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Faculté de Médecine de Marseille Otalgie et otite chez l’enfant et l’adulte (98) Jean Michel Triglia Février 2006 Référence • P. Bonfils : Pathologie ORL et chirurgie cervico-faciale (comprendre, agir traiter), Ellipses éditeur, 1996 1. Otalgie L’otalgie est définie comme une manifestation douloureuse localisée au niveau de l’oreille. Elle est un symptôme fréquent de consultation qui s’explique par la complexité de l’innervation sensitive de l’oreille et la diversité des mécanismes de la douleur. Selon l’origine de l’otalgie, il faut distinguer : • les otalgies primaires ou intrinsèques, la douleur résultant de conditions pathologiques situées au niveau de l’oreille elle-même, • les otalgies secondaires ou réflexes qui sont liées à des causes de voisinage, • les névralgies d’allure essentielle, d’irradiation auriculaire. Devant un tel symptôme qui conduit à une multitude de diagnostics possibles, il faudra : • certes examiner la région auriculaire, • mais aussi réaliser un bilan ORL complet et notamment endocavitaire, plus particulièrement du côté de l’otalgie. 1.1. Notions anatomo-physiologiques La compréhension du mécanisme à l’origine d’une otalgie ne peut se faire qu’au travers de la neuro-anatomie et de la neuro-physiologie. Nous ne rappellerons uniquement que les aspects de l’innervation sensitive de la région auriculaire nécessaire à l’explication de l’otalgie (schéma). Schéma L’innervation sensitive de la région auriculaire dépend des quatre paires crâniennes que sont les 00nerfs trijumeau (V), facial (VII), glosso-pharyngien (IX) et pneumogastrique (X), et du plexus cervical superficiel. DCEM2 - Module n° 7 Santé et Environnement - Maladies Transmissibles 1

Faculté de Médecine de Marseille<br />

<strong>Otalgie</strong> <strong>et</strong> <strong>otite</strong> <strong>chez</strong> l’enfant <strong>et</strong> l’adulte (<strong>98</strong>)<br />

Jean Michel Triglia<br />

Février 2006<br />

Référence<br />

• P. Bonfils : Pathologie ORL <strong>et</strong> chirurgie cervico-faciale (comprendre, agir traiter),<br />

Ellipses éditeur, 1996<br />

1. <strong>Otalgie</strong><br />

L’otalgie est définie comme une manifestation douloureuse localisée au niveau de l’oreille. Elle<br />

est un symptôme fréquent de consultation qui s’explique par la complexité de l’innervation<br />

sensitive de l’oreille <strong>et</strong> la diversité des mécanismes de la douleur.<br />

Selon l’origine de l’otalgie, il faut distinguer :<br />

• les otalgies primaires ou intrinsèques, la douleur résultant de conditions pathologiques<br />

situées au niveau de l’oreille elle-même,<br />

• les otalgies secondaires ou réflexes qui sont liées à des causes de voisinage,<br />

• les névralgies d’allure essentielle, d’irradiation auriculaire.<br />

Devant un tel symptôme qui conduit à une multitude de diagnostics possibles, il faudra :<br />

• certes examiner la région auriculaire,<br />

• mais aussi réaliser un bilan ORL compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> notamment endocavitaire, plus<br />

particulièrement du côté de l’otalgie.<br />

1.1. Notions anatomo-physiologiques<br />

La compréhension du mécanisme à l’origine d’une otalgie ne peut se faire qu’au travers de la<br />

neuro-anatomie <strong>et</strong> de la neuro-physiologie. Nous ne rappellerons uniquement que les aspects de<br />

l’innervation sensitive de la région auriculaire nécessaire à l’explication de l’otalgie (schéma).<br />

Schéma<br />

L’innervation sensitive de la région auriculaire dépend des quatre paires crâniennes que sont les<br />

00nerfs trijumeau (V), facial (VII), glosso-pharyngien (IX) <strong>et</strong> pneumogastrique (X), <strong>et</strong> du plexus<br />

cervical superficiel.<br />

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1.1.1. au niveau du pavillon :<br />

l’innervation de la racine de l’hélix, du tragus <strong>et</strong> de la partie antérieure du lobule dépendent du nerf<br />

trijumeau par sa branche auriculo-temporale (V3). Celle de l’hélix, de l’anthélix <strong>et</strong> de la partie<br />

postérieure du lobule dépendent du plexus cervical superficiel par l’intermédiaire de sa branche<br />

auriculaire.<br />

1.1.2. au niveau de la conque <strong>et</strong> du conduit auditif externe<br />

(CAE) :<br />

la partie toute antérieure de la conque <strong>et</strong> du CAE est innervée par la branche auriculo-temporale du<br />

nerf trijumeau. Le reste de la conque <strong>et</strong> de la partie initiale du CAE (zone de Ramsay-Hunt)<br />

dépendent du nerf intermédiaire de Wrisberg (VII bis). Enfin la partie profonde du conduit <strong>et</strong> le<br />

tympan dépendent du pneumogastrique.<br />

1.1.3. au niveau de l’oreille moyenne :<br />

la caisse du tympan est innervée par le nerf de Jacobson, branche du nerf glossopharyngien.<br />

Chacune des paires crâniennes citées précédemment innerve les voies aérodigestives supérieures <strong>et</strong><br />

ém<strong>et</strong>tent un ou plusieurs fil<strong>et</strong>s récurrents qui rejoignent le territoire auriculaire. Ainsi, une<br />

affection quelconque intéressant un de ces nerfs en dehors de la zone auriculaire peut donner<br />

naissance à une otalgie réflexe.<br />

1.2. Diagnostic positif<br />

1.2.1. L’interrogatoire recherche<br />

• les antécédents : rhinopharyngites, accidents auriculaires, habitudes toxiques, généraux,<br />

• les caractéristiques de l’otalgie : type, intensité, durée <strong>et</strong> mode de survenue, <strong>et</strong> surtout<br />

rythme (continu, en éclair, en chapel<strong>et</strong>),<br />

• les signes auriculaires associés : surdité, otorrhée, otorragie, acouphènes ou éruption au<br />

niveau de la conque,<br />

• les signes ORL à distance de l’oreille : rougeur de la face ou de l’œil, rhinorrhée,<br />

obstruction nasale, dysphagie, dysphonie, glossodynie, douleurs à l’ouverture de la<br />

bouche, douleurs dentaires, douleurs cervicales,<br />

• des signes généraux peuvent s’intégrer au tableau clinique : fièvre, asthénie,<br />

amaigrissement.<br />

1.2.2. L’examen clinique<br />

L’examen clinique d’un suj<strong>et</strong> alléguant une otalgie s’inscrit dans le cadre général d’un bilan ORL<br />

<strong>et</strong> cervicofacial compl<strong>et</strong>. Il doit suivre un ordre chronologique bien précis :<br />

