Téléchargez le programme de salle du concert symphonique (pdf ...

ORCHESTRE NATIONAL
BORDEAUX AQUITAINE
Kwamé Ryan, direction
Henning Kraggerud, violon
Felix Mendelssohn
(1809-1847)
Concerto pour violon n°2 en mi mineur, op. 64
25 mn
pause 20 mn
Ludwig van BEETHOVEN
(1770-1827)
Symphonie n°7 en La majeur, op. 92
45 mn
Durée totale du concert : 1h30 environ
Un bar avec Café Opéra est à votre disposition dès 19h15
03 FÉV. 20H00 - Palais des Sports
Directeur général Thierry Fouquet

Felix Mendelssohn
Concerto pour violon n°2 en mi mineur, op. 64
1. Allegro molto appassionato
2. Andante
3. Allegretto non troppo – Allegro molto vivace
Il est parfois difficile avec les partitions
très célèbres de les entendre comme si ne
s’étaient pas interposés entre elles et nous un
ensemble de références à des interprétations
anciennes que nous avons aimées et une
gangue de souvenirs plus intimes encore — à
la façon d’une patine déposée par le temps
—, qui nous les rend tout à la fois familières
et indéfiniment éloignées.
Plus que les enregistrements, les concerts
procurent fort heureusement des occasions
d’entendre ces musiques de premier plan
avec des oreilles neuves, presque comme si
elles nous étaient données pour la première
fois.
Il en est ainsi, à l’évidence, du petit groupe
des concertos pour violon les plus réputés,
parmi lesquels s’inscrit le Concerto pour
violon n°2 de Mendelssohn.
Dès 1838, le compositeur, âgé de 29 ans,
avait pensé écrire un grand concerto pour
violon et s’en était ouvert à Ferdinand David,
qui allait d’ailleurs être, le 13 mars 1845, le
premier soliste du Concerto en mi mineur.
Comme cela s’est fréquemment produit dans
le cas des œuvres concertantes pour archet, le
virtuose, ami du compositeur, a joué un rôle
certain, notamment pour la mise au point
« violonistique » de certains traits.
Néanmoins, l’influence de Ferdinand David
sur Mendelssohn fut sans doute plus faible
que celle de Joachim sur Brahms lors de
la composition de « leur » Concerto en Ré
majeur. La vérité est que, pianiste et chef
d’orchestre, Mendelssohn savait aussi jouer
du violon et bien sûr de l’alto, partie qu’il
Ludwig van Beethoven
Symphonie n°7 en La majeur, op. 92
1. Poco sostenuto – Vivace
2. Allegretto
3. Presto
4. Allegro con brio
Rayonnantes musiques
lui arriva de tenir en musique de chambre.
De même qu’il avait apporté dans son Octuor
une originalité remarquable à l’écriture des
cordes, il n’eut pas besoin de beaucoup de
conseils de Ferdinand David pour écrire un
concerto qui, à l’instar de ceux de Beethoven,
de Brahms et de Tchaïkovski — ou, plus
près de nous, de ceux de Sibelius, Prokofiev,
Stravinski, Bartók, Schoenberg et Berg —, se
situe au sommet du genre.
Dans le Concerto en mi mineur, de nombreux
traits originaux se manifestent, démentant le
portrait d’un musicien académique. Bien audelà
de l’heureuse absence de coupures entre
les mouvements, une analyse fouillée montre
que presque rien ne se passe ici conformément
à un moule préétabli et platement utilisé : le
tutti initial est décalé et d’autres épisodes du
même ordre se produisent ailleurs que dans
les moments attendus : la cadenza ad libitum
intervient bien plus tôt — nettement avant la
fin de l’Allegro molto appassionato — qu’il
n’est d’usage ; bien intégrée au discours
musical, elle ne possède pas le caractère
d’exhibition un peu gratuite qu’elle présente
souvent dans le genre. L’Andante, de son
côté, fait entendre (mesures 55 et suiv.) un
curieux passage où le soliste, d’un battement
de triples croches, accompagne lui-même
son chant. Quant à l’Allegro molto vivace
terminal, il semble d’abord se soumettre
avec brio aux usages, mais il ménage aussi
des contrastes surprenants, par exemple
entre l’ample mélodie qui apparaît dans son
développement (mesures 121 et suiv.) et la
véhémence de sa coda.
