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Position<br />
Dans <strong>le</strong> cadre tout récent <strong>de</strong> séminaires et tab<strong>le</strong>s ron<strong>de</strong>s consacrés aux représentations <strong>de</strong><br />
l’Antiquité, Yves Perrin, <strong>de</strong> l’Université Jean-Monnet à Saint-Étienne, constatait que « l’archéologie<br />
scientifique ne modifie pas l’imaginaire installé dans <strong>la</strong> mémoire col<strong>le</strong>ctive <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux millénaires ».<br />
Malgré <strong>le</strong>s progrès incontestab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> discipline et ses analyses pour <strong>le</strong> moins fiab<strong>le</strong>s dans<br />
nombre <strong>de</strong> domaines, il semb<strong>le</strong> que l’archéologie soit victime parfois <strong>de</strong> longues traditions d’interprétation,<br />
voire justement d’un « imaginaire » véhiculé par <strong>la</strong> littérature <strong>de</strong>puis l’Antiquité même.<br />
L’idée en tout cas se développe sensib<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>puis ces <strong>de</strong>rnières années et Y. Perrin l’a vérifiée<br />
récemment à propos <strong>de</strong> Néron, ce « monstre » si mal traité par <strong>le</strong>s Auteurs anciens que l’archéologie<br />
lui a dénié (jusqu’à peu) toute œuvre architectura<strong>le</strong>, tournant <strong>le</strong> dos à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Domus aurea sur l’Esquilin. J’ai cru voir pour ma part une tendance simi<strong>la</strong>ire concernant tout particulièrement<br />
<strong>le</strong>s cinq monuments dont j’ai traité — <strong>le</strong>s amphithéâtres d’Ar<strong>le</strong>s et <strong>de</strong> Nîmes, et <strong>le</strong>s<br />
théâtres d’Ar<strong>le</strong>s, d’Orange et <strong>de</strong> Vaison. Les textes ne <strong>le</strong>s intègrent-ils pas dans <strong>de</strong> « petites Rome »,<br />
<strong>de</strong> sorte que s’est répandue l’idée qu’ils étaient <strong>la</strong> copie conforme, <strong>le</strong>s uns du théâtre <strong>de</strong> Marcellus,<br />
<strong>le</strong>s autres du Colisée ? Jusqu’à inverser <strong>le</strong> parallè<strong>le</strong> et faire du théâtre d’Orange « <strong>le</strong> » modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> celui<br />
<strong>de</strong> Pompée dans un anachronisme f<strong>la</strong>grant.<br />
La particu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> ces cinq monuments ne se situe pas en réalité tant dans <strong>le</strong>ur état <strong>de</strong> conservation<br />
que l’on dit aujourd’hui exceptionnel, oubliant que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux théâtres d’Ar<strong>le</strong>s et <strong>de</strong> Vaison<br />
n’ont jamais été que ruine au moment <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur découverte, et que <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux amphithéâtres, comme<br />
du théâtre d’Orange ne subsistait en gros après <strong>le</strong>ur dégagement que <strong>le</strong>ur enceinte extérieure,<br />
réduite du reste à Orange au mur <strong>de</strong> scène. En revanche, <strong>le</strong>s différentes opérations qui y ont été<br />
menées — et sont encore menées — sont remarquab<strong>le</strong>s à plus d’un titre. Et avant tout par l’écart<br />
qu’el<strong>le</strong>s ont créé entre justement <strong>le</strong>s restes déce<strong>la</strong>b<strong>le</strong>s au moment <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur dégagement et ce qu’ils<br />
présentent aujourd’hui comme vestiges, tout <strong>de</strong> même bien remaniés.<br />
I
On reconnaît certes <strong>de</strong>puis bien <strong>de</strong>s années <strong>le</strong>s excès ou « abus » — et sans<br />
doute <strong>le</strong> sont-ils d’un point <strong>de</strong> vue archéologique<br />
en tout cas — <strong>de</strong>s travaux<br />
<strong>de</strong> restauration menés <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> XIX e sièc<strong>le</strong> sur nombre <strong>de</strong> monuments, toutes époques confondues.<br />
Et malgré <strong>le</strong>s chartes d’Athènes et <strong>de</strong> Venise qui ont tenté, respectivement dans <strong>le</strong>s années 1930<br />
et 1960, <strong>de</strong> réfréner <strong>le</strong>s ar<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>s architectes à reconstruire dans une logique <strong>de</strong> « bâtisseurs »,<br />
ces abus ont bien souvent <strong>la</strong>rgement dépassé dans <strong>le</strong> temps <strong>le</strong> XIX e sièc<strong>le</strong>, et sont même d’actualité,<br />
notamment en Espagne (on pensera à Merida pour ce qui est du théâtre antique), et plus encore<br />
sur <strong>de</strong>s édifices récents. De nombreux ouvrages se sont penchés sur <strong>le</strong>s motifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> création du<br />
service <strong>de</strong>s Monuments historiques et ses enjeux, sur l’état d’esprit dans <strong>le</strong>quel se sont amorcées<br />
<strong>le</strong>s premières opérations <strong>de</strong> restauration « officiel<strong>le</strong>s » (Fr. Bercé, Fr. Choay, J.-P. Léniaud, et<br />
d’autres), arrêtant bien souvent du reste à l’orée du XX e sièc<strong>le</strong> <strong>le</strong>s critiques quant aux procédés<br />
mis en œuvre, et tentant d’ouvrir <strong>la</strong> voie à une réf<strong>le</strong>xion sur <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s politiques <strong>de</strong> mise en<br />
va<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> notre patrimoine architectural (on pensera surtout aux Entretiens du patrimoine, réunis<br />
sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Direction du patrimoine et <strong>de</strong> <strong>la</strong> caisse nationa<strong>le</strong> <strong>de</strong>s monuments historiques).<br />
Et il faut bien dire que <strong>le</strong>s questions ne sont pas faci<strong>le</strong>s à résoudre dans ce qu’el<strong>le</strong>s se heurtent<br />
constamment à <strong>de</strong>s problèmes d’éthique ou <strong>de</strong> déontologie. Il est c<strong>la</strong>ir que toute intervention,<br />
sous quelque forme qu’el<strong>le</strong> apparaisse, représente aux yeux <strong>de</strong> l’archéologie une « menace » pour<br />
<strong>le</strong> monument dans <strong>la</strong> mesure où el<strong>le</strong> lui est somme toute étrangère et implique par conséquent<br />
une transformation, si minime soit-el<strong>le</strong>, <strong>de</strong> l’état présumé d’origine : l’architecte chargé <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
conservation <strong>de</strong> Notre Dame à Paris hésiterait aujourd’hui à remp<strong>la</strong>cer <strong>de</strong>s pierres particulièrement<br />
érodées par souci d’authenticité… La difficulté s’accroît du reste lorsqu’il s’agit <strong>de</strong><br />
vestiges dont <strong>la</strong> ou <strong>le</strong>s couvertures d’origine sont absentes et qu’il faut pourtant protéger sans<br />
entraver <strong>le</strong>s structures initia<strong>le</strong>s. Dans <strong>le</strong>s années 1990, <strong>le</strong> Conseil <strong>de</strong> l’Europe s’est même intéressé<br />