• l’examen de la région auriculaire tout d’abord : pavillon, CAE, tympan.<br />

• l’otoscopie doit être particulièrement soigneuse, au besoin complétée par un examen à<br />

l’optique ou au microscope. Le bilan auditif (diapason, audiogramme, tympanogramme)<br />

recherche l’existence d’une surdité <strong>et</strong> son type.<br />

• l’examen de la région péri-auriculaire ensuite (parotide, articulation temporomandibulaire,<br />

région mastoïdienne <strong>et</strong> sous-digastrique) perm<strong>et</strong> de rapporter l’otalgie à la<br />

région auriculaire. S’il n’est pas convaincant, il faut alors (ou même de parti pris selon<br />

l’anamnèse) examiner systématiquement la bouche, la denture, le nez, le cavum <strong>et</strong> le<br />

pharyngolarynx.<br />

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• l’examen neurologique cervicofacial dès lors que l’examen otoscopique apparaît négatif<br />

doit rechercher :<br />

des troubles de la sensibilité <strong>et</strong> du goût au niveau des deux tiers antérieurs de la langue (VII bis)<br />

une disparition de la sensation gustative en arrière du V lingual (IX)<br />

une paralysie faciale débutante.<br />

• des examens complémentaires sont à demander quand l’ensemble de l’examen clinique est<br />

négatif :<br />

o endoscopie rhinopharyngée avec fibres optiques ou sous anesthésie<br />

o radiographie des sinus, voire tomodensitométrie<br />

o radiographie de la colonne cervicale<br />

o orthopantomographie dentaire.<br />

1.3. Diagnostics étiologiques<br />

1.3.1. Les otalgies intrinsèques<br />

Les otalgies intrinsèques sont dues à une lésion auriculaire<br />

1.3.1.1. Les lésions de l’oreille externe<br />

1.3.1.1.1. Au niveau du pavillon<br />

L’inspection corrélée aux circonstances d’apparition reconnaît facilement :<br />

• l’otohématome correspond à l’extravasation de sang entre le périchondre <strong>et</strong> le cartilage<br />

après un traumatisme. Le pavillon, œdèmatié <strong>et</strong> tuméfié, est sensible au toucher. Le<br />

traitement en est chirurgical par l’évacuation de la collection sanguine <strong>et</strong> un drainage.<br />

• la périchondrite succède à un traumatisme ouvert, à un hématome surinfecté ou à une<br />

intervention sur l’oreille, comme une otoplastie. Le pavillon est rouge, tuméfié avec<br />

effacement des reliefs, la douleur est intense, augmentée par le contact, le germe le plus<br />

souvent en cause est le Pseudomonas aeruginosa. Le traitement repose sur<br />

l’antibiothérapie par voie générale <strong>et</strong> le drainage chirurgical au stade collecté, avec<br />

l’élimination des éléments cartilagineux nécrosés.<br />

• le nodule douloureux de l’oreille correspond à une dyskératose douloureuse centrée par un<br />

p<strong>et</strong>it névrome siégeant sur le bord de l’hélix, au voisinage du tubercule de Darwin. Sa<br />

résection amène la guérison.<br />

1.3.1.1.2. Au niveau du CAE<br />

Le diagnostic passe par un examen otoscopique soigneux.<br />

• le classique bouchon de cérumen peut se révéler par des douleurs lorsqu’il est gonflé par<br />

une solution aqueuse, comme cela est souvent le cas après une baignade.<br />

• les corps étrangers, de nature variable, sont aussi reconnus <strong>et</strong> localisés à l’otoscopie. Leur<br />

extraction est impérative <strong>et</strong> nécessite parfois une anesthésie quand ils sont enclavés.<br />

• l’eczéma du conduit [cf. <strong>otite</strong>s externes]<br />

• l’<strong>otite</strong> externe bactérienne [cf. <strong>otite</strong>s externes]<br />

• l’<strong>otite</strong> externe mycosique [cf. <strong>otite</strong>s externes]<br />

• le furoncle du CAE [cf. <strong>otite</strong>s externes]<br />

• l’<strong>otite</strong> externe «maligne » ou nécrosante [cf. <strong>otite</strong>s externes]<br />

• l’<strong>otite</strong> externe du zona du nerf intermédiaire de Wrisberg (VII bis) débute par une otalgie<br />

intense à type de brûlure, associée à la présence de vésicules localisées au niveau de la<br />

conque <strong>et</strong> du CAE (zone de Ramsay-Hunt).<br />

• les tumeurs du CAE, bénignes (ostéome, tumeurs vasculaires…) <strong>et</strong> surtout malignes<br />

(cylindrome, carcinomes, sarcomes), représentent des causes rares d’otalgie.<br />

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1.3.1.2. Les lésions de l’oreille moyenne<br />

1.3.1.2.1. L’<strong>otite</strong> moyenne aiguë [cf. OMA]<br />

1.3.1.2.2. Le catarrhe tubaire<br />

Correspond à un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache lié à une obstruction tubaire en<br />

rapport avec une inflammation du rhinopharynx (rhino-pharyngite), une exposition à des variations<br />

importantes de la pression environnante (barotraumatisme) ou à une obstruction tumorale (cancer<br />

du cavum). L’otalgie est associée à une otophonie, une hypoacousie, une sensation d’oreille<br />

bouchée. L’otoscopie note une congestion ou une légère rétraction du tympan, à un degré de plus<br />

des signes d’OSM. L’impédancemétrie montre un décalage du tympanogramme vers les pressions<br />

négatives (courbe C) [cf. OSM].<br />

1.3.1.2.3. La myringite phlycténulaire est habituellement virale<br />

Elle est caractérisée par la présence de phlyctènes sur la membrane tympanique. L’otalgie, très<br />

vive, peut parfois céder à la ponction de ces phlyctènes sous antibiothérapie.<br />

1.3.1.2.4. L’otalgie<br />

L’otalgie après instillation de gouttes auriculaires traduit une perforation tympanique quelque fois<br />

méconnue par le patient.<br />

1.3.1.2.5. L’<strong>otite</strong> chronique<br />

L’<strong>otite</strong> chronique n’est pas douloureuse en soit, mais peut le devenir lors d’un épisode de<br />

surinfection par contamination au cours d’une baignade, par exemple. L’examen du tympan est<br />

rendu difficile à cause de l’otorrhée. Le traitement antibiotique perm<strong>et</strong> d’assécher l’oreille pour<br />

réaliser une otoscopie précise <strong>et</strong> définir le type exact d’<strong>otite</strong> chronique en cause [cf. <strong>otite</strong>s<br />

chroniques]<br />

1.3.1.2.6. La mastoïdite<br />

La mastoïdite se traduit par une douleur persistante spontanée ou provoquée de la pointe de la<br />

mastoïde au décours d’une <strong>otite</strong>. Cliniquement, l’élément pathognomonique est la tuméfaction<br />

inflammatoire rétro-auriculaire responsable d’un décollement du pavillon. Son traitement repose<br />

sur la mastoïdectomie associée à une antibiothérapie à large spectre [cf. OMA].<br />

1.3.1.2.7. La pétrosite<br />

La pétrosite est devenue encore plus rare. Parmi les signes essentiels, on r<strong>et</strong>iendra la persistance<br />

sur une oreille opérée (le plus souvent de mastoïdectomie), d’un écoulement tenace <strong>et</strong> nauséabond,<br />

<strong>et</strong> de douleurs constantes pulsatiles de la région temporo-pariétale parfois associée à une paralysie<br />

du VI (syndrome de Gradenigo).<br />

1.3.1.2.8. La pathologie tumorale<br />

Peut siéger en n’importe quel point de la région auriculaire, du CAE <strong>et</strong> de l’oreille moyenne. Les<br />

tumeurs malignes du CAE <strong>et</strong> de l’oreille moyenne sont rares. L’intensité de l’otalgie est variable.<br />