Les richesses du Concerto en mi mineur
expliquent largement sa réputation. Mais

comme le disait un jour Ivry Gitlis, LE
Concerto de Mendelssohn — dont le Concerto
n°1 était une œuvre de prime jeunesse,
réussie mais de moindre ambition — est aussi
une partition les plus réussies du premier
grand compositeur européen d’origine juive.
En ce sens, il représente quelque chose de
plus grand encore qu’un chef d’œuvre parmi
les partitions du genre auquel il appartient.
Ce sens profond et symbolique éclate avec
évidence dès l’ample déclamation lyrique
qui étreint le cœur dès l’entrée du premier
thème, comme s’il s’agissait de l’hymne
secret de ceux dont le violon fut souvent le
plus précieux des bagages, symbole de la joie
et des larmes d’un peuple porteur de l’une
des composantes spirituelles majeures de
notre culture.
Le même rayonnement caractérise la
Symphonie n°7 de Beethoven, dans laquelle
Wagner entendait l’« Apothéose de la Danse »
et que Markevitch ressentait de son côté
comme une « apothéose de la Musique ».
Ce primat du rythme se manifeste dès le
Vivace du premier mouvement, avec son
utilisation d’une cellule — formée d’une
croche pointée, d’une double croche et d’une
croche — dont Wagner fera l’élément de base
du Nibelungen-Motiv de la forge d’Alberich
dans L’Or du Rhin.
De façon étonnante, chacun des mouvements
de la symphonie avec laquelle Beethoven a
pu savourer sans doute son meilleur moment
de reconnaissance par un vaste public
cosmopolite — au moment du Congrès
de Vienne — peut apparaître comme une
anticipation des conceptions qui seront
celles de grands compositeurs du futur, tous
admirateurs de cette partition d’exception.
Evidente pour Wagner en ce qui concerne
en particulier le premier mouvement, cette
complicité des musiciens avec la Symphonie
en La vaut aussi pour Berlioz, dont la
fascination pour l’Allegretto mérite d’être
rappelée. Le morceau sera d’ailleurs joué lors
des obsèques de l’auteur de la Fantastique,
qui avait su entendre dans son obsédante
amplification en cercles concentriques — sur
laquelle insistera aussi Boucourechliev — ce
qu’il appelait « le regard doux de la patience
souriant à la douleur ».
Moins connue que celles de Wagner ou de
Berlioz, la référence de Varèse à la Septième
n’est pas moins intéressante. On a parfois
relaté, en effet, comment le conquérant des
Amériques dont il s’apprêtait à faire éclater
les sons inouïs aux oreilles du monde, avait
éprouvé, lors d’un concert à la Salle Pleyel,
l’impression que les figures bondissantes
du Scherzo produisaient une sensation de
« projection dans l’espace ». Bien sûr, ce
n’était pas Beethoven lui-même qui avait
pu exactement prévoir de créer une telle
impression chez les auditeurs, mais il reste
que ce que Varèse a ressenti un certain
jour — peut-être en raison d’un excès de
résonance — ne pouvait pas être créé par
n’importe quelle musique et que ce qu’il
a appelé « une troisième dimension dans la
musique » existait sans doute en germe dans
le sens prophétique que Beethoven avait de
la dynamique.
C’est enfin Tchaïkovski qui s’est ouvertement
réclamé du Finale de la Symphonie n°7 de
Beethoven pour expliquer à son mécène,
Madame von Meck, les ressources qu’il
est possible de tirer d’un motif très simple,
ainsi que l’illustre le dernier mouvement de
sa propre Symphonie n°4. Le compositeur
russe va ainsi jusqu’à faire remarquer que
Beethoven avait su construire des « prodiges
[…] sur un thème banal à souhait ». On conçoit
aisément pourquoi un compositeur, lui-même
constructeur de mouvements symphoniques
dans lesquels la vitesse modifie la nature
du matériau, a pu ainsi entendre l’Allegro
con brio terminal de la Septième comme
un justificatif de sa propre posture et de sa
capacité d’entraîner son orchestre et son
auditoire dans un flot irrésistible, semblable
à l’emportement des forces cosmiques que
les hommes voulurent peut-être égaler en
inventant la musique.
Wagner, Berlioz, Varèse, Tchaïkovski :
cela forme un impressionnant quatuor
d’admirateurs ! La Septième le mérite
amplement, ne serait-ce que parce qu’elle fait
entendre, à la fin de son dernier mouvement,
le premier triple forte de l’histoire de la
musique. Toute l’époque forcenée dans
laquelle vivait Beethoven n’attendait que
cela : une puissance irradiante qui emporte
tout sur son passage.
