa vie, il occupe le poste<br />

d’enseignant aux Ecoles académiques, et compte Edgar<br />

Boutry et Hippolyte Lefebvre parmi ses élèves. De 1874<br />

à 1892, il participe régulièrement aux Salons parisiens.<br />

A partir <strong>de</strong> 1887, il intervient sur les frontons du palais<br />

Rameau et <strong>de</strong> la faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine. Outre les bustes<br />

<strong>de</strong>s personnalités installés dans la cour intérieure <strong>de</strong> la<br />

Vieille Bourse, on lui doit aussi les portraits d’éminents<br />

Lillois, tels Géry Legand (1881), Jules Houdoy (1880), Paul<br />

Martin (1891), conservés au musée. Il sera Directeur du<br />

premier musée <strong>de</strong> sculpture <strong>de</strong> 1886 à 1895. Son oeuvre<br />

graphique est méconnue ; cette Vue <strong>de</strong> campagne prise à<br />

Marque complète heureusement notre fonds.<br />

Pharaon De Winter<br />

Bailleul, 1849 – <strong>Lille</strong>, 1924<br />

La Neuvaine, 1889 (Inv. 2008.2. 43)<br />

Encouragé par son père, il fréquente dès l’âge <strong>de</strong> 11ans,<br />

l’Académie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin à Bailleul, et suit <strong>de</strong> 1869 à 1872, les<br />

cours <strong>de</strong> Colas aux Ecoles académiques à <strong>Lille</strong>. Il termine<br />

sa formation à Paris à l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong>, dans l’atelier<br />

<strong>de</strong> Cabanel. A cette époque, Pharaon fréquente Carpeaux<br />

et Puvis <strong>de</strong> Chavannes. Personnage très attaché à sa Flandre<br />

natale, il puise dans son entourage familier les modèles <strong>de</strong><br />

ses portraits, <strong>de</strong>s scènes intimistes <strong>de</strong> la vie quotidienne et<br />

<strong>de</strong> ses sujets religieux. S’entourant <strong>de</strong>s conseils précieux<br />

<strong>de</strong> ses amis, les peintres Jules Breton et Bastien Lepage, il<br />

est par excellence, le peintre réaliste dans la pure tradition<br />

flaman<strong>de</strong>. Ce <strong>de</strong>ssin à l’atmosphère pieuse et recueillie, au<br />

crayon et à l’encre, s’avère être préparatoire à une gravure<br />

(PBA, <strong>Lille</strong>). Il est à rapprocher <strong>de</strong> l’esquisse, conservée au<br />

musée <strong>de</strong> Bailleul, pour le tableau final présenté au Salon<br />

<strong>de</strong> 1889 (musée d’Amiens). On y retrouve son épouse<br />

Julie Fagoo déjà présente dans plusieurs peintures.<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> |


Edgar Boutry<br />

<strong>Lille</strong>, 1857- Levallois-Perret, 1938<br />

L’Amour et la Folie, 1890 (1)<br />

La plaque en bronze est une réduction <strong>de</strong> l’imposant<br />

bas-relief en plâtre que Boutry exécute en 1889 à Rome<br />

et qu’il donne rapi<strong>de</strong>ment au musée (1892). Il est alors<br />

pensionnaire à la villa Médicis ayant gagné le prix <strong>de</strong><br />

Rome en 1887, un succès qui soulève un enthousiasme<br />

délirant à <strong>Lille</strong> où il est accueilli princièrement. Elève<br />

<strong>de</strong> Darcq aux Ecoles académiques lilloises, puis <strong>de</strong><br />

Cavelier à l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> à Paris, il décroche<br />

le second prix <strong>de</strong> Rome en 1885 avec un bas-relief<br />

en plâtre Corps d’un spartiate rapporté à sa mère exposé<br />

dans la galerie <strong>de</strong> sculptures. Apprécié pour ses qualités<br />

plastiques, l’œuvre <strong>de</strong> Boutry est abondant comme à<br />

Paris que dans sa ville natale où il est appelé à succé<strong>de</strong>r<br />

à Darcq aux Ecoles académiques et, où l’on note son<br />

empreinte, par exemple à l’opéra <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>, pour les<br />

statues du maréchal Foch, <strong>de</strong> Louise <strong>de</strong> Bettignies et<br />

<strong>de</strong> Léon Trulin.<br />

Inv. 2008.2.7 (1)<br />

Omer Désiré BOUCHERY<br />

<strong>Lille</strong>, 1882 – Paris 1962<br />

<strong>Lille</strong>, la bra<strong>de</strong>rie <strong>de</strong>vant l’église Saint-Maurice (Inv. 2008.2.6)<br />

Conseillé par son oncle, le sculpteur lillois Hippolyte Lefebvre, Omer Bouchery entre à l’âge <strong>de</strong> 14 ans à<br />

l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>. Il est l’élève <strong>de</strong> Pharaon <strong>de</strong> Winter et poursuit ses étu<strong>de</strong>s à Paris. Il manifeste<br />

un véritable savoir faire dans la copie <strong>de</strong>s grands maîtres, Verrocchio, Holbein, Franz Hals. Ses représentations<br />

<strong>de</strong> paysages à la manière <strong>de</strong>s hollandais, et ses vues <strong>de</strong> villes et <strong>de</strong> monuments sont <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> qualité graphique,<br />

tant par la précision du trait que par la beauté <strong>de</strong>s contrastes et <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> lumière. Ses scènes <strong>de</strong> la vie<br />

quotidienne, vives et pittoresques ne sont pas sans évoquer parfois le mon<strong>de</strong> caricatural <strong>de</strong> Daumier. Enfin,<br />

à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du grand éditeur lillois Emile Raoust, il illustre les textes <strong>de</strong>s historiens Fernand Beaucamp et<br />