Ces tumeurs se révèlent plutôt par la modification d’une otorrhée chronique devenant très<br />

hémorragique, associée à une hypoacousie. L’otoscopie montre l’existence d’une masse tumorale<br />

dans le CAE, saignant parfois au contact. La biopsie perm<strong>et</strong> le diagnostic (adénocarcinome,<br />

épithélioma spino-cellulaire, céruminome). Malgré un traitement radio-chirurgical, le pronostic de<br />

ces tumeurs reste redoutable. Parmi les tumeurs bénignes, les tumeurs du glomus jugulaire<br />

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n’entraînent pas à proprement parler d’otalgie, mais sont plutôt responsables d’acouphènes,<br />

quelquefois étiqu<strong>et</strong>és à tort otalgie par les patients à cause de la gêne qu’ils entraînent.<br />

1.3.1.3. Les affections de l’oreille interne<br />

Elles ne donnent généralement pas lieu à des phénomènes douloureux. Il est exceptionnel que le<br />

neurinome de l’acoustique puisse se révéler par une otalgie.<br />

1.3.2. Les otalgies extrinsèques ou réflexes<br />

Par définition, l’examen otologique est normal. Ces otalgies sont la conséquence d’une affection<br />

de voisinage <strong>et</strong> constituent un bon argument pour suspecter le caractère organique d’une<br />

symptomatologie à priori banale.<br />

1.3.2.1. Concernant la sphère ORL<br />

on recherchera :<br />

• une pathologie inflammatoire du pharynx, telles qu’une angine, une amygdalite, ou un<br />

phlegmon de l’amygdale (habituellement unilatéral).<br />

• une pathologie tumorale généralement maligne comme le cancer de l’amygdale, du voile<br />

du palais, de la langue (bord libre, base) <strong>et</strong> du plancher buccal, du sillon amygdaloglosse,<br />

de la margelle laryngée, du sinus piriforme. L’inspection de ces régions devra toujours être<br />

associée à une palpation digitale afin de ne pas ignorer une p<strong>et</strong>ite tumeur sous muqueuse.<br />

Le cancer du rhino-pharynx est également une étiologie classique dont on a vu qu’il<br />

pouvait être responsable d’une otalgie primaire par la répercussion otitique que<br />

l’obstruction tubaire entraîne. Son diagnostic, quelquefois difficile, doit faire recourir aux<br />

moyens d’exploration rhinopharyngée par fibre optique souple ou rigide. Après traitement<br />

du cancer en cause, la réapparition de l’otalgie constitue très souvent un élément<br />

défavorable, traduisant la récidive ou la poursuite de l’évolution néoplasique.<br />

• parmi les autres étiologies, il faut connaître le syndrome de l’apophyse styloïde longue.<br />

Elle entraîne une otalgie paroxystique déclenchée par la rotation de la tête <strong>et</strong> la déglutition<br />

de salive. Les otalgies d’origine sinusienne sont exceptionnelles.<br />

1.3.2.2. Concernant la sphère stomatologique<br />

L’examen dentaire est un temps capital devant toute otalgie avec otoscopie normale.<br />

• les étiologies infectieuses sont dominées par la carie dentaire, le granulome apical, la<br />

péricoronarite de la dent de sagesse, <strong>et</strong> les stomatites., Mais avant d’envisager une<br />

extraction dentaire, il est capital d’avoir éliminer les autres causes d’otalgie.<br />

• les affections articulaires de la région temporo-mandibulaire correspondent soit à une<br />

arthrite, soit à un dysfonctionnement de l’articulation temporo-mandibulaire. Dans ce cas,<br />

des craquements articulaires sont associés à des douleurs situées en avant du tragus <strong>et</strong><br />

déclenchées par la pression de c<strong>et</strong>te région <strong>et</strong> la mobilisation de la mandibule.<br />

1.3.2.3. Concernant la sphère cervicale<br />

• toute adénopathie inflammatoire ou infectieuse de la région jugulaire haute s’accompagne<br />

d’otalgie<br />

• les pathologies inflammatoires des glandes salivaires (sous maxillites, parotidites) se<br />

manifestent souvent par une otalgie réflexe ou une otalgie péri-auriculaire initiale.<br />

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1.3.2.4. Parmi les autres pathologies<br />

• les lésions rachidiennes cervicales peuvent exposer aux otalgies. Ce sont<br />

l’uncodiscarthrose cervicale, les malformations acquises ou primitives cranio-faciales, les<br />

douleurs post-traumatiques <strong>et</strong> parfois le syndrome d’insuffisance vertébro-basilaire. Dans<br />

ces deux derniers cas, l’otalgie est associée à des acouphènes <strong>et</strong> des vertiges.<br />

• le reflux gastro-oesophagien doit savoir être recherché. Le mécanisme de l’otalgie est dû à<br />

l’irritation du pneumogastrique gauche ou à l’irritation pharyngée par l’acidité du reflux<br />

lui-même.<br />

1.3.3. Les névralgies de la région auriculaire<br />

La névralgie par irritation d’un nerf sensitif est responsable d’une douleur violente paroxystique <strong>et</strong><br />

brève, de topographie précise, située dans le territoire du nerf considéré. Dans sa forme pure ou<br />

essentielle, on doit rechercher :<br />

• l’existence inconstante d’une zone gâch<strong>et</strong>te ou trigger-zone,<br />

• la notion d’une période réfractaire entre les crises,<br />

• <strong>et</strong> surtout, l’absence de signes neurologiques déficitaires post-critiques.<br />

1.3.3.1. La névralgie du trijumeau<br />

Est responsable d’otalgie siégeant dans le territoire du nerf auriculo-temporal (V3). Elle se<br />

caractérise par une douleur temporale antérieure, le trigger- zone siégeant dans le CAE.<br />

1.3.3.2. La névralgie du glossopharyngien<br />

Est plus rare que celle du trijumeau.<br />

• dans sa forme « essentielle », la douleur est violente, sous-angulo-maxillaire, quelquefois<br />

amygdalienne, irradiant vers l’oreille externe <strong>et</strong> le tympan. La crise douloureuse peut<br />

s’accompagner d’un accès de bradycardie. La trigger-zone est située au niveau du sillon<br />

amygdaloglosse <strong>et</strong> de l’amygdale.<br />

• dans la forme purement otitique, appelée névralgie du nerf de Jacobson, la douleur est<br />

limitée à l’oreille. L’examen neurologique y est négatif. La nature « essentielle » de c<strong>et</strong>te<br />

névralgie ne sera r<strong>et</strong>enue qu’après un bilan compl<strong>et</strong> sur tout le traj<strong>et</strong> du nerf glossopharyngien<br />

(exploration radiologique de la fosse postérieure <strong>et</strong> des trous déchirés<br />

postérieurs).<br />

1.3.3.3. La névralgie associée du glosso-pharyngien<br />

Se différencie de la précédente par le caractère permanent de la douleur. La présence du signe du<br />

rideau témoigne de l’atteinte de ce nerf, voire de celle des nerfs mixtes du trou déchiré postérieur<br />

