Automne 2010 (PDF 1.70Mb) - Canadian Breast Cancer Network
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Volume 14, numéro 4, automne 2010 nouvellesduréseau ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN Conférence nationale des jeunes femmes atteintes du cancer du sein Toronto, du 29 octobre au 31 octobre, 2010
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Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
nouvellesduréseau<br />
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
Conférence nationale des jeunes<br />
femmes atteintes du cancer du sein<br />
Toronto, du 29 octobre au 31 octobre, <strong>2010</strong>
DANS CE NUMÉRO:<br />
Mon itinéraire de cancer<br />
05<br />
Envahie de questions<br />
07<br />
Mon histoire<br />
09<br />
12<br />
14<br />
Confronter et surmonter mes<br />
20 peurs en tant que survivante<br />
La sexualité après un cancer<br />
22 du sein<br />
24<br />
26 Espoir<br />
Nos porte-paroles en action!<br />
28<br />
Mon cancer du sein, ce fut une<br />
série de manèges…<br />
Les avantages d’avoir le cancer<br />
Se réconcilier avec son corps<br />
après un cancer<br />
Conseil d’administration<br />
Cathy Ammendolea, présidente, Québec<br />
Alwyn Anderson, Alberta<br />
Nina Burford, conseillère, Labrador<br />
Linda Batrie, Québec<br />
Linda Dias, région du Grand Toronto<br />
Diana Ermel, présidente passée,<br />
Saskatchewan<br />
Dianne Hartling, trésorière, Ottawa-<br />
Gatineau<br />
Suzanne LeBlanc, Nouveau-Brunswick<br />
Lorna Marshall, British Columbia<br />
Meeka Mearns, Nunavut<br />
Dianne Moore, Ontario<br />
Janis Murray, secrétaire, Colombie-<br />
Britannique<br />
Pam Monkman, Territories de Nord-Ouest<br />
Judy Donovan Whitty, , Île-du-Prince-<br />
Édouard<br />
Diane Spencer, vice-présidente, Nouvelle-<br />
Écosse<br />
Sharon Young, Manitoba<br />
RAPPORT DE LA PRÉSIDENTE<br />
Par Cathy Ammendolea,<br />
présidente du Réseau canadien du cancer du sein<br />
Je suis extrêmement heureuse de participer à<br />
l’évènement «Le corps, l’âme et l’esprit: une<br />
conférence pour les jeunes femmes atteintes<br />
du cancer du sein».<br />
Le Réseau canadien du cancer du sein, en collaboration avec la Fondation canadienne du cancer<br />
du sein, accueillera cette conférence au Hilton de Toronto du 29 au 31 octobre. Depuis sa première<br />
conférence pour jeunes femmes en novembre 2007, le RCCS s’est fait demander à plusieurs reprises,<br />
par des jeunes femmes atteintes du cancer du sein, quand aurait lieu un deuxième événement du<br />
même genre. Nous prévoyons donc une autre réussite pour cette nouvelle conférence en octobre.<br />
Certains de nos objectifs à cet égard sont de permettre aux jeunes femmes atteintes du cancer du<br />
sein d’acquérir les ressources nécessaires pour les aider dans leur cheminement avec la maladie, et<br />
de leur fournir l’occasion de se réseauter avec d’autres femmes vivant des expériences semblables.<br />
Les femmes diagnostiquées jeunes font face à une multitude de problèmes qui peuvent sérieusement<br />
affecter leur qualité de vie. Suite à une chirurgie mammaire, plusieurs femmes ont du mal à accepter<br />
leur nouvelle apparence physique. Des problèmes d’intimité peuvent survenir chez les femmes<br />
atteintes du cancer du sein. Qu’elles soient célibataires ou mariées, plusieurs jeunes femmes ont du<br />
mal à gérer leurs relations de couple ou fréquentations.<br />
Les enjeux liés à la fécondité sont aussi un des éléments que doivent affronter les jeunes femmes<br />
suite aux traitements du cancer du sein. L’incertitude quant à la capacité d’avoir des enfants a<br />
un lourd impact émotionnel sur la patiente et sur son conjoint ou partenaire. De plus, le cancer du<br />
sein peut affecter gravement la stabilité fi nancière d’une femme, sa vie au travail, sa couverture<br />
d’assurance et plus encore. Tous ces facteurs constituent un fardeau supplémentaire au diagnostic de<br />
cancer du sein.<br />
Pour bien des jeunes femmes, les groupes de soutien sont une planche de salut; elles gagnent donc<br />
à trouver un groupe où elles s’engager sans réserve et discuter des questions qui les affectent. Ceci<br />
a été mis en évidence lors de notre conférence pour jeunes femmes de 2007. Plus de 325 jeunes<br />
survivantes y ont participé, une occasion pour des jeunes femmes de tout le pays de communiquer<br />
avec d’autres survivantes, de partager leurs récits et données, et de réaliser qu’il existe d’autres<br />
femmes comme elles, qui partagent les mêmes craintes et émotions.<br />
Je suis confi ante que la conférence «Le corps, l’âme et l’esprit <strong>2010</strong>» réussira aussi à offrir aux<br />
jeunes femmes atteintes du cancer du sein et à leur proches l’information la plus à jour afi n de<br />
répondre à leurs besoins.<br />
Abonnez-vous à notre bulletin électronique<br />
Prise de contact!<br />
Prise de contact est le bulletin électronique gratuit du Réseau<br />
canadien du cancer du sein. On y trouve des appels à l’action<br />
et des renseignements sur nos activités, nos programmes et nos<br />
projets. Vous pouvez y trouver des occasions de siéger à des<br />
panels, répondre à des sondages, commander des rapports et<br />
plus encore! Prise de contact n’est distribué que par courriel.<br />
Pour vous y abonner, écrivez à cbcn@cbcn.ca, ou téléphonez à<br />
Maureen au 1-800-685-8820.<br />
2
RAPPORT DU CHEF<br />
DE LA DIRECTION<br />
Par Jackie Manthorne, chef de la direction du Réseau<br />
canadien du cancer du sein; Photo : Brian Jackson<br />
SOUVENIRS Qu’y a-t-il à se remémorer de la<br />
première conférence des jeunes femmes à<br />
Toronto, en novembre 2007? Seulement un million d’images, de sons,<br />
d’impressions et d’émotions. Voici quelques-unes des miennes.<br />
<br />
après table de la salle de banquet jusqu’à ce qu’il n’y reste plus un siège de libre<br />
– 326 participantes au total, ravivant de vieilles amitiés et en créant de nouvelles,<br />
prêtes à apprendre, réseautant comme des lapins, espérant des réponses, cherchant<br />
l’illumination. Toutes plus ou moins fascinées, excitées, en décalage horaire, exotiques,<br />
joyeuses, hésitantes, pleines d’espoir.<br />
<br />
durant le défi lé Bringing Sexy Back, la soirée mode des survivantes du cancer du sein, une<br />
expérience comme on en vit une seule fois dans sa vie.<br />
<br />
incarner toute la brochette de participantes à un groupe de soutien<br />
<br />
temps pour faire des rencontres, bavarder et s’amuser.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
faire des projets de rester en contact, saisir des bribes de conversations au passage de<br />
groupes dans les corridors et lorsque les portes d’ascenseurs se refermaient sur des voix<br />
énergiques, excitées, épuisées ou ferventes<br />
<br />
<br />
de mieux-être<br />
<br />
chic, les extravagants costumes de la soirée South Beach<br />
<br />
<br />
<br />
mot bien particulier pour conclure la conférence<br />
<br />
<br />
nouvellesdu réseau<br />
VOLUME 14, NUMÉRO 4, AUTOMNE <strong>2010</strong><br />
ISSN: 1481-0999 Tirage: 6 500<br />
Convention de la poste-publication No 40028655<br />
Retourner toute correspondance ne pouvant etre<br />
livrée au Canada au<br />
RÉSEAU CANADIEN DU CANCER DU SEIN<br />
331, RUE COOPER, BUREAU 300<br />
OTTAWA, ON K2P 0G5<br />
Courriel : cbcn@cbcn.ca<br />
Nouvelles du Réseau est publié par le Réseau canadien<br />
du cancer du sein (RCCS) dans le but de fournir à<br />
la communauté du cancer du sein une information<br />
courante et compréhensible au sujet de questions<br />
au niveau pancanadien, de favoriser l’éducation et la<br />
sensibilisation et de mettre de l’avant les préoccupations<br />
des Canadiennes et des Canadiens affecté(e)s par le<br />
cancer du sein.<br />
Le Réseau aimerait remercier les groupes de soutien du<br />
cancer du sein et les individus qui ont fourni des articles<br />
et des informations pour ce numéro. Nous accueillons<br />
vos idées, vos contributions et vos lettres, sous réserve<br />
de révisions et en fonction de l’espace disponible.<br />
Les articles du présent numéro ne représentent<br />
pas nécessairement les opinions du RCCS, mais<br />
plutôt celles de leurs auteur(e)s. Le RCCS accorde la<br />
permission de reproduire ce matériel, à condition d’en<br />
indiquer l’origine.<br />
Réseau canadien du cancer du sein,<br />
331, rue Cooper, bureau 300, Ottawa (ON) K2P 0G5.<br />
Tél. : (613) 230-3044 et 1-800-685-8820;<br />
télécopieur : (613) 230-4424,<br />
courriel : cbcn@cbcn.ca; site web : www.cbcn.ca.<br />
Rédactrice en chef : Jackie Manthorne<br />
Comité de rédaction : Jackie Manthorne, Mona Forrest<br />
Auteur(e)s : Cathy Ammendolea; Jackie Manthorne;<br />
Angela Dimitriou; Carrie Firanski; Deborah Bridgman;<br />
Sandra Hamamoto; Dawn Cleary; Pam Deprés; Carolyn<br />
Schreuer; Jacqui Gillespie; Vanessa Turke; Diane<br />
Spencer; Vanessa Sherry; Tiffany Glover; Rebecca<br />
Holzman<br />
Traduction : Martin Dufresne; Francine Lanoix; Jeanne<br />
Duhaime; Melissa Milks<br />
Photographie : Nina Burford<br />
Personnel : Jackie Manthorne, Chef de la direction,<br />
jmanthorne@cbcn.ca; Mona Forrest, Adjointe au<br />
chef de la direction et Directrice des initiatives de<br />
développement, mforrest@cbcn.ca; Jenn McNeil,<br />
Directrice des opérations, jmcneil@cbcn.ca; Vanessa<br />
Sherry, Coordonnatrice, implication communautaire et<br />
relations publiques, vsherry@cbcn.ca; Stuart MacMillan,<br />
Directeur des activités et de l’information en ligne,<br />
smacmillan@cbcn.ca; Melissa Milks, Coordonnatrice<br />
des publications et des communications; mmilks@<br />
cbcn.ca; Sandra Hamamoto, Directrice des liens avec<br />
le gouvernement, shamamoto@cbcn.ca; Rebecca<br />
Holzman, Adjointe aux événements, rholzman@cbcn.<br />
ca; Maureen Kelly, Réceptionniste, maureen@cbcn.ca;<br />
Judy Proulx, Réceptionniste, jproulx@cbcn.ca; Sandie<br />
Lessard, Comptable, sandie@cbcn.ca<br />
3
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
Quatre participantes à la Conférence nationale 2007 des jeunes femmes vivant avec le cancer du sein<br />
RECOMMENCER! Le corps, l’âme et l’esprit <strong>2010</strong>:<br />
Conférence nationale pour les jeunes femmes atteintes<br />
du cancer du sein<br />
Le Réseau canadien du sein et sa co-présentatrice, la Fondation canadienne du cancer du sein,<br />
ont le plaisir d’accueillir la 2 e conférence destinée aux jeunes femmes vivant avec le cancer du<br />
sein, intitulée Le corps, l’âme et l’esprit <strong>2010</strong>: Conférence nationale pour les jeunes femmes<br />
atteintes du cancer du sein, à l’hôtel Hilton du centre-ville de Toronto, du 29 au 31 octobre <strong>2010</strong>.<br />
Nous sommes aussi enthousiastes d’accueillir Bif Naked, la<br />
reine du rock canadien, comme une de nos conférencières<br />
principales. Bif partagera avec nous son récit de survivante,<br />
«Rock Your <strong>Cancer</strong>», ainsi que certains de ses choix de vie<br />
saine, dont le fait d’être végétalienne amatrice d’aliments crus.<br />
Joignez-vous à elle au souper de gala «Mille et une nuits»<br />
de Le corps, l’âme et l’esprit, samedi le 30 octobre – qui est<br />
inclus dans l’inscription à la conférence!<br />
La conférence comprendra aussi 36 ateliers sur une foule<br />
de thèmes, de quoi satisfaire tous les goûts. Une série<br />
spéciale de discussions en trois parties sur les gènes BRCA<br />
abordera les enjeux psychosociaux, les options de gestion et<br />
la fécondité et offrira les renseignements les plus à jour aux<br />
porteuses de gènes BRCA. Une autre série d’ateliers axés sur<br />
les femmes vivant avec le cancer du sein métastatique vous<br />
renseignera sur les plus nouvelles recherches à cet égard. Il<br />
y aura aussi une série d’ateliers sur la défense des droits,<br />
y compris des ateliers sur la défense de ses propres droits,<br />
les meilleures façons de s’adresser aux décisionnaires et de<br />
l’information sur le processus d’approbation des médicaments<br />
anti-cancer au Canada.<br />
Donc, ne ratez pas cette occasion<br />
de prendre contact avec d’autres<br />
jeunes survivantes, de partager<br />
votre récit, d’apprendre les<br />
plus récents renseignements<br />
et résultats de recherche, de<br />
trouver des conseils pratiques<br />
au quotidien et de vivre une fi n<br />
de semaine d’empowerment et<br />
d’espoir.<br />
Inscrivez-vous à www.cbcn.ca ou<br />
en adressant un courriel à Jenn<br />
McNeil, jmcneil@cbcn.ca .<br />
4
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
Mon itinéraire de cancer par Angela Dimitriou<br />
Il était une fois une jeune fi lle qui ne se doutait même pas que des jeunes femmes<br />
pouvaient attraper le cancer du sein. Je pensais que l’absence d’antécédents<br />
familiaux de cancer était beaucoup plus signifi cative qu’elle ne l’est réellement.<br />
Les seules femmes ayant le cancer que je connaissais avaient au moins 30 ans de<br />
plus que moi – et je les considérais comme des jeunes patientes! Bref, je pensais<br />
rarement au cancer.<br />
Tout cela a changé à l’automne 2006. Mon docteur a trouvé une<br />
bosse dans mon sein et, après 2 mois d’attente, l’échographie et la<br />
biopsie ont révélé un cancer du sein très agressif de stade III. À 26<br />
ans! Cette nouvelle m’a profondément secouée. Comment était-ce<br />
possible? Je pensais jusqu’alors que le cancer du sein n’affectait<br />
que les femmes d’un certain âge.<br />
À cette époque, j’en étais à ma dernière année de droit. Je<br />
m’entraînais 6 jours par semaine (vraiment!) et j’étais végétarienne.<br />
Mes plans à court et à long terme n’incluaient certainement pas un<br />
cancer. Mais j’ai vite compris que la maladie s’était installée pour<br />
de bon, et que mes plans allaient devoir changer, dont certains<br />
pour toujours.<br />
J’ai eu du mal à accepter l’idée que mon corps avait généré ce<br />
cancer, qu’il l’avait entretenu et lui avait fourni ce dont il avait<br />
besoin pour grandir. Ça me semblait impossible à croire. Sans<br />
être invité, il s’est brutalement approprié mon corps, allant même<br />
jusqu’à faire quelques incursions sous mon aisselle, le temps de<br />
visiter le quartier. J’ai donc entrepris des recherches sur le cancer<br />
du sein chez les jeunes femmes, pour tenter de comprendre mon<br />
diagnostic et ce qui arrivait à mon corps. J’ai découvert qu’il n’est<br />
pas si facile de déchiffrer le cancer – pourquoi il survient, comment<br />
et qui il affecte.<br />
J’ai appris que le cancer du sein frappait de plus en plus les jeunes<br />
femmes. J’ai été stupéfaite d’y découvrir la principale cause de<br />
mortalité par cancer chez les jeunes Canadiennes , et d’apprendre<br />
que la survie relative après cinq ans est la moins élevée chez les<br />
femmes de moins de 40 ans, un facteur attribué à la nature souvent<br />
agressive de leurs cancers . Et ça continue – j’ai lu récemment que,<br />
pour cette année seulement, on estime qu’environ 950 belles jeunes<br />
femmes pleines de vie se verront diagnostiquer un cancer du sein<br />
au Canada et entreprendront un combat pour leur vie. Quel choc<br />
d’apprendre que si peu de gens savent qu’il n’y a pas de remède au<br />
cancer du sein, et que ça n’est pas un des «bons» cancers à avoir.<br />
Les divers traitements disponibles ne fonctionnent pas pour tout le<br />
monde, et la guérison n’est pas garantie. Le plus diffi cile pour moi a<br />