Paul Parent, et nous offre <strong>de</strong> superbes représentations <strong>de</strong> rues, d’hôpitaux, <strong>de</strong> monuments <strong>de</strong> la région, dont<br />

certains, aujourd’hui disparus.<br />

10 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Constantin Meunier<br />

Etterbeck (Belgique), 1831- Bruxelles, 1905<br />

Juin ou Le faucheur - Prêt exceptionnel (2)<br />

Mater Dolorosa (3)<br />

Surnommé le Rodin belge, Constantin Meunier a<br />

cependant débuté comme peintre avant <strong>de</strong> s’adonner<br />

brillamment à la sculpture, au début <strong>de</strong>s années 1880.<br />

Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s paysans accapare l’attention du sculpteur<br />

tel que le montre Juin ou Le faucheur au repos, statuette<br />

en bronze issue <strong>de</strong> la collection André Hardy, ancien<br />

conservateur du musée <strong>de</strong> Valenciennes ; elle a pour soeur<br />

une autre statuette Paysan <strong>de</strong>bout buvant (musée d’Orsay,<br />

Paris) toutes <strong>de</strong>ux fondues par J. Pettermann à Bruxelles ;<br />

elles représentent <strong>de</strong>s faucheurs harassés, marquant<br />

une pause brève, le premier s’essuyant le front ou se<br />

protégeant les yeux du soleil, le second se désaltérant.<br />

Par ailleurs, l’univers <strong>de</strong> la mine et <strong>de</strong> l’industrie en<br />

plein essor en cette fin <strong>de</strong> siècle fascinent Meunier ; le<br />

labeur intense <strong>de</strong>s contrées <strong>de</strong> Liège et <strong>de</strong> Charleroi, du<br />

port d’Anvers nourrissent l’essentiel <strong>de</strong> sa création. Le<br />

sculpteur entend glorifier le travailleur mo<strong>de</strong>rne.<br />

Dérivée du grand bronze Le Puddleur (1887), La tête<br />

<strong>de</strong> puddleur est une édition commerciale <strong>de</strong> La Maison<br />

mo<strong>de</strong>rne à Paris en 1890 ; elle témoigne <strong>de</strong> l’écho<br />

populaire rencontré par ce regard inédit posé sur l’ouvrier<br />

mo<strong>de</strong>rne, façonné par son travail, en l’occurrence ici<br />

celui <strong>de</strong> l’acier.<br />

Bien qu’empruntée au répertoire religieux, la figure <strong>de</strong><br />

Mater Dolorosa traite davantage <strong>de</strong> la douleur d’une mère<br />

confrontée à la mort <strong>de</strong> son fils, comme celle pleurant<br />

son fils mineur, victime d’un grisou, une scène vécue par<br />

Meunier lui-même. Le sujet revêt ainsi une dimension<br />

quotidienne et universelle ; malgré sa petite taille, le relief<br />

en bronze participe à cet effet, magistral d’expression ;<br />

malgré un mo<strong>de</strong>lé simplifié et lisse, il rend la douleur<br />

sour<strong>de</strong> et indicible d’une mère que la torsion du cou et<br />

les mains jointes accentuent.<br />

Inv. D 2009.3.4 (2)<br />

Inv. 2008.2.32 (3)<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> | 11


Inv. 2008.2.2 (1)<br />

Emile Bernard (?)<br />

<strong>Lille</strong>, 1868 - Paris, 1941<br />

Un grand tétras ou un coq <strong>de</strong> bruyère (1)<br />

L’aquarelle est impressionnante d’effet bien que son<br />

attribution à Emile Bernard soit discutée par les<br />

spécialistes du peintre. Indépendamment <strong>de</strong> la signature<br />

(douteuse ou authentique) apposée au crayon en bas à<br />

gauche <strong>de</strong> la feuille, l’œuvre force l’attention car elle<br />

possè<strong>de</strong> une réelle puissance d’ invention et d’exécution.<br />

La mise en page serrée sur le sujet et la palette contrastée,<br />

aux jeux <strong>de</strong> lumière vifs, rehaussés d’ombres noires<br />

peuvent évoquer Emile Bernard dont on ne connaît<br />

malgré tout, pratiquement pas <strong>de</strong> sujets animaliers.<br />

Le <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong> arts <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> possè<strong>de</strong> un bel ensemble<br />

d’oeuvres représentatif <strong>de</strong> la vitalité créatrice d’Emile<br />

Bernard : <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> Pont-Aven avec la peinture<br />

sur verre à la manière d’un vitrail Les cueilleuses <strong>de</strong> poires<br />

(vers 1890), <strong>de</strong> son séjour en Egypte grâce aux tableaux<br />

Femmes au bord du Nil (1900) et L’Autoportrait (1901), à<br />

ses retrouvailles avec la France et l’Italie avec le tableau<br />

Nymphes au bain (1908. Dépôt du musée d’Orsay, Paris),<br />

auxquels se rattache un <strong>de</strong>ssin inspiré par le terroir natal<br />

Maison <strong>de</strong> la grand mère <strong>de</strong> l’artiste, 51 rue <strong>de</strong> St-Etienne.<br />

12 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Inv. 2008.2.22 (2)<br />

Jean Joire<br />

<strong>Lille</strong>, 1862- <strong>Lille</strong>, 1950<br />

Cavalier au chien, caricature présumée <strong>de</strong> Carolus Duran (2)<br />

Cavalier au chien et à la cravache (3)<br />

Inv. 2008.2.23 (3)<br />

Etabli au 129, puis au 135 boulevard <strong>de</strong> la Liberté, l’artiste<br />

accomplit la totalité <strong>de</strong> sa carrière a <strong>Lille</strong>, après être passé par<br />

les Ecoles académiques <strong>de</strong> la ville vers 1875-1880. Il ne néglige<br />

pas pour autant une participation régulière au Salon <strong>de</strong>s artistes<br />

français à partir <strong>de</strong> 1891 où il est connu pour sa production<br />

animalière déclinée soit, autour <strong>de</strong> chiens <strong>de</strong> berger <strong>de</strong>bout, en<br />

alerte ou couchés, veillant seul comme Tom, chien <strong>de</strong> berger belge<br />

(1907) installé à l’entrée du bâtiment-lame du <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s beaux arts,<br />

soit autour <strong>de</strong> chevaux, au trot ou sauteur, <strong>de</strong> cirque ou en attelage,<br />

en plâtre ou en bronze.<br />

Dans ce contexte, les <strong>de</strong>ux caricatures <strong>de</strong> cavaliers, arrêtées d’une plume alerte rehaussée d’aquarelle et datées 1896,<br />

prennent un relief extraordinaire, révélant les talents insoupçonnés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinateur et <strong>de</strong> caricaturiste du sculpteur Joire.<br />

Sa verve animalière et sa profon<strong>de</strong> connaissance du domaine équestre le conduit à exercer un regard critique et facétieux<br />

sur ses contemporains, croquant leurs travers. Ainsi, ce fier cavalier en osmose avec sa monture à l’allure précieuse, para<strong>de</strong>t-il<br />

la cravache à la main, fumant un gros cigare à l’instar du peintre renommé Carolus Duran (1837-1917), aimant<br />

chevaucher dans les allées du Bois <strong>de</strong> Boulogne, à Paris. Or, lié à sa ville natale, ce <strong>de</strong>rnier exposait au Salon <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> en<br />

1896. Par contre, le <strong>de</strong>uxième cavalier <strong>de</strong>meure non i<strong>de</strong>ntifié à ce jour.<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> | 13