(pneumogastrique <strong>et</strong> spinal). Elle peut être due à des lésions extracrâniennes (tumeur maligne de la<br />

base de la langue, de l’amygdale, de l’oropharynx, du cavum, anévrisme de la carotide interne<br />

cervicale) ou endocraniennes (arachnoïdite, méningiome, neurinome du IX).<br />

1.3.3.4. Les autres névralgies de la région auriculaire<br />

• la névralgie du ganglion géniculé est exceptionnelle. La trigger-zone se situe au fond du<br />

CAE<br />

• l’artérite temporale de Horton est responsable d’une algie temporale permanente sur<br />

laquelle se greffent des paroxysmes empêchant le sommeil.<br />

• le syndrome de Frey du nerf auriculo-temporal survient dans les suites de parotidectomie<br />

<strong>et</strong> s’annonce par une otalgie vive suivie par des bouffées vasomotrices avec hypersudation<br />

au moment des repas.<br />

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• les otalgies par contraction prolongée des muscles du cou existent dans certaines<br />

professions (conducteur, secrétaire, informaticien).<br />

• les équivalents migraineux de la région auriculaire se manifestent par des hémicranies<br />

temporo-maxillaires, pulsatiles accompagnées de phénomènes vasomoteurs avec rougeur<br />

cutanée <strong>et</strong> sensation d’oreille bouchée.<br />

1.3.3.5. Ce qu’il faut r<strong>et</strong>enir<br />

• La connaissance du mécanisme des otalgies est indispensable pour comprendre leur<br />

étiologie.<br />

• Symptôme banal, l’otalgie peut révéler une grande variété d’affections ORL ou extra-ORL.<br />

• Le problème essentiel est donc d’arriver à un diagnostic étiologique précis (cf. tableau).<br />

• Toute otalgie unilatérale qui ne fait pas sa preuve est a priori symptomatique <strong>et</strong> doit faire<br />

l’obj<strong>et</strong> d’une surveillance rigoureuse.<br />

<strong>Otalgie</strong>s intrinséques<br />

A- Pavillon : Othémathome, chrondrite<br />

B- CAE :<br />

1.Bouchon de cérumen <strong>et</strong> corps étranger 3. Otite externe 5. Furoncle<br />

2. Eczéma 4. Mycose 6. Tumeur<br />

C- Oreille moyenne <strong>et</strong> mastoïde :<br />

1. Otite aiguë 4. Otite chronique 6.Complication d’<strong>otite</strong> (pétrosite)<br />

2. Catarrhe tubaire 5. Mastoïdite 7. Tumeur<br />

3. Myringite<br />

<strong>Otalgie</strong>s extrinséques ou reflexes<br />

A. Trijumeau C. Glossopharyngien E. Sympathique cervical<br />

1. Dentaire 1. Cavité buccale 1. Adénopathie<br />

2. Cavité buccale 2. Oropharynx 2. Glandes salivaires<br />

3. Articulation temporo-mandibulaire 3. Rhinopharynx 3. Rachis cervical<br />

B. Facial D. Pneumogastrique<br />

1. Zona 1. Larynx<br />

2. Tumeur 2.Pharynx, œsophage<br />

Névralgies<br />

1. Glossopharyngien 2. Trijumeau (auriculo-temporal) 3. Facial (ganglion géniculé)<br />

2. Otites externes<br />

Le conduit auditif externe (CAE) est constitué d’un revêtement cutané recouvert d’une double<br />

armature, fibro-cartilagineuse dans sa portion externe, osseuse dans sa portion interne.<br />

La peau du CAE produit du cérumen qui est un mélange de sécrétions cérumineuses, sébacées <strong>et</strong><br />

de produits de desquamation de l’épithélium. Ce cérumen est évacué vers l’extérieur par le<br />

battement des poils. Son rôle est de protéger la couche superficielle du revêtement cutané <strong>et</strong> de<br />

s’opposer à la pénétration microbienne.<br />

L’<strong>otite</strong> externe est caractérisée par une inflammation de la peau préalablement lésée ou dont les<br />

défenses naturelles ont été diminuées.<br />

2.1.1. Les micro-organismes<br />

R<strong>et</strong>rouvés lors de l’analyse bactériologique sont des saprophytes du CAE :<br />

• Pseudomonas aeruginosa (pyocyanique) est responsable de plus de la moitié des <strong>otite</strong>s<br />

externes.<br />

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• Les autres micro-organismes pathogènes sont le staphylocoque doré ou épidermidis, les<br />

entérobactéries (Proteus, E. Coli…), les germes anaérobies, les pneumocoques, les<br />

streptocoques <strong>et</strong> les champignons (aspergillus).<br />

2.2. Diagnostic<br />

2.2.1. Les circonstances de découverte d’<strong>otite</strong> externe<br />

Elles sont en règle facile du fait de la douleur <strong>et</strong> de l’inflammation du conduit.<br />

• La douleur est le motif de consultation le plus fréquent. D’apparition brutale, elle est très<br />

intense, insomniante, localisée à l’oreille <strong>et</strong> irradiant vers la tempe, la mandibule ou la<br />

mastoïde ; elle est exacerbée par la mastication, la traction du pavillon ou la pression sur le<br />

tragus.<br />

• Surdité <strong>et</strong> acouphènes peuvent être présents.<br />

• Des facteurs favorisants tels qu’un baignade ou des notions de grattage sont facilement<br />

r<strong>et</strong>rouvés par l’interrogatoire.<br />

2.2.2. L’examen clinique<br />

Il est rendu difficile par l’intensité de la douleur<br />

Le CAE sténosé par l’œdème, est rempli de sécrétions d’abord claires puis rapidement purulentes,<br />

rendant l’examen du tympan encore plus difficile. Cela rend nécessaire de n<strong>et</strong>toyer délicatement le<br />

conduit, au porte-coton ou à l’aspiration fine, afin d’apprécier l’état du tympan <strong>et</strong> d’éliminer une<br />

<strong>otite</strong> moyenne associée. Il faut, en eff<strong>et</strong>, toujours penser à une pathologie de l’oreille moyenne<br />

sous-jacente, masquée par l’œdème, mais responsable de l’infection du conduit. Dans l’<strong>otite</strong><br />

externe, le tympan est le plus souvent normal mais peut être congestif ou granuleux par irritation<br />

de contiguïté. Des adénopathies rétro-auriculaires ou pré-tragiennes sont possibles.<br />

2.3. Formes cliniques<br />

2.3.1. L’eczéma du conduit<br />

Il correspond à une inflammation chronique par dermo-épidermite. Il se caractérise par :<br />

• des démangeaisons avec sensations de cuisson.<br />

• à l’otoscopie, le revêtement cutané, a un aspect squameux parfois suintant <strong>et</strong><br />

inflammatoire.<br />

• le traitement des poussées repose sur l’application d’anti-inflammatoire stéroïdiens <strong>et</strong><br />

d’anti-infectieux locaux sur une p<strong>et</strong>ite éponge stérile introduite dans le CAE.<br />

2.3.2. L’<strong>otite</strong> externe bactérienne<br />

Elle peut survenir sur un eczéma mais aussi succéder à une lésion de grattage, à une baignade ou à<br />

un lavage d’oreille (le contact prolongé avec l’eau solubilise le cérumen <strong>et</strong> favorise alors la<br />

macération cutanée). Le germe le plus souvent en cause est le staphylocoque.<br />