plus spécifiquement au cas particulier <strong>de</strong>s édifices <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong> qui, par l’immédiateté — ou jugée<br />
tel<strong>le</strong> — <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur réutilisation dans une fonction simi<strong>la</strong>ire à cel<strong>le</strong> d’origine, ajoutent, au problème<br />
même <strong>de</strong> <strong>la</strong> restauration <strong>de</strong> vestiges, et <strong>de</strong> vestiges antiques, celui <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur réaménagement. En<br />
réunissant lors <strong>de</strong> plusieurs colloques <strong>le</strong>s différents « acteurs » concernés — <strong>de</strong> l’archéologue à<br />
l’historien <strong>de</strong> l’art, <strong>de</strong> l’architecte au conservateur, du metteur en scène à l’organisateur <strong>de</strong><br />
spectac<strong>le</strong>s, jusqu’aux experts du tourisme —, il comptait amener à un compromis entre conservation<br />
(jamais aisée) et réutilisation (toujours tendancieuse), que résume <strong>la</strong> toute nouvel<strong>le</strong> charte<br />
<strong>de</strong> Vérone. Les questions <strong>de</strong> « restauration » propre sont bien loin d’être résolues, et même <strong>de</strong><br />
faire l’unanimité : chaque cas pose un problème et réc<strong>la</strong>me une solution isolée, selon souvent <strong>la</strong><br />
va<strong>le</strong>ur que l’on accor<strong>de</strong> au monument en question. On attend par ail<strong>le</strong>urs <strong>de</strong>s réponses <strong>de</strong><br />
nouvel<strong>le</strong>s technologies : c’est dire que <strong>le</strong>s débats battent <strong>le</strong>ur p<strong>le</strong>in.<br />
II
Il n’est cependant pas d’« ajouter » ici à ces débats, mais d’abor<strong>de</strong>r un autre problèmeque ce type<br />
d’opérations engendre bien souvent: celui <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur impact sur nos connaissances — en matière d’architecture<br />
mais pas seu<strong>le</strong>ment —, trop rarement remis en question. Discuté avant l’intervention, cet<br />
impact ne concerne en effet que <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>s lignes du bâti, s’inquiète essentiel<strong>le</strong>ment d’esthétique, et<br />
paraît quoi qu’il en soit tota<strong>le</strong>ment oublié une fois l’opération terminée, au point que bien souvent<br />
plus rien ne permet <strong>de</strong> revenir en arrière, ne serait-ce que sur <strong>le</strong> papier, sinon globa<strong>le</strong>ment. Cet impact<br />
est même peut-être (sans doute) d’autant plus « lourd » <strong>de</strong> conséquence lorsque <strong>le</strong>s opérations se sont<br />
étendues dans <strong>le</strong> temps. D’autant plus surtout lorsqu’el<strong>le</strong>s ont été menées à partir d’une « idéalisation<br />
» <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> ainsi que <strong>le</strong> préconisait Viol<strong>le</strong>t-<strong>le</strong>-duc, ou à partir d’une analyse que nous ne<br />
jugerions pas satisfaisante aujourd’hui, qui plus est sans suivi archéologique sur <strong>le</strong> terrain. À quoi<br />
s’ajoute bien trop souvent l’absence <strong>de</strong> re<strong>le</strong>vés fiab<strong>le</strong>s, d’observations détaillées sur l’état <strong>de</strong>s structures<br />
avant intervention, voire sur <strong>le</strong>s raisons qui ont amené à opter pour tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> solution.<br />
Le choix <strong>de</strong> ces cinq monuments n’est par conséquent pas fortuit.<br />
Contrairement<br />
à <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s édifices <strong>de</strong> ce type répertoriés en France — à l’exception <strong>de</strong>s dites arènes <strong>de</strong><br />
Lutèce ? —, ils n’ont jamais bénéficié d’aucune analyse sinon épisodique <strong>de</strong>puis que l’archéologie a<br />
reçu ses <strong>le</strong>ttres <strong>de</strong> nob<strong>le</strong>sses et n’ont jamais cessé <strong>de</strong> subir <strong>le</strong>s opérations <strong>le</strong>s plus diverses, <strong>de</strong>s simp<strong>le</strong>s<br />
remises en état aux reconstitutions in situ suivant <strong>de</strong>s hypothèses désormais invérifiab<strong>le</strong>s, jusqu’à<br />
l’invention <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite « bul<strong>le</strong> » à Nîmes. Considérés par <strong>le</strong>s architectes responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur conservation<br />
avant tout comme <strong>de</strong>s édifices à part entière, <strong>de</strong>s « bâtiments » en soi — d’autant plus<br />
faci<strong>le</strong>ment probab<strong>le</strong>ment qu’il <strong>le</strong>ur a été rapi<strong>de</strong>ment associée l’idée d’une réhabilitation sur <strong>le</strong> p<strong>la</strong>n<br />
urbain et social (puisque <strong>le</strong>s premiers spectac<strong>le</strong>s datent <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur dégagement et n’ont fait que<br />
s’affirmer à <strong>la</strong> fin du XIX e sièc<strong>le</strong>) —, ces cinq édifices semb<strong>le</strong>nt même avoir été véritab<strong>le</strong>ment<br />
remo<strong>de</strong>lés, dans <strong>le</strong> « sty<strong>le</strong> antique » plutôt qu’en accord avec <strong>le</strong>s vestiges en p<strong>la</strong>ce. Contrairement<br />
à ce que l’on entend ou lit encore aujourd’hui, il paraît diffici<strong>le</strong> en effet <strong>de</strong> garantir que <strong>le</strong>s restaurations<br />
du XIX e sièc<strong>le</strong> et même <strong>le</strong>s plus récentes ont été menées avec une « précision archéologique »<br />
qui se serait fondée avec exactitu<strong>de</strong> sur <strong>le</strong>s traces <strong>la</strong>issées sur <strong>le</strong>s structures en p<strong>la</strong>ce.<br />
Et pourtant ils font partie intégrante du paysage archéologique. Du moins aimerait-on qu’ils en<br />
fassent réel<strong>le</strong>ment partie comme en témoignerait <strong>le</strong> ma<strong>la</strong>ise déce<strong>la</strong>b<strong>le</strong> chez <strong>le</strong>s professionnels — que<br />
ce soit <strong>le</strong>s municipalités qui se voient prises en quelque sorte entre <strong>le</strong> marteau et l’enclume, d’un côté<br />
et à <strong>la</strong> suite (ou « dans » <strong>la</strong> suite) du « choix » du XIX e sièc<strong>le</strong>, intégrant p<strong>le</strong>inement ces vestiges <strong>de</strong>venus<br />
<strong>de</strong> véritab<strong>le</strong>s bâtiments au sein du tissu urbain et social mo<strong>de</strong>rne, envisageant une utilisation mo<strong>de</strong>rne<br />
tota<strong>le</strong>, <strong>de</strong> l’autre se heurtant au statut <strong>de</strong> « témoin archéologique » <strong>de</strong> ces mêmes vestiges alors même<br />
III
qu’ils ont été fortement modifiés, sans toujours parvenir à savoir précisément d’ail<strong>le</strong>urs quel<strong>le</strong>s structures<br />
l’ont été, s’il faut en tenir compte et <strong>de</strong> quel<strong>le</strong> manière; que ce soit <strong>le</strong>s archéologues eux-mêmes<br />
qui <strong>le</strong>ur confèrent toujours un « pouvoir archéologique », décidant mal pourtant entre monument<br />