Aimé Gustave Blaise<br />

Anzin (Nord), 1877 - <strong>Lille</strong>, 1961<br />

Conscience, 1907 (Inv. 2008.2.4)<br />

Dernier Baiser, 1947 (1)<br />

L’oeil averti <strong>de</strong> Messieurs Laporte et Pellegrin nous<br />

mène à l’heureuse redécouverte <strong>de</strong> l’oeuvre d’un<br />

artiste qui exerça un rôle majeur dans l’art <strong>de</strong> la<br />

sculpture à <strong>Lille</strong> et à Valenciennes, autour <strong>de</strong>s années<br />

1920-1940, comme en témoigne l’ensemble formé<br />

par <strong>de</strong>ux reliefs en plâtre, Conscience et Dernier<br />

Baiser.<br />

Né d’un père mineur, Aimé Blaise apprend la<br />

sculpture auprès <strong>de</strong> Maugendre-Villers à l’Académie<br />

<strong>de</strong> Valenciennes, avant <strong>de</strong> suivre les cours <strong>de</strong> Barrias<br />

et <strong>de</strong> Coutan à l’Ecole nationale <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> à<br />

Paris dès 1895. Second prix <strong>de</strong> Rome en 1904, il<br />

décroche le premier prix en 1906. A partir <strong>de</strong> 1922,<br />

consécration pour cet homme discret, il enseigne la<br />

sculpture à l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> où il va<br />

former la génération mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> sculpteurs parmi<br />

lesquels Emile Morlaix, Lucien Fenaux, Gaston<br />

Watkin, Gérard Choain, René Leleu.<br />

Inv. 2008.2.5 (1)<br />

Conscience appartient à la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> formation <strong>de</strong><br />

Blaise à Rome, comme pensionnaire à la villa Médicis,<br />

un an après son arrivée. Inspiré <strong>de</strong> La Légen<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

Siècles <strong>de</strong> Victor Hugo, le relief en plâtre incarne la<br />

mauvaise conscience <strong>de</strong> Caïn poursuivi dans sa fuite<br />

par l’oeil divin le foudroyant ; il vient <strong>de</strong> tuer son<br />

frère Abel dont on <strong>de</strong>vine le corps à l’arrière plan,<br />

coincé contre le rocher. La projection <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong><br />

Caïn vers le vi<strong>de</strong>, le mo<strong>de</strong>lé réaliste et alerte participe<br />

efficacement à l’effet dramatique recherché.<br />

Quarante ans plus tard, toujours <strong>de</strong> manière symboliste,<br />

Blaise renouvelle le sujet religieux <strong>de</strong> la crucifixion<br />

en portant l’accent sur l’ultime baiser d’amour que la<br />

Vierge Marie tente <strong>de</strong> donner à son fils crucifié, la<br />

tête renversée, haussée sur la pointe <strong>de</strong>s pieds.<br />

14 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Paul Landowski<br />

Paris, 1875 – Boulogne-Billancourt (Hauts-<strong>de</strong>-Seine), 1961<br />

Gaston Riou (1883-1958) (2)<br />

Petit-fils du célèbre compositeur et violoniste, Henri Vieuxtemps et père <strong>de</strong> la pianiste et également peintre,<br />

Françoise Landowski-Caillet (1917-2007), Paul Landowski se forme auprès <strong>de</strong> Louis-Ernest Barrias à l’Ecole<br />

nationale <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> et obtient le prix <strong>de</strong> Rome en 1900 avec David combattant. De 1933 à 1937, il dirige<br />

l’Académie <strong>de</strong> France à Rome.<br />

Il est l’auteur peu connu <strong>de</strong> la très célèbre œuvre monumentale <strong>de</strong> 30 mètre <strong>de</strong> haut Le Christ ré<strong>de</strong>mpteur <strong>de</strong> Rio<br />

<strong>de</strong> Janeiro (1931), <strong>de</strong>venue en 2007, l’une <strong>de</strong>s sept nouvelles merveilles du mon<strong>de</strong>. On lui doit également le<br />

monument A la mémoire <strong>de</strong>s artistes dont le nom s’est perdu (1902) au Panthéon à Paris et plusieurs groupes sculptés<br />

au Père Lachaise, Retour à la nature, Les signes du Zodiaque. Aujourd’hui, à Boulogne Billancourt, à l’emplacement<br />

<strong>de</strong> sa maison et <strong>de</strong> son atelier où il vécut <strong>de</strong> 1906 à 1961, un Musée-jardin Paul Landowski a été créé à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa famille. Son Journal, publié après sa mort reste un outil <strong>de</strong> référence sur le métier <strong>de</strong> sculpteur<br />

avant la première guerre mondiale et jusqu’à la fin <strong>de</strong> sa vie.<br />

Ecrivain et homme politique, Gaston Riou était<br />

très proche du sculpteur, il aurait d’ailleurs posé<br />

pour un <strong>de</strong>s soldats du Tombeau du Maréchal<br />

Foch aux Invali<strong>de</strong>s. Un modèle en plâtre est<br />

préparatoire à notre buste en bronze. Daté <strong>de</strong><br />

1924, il est aujourd’hui détruit, mais connu<br />

grâce à une photographie <strong>de</strong> l’atelier <strong>de</strong> l’artiste.<br />

Inv. 2008.2.24 (2)<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> | 15


Inv. 2008.2.18-2 (1)<br />

Inv. 2008.2.19 (2)<br />

Félix Alfred Desruelles<br />

Valenciennes, 1865 - La Flèche (Sarthe), 1943<br />

Le premier Monument aux fusillés lillois (1)<br />

Les cinq photographies argentiques, dont <strong>de</strong>ux signées<br />

par Desruelles lui-même, immortalisent <strong>de</strong>s monuments<br />

créés par l’artiste dont le célèbre Monument aux fusillés<br />

lillois dans une version avant 1929. Sont représentés <strong>de</strong>s<br />

résistants lillois <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Guerre Eugène Jacquet,<br />

Sylvère Verhulst, Ernest Deconinck et Georges Maertens<br />

au moment <strong>de</strong> leur éxécution en 1915. Le jeune Léon<br />

Trulin, également passé par les armes la même année, est<br />

disposé face contre terre, comme le montrent les <strong>de</strong>ux<br />

reliefs conservés au musée. Détruit par les Allemands en<br />

1940, le monument est reconstitué par Germaine Oury-<br />

Desruelles (1889-1978), l’épouse du sculpteur.<br />

Passé par l’Académie <strong>de</strong> Valenciennes, Desruelles<br />

fréquente l’atelier <strong>de</strong> Falguière, à l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong>,<br />