• l’otalgie vive, pulsatile, insomniante, augmentée par la pression du tragus, la mobilisation<br />

du pavillon <strong>et</strong> la mastication.<br />

• à l’otoscopie, le CAE est sténosé par un œdème inflammatoire du revêtement cutané. La<br />

présence d’une otorrhée séreuse <strong>et</strong> purulente vient renforcer l’obturation du conduit <strong>et</strong> la<br />

macération, augmentant les conditions propices à l’évolution de l’<strong>otite</strong>. Une adénopathie<br />

prétragienne ou sous angulo-maxillaire est souvent présente.<br />

• le traitement repose sur l’application d’antiseptiques <strong>et</strong> d’anti-inflammatoires locaux. Une<br />

antibiothérapie par voie générale est souvent nécessaire dans les formes récidivantes pour<br />

éviter le passage à la chronicité.<br />

DCEM2 - Module n° 7<br />

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8


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2.3.3. L’<strong>otite</strong> externe mycosique<br />

Longtemps asymptomatique, elle sera en général soupçonnée sur la résistance ou l’aggravation<br />

d’une <strong>otite</strong> externe, étiqu<strong>et</strong>ée à priori bactérienne, <strong>et</strong> traitée comme telle.<br />

• l’otoscopie r<strong>et</strong>rouve des filaments grisâtres (en cas d’aspergillus) ou un enduit blanc<br />

crémeux (en cas de candida) au niveau du conduit.<br />

• l’examen mycologique confirme le diagnostic.<br />

• le traitement repose sur le poudrage ou l’application locale d’une éponge imbibée de<br />

gouttes antimycosiques.<br />

2.3.4. Le furoncle du CAE<br />

C’est une infection du follicule pilo-sébacée. Il débute par une sensation de tension augmentée par<br />

la mastication puis assez rapidement suivie par une douleur vive irradiée à la tempe empêchant le<br />

sommeil <strong>et</strong> gênant l’alimentation. Le furoncle obture généralement la totalité du conduit. Le<br />

traitement doit proscrire toute manœuvre locale <strong>et</strong> repose sur les antibiotiques locaux <strong>et</strong> généraux à<br />

visée antistaphylococcique.<br />

2.3.5. L’<strong>otite</strong> externe récidivante<br />

Elle survient le plus souvent sur un eczéma sous-jacent. Il faut systématiquement rechercher<br />

• un corps étranger,<br />

• une otomycose<br />

• ou une fistule de la première fente (association à une tuméfaction parotidienne).<br />

Ceci explique la nécessité de revoir le patient en dehors des poussées infectieuses pour pouvoir<br />

examiner son conduit <strong>et</strong> son tympan.<br />

2.3.6. L’<strong>otite</strong> externe « maligne » ou nécrosante<br />

C’est une forme gravissime, rare.<br />

• les défenses immunitaires du patient sont souvent diminuées (diabète mal équilibré,<br />

leucémie, SIDA, dénutrition, chimiothérapie, corticothérapie au long cours).<br />

• l’atteinte cutanée déborde rapidement le CAE, pour détruisant le cartilage, attaquant la<br />

glande parotide, le nerf facial, la mastoïde, pour atteindre la base du crâne.<br />

• au stade avancé d’ostéomyélite de la base du crâne, des paralysies des paires crâniennes<br />

apparaissent ( paralysie faciale, IX, X ,XI, IV, V, VI).<br />

3. Otites moyennes aiguës<br />

L’<strong>otite</strong> moyenne aiguë (OMA) est une des infections communautaires les plus fréquentes <strong>et</strong> un<br />

important motif de consultation (8 à 13 % des consultations pédiatriques). Du fait de c<strong>et</strong>te<br />

fréquence <strong>et</strong> de son polymorphisme clinique (l’otalgie <strong>et</strong> la fièvre sont loin d’être constantes),<br />

l’examen otoscopique doit être systématique. La précision du diagnostic d’OMA perm<strong>et</strong> d’éviter<br />

l’inflation thérapeutique. L’OMA authentifiée doit être traitée par antibiothérapie. La<br />

microbiologie de l’OMA évolue rapidement, du fait des résistances bactériennes.<br />

3.1. Facteurs favorisants<br />

• La crèche <strong>et</strong> tout vie précoce en collectivité dans un habitat urbain,<br />

• le tabagisme passif,<br />

• l’existence dans la famille d’antécédents d’<strong>otite</strong>s récidivantes,<br />

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9


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• l’absence d’allaitement maternel,<br />

• la précarité des conditions de vie <strong>et</strong> d’hygiène (promiscuité, humidité, carence de soins, …)<br />

• les saisons automne-hiver (fréquence des infections virales <strong>et</strong> bactériennes des voies<br />

aériennes supérieures)<br />

• la récurrence des épisodes d’OMA est associée à la précocité du premier épisode.<br />

3.2. Epidémiologie bactérienne<br />

L’OMA est habituellement d’origine bactérienne, au moins aux stades de collection <strong>et</strong> de<br />

perforation spontanée, mais le rôle des virus ne peut pas être écartée.<br />

3.2.1. Les micro-organismes<br />

Les micro-organismes responsables de l’OMA sont ceux qui sont présents dans le cavum de<br />

l’enfant. C’est en eff<strong>et</strong> au niveau du rhino-pharynx, rapidement colonisé, après la naissance, par<br />

ces micro-organismes que l’oreille va puiser, par la voie de la trompe d’Eustache, une ou plusieurs<br />

d’entre eux. Les principaux germes isolés par paracentèse sont en France :<br />

• Haemophilus influenzae (40 % des prélèvements positifs) : il est résistant à l’amoxicilline<br />

par production de bêtalactamases dans environ 35 % des cas, mais avec une prévalence<br />

régionale très variable puisqu’elle peut atteindre 60 % dans les départements situés dans le<br />

nord de la France.<br />

• Streptococcus pneumoniae ou pneumocoque (30 %) : l’émergence de souche de<br />

pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline a constitué l’événement<br />

épidémiologique majeur dans l’OMA au début de la décennie 90. Des facteurs de risque<br />

sont reconnus vis à vis du pneumocoque de sensibilité diminué :<br />

o âge inférieur à 18 mois,<br />

o vie en collectivité dans un habitat urbain,<br />

o <strong>et</strong>/ou administration d’antibiotiques dans les trois mois précédents.<br />

• Moraxella catarrhalis (15 %).<br />

L’antibiothérapie probabiliste doit garder à l’esprit le caractère dynamique des résistances aux<br />

antibiotiques, qui est un phénomène évoluant assez rapidement, selon des mobiles qui restent à ce<br />

jour méconnues. La consommation excessive des antibiotiques serait un facteur mis en cause dans<br />

la résistance du pneumocoque.<br />

3.2.2. Deux corrélations bacterio-cliniques<br />

Sont connues où l’espèce bactérienne impliquée dans l’OMA peut influencer la symptomatologie<br />

clinique <strong>et</strong> le pronostic.<br />

• le syndrome <strong>otite</strong>-conjonctivite évoque une infection à H. influenzae, éventuellement<br />

sécréteur de bêtalactamases. La conjonctivite est souvent au premier au plan, <strong>et</strong> les enfants<br />

n’ont ni fièvre, ni otalgie dans la moitié des cas.<br />

• les <strong>otite</strong>s fébriles (> 38,5°) <strong>et</strong> douloureuses correspondent, dans environ 50 % des cas, à<br />

une infection à S. pneumoniae.<br />

3.3. Diagnostic<br />

3.3.1. Les circonstances de découverte de l’OMA<br />

S’inscrivent au cours ou au décours d’une infection des voies aériennes supérieures,<br />

habituellement une rhinopharyngite [cf rhinopharyngite]. Les signes d’appel sont spécifiques <strong>chez</strong><br />

l’enfant, variées <strong>et</strong> trompeuses <strong>chez</strong> le nourrisson, <strong>et</strong> généralement sévères <strong>chez</strong> le nouveau-né.<br />