antique ou fina<strong>le</strong>ment « à l’antique ». Curieusement <strong>de</strong> fait, <strong>le</strong>s présentations <strong>de</strong> ces vestiges<br />
reprennent <strong>le</strong>s discours antérieurs à quelques variantes près, et se contentent d’insister uniquement<br />
sur quelques particu<strong>la</strong>rités architectoniques, qui plus est notab<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>stinées à individualiser chacun <strong>de</strong><br />
ces édifices — tels <strong>le</strong>s systèmes <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s ga<strong>le</strong>ries extérieures. On <strong>le</strong>s insère certes dans une<br />
tab<strong>le</strong> chronologique, voire stylistique; on ébauche même <strong>de</strong>s analyses comparatives; mais il semb<strong>le</strong><br />
que, tout comme <strong>la</strong> question <strong>de</strong> Néron et <strong>de</strong> ses rési<strong>de</strong>nces, <strong>le</strong>s publications « stérilisent » désespérément<br />
<strong>la</strong> recherche. C’est dire qu’en l’occurrence <strong>la</strong> connaissance que l’on a <strong>de</strong> ces cinq monuments<br />
paraît rester au point mort et en tout cas empêcher <strong>de</strong> <strong>le</strong>s envisager autrement que tels qu’ils l’ont<br />
été durant… « <strong>de</strong>ux millénaires », quand fina<strong>le</strong>ment on se trouve peut-être tout simp<strong>le</strong>ment (pour<br />
reprendre l’idée <strong>de</strong> Co<strong>le</strong>tte di Matteo) <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s édifices du XIX e sièc<strong>le</strong>.<br />
Une question mérite en tout cas d’être posée :<br />
cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> savoir dans quel<strong>le</strong> mesure <strong>la</strong><br />
vision qu’avaient et qu’ont voulu donner <strong>le</strong>s architectes du XIX e sièc<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces cinq sites singuliers,<br />
notamment à travers <strong>le</strong>urs restaurations, ne perdure pas malgré nous dans notre connaissance<br />
actuel<strong>le</strong>. En reprendre l’historiographie du XVI e sièc<strong>le</strong> à nos jours, c’est tenter d’analyser <strong>le</strong>s différents<br />
<strong>document</strong>s dont nous disposons aujourd’hui pour détecter <strong>le</strong>s éléments <strong>de</strong> pensée <strong>de</strong> ceux qui s’y<br />
sont intéressés et retrouver <strong>le</strong>s causes et effets <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs interprétations ; c’est tenter <strong>de</strong> comprendre<br />
d’où sont venues <strong>le</strong>s déductions <strong>de</strong>s antiquaires et <strong>de</strong>s érudits du XVI e sièc<strong>le</strong> qui n’avaient <strong>de</strong>vant eux<br />
que <strong>de</strong>s bribes <strong>de</strong> monuments, détruits, masqués, encombrés, et par conséquent illisib<strong>le</strong>s et dont ils<br />
sont pourtant parvenus à tirer <strong>de</strong>s images pour <strong>le</strong> moins évocatrices ; d’où est venue aussi l’assurance<br />
<strong>de</strong>s architectes <strong>de</strong>s Monuments historiques (Caristie, Questel, Révoil) qui n’ont pas réel<strong>le</strong>ment<br />
hésité, par extrapo<strong>la</strong>tion et dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>s « idéaux » <strong>de</strong>s sièc<strong>le</strong>s précé<strong>de</strong>nts, à reconstruire <strong>de</strong>s<br />
parties entières <strong>de</strong> ces édifices, jusqu’à J. Formigé que certains qualifieraient encore <strong>de</strong> véritab<strong>le</strong><br />
archéologue quand F. Benoît déjà critiquait ses agissements ; d’où viennent enfin <strong>le</strong>s éléments <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>rnières reconstitutions qui, pour être virtuel<strong>le</strong>s et par conséquent toujours modifiab<strong>le</strong>s, n’en<br />
véhicu<strong>le</strong>nt pas moins peut-être ces mêmes certitu<strong>de</strong>s, et en tout cas <strong>de</strong>s idées, une interprétation<br />
quelque peu biaisées. Et <strong>de</strong> fait, <strong>le</strong>s étapes suivies par F. Fauquet pour réaliser <strong>la</strong> maquette <strong>de</strong> l’amphithéâtre<br />
d’Ar<strong>le</strong>s montreraient qu’aujourd’hui encore on reste tout <strong>de</strong> même fondamenta<strong>le</strong>ment dans<br />
l’esprit du « monument-type » dont <strong>le</strong>s caractéristiques principa<strong>le</strong>s n’ont du reste guère évolué,<br />
offrant <strong>de</strong> l’édifice une image stéréotypée.<br />
IV
Résumé<br />
L’intérêt porté aux édifices <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong> antiques, et peut-être surtout au théâtre, seu<strong>le</strong> forme<br />
d’architecture que l’on pourrait véritab<strong>le</strong>ment qualifier <strong>de</strong> « rémanente », remonte au moins à <strong>la</strong><br />
Renaissance. Les théâtres, amphithéâtres et cirques romains ont en effet très tôt suscité un fort<br />
engouement, essentiel<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> p<strong>la</strong>n architectural, à une époque notamment où l’on s’interrogeait,<br />
à travers <strong>le</strong>s différentes formes <strong>de</strong> pratiques théâtra<strong>le</strong>s, sur l’organisation du lieu scénique et<br />
plus avant sur l’utilité d’un édifice permanent spécifique. Dans cette optique, ils ont fait l’objet<br />
d’interprétations diverses où semb<strong>le</strong>nt s’être mêlés à <strong>la</strong> fois un certain souci d’exactitu<strong>de</strong> et une<br />
réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>s contraintes <strong>de</strong>s spectac<strong>le</strong>s dont témoignent notamment <strong>le</strong>s premières reconstitutions<br />
graphiques <strong>de</strong>s XVI e -XVII e sièc<strong>le</strong>s. Premiers à s’être préoccupés d’architecture antique, et plus spécifiquement<br />
d’édifice <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s Italiens ont très probab<strong>le</strong>ment à <strong>la</strong> fois stimulé et orienté l’intérêt<br />
et <strong>le</strong>s recherches portés, notamment en France et à l’Académie roya<strong>le</strong> d’architecture, sur <strong>le</strong>s anciens<br />
monuments <strong>de</strong> Rome. Transmise systématiquement d’abord par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s architectes, <strong>la</strong> connaissance<br />
en matière d’architecture antique se révè<strong>le</strong> ainsi, à cette époque, à travers l’instauration <strong>de</strong><br />
principes fondamentaux <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> bâtir, qui plus est essentiel<strong>le</strong>ment axés sur <strong>le</strong> « bon goût », privilégiant<br />
en l’occurrence <strong>le</strong>s questions d’ordre « p<strong>la</strong>stique ». Les traités théoriques faisaient du reste<br />
moins part <strong>de</strong> véritab<strong>le</strong>s techniques <strong>de</strong> construction — qui ne concernaient, dans l’optique <strong>de</strong>s architectes<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance, que <strong>le</strong> charpentier [faber tignarius] dont <strong>le</strong> travail n’était qu’« instrumental<br />