à Paris. Il sera second prix <strong>de</strong> Rome en 1891. Il doit sa<br />

renommée principalement aux nombreux monuments<br />

aux morts dans le Nord. Le square <strong>de</strong> l’église Saint-<br />

Germain-<strong>de</strong>s-Près à Paris porte son nom.<br />

Lucien Jean Maurice Fenaux<br />

Hazebrouck, 1911- Neuville-aux-Bois (Loiret), 1969<br />

Les Haleurs (2)<br />

L’oubli a absorbé l’œuvre <strong>de</strong> ce bel artiste dont ne subsiste<br />

aujourd’hui que le Mémorial national <strong>de</strong> la déportation du<br />

Struthof (1959). Pourtant Fenaux a joui d’une carrière<br />

honorable, débutée dans l’atelier <strong>de</strong> Blaise à <strong>Lille</strong> et<br />

poursuivie avec succès à l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong>, à Paris,<br />

avec Landowski et Gaumont. Second prix <strong>de</strong> Rome<br />

en 1938, il gagne le premier prix en 1943 ; en 1949, il<br />

séjourne à la Casa Vélasquez à Madrid.<br />

Le bas-relief Les Haleurs, fonte à la cire perdue <strong>de</strong> Bisceglia,<br />

s’inscrit dans le sillon naturaliste <strong>de</strong>s sujets dédiés aux<br />

travailleurs <strong>de</strong> force <strong>de</strong> l’ère industrielle, thématique<br />

chère à Meunier (vers 1880-1900). Ici, <strong>de</strong>s haleurs<br />

s’arcqueboutent dans l’effort prodigieux à produire et<br />

à répéter sans fin. Prêt exceptionnel, La Paix, statuette<br />

en bronze fondue par Susse, puise quant à elle dans le<br />

répertoire antique <strong>de</strong> l’allégorie tout en la mo<strong>de</strong>rnisant<br />

avec sobriété, un mo<strong>de</strong>ste rameau d’olivier en offran<strong>de</strong>.<br />

16 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Lucien Brasseur<br />

Saultain (Nord) 1878 – Paris, 1960<br />

Les Oiseaux, 1937 (3)<br />

Fils d’une famille <strong>de</strong> paveurs, Lucien Brasseur est un artiste précoce<br />

puisqu’il est reçu à l’âge <strong>de</strong> 16 ans à l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> et obtient<br />

en 1905, le prix <strong>de</strong> Rome. De sa brillante carrière <strong>de</strong> sculpteur, se<br />

dégage une forte puissance émotionnelle et lyrique.<br />

Le plâtre, Les Oiseaux ou Jeune fille à la colombe est une réplique <strong>de</strong><br />

la pièce commandée lors <strong>de</strong> la construction du <strong>Palais</strong> <strong>de</strong> Chaillot<br />

pour l’Exposition internationale <strong>de</strong>s arts et techniques <strong>de</strong> 1937. Elle<br />

est située, ainsi que sept autres sculptures, comme elle, toutes en<br />

bronze doré, sur le parvis <strong>de</strong> la place <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme au<br />

Trocadéro.La cape <strong>de</strong> la pièce lilloise est plus courte que celle du<br />

modèle parisien et les plis <strong>de</strong> la robe plus longs sur les pieds. La<br />

gran<strong>de</strong> qualité plastique apportée au rendu du drapé et le sentiment<br />

d’intériorité qui se dégage <strong>de</strong> cette figure féminine la rapproche<br />

immanquablement <strong>de</strong> La Pensée visible sur la faça<strong>de</strong> du musée <strong>de</strong><br />

Valenciennes.<br />

Inv. 2008.2.8 (3)<br />

Inv. 2008.3.1 (4)<br />

Gérard Choain<br />

<strong>Lille</strong>, 1906 - Paris, 1988<br />

Portrait <strong>de</strong> Maurice Planque, vers 1930 (4)<br />

Elève <strong>de</strong> Blaise à l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> vers 1922-1925,<br />

Choain poursuit sa formation auprès <strong>de</strong> Landowski à l’Ecole<br />

<strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong>, à Paris. Au long <strong>de</strong> sa carrière, sensible à la ligne<br />

florentine <strong>de</strong> la sculpture du Quattrocento, le sculpteur s’adonnera<br />

principalement à l’art du portrait et à la sculpture monumentale<br />

comme, par exemple à Paris, La Seine, place <strong>de</strong> l’Alma ou le<br />

Monument aux déportés <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> concentration au cimetière du<br />

Père Lachaise.<br />

Les <strong>de</strong>ux têtes d’homme exposées démontrent l’exceptionnelle<br />

maîtrise du portrait acquise par Choain. Dans une masse imposante<br />

<strong>de</strong> bronze ou <strong>de</strong> noyer, il campe en peu <strong>de</strong> traits stylisés, le portrait<br />

d’un inconnu ou le visage sévère et autoritaire <strong>de</strong> Maurice Planque<br />

(1884-1942), secrétaire général <strong>de</strong> la mairie <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> sous le mandat<br />

<strong>de</strong>s maires Gustave Delory et Roger Salengro.<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> | 17


Inv. 2008.2.38 (1) Inv. 2008.2.36 (2)<br />

Emile Arthur Morlaix<br />

<strong>Lille</strong>, 1909 – Paris, 1990<br />

Buste d’Apollon (1)<br />

Le Génie <strong>de</strong> la Patrie, 1958 (2)<br />

Camara<strong>de</strong> d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Lucien Fenaux, René Leleu et<br />

Gérard Choain dans l’atelier lillois <strong>de</strong> Emile Blaise puis<br />

dans celui <strong>de</strong> Paul Landowski à l’école <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong><br />

à Paris, Morlaix remportera le second prix <strong>de</strong> Rome en<br />

1937 avec le bas-relief en plâtre Apollon et les muses exposé<br />

au musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>. Le buste en terre cuite d’Apollon,<br />

fondu en bronze par Susse Frères, reprend en trois<br />

dimensions le doux visage du dieu, incliné vers l’une <strong>de</strong>s<br />

trois muses. La simplification du mo<strong>de</strong>lé et <strong>de</strong>s formes<br />

rappelle la tradition archaïque grecque en cours dans les<br />

années 1930, à laquelle Morlaix <strong>de</strong>meurera sensible dans<br />

le sillage <strong>de</strong> ses aînés Bour<strong>de</strong>lle et Maillol.<br />