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3.3.1.1. Chez l’enfant<br />

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Le diagnostic est évoqué devant :<br />

• une otalgie vive ou lancinante, pulsatile, à prédominance nocturne <strong>et</strong> cause d’insomnies,<br />

• une fièvre est de degré variable,<br />

• une hypoacousie, quand l’enfant peut l’exprimer,<br />

• des signes digestifs beaucoup plus rares que <strong>chez</strong> le nourrisson.<br />

3.3.1.2. Chez le nouveau-né <strong>et</strong> le nourrisson de moins de 3 mois<br />

La fréquence des OMA est probablement sous-évaluée du fait de la pauvr<strong>et</strong>é des signes d’appel <strong>et</strong><br />

de la difficulté diagnostique otoscopique à c<strong>et</strong> âge. Les signes d’appel sont peu spécifiques :<br />

• aussi bien digestifs que respiratoires,<br />

• des troubles du comportement à type de torpeur <strong>et</strong>/ou d’irritabilité, une modification du<br />

sommeil.<br />

• parfois, il s’agit d’un état infectieux sévère avec un tableau bruyant, marqué par des<br />

troubles thermiques <strong>et</strong> une altération profonde de l’état général, traduisant l’allure<br />

septicémique que peut prendre l’OMA <strong>chez</strong> le jeune nourrisson.<br />

Quel que soit l’âge, le diagnostic d’une OMA peut se faire à l’occasion de complications [cf. infra]<br />

qui surviennent au décours d’une OMA négligée ou traitée de façon inadéquate.<br />

3.3.2. L’otoscopie<br />

Doit s’effectuer dans les meilleures conditions matérielles possibles, après n<strong>et</strong>toyage soigneux du<br />

CAE, le nourrisson étant correctement maintenu. L’utilisation d’un otoscope à fibre optique<br />

perm<strong>et</strong> une bonne visibilité du tympan.<br />

Trois grands aspects inflammatoires sont classiquement reconnus dans l’OMA :<br />

• l’<strong>otite</strong> congestive est caractérisée par un tympan initialement rosé avec une dilatation des<br />

vaisseaux du manche du marteau <strong>et</strong> de la membrane tympanique adjacente.<br />

• l’OMA collectée présente successivement deux aspects. Le tympan est d’abord infiltré,<br />

rouge lie de vin avec difficulté de vision des reliefs ossiculaires <strong>et</strong> disparition du triangle<br />

lumineux ; le deuxième aspect est celui d’un tympan bombé, ombiliqué sur la spatule du<br />

manche du marteau.<br />

• l’OMA perforée se traduit par l’apparition d’une otorrhée muco-purulente témoignant de la<br />

rupture du tympan. C<strong>et</strong>te perforation peut être punctiforme <strong>et</strong> siéger au somm<strong>et</strong> d’une<br />

déformation en « pie de vache » du tympan, mais elle peut être aussi linéaire, irrégulière,<br />

siégeant dans le quadrant postéro-supérieur.<br />

3.4. Traitement<br />

3.4.1. L’antibiothérapie de principe de toutes les OMA<br />

Surtout <strong>chez</strong> l’enfant de moins de 2 ans, est admise dans la plupart des pays médicalisés.<br />

L’objectif du traitement est d’obtenir la guérison en évitant les complications mastoïdiennes <strong>et</strong><br />

méningo-encéphaliques.<br />

3.4.1.1. Le choix de l’antibiothérapie probabiliste<br />

Il doit se fonder sur la recherche de corrélations bactério-cliniques <strong>et</strong> sur la reconnaissance de<br />

facteurs de risque vis à vis d’un pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline [cf. supra]<br />

• si des facteurs de risque existent, il faut préférer en premier intention, l’un des trois<br />

antibiotiques per os encore efficace sur les pneumocoques de sensibilité intermédiaire,<br />

c’est-à-dire l’association amoxicilline-acide clavulanique (40 à 80 mg /kg/j en trois prises,<br />

selon l’âge), le céfuroxime axétil (30 mg /kg/j en deux prises), le cefpodoxime proxétil (8<br />

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11<br />

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mg/kg/j en deux prises). Ces choix ont l’avantage d’être également efficaces vis-à-vis d’un<br />

éventuel Haemophilus producteur de bêtalactamases.<br />

• s’il n’existe pas de facteurs de risque d’OMA à pneumocoque de sensibilité diminuée, le<br />

choix de l’antibiothérapie est ouvert. Les trois produits déjà cités viennent ici en<br />

concurrence avec d’autres possibilités qui sont : le céfixime (8 mg/kg/j en deux prises), les<br />

céphalosporines de première génération (25 à50 mg/kg/j en trois prises) <strong>et</strong> l’association<br />

erythromycine-sulfafurazole (50 mg/kg/j en trois prises).<br />

Equivalences des antibiotiques utilisés (pour information)<br />

principe actif (famille) : dénomination ®<br />

amoxicilline (pénicillline): Clamoxyl ®<br />

amoxicilline-acide clavulanique (pénicillline) : Augmentin ® , Ciblor ®<br />

cefadroxil (C1G) : Oracéfal ®<br />

cefixime (C3G): Oroken ®<br />

cefotaxime (C3G) : Claforan ®<br />

cefpodoxime (C3G): Orelox ® ,<br />

ceftriaxone (C3G) : Rocéphine ®<br />

céfuroxime axétil (C2G): Zinnat ®<br />

érythromycine-sulfafurazole (macrolide-sulfamide): Pédiazole ®<br />

(C1-2-3G : céphalosporine de 1 ére , 2 éme ou 3 éme génération)<br />

3.4.1.2. La durée de prescription de l’OMA<br />

Est empiriquement fixée à 8-10 jours avec une évaluation de l’enfant entre la 48 <strong>et</strong> 72 e heure.<br />

• Si tout va bien, le traitement sera poursuivi.<br />

• Si l’on se trouve en situation d’échec clinique (persistance d’un bombement tympanique ou<br />

survenue d’une perforation spontanée avec otorrhée purulente +/- associée à une<br />

dégradation de l’état général), il faut réévaluer le traitement, à partir d’un prélèvement à<br />

visée bactériologique, soit par aspiration de l’otorrhée, soit en pratiquant une paracentèse.<br />

• Si le contexte est évocateur de l’implication d’un pneumocoque de sensibilité diminué <strong>et</strong><br />

que l’on préfère ne pas attendre les résultats de laboratoire, deux attitudes sont possibles :<br />

soit l’amoxicilline (150 mg/kg/j en trois prises), soit le ceftriaxone (50mg/kg/j pendant<br />

trois jours par voie IM) ou le céfotaxime (100mg/kg/j par voie IV).<br />

Arbre décisionnel thérapeutique dans l’OMA <strong>chez</strong> l’enfant de plus de 3 mois<br />