» —, que <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne manière d’établir un édifice, d’agencer ses différents éléments, ou <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> pertinence <strong>de</strong> son ornementation.<br />
Aussi fantaisistes qu’el<strong>le</strong>s puissent paraître aujourd’hui, <strong>le</strong>s premières restitutions<br />
graphiques <strong>de</strong>s édifices <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Narbonnaise participent <strong>de</strong><br />
manière incontestab<strong>le</strong> <strong>de</strong> cet enseignement :<br />
du moins, à côté <strong>de</strong>s variantes pour <strong>le</strong><br />
moins incontournab<strong>le</strong>s, voire une certaine originalité, retrouve-t-on un schéma et un discours tout<br />
V
à fait simi<strong>la</strong>ires à ceux <strong>de</strong>s premiers traités italiens, calqués sur l’interprétation <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s énoncées<br />
chez Vitruve et ses traducteurs. La position « historique » <strong>de</strong> Rome apparaît avoir emporté <strong>de</strong> fait,<br />
dans <strong>le</strong>s esprits <strong>de</strong>s érudits français, une p<strong>la</strong>ce considérab<strong>le</strong>, au point que dès <strong>le</strong> début du XVI e sièc<strong>le</strong><br />
s’est instauré <strong>le</strong> voyage d’Italie, étape obligatoire dans <strong>la</strong> carrière d’un artiste. Nombre d’architectes<br />
français se sont ainsi familiarisés avec <strong>le</strong>s traités italiens, se référant et examinant <strong>le</strong>s édifices<br />
d’origine romaine à travers ces <strong>de</strong>rniers. Bien qu’à peine visib<strong>le</strong>s, presque entièrement ensevelis sous<br />
<strong>le</strong>s constructions récentes, <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s « nationaux » n’en ont pas moins commencé à <strong>le</strong>ur tour à<br />
servir <strong>de</strong> référence au « bon goust », mais <strong>de</strong> façon critique, <strong>le</strong>s appréciations se cantonnant<br />
manifestement au seul bon usage <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> proportion <strong>de</strong>s ornements <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>. Curieusement<br />
cependant, là où <strong>le</strong> De architectura <strong>de</strong> Vitruve avait permis <strong>de</strong> définir <strong>le</strong>s principes fondamentaux<br />
d’une construction idéa<strong>le</strong> et assuré <strong>le</strong>s prémisses d’une typologie <strong>de</strong>s monuments antiques, ainsi que<br />
<strong>la</strong> normalisation d’un vocabu<strong>la</strong>ire spécifique comme cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> techniques du re<strong>le</strong>vé, <strong>le</strong> XVIII e sièc<strong>le</strong> y a<br />
cherché <strong>le</strong>s termes <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’architecture antique, confrontant systématiquement <strong>le</strong>s données<br />
« réel<strong>le</strong>s » à cel<strong>le</strong>s établies par <strong>le</strong>s traités, al<strong>la</strong>nt jusqu’à établir <strong>le</strong>s <strong>de</strong>grés d’une chronologie re<strong>la</strong>tive<br />
selon essentiel<strong>le</strong>ment <strong>la</strong> similitu<strong>de</strong> plus ou moins gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s caractères d’ornementation. Davantage<br />
encore, pour avoir été insérées dans <strong>de</strong>s ouvrages théoriques sur <strong>le</strong>s principes fondamentaux <strong>de</strong> l’art<br />
<strong>de</strong> bâtir, et constitué ainsi ni plus ni moins qu’un répertoire <strong>de</strong> formes architectura<strong>le</strong>s fortement<br />
réduites et souvent agrémentées d’une certaine part <strong>de</strong> fantaisie, ces <strong>de</strong>scriptions théoriques n’en<br />
ont pas moins rétrospectivement été assimilées à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s proprement archéologiques.<br />
Particulièrement c<strong>la</strong>ir aux XVI e -XVII e sièc<strong>le</strong>s, témoin <strong>le</strong>s représentations quelque peu forcées,<br />
l’impact « académique » peut apparaître moins criant aux sièc<strong>le</strong>s suivants, sous couvert d’objectivité<br />
: pour autant, <strong>le</strong> XIX e sièc<strong>le</strong> n’en a certainement pas moins éprouvé <strong>le</strong>s effets d’une sorte <strong>de</strong><br />
surévaluation <strong>de</strong> l’Antiquité. Quelque peu dédéniés dans ce domaine face à ceux <strong>de</strong> Rome et d’Italie<br />
considérés comme <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s originels, certains édifices <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’ancienne province<br />
romaine <strong>de</strong> Narbonnaise, parmi <strong>le</strong>squels ceux d’Ar<strong>le</strong>s, Nîmes, Orange et Vaison-<strong>la</strong>-Romaine, ont<br />
probab<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> ce fait été systématiquement appréhendés à travers ces premières investigations,<br />
jusqu’à forcer quelque peu <strong>le</strong> parallè<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> théâtre <strong>de</strong> Marcellus et <strong>le</strong> Colisée et ainsi orienter<br />
inéluctab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s <strong>de</strong>scriptions et analyses <strong>de</strong>s antiquaires, voire cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s architectes, souvent<br />
anciens élèves <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> France à Rome chargés par <strong>le</strong> service <strong>de</strong>s Monuments historiques<br />
<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur restauration durant tout <strong>le</strong> XIX e sièc<strong>le</strong>. Les premiers travaux <strong>de</strong>s ingénieurs et architectes<br />
chargés <strong>de</strong> <strong>la</strong> restauration <strong>de</strong> ces édifices apparaissent c<strong>la</strong>irement en ce sens issus <strong>de</strong> ceux mêmes qui<br />
en avaient tenté <strong>de</strong>s restitutions graphiques — du moins en étaient-ils, d’une manière ou d’une<br />
autre, <strong>le</strong>s héritiers. On ne peut s’étonner dès lors qu’ils n’aient pas réel<strong>le</strong>ment hésité notamment à<br />
VI
emp<strong>la</strong>cer <strong>de</strong>s éléments entiers à seu<strong>le</strong> fin <strong>de</strong> maintenir l’édifice dans sa forme plutôt que dans son<br />
état, jusqu’à procé<strong>de</strong>r à une certaine uniformisation en un « monument type » dont <strong>le</strong>s caractéristiques<br />
se réduisent aux éléments fonctionnels et empruntent, dans une fidélité toute re<strong>la</strong>tive, aux<br />
instructions quelque peu généra<strong>le</strong>s du De architectura <strong>de</strong> Vitruve, seul ouvrage conservé en <strong>la</strong><br />
matière. Malgré <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> l’archéologie, <strong>la</strong> fin du XIX e sièc<strong>le</strong> <strong>le</strong>s aura moins orientés vers<br />
une volonté <strong>de</strong> conserver <strong>de</strong> tels vestiges dans <strong>le</strong>ur authenticité <strong>la</strong> plus stricte possib<strong>le</strong>, que vers une<br />