été de tenter de comprendre pourquoi j’avais contracté la maladie.<br />
Mais comme vous savez, il n’existe aucune explication concluante à<br />
ce sujet et aucun moyen infaillible de prévenir le cancer du sein. Je<br />
me suis débattue avec ce dilemme du «pourquoi», du point de vue<br />
moral – avais-je fait quelque chose pour mériter cela? – et du point<br />
de vue scientifi que – mes tests pour les gènes BRCA 1 et 2 se sont<br />
révélés négatifs.<br />
J’ai eu la chance d’avoir un oncologiste fantastique. Vu le stade<br />
avancé de la maladie et sa nature agressive, j’ai commencé la<br />
chimiothérapie une semaine après mon diagnostic, avant toute<br />
chirurgie. Comme l’échographie avait montré qu‘un certain nombre<br />
de ganglions étaient déjà atteints, il était surtout urgent d’en limiter<br />
la propagation.<br />
Ma famille m’a soutenue dans ma décision de continuer l’école<br />
afi n de pouvoir me concentrer sur autre chose que le cancer, et ma<br />
mère a quitté son emploi pour déménager à l’autre bout du pays<br />
afi n de s’occuper de moi – un sacrifi ce incroyable. Ça a été affreux<br />
d’avoir à leur annoncer la nouvelle, sachant quel choc et quelle peur<br />
que cela leur causerait. La chimio m’a beaucoup affectée, avec des<br />
nausées et de la douleur une bonne partie du temps. Je me sentais<br />
aussi très isolée, même si je continuais mes cours à temps partiel.<br />
Je devais souvent me traîner jusqu’en classe.<br />
J’ai passé plusieurs mois en désarroi. Je me demandais si ce<br />
Noël serait mon dernier. Je cachais mon crâne chauve sous une<br />
perruque chaude et inconfortable, et je vivais continuellement<br />
des bouffées de chaleur. J’écoutais mes camarades de classe se<br />
plaindre de rhumes, de lendemains de veille ou de manque de<br />
sommeil et j’étais rongée de jalousie – dire que quelques mois<br />
plus tôt, je profi tais de la même insouciance sereine. La nuit je<br />
m’endormais souvent en pleurant, terrifi ée de ce que l’avenir pouvait<br />
me réserver – ou à l’idée de n’en avoir aucun. Les traitements<br />
semblaient sans fi n et les effets secondaires très pénibles (même si<br />
j’ai découvert que l’acupuncture réduisait énormément mes nausées<br />
et beaucoup apprécié l’existence de spécialistes et de ressources de<br />
médecine intégrative à Vancouver). Plusieurs personnes proches ont<br />
quitté ma vie, alors que d’autres sont restées à mes côtés.<br />
Après une mastectomie, une dissection axillaire et une<br />
reconstruction immédiate, j’ai demandé une mastectomie<br />
prophylactique, malgré l’absence de zones inquiétantes à<br />
l’échographie. Je voulais minimiser mes probabilités d’avoir à<br />
5
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
affronter un deuxième cancer du sein. J’ai aussi reçu 33 traitements<br />
de radiations sur quatre parties du corps et subi de graves brûlures.<br />
En août 2007, avec ma prescription de cinq ans de tamoxifène<br />
en main, j’ai conclu mon traitement et suis retournée vivre à<br />
Montréal, passant aux mains d’un autre oncologiste merveilleux.<br />
J’ai éventuellement remplacé le tamoxifène par des traitements<br />
de l’endométriose par injections (Zoladex), accompagnés d’un<br />
inhibiteur de l’aromatase (Femara).<br />
Mon rétablissement a été pénible car j’étais constamment épuisée,<br />
je manquais d’énergie et je prenais du poids. Le stress imposé à<br />
mon corps par le traitement avait été vraiment effarant! Mais je<br />
voulais retrouver une vie. Je savais que je ne pourrais retrouver<br />
ma vie d’avant, et les plans que je m’étais faits – dont un travail de<br />
rêve à New York, que je devais oublier vu mon manque d’énergie<br />
et ma faible capacité de concentration. Mais j’étais déterminée à<br />
me bâtir une «nouvelle normalité» et à me l’approprier jusqu’à ce<br />
que ce qu’elle devienne simplement «normale». Pendant ma dure<br />
remontée, j’ai découvert que plusieurs organismes, dont la Young<br />
Survival Coalition, offraient un soutien formidable, des conseils<br />
judicieux et une écoute compréhensive. J’aurais juste souhaité<br />
connaître cet organisme au début de mon traitement. Déterminée<br />
à tout faire pour empêcher la maladie de revenir, je me suis aussi<br />
renseignée à fond au sujet du cancer du sein. Hélas, même de nos<br />
jours, la science n’a pas réponse à tout en matière de prévention, ce<br />
qui est très frustrant. Les recherches manquent également en ce qui<br />
a trait aux questions particulières aux jeunes femmes atteintes du<br />
cancer du sein, telles la fécondité, la grossesse et les problèmes de<br />
survie, pour ne citer que celles-là.<br />
Ayant déjà été une coureuse passionnée, je voulais m’y remettre,<br />
mais mon niveau d’énergie m’a longtemps empêchée de le faire.<br />
Je m’y suis éventuellement remise mais très lentement – certains<br />
diraient même pathétiquement. Il m’a fallu des mois et un<br />
programme d’entraînement très progressif pour réussir à courir, mais<br />
j’y suis arrivée, sans avoir l’air de manquer d’oxygène à toutes les<br />
deux minutes. Je peux affi rmer sans aucun doute que la réalisation<br />
d’un objectif physique m’a vraiment aidée dans mon rétablissement.<br />
Ça m’a aussi rappelé le bonheur de se sentir forte et en santé.<br />
Au moment où je pensais avoir<br />
repris pied (et retrouvé mes<br />
cheveux longs, plus quelques<br />
cheveux gris qui s’y étaient<br />
glissés), un scan de routine<br />
suivi d’une biopsie a révélé, en<br />
août 2009, une récurrence du<br />
cancer dans plusieurs ganglions<br />
lymphatiques de l’autre côté. Le<br />
Angie durant son traitement rapport de pathologie a encore<br />
une fois fait état d’un cancer très agressif. Je n’arrivais pas à y<br />
croire: un autre scan avait été négatif à peine six mois plus tôt.<br />
Suite à une dissection axillaire pour ce nouveau cancer de stade<br />
III, j’ai recommencé une chimiothérapie, accompagnée cette fois<br />
de traitements par herceptine. Le plan était de subir des radiations<br />
suite à la chimio, mais 6 semaines seulement après la fi n de ma<br />
chimiothérapie, le cancer est réapparu dans ma peau axillaire,<br />
malgré le traitement continu à l’herceptine. J’ai donc dû reprendre<br />
la chimio, suivie de radiations, suivie d’encore plus de chimio, et<br />
j’en ai jusqu’en 2011!<br />
Le cancer du sein affecte très différemment les jeunes femmes.<br />
Plusieurs d’entre nous en venons à compter sur nos parents pour<br />
beaucoup d’aide et de soins, un recours que je n’aurais jamais<br />
envisagé en tant que personne farouchement indépendante. Le<br />
fardeau fi nancier retombe souvent sur nos familles et partenaires.<br />
Les carrières sont généralement interrompues ou déroutées,<br />
comme dans mon cas. J’ai aussi souffert de mon inadmissibilité à<br />
l’assurance-emploi, faute d’avoir travaillé depuis un certain nombre<br />
d’années à cause de mes études supérieures.<br />
En tant que célibataire, je n’avais que ma vie à gérer. Je continue à<br />
être ébahie par les jeunes mères diagnostiquées qui réussissent à<br />
s’occuper de leurs enfants tout en subissant leurs traitements, ou<br />
encore à vivre une grossesse. Moi, j’arrivais à peine à boucler une<br />
journée sans faire une ou deux siestes…<br />
En tant que femmes, nous sommes aussi aux prises avec notre<br />
identité, et c’est un sujet qui m’a occasionné bien des réfl exions.<br />
Pour certaines, l’ablation des seins ou des ovaires peut sembler une<br />
perte de féminité, mais je peux vous assurer que ça n’est pas le cas.<br />
Vos seins ne font pas de vous une femme. Vous étiez une femme<br />
avant, vous l’êtes encore et vous le serez toujours.<br />
Angela Dimitriou a 30 ans et vit à Montréal, où elle est née et a grandi.<br />
Elle a été diagnostiquée du cancer du sein en 2006, à l’âge de 26 ans,<br />
alors qu’elle vivait à Vancouver, et de nouveau en 2009, à 29 ans. Elle a<br />
subi des traitements intensifs et a contracté un lymphoedème au bras en<br />
2009. Elle adore les animaux, la lecture, et son lieu préféré est l’Irlande.<br />
Les moments avec sa famille et ses amis sont ce qu’elle a de plus<br />
précieux, et elle rêve du jour où le cancer du sein ne sera qu’un lointain<br />
souvenir pour toutes les femmes.<br />
1 Société canadienne du cancer / Institut national du cancer du Canada.<br />
Statistiques canadiennes sur le cancer 2007, Tableau 13.3, Toronto,<br />
Canada, 2007.<br />
2 Société canadienne du cancer / Institut national du cancer du Canada.<br />
Statistiques canadiennes sur le cancer 2007, Tableau 17, Toronto,<br />
Canada, 2007.<br />
2 Société canadienne du cancer / Institut national du cancer du Canada.<br />
Statistiques canadiennes sur le cancer <strong>2010</strong>, Toronto, Canada, <strong>2010</strong>.<br />
6
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
Envahie de questions par Carrie Firanski<br />
Quand on m’a appris que j’avais le cancer du sein, j’ai d’abord pensé<br />
«Vraiment? Le cancer du sein et pas une mastite? Ont-ils interverti mes<br />
résultats et ceux d’une autre patiente?» Alors que le médecin continuait à<br />
me parler du rendez-vous qu’il avait pris pour moi avec un chirurgien, des<br />
questions envahissaient mon esprit, déplaçant ses paroles. «Qu’est-ce que<br />
cela veut dire? Comment pourrais-je avoir un cancer du sein, à 35 ans?!»<br />
Quand on m’a appris que j’avais le cancer du sein, j’ai d’abord pensé<br />
«Vraiment? Le cancer du sein et pas une mastite? Ont-ils interverti<br />
mes résultats et ceux d’une autre patiente?» Alors que le médecin<br />
continuait à me parler du rendez-vous qu’il avait pris pour moi avec<br />
un chirurgien, des questions envahissaient mon esprit, déplaçant ses<br />
paroles. «Qu’est-ce que cela veut dire? Comment pourrais-je avoir un<br />
cancer du sein, à 35 ans?!»<br />
Mon incrédulité a continué, nourrie d’autres questions. Je me disais<br />
que quelqu’un avait dû me jouer un tour de très mauvais goût. En<br />
même temps, ce doute était contrebalancé par mon instinct naturel de<br />
recherche de l’information la plus à jour, en m’assurant que chaque<br />
étape de mon traitement serait bien pesée. Cela me permettrait de<br />
prendre les meilleures décisions en fonction des options présentées<br />
par les médecins et de me sentir un peu plus en contrôle sur la façon<br />
dont je serais traitée.<br />
Plusieurs questions ont marqué ces premières étapes : «Allais-je<br />
devoir me faire enlever tout le sein? Comment pouvais-je priver ma<br />
petite fi lle d’un sein dont elle se nourrissait et grandissait? Pouvaisje<br />
me contenter d’une intervention beaucoup moins invasive et<br />
conserver d’assez bonnes chances de survie?» Une fois la procédure<br />
choisie, ont surgi d’autres informations déconcertantes: «Qu’est-ce<br />
que le lymphoedème? Vais-je le contracter? Comment ma vie en<br />
sera-t-elle affectée?»<br />
L’itinéraire des traitements anti-cancer est incroyablement<br />
terrifi ant, du fait d’être si inconnu pour les personnes nouvellement<br />
diagnostiquées. J’avais confi ance de me rétablir un jour mais, en<br />
plus d’avoir peur de ce qu’allaient me faire subir les médecins, je<br />
suis devenue ultra-protectrice des petites choses que j’avais toujours<br />
prises pour acquises : «Vais-je perdre tous mes poils ou seulement<br />
mes cheveux? Aurai-je constamment la nausée? Suis-je capable de<br />
passer au travers de cette expérience?»<br />
Une fois les traitements entamés, lors des premières poussées de<br />
chaleur, je me suis souvent demandé : «La chimio entraînera-t-elle<br />
une ménopause complète? «Est-ce que je devrai me résigner à une<br />
libido réduite? Comment mon mari me voit-il depuis que je n’ai plus de<br />
chevelure, comme une ombre de la femme qu’il a connue?»<br />
Il arrivait souvent, les jours de mes traitements de chimio, que je<br />
prenne un peu de temps pour moi entre les tests sanguins et les<br />
traitements, assise dans un parc à regarder le monde continuer sa<br />
course. La vie que j’avais prise pour acquise il y a encore quelques<br />
mois me semblait maintenant très différente, comme si je la regardais<br />
au-delà d’un obstacle invisible. Elle continuait, me laissant de côté. Je<br />
me demandais souvent : «Si quelqu’un ne fait pas ce que font les gens<br />
tous les jours, comme aller au travail ou rire en bande dans un café,<br />
est-ce tout de même une expérience humaine?» Ou, «Si une jeune<br />
femme a l’air en santé alors qu’elle a en fait une maladie terrible et<br />
lutte pour sa vie, ment-elle au monde?»<br />
J’arrivais toujours dans la salle de chimio avec l’attitude de celle qui<br />
a quelque chose à prouver. Je détestais les regards de pitié que me<br />
lançaient les patient-es plus âgé-es. Je continuais à prétendre que<br />
j’étais en santé, qu’il s’agissait d’une blague sinistre qu’on me jouait.<br />
Mais à mesure que se prolongeaient les traitements, je perdais de<br />
cette assurance et devenais plus vulnérable. «Est-ce que je retrouverai<br />
un jour mon ancienne personnalité? Ma vie redeviendra-t-elle un jour<br />
normale? D’ailleurs, quelle est ma propre normalité?»<br />
J’étais une nouvelle maman, ce qui faisait que ma vie ne serait plus<br />
jamais ce qu’elle était avant la naissance de ma fille. Tant de choses<br />
avaient changé si rapidement. Il me fallait trouver une nouvelle<br />
normalité. Au fond, je demeurais intacte : l’épouse dévouée, la mère<br />
aimante, le Taureau entêté… C’étaient mes circonstances qui avaient<br />
changé. Il était évident que je ne serais jamais exactement la même<br />
personne qu’avant. Les expériences de vie transforment tout le monde:<br />
c’est aux gens de s’adapter à leur nouvelle personnalité, leur nouvelle<br />
normalité.<br />
Finalement, après la chimio, ce fut au tour de la radiothérapie.<br />
Mentalement, j’étais en morceaux. J’étais incapable de tout nouveau<br />
traitement, avec l’impression d’être devenue un cobaye. C’est du<br />
moins ce que je croyais. Après quelques rondes de radio, je me<br />
suis surprise à me sentir mieux. Au lieu de prendre les choses<br />
tranquillement, j’ai décidé de hausser la mise et d’adopter la course à<br />
pied. «Si Lance Armstrong peut remporter le Tour de France après un<br />
cancer, je pouvais bien courir vingt minutes sur un tapis roulant tous<br />
les deux jours…» Quelle hardiesse! Mais j’ai été vraiment chanceuse<br />
7
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
fière? Comment puis-je être une bonne mère pour ma fille quand mon<br />
100% ne correspond qu’au 25% d’une autre femme?»<br />
Je manquais souvent d’énergie. Je pouvais me sentir super une<br />
journée, puis sans ressort pour plusieurs jours, parfois des semaines.<br />
Mais avec le temps, ces journées d’énergie sont apparues plus<br />
souvent, me permettant de commencer à penser à l’avenir et à faire<br />
des plans aux échéances de plus en plus longues.<br />
de ne subir que très peu d’effets secondaires des traitements radio et<br />
de bien me rétablir.<br />
Comme j’avais subi deux lumpectomies, avec des marges encore<br />
mal définies, on m’avait déconseillé d’attendre plus longtemps avant<br />
la mastectomie finale. Maintenant que la chimio et la radio étaient<br />
terminées, je devais choisir une chirurgie de reconstruction: «Allais-je<br />
me faire faire le DIEP, le Lat Flap ou le TRAM Flap? Opterais-je pour<br />