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Indications de la paracentèse<br />

OMA hypéralgique<br />

OMA très fébrile résistante aux antipyrétiques<br />

Toutes les conditions nécessitant un prélèvement pour étude bactériologique :<br />

• évolution anormale ou compliquée<br />

• <strong>otite</strong>s récidivantes ou traînantes<br />

• terrain particulier (nourrisson de moins de trois mois, déficit immunitaire)<br />

• altération de l’état général<br />

3.4.2. Le traitement préventif des récidives<br />

Il justifie la prise en compte des facteurs favorisants :<br />

• des mesures d’hygiènes avec en premier lieu le lavage des fosses nasales au sérum<br />

physiologique <strong>et</strong> emploi du mouche bébé en attendant l’apprentissage d’un mouchage<br />

efficace, <strong>et</strong> la prise de conscience des parents d’un tabagisme passif ;<br />

• le r<strong>et</strong>rait de la crèche, s’il est possible, est souvent bénéfique.<br />

• la supplémentation en fer doit être envisagée, si l’hémoglobine est inférieure à 12g <strong>et</strong> si la<br />

férritine est inférieure à 40 mg/ml.<br />

• la vaccination anti Haemopilus perm<strong>et</strong> de diminuer l’incidence de l’OMA au cours des<br />

épidémies virales à Haemopilus.<br />

3.4.3. L’adénoïdectomie<br />

A une efficacité liée tant au volume des végétations adénoïdes, qu’à la suppression du réservoir<br />

bactérien qu’elles constituent. En cas d’échec de toutes ces mesures (plus de 4 à 5 épisodes<br />

d’OMA par an), la mise en place d’un aérateur transtympanique doit être proposée.<br />

3.5. Particularites évolutives<br />

3.5.1. Otite récidivante<br />

La notion d’<strong>otite</strong> récidivante est définie au-delà de 4 épisodes par hiver. Parler d’<strong>otite</strong> récidivante<br />

présuppose un r<strong>et</strong>our à la normale du tympan entre chaque épisode aigu, donc d’avoir vérifier<br />

l’état tympanique d’un enfant au décours d’une OMA.<br />

• des facteurs favorisants doivent être recherchés [cf. supra] :<br />

o une hypertrophie des végétations adénoïdes (ronflement, obstruction nasale),<br />

o une carence martiale,<br />

o une allergie,<br />

o un reflux gastro-oesophagien.<br />

• la correction de ces facteurs prédisposants, ainsi que le traitement d’une éventuelle OSM,<br />

perm<strong>et</strong>tent le plus souvent une résolution des récidives.<br />

3.5.2. Otite traînante<br />

Elle se définit comme la prolongation d’un même épisode otitique au-delà de 3 semaines malgré<br />

un ou plusieurs traitements antibiotiques à priori adaptés. Il n’y a donc jamais de r<strong>et</strong>our du tympan<br />

à la normale aux différentes consultations. Ce type d’<strong>otite</strong>s montre les limites de l’antibiothérapie<br />

probabiliste. L’identification du germe responsable devient primordiale.<br />

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3.6. Complications<br />

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Depuis l’utilisation des antibiotiques, le taux des complications des OMA s’est réduit.<br />

L’introduction de la vaccination anti-haemophilus a également permis de réduire considérablement<br />

les méningites otogènes du nourrisson. Le pneumocoque reste le principal pourvoyeur des<br />

complications des OMA. Par ordre de fréquence, on r<strong>et</strong>rouve<br />

3.6.1. Paralysie faciale<br />

Elle peut survenir aussi bien lors d’une OMA simple que lors d’une mastoïdite subaiguë ou aiguë.<br />

Cliniquement, la paralysie s’installe brutalement, elle est généralement complète. Son pronostic est<br />

excellent <strong>et</strong> est directement corrélé à l’évolution de l’<strong>otite</strong>. Il est impératif comme lors de toute<br />

complication d’effectuer une paracentèse pour examen bactériologique.<br />

3.6.2. Méningite<br />

Elle concerne surtout les nourrissons de moins d’un an, <strong>et</strong> le pneumocoque est le premier<br />

pathogène responsable.<br />

3.6.3. Mastoïdite<br />

3.6.3.1. La forme subaiguë<br />

Elle est, actuellement, la forme la plus fréquente :<br />

• le tympan est très épaissi, infiltré, avec très fréquemment un bombement postérosupérieur<br />

; une otorrhée qui n’est présente que dans un cas sur deux.<br />

• les signes généraux sont variables, la fièvre est inconstante, les signes digestifs sont à type<br />

de diarrhée; un bon élément clinique est l’étude de la courbe du poids montrant une<br />

stagnation voire une régression.<br />

• l’examen tomodensitométrique doit être pratiquée dans ces cas, non pas pour le diagnostic<br />

de mastoïdite, mais pour rechercher des complications intracrâniennes qui peuvent être<br />

latentes.<br />

• les germes en cause sont les mêmes que lors des OMA mais avec une répartition différente<br />

(forte prévalence du pneumocoque <strong>et</strong> du Pseudomonas aeruginosa).<br />

3.6.3.2. La forme aiguë<br />

Elle représente une complication redoutable :<br />

• l’extériorisation de l’infection correspond à une fistulisation de l’os mastoïdien ; elle est le<br />

plus souvent rétro-auriculaire complant le sillon <strong>et</strong> déj<strong>et</strong>ant le pavillon vers l’avant.<br />

D’autres extériorisations temporo-zygomatique, latéropharyngée ou à la pointe de la<br />

mastoïde sont parfois r<strong>et</strong>rouvées.<br />

• l’aspect otoscopique « en pis de vache » est très évocateur.<br />

• l’incidence des complications ménigo-encéphaliques lors des mastoïdites est de l’ordre de<br />

10%, ce qui motive facilement le recours à un examen tomodensitométrique.<br />

• une mastoïdectomie est effectuée, après 24 à 48 heures d’antibiothérapie par voie générale.<br />

• le traitement médical peut suffire lorsqu’il n’y a pas de collection sous-périostée, mais<br />

une simple rougeur cutanée (périostite).<br />

3.6.4. Les autres complications intracrâniennes<br />

Les autres complications intracrâniennes (abcès, thrombophlébite…) sont devenues<br />

exceptionnelles.<br />

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4. Otites séromuqueuses<br />

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L’<strong>otite</strong> séromuqueuse (OSM) est définie par l’existence d’un épanchement sans symptôme<br />

d’inflammation aiguë, au sein des cavités de l’oreille moyenne. Il peut revêtir tous les<br />

intermédiaires, de l’épanchement de viscosité légère <strong>et</strong> de transparence claire, à l’épanchement de<br />

viscosité épaisse <strong>et</strong> d’aspect trouble.<br />

4.1. Facteurs favorisants<br />

L’examen clinique doit tenter d’évaluer une cause, ou tout au moins des facteurs favorisants, à<br />

c<strong>et</strong>te OSM.<br />

• Une division vélaire ou vélopalatine doit être recherchée, même dans sa forme sousmuqueuse,<br />

voire une lu<strong>et</strong>te bifide. Chez ces enfants, même lorsque la fente a été fermée<br />

chirurgicalement, l’<strong>otite</strong> apparaît souvent très tôt <strong>et</strong> peut se prolonger fort longtemps.<br />