série d’interrogations sur <strong>la</strong> manière même <strong>de</strong> <strong>le</strong>s protéger, <strong>le</strong> type d’interventions et <strong>le</strong>s techniques<br />
à mettre en œuvre ou au contraire à éviter, <strong>la</strong> nécessité ou non <strong>de</strong> souligner <strong>le</strong>s interventions<br />
mo<strong>de</strong>rnes, voire <strong>la</strong> possibilité ou non d’une restauration tota<strong>le</strong>. L’objectif était alors <strong>de</strong> trouver un<br />
compromis entre <strong>le</strong> « donné » archéologique pur, plus exigeant à mesure du développement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
discipline, et <strong>la</strong> nécessité impérieuse <strong>de</strong> protection, quel<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>s convictions. Il est c<strong>la</strong>ir<br />
cependant que l’entretien d’un édifice encore dressé et en même temps fortement ruiné constitue<br />
une réel<strong>le</strong> difficulté pour qui cherche à <strong>le</strong> protéger <strong>de</strong> façon cohérente quand <strong>le</strong>s éléments originels<br />
<strong>de</strong> couverture et <strong>de</strong> soutien sont anéantis.<br />
Sous quelque forme qu’el<strong>le</strong> intervienne, l’opération <strong>de</strong> protection mettra<br />
en effet toujours en cause <strong>le</strong> monument,<br />
que ce soit dans son aspect extérieur par<br />
l’ajout <strong>de</strong> « pièces rapportées » notamment, ou dans son « authenticité » par <strong>le</strong> principe même <strong>de</strong><br />
«restauration » qui procè<strong>de</strong> par <strong>le</strong> remp<strong>la</strong>cement du fragment défail<strong>la</strong>nt ou par <strong>la</strong> reconstruction<br />
d’un ensemb<strong>le</strong> plus comp<strong>le</strong>t. Enfin, qu’el<strong>le</strong> renouvel<strong>le</strong> « à l’i<strong>de</strong>ntique » ou qu’el<strong>le</strong> rétablisse par restitution,<br />
l’intervention entraîne nécessairement une transformation <strong>de</strong> l’édifice, si minime soit-el<strong>le</strong>,<br />
dans ce qu’en définitive el<strong>le</strong> établit délibérément <strong>le</strong> choix d’une image suggestive mais arbitraire<br />
constituant en principe une amélioration perceptive d’un état au contraire dégradé et fragmentaire,<br />
et jugé a fortiori « dépareillé ». Les interventions successives menées sur ces <strong>de</strong>rniers, aussi bien aux<br />
XVII e et XVIII e sièc<strong>le</strong>s que par <strong>la</strong> suite au XIX e sièc<strong>le</strong> y compris jusqu’à aujourd’hui, s’avèrent en effet<br />
étroitement liées à <strong>la</strong> perception que <strong>le</strong>s architectes, comme <strong>le</strong>urs « commanditaires », ont <strong>de</strong><br />
l’édifice architectural en soi, à quelqu’époque qu’il appartienne, ainsi qu’à <strong>la</strong> va<strong>le</strong>ur, voire au rô<strong>le</strong><br />
socio-urbain qui lui sont assignés. Davantage encore, et loin <strong>de</strong> révé<strong>le</strong>r un changement <strong>de</strong> mentalité<br />
bien qu’ils diffèrent, indéniab<strong>le</strong>ment, d’une époque à l’autre selon que <strong>la</strong> priorité est donnée au<br />
« bâti » dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> forme généra<strong>le</strong> du monument en question (XVIII e s.), ou à son<br />
authenticité aux fins, notamment, <strong>de</strong> retrouver <strong>le</strong>s étapes <strong>de</strong> son histoire singulière (XX e s.), <strong>le</strong>s<br />
procédés mis en œuvre pour assurer cette conservation trahiraient au contraire, à travers <strong>le</strong>s termes<br />
successifs <strong>de</strong> l’interprétation <strong>de</strong> l’ouvrage ancien, « <strong>le</strong>s convictions et <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s esthétiques » en<br />
VII
matière d’architecture, dans ce que chaque solution envisagée s’avère répondre nécessairement aux<br />
exigences <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières. Face à ces modifications, l’archéologue ne peut évi<strong>de</strong>mment que se<br />
heurter alors au problème <strong>de</strong> l’interprétation que sous-tend une tel<strong>le</strong> option. La difficulté apparaît<br />
d’autant plus gran<strong>de</strong> sans doute qu’il est rare que <strong>le</strong>s re<strong>le</strong>vés, <strong>de</strong>scriptions, observations <strong>de</strong>s uns et<br />
<strong>de</strong>s autres soient assez exhaustifs pour pallier une réalité désormais « substituée ».<br />
Enfin, renouvelée <strong>de</strong> manière constante au cours <strong>de</strong>s sièc<strong>le</strong>s <strong>de</strong>puis au moins<br />
François I er , <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> restaurer entièrement ces monuments apparaît<br />
s’être aussi bien heurtée que reposée sur <strong>de</strong>s motifs convergents<br />
dont <strong>le</strong>s plus<br />
efficaces sans doute, et en tout cas récurrents, <strong>de</strong>meurent ceux d’une réutilisation que sous-ten<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> manière obligée ceux d’une conservation. S’ils ont pris diverses formes — d’un côté représentation<br />
sur papier ou travaux effectifs, restitutions ou « état actuel », voire simp<strong>le</strong>ment souvenir <strong>de</strong> l’héritage<br />
<strong>de</strong> l’Empire, <strong>de</strong> l’autre réutilisation du monument dans sa fonction d’origine, ou sous une autre forme,<br />
supposant transformations, aménagements, restaurations —, l’idée maîtresse semb<strong>le</strong> bien avoir été <strong>de</strong><br />
<strong>le</strong>s amener à retrouver <strong>le</strong>ur sp<strong>le</strong>n<strong>de</strong>ur d’antan qui, à travers <strong>la</strong> surévaluation <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong>s Anciens,<br />
aurait ouvert <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> (re)donner à <strong>la</strong> vil<strong>le</strong> mo<strong>de</strong>rne un certain prestige. Ils <strong>de</strong>venaient par là<br />
même un symbo<strong>le</strong>, assurant à <strong>la</strong> cité en même temps que <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts glorieux, une renommée<br />
pour l’avenir. Il apparaît naturel dès lors que <strong>le</strong>s érudits locaux notamment aient imaginé <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs<br />
soins possib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> seul but <strong>de</strong> mettre en va<strong>le</strong>ur ces monuments, <strong>de</strong>venus fina<strong>le</strong>ment atemporels.<br />
Leur i<strong>de</strong>ntification en tant qu’édifices proprement romains, c’est-à-dire portant en eux <strong>la</strong> référence <strong>de</strong><br />
l’« art <strong>de</strong> bien bâtir », paraît <strong>le</strong>ur avoir donné une nouvel<strong>le</strong> dimension qui, plus que simp<strong>le</strong> preuve <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> part d’un héritage prestigieux, a eu manifestement l’effet d’asseoir davantage <strong>le</strong>ur présence au sein<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> vil<strong>le</strong> mo<strong>de</strong>rne au même titre que n’importe quel édifice public contemporain — église, capito<strong>le</strong>,<br />