une mastectomie unilatérale ou bilatérale, avec ou sans implants?<br />
Et comment mon corps allait-il s’adapter à l’une ou l’autre de ces<br />
interventions?» Chacune avait des avantages et des inconvénients.<br />
Une décision difficile qui m’a demandé des mois de réflexion.<br />
Malheureusement pour moi, cette dernière procédure, la<br />
reconstruction, m’a fait basculer dans un état si affaibli qu’il m’a fallu<br />
trois ans et demi pour m’en remettre. La moindre tâche me semblait<br />
insurmontable, parfois même le fait de penser. À mes moments les<br />
plus sombres, je me demandais : «Vais-je être ainsi pour le reste de<br />
ma vie? Mon mari retrouvera-t-il un jour sa femme? Serai-je un jour<br />
capable de regarder mon corps modifié et l’accepter, et même en être<br />
Deux ans après ma chirurgie de reconstruction, j’ai détecté une<br />
nouvelle bosse au sein. Même si elle était très petite, je me suis sentie<br />
replonger dans les sables mouvants du cancer. Les démarches qui ont<br />
suivi – voir les médecins, subir une biopsie par aiguille et obtenir enfin<br />
les résultats – m’ont semblées interminables. De nouvelles questions<br />
terrifiantes sont venues hanter des nuits sans sommeil : «Allais-je<br />
devoir revivre tout cela? Décider de refaire ce trajet ou m’en remettre à<br />
Dieu? Pouvais-je envisager de laisser ma fille sans mère?» J’ai été très<br />
soulagée d’apprendre que cette nouvelle tumeur était bénigne.<br />
Heureusement, bon nombre de ces questions ont elles-mêmes<br />
trouvé réponse, à leur propre rythme. Il faut une certaine humilité<br />
pour faire ainsi confiance au passage du temps. J’ai encore des<br />
poussées d’impatience, mais je tire toujours des leçons du vieil adage,<br />
«Le temps fait son oeuvre». Je continue à me poser des questions<br />
sur mon expérience du cancer, dont la plus fondamentale demeure<br />
«Pourquoi?» Mais c’est une question qui risque de demeurer sans<br />
réponse, même avec le temps. Les choses sont ainsi, et je me compte<br />
très chanceuse de pouvoir accepter mon expérience et reconnaître<br />
qu’elle a contribué à faire de moi celle que je suis aujourd’hui.<br />
J’ai reçu, en 2005, un diagnostic de cancer du sein de type 3B. Je suis<br />
présentement une mère à domicile, vivant à Barrie (Ont.) avec ma fille de<br />
6 ans et mon époux depuis 14 ans. Je suis également membre active de<br />
l’équipe de bateau-dragon des Barrie Ribbons of Hope et je contribue dans<br />
ma région à la mise sur pied d’un réseau de jeunes femmes aux prises avec<br />
le cancer du sein, le NOYS (<strong>Network</strong> of Young Survivors).<br />
Oui!<br />
je veux appuyer le Réseau canadien du cancer du sein!<br />
La voix et le représentant des survivant-es!<br />
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Abonnement:<br />
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8<br />
RÉSEAU CANADIEN DU CANCER DU SEIN | 331, RUE COOPER, BUREAU 300, OTTAWA (ONTARIO) K2P 0G5<br />
Tél : (613) 230-3044 | 1-800-685-8820 | Téléc : (613) 230-4424 | Organisme charitable 889802971RR0001 cbcn.ca
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
Mon histoire par Deborah Bridgman<br />
Ce récit commence véritablement il y a 16 ans, au moment où j’ai pris la<br />
terrifi ante décision de mettre fi n à un mariage hyper-stressant et malheureux.<br />
Je voulais simplement le meilleur pour mes deux fi lles de trois et sept ans et<br />
je savais que la seule façon d’y arriver était de passer la porte en la refermant<br />
sur toute la violence mentale, verbale et physique que je vivais.<br />
Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait dans ma nouvelle vie.<br />
Deux mois après avoir quitté mon mari, j’ai reçu un diagnostic de<br />
cancer du sein, à 30 ans. Cela semblait impossible, et pourtant…<br />
Dès les premières journées, je me suis fixé pour but de rendre la<br />
vie de mes enfants aussi normale que possible. Elles allaient être<br />
impliquées dans tout ce qui m’arrivait. Il n’y aurait pas de secrets, pas<br />
de mensonges, pas de cachettes.<br />
C’était le printemps de 1994 et, malgré tous les changements qui<br />
survenaient, jamais je ne me suis sentie aussi confiante de ma<br />
décision de quitter mon mari. Ma vie allait de mieux en mieux,<br />
à l’exception d’une grosse bosse sous l’aisselle gauche. J’ai<br />
finalement pris le temps d’aller voir mon médecin de famille, qui<br />
m’a immédiatement prescrit un rendez-vous avec un chirurgien<br />
d’un hôpital montréalais. J’ai bien ressenti alors un léger pincement,<br />
mais j’ai continué à penser que ce n’était rien. Dès la palpation, ce<br />
chirurgien a décrété cette bosse anormale. Il m’a parlé d’une biopsie le<br />
jour même et m’a envoyée subir des analyses de sang. Là, j’ai eu peur.<br />
Ensuite, je me revois étendue sur la table d’examen alors que le<br />
médecin insérait une longue aiguille dans la bosse: il disait soupçonner<br />
un cancer. Moi, je ne pensais qu’à ma ceinture que j’avais échappée<br />
derrière le lit et que j’avais peur de ne pas arriver à atteindre. Après<br />
qu’il eût poussé le lit, je l’ai récupérée en un éclair. Puis, je me suis<br />
précipitée dans la salle d’attente pour apprendre à ma mère ce qu’il<br />
m’avait dit: elle n’a pas quitté mes côtés depuis.<br />
En juin 2004, j’ai subi une lumpectomie au sein gauche, avec<br />
ablation de sept ganglions à l’aisselle. J’en suis sortie endolorie et<br />
pas très mobile, avec un drain suspendu sous le bras. L’opération<br />
a confi rmé le diagnostic de cancer. Je me souviens avoir ouvert les<br />
yeux en salle de réveil pour entendre ma mère me dire: «Debbie,<br />
c’était bien un cancer, mais ils l’ont tout enlevé. Quoi qu’il arrive,<br />
nous le combattrons ensemble!»<br />
Mon prochain défi a consisté à emménager dans mon propre<br />
appartement avec les filles. Comme c’était deux semaines seulement<br />
après l’opération, je me suis forcée à me rétablir rapidement. Quelques<br />
semaines plus tard, j’ai entamé une chimiothérapie; il allait me falloir<br />
quatre sessions d’AC à toutes les trois semaines. (J’appelais ça mon<br />
AC/DC, une expérience électrifiante…) Je me rappelle mon arrivée à<br />
la salle de traitement d’oncologie, gonflée à bloc, coiffée et maquillée à<br />
la perfection. Inutile de vous dire que j’étais en moins bon état lorsque<br />
ma mère m’a ramenée chez elle. J’y suis restée environ trois jours,<br />
presque constamment alitée.<br />
Moins de deux semaines après le premier traitement, j’ai été admise à<br />
l’hôpital avec une fièvre intense accompagnée de frissons. Je souffrais<br />
d’une infection et on m’a diagnostiquée comme neutropénique<br />
(dénuée de système immunitaire contre les infections). Je suis restée<br />
une semaine en quarantaine, à perdre la majorité de mes cheveux.<br />
C’était assez dur comme départ mais j’ai gardé le moral, sachant<br />
que tout ce qui m’arrivait de difficile me portait tout de même vers<br />
l’avenir. Les traitements étaient de plus en plus pénibles, et les<br />
périodes de rétablissement, de plus en plus longues. Les plaies que<br />
j’avais dans la bouche me faisaient si mal que je pleurais chaque<br />
fois que je mangeais quoi que ce soit de salé ou de croquant. J’avais<br />
constamment mal aux os et, à force d’alterner entre des nausées qui<br />
m’empêchaient de manger et des fringales qui me laissaient insatiable,<br />
je perdis et repris du poids si rapidement que je finis par peser dix<br />
livres de trop.<br />
Malgré tout, je faisais des efforts inouïs pour ne pas décevoir<br />
toutes les personnes merveilleuses qui me poussaient et<br />
m’encourageaient. Je me souviens entre autres d’une journée où<br />
j’étais au lit pendant que maman faisait ma lessive et papa passait<br />
l’aspirateur. Quelle belle équipe!<br />
Un de mes souvenirs les plus vivaces est celui de ma plus jeune fille<br />
frottant ma tête chauve pour m’éviter de prendre froid; ou celui de<br />
ma fille aînée revenant de l’école une journée où j’étais alitée. De la<br />
porte de ma chambre, elle m’a demandé si elle risquait d’attraper ce<br />
que j’avais en s’approchant de moi. C’est alors que j’ai réalisé que les<br />
choses allaient beaucoup trop vite pour mes filles et qu’il fallait que je<br />
fasse le point et leur explique en termes plus simples ce qui m’arrivait.<br />
Une fois ma chimio terminée, j’ai dû attendre quelques semaines<br />
avant d’entamer cinq semaines de radiothérapie. Le plus difficile a été<br />
9
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
Deborah et son itinéraire en 1994<br />
de rester parfaitement immobile durant deux heures et demie alors<br />
que l’on dessinait sur mon sein la région précise à irradier. Mais la<br />
radiothérapie a été beaucoup moins pénible que la chimio.<br />
Quand tout a été fini, ma vie est lentement revenue à la «normale»<br />
- sauf que ce n’était pas la normale, bien sûr. Tout avait changé,<br />
à commencer par ma nouvelle vision de la vie, en regard de celle<br />
d’avant le cancer. J’avais aussi une image différente de tous les gens<br />
qui étaient restés autour de moi durant la crise et de tous ceux qui<br />
avaient disparu. Bref ma nouvelle soi-disant normalité était tissée de<br />
bouleversements affectifs. Je suis retournée au travail, ma chevelure a<br />
repoussé, et mes enfants ont commencé à reprendre confiance en ma<br />
santé. J’étais heureuse d’avoir atteint un de mes buts: une existence<br />
normale pour elles. Elles réussissaient à l’école, ne rataient jamais une<br />
fête d’anniversaire, faisaient toutes les deux du karaté, du ballet et de<br />
la natation, et elles s’exprimaient facilement au sujet de la maladie<br />
et du divorce. Nos vies ont continué à se rapprocher de la normale<br />
jusqu’à l’été 1998.<br />
Je prenais du tamoxifène tous les jours et<br />
avais l’impression d’être en parfaite santé.<br />
J’avais acquis beaucoup de confiance en<br />
moi et en tout ce que je faisais.<br />
positif sur tout ce qui m’entourait et tentant de garder mes distances<br />
de toute négativité ambiante. Mais le jour de ma mammographie<br />
annuelle, je me suis sentie autrement, avec l’impression que le test<br />
irait mal. Et c’est ce qui arriva. Après avoir vu un chirurgien et subi<br />
une biopsie très douloureuse, suivie de complications terribles, on<br />
m’apprit que je vivais une récurrence. J’étais dévastée. Après avoir été<br />
si robuste au début, si attentive à mon corps et si compétente dans<br />
tout ce que je faisais, je me sentais DÉFAITE. Deux heures après la<br />
réception du diagnostic, j’ai rencontré un plasticien qui m’a offert le<br />
choix d’une mastectomie avec poitrine plate et prothèse, un implant ou<br />
une chirurgie de reconstruction à partir d’un muscle et de ma graisse<br />
corporelle (un tram flap, avec en prime une plastie abdominale). Après<br />
avoir visionné des photos d’autres femmes ayant subi des opérations<br />
semblables, j’avais à faire des choix assez inquiétants.<br />
Je me suis accordé deux semaines à me prendre en pitié, ce qui m’a<br />
fait beaucoup de bien. Les gens me disaient constamment: «C’est<br />
correct, tu vas remporter cette nouvelle bataille» et je leur répondais:<br />
«Mais je n’ai plus envie de me battre. Là, je veux seulement pleurer.»<br />
À aucun moment, je ne me suis dit: «Pourquoi moi?» Pourquoi ma<br />
situation aurait-elle différé de celle de toute autre personne contractant<br />
le cancer? Je voulais simplement éviter de devoir penser à l’enfer qu’il<br />
me faudrait traverser pour retrouver la santé. Il me semble qu’il était<br />
plus facile de prendre pour acquis que j’allais mourir. Mon principal<br />
objectif à l’époque était de tenter de boucler toutes mes affaires avant<br />
mon décès. À chaque chose que je faisais, je me disais: «Voilà c’est<br />
la dernière fois que je vois ceci ou que fais cela, que je respire ceci ou<br />
que j’entends cela.»<br />
Quand j’ai quitté son bureau, je me<br />
souviens que le gazon me semblait<br />
beaucoup plus vert, le ciel beaucoup plus<br />
bleu et que les oiseaux chantaient plus fort<br />
que jamais. Si fort qu’ils enterraient toutes<br />
ces voix négatives dans mes oreilles.<br />
Durant les quatre années suivant mon diagnostic initial, j’avais<br />
transformé beaucoup de mes habitudes. Je prenais du tamoxifène<br />
tous les jours et avais l’impression d’être en parfaite santé. J’avais<br />
acquis beaucoup de confiance en moi et en tout ce que je faisais.<br />
J’étais enfin devenue une optimiste, portant un regard beaucoup plus<br />
En mon for intérieur, je savais pourtant que je n’avais besoin que d’un<br />
filet d’espoir. Un jour, c’est arrivé. J’en étais à ma troisième rencontre<br />
avec un nouveau psychologue, face à face dans son minuscule<br />
bureau. Je ne m’étais pas exprimée beaucoup cette fois-là et je crois<br />
qu’il en a profité pour me parler de ses problèmes, de son ex-femme<br />
et des difficultés qu’elle lui créait. J’ai commencé à lui donner des<br />
10
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
conseils, puis j’ai pensé: «Qu’est-ce que je fais ici? Ce type a plus<br />
besoin d’aide que moi!»<br />
Quand j’ai quitté son bureau, je me souviens que le gazon me semblait<br />
beaucoup plus vert, le ciel beaucoup plus bleu et que les oiseaux<br />
chantaient plus fort que jamais. Si fort qu’ils enterraient toutes ces<br />
voix négatives dans mes oreilles. J’ai alors réalisé que quoi qu’il arrive,<br />
j’allais me battre de toutes mes ressources jusqu’à mon dernier<br />
souffle. Il ne servait à rien de gaspiller le temps dont je disposais<br />
à penser que j’allais mourir. Pourquoi ne pas plutôt le consacrer<br />
à bien vivre? Dès que j’ai eu décidé d’opter pour une chirurgie de<br />
reconstruction après la mastectomie, j’ai même trouvé passionnant<br />
d’amorcer un nouvel itinéraire. Et j’ai foncé.<br />
Le jour de mon opération, j’ai glissé dans le sommeil avec mon sein<br />
malade. Quand je me suis réveillée, six heures plus tard, j’ai avant tout<br />
regardé ma nouvelle création. Je ne peux commencer à vous expliquer<br />
ce que j’ai ressenti à la vue d’un superbe monticule, assorti à l’autre,<br />
sans parler de mon splendide estomac plat! Le dépôt de graisse que<br />
j’avais sur le ventre était devenu mon nouveau sein. Quatre mois après<br />
l’opération, on me recommanda l’ablation des ovaires, et j’en profitai<br />
pour faire peaufiner la reconstruction à la faveur de cette ovariectomie.<br />
plus forts. Que sont quelques cicatrices ici et là quand on a tellement<br />
de choses plus importantes pour lesquelles vivre? J’aime ma vie, j’aime<br />
mon corps et j’en suis venue à aimer ce cadeau que m’a donné le ciel:<br />
ma force personnelle.<br />
Mon nom est Deborah Bridgman et je suis depuis 16 ans survivante<br />
du cancer du sein. Je suis mère autonome de deux filles fantastiques:<br />
Shannon, 23 ans, et Arielle, 19 ans. J’ai d’abord été diagnostiquée<br />
à 30 ans. J’ai subi une lumpectomie, quatre mois de chimio et cinq<br />
semaines de radiothérapie. J’ai vécu une récurrence à 34 ans et ai subi<br />
une mastectomie, un tram flap et une ovariectomie. Une autre récurrence<br />
est apparue à 44 ans, alors que le même cancer s’était métastasé dans<br />
deux zones de mon plexus brachial, ce qui m’a valu cinq semaines de<br />
radiothérapie. Je m’implique énormément dans la communauté du cancer<br />