Conçues dans la pierre, Les Baigneuses arrivées au musée<br />

<strong>de</strong> <strong>Lille</strong> en 1949 relève encore <strong>de</strong> cet esprit, comme<br />

plusieurs années plus tard, la figure coupée aux genoux<br />

Jeune femme, exposée ici, dont l’allure hiératique, les bras<br />

croisés dans le dos, un <strong>de</strong>mi-sourire éclairant le visage<br />

évoque le souvenir <strong>de</strong>s Koraï grecques.<br />

A partir <strong>de</strong> 1945, Morlaix partage son temps entre Paris<br />

et le Nord où il va enseigner la sculpture et la céramique<br />

aux écoles <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> et <strong>de</strong> Douai. A cet<br />

effet, il sera l’un <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts la villa Médicis du Nord,<br />

sise au 181 bis rue Solférino à <strong>Lille</strong>. Comme nombre<br />

d’artistes contemporains, Morlaix est aussi l’auteur <strong>de</strong><br />

monuments commémoratifs tel l’exemple présent Le<br />

Génie <strong>de</strong> la Patrie, allégorie, incarnée par une femme<br />

élancée et fière, la chevelure et la draperie flottant au vent<br />

comme un drapeau ; elle constitue le mo<strong>de</strong>llo en plâtre,<br />

à la plastique sobre et puissante, <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong>vant orner<br />

le second monument aux morts français <strong>de</strong> Wissembourg,<br />

inauguré en 1960.<br />

18 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


René Marie Joseph Leleu<br />

<strong>Lille</strong>, 1911 – Paris, 1984<br />

Etu<strong>de</strong> pour un atlante (3)<br />

Triptolème (4)<br />

Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> femme (5)<br />

Inv. 2008.2.25 (3)<br />

Inv. 2008.2.26 (4) Inv. 2008.2.27 (5)<br />

Elève auprès du sculpteur Aimé Blaise à l’Ecole <strong>de</strong>s<br />

<strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> <strong>de</strong> 1927 à 1929, il poursuit sa<br />

formation à Paris dans l’atelier <strong>de</strong> Paul Landowski.<br />

Premier Prix <strong>de</strong> Rome en 1939, c’est principalement<br />

dans la sculpture monumentale qu’il se réalise<br />

pleinement et exprime toute la puissance <strong>de</strong> son art,<br />

ainsi, entre autres, au Mémorial du Mont-Valérien<br />

(1960), et à l’Hôpital du Val-<strong>de</strong>-Grâce à Paris (1980).<br />

Malgré d’importantes comman<strong>de</strong>s, il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> se<br />

consacrer à l’enseignement et à partir <strong>de</strong> 1950, il<br />

<strong>de</strong>vient professeur aux Académies <strong>de</strong> Valenciennes et<br />

<strong>de</strong> Rouen.<br />

Des œuvres <strong>de</strong> dimensions plus petites témoignent <strong>de</strong>s<br />

réelles qualités <strong>de</strong> cet artiste sérieux, grand humaniste<br />

et historien d’art, comme en témoigne son ouvrage<br />

Métamorphoses <strong>de</strong> l’Art rédigé <strong>de</strong> 1942 à 1954. Par<br />

ailleurs, il participa activement à l‘instauration du 1%<br />

en faveur <strong>de</strong> la création d’une œuvre d’art lors <strong>de</strong> la<br />

construction d’un bâtiment public ou scolaire.<br />

Le petit plâtre Etu<strong>de</strong> pour un atlante peut aisément<br />

rejoindre la série <strong>de</strong>s 9 bronzes et les <strong>de</strong>ux grands<br />

plâtres du musée, où l’on retrouve la monumentalité<br />

<strong>de</strong>s grands ensembles <strong>de</strong> l’artiste.<br />

Triptolème en bronze patiné est la réplique <strong>de</strong> la<br />

statue en bronze exposée à Valenciennes, dont le<br />

musée conserve un plâtre. Cette force sculpturale<br />

est également présente dans son Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> femme,<br />

au crayon et au fusain : la position du corps, sa place<br />

dans l’espace, le traitement du visage, <strong>de</strong>s mains et <strong>de</strong>s<br />

pieds attestent du savoir faire d’un grand artiste qui<br />

rappelle Maillol.<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> | 19


Inv. 2008.2.20 (1) Inv. 2008.2.21 (2)<br />

Roger Frezin<br />

<strong>Lille</strong>, 1927 - vit et travaille à <strong>Lille</strong><br />

Violon, 1965 (1)<br />

Fleur et casse noix, 1965 (2)<br />

En réaction contre l’enseignement jugé trop académique<br />

et trop figé <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>, Roger<br />

Frezin, aidé par Pierre Olivier et Clau<strong>de</strong> Valois, fon<strong>de</strong> en<br />

1957, l’atelier <strong>de</strong> la Monnaie. Ce sera le lieu <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>zvous<br />

<strong>de</strong> tout un groupe d’artistes voulant échanger leurs<br />

idées et projets sur une nouvelle forme <strong>de</strong> peinture...<br />

Journalistes, hommes <strong>de</strong> lettres, comédiens, musiciens<br />

fréquentaient volontiers cet endroit où l’humour et la<br />

dérision étaient <strong>de</strong> rigueur.<br />

Ces <strong>de</strong>ux fusains datés <strong>de</strong> 1965, se situent à l’époque où<br />

Roger Frezin fréquente le groupe surréaliste "Phases"<br />

créé par le peintre Edouard Jaguer, et dans cet esprit, il<br />

détourne les formes et les objets <strong>de</strong> leur fonction première,<br />

pour recréer, à partir d’un enchevêtrement compliqué et<br />

abstrait, un nouveau mon<strong>de</strong> imaginaire et onirique. Se<br />

considérant avant tout comme un <strong>de</strong>ssinateur, la couleur<br />

pour lui est accessoire, ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>ssins à caractère figuratif<br />

et <strong>de</strong> petit format, plutôt rares chez l’artiste qui travaille<br />

surtout en grands formats, sont donc importants pour le<br />

musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> puisqu’ils correspon<strong>de</strong>nt à une pério<strong>de</strong><br />

où l’artiste travaillait essentiellement sur la mécanisation<br />

et l’abstraction.<br />

20 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


L’allée <strong>de</strong> sculptures<br />

En contre-point à Passion <strong>de</strong> la collection, quatre sculptures monumentales en marbre<br />

blanc sortent <strong>de</strong>s réserves pour prendre place et vie dans la galerie d’accueil du <strong>Palais</strong><br />

<strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong>.<br />

Ce geste "sculptural" est <strong>de</strong>stiné à renouer avec l’esprit architectural du <strong>Palais</strong> jadis,<br />

lors <strong>de</strong> son ouverture en 1892. De fait, le "musée <strong>de</strong> la sculpture" accueillait le <strong>visite</strong>ur<br />

dès son entrée : il déployait dans l’actuelle galerie d’entrée plus d’une centaine <strong>de</strong> sculptures<br />

contemporaines, dont la particularité appréciée était <strong>de</strong> mêler les célébrités nationales et<br />

du Nord <strong>de</strong> la France. Cette présentation, remaniée à trois reprises, s’est maintenue malgré<br />

la perturbation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux guerres mondiales jusqu’à la tombée en disgrâce <strong>de</strong> la sculpture<br />

XIX e siècle, dans les décennies 1950-1960.<br />

Quatre œuvres liées aux années 1880-1900 <strong>de</strong> quatre artistes issus <strong>de</strong> la même génération<br />

ont été choisies pour former un ensemble cohérent, organisé le long d’une allée : elles<br />

font ainsi revivre le talent <strong>de</strong> grands sculpteurs tant originaires <strong>de</strong> la région comme Eugène<br />

Déplechin (1852-1926), Edgar Boutry (1857-1938), que parisiens comme Emile Peynot<br />

(1850-1932) et Gustave Michel (1851-1924). Ces œuvres suscitent entre elles le jeu <strong>de</strong>s<br />

correspondances formelles et charnelles ; il en émane un dialogue sensuel, parfois spirituel<br />

qui résonne sous les voûtes <strong>de</strong> la galerie et accueille ainsi les <strong>visite</strong>urs du musée.<br />

Notre intention, certes, est <strong>de</strong> raviver le talent d’une époque qui excellait à s’exprimer<br />

<strong>de</strong> manière allégorique et monumentale sous le ciseau <strong>de</strong>s sculpteurs mais également <strong>de</strong><br />

susciter une appréciation nouvelle <strong>de</strong> cette statuaire majestueuse, et pourquoi pas éveiller<br />

la contemplation.<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> | 21


Inv. Sc 59 (1) Inv. Sc 40 (2)<br />

Emile Edmond Peynot<br />

Villeneuve-sur-Yonne, 1850 - Paris, 1932<br />

La Proie, 1888 (1)<br />

Comme l’Etat a coutume d’agir sous la III ème République,<br />

et le <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> en bénéficie<br />

amplement, surtout au moment <strong>de</strong> son édification<br />

(1885-1892), il envoie en 1889 La Proie, un marbre<br />

terriblement fougueux. En équilibre instable sur un<br />

rocher, l’inextricable et dramatique enchevêtrement <strong>de</strong><br />

corps humains et <strong>de</strong> rapace représente la lutte féroce <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux chasseurs pour s’emparer d’un aigle ; ce <strong>de</strong>rnier<br />

résiste, les yeux et le bec redoutables, et s’agrippe à l’un<br />

<strong>de</strong>s hommes que son compagnon ou adversaire (?), à<br />

l’expression effrayante, semble écraser.<br />

Prix <strong>de</strong> Rome en 1881, Peynot avait conçu le sujet<br />

lors <strong>de</strong> son séjour <strong>de</strong> pensionnaire à la villa Médicis,<br />

sous l’emprise <strong>de</strong> l’art puissant <strong>de</strong> Michel Ange. Il<br />

produit toutefois une œuvre personnelle qui ne cesse<br />

d’impressionner <strong>de</strong>puis son exposition au Salon <strong>de</strong> 1888,<br />

à l’Exposition universelle <strong>de</strong> 1889 et au musée à <strong>Lille</strong>.<br />

Gustave Frédéric Michel<br />

Paris, 1851- Paris, 1924<br />

La Forme se dégageant <strong>de</strong> la matière, 1902 (2)<br />

En 1903, l’Etat envoie le marbre d’un artiste jouissant<br />

d’une soli<strong>de</strong> réputation internationale et récent lauréat<br />

d’un Grand Prix à l’Exposition universelle <strong>de</strong> 1900,<br />

Gustave Michel.<br />

Thème symboliste, La Forme se dégageant <strong>de</strong> la Matière<br />

(modèle en plâtre au musée <strong>de</strong> La Piscine à Roubaix)<br />

incarne par excellence l’acte <strong>de</strong> création du sculpteur ;<br />

elle illustre aussi l’admiration vouée à Michel Ange, par la<br />

forme puissante et le recours au "non finito", technique<br />

pour suggérer l’émergence <strong>de</strong> la vie. Ici comme dans ses<br />

autres oeuvres, Michel veille toujours à insuffler le souffle<br />

vital <strong>de</strong> la nature qu’il embellit d’un mouvement <strong>de</strong><br />

lignes élégantes et ondoyantes dont le félicitait la critique<br />

<strong>de</strong> l’époque. Les mêmes qualités <strong>de</strong> force et <strong>de</strong> sérénité<br />

imprègnent La Pensée, un buste monumental exposé<br />

dans la galerie <strong>de</strong> sculptures, que l’artiste exécuta <strong>de</strong>ux<br />

ans plus tard.<br />

22 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Edgar Henri Boutry<br />

<strong>Lille</strong>, 1857- Levallois-Perret (Hauts-<strong>de</strong>-Seine), 1938<br />

Pax (3)<br />

Avec Cordonnier et Lefebvre, camara<strong>de</strong>s d’étu<strong>de</strong>s aux Ecoles académiques<br />

à <strong>Lille</strong>, Boutry fait partie <strong>de</strong>s sculpteurs lillois célèbres pour avoir décroché<br />

le prix <strong>de</strong> Rome et ainsi accé<strong>de</strong>r à l’Académie <strong>de</strong> France à Rome, installé<br />

villa Médicis, et recevoir par la suite <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s officielles. A cette<br />

occasion, en 1887, <strong>Lille</strong> reçoit en gran<strong>de</strong> pompe Boutry qui avait déjà<br />

gagné le second prix en 1885 avec le haut relief en plâtre Corps d’un<br />

Spartiate rapporté à sa mère, exposé dans la galerie <strong>de</strong> sculptures.<br />

Inspiré <strong>de</strong>s allégories antiques comme l’atteste le terme latin Pax gravé dans<br />

le marbre, la Paix est symbolisée par une femme au geste dynamique pour<br />

dispenser son pouvoir, un enfant casqué, assis à ses pieds sur une peau <strong>de</strong><br />

lion ; Pax offre cependant ici une nudité aux formes généreuses et à<br />

l’aura maternelle qui reflète l’esprit <strong>de</strong>s années 1900. Elle pourrait avoir<br />

été exécutée à la suite <strong>de</strong>s ravages que la Première guerre mondiale infligea<br />