donjon —, comme <strong>le</strong> montrerait l’iconographie <strong>de</strong>s XVI e et XVII e sièc<strong>le</strong>s. En cherchant à <strong>le</strong>s reconstituer<br />
au moins dans <strong>le</strong>ur forme globa<strong>le</strong>, et avant tout au sein même <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité qui <strong>le</strong>s abritait, <strong>le</strong>s érudits<br />
aussi bien que <strong>le</strong>s architectes semb<strong>le</strong>nt ainsi avoir voulu souligner cette présence, à <strong>la</strong> fois <strong>le</strong>gs passif<br />
et résurgence active du passé. Certes conçus « dans <strong>le</strong> respect <strong>de</strong> l’esprit <strong>de</strong> l’antiquité », <strong>le</strong>s nécessaires<br />
aménagements se voient néanmoins vivement critiqués aujourd’hui, moins toutefois pour avoir<br />
suivi une ligne « théorique » nécessairement réductrice que pour avoir en définitive corrompu<br />
l’authenticité <strong>de</strong>s vestiges à travers <strong>de</strong>s reconstitutions jugées pour <strong>le</strong> moins excessives. Constamment<br />
en quête <strong>de</strong> l’« état initial » <strong>de</strong>s édifices antiques, l’archéologie pose désormais en effet <strong>la</strong> question<br />
non seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> l’intervention <strong>de</strong>stinée à sauvegar<strong>de</strong>r un monument historique, mais <strong>de</strong><br />
cel<strong>le</strong> affectée à son utilisation, nécessaire pourtant, ne serait-ce que pour sa « lisibilité »: si proche<br />
VIII
soit-il <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> et <strong>de</strong> maintenance, l’aménagement <strong>de</strong> ses espaces participe<br />
fata<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> fait à une certaine mutation <strong>de</strong>s structures.<br />
Or, <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> « patrimoine », qu’il soit monumental ou archéologique, évoque aujourd’hui<br />
semb<strong>le</strong>-t-il davantage <strong>la</strong> « promotion » et l’« animation » <strong>de</strong>s vestiges historiques, sous quel<strong>le</strong> que<br />
forme qu’ils se dévoi<strong>le</strong>nt, que <strong>le</strong>ur conservation proprement dite. Du moins pour s’avérer <strong>la</strong><br />
condition indispensab<strong>le</strong> <strong>de</strong> toute politique patrimonia<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s termes <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection d’un monument<br />
comme d’un site archéologique <strong>de</strong>meurent fortement tributaires d’une « présentation », <strong>de</strong> sorte<br />
que toute intention <strong>de</strong> conservation met systématiquement en œuvre <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s années 1950-1960<br />
<strong>de</strong>s projets d’aménagement <strong>de</strong>s structures et <strong>de</strong>s abords qui empiètent bien souvent sur <strong>le</strong><br />
« <strong>document</strong> » jusqu’à <strong>le</strong> masquer dans ses parties <strong>le</strong>s plus insolites. Défini <strong>de</strong> fait à travers <strong>la</strong> fréquentation<br />
du plus <strong>la</strong>rge public possib<strong>le</strong>, <strong>le</strong> « tourisme » se doit <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong> manière intelligib<strong>le</strong> et du<br />
moins suggestive au plus grand nombre une exposition <strong>de</strong>s vestiges <strong>de</strong> l’histoire d’un pays, si incomp<strong>le</strong>ts<br />
ou désarticulés qu’ils soient, dans <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> plus en plus exigeantes <strong>de</strong> « lisibilité »<br />
autant que d’agrément et <strong>de</strong> séduction, et probab<strong>le</strong>ment surtout <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> confort. Plus que<br />
jamais dès lors, <strong>le</strong> souci d’esthétique paraît privilégié jusqu’à développer à <strong>la</strong> fois une conduite et <strong>de</strong>s<br />
techniques <strong>de</strong> « restaurations » singulières auprès <strong>de</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>la</strong> va<strong>le</strong>ur archéologique tant prônée<br />
<strong>de</strong>puis <strong>le</strong> début du XX e sièc<strong>le</strong> ne parvient visib<strong>le</strong>ment que trop diffici<strong>le</strong>ment à se situer. Le cas <strong>de</strong>s<br />
édifices <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s antiques paraît aviver particulièrement <strong>le</strong>s polémiques en <strong>la</strong> matière, sans<br />
doute par l’immédiateté <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur i<strong>de</strong>ntification autant que <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur réappropriation dans <strong>le</strong>ur fonctionnalité<br />
initia<strong>le</strong>, l’une et l’autre rendant l’aménagement, l’utilisation et l’interprétation en quelque<br />
sorte « spontanés » et a priori sans entrave. Or, il est c<strong>la</strong>ir en ce sens que vouloir réutiliser <strong>de</strong> tels<br />
vestiges amène sans cesse à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il faut privilégier avant tout <strong>le</strong> « monument historique »<br />
ou <strong>le</strong> lieu <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s et poser en définitive <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> « pérennité », que <strong>le</strong>s uns envisageraient<br />
aisément à travers une « paraphrase » mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> structures anciennes, offrant en quelque<br />
sorte matière à création, et que <strong>le</strong>s autres au contraire continuent <strong>de</strong> vouloir conserver en l’état, y<br />
voyant une « <strong>document</strong>ation » a priori sans cesse renouve<strong>la</strong>b<strong>le</strong> à mesure <strong>de</strong>s expériences.<br />
Parce qu’il engage à une réutilisation dans une fonction simi<strong>la</strong>ire à cel<strong>le</strong><br />
d’origine, l’édifice <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s offre plus que tout autre matière à<br />
réf<strong>le</strong>xion,<br />
son aménagement tendant souvent à se confondre avec une reconstitution plus ou moins<br />
complète mais toujours fausse et par conséquent à <strong>la</strong> fois illusoire et trompeuse. Le compromis<br />
qu’ont tenté <strong>de</strong> trouver l’archéologue et l’architecte est plus que jamais désormais aggravé par <strong>la</strong><br />
IX
présence <strong>de</strong> l’entrepreneur <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong> dont <strong>le</strong>s prétentions sont à <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>s qu’il aurait<br />
sur un monument mo<strong>de</strong>rne. Il reste que <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>s amphithéâtres d’Ar<strong>le</strong>s et <strong>de</strong> Nîmes et <strong>de</strong>s théâtres<br />
d’Ar<strong>le</strong>s, d’Orange et <strong>de</strong> Vaison révè<strong>le</strong> un paradoxe : alors que <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s réf<strong>le</strong>xions concernant <strong>la</strong><br />