Robert Pierron

Kwamé Ryan, direction
Né au Canada, Kwamé Ryan a grandi sur l’île de Trinidad dans les Caraïbes
où il a reçu sa première éducation musicale. A l’âge de 14 ans, il étudie la
direction, le chant, le piano et la contrebasse en Angleterre, puis la musicologie
au Gonville and Caius College de l’Université de Cambridge ainsi que la
direction avec Peter Eötvös, chef et compositeur. Kwamé Ryan est nommé
Directeur artistique et musical de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine. Il
a pris officiellement ses fonctions en septembre 2007. De 1998 à 1999, Kwamé
Ryan assiste Lothar Zagrosek à l’Opéra de Stuttgart où il dirige Simplicius
simplissimus de Hartmann (2004) et La Pastorale de Gérard Pesson (2006).
Kwamé Ryan est Directeur général de l’Opéra de Fribourg et de l’Orchestre Philarmonique de Fribourg
entre 1999 et 2003. Il y dirige Der fliegende Holländer, Tosca, Fidelio, Katya Kabanova (Janácek), Eugène
Onéguine et Die Zauberflöte. Il poursuit sa collaboration avec Peter Eötvös en dirigeant Trois sœurs à l’Opéra
de Lyon ainsi que la première allemande du Balcon mis en scène par Gerd Heinz à l’Opéra de Fribourg. Ils
ont d’ailleurs co-dirigé la production de Bob Wilson, Prometeo de Luigi Nono à la Monnaie de Bruxelles. Il
a dirigé Salome de Strauss à l’English National Opera, Jeanne d’Arc au bûcher de Honegger lors du concert
d’ouverture du Festival d’Édimbourg (2004) ainsi que la première de L’Espace dernier de Pintscher à l’Opéra
de Paris-Bastille (2005) mais aussi Neither de Morton Feldman, mis en scène par Peter Mussbach au Festival
Musica Hoy de Madrid (2010). Depuis le début des années 1990, Kwamé Ryan a été régulièrement invité à
diriger, entre autres, les Orchestres de Stuttgart, Fribourg et Baden-Baden, le Bavarian Radio Orchestra, le
Bamberg Philarmonic, l’Orchestre Symphonique de la Ville de Birmingham, l’Orchestre de Chambre des
Pays-Bas, la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême, l’Ensemble intercontemporain, le Klangforum Wien et
l’ensemble Moderne mais aussi en Amérique du nord (Detroit, Dallas, Indianapolis, l’Orchestre Symphonique
de Cincinnati et l’Orchestre Symphonique de Milwaukee ainsi que dans le New Jersey, à Houston et à
Atlanta...). Comme invité, Kwamé Ryan doit faire ses débuts avec l’Orchestre National de Belgique en juin
2011 et au Festival Grant Park à Chicago en juillet 2011 puis doit diriger La Damnation de Faust de Berlioz au
Staatsoper de Stuttgart (automne 2011). Au-delà des concerts symphoniques, Kwamé Ryan dirige l’Orchestre
National Bordeaux Aquitaine dans La Mort de Cléopâtre (Berlioz) et La Voix humaine (Poulenc) aux côtés
de Mireille Delunsch en 2007, dans la nouvelle production de Tosca (février 2009) et Le Balcon de Peter
Eötvös (novembre 2009) et développe les tournées internationales Folles Journées en France (Nantes), en
Espagne (Bilbao), au Japon (Tokyo, 2008) mais également en Espagne (Bilbao, Pamplona, San Sebastian,
2009 et 2010) et en Suisse (Zurich, Saint-Gall, Montreux, Genève, 2009). Il a clotûré la saison 2009-2010, en
dirigeant l’ONBA en concert aux Chorégies d’Orange. Il a également commencé une série d’enregistrements
avec l’ONBA pour le label Mirare. Après La Symphonie n°9 de Schubert (2008), La Symphonie n°2 de
Rachmaninov (2009), ils ont enregistré les Concertos pour piano n°1 et 2 de Beethoven avec Shani Diluka
et préparent les Symphonies n°2 et n°4 de Schumann. Par ailleurs, Kwamé Ryan est Directeur musical de
l’Orchestre Français des Jeunes depuis 2009 avec lequel il se produit à Aix-en-Provence mais aussi à Rennes et
à Paris. En décembre 2010, il a été décoré Officier des Arts et des Lettres par le Ministre de la Culture.