du sein depuis 16 ans.<br />
Il y a environ trois ans, en 2007, j’ai détecté une nouvelle bosse, juste<br />
au-dessus de ma clavicule. Dieu bénisse mon médecin, que j’appelle<br />
mon héros. Il n’a cessé de m’envoyer chez d’autres médecins passer<br />
une foule de tests: des scans, des échographies, et finalement un test<br />
d’IRM qui a révélé une tache suspecte. Il en résulta une biopsie très<br />
pénible qui confirma que le cancer s’était métastasé dans mon plexus<br />
brachial. Le chirurgien ne pouvait exciser les tumeurs mais il décida<br />
de cinq semaines supplémentaires de radiothérapie, y compris divers<br />
médicaments qui prirent de nouveau d’assaut mon corps, le plaçant en<br />
mode de survie. J’ai aussi eu droit à quelques mois de physiothérapie<br />
intensive pour renforcer mon épaule et mon bras et faciliter la motricité<br />
fine de mes doigts. Mon ergothérapeute m’a aidée à découvrir des<br />
façons de mieux faire circuler les fluides dans mon bras et de manipuler<br />
de petits objets pour m’exercer les doigts. Ma physiothérapeute était<br />
si minuscule que je n’ai jamais imaginé qu’elle arriverait à me pousser<br />
bien au-delà de mes limites, ce qu’elle a fait pourtant.<br />
C’était il y a trois ans et je n’ai pas encore retrouvé de sensation dans<br />
mon pouce, mon index et mon avant-bras. Je continue à prendre des<br />
antidouleurs et on me suit de près concernant le lymphoedème.<br />
Ayant toujours été maniaque de l’exercice, je suis revenue dès le<br />
début de 2008 à la plupart de mes activités, y compris le yoga,<br />
l’haltérophilie et le karaté. J’ai même reçu en décembre 2008 ma<br />
première ceinture noire.<br />
Mon organisme en a pris un coup au cours des 16 dernières années.<br />
Mais je trouve que mon esprit et mon corps sont devenus beaucoup<br />
Deborah en mouvement<br />
11
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
Mon cancer du sein, ce fut<br />
une série de manèges…<br />
par Jacqui Gillespie<br />
Mon récit de cancer du sein n’est pas très<br />
différent de celui de toutes les autres. Il a des<br />
dimensions tragiques et émotionnelles. En fait, je<br />
le compare aux manèges d’un parc d’attractions<br />
et aux péripéties d’un jeu de société…<br />
Les Montagnes russes: perte complète de<br />
contrôle<br />
Le Tunnel mystérieux: une expérience<br />
dépaysante<br />
Les Autos tamponneuses: des réponses, je veux<br />
des réponses!<br />
Les Balançoires: la nausée<br />
Le Saut en élastique: un test de confi ance<br />
Fermeture du parc: retrait et solitude<br />
Divers jeux de société: Operation, Risk, Destins<br />
Je suis arrivée à l’hôpital vers 8 h du matin et l’on m’a conduite au<br />
deuxième étage, le Service de maternité. C’est un petit établissement<br />
et on vous envoie là où il y a de la place. Cela aurait pu être pire, si<br />
j’avais eu à attendre plus longtemps. Alors que j’étais envahie de<br />
pensées morbides, de nouvelles vies braillaient tout autour de moi.<br />
Une expérience douce-amère: ma chambre était à deux pas de celle<br />
où j’avais donné naissance exactement cinq ans plus tôt.<br />
Je suis entrée dans cette pièce et le deuxième lit n’y était pas. Sur sa<br />
table de chevet se trouvait la photo encadrée d’une petite fille entrevue<br />
à la maternelle de mon fils. Cela voulait dire que je connaissais sa<br />
mère. Pourquoi était-elle ici? Au retour de mon opération, le deuxième<br />
lit était revenu et l’autre mère dormait. Des gens sont allés et venus<br />
durant quelques heures. Quand on eut quelques moments en privé,<br />
je lui dis penser la connaître. Elle tira le rideau qui nous séparait et<br />
l’on vit que, sans avoir jamais été présentées, nous nous connaissions<br />
informellement. Quand je lui demandai la raison de sa présence, elle me<br />
répondit: «La même que vous.» «Vous avez subi une mastectomie?» lui<br />
demandai-je stupéfaite. «Non, mais j’ai le cancer du sein.»<br />
Katie et moi avons alors fait cause commune; malgré nos vies si<br />
différentes, nous étions là à partager une condition terrible. Nous<br />
avons ri et ri encore toute la nuit. À 2 heures du matin, nous étions<br />
Jacqui et son mari Al<br />
prêtes à commander une pizza, au grand dam des autres nouvelles<br />
mamans. Nous vivions des montagnes russes d’émotions.<br />
La journée suivante, j’ai vécu un moment de confrontation à Dieu.<br />
Ce n’était pas une bonne journée; j’en étais maintenant au Tunnel<br />
mystérieux et j’avais peur. Mon chirurgien qui, malgré tout son talent,<br />
n’est pas le plus attentionné au chevet de ses patientes était venu me<br />
parler et, pour une raison ou une autre, les choses ont mal été. Après<br />
son départ, ma Katie bien-aimée n’a pas mâché ses mots pour me<br />
souffler ce qu’elle pensait de lui. Oui, je cherchais des réponses et<br />
mon chirurgien ne les avait pas. Qui allait me dire que je survivrais à<br />
tout ça? J’ai décidé de prier, de prier très fort. Dix secondes plus tard,<br />
une femme frappa à ma porte et me demanda si tout allait bien. Je lui<br />
répondis que non. Elle me demanda si je voulais prier; je lui répondis<br />
oui et nous le fîmes ensemble. Après coup, je lui dis que j’avais<br />
demandé un signe, n’importe quel signe, et que je la considérais<br />
comme un message que m’envoyait Dieu : il était avec moi et je serais<br />
toujours auprès de lui. Ma foi n’a jamais été plus forte qu’après ce<br />
cadeau, reçu en pleine tourmente.<br />
Je me souviens d’une journée où, de ma chambre à l’étage, j’écoutais<br />
mon mari, ma mère et mes deux fils de 2 et 5 ans jouer dehors. C’était<br />
en Colombie-Britannique, au mois d’avril, et les cris et rires de leur<br />
partie de soccer me laissaient une impression de trahison: c’était<br />
moi et non ma mère qui aurait dû être là; elle aurait dû être chez<br />
elle à Toronto, avec mon père. Il y avait les sons de coutellerie et de<br />
conversation à table et tout ce que je ne me plaindrais jamais plus<br />
de faire – les lunches, les repas, la lessive et l’épicerie – parce que<br />
12
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
pour les faire, je serais vivante et en santé. C’était il y a huit ans et je<br />
respecte encore ce vœu. Quand j’ai une défaillance, il suffit de me voir<br />
nue dans le miroir pour tenir bon.<br />
J’ai subi une mastectomie et quatre rounds de chimiothérapie,<br />
mais j’ai choisi d’éviter toute radiothérapie. Je préférais réserver ce<br />
traitement à contrer une éventuelle récurrence. Heureusement cela<br />
ne m’est pas (ou pas encore) arrivé. Cet été-là, je me suis rendue à<br />
l’Agence du cancer de la Colombie-Britannique, où l’on m’a dit que<br />
j’étais en rémission. On m’a ensuite conseillé de voir régulièrement<br />
mon généraliste, de prendre soin de moi et au revoir.<br />
Je me suis dit: «C’est vraiment tout?» Après avoir été le centre<br />
d’attention d’autant de personnes durant des mois, voilà qu’ils me<br />
laissaient à moi-même. J’avais oublié comment vivre de manière<br />
autonome et me retrouvais avec une étrange sensation d’isolement et<br />
d’égarement, dénuée d’orientation.<br />
Je me suis jointe à Hope Afloat, notre équipe locale de bateau-dragon,<br />
fière de m’intégrer à un groupe, moi qui n’avais jamais pratiqué de<br />
sport d’équipe. J’ai défilé devant des foules qui nous acclamaient.<br />
Lors des festivals de bateau-dragon, nos concurrentes étaient superattentionnées.<br />
Je ne sais pas vraiment pourquoi cela me faisait tant de<br />
bien mais c’était le cas. J’ai avironné avec elles pendant trois ans, où j’ai<br />
appris plein de nouvelles choses et recommencé à prendre soin de moi.<br />
Un programme d’exercices au gymnase m’a permis de me sentir mieux<br />
que depuis des années. Mes enfants étaient plus jeunes à l’époque et<br />
j’avais le temps de pratiquer le bateau-dragon deux fois par semaine.<br />
La dynamique de l’équipe ayant évolué, et moi avec, il était temps de<br />
revenir mettre l’accent sur ma famille. Les garçons avaient déjà cinq et<br />
huit ans et s’impliquaient maintenant dans leurs propres sports.<br />
De 2002 à 2007, j’ai discuté à trois reprises avec des plasticiens<br />
d’options de mastectomie prophylactique et d’implants. J’imagine<br />
que je n’étais pas prête puisque j’ai annulé les deux premières de ces<br />
interventions pour enfin accepter la troisième.<br />
Jacqui (2e à partir de la droite) et des ami-es à une danse rurale<br />
suite à la page 30<br />
POST-MASTECTOMIE<br />
NOUVEAUX SOUTIENS-GORGE<br />
CORRECTEURS DE SILHOUETTE<br />
MUSE.LAVIEENROSE.COM<br />
13
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
Les avantages d’avoir le cancer<br />
Par Carolyn Schreuer<br />
Carolyn et Wayne<br />
Schreuer<br />
Quand j’ai entrepris ce parcours en avril 2009, je n’avais pas conscience de ce<br />
qui m’attendait. Je pensais avoir bien défi ni toutes mes priorités, mais plusieurs<br />
choses m’échappaient encore. J’avais une vie géniale – une famille fantastique,<br />
un mari merveilleux, un emploi super que j’avais la chance d’adorer, deux enfants<br />
remarquables, deux magnifi ques chiens qui ne perdaient pas leurs poils, une<br />
maison qui me plaisait, une piscine, la climatisation et une voiture vraiment classe!<br />
J’étais dans la mi-quarantaine, plutôt en forme et satisfaite de ce que<br />
j’avais accompli ainsi que de ma vie. J’avais presque bouclé mes<br />
compétences théoriques spécialisées dans le programme alternance<br />
travail-études de l’Université Queen’s. Mes objectifs se transformaient<br />
rapidement en réalité; ma vie s’enlignait comme je le souhaitais.<br />
J’avais d’excellent-es ami-es et une grande famille unie, ainsi qu’une<br />
vie sociale stimulante. Bref, j’avais l’impression que le monde<br />
m’appartenait : j’étais exactement là où je voulais être. Et tout à<br />
coup… un cancer du sein. Wow! J’ai vraiment été prise au dépourvu!<br />
Je n’avais jamais eu à faire face à quoi que ce soit d’aussi<br />
apeurant. J’ai alors décidé que la meilleure approche serait de<br />
regarder la maladie en face et de l’affronter directement, un jour<br />
à la fois. Mais quand je pensais à la personne que je voulais être<br />
et au fait que je deviendrais une survivante du cancer du sein, je<br />
perdais tout mes repères. Tout ce que j’avais accompli et obtenu<br />
jusqu’à maintenant n’avait plus aucune signifi cation pour moi : il<br />
n’y avait plus que ma famille, mes ami-es et survivre. L’amour et la<br />
douleur avaient remplacé tout le reste.<br />
Après m’être efforcée de faire plaisir aux autres pendant de<br />
très nombreuses années (ce qu’en vérité, je fais encore un peu<br />
aujourd’hui), j’ai dit à mon mari Wayne que ce temps-là était<br />
terminé. Dès ce moment, j’ai décidé de devenir complètement<br />
authentique. Je savais que ma lutte contre le cancer nécessiterait<br />
toutes les ressources dont je disposais. J’ai dit à Wayne que je<br />
choisissais la vérité et que je ne gaspillerais pas mon énergie à<br />
fabriquer du bonheur juste à l’intention des autres. C’était important<br />
qu’il comprenne cela car, si je voulais réussir à m’en sortir, je devais<br />
reconnaître et accepter mes émotions au fur et à mesure qu’elles<br />
se présentaient. Je savais que, pour survivre, je devais respecter<br />
aussi bien mes émotions que mon corps.<br />
Apparemment j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, et il<br />
paraît que c’est une bonne chose! J’imagine que je suis une de ces<br />
personnes qui doit apprendre à la dure. Laissez-moi vous faire un<br />
compte rendu honnête de ce qui a pris de l’importance pour moi<br />
pendant mon congé sabbatique du cancer du sein!<br />
Suis-je folle de trouver des avantages au fait<br />
d’avoir le cancer? Jugez-en!<br />
<br />
nous en tienne rigueur.<br />
<br />
plus de bouquets de fl eurs chez moi que je n’aurais jamais pu<br />
imaginer, et j’adore chacun d’entre eux! Et le meilleur de tout ça,<br />
c’est que je suis VIVANTE pour les apprécier!! (Ils sont sur ma<br />
table de salle à manger et non à côté de mon cercueil!).<br />
<br />
seulement des factures.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
copines, au lieu de ma propre cuisine routinière.<br />
<br />
m’encourage à ne pas en faire trop.<br />
<br />
n’est pas perçu comme de la paresse mais plutôt comme «être à<br />
l’écoute de mon corps».<br />
<br />
merveilleuses – bien meilleures que dans nos souvenirs.<br />
<br />
où, sans se sentir trop coupable.<br />
<br />
culpabilité.<br />
<br />
<br />
<br />
quelle chance immense!<br />
<br />
<br />
Suite à la page 19<br />
14
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
<br />
leur confort.<br />
<br />
<br />
<br />
qui n’est rien en comparaison de ma nouvelle cicatrice de<br />
chirurgie mammaire.<br />
<br />
de rasoir et d’épilations à la cire des sourcils et du bikini.<br />
<br />
ma généreuse poitrine.<br />
<br />
Ce que la chimio a de super<br />
Suis-je dingue? Comment pourrait-il y avoir des bienfaits liés à la<br />
chimio? Écoutez l’étonnante vérité!<br />
<br />
avec un(e) ami(e), pendant 4 heures d’affi lée, sans interruptions?<br />
<br />
chance de se lover dans un fauteuil et une couverture et de<br />
relaxer avec un bon livre, pendant qu’on lui apporte des verres<br />
d’eau ou de jus?<br />
<br />
aînée?<br />
<br />
tourner pour vous permettre de penser, réfl échir et méditer sur<br />
votre itinéraire de vie?<br />
<br />
de la vie, des luttes et des triomphes de l’ensemble des gens qui<br />
luttent contre le cancer?<br />
<br />
la vie et la mort, et ce à chaque fois que votre regard croise celui<br />
d’un-e autre patient-e dans la salle de chimio?<br />
<br />
été élue pour sortir du train-train quotidien, sillonner un nouveau<br />
chemin pendant un moment et en apprendre tellement plus qu’il<br />
n’aurait été possible sans le cancer et la chimiothérapie?<br />
<br />
ressentir l’énergie et l’empathie collective, les forces positives<br />
et rassurantes d’infi rmières attentionnées et du personnel<br />
d’administration, ainsi que l’anxiété de certaines personnes en<br />
traitement?<br />
<br />
des personnes qui subissent une chimio même si elles se savent<br />
à l’article de la mort?<br />
<br />
bien enveloppée dans une couverture, et de simplement «être»?<br />
<br />
vous cherchez à vous rattacher à n’importe quelle force de<br />
l’univers capable de vous porter à travers les prochaines minutes,<br />
heures, journées et semaines?<br />
<br />
d’observer de près la douleur des autres et de ressentir soi-même<br />
la violence du traitement dans notre organisme?<br />
<br />
valeurs? Étrangement, elle le fait. C’est comme se faire marteler<br />
la tête avec une batte de baseball, mais je pense que certains<br />
d’entre nous doivent apprendre à la dure. Je suis peut-être une<br />
de ces personnes!<br />
<br />
Oui, on découvre que c’est possible.<br />
<br />
votre famille, de vos ami-es et des gens que vous apprenez à<br />
connaître pendant vos traitements de chimio?<br />
Oui, le cancer m’a appris beaucoup de<br />
choses, et je sais qu’il en reste encore<br />
bien d’autres à venir. Et je suis bien<br />
décidée à ne rien perdre de tous ces<br />
apprentissages!<br />
Carolyn en chimio, appuyée par<br />
ses merveilleuses amies Beth<br />
et Vesna<br />
Je vis un mariage heureux depuis 20 ans et suis la mère de deux enfants<br />
de 13 et 15 ans, ainsi que de deux caniches et autres petits animaux<br />