réutilisation ou <strong>la</strong> réhabilitation d’édifices <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s antiques ten<strong>de</strong>nt à admettre p<strong>le</strong>inement, sur<br />
<strong>le</strong> p<strong>la</strong>n aussi bien « mécanique » qu’esthétique, l’association complémentaire d’équipements et <strong>de</strong><br />
matériaux résolument contemporains, <strong>le</strong>s décisions concernant ces cinq monuments se heurtent<br />
invariab<strong>le</strong>ment à <strong>de</strong>s questions d’« authenticité ». Entrant dans l’optique actuel<strong>le</strong> <strong>de</strong> réutilisation du<br />
patrimoine, <strong>la</strong> « normalisation » ou « réactualisation » <strong>de</strong> ces lieux, ainsi que l’envisagent <strong>le</strong>s architectes,<br />
n’est en définitive remise en question que par l’absence <strong>de</strong> re<strong>le</strong>vés et d’analyses préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s<br />
structures d’origine, qui ne peut <strong>de</strong> fait que compliquer <strong>le</strong>s décisions d’intervention dans <strong>la</strong> mesure<br />
où el<strong>le</strong> met directement en cause <strong>le</strong>s chances <strong>de</strong> pouvoir améliorer <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> ces vestiges.<br />
Le paradoxe s’avère d’autant plus grand sans doute que ces <strong>de</strong>rniers sont déjà entrés <strong>de</strong>puis<br />
longtemps dans <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> réaménagement, quand <strong>le</strong>s archéologues voudraient encore <strong>le</strong>s considérer<br />
comme véritab<strong>le</strong>ment authentiques. Le processus ne pouvant cependant être enrayé, certains<br />
s’accor<strong>de</strong>nt à penser que <strong>le</strong>s techniques <strong>de</strong> modélisation offriront à terme une sorte <strong>de</strong> palliatif<br />
permettant <strong>de</strong> se substituer à <strong>la</strong> réalité : utilisés comme <strong>de</strong> puissants outils d’investigation et <strong>de</strong><br />
gestion <strong>de</strong>s données, en même temps que <strong>de</strong> moyens d’information et <strong>de</strong> publication, ces logiciels<br />
ne <strong>de</strong>vront pas moins être subordonnés à <strong>de</strong>s re<strong>le</strong>vés fiab<strong>le</strong>s et précis.<br />
Le parti pris <strong>de</strong>s restitutions virtuel<strong>le</strong>s<br />
ne serait pas forcément d’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong> plus à bannir. Et<br />
l’on pourrait très bien admettre que, <strong>le</strong> succès <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur réutilisation lors <strong>de</strong>s festivals <strong>de</strong> renom aidant,<br />
ces monuments entrent désormais dans une définition très <strong>la</strong>rge du théâtre et <strong>de</strong> l’amphithéâtre<br />
d’époque romaine — « idéalisés » dirait-on, ou plutôt « génériques » dans ce qu’el<strong>le</strong> se restreint<br />
toujours aux éléments purement « fonctionnels » — et soient présentés comme tels. Et pourquoi pas<br />
en effet accepter d’intégrer définitivement et sereinement ces « monstres » <strong>de</strong> <strong>la</strong> restauration dans<br />
notre vie quotidienne; <strong>le</strong>ur concé<strong>de</strong>r définitivement ce rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> « symbo<strong>le</strong> » qu’ils ont endossé <strong>de</strong>puis<br />
<strong>le</strong>ur dégagement ou <strong>le</strong>ur mise au jour — comme il en est <strong>de</strong>s arènes <strong>de</strong> Lutèce. La question aujourd’hui<br />
est peut-être <strong>de</strong> savoir si l’on veut se « contenter » d’une tel<strong>le</strong> prestation — mais alors gardonsnous<br />
<strong>de</strong> <strong>le</strong>s présenter autrement et prenons <strong>le</strong>s dispositions nécessaires pour ne plus voir ces murs<br />
s’effriter et menacer <strong>de</strong> tomber, sans s’inquiéter à l’excès <strong>de</strong> voir anéanties <strong>le</strong>s empreintes encore<br />
déce<strong>la</strong>b<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s structures d’origine ni s’interroger sur <strong>la</strong> validité « archéologique » <strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>s interventions<br />
—, ou s’il n’est pas encore trop tard pour réenvisager <strong>la</strong> teneur et l’importance <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur<br />
véritab<strong>le</strong> potentiel archéologique. Or, <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>s hésitations, <strong>le</strong>s doutes, <strong>le</strong> désarrois même <strong>de</strong> ceux qui<br />
manifestement aimeraient retrouver ce potentiel archéologique, il fal<strong>la</strong>it montrer et retrouver <strong>le</strong>s<br />
X
éléments du « parti pris » <strong>de</strong>s discours avancés <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> XVI e sièc<strong>le</strong> au sujet <strong>de</strong> ces monuments et<br />
jusque dans <strong>le</strong>ur réutilisation actuel<strong>le</strong>, afin <strong>de</strong> mieux comprendre ce que nous avons désormais <strong>de</strong>vant<br />
<strong>le</strong>s yeux et évaluer concrètement <strong>la</strong> distance qui existe entre <strong>le</strong> monument antique et cette « authenticité<br />
<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> » qui seu<strong>le</strong> subsiste réel<strong>le</strong>ment. C’est au-<strong>de</strong>là nous permettre d’appréhen<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s <strong>de</strong>vis<br />
trop « évasifs » <strong>de</strong>s architectes en y cherchant <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ou <strong>le</strong> type <strong>de</strong> modè<strong>le</strong> auquel ils se sont référé,<br />
et ainsi d’établir <strong>le</strong>s premiers jalons d’une analyse, d’une « décomposition » <strong>de</strong> ces monuments pour<br />
espérer en retrouver <strong>le</strong>s structures réel<strong>le</strong>ment antiques, et du moins faire <strong>la</strong> part entre ce qui relève<br />
réel<strong>le</strong>ment d’une restauration <strong>de</strong> ce qui nous reste <strong>de</strong> manière effective. C’est enfin <strong>la</strong> seu<strong>le</strong> façon <strong>de</strong><br />
sortir <strong>de</strong> l’impasse et <strong>de</strong> pouvoir envisager <strong>de</strong> façon sérieuse notamment l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s dissemb<strong>la</strong>nces et<br />
ressemb<strong>la</strong>nces selon <strong>le</strong>s régions <strong>de</strong> ces types d’édifices, comme <strong>le</strong> voudrait P. Gros.<br />
Doctorat soutenu en Sorbonne et sanctionné mention « très honorab<strong>le</strong> avec félicitations » par<br />
• M. Christian Goudineau, Professeur au Collège <strong>de</strong> France, Prési<strong>de</strong>nt du Jury<br />
• M. Jean-Char<strong>le</strong>s Balty, Professeur à l’Université <strong>de</strong> Paris IV-Sorbonne<br />
• M. Élie Konigson, Directeur <strong>de</strong> recherches, LARAS, CNRS<br />