Henning Kraggerud, violon
Henning Kraggerud est né à Oslo en 1973. Il étudie avec Camilla Wicks et
Emanuel Hurwitz et remporte le prestigieux Prix Grieg de Norvège. Il se
produit en tant que soliste avec de prestigieux orchestres tant en Europe
qu’en Amérique du Nord (le Philarmonique d’Oslo, l’Orchestre du Festival de
Budapest, le Philarmonique de Saint-Pétersbourg, l’Orchestre Symphonique
de Prague, l’Orchestre de la Radio de Stockholm, le Deutsches Symphonie-
Orchester de Berlin, l’Orchestre du Pays de Galles, le Royal Scottish Orchestra,
le Bournemouth Symphony, le Royal Liverpool Symphonic, l’Orchestre de la
Haye, le BBC Symphony Orchestra...) auprès de Marek Janowski, Ivan Fischer,
Paavo Berglund, Kirill Petrenko, Yakov Kreisbers, Mariss Jansons, Stéphane Denève et Kurt Sanderling
entre autres. Lors de la saison 2005-2006, il fait ses débuts avec le Melbourne Symphony Orchestra,
l’Orchestre de Verdi, le Swedish Chamber Orchestra, le Baltimore Symphony Orchestra et à Milan. Il a
aussi été réinvité par l’Orchestre de Halle, le Royal Scottish Orchestra, le Philarmonique d’Helsinki, le
Colorado Symphony. Il s’est également produit en tant que soliste avec l’Orchestre Philharmonic de Hong
Kong et a donné un récital au printemps 2006, lors d’une importante tournée à travers les Etats-Unis. Lors
de la saison 2006-2007, il se produit pour la première fois avec le Philarmonique de Stockholm, l’Orchestre
de Galice ainsi que les Orchestres Symphoniques de Toronto, Atlanta et Saint-Louis. Chambriste confirmé,
il joue à la fois du violon et de l’alto dans les plus grands festivals internationaux aux côtés de Stephen
Kovacevic, Kathryn Stott, Leif Ove Andsnes, Jeffrey Kahane, Truls Mørk et Martha Argerich. En 2004, il est
artiste en résidence, chambriste et soliste au Bergen International Music Festival où il se produit en récital.
En 2005, il se produit avec Leif Ove Andsnes dans le cadre de la saison de présentation du Carnegie Hall
à New York. Improvisateur et compositeur novateur, Henning Kraggerud compose lui-même ses propres
cadences et bon nombre de ses œuvres sont jouées lors de festivals du monde entier... Il a notamment
enregistré les Sonates pour violon de Grieg (avec Helge Kjekshus), des Pièces Norvégiennes pour violon et
orchestre et à l’automne 2004, les Concertos pour violon de Sibelius et de Sinding, avec le Bournemouth
Symphony Orchestra (Naxos). Il a participé à l’élaboration d’un documentaire pour la télévision et le
cinéma sur le violoniste virtuose et compositeur norvégien Ole Bull (1810-1880) paru en novembre 2006.
Henning Kraggerud enseigne actuellement le violon au Conservatoire Barrat-Due. En 2008, invité par
l’ONBA, il joue le Concerto pour violon en La majeur de Mozart sous la direction de Kwamé Ryan à
Bordeaux et se produit en récital, en novembre 2009, avec Christian Ilhe-Hadland à l’Opéra National de
Bordeaux. Lors de la saison 2009-2010, il se produit en soliste avec l’Orchestre du Capitole de Toulouse,
l’Orchestre Philharmonique de Londres, aux BBC Proms de Londres avec l’Orchestre Symphonique
National Danois, la Symphonie de Detroit, la symphonie de Cincinatti et en récital au Zankel Hall, au
Carnegie Hall de New York, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles mais aussi dans la plupart des grands
festivals comme Verbier. Il joue un violon Guarneri del Gesu datant de 1744, aimablement mis à sa
disposition par la Dextra Musica AS, compagnie fondée par la Sparebankstiftelsen DNK de Norvège.
Opéra National de Bordeaux
05 56 00 85 95 - www.opera-bordeaux.com - Grand-Théâtre - Place de la Comédie - BP 95 - 33025 Bordeaux
Éditeur responsable : Opéra National de Bordeaux (05 56 00 85 20) - n° s de Licences : 331559-T1 331560-T2331561-T3 - Rédaction, iconographie et maquette :
Service Communication - © couverture : Gaëlle Hamalian-Testud - © Kwamé Ryan : Roberto Giostra - © Henning Kraggerud : Robert Romik- Janvier 2011