à la ville <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>.<br />

Inv. 2008.0.6.48 (3)<br />

Eugène Valentin Déplechin<br />

Roubaix, 1852-Thiais (Val <strong>de</strong> Marne), 1926<br />

Amphitrite, 1893 (4)<br />

La déesse <strong>de</strong> la mer pose avec coquetterie et langueur, un dauphin enroulé<br />

à ses pieds pour attribut : la statue vaut à l’artiste une médaille au Salon <strong>de</strong><br />

1893. Le modèle en plâtre est exposé au musée <strong>de</strong> Roubaix. Fixé à <strong>Lille</strong>,<br />

Depléchin connaît une brillante carrière que couronne Le petit Quinquin,<br />

son œuvre la plus célèbre pour le Monument à Desrousseaux, en 1902 :<br />

la douceur du mo<strong>de</strong>lé, la tendresse <strong>de</strong>s traits marquent les <strong>de</strong>ux effigies<br />

féminines. Amphitrite dormait dans les réserves du musée sous une couche<br />

<strong>de</strong> poussière, les chevilles et la queue du dauphin cassées. La restauration<br />

s’avérait délicate : une fois dépoussiérée, le haut <strong>de</strong> la statue a été soulevé<br />

à l’ai<strong>de</strong> d’une tour <strong>de</strong> levage afin d’emboîter <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s goujons au niveau<br />

<strong>de</strong>s chevilles ; une fois ces cassures bouchées, ainsi que celles <strong>de</strong> la queue,<br />

le marbre a été nettoyé à l’eau.<br />

La restauration a été assurée par Daniel Ibled, restaurateur agréé <strong>de</strong>s<br />

musées <strong>de</strong> France, grâce au mécénat <strong>de</strong>s Eaux du Nord.<br />

Inv. Sc 33 (4)<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> | 23


Actualité <strong>de</strong>s restaurations<br />

Inv. 2008.0.6.35 (1) Inv. Sc 51 (2)<br />

Charles Gauthier<br />

Chauvirey-le-Châtel (Haute-Saône), 1831- Paris, 1891<br />

Cléopâtre, 1880 (1)<br />

La restauration a permis <strong>de</strong> révéler le véritable auteur du<br />

plâtre : ce n’était pas le Lillois Albert Darcq (1848-1895),<br />

mais le Parisien Charles Gauthier à la carrière fructueuse.<br />

Puissante et sensuelle, la sculpture relate le suici<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Cléopâtre piquée par un aspic : l’Etat l’acquiert au Salon<br />

<strong>de</strong> 1880, l’expédie à l’ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tunis, puis la dépose à<br />

la préfecture <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> en 1886 et, enfin au musée.<br />

Longtemps en réserves, le plâtre était très empoussiéré<br />

et s’écaillait. La restauratrice l’a dépoussiéré pour débuter<br />

ensuite un méticuleux travail <strong>de</strong> dégagement <strong>de</strong>s<br />

2 premiers badigeons colorés au scalpel et atteindre ainsi<br />

la <strong>de</strong>rnière couche ocre posée sur le plâtre; les éclats ont<br />

été bouchés et la retouche est venue harmoniser les<br />

<strong>de</strong>rniers acci<strong>de</strong>nts du plâtre patiné.<br />

La restauration <strong>de</strong> l’œuvre a été assurée par Sabine Kessler,<br />

restauratrice agréée <strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> France, grâce au mécénat<br />

<strong>de</strong>s Eaux du Nord.<br />

James Pradier<br />

Genève, 1790 - Bougival (Yvelines), 1852<br />

Satyre et bacchante (2)<br />

Envoyée par l’Etat à <strong>Lille</strong> en 1889, Satyre et bacchante<br />

est une œuvre majeure du musée, soupçonnée être<br />

le modèle en plâtre du marbre exposé au Louvre et<br />

dont la sensualité suscita le scandale au Salon <strong>de</strong> 1834.<br />

La restauration a confirmé l’hypothèse, le plâtre étant<br />

jusqu’alors alourdi par les 3 couches <strong>de</strong> badigeons<br />

posées au fil du temps ; leur dégagement a été long et<br />

difficile : il a été pratiqué à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> décapants en gel<br />

et en liqui<strong>de</strong>, puis au scalpel. Des pointes <strong>de</strong> clou et<br />

<strong>de</strong>s croix au crayon, servant <strong>de</strong> repères pour la taille du<br />

marbre, ont été découvertes. Les fissures comme celle<br />

au niveau du bras droit du satyre ont été comblées et <strong>de</strong><br />

légères retouches ont harmonisé la surface générale.<br />

La restauration a été entreprise par le groupement <strong>de</strong><br />

restauratrices agréées <strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> France, Pascale Klein,<br />

Véronique Picur et Anne Liégey sous le contrôle du C2RMF à<br />

Versailles avec Axelle Davadie. Cette restauration a été réalisée<br />

grâce au mécénat <strong>de</strong> la B.C.M.N.E., filiale du Crédit Mutuel<br />

Nord Europe.<br />

24 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Statuette du dieu Amon (3)<br />

Basse Epoque (664-323 av. J.-C.)<br />

Egypte, Saqqara (?)<br />

Bronze polychrome<br />

Au début du XX e siècle, le Musée du Louvre dépose au<br />

<strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> <strong>de</strong>s caisses d’objets provenant<br />

<strong>de</strong> fouilles menées en Egypte, dont un petit torse en<br />

bronze. Oublié dans les réserves avec d’autres statuettes du<br />

même matériau, il suscite l’attention du conservateur du<br />

fait <strong>de</strong> la présence inhabituelle <strong>de</strong> résidus sur la surface et<br />

<strong>de</strong> sa qualité plastique.<br />

Une restauration est programmée pour analyser plus<br />

finement l’aspect du bronze et préserver tout élément<br />

informatif sur l’histoire <strong>de</strong> l’objet. L’observation sous<br />

loupe binoculaire, la radiographie et l’analyse par faisceau<br />

d’ions au moyen <strong>de</strong> l’ accélérateur AGLAE ont décelé<br />

que le bronze était une fonte creuse élaborée à partir<br />

d’un noyau constitué <strong>de</strong> plusieurs pièces (torse, <strong>de</strong>ux bras,<br />