• Mme Françoise Dumasy, Professeur à l’Université <strong>de</strong> Paris I-Panthéon-Sorbonne<br />
• Mme Françoise Hamon, Professeur à l’Université <strong>de</strong> Paris IV-Sorbonne<br />
Paris, janvier 2003<br />
XI
Tab<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Matières<br />
Avant-Propos et remerciements ..................................................................................................<br />
3<br />
Introduction ..........................................................................................<br />
9<br />
I. La « référence à l’antiquité » ..............................................................<br />
1. Les vestiges romains en France aux XVI e et XVII e sièc<strong>le</strong>s ...............................................<br />
1. a. L’exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong>s édifices <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s ................................................................<br />
1. b. Descriptions et représentations .......................................................................<br />
1. c. I<strong>de</strong>ntification et interprétation ........................................................................<br />
2. Rome et l’édifice <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s romain .....................................................................<br />
2. a. L’idée d’un « édifice théâtral » en Italie, aux XV e et XVI e sièc<strong>le</strong>s ..........................<br />
2. b. L’édifice théâtral antique et <strong>le</strong> « modè<strong>le</strong> » .......................................................<br />
2. c. Le « modè<strong>le</strong> » romain en France .....................................................................<br />
17<br />
25<br />
27<br />
49<br />
75<br />
101<br />
104<br />
131<br />
182<br />
3. L’Antiquité en France au XVIII e sièc<strong>le</strong> ........................................................................<br />
3. a. L’Académie Roya<strong>le</strong> et l’architecture antique <strong>de</strong> Rome et <strong>de</strong> Grèce .....................<br />
3. b. Architecture et « archéologie » ......................................................................<br />
3. c. Les nouveaux re<strong>le</strong>vés et <strong>le</strong>s « états actuels » ....................................................<br />
215<br />
218<br />
239<br />
257<br />
II. Des restitutions graphiques aux restaurations ......................................<br />
1. La va<strong>le</strong>ur du monument « ancien » .........................................................................<br />
1. a. Utilisation et conservation <strong>de</strong>s structures architectura<strong>le</strong>s ..................................<br />
1. b. Premières « restaurations » : <strong>le</strong>s consolidations ................................................<br />
1. c. Les dégagements : <strong>de</strong> l’occupation privée au bien col<strong>le</strong>ctif exclusif ....................<br />
319<br />
327<br />
329<br />
356<br />
371<br />
XII
2. Restitutions et restaurations ....................................................................................<br />
2. a. Les restaurations « fonctionnel<strong>le</strong>s » ................................................................<br />
2. b. Le principe <strong>de</strong> restitution et <strong>le</strong>s architectes <strong>de</strong>s Monuments historiques ........................<br />
2. c. Des re<strong>le</strong>vés aux restaurations: <strong>de</strong>s reconstitutions théoriques .............................<br />
3. Les édifices comme « témoins archéologiques » ........................................................<br />
3. a. La notion <strong>de</strong> restauration et l’archéologie .......................................................<br />
3. b. Entre restauration et conservation ..................................................................<br />
3. c. L’édifice restauré comme témoin archéologique et sa maquette .........................<br />
401<br />
403<br />
436<br />
457<br />
531<br />
534<br />
564<br />
602<br />
III. Réaménagements et restaurations ......................................................<br />
1. Le problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> réutilisation <strong>de</strong>s ruines .................................................................<br />
1. a. Les raisons d’une réutilisation ........................................................................<br />
1. b. Les contraintes d’un aménagement mo<strong>de</strong>rne ...................................................<br />
1. c. Les polémiques : architecte contre archéologue ................................................<br />
2. L’édifice <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s antique « mo<strong>de</strong>rne » .............................................................<br />
2. a. Le prestige du lieu et <strong>le</strong>s différents types <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s .....................................<br />
2. b. Scénographie mo<strong>de</strong>rne et besoins du spectac<strong>le</strong> actuel ......................................<br />
2. c. Le spectateur mo<strong>de</strong>rne ..................................................................................<br />
3. Édifice-musée ou édifice <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s ......................................................................<br />
3. a. Réutilisation et présentation du monument .....................................................<br />
3. b. Les effets du « tourisme culturel » ..................................................................<br />
3. c. Entre « lisibilité », restitution et exploitation ...................................................<br />
661<br />
668<br />
670<br />
680<br />
695<br />
705<br />
707<br />
723<br />
776<br />
821<br />
823<br />
836<br />
860<br />
Conclusion : quel patrimoine archéologique ? ..........................................<br />
879<br />
Annexes : 1. Extraits <strong>de</strong> lois, décrets et chartes .........................................................<br />
2.Chronologie <strong>de</strong>s interventions ...............................................................<br />
3. Biographies sommaires .........................................................................<br />
4. Quelques échos <strong>de</strong> <strong>la</strong> presse .................................................................<br />
5. Glossaire .............................................................................................<br />
887<br />
902<br />
919<br />
923<br />
935<br />
Bibliographie .............................................................................................................<br />
Tab<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s illustrations ................................................................................................<br />
Tab<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s matières ....................................................................................................<br />
941<br />
983<br />
1006<br />
XIII