domestiques. Je suis également enseignante au secondaire, végétarienne,<br />
écrivaine et poète pour mon plaisir, rédactrice en chef chronique, adepte<br />
du champagne, obsédée par l’importance des leçons, amoureuse de<br />
la vie, des rires et du plaisir! Ma philosophie est simple: On ne peut<br />
attendre de la générosité que des personnes fortes; ce sont les faibles<br />
qui font preuve de cruauté. Et je préfère de beaucoup vivre des journées<br />
d’anniversaire à la perspective de ne pas en avoir! Âge actuel: 46 ans.<br />
Survivante du cancer du sein!<br />
19
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
20<br />
Confronter et surmonter mes peurs en tant<br />
que survivante<br />
par Dawn Cleary<br />
Je suis terrifi ée. La plupart des gens qui m’entourent n’ont aucune idée d’à quel<br />
point je peux l’être, et ils ignorent bien sûr le détail de ces hantises. En fait, pour moi,<br />
c’est moins le cancer qui est terrible que la peur et l’incertitude qui l’accompagnent.<br />
Les points d’interrogation n’ont fait que s’accumuler depuis le moment de mon<br />
diagnostic, avec toujours de nouvelles questions. Je croyais autrefois que si j’avais un<br />
problème, il suffi rait de l’analyser, trouver la solution et poursuivre ma route. Quelle illusion! En matière<br />
de cancer, il semble que les choses ne soient pas aussi simples. J’ai parfois l’impression d’être tombée<br />
comme Alice au fond d’un terrier, où chaque nouvelle situation ajoute à ma confusion. Je crois que<br />
l’incertitude est le défi le plus ardu pour l’esprit humain et la source de beaucoup de nos craintes.<br />
fourrure<br />
Comme beaucoup d’autres survivant-es du cancer (une<br />
expression qui désigne pour moi tous les gens qui ont eu cette<br />
maladie), ma plus grande peur est de mourir – ce qui est stupide,<br />
quand on y pense, puisque tout le monde doit mourir. J’imagine<br />
que ce qui m’inquiète, c’est de mourir trop tôt. Ce n’est pas<br />
vraiment l’idée d’une mort douloureuse qui me terrifie puisque,<br />
si les choses en viennent là, je serai si bourrée d’analgésiques<br />
que je ne ressentirai rien. Je me permettrai même peut-être<br />
alors de devenir la rebelle que j’ai toujours voulu être et de fumer<br />
de la marijuana médicinale. Non, ce qui me pétrifie, c’est la<br />
perte de ma qualité de vie. Je veux danser, faire l’amour, courir,<br />
m’empiffrer, rire, chanter, faire encore l’amour, jouer... et même<br />
travailler, bordel! Et pas me retrouver à multiplier les entrées<br />
et sorties de l’hôpital jusqu’à ma mort, au soulagement de ma<br />
famille n’en pouvant plus de me voir en détresse. Je ne veux rien<br />
savoir de ça!<br />
Pour compliquer les choses, nous les jeunes survivantes avons<br />
toute une autre série de craintes, que ne comprendront sans<br />
doute jamais les femmes plus âgées de la salle d’attente, de<br />
chimio ou du groupe de soutien. Je ne suis pas certaine de vouloir<br />
des enfants, mais qu’arrivera-t-il si oui? Si cette horloge biologique<br />
dont on me parle tout le temps se met à tiquer et que je me<br />
découvre un désir désespéré d’enfant? Ou si c’est mon mari qui<br />
en veut? Je crains de ne pas en être capable. Mon jeune mariage<br />
est déjà mis à rude épreuve et je crains qu’une perspective aussi<br />
terrible nous détruise – même si je suis convaincue d’avoir le<br />
meilleur mari au monde et que notre amour nous permet de<br />
résister aux pires circonstances. Je sais qu’il m’aime plus que<br />
quoi que ce soit dans l’univers, mais j’ai souvent peur de le<br />
perdre. J’ai peur qu’il réalise en jour qu’il est assez jeune pour me<br />
quitter et pour entamer une nouvelle vie avec quelqu’un de moins<br />
encombré, qui peut avoir des enfants et qui n’a pas le cancer. Je<br />
connais aussi beaucoup de femmes célibataires qui craignent de<br />
finir leur vie seule si d’éventuels partenaires ont la même attitude.<br />
je ressens chaque fois que je dois attendre<br />
les résultats d’un scan : c’est une pure<br />
torture, tissée d’incertitude et de peur.<br />
Ce qui me fait plus peur que tout – plus encore qu’un décès<br />
précoce, la perte de ma qualité de vie, la stérilité ou l’absence<br />
d’un partenaire de vie – c’est la récurrence du cancer. J’en ai<br />
déjà vécu deux, et la simple pensée d’un retour de la maladie<br />
me glace le sang. Chaque fois que je me sens malade ou que<br />
je remarque un changement dans mon organisme, mes peurs<br />
me font tout de suite conclure que ce doit être le cancer.<br />
Franchement, si je me livre à un auto-examen de plus, les<br />
seins vont me rester dans les mains! Et ne me parlez même<br />
pas de la «scan-xiété» que je ressens chaque fois que je dois<br />
attendre les résultats d’un scan : c’est une pure torture, tissée<br />
d’incertitude et de peur. J’ai toujours peur que chaque scan<br />
me révèle envahie par le cancer, en me retournant au point de<br />
départ pour une nouvelle chimio, une nouvelle opération, une<br />
nouvelle mise en attente de ma vie.<br />
Malgré ce lourd fardeau de peurs que nous vivons, ma<br />
longue expérience de survivante me permet de vous dire qu’il<br />
existe des façons d’y tenir tête. J’ai assemblé bon nombre de<br />
stratégies au cours des deux dernières années et j’aimerais<br />
en partager quelques-unes avec vous. Non, la consommation<br />
de martinis et la vie dans un placard ne fi gurent pas dans<br />
cette liste. Voici, sans ordre particulier de priorité, mes Cinq<br />
meilleures façons de dépasser la peur:
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
1. Écoutez des films divertissants. Il suffit parfois d’un bon<br />
élément de distraction pour nous arracher à nos sombres<br />
pensées. Il n’existe aucun problème que ne peut résoudre une<br />
bonne comédie romantique. Dans mes périodes de «scanxiété»,<br />
je peux facilement consommer deux films par jour, ce qui<br />
inquiète certainement les préposés de mon club vidéo. C’est un<br />
peu comme de la méditation, une pratique que je maîtrise très<br />
mal, en passant.<br />
2. Vivez l’instant présent. Même si les graffitis de toilettes sont<br />
rarement inspirants, j’y ai déjà lu une phrase que je n’ai jamais<br />
oubliée: «C’est toi qui a créé ce moment. En es-tu heureuse?»<br />
C’était peut-être une réflexion étrange pour l’endroit, mais<br />
enfin… Quand j’ai l’impression d’être dévorée par la peur, je<br />
me rappelle souvent que tout ce dont je dispose réellement est<br />
l’instant présent: comment est-ce que je veux le vivre?<br />
3. Tournez-vous vers vos camarades de cancer. Depuis mon<br />
diagnostic, j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup d’autres<br />
jeunes survivantes par l’intermédiaire de Young Adult <strong>Cancer</strong><br />
Canada (www.youngadultcancer.ca). Non seulement savent-elles<br />
exactement ce que je ressens, mais elles peuvent habituellement<br />
me ramener sur terre très rapidement, comme moi pour elles.<br />
J’ai aussi veillé à créer des liens avec les survivant-es dont le récit<br />
a été vraiment inspirant pour moi.<br />
4. Suez! Il n’y a rien comme une bonne suée pour débarrasser<br />
votre organisme d’un trop-plein d’anxiété. J’ai adopté la course<br />
récemment mais, si cette perspective vous pue au nez, organisez<br />
un party de danse dans votre salon ou trouvez une autre façon<br />
Photo : Nina Burford<br />
Mercedes Sellars, administratrice<br />
du RCCS, est emportée par un<br />
cancer métastatique<br />
Mercedes Sarah Sellars, R.N., B.N., DCPH,<br />
DOHN, (C)OHN, (C)PMHN, de Mount Pearl<br />
(Terre-Neuve-et-Labrador) est paisiblement<br />
décédée en présence de sa famille et de ses<br />
ami-es le 2 septembre <strong>2010</strong>, après un combat<br />
avec le cancer du sein métastatique.<br />
Mercedes laisse dans le deuil son époux Barry<br />
Sellars, deux jeunes fils Jason et Tyler, ainsi que plusieurs autres<br />
parents et ami-es.<br />
Mercedes a eu une influence positive dans sa collectivité comme<br />
travailleuse et comme bénévole. C’était une infirmière de santé<br />
publique, une superviseure en soins infirmiers, une examinatrice<br />
clinique des seins et une consultante en mieux-être. En plus de<br />
représenter Terre-Neuve au Conseil d’administration du Réseau<br />
canadien du cancer du sein durant quatre ans, elle était membre<br />
du Groupe de travail provincial de T.-N. sur une stratégie de<br />
d’activer votre circulation plutôt que vous faire du mauvais sang.<br />
L’exercice physique facilite aussi une bonne nuit de sommeil<br />
réparateur, ce que savaient bien nos parents quand ils nous<br />
envoyaient jouer dans la neige toute la journée et rentrer trop<br />
épuisé-es pour faire quoi que ce soit d’autre.<br />
5. Visualisation. J’ai lu qu’une excellente façon de se débarrasser<br />
d’une pensée négative était de faire claquer un élastique, porté<br />
au poignet, pour la remplacer par une pensée positive. Même si<br />
je ne porte pas d’élastique, quand il m’arrive de me voir perdue<br />
dans des pensées horrifiantes, je m’arrête immédiatement pour<br />
les remplacer par quelque chose de délicieux. Par exemple,<br />
je nous visualise souvent, mon mari et moi, les cheveux gris<br />
sur une plage quelque part. Quand je subis un scan, j’imagine<br />
habituellement mon corps comme sain et tout à fait libre de<br />
cancer. J’ai même créé certains montages de visualisation où j’ai<br />
affiché de telles images.<br />
Pour dire les choses crûment, le cancer est dégueulasse. La<br />
maladie, l’incertitude, l’anxiété, tout ce fatras, sont parfaitement<br />
dégueulasses. Il est tout de même réconfortant de savoir que<br />
nous ne sommes pas seules à vivre ces sombres pensées. Rien<br />
ne fera jamais disparaître complètement les peurs que nous<br />
vivons chaque jour; mais si nous ne les confrontons pas, c’est<br />
le stress et non le cancer qui nous tuera. Surtout, faire face à la<br />
peur est une façon de vivre plus de bonheur. J’espère que ces<br />
quelques notes mises en commun vous aideront à dépasser<br />
cette satanée peur et à commencer à être heureuse des<br />
moments que vous créez.<br />
contrôle du cancer et du Groupe de soutien/comité de planification<br />
du cancer du sein de St. John’s. Elle avait également siégé au<br />
Sous-comité Vivre en santé ayant préparé la Coalition régionale<br />
annuelle sur le mieux-être de St. John’s en septembre 2006, et au<br />
Comité de promotion de la santé et de prévention des blessures.<br />
Mercedes donnait également des exposés sur le mieux-être des<br />
femmes, y compris les questions de ménopause, de cancer<br />
de l’ovaire et du col, d’alimentation et de stress. Elle faisait des<br />
présentations sur la santé des seins à des groupes de femmes et<br />
dans des écoles, et avait contribué à la mise sur pied de la Well<br />
Women’s Clinic. Mercedes a représenté le RCCS avec compétence<br />
dans sa province au moment du scandale des tests de dépistage<br />
et a fait des présentations aux médias et à des fonctionnaires<br />
gouvernementaux en réponse aux conclusions de la Commission<br />
d’enquête Cameron.<br />
Elle manquera énormément à sa famille, ses ami-es et ses<br />
collègues de Terre-Neuve et du Labrador et de l’ensemble<br />
du Canada.<br />
Plutôt que des fleurs, des dons en souvenir de notre amie peuvent<br />
être adressés au «Mercedes Sellars Hope for the Homeless<br />
Memorial Fund ». Pour signer le livre-souvenir, veuillez vous<br />
rendre au site Web www.barretts.ca.<br />
21
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
La sexualité après un cancer du sein<br />
par Pam Deprés<br />
À 32 ans, j’étais heureusement mariée avec un fils de 18 mois; mon mari et moi<br />
essayions d’avoir un deuxième enfant. Qui aurait cru qu’à une période de ma vie aussi<br />
occupée, je recevrais en plus un diagnostic de cancer du sein? Sept ans plus tard, à 39<br />
ans, on me confirma un nouveau diagnostic de cancer dans le même sein. La situation<br />
était malheureusement plus grave et a entraîné une double mastectomie, accompagnée<br />
d’une reconstruction mammaire, avec chimiothérapie, radiothérapie et hystérectomie prophylactique. Ces<br />
années furent difficiles mais aujourd’hui, à 45 ans, je vis ma vie au maximum. Un processus d’éducation et<br />
d’empowerment m’a donné des façons de me réapproprier ma sexualité après le cancer du sein.<br />
En y repensant, je comprends aujourd’hui qu’il était tout à fait normal<br />
de perdre de l’intérêt pour les rapports sexuels, au moins pour un<br />
certain temps, durant mes traitements anti-cancer. Ma survie était<br />
prioritaire, et le sexe figurait assez bas dans ma liste de besoins et<br />
de priorités. Le fait de sentir ma vie menacée me faisait perdre tout<br />
intérêt pour la chose. Ma chute de désir durant mes traitements et la<br />
chirurgie subséquente découlait également d’une perte de confiance<br />
en mon image physique, de l’anxiété, de l’épuisement, de la douleur<br />
et de la dépression. Mais mon désir a refait surface quand j’ai<br />
commencé à aller mieux.<br />
Confiance en soi et image corporelle<br />
Un des principaux obstacles à surmonter était ma perte de confiance<br />
dans mon image physique. Je me souviens m’être demandé ce que<br />
mon mari pouvait bien trouver d’attrayant à mon nouveau corps.<br />
J’avais subi une double mastectomie et en gardais d’énormes<br />
cicatrices. Je n’avais plus la moindre pilosité, nulle part, sauf<br />
quelques poils au menton, inexplicables. J’avais l’impression de<br />
ressembler à un enfant de dix ans. Même si mon mari est l’homme<br />
le plus tendre et amoureux que je connaisse, toujours à me répéter<br />
à quel point il me trouvait belle quoi qu’il arrive, il demeurait un<br />
homme. Que pensait-il vraiment? Durant plusieurs jours, je gardai<br />
mon corps couvert, me cachant vite s’il entrait dans la chambre<br />
alors que je me changeais, incapable de supporter mon image<br />
dans le miroir. J’avais l’impression d’avoir perdu ma forme féminine.<br />
Comment aurait-il pu me désirer? Je me découvrais jalouse des<br />
autres femmes qu’il côtoyait au travail (avec leur longs cheveux<br />
blonds et leur silhouette attirante), jalouse de comportements<br />
inoffensifs de flirt et d’attention entre amis. J’avais perdu toute<br />
confiance en moi.<br />
Communication<br />
Je crois que la communication a été le facteur le plus important<br />
à cette époque. La possibilité de communiquer ouvertement<br />
mes sentiments d’insécurité a vraiment aidé mon partenaire à<br />
comprendre ce que je vivais. J’avais besoin d’espace et de temps<br />
pour me rétablir et ce sans me sentir constamment coupable. Il<br />
s’est aussi avéré très important pour moi de communiquer les rares<br />
moments où j’allais bien, avec la possibilité de me sentir en sécurité,<br />
en me pelotonnant dans une douce sensualité.<br />
Faire face à l’épuisement<br />
Nous savons toutes à quel point on se sent épuisée après une<br />
chirurgie ou des traitements de radio ou de chimiothérapie. Ces<br />
interventions mettent l’organisme à très dure épreuve et il nous faut<br />
du temps pour en guérir. Je suis convaincue de n’être pas la seule<br />
à m’être constamment demandée : «Pourquoi suis-je toujours si<br />
fatiguée?» Cet épuisement s’est continué assez longtemps après<br />
la chimiothérapie pour moi et je me souviens m’être demandée si<br />
