Chapitre introductif du Dr. Théodore Trefon - Belgium
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Politique et gouvernance<br />
3 Politique et gouvernance<br />
3.1 Sur le chemin de la paix<br />
La tenue d’élections présidentielles et législatives en 2006 marque un tournant politique<br />
majeur. Il s’agit également d’une victoire majeure sur le plan logistique compte tenu de la<br />
fragmentation <strong>du</strong> territoire national. Les élections s’inscrivent dans le droit fil d’importants<br />
efforts de consolidation de la paix. Il s’agit notamment de (i) l’Accord de Lusaka (juillet<br />
1999), (ii) la mise en place de la force de paix des Nations Unies (MONUC), de (iii)<br />
l’organisation <strong>du</strong> Dialogue intercongolais (avril 2002) à Sun City qui a permis la réunion<br />
d’anciens rivaux autour de la même table de discussion, de (iv) la signature de l’Accord de<br />
Pretoria (décembre 2002) qui a été la base d’un gouvernement d’unité nationale qui a<br />
contribué à mettre en place un gouvernement de transition dirigé par le président Kabila<br />
avec quatre vice- présidents représentant l’ancien gouvernement, deux groupes rebelles et<br />
l’opposition politique (juillet 2003).<br />
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3.2 L’aide internationale<br />
En 2001, le gouvernement de Joseph Kabila demande à la Commission européenne de<br />
continuer à agir comme ordonnateur national pour la mise en œuvre <strong>du</strong> Programme<br />
Indicatif National <strong>du</strong> 8 ème Fonds Européen de Développement (FED). 2 Cette situation, où<br />
l’élite politique basée à Kinshasa et de grands bailleurs de fonds ont fait des compromis<br />
quant au rôle de l’État <strong>du</strong> Congo comme « propriétaire absentéiste », a <strong>du</strong>ré jusqu’en 2007.<br />
Sous l’égide des partenaires internationaux <strong>du</strong> Congo 3 qui ont investi lourdement dans la<br />
légitimation de Joseph Kabila, la sécurité et le contexte politique se sont améliorés. Les<br />
progrès ont été suffisants pour identifier les secteurs de réforme prioritaires. Joseph Kabila<br />
revisite les politiques économiques de son père, renouant avec le FMI et la Banque<br />
mondiale. Le mois suivant son investiture, ces institutions dépêchent une délégation<br />
multisectorielle à Kinshasa ; elle inclut des experts monétaires, en taux de change et de la<br />
fiscalité. Se basant sur l’expérience dans d’autres pays de l’après-conflit, ces institutions<br />
aident le gouvernement à mettre en place une feuille de route et un calendrier pour les<br />
politiques de réforme. Celles-ci consistent en mesures macroéconomiques visant à attirer<br />
des investisseurs privés (code des investissements de février 2002), une réforme <strong>du</strong> secteur<br />
des ressources naturelles (code minier de juillet 2002 et code forestier d’août 2002), d’une<br />
préparation de la restructuration d’entreprises publiques et d’efforts visant à lutter contre la<br />
2<br />
Le phénomène de remplacement des fonctions de l’Etat par des partenaires internationaux n’est pas<br />
restreint aux périodes de transition ou post-électorales. Ce processus gra<strong>du</strong>el a accompagné l’échec de<br />
l’Etat. En 1991, le Premier Ministre Dondo de wa de Kengo a demandé à la Commission européenne de<br />
prendre le rôle d’Ordonnateur National. La Commission a donc repris une partie des fonctions <strong>du</strong><br />
gouvernement pour mettre en œuvre ses projets, en gérant des fonds directement depuis Bruxelles.<br />
3<br />
Plus particulièrement la Belgique, l’Afrique <strong>du</strong> Sud, les États-Unis, la Banque mondiale et le FMI et des<br />
organisations des Nations unies.