PLAN 2009-5 - Ordre des ingénieurs du Québec

DOSSIER SECURITE CIVILE ET SANTE ET SECURITE AU TRAVAIL
L'estimation du risque consiste à combiner la probabilité
qu'une situation dangereuse entraîne un accident avec la gravité
de la blessure qui en résulterait pour obtenir une grandeur
à un risque donné. Il faut le faire pour chacune des situations
relevées au cours de l'analyse des opérations. La question est
alors de savoir si la machine représente un risque tolérable
et socialement acceptable, et peut être déclarée sécuritaire conformément
à la loi. Bien que la sécurité soit traitée à l'avantplan,
le règlement prévoit que la machine doit pouvoir accomplir
les fonctions prévues et que la capacité d'utilisation ne se soit
pas détériorée de façon importante en introduisant des modifications
pour la sécuriser. « C'est ici que l'expert exerce pleinement
son jugement, souligne Alain Brassard. Il y a un
équilibre à trouver entre la productivité et la sécurité. C'est
de la haute voltige parfois ! »
Une fois les risques bien définis et quantifiés, il faut se
demander s'il est possible de les réduire. Le graphique ci-joint
présente les différentes mesures de réduction du risque en commençant
par les plus efficaces. Toute la démarche doit être
abondamment documentée, les constats et les évaluations
comme les solutions adoptées ou rejetées. L'intervention touche
toutes les composantes du risque: le phénomène dangereux luimême,
l'exposition des travailleurs, la gravité des blessures,
l'occurrence des incidents, etc.
ATTÉNUATION
DES RISQUES
Pourquoi n'agirait-on pas
dès la conception et la
fabrication de l'équipement
? Alain Brassard est
d'accord : « Il y a un gain
énorme à raffiner le
design pour atténuer les
risques. Le surcoût à
l'achat d'une machine
sécurisée, lorsque surcoût
il y a, est largement
compensé par ce qu'il
en coûte pour sécuriser
l'équipement après l'installation.
J'ai déjà vu une
machine d'une valeur
de 100 000 $ nécessiter
1 40 000$ de frais de sécu-
! risation à l'usine, alors qu'il
° aurait fallu débourser
entre 5 000$ et 10 000$
pour qu'elle soit sécu-
,, „ risée chez le fabricant,
Alain Brassard, ing. ...
avant livraison. Il m est
aussi arrivé d'être envoyé par un client chez un fabricant de
machines à Tampa, en Floride, pour le conseiller. Je lui ai proposé
une adaptation extrêmement mineure, très peu coûteuse, qui
a satisfait tout le monde. Les entreprises ont donc tout intérêt
à préciser clairement à leurs fournisseurs quelles sont leurs
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Analyse
du risque
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exigences en matière de sécurité. Si, une fois livrée, la machine
n'est pas conforme au devis, les correctifs seront effectués aux
frais du fournisseur. »
Sécurité et productivité ne s'excluent pas. Voici un exemple
qui le prouve. L'accès à une presse poinçonneuse ayant été bloquée
pour des raisons de sécurité, il a fallu concevoir une nouvelle façon
d'introduire la pièce à poinçonner. Le nouveau chargeur permet
de poinçonner plus de pièces à la fois avec une plus grande précision,
d'où un gain important de productivité. Dans ce cas précis,
la productivité a été améliorée de 500 à 700 %, selon la pièce qui
était fabriquée.
Attention aux fausses bonnes solutions, prévient Alain Brassard.
« Placer devant une buse de graissage une garde que l'employé
d'entretien devra retirer pour faire son travail fait perdre toute
l'efficacité recherchée par l'installation initiale de la garde. » Pas
question non plus de s'entêter à sécuriser à tout prix : «Pour
certaines machines, les coûts sont tellement élevés qu'il faut se
demander s'il ne vaut pas mieux les remplacer. Cela arrive assez
fréquemment avec les vieilles machines-outils comme les tours
traditionnels et les presses à tour complet ou à clavette. »
Peu d'ingénieurs ont une expertise en sécurité des machines.
Il faut dire que la question est totalement évacuée de la formation
de base des futurs ingénieurs, sauf dans certaines spécialités. « En
génie industriel ou en génie électrique, les étudiants ont droit à
trois heures de cours sur le sujet, et encore pas toujours. C'est bien
mince, regrette Alain Brassard. La formation continue ne comble
pas ce déficit de formation. »
Les ingénieurs-concepteurs d'équipement et les ingénieurs
d'usine, qu'ils soient responsables des opérations, de l'ingénierie
ou de l'approvisionnement, ne peuvent ignorer la sécurité des
machines, sinon ils risquent d'être blâmés si un accident survient.
Alain Brassard souhaite toutefois que tous les ingénieurs
soient sensibilisés à cette problématique particulière, ce qui
faciliterait sa tâche : «C'est intéressant d'avoir un ingénieur
comme vis-à-vis, étant donné qu'il est responsable des actes qu'il
accomplit. »
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12 PLAN : JUIN-JUILLET 2009