cette condition était normale. Étais-je déprimée? Les traitements<br />
avaient-ils servi à quelque chose? Pourquoi étais-je toujours fatiguée?<br />
Mon organisme allait-il retrouver un jour son énergie? Je suis très<br />
heureuse d’avoir posé toutes ces questions aux membres de mon<br />
équipe de soins parce qu’ils et elles m’ont tous répondu la même<br />
chose, que c’était normal, en m’en expliquant les raisons. Cette<br />
approche a validé mes préoccupations et m’a aidée à comprendre<br />
que l’épuisement faisait partie du processus de guérison,<br />
même après la fin de mes traitements, compte tenu du besoin<br />
de rétablissement de l’organisme et de l’énergie requise par la<br />
croissance des nouvelles cellules.<br />
Recherche d’un équilibre<br />
Alors, comment vivre de la sensualité et une relation sexuelle saine<br />
avec un partenaire malgré tout cet épuisement supplémentaire?<br />
S’il est déjà difficile d’en trouver l’énergie au travers de sa routine<br />
quotidienne, que faire alors qu’on vit en plus une période ultraépuisante<br />
au plan physique et émotionnel? Pour moi, la solution a<br />
été d’équilibrer mes diverses activités, en m’accordant suffisamment<br />
de temps de repos. Je suis le genre de personne qui a tendance à<br />
faire constamment un million de choses en même temps. Mais il y<br />
en a une que j’oublie toujours : MOI. C’est le défi le plus ardu que j’ai<br />
eu à relever, mais j’ai choisi de prendre un an et demi pour mettre<br />
22
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
exclusivement l’accent sur moi-même. Mon itinéraire de cancer a<br />
impliqué cinq opérations et sessions de chimio et de radiothérapie<br />
en un an, et j’ai eu la chance extrême de bénéficier de prestations<br />
d’invalidité et de pouvoir m’absenter du travail pendant un an. J’ai<br />
quitté mes diverses fonctions à des comités dans ma région, j’ai<br />
suspendu mes cours du soir et j’ai appris à dire «non», ce qui fut<br />
particulièrement difficile. J’ai aussi appris à accepter de l’aide de<br />
mes parents et amies, ce qui a réduit de beaucoup le stress lié<br />
à mes responsabilités quotidiennes. Bref, je me suis accordé la<br />
permission de me reposer et j’ai profité des merveilleuses ressources<br />
d’Action<strong>Cancer</strong> Manitoba: groupes de soutien destinés aux femmes<br />
plus jeunes, méditation, yoga et gymnastique, techniques de<br />
relaxation, tout en faisant l’effort de me renseigner sur d’autres<br />
méthodes de guérison et de pensée positive. En fin de compte,<br />
du fait de trouver un équilibre entre le repos et les choses qu’il me<br />
fallait faire chaque jour, j’avais plus d’énergie quand arrivait le temps<br />
de moments intimes avec mon mari et de la restauration de notre<br />
relation sexuelle.<br />
Patience et durée<br />
La durée m’a aussi été d’une grande aide, puisque je me suis senti<br />
de mieux en mieux avec le passage du temps. Mon «mode de<br />
survie» et un sentiment continu d’anxiété ont graduellement pris<br />
moins d’importance, et mon désir est éventuellement revenu. La<br />
célébration de la fin de mes traitements a même été un moment de<br />
renouveau dans ma relation avec mon mari. Nous avons fêté cette<br />
échéance en faisant un voyage en Floride, sans notre fils. C’est là que<br />
j’ai finalement réussi à me détendre, en me libérant de l’anxiété qui<br />
avait pris le contrôle de ma vie au cours des mois précédents. Cette<br />
période marqua le début de la réappropriation de notre intimité et de<br />
notre relation sexuelle. Nous pouvions enfin commencer à guérir et<br />
tourner la page.<br />
Effets secondaires de la ménopause<br />
Évidemment, nous demeurons toute notre vie, en tant que femmes,<br />
des êtres sexuels ayant des besoins, mais les choses étaient un peu<br />
différentes maintenant. Mes traitements avaient pris fin mais il y avait<br />
de nouveaux obstacles à surmonter et, une fois de plus, il était crucial<br />
d’en parler. Je faisais maintenant face à une ménopause induite par<br />
les traitements, avec de nouveaux défis : assèchement et douleur,<br />
libido réduite, poussées de chaleur. L’assèchement vaginal peut<br />
constituer un des nombreux effets secondaires de cette ménopause<br />
artificielle. Le manque d’estrogène peut avoir pour effet d’amincir<br />
la paroi du vagin et de réduire ou supprimer toute lubrification, ce<br />
qui peut s’avérer très douloureux au moment de rapports sexuels,<br />
inhibant d’autant le désir. Vous trouverez sans doute utile de vous<br />
renseigner sur les divers lubrifiants disponibles. Il existe plusieurs<br />
choix possibles, dont vous pouvez discuter avec votre médecin pour<br />
identifier la solution qui vous conviendra.<br />
Cinq ans plus tard<br />
J’ai opté pour une reconstruction mammaire, qui m’a redonné<br />
ma silhouette, un choix dont je suis très heureuse. Nous avons<br />
d’excellents plasticiens au Canada, ainsi que la chance de disposer<br />
de plusieurs options. Ma chevelure a repoussé et, avec le temps,<br />
je pense de moins en moins à la menace d’une récurrence du<br />
cancer. Nous apprenons toutes à vivre avec cette possibilité, mais<br />
devenons plus fortes du fait de notre expérience, en prenant la vie<br />
très différemment. Cette découverte fut pour moi le plus beau des<br />
cadeaux parce que j’ai choisi de vivre d’une façon que je n’aurais<br />
jamais connue sans mon diagnostic.<br />
Il suffit de danser<br />
Je crois que la danse est aujourd’hui l’activité la plus sensuelle<br />
pour moi, une occasion de bouger de partout, avec de grands<br />
mouvements de bras. La musique, le chant et la danse ont été des<br />
façons merveilleuses de retrouver ma confiance sexuelle. J’essaie<br />
encore de convaincre mon mari de s’inscrire à quelques cours de<br />
danse avec moi mais, en attendant, j’ai appris la danse africaine<br />
et je participe de temps en temps à des sessions de danse «World<br />
Beat» à mon gymnase local. J’en tire énormément de confiance et<br />
de sensualité. Quand je danse, je ne pense pas à la taille de mes<br />
cuisses, je suis simplement heureuse. Et quand je suis heureuse, je<br />
me sens bien et quand je suis bien, je me sens sexy et vivante!<br />
Je crois que la plupart des femmes demeurent sexuellement actives<br />
et satisfaites après le cancer du sein. Bien sûr, elles vivent des<br />
changements, comme après d’autres situations de crise. Mais les<br />
femmes peuvent également être des survivantes sexuelles après un<br />
cancer du sein. Le cancer ne peut nous enlever cela. Mais il nous<br />
faut défendre nos intérêts en faisant usage de l’information qui est<br />
disponible et en trouvant des façons de se sentir puissantes, vivantes<br />
et sensuelles.<br />
Continuons à danser, mes soeurs!<br />
Pam Deprés est à double titre une survivante du cancer du sein. D’abord<br />
diagnostiquée à l’âge de 32 ans, elle l’a été de nouveau en 2004, à 39<br />
ans. Son vécu du cancer du sein l’a beaucoup inspirée à communiquer<br />
ses réflexions et connaissances personnelles, dans l’espoir d’aider d’autres<br />
personnes aux prises avec cette maladie. Pam a aimé son implication<br />
bénévole dans la communauté du cancer du sein, et elle siège depuis<br />
2006 au Conseil de la Fondation de la Conférence mondiale sur le cancer<br />
du sein. Elle s’est aussi activée au Comité de planification du programme<br />
«Younger and Wiser» à Winnipeg (Man.), qui organise et accueille diverses<br />
soirées d’information et de soutien destinées aux patientes plus jeunes<br />
du cancer du sein*. Pam a également rédigé et soumis des articles à<br />
Sensibilisation au cancer du sein Manitoba, au RCCS et à Action <strong>Cancer</strong><br />
Manitoba. Elle a siégé au Comité national de planification pour les femmes<br />
plus jeunes affectées par le cancer du sein (créé en réponse à un sondage<br />
national du RCCS), et contribué à préparer les programmes des 1 ère et 2 ème<br />
Conférences nationales des jeunes femmes atteintes du cancer du sein. En<br />
plus de ses activités bénévoles, Pam travaille comme adjointe exécutive<br />
pour une école indépendante de Winnipeg.<br />
*Younger and Wiser est un programme mis au point par les Services de<br />
soutien aux patientes et aux familles d’Action <strong>Cancer</strong> Manitoba, par des<br />
jeunes femmes ayant vécu un cancer du sein et par Sensibilisation au<br />
cancer du sein Manitoba.<br />
23
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
Se réconcilier avec son corps après un cancer<br />
par Vanessa Turke<br />
Cet été, à une piscine extérieure de ma localité, j’ai vu dans un coin une femme adopter «la posture».<br />
Je n’y ai d’abord pas trop prêté attention, occupée que j’étais à convaincre ma fille de neuf ans et son<br />
amie de cesser de rigoler et se changer. Mais son mouvement m’a semblé si familier que mon regard<br />
est revenu à elle. J’avais l’habitude de voir les femmes plus âgées s’habiller sans fausse honte dans l’aire<br />
ouverte du vestiaire de la piscine, s’étant réconciliées avec leur corps (ou ayant du moins fait la paix<br />
avec lui). Ce sont habituellement les préadolescentes avec leurs jambes ultra-minces et leurs… coudes<br />
pointus qui semblent toujours pousser de petits cris et courir se cacher.<br />
Mais cette vénérable dame âgée prenait ma posture. Face au mur, elle<br />
avait baissé la tête et drapé une serviette sur son dos pour se changer.<br />
Je savais qu’elle n’agissait pas par modestie, puisqu’elle ne prenait<br />
pas la peine de se cacher le bas du corps mais seulement le haut, très<br />
soigneusement. C’est alors que je l’ai vue: une très mince ligne rose<br />
débutant juste sous son bras. Ses seins étaient reconstruits, dénués<br />
de mamelons. J’ai eu envie de courir vers elle et lui montrer ma propre<br />
cicatrice, en disant «Hé! As-tu vu? J’en ai une aussi!» Mais cela l’aurait<br />
certainement gênée, et à quoi bon? Je me suis donc contentée de la<br />
saluer mentalement et de lui adresser des pensées positives et mes<br />
meilleurs souhaits, avant de repartir vers ma propre vie.<br />
J’aimerais pouvoir dire que j’ai l’impression que ma chirurgie date d’hier,<br />
mais en fait c’est presque de l’histoire ancienne pour moi aujourd’hui. On<br />
a diagnostiqué mon cancer du sein à l’âge de 28 ans, en 2002. Le temps<br />
a guéri mes blessures, presque effacé mes cicatrices et m’a habitué à un<br />
sein reconstruit. Je peux honnêtement dire que je ne pense presque plus<br />
au cancer aujourd’hui.<br />
Mais il m’a fallu beaucoup de temps et d’efforts pour en venir là.<br />
Dans leur ouvrage Picking up the Pieces, Moving Forward after Surviving<br />
<strong>Cancer</strong>, Sherri Magee et Kathy Scalzo parlent du côté non seulement<br />
physique mais émotionnel et spirituel des effets secondaires de la<br />
maladie. «Le cancer fracasse beaucoup d’illusions, écrit Kathy. Celle de<br />
la santé, celle de contrôler nos vies. Les personnes survivantes vivent des<br />
montagnes russes émotionnelles parce qu’une intense gratitude de vivre<br />
côtoie chez elles la peur, l’anxiété et même la dépression, du fait de ne<br />
plus être la personne qu’on était 1 .»<br />
Elles expliquent que beaucoup de survivant-es vivent une dissociation<br />
de leur soi physique après le cancer et parlent de l’importance de<br />
redécouvrir son corps et d’apprendre à vivre avec et en prendre soin de<br />
nouveau. Se réapproprier son corps et s’adapter à une nouvelle identité<br />
physique s’avèrent essentiels au processus de rétablissement.<br />
«Nous vivons dans une culture qui idolâtre la beauté et la perfection<br />
physique. Le cancer représente nos pires craintes de voir nos<br />
corps devenir moins qu’entiers et cesser de satisfaire aux normes<br />
sociales. Même s’il existe une infinité de formes, de dimensions et de<br />
caractéristiques physiques, la société cherche à nous convaincre qu’il<br />
n’y en a que quelques-unes de désirables. Peut-être qu’avant le cancer,<br />
vous mettiez l’accent sur votre apparence extérieure, vous identifiant à<br />
elle plutôt qu’à la façon dont vous vous sentiez. Vous allez maintenant<br />
renverser cette perspective et percevoir votre corps d’un œil différent 2 .»<br />
Lors de ma mastectomie, comme ma pire peur était de me réveiller<br />
sans un sein, j’ai demandé une reconstruction immédiate. La procédure<br />
recommandée pour mon type de corps était le latissimus dorsi, c’està-dire<br />
le transfert d’un lambeau de peau et de muscle de mon dos<br />
pour entourer et soutenir un petit implant. Par malchance, du tissu<br />
cicatriciel s’est formé dans les semaines suivant l’intervention, créant une<br />
contracture capsulaire. En fin de compte, j’ai dû faire retirer cet implant<br />
pour permettre à la réaction de s’apaiser avant de tenter une nouvelle<br />
implantation, ce qui m’a laissé un vide bizarre et bosselé du côté gauche.<br />
J’ai eu l’impression de subir de nouveau une mastectomie. Durant les<br />
jours qui suivirent, ma région du sein d’emplit de fluide, créant une<br />
forme de larme tendre qui avait meilleure apparence qu’un implant! Puis,<br />
ce fluide se résorba et je me retrouvai avec une étrange vaguelette sous<br />
la peau, due au muscle latissimus dorsi. J’en vins à être terriblement<br />
irritée par une foule de choses qui m’entouraient: les photos dans les<br />
magazines de mode, les choix de soutien-gorge et de robes-soleil, les<br />
filles en bikini à la plage, ma prothèse qui me piquait et la terreur que<br />
je ressentais à l’idée d’être «laide» et «brisée». Je devins timide de mon<br />
identité physique, effarée que l’on verrait ma concavité sous certains<br />
angles. J’étais soucieuse de mon apparence et en colère contre mon<br />
corps. Bref, j’ai fait la gueule un bon bout de temps.<br />
En y repensant aujourd’hui, je crois que ma forte réaction de peur<br />
était sans doute un élément normal du processus de rétablissement<br />
et quelque chose qu’il me fallait franchir pour dépasser la douleur.<br />
La tristesse et la colère m’ont aidée à comprendre ce qui m’arrivait,<br />
à apprendre où mon identité physique cédait la place à ma véritable<br />
identité. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que mon corps a perdu de<br />
l’importance! De fait, une de mes principales démarches est devenue<br />
24
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
Delta Triathlon, avril 2006: Équipe de course à relais Young and the <strong>Breast</strong>less : Jules Sesia,<br />
vélo; Vanessa Turke, nage; Donna White, course<br />
Skimboard avec les enfants à East Beach, White Rock<br />
de me prouver que non seulement j’avais l’air acceptable mais que mon<br />
corps demeurait fiable et que je pouvais l’aimer.<br />
Cette réconciliation s’est faite en plusieurs étapes. Une de mes plus<br />
belles expériences a consisté à me joindre à un groupe de survivantes<br />
du cancer du sein pour participer torse nu au calendrier <strong>Breast</strong> of<br />
Canada 2005 (pour le mois d’octobre!). Nous nous sommes beaucoup<br />
amusées dans le studio photo, en partageant de puissants sentiments<br />
d’appartenance et d’acceptation. J’ai dit à une journaliste télé qui<br />
faisait un reportage sur nous que ce projet m’avait rendue fière de mes<br />
cicatrices. Mais si fière que je fusse, si décidée de montrer au monde<br />