<strong>de</strong>ux jambes, une tête). Sont également apparus <strong>de</strong>s traces<br />

brunes d’enfouissement, <strong>de</strong>s résidus <strong>de</strong> préparation blanche<br />

témoignant <strong>de</strong> la pose <strong>de</strong> pigments colorés, et même<br />

d’infimes particules d’or et <strong>de</strong> bleu. Tous ces éléments<br />

témoignent d’un bronze polychrome d’excellente facture<br />

qu’un fidèle a déposé dans l’enceinte d’un temple ou à<br />

proximité d’un lieu <strong>de</strong> culte en signe <strong>de</strong> dévotion, comme<br />

la pratique en était courante au I er millénaire. La similarité<br />

<strong>de</strong>s concrétions <strong>de</strong> fouilles <strong>de</strong> notre statuette avec celles<br />

trouvées sur d’autres bronzes conservés au Musée du<br />

Louvre et provenant <strong>de</strong> Saqqara suggèrerait une même<br />

origine : les fouilles <strong>de</strong> Mariette au Sérapéum.<br />

Inv. ME 409 (3)<br />

L’étu<strong>de</strong>, la restauration et le soclage ont été<br />

réalisés par le C2RMF et les restauratrices<br />

agréées par les Musées <strong>de</strong> France,<br />

Isaure d’Avout-Greck et Shéréraza<strong>de</strong> Bentouati,<br />

grâce au mécénat <strong>de</strong> Proxiad.<br />

Les recherches menées dans les réserves du Louvre ont<br />

permis la découverte d’une tête pouvant appartenir au<br />

torse <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>. Des cassures similaires à celles observées au<br />

niveau du cou <strong>de</strong> la statuette confirment cette hypothèse.<br />

La décision est alors prise <strong>de</strong> remettre en place la tête. Et<br />

du torse anonyme initial émerge une statuette à l’effigie<br />

du roi <strong>de</strong>s dieux, Amon.<br />

<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong> | 25


Attribué à Domenico PANETTI<br />

Ferrare, vers 1460 – ?, avant 1513<br />

La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Cécile<br />

Le style et le sujet <strong>de</strong> ce tableau anonyme renvoient à l’art<br />

<strong>de</strong> Domenico Panetti, peintre <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> Ferrare établi à<br />

Bologne dans sa phase <strong>de</strong> maturité, c’est-à-dire au cours <strong>de</strong><br />

la première décennie du XVI e siècle. La manière douce et<br />

sensible visible dans l’attitu<strong>de</strong> rêveuse <strong>de</strong> la Vierge, la pose<br />

naturelle <strong>de</strong> l’Enfant ou le paysage harmonieux qui s’ouvre<br />

à gauche évoquent le classicisme poétique du Pérugin ou<br />

<strong>de</strong> Raphaël. Au premier plan, l’arbre frêle finement découpé<br />

sur un panorama qui se dissout dans le bleuissement <strong>de</strong>s<br />

lointains est une référence directe aux créations <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

maîtres.<br />

Toute la singularité <strong>de</strong> ce tableau rési<strong>de</strong> dans un motif<br />

inhabituel pour pareille scène : la présence d’une figure<br />

<strong>de</strong> sainte auréolée qui complète la composition à droite<br />

<strong>de</strong> la Vierge. On l’i<strong>de</strong>ntifie comme sainte Cécile grâce à<br />

son attribut, un orgue positif représenté <strong>de</strong>rrière elle. La<br />

patronne <strong>de</strong>s musiciens désigne une partition polyphonique<br />

inscrite sur un cartel qu’elle présente ostensiblement. Il<br />

s’agit d’un motet, mise en musique d’un psaume dont le<br />

texte latin est clairement lisible : Fiat, Domine, cor meum<br />

im[m]aculatum ut non confundar («Fais, Seigneur, que mon<br />

cœur soit sans tache afin que je ne connaisse pas la honte»).<br />

C’est la clef <strong>de</strong> cette œuvre énigmatique : la sainte au cœur<br />

pur est une image <strong>de</strong> la Nativité dépeinte à ses côtés. Or,<br />

selon la Légen<strong>de</strong> dorée <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Voragine, sainte Cécile<br />

est une vierge romaine du début du III e siècle qui, mariée<br />

<strong>de</strong> force, continue <strong>de</strong> respecter envers et contre tout son<br />

vœu <strong>de</strong> virginité.<br />

La restauration <strong>de</strong> cette peinture à l’huile sur bois, qui<br />

l’a dégagée <strong>de</strong>s larges repeints et du vernis jaune qui<br />

l’obscurcissaient, a permis <strong>de</strong> lui rendre sa lumineuse<br />

lisibilité... mais la composition n’a rien perdu <strong>de</strong> sa<br />

charmante étrangeté.<br />

Inv. P.781<br />

L’intervention a été réalisée par Brigitte Arbus (pour la<br />

couche picturale) et Patrick Mandron (pour le support),<br />

restaurateurs agréés <strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> France, sous le contrôle<br />

du C2RMF à Versailles, grâce au mécénat <strong>de</strong> Groupama.<br />

26 | <strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>visite</strong>


Rédaction <strong>de</strong>s textes :<br />

Annie Scottez - De Wambrechies<br />

et Elisabeth De Jonckheere<br />

Crédits Photographiques :<br />

Reproduction <strong>de</strong>s oeuvres pages 1, 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12,<br />

13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 25 :<br />

<strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> © RMN - photo : Hervé Lewandowski<br />

Reproduction <strong>de</strong>s oeuvres pages 22, 23, 24 :<br />

© <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> - photo : Philip Bernard<br />

Reproduction page 26<br />

© <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> - photo : Frédéric Iovino<br />

Couverture :<br />

Agathon Léonard, La Paysanne<br />

© <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> - photo : Philip Bernard<br />

Conception et ligne graphique :<br />

Claire Masset, PBA 2009


Informations pratiques<br />

horaires d’ouverture :<br />

lundi - 14 h à 18 h,<br />

du mercredi au dimanche 10 h à 18 h.<br />

Fermé le mardi, le 25 déc., le 1er janv.<br />

tarif<br />

5,50 g - 3,80 g<br />

réservation - <strong>visite</strong>s guidées<br />

Service <strong>de</strong>s publics<br />

tél 33 (0)3 20 06 78 17 • fax. 33 (0)3 20 06 78 23<br />

@ : reservationpba@mairie-lille.fr<br />

autour <strong>de</strong> l’exposition :<br />

Visite guidée<br />

le dimanche à 16 h 30, en alternance avec l’exposition<br />

e.motion graphique<br />

• Tarif : 4 g + droit d’entrée<br />

Visite et table ron<strong>de</strong><br />

jeudi 17 décembre 2009 • Entrée libre, sur réservation<br />

• à 14 h 30<br />

Visite avec les commissaires et<br />

les collectionneurs<br />

• à 16 h table ron<strong>de</strong> sur le thème :<br />

Collections publiques / collections privées<br />

Plus d’info : www.pba-lille.fr

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