qu’il était correct d’avoir cette apparence, je continuais à me cacher dans<br />
les vestiaires de la piscine!<br />
Durant les années qui ont suivi ma mastectomie, j’ai éprouvé un puissant<br />
besoin de voir mon organisme me servir et m’obéir, après ce que j’avais<br />
perçu comme une trahison. Malgré tous les exercices de méditation et<br />
de détente que je m’imposais, j’avais toujours l’impression de vouloir<br />
affronter et dominer mon corps – de lui montrer qui avait le contrôle!<br />
Quand mes médicaments m’ont fait prendre 20 livres, je me sentais au<br />
plus bas. Mais je n’ai pas dérogé à cette mission. J’ai continué à faire<br />
de l’exercice et des activités qui renforçaient ma connexion au monde<br />
du cancer du sein, comme marcher 60 km pour lever des fonds et<br />
m’inscrire avec deux amies dans une course à relais pour le triathlon de<br />
sprint Delta.<br />
Pourtant, je me sentais toujours vraiment triste et en colère.<br />
En tant qu’artiste, je me suis retrouvée à créer et peindre des dizaines<br />
de moulages en plâtre de mon torse pour un projet artistique que j’ai<br />
appelé «<strong>Cancer</strong> Xancer». J’ai subi quatre nouvelles chirurgies pour<br />
compléter ma reconstruction, un processus que j’ai soigneusement<br />
documenté dans mon art et mon journal. Il restait à compléter et tatouer<br />
le mamelon lorsque c’est arrivé… j’ai cessé de m’en faire. Au début,<br />
je me sentais simplement très occupée par mon retour au travail et les<br />
soins à une jeune enfant. Je n’y pensais tout simplement plus. Puis, un<br />
jour où je prenais ma douche dans le vestiaire de la piscine (alors que<br />
je m’entraînais à refaire seule le même triathlon de sprint), j’ai réalisé<br />
que j’avais cessé de me couvrir et de me cacher: j’étais redevenue<br />
simplement moi-même.<br />
Je ne sais pas exactement quand j’ai décidé d’accepter mon corps tel<br />
qu’il était, mais je me suis sentie bien quand j’ai réalisé que c’était arrivé.<br />
Cela m’a tout de même pris beaucoup de temps. Le printemps dernier,<br />
j’ai complété seule le triathlon de sprint, à Delta (C.-B.): 700 m à la nage,<br />
20 km à vélo et 5 km de course à pied. Ce fut MERVEILLEUX: je ne me<br />
suis jamais sentie aussi fière d’une réalisation.<br />
Depuis cette course, j’ai plus d’aise à essayer de nouvelles choses<br />
et à m’amuser. Comme je vis près de Heron Beach sur la Côte<br />
Ouest, un de mes nouveaux passe-temps est le «skimboard». Je suis<br />
souvent la plus âgée des personnes sur place, mais ça m’est égal<br />
puisque j’ai du PLAISIR!!!<br />
Vanessa a trouvé une bosse dans son sein alors qu’elle était enceinte de son<br />
premier enfant. À six semaines de l’accouchement, la biopsie révélait des<br />
cellules anormales mais conformes à la lactation imminente. Un chirurgien lui<br />
offrit alors le choix de faire retirer ces cellules, mais elle était complètement<br />
opposée à toute chirurgie inutile. Seize mois après la naissance de sa fille,<br />
la bosse avait atteint la taille d’un œuf et était si dense que Vanessa était<br />
inconfortable couchée sur le ventre. Une nouvelle vérification avec microbiopsie<br />
guidée par ultrasons a identifié un carcinome intracanalaire. Après s’être<br />
battue pour obtenir la «permission» de continuer à allaiter d’un côté sa fille de<br />
16 mois, elle a subi une mastectomie le 27 janvier 2003, suivie de plusieurs<br />
chirurgies de reconstruction.<br />
URL: Vanessaturke.net<br />
1 http://blog.cincovidas.com/picking-up-the-pieces-moving-forward-aftersurviving-cancer#more-3797<br />
2 Tiré d’un article publié dans le magazine Coping® with <strong>Cancer</strong>, juillet/<br />
août 2008. http://copingmag.com/cwc/index.php/wellness/wellness_article/<br />
in_your_skin/)<br />
25
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
Diane Spencer et sa fille<br />
Rebecca<br />
Espoir<br />
par Diane Spencer<br />
Emily Dickinson a déjà dit:«<br />
L’espoir porte un costume de<br />
plumes, se perche dans l’âme<br />
et chante inlassablement un<br />
air sans paroles.»<br />
L’espoir, c’est ce que vous achetez quand vous optez le Papermate®<br />
à ruban rose. Personnellement, accumuler les produits à ruban<br />
rose ne m’apporte pas d’espoir. Je crois que la plupart des femmes<br />
diagnostiquées avec un cancer du sein ont un rapport très différent<br />
à l’espoir. On a diagnostiqué chez moi un cancer du sein en 2001,<br />
alors que j’avais seulement 30 ans. En congé de maternité depuis six<br />
semaines de mon poste d’enseignante dans une école secondaire<br />
locale, je venais tout juste de commencer ma maîtrise. J’étais la plus<br />
jeune femme de notre hôpital à être diagnostiquée d’un cancer du<br />
sein. On m’a alors offert très peu d’espoir. Pour en trouver, j’ai dû<br />
faire mes propres recherches, et aujourd’hui mon espoir est centré<br />
sur quatre facettes de ma vie.<br />
On m’avait fortement conseillé une lumpectomie, mais le centre<br />
anti-cancer se trouvait à 240 km de chez moi, et je ne pouvais<br />
pas faire 4,5 heures de route par jour avec un nourrisson pour<br />
l’irradiation dont j’aurais eu besoin suite à la chirurgie. Même si<br />
je savais que les 4 cycles de chimiothérapie risquaient de me<br />
rendre infertile et augmenteraient de seulement 1% mes chances<br />
de survie, j’étais heureuse de subir ce traitement. (Je pouvais être<br />
ce 1%: je faisais déjà partie du 2% des femmes de moins de 30<br />
ans chez qui on diagnostique le cancer du sein. Et surtout, le type<br />
de tumeur que j’avais ne touchait que moins que 2% des cas de<br />
cancer du sein. Une chimiothérapie augmentant mes chances<br />
de 1% me semblait donc, tout à fait raisonnable. Après tout, je<br />
devais survivre pour ma fi lle.<br />
Je m’inquiétais aussi de lui avoir transmis le cancer du sein. Quand j’ai<br />
interrogé mon oncologiste sur les probabilités que ma fille souffre un<br />
jour de la même maladie, il a regardé mon bébé et m’a dit: «Ne vous<br />
inquiétez pas, je m’attends à ce qu’un vaccin soit disponible d’ici à son<br />
adolescence». Maintenant qu’elle a 9 ans, je le crois finalement. J’ai<br />
passé les neuf dernières années à observer les recherches effectuées,<br />
l’évolution des traitements et les percées scientifiques, et je suis<br />
optimiste qu’elle échappera à la violence de cette maladie.<br />
Je rêve d’un futur sans cancer du sein. Sans une once de cliché.<br />
Ma santé<br />
Maintenant que j’en suis à ma dixième année post-diagnostic,<br />
je me sens plus optimiste vis-à-vis ma santé, mais sans me faire<br />
d’illusions. Mon espoir se base aujourd’hui sur une alimentation<br />
saine, un sommeil plus que suffi sant, un programme d’exercice<br />
régulier, de bonnes doses de vitamine D et une faible consommation<br />
d’alcool. Quand un choix s’offre à moi, j’opte pour ma santé. Cet<br />
espoir me permet de passer des journées entières sans penser à<br />
mon cancer. (Pendant un instant cet été, j’ai même oublié de quel<br />
côté j’avais subi ma mastectomie). Cet espoir me motive à passer ma<br />
mammographie chaque année et m’apporte une tranquillité d’esprit<br />
dans l’attente de chaque résultat. Il me permet de me soucier de<br />
mon solde de carte de crédit, de surveiller mon cholestérol, de<br />
prendre bien soin de ma peau et de m’assurer d’économiser assez<br />
d’argent pour couvrir les frais d’université de ma fi lle Rebecca.<br />
Je n’ai jamais pensé qu’un jour je rêverais de vieillir. Mais c’est le cas<br />
aujourd’hui.<br />
Mon foyer<br />
Ma fi lle était encore un nourrisson lors de mon diagnostic, et j’ai<br />
immédiatement pensé à elle. J’avais peur de ne pas survivre et<br />
de l’abandonner sans mère. En tentant d’assurer mon avenir,<br />
j’ai demandé au Nova Scotia <strong>Cancer</strong> Centre tous les traitements<br />
disponibles: mastectomie, chirurgie reconstructive du lambeau<br />
de grand droit abdominal, chimiothérapie et hormonothérapie.<br />
Mon cœur<br />
Mon mariage n’a pas survécu au cancer. Je sais maintenant (grâce à<br />
Geoff Eaton de Young Adult <strong>Cancer</strong> Canada) que le cancer agit comme<br />
une passoire. Il fait le tri de nos relations, et certaines d’entre elles n’y<br />
survivent pas. Ma relation avec mon mari s’est graduellement dissoute<br />
pendant les années qui ont suivi mon diagnostic, et elle s’est terminée<br />
par un divorce. Un an après la rupture, je ne me sentais vraiment<br />
pas prête à me remettre aux fréquentations. J’ai beaucoup médité<br />
sur le pouvoir de la pensée positive et j’ai éventuellement demandé<br />
à l’univers de m’envoyer quelqu’un de bienveillant. C’était la plus<br />
attirante des qualités que je recherchais chez un partenaire. Lorsqu’une<br />
connaissance mutuelle m’a présenté un bel homme, grand et<br />
bienveillant, j’ai eu beaucoup de mal à trouver les mots pour lui raconter<br />
ce que j’avais vécu. Il n’y a jamais de bon moment pour annoncer à<br />
quelqu’un que l’on a eu un cancer, et encore moins pour lui dire que<br />
l’on a perdu un sein. J’étais terrifiée à l’idée qu’il se sauve en apprenant<br />
ce que je cachais sous ma chemise. Après plusieurs rencontres, j’ai<br />
décidé qu’il me plaisait trop pour ne pas le lui dire. J’ai donc planifié<br />
mon discours et je me suis préparée au pire. Il m’a écoutée patiemment<br />
et m’a ensuite dit: «Je savais déjà que tu avais eu le cancer du sein<br />
quand je t’ai proposé un rendez-vous.» J’en ai été stupéfaite. J’espérais<br />
qu’il accepterait la présence de mes cicatrices, mais je n’aurais jamais<br />
osé rêver qu’il m’ait appelée sachant que j’avais eu le cancer du sein. En<br />
fait, il savait même que j’avais subi une mastectomie. Il aurait pu choisir<br />
qui que ce soit, mais il m’a choisie, moi.<br />
L’univers est un mystère: Gardez espoir.<br />
26
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
Ma tête<br />
«En restant inactive, on se sent accablée et impuissante. Mais en<br />
s’impliquant, on retrouve espoir et efficacité du fait de travailler à<br />
améliorer les choses.» (Pauline R. Kezer).<br />
Toute personne ayant survécu à un cancer n’a pas nécessairement<br />
envie de s’impliquer dans la cause, mais j’ai su peu de temps après<br />
mon diagnostic que je voulais accomplir quelque chose en lien avec<br />
le cancer du sein. En Nouvelle-Écosse rurale, les ressources dont<br />
j’avais besoin, en tant que jeune femme diagnostiquée du cancer du<br />
sein, n’étaient tout simplement pas disponibles. Ne pas y avoir accès<br />
était une chose, mais me faire offrir des ressources conçues pour<br />
une femme ménopausée équivalait à me retourner le couteau dans<br />
la plaie.<br />
J’ai demandé une subvention et l’on m’a invitée à une conférence<br />
où j’ai pu rencontrer d’autres femmes, qui, tout en étant plus âgées<br />
que moi, avaient vécu une expérience semblable. J’ai aussi été<br />
invitée à participer à la consultation nationale pour jeunes femmes<br />
du RCCS, tenue à Ottawa au printemps de 2004, et j’ai pu y<br />
rencontrer 25 autres jeunes survivantes comme moi! En moins d’un<br />
an, on m’a élue au conseil d’administration du Réseau, où j’ai eu la<br />
chance de représenter fièrement la Nouvelle-Écosse au C.A., et ce<br />
pendant quelques années. J’ai rencontré des femmes incroyables<br />
de tous les coins du pays et ai eu l’honneur d’aider le RCCS dans<br />
sa lutte pour les survivantes du cancer du sein, leurs aidant-es<br />
naturel-les et leurs familles. J’ai rencontré des parlementaires,<br />
donné des entrevues à la radio ainsi qu’à diverses publications,<br />
écrit des articles et siégé sur d’autres conseils ou comités, où j’ai<br />
pu offrir la perspective d’une patiente. Mon apprentissage a été<br />
plus vaste que je ne saurais exprimer.<br />
Une chose dont je suis certaine, c’est que dans ce merveilleux pays,<br />
des milliers de personnes travaillent à améliorer chaque moment lié à<br />
l’expérience du cancer. Si vous lisez ces lignes dans la salle d’attente<br />
d’un médecin, vous ne le savez peut-être pas encore, ou vous avez<br />
peut-être du mal à me croire, mais c’est vrai.<br />
Gardez espoir. Des gens luttent pour vous dans tous les coins<br />
du pays.<br />
Diane Spencer représente la Nouvelle-Écosse à titre de vice-président du<br />
conseil d’administration du RCCS. Depuis 2004, Diane a participé activement<br />
à la communauté du cancer du sein. Une professeure d’école à temps plein,<br />
Diane passe beaucoup de son temps libre comme défendeur des droits des<br />
survivants du cancer et de sensibilisation pour amener les questions entourant<br />
les jeunes adultes atteints de cancer. Elle croit fermement que les survivants du<br />
cancer ont beaucoup à s’offrir mutuellement et elle continue de partager son<br />
histoire dans le but d’aider les autres. Diane est l’heureuse maman d’une fille<br />
de neuf ans, Rebecca, et son Cocker Spaniel de neuf mois, Ruby. Ensemble, ils<br />
vivent avec le très gentil Eric à Bridgewater, en Nouvelle-Écosse.<br />
L’Oncotype DX<br />
Avez-vous récemment reçu un diagnostic de cancer du sein<br />
au stade précoce montrant des récepteurs hormonaux (HR+)<br />
? Éprouvez-vous des difficultés à faire des choix de traitement ?<br />
Si c’est le cas, vous pourriez trouver intéressant le fait de savoir<br />
que chaque tumeur possède sa propre et unique constitution<br />
biologique et que tous les traitements pour le cancer du sein ne<br />
sont pas également efficaces chez toutes les femmes. Si vous<br />
êtes une femme atteinte d’un cancer de ce type, le test Oncotype<br />
DX® peut vous aider, ainsi que votre médecin, à décider si l’ajout<br />
de la chimiothérapie à votre traitement hormonal serait indiqué<br />
ou non.<br />
Le test Oncotype DX est de nature génomique : il examine<br />
les gènes liés au cancer et leur degré d’activité, ce qui peut<br />
influencer la façon dont un cancer peut se développer et réagir<br />
au traitement. Le test Oncotype DX utilise un échantillon de tissu<br />
de votre tumeur mammaire pour analyser l’activité de 21 gènes<br />
distincts.<br />
L’observation de ces 21 gènes peut fournir des informations<br />
spécifiques sur :<br />
<br />
sein<br />
<br />
chimiothérapie à votre traitement hormonal<br />
En analysant l’échantillon de votre tumeur, le test Oncotype<br />
DX attribue une valeur appelée « Recurrence Score® » au<br />
cancer du sein. Ce résultat est un nombre compris entre 0 et<br />
100 qui correspond à une probabilité spécifique de récidive<br />
du cancer du sein dans les dix ans suivant le diagnostic initial.<br />
Plus votre résultat est bas, moins la probabilité de récidive<br />
est importante. Néanmoins, nous savons aussi qu’un faible<br />
résultat signifie que le cancer a peu de chances de réagir à<br />
la chimiothérapie. Plus le résultat est élevé, plus la probabilité<br />
de récidive du cancer est forte. Bien que, d’une part, cela<br />
puisse être bouleversant, d’autre part, chez les femmes ayant<br />
un « Recurrence Score » élevé, la chimiothérapie a plus de<br />
chances d’être très efficace. Pour ces femmes, recevoir une<br />
chimiothérapie – en plus du traitement hormonal – peut<br />
réduire la probabilité de récidive future du cancer.<br />
Il est important de comprendre qu’un « Recurrence Score »<br />
bas ne signifie pas qu’il n’y a aucune chance de récidive du<br />
cancer du sein et un résultat plus élevé ne signifie pas que le<br />
cancer récidivera obligatoirement. Le résultat du test Oncotype<br />
DX apporte aussi des informations supplémentaires telles que<br />
les niveaux d’activité de l’œstrogène, de la progestérone et des<br />
récepteurs HER2 dans votre tumeur, afin de vous aider à gérer<br />
votre traitement.<br />
Avec votre médecin, vous pourrez examiner votre rapport de «<br />
Reccurence Score » ainsi que d’autres facteurs, tels que la taille<br />
et le stade du cancer, le nombre de ganglions lymphatiques<br />
porteurs de cellules cancéreuses (beaucoup de ganglions<br />
cancéreux versus peu) en tenant compte de votre âge.<br />
Ensemble, vous pourrez prendre la décision de recevoir ou non<br />
une chimiothérapie en plus de l’hormonothérapie.<br />
Si vous souhaitez en savoir plus sur Oncotype DX et avoir des<br />
informations sur la couverture d’assurance et l’aide financière,<br />
vous pouvez en parler à votre médecin ou en apprendre plus<br />
sur le site www.MyTreatmentDecision.com (en anglais). Avec<br />
votre médecin, vous pourrez utiliser les informations apportées<br />
par Oncotype DX pour décider d’un plan de traitement en toute<br />
connaissance de cause en toute confiance.<br />
27
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
Nos porte-paroles en action!<br />
par Tiffany Glover et Sandra Hamamoto, Relations gouvernementales, Réseau canadien du cancer du sein<br />
Dans notre dernière édition de Nouvelles du Réseau fi guraient plusieurs articles décrivant les<br />
activités où le RCCS continue à faire valoir les enjeux des survivantes du cancer du sein sur la Colline<br />
parlementaire. Le 10 mai <strong>2010</strong>, par exemple, le RCCS a envoyé des porte-parole des survivantes sur<br />
la Colline» présenter notre plus récent rapport à des parlementaires des Communes et du Sénat et<br />
rencontrer des intervenants de l’industrie à l’occasion d’une réception. Ce lancement s’est accompagné<br />
de lettres et d’exemplaires du rapport adressés à chacun-e des députés fédéraux, provinciaux et<br />
territoriaux et des sénateurs de tout le pays. Ces envois nous ont valu plusieurs réponses, présentées en<br />
détail dans un autre article du présent numéro.<br />
Cet été, les porte-parole des survivantes de notre Réseau ont travaillé fort dans leurs diverses<br />
circonscriptions. En Colombie-Britannique, Diane Carr a rencontré les député-es Denise Savoy et Keith<br />
Martin, et l’administratrice du RCCS a rencontré simultanément le député fédéral Alex Atamanenko et<br />
la députée provinciale Michelle Mungall. En Ontario, Blair Lancaster a rencontré Gary Carr, président<br />
régional pour la Ville de Burlington. Nous tenons à reconnaître et applaudir les efforts de toutes nos<br />
porte-parole des survivantes pour travailler à sensibiliser ces représentants au RCCS et leur expliquer<br />
les enjeux et recommandations du rapport: <strong>Cancer</strong> du sein: Répercussions économiques et réinsertion<br />
dans la population active.<br />
Soumission pré-budgétaire 2011<br />
Le RCCS a soumis un mémoire en préparation au Budget fédéral<br />
2011, intitulé Investing in <strong>Canadian</strong>s by Easing the Financial<br />
Burden of <strong>Cancer</strong> (Investir dans la population canadienne en<br />
réduisant le fardeau fi nancier du cancer). Nous avons adressé trois<br />
recommandations au Comité permanent des fi nances de la Chambre<br />
des communes, en préparation du Budget 2011 :<br />
1. Reconnaître que les personnes affectées par le cancer du sein<br />
et les autres cancers sont un élément crucial de l’économie<br />
canadienne, de sorte que le gouvernement du Canada devrait<br />
instaurer des mesures pour faciliter leur réinsertion réussie dans la<br />
population active.<br />
2. Prolonger les prestations de maladie du régime d’assuranceemploi<br />
des 15 semaines actuelles à un minimum de 40 semaines.<br />
3. Améliorer les critères d’admissibilité aux prestations de<br />
compassion de l’assurance-emploi<br />
Si le gouvernement du Canada appliquait ces recommandations,<br />
on verrait allégé le fardeau fi nancier actuel d’un diagnostic et des<br />
traitements d’un cancer du sein.<br />
Élection provinciale au Nouveau-Brunswick<br />
À l’échelon provincial, le RCCS a été particulièrement actif dans le<br />
contexte de l’élection provinciale imminente au Nouveau-Brunswick.<br />
Tous les partis et candidat-es se sont vu poser les questions suivantes:<br />
28
nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
Question 1: Couverture des médicaments<br />
onéreux au Nouveau-Brunswick<br />
Cette année, plus de 23 000 Canadiennes et Canadiens recevront<br />
un diagnostic de cancer du sein. La Couverture des médicaments<br />
onéreux est une forme cruciale d’aide facilitant l’accès aux<br />
médicaments. Selon l’endroit où elle vit, la population canadienne<br />
subit des inégalités d’accès et de coût des médicaments. À ce jour,<br />
le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard sont les seules<br />
provinces à ne pas disposer d’un programme de couverture des<br />
médicaments onéreux.<br />
Aussi, le Nouveau-Brunswick affiche présentement le deuxième plus<br />
faible pourcentage de médicaments assurés par le secteur public,<br />
à 36,8%. De plus, 11% des ménages du Nouveau-Brunswick sont<br />
à risque d’encourir des coûts catastrophiques de médicaments<br />
onéreux, et jusqu’à 29% des Néo-Brunswickois-e sont sans régime<br />
privé d’assurance-santé. Le cancer du sein est le cancer le plus<br />
souvent diagnostiqué chez les Néo-Brunswickoises, avec quelque<br />
560 femmes recevant un nouveau diagnostic chaque année.<br />
En 2009, le RCCS a mené un sondage pancanadien qui a identifié<br />
les répercussions financières personnelles d’un cancer du sein. Le<br />
rapport résultant, <strong>Cancer</strong> du sein: Répercussions économiques et<br />
réinsertion dans la population active, a fait valoir plusieurs facteurs<br />
ayant des impacts directs sur les patient-es et l’économie, tels les<br />
congés de maladie, les prestations d’invalidité et le temps consacré<br />
par des membres de la famille à prendre soin de leurs êtres aimés.<br />
L’on ne saurait perdre de vue cet impact financier à court et à long<br />
terme du cancer du sein.<br />
Une aide provinciale, accordée sous la forme d’une Couverture des<br />
médicaments onéreux, viendrait compenser le coût de traitements<br />
médicamenteux essentiels aux patient-es du cancer du sein et à<br />
d’autres citoyen-nes gravement malades du Nouveau-Brunswick, et<br />
contribuerait à résoudre les inégalités vécues par les patient-es ayant<br />
difficilement accès à un régime privé d’assurance-santé.<br />
Si votre gouvernement est élu:<br />
A. Allez-vous appuyer l’adoption immédiate d’une Couverture des<br />
médicaments onéreux pour les gens du Nouveau-Brunswick?<br />
B. Quelles mesures adopterez-vous pour veiller à la mise en œuvre<br />
de cette couverture?<br />
Devenez porte-parole des survivantes!<br />
À titre de représentant-e des survivantes, vous pourrez<br />
partager votre récit avec vos élu-es et contribuer à susciter une<br />
amélioration des politiques de santé. Le RCCS sera là pour vous<br />
épauler et vous fournir de la formation, du matériel des ressources<br />
et du soutien.<br />
Vous aurez également l’occasion de participer à des ateliers<br />
spéciaux, des téléconférences et des webinaires au sujet<br />
Question 2: Traitement du lymphoedème en<br />
régions rurales<br />
Le lymphoedème est une enflure du bras que contractent certaines<br />
patientes et survivantes du cancer du sein après leur traitement. Il<br />
est dû à une altération du système lymphatique dans le cadre des<br />
traitements du cancer du sein. Le lymphoedème est une condition<br />
chronique, dégénérative et permanente, sans remède connu, qui<br />
peut ou non survenir des années après les traitements anti-cancer.<br />
Environ une sur quatre des personnes survivant au cancer du sein<br />
contracte un lymphoedème issu de ce cancer.<br />
Pour les femmes des régions rurales du Nouveau-Brunswick, le<br />
fardeau du lymphoedème est aggravé par le manque d’accès<br />
aux traitements. Les patientes souffrent également du coût<br />
élevé de vêtements de compression et d’un accès limité aux<br />
physiothérapeutes.<br />
Il importe de rendre facilement accessibles des mesures de<br />
prévention et de soutien particulières au lymphoedème suivant<br />
un cancer du sein. La prévention de l’infection dans les zones où<br />
il y a eu ablation des ganglions est particulièrement importante. Il<br />
faut créer des programmes de sensibilisation des femmes et de<br />
prévention pour réduire au minimum ce problème.<br />
Si votre gouvernement est élu:<br />
A. Engagera-t-il immédiatement des fonds ciblés pour améliorer<br />
l’accès des régions rurales à des thérapeutes du lymphoedème<br />
accrédités?<br />
B. Travaillera-t-il avec les communautés du cancer du sein et du<br />
cancer à mettre sur pied et en application les normes d’une<br />
stratégie globale de sensibilisation des patientes au problème du<br />
lymphoedème au Nouveau-Brunswick?<br />
On peut lire leurs réponses sur<br />
notre site Web au http://cbcn.ca/<br />
index.php?pageaction=content.<br />
page&id=594&lang=fr<br />
des enjeux liés au cancer du sein, du développement des<br />
compétences et du travail de représentation.<br />
Pour plus de renseignements ou pour vous joindre à notre équipe,<br />
contactez Sandra Hamamoto à shamamoto@cbcn.ca<br />
«Si vous croyez être trop petite pour avoir une influence, vous<br />
n’avez jamais été au lit avec un moustique dans la chambre!»<br />
29
ÉLÉMENTS À CONNAÎTRE SI VOUS AVEZ UN CANCER DU SEIN<br />
Au cours de cette période, j’ai également décidé de subir une<br />
ovariectomie, Comme l’Agence du cancer me refusait un test de<br />
dépistage des gènes BRCA1 et BRCA2, faute d’antécédents familiaux,<br />
j’ai trouvé près de chez moi un gynécologue merveilleux qui s’est montré<br />
ouvert et sympathique à mes préoccupations. Sa biopsie de mon utérus<br />
n’ayant révélé aucun problème, il l’a laissé intact et a m’a retiré les<br />
ovaires. J’entrai immédiatement en ménopause et six mois plus tard,<br />
j’avais une bedaine. Pourquoi pas, les hommes en ont bien une?<br />
En 2007, j’ai décidé qu’il fallait que je fasse quelque chose pour<br />
m’équilibrer la poitrine. Mon moment de vérité a eu lieu lors d’une<br />
croisière en Alaska avec la famille de mon mari. Mon plus jeune fils<br />
voulait aller dans le bain chauffant. Je venais tout juste de m’acheter<br />
un nouveau costume de bain de mastectomie et je ne l’avais pas<br />
encore essayé. Je l’ai enfilé, y ai inséré le faux sein… et il m’est<br />
tombé sur le ventre. Il faut croire que le fabricant ne l’avait pas testé<br />
avec des prothèses… J’ai remis le sein en place, croisé les bras pour<br />
l’empêcher de bouger, et marché jusqu’à la piscine. Imaginez-moi<br />
me dandinant comme l’homme de fer dans Le Magicien d’Oz! Nous<br />
avions beaucoup de plaisir, jusqu’à ce que mon fils me dise: «Maman,<br />
t’as le téton sous le menton!» On aurait dit que j’avais les oreillons d’un<br />
côté… C’est le moment où je me suis décidée.<br />
En juin 2008, j’ai finalement procédé à cette mastectomie<br />
prophylactique et fait insérer des expanseurs tissulaires en préparation<br />
à des implants. Après quelques recherches, j’ai choisi ceux en<br />
silicone. Lors du plus récent congrès du RCCS en 2007, il y avait<br />
des échantillons à regarder. J’ai été surprise de leur taille et de leur<br />
texture. Une des participantes au congrès s’en était fait poser elle était<br />
heureuse de les montrer aux intéressées. Ils étaient super à voir et au<br />
toucher, et ce n’étaient même pas les miens.<br />
J’ai donc subi plusieurs interventions depuis deux ans, un processus<br />
qui se poursuit.<br />
Ces délais ne tiennent pas au système médical mais à la nécessité<br />
d’insérer mes chirurgies dans le calendrier de mes activités et de<br />
celles de ma famille. Il me reste une reconstruction de mamelon (la<br />
première n’a pas tenu), puis quelques ajustements et le tatouage de<br />
l’aréole, au début de l’an prochain.<br />
Me voilà donc à avoir fait le tour d’à peu près tout ce que je peux<br />
faire… et je suis facilement inquiète. Des maux de tête qui durent<br />
quelques jours, mal au foie, d’autres douleurs ici et là; il semble que<br />
ces ennuis vont de soi quand on atteint 40 ans… sans oublier la toux<br />
quand arrive la saison des grippes. Je me suis dit que j’organiserais<br />
une fête à mon 15e anniversaire de rémission. J’ai certainement<br />
changé d’attitude mentale; je me gâte plus que je ne l’ai jamais fait et<br />
je me demande souvent si j’en aurais fait de même si cela ne m’était<br />
pas arrivé. Bien sûr, je ne le saurai jamais.<br />
Jacqui Gillespie vit à Comox Valley, sur l’ile de Vancouver (C.-B.)<br />
Diagnostiquée à 38 ans, elle en a maintenant 46.<br />
Nos enfants nous tiennent occupés avec toutes leurs activités sportives.<br />
Nous faisons du hockey et du ski l’hiver et du soccer, du skimboard et du<br />
vélo de montagne en descente l’été.<br />
Notre famille aime camper, paresser sur nos splendides plages de sable et<br />
se réunir entre ami-es.<br />
Nous préparons notre quatrième hiver de curling. Notre équipe n’est pas la<br />
meilleure, mais c’est la plus enjouée!<br />
Je me définis comme une fille, une sœur, une épouse, une mère, une amie<br />
et une joueuse de curling.<br />
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nouvellesduréseau Volume 14, numéro 4, automne <strong>2010</strong><br />
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Magasinez, accumulez des points, appuyez le RCCS!<br />
Le RCCS fait maintenant partie du Programme<br />
communautaire Primes HBC! Cette initiative de la<br />
fi rme HBC vous permet de prendre une part active<br />
à votre collectivité en lui faisant don d’une partie<br />
ou de l’ensemble des points accumulés dans des<br />
établissements de la Famille HBC - la Baie, Zellers,<br />
Home Outfi tters et les partenaires de Primes HBC.<br />
Cela signifi e qu’à chaque fois que vous magasinez,<br />
vous pouvez nous rapprocher de notre objectif de nous<br />
procurer des articles essentiels mais trop coûteux pour<br />
notre budget annuel! De plus, chaque membre qui<br />
établit un lien avec le RCCS nous vaut 2 000 points<br />
supplémentaires! Les membres du programme Primes<br />
HBC sont tout à fait libres dans leur façon d’attribuer<br />
leurs points accumulés. Vous pouvez choisir de<br />
donner tous vos points en un seul paiement, ou un<br />
pourcentage variable des points gagnés, allant de 10%<br />
à et 100% de chaque session de magasinage. Votre<br />
contribution servira à fi nancer les projets spéciaux<br />
du RCCS qui viennent en aide aux patientes et aux<br />
survivantes du cancer du sein.<br />
Alors, comment créer votre compte de<br />
Primes HBC? Rien de plus simple.<br />
Il vous suffi t de:<br />
1. Visitez le site WWW.HBC.COM/COMMUNITY<br />
2. Cliquez sur Français, puis sur<br />
«Inscrivez-Vous».<br />
3. Cherchez le compte du RCCS<br />
sous les onglets «Programme<br />
communautaire» et «Chercher un<br />
organisme» en inscrivant notre No<br />
grand public : 4039069<br />
4. Choisissez le pourcentage de points<br />
dont vous souhaitez faire don<br />
(au moins 10%)<br />
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