• Une tumeur du cavum (cancer indifférencié, lymphome, rhabdomyosarcome …), de la<br />

fosse infra-temporale ou de l’apex pétreux doit être évoquée à tout âge, car l’OSM peut en<br />

être un mode de révélation, par envahissement de la trompe d’Eustache <strong>et</strong> du cavum.<br />

L’OSM y est très souvent unilatérale. C’est insister sur l’exploration de ces régions<br />

(clinique par une fibroscopie nasopharyngée, <strong>et</strong> radiologique, si nécessaire, par un examen<br />

tomodensitométrique ou une imagerie par résonance magnétique). Tout doute doit conduire<br />

à la pratique d’une biopsie muqueuse qui pourra aussi révéler une maladie de système<br />

débutant comme une connectivite.<br />

• Le rôle de l’hypertrophie adénoïdienne <strong>chez</strong> l’enfant est controversé, celle-ci interviendrait<br />

par le biais de l’infection<br />

• La recherche d’autres facteurs de dysperméabilité nasale comme une malformation<br />

cranio-faciale, l’hypertrophie des corn<strong>et</strong>s ou la déviation septale doit compléter l’examen<br />

ORL.<br />

• Enfin, un écoulement de liquide céphalorachidien dans la caisse du tympan, d’étiologie<br />

post- traumatique ou malformative, peut simuler en tout point une OSM.<br />

4.2. Notions épidémiologiques<br />

• l’OSM est une pathologie très fréquente, touchant près de 50% des enfants,<br />

• l’âge moyen est de 5 ans,<br />

• elle est bilatérale dans 85% des cas,<br />

• la durée moyenne d’une OSM est de 3 mois,<br />

• la récupération spontanée est rare quand l’OSM a duré plus de 3 mois,<br />

• 6% des enfants ont une OSM traînante,<br />

• toute OSM traînante doit faire craindre l’évolution vers une <strong>otite</strong> chronique.<br />

4.3. Diagnostic<br />

L’OSM est une affection protéiforme caractérisée par une évolution fluctuante <strong>et</strong> par une<br />

extraordinaire latence qui peut la rendre totalement asymptomatique.<br />

4.3.1. Circonstances de découverte<br />

4.3.1.1. L’hypoacousie est le mode de révélation habituel.<br />

• L’enfant augmente le volume sonore de la télévision ou de la radio, ne répond pas quand<br />

on l’appelle, entend mal au téléphone, confond certains phonèmes <strong>et</strong> paraît même distrait à<br />

l’école.<br />

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15


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• Un discr<strong>et</strong> r<strong>et</strong>ard de langage doit être recherché.<br />

• L’hypoacousie est le plus souvent bilatérale ; on estime qu’une hypoacousie bilatérale<br />

supérieure à 30 décibels peut entraîner des conséquences dommageables sur le<br />

développement du langage <strong>et</strong> les acquisitions scolaires de l’enfant. En dessous de ce seuil<br />

ou en cas d’hypoacousie unilatérale, il n’existe pas de conséquence fâcheuse.<br />

4.3.1.2. L’otalgie a plusieurs formes d’expression<br />

• Fugace, durant quelques minutes ou quelques heures, elle accompagne très souvent les<br />

épisodes de rhino-pharyngites.<br />

• Sous la forme de « blocages ou tensions auriculaires », elle réveille l’enfant la nuit mais,<br />

bien vite, après un cri, un mouchage ou un bâillement, celui-ci se rendort instantanément.<br />

4.3.1.3. La découverte peut être fortuite entre des épisodes<br />

d’OMA.<br />

Ce tableau est très particulier au nourrisson, mais pour porter le diagnostic d’<strong>otite</strong> séreuse sousjacente,<br />

il est indispensable d’examiner le tympan de l’enfant en dehors de l’épisode d’OMA.<br />

4.3.1.4. Parmi les autres symptômes<br />

les grands enfants <strong>et</strong> les adultes signalent une sensation d’oreille pleine, de bruit étouffé, de<br />

blocage, de liquide changeant de place <strong>et</strong> de vertige.<br />

4.3.2. L’otoscopie<br />

L’otoscopie montre un tympan pratiquement toujours modifié<br />

Il est parfois considéré comme normal lors d’un examen rapide <strong>et</strong> sans grossissement, mais<br />

l’examen au microscope ou à l’optique montrera toujours une anomalie.<br />

Les modifications portent sur<br />

• sa couleur,<br />

• sa texture<br />

• <strong>et</strong> sa mobilité :<br />

4.3.2.1. La perte de semi-transparence<br />

avec un aspect plus épais, comme oedématié, est le plus habituel. Les reliefs restent cependant<br />

bien visibles, à la différence de ce que l’on observe dans les OMA collectées. Il existe des<br />

vaisseaux radiés à la périphérie de la membrane tympanique, dans la région adjacente au CAE.<br />

L’observation d’un tympan bleu est le témoin d’une longue évolution de l’OSM (constitution, dans<br />

les cavités de l’oreille moyenne, de granulomes de cholestérine où s’accumulent des dépôts<br />

d’hémosidérine responsables de la couleur si particulière de l’épanchement). Lorsque le tympan a<br />

encore gardé sa transparence, un ou plusieurs niveaux liquides ou des bulles au sein même du<br />

liquide peuvent être spontanément visibles.<br />

4.3.2.2. Un tympan d’aspect très aminci<br />

rétracté voire atrophique, correspond aussi à une évolution ancienne. La rétraction peut occuper<br />

toute la membrane ou siéger dans sa partie postérosupérieure. C<strong>et</strong>te situation, qui peut être un état<br />

séquellaire, peut aussi précéder le stade de la poche de rétraction <strong>et</strong> évoluer vers les complications<br />

que sont l’<strong>otite</strong> atélectasique <strong>et</strong> le cholestéatome.<br />

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4.3.2.3. La diminution de mobilité du tympan<br />

au spéculum pneumatique, signifie que du liquide est présent dans la caisse de l’oreille moyenne.<br />

4.3.3. L’examen audiométrique<br />

L’examen audiométrique confirme le diagnostic <strong>et</strong> évalue l’importance de la perte auditive.<br />

4.3.3.1. Audiométrie tonale<br />

La surdité de transmission est de 27 décibels en moyenne sur les fréquences conversationnelles.<br />

Chez le jeune enfant, pourtant le plus exposé à OSM, il n’est pas possible de faire un examen<br />

audiométrique aussi précis, au casque, à oreilles séparées, avec étude des seuils en conduction<br />

aérienne <strong>et</strong> osseuse. Un bon élément de présomption sera donné lors de la réalisation d’un réflexe<br />

d’orientation conditionné ou d’un ciné-show, par l’existence d’une courbe ascendante des graves<br />

vers les aigus.<br />

N’oublions pas qu’une OSM peut venir aggraver une surdité de perception préexistante <strong>et</strong> que,<br />

dans ce cas son traitement facilitera toujours la réhabilitation de la surdité.<br />

4.3.3.2. Tympanométrie<br />

Elle complète l’examen audiométrique pour confirmer l’existence d’un contenu liquidien dans la<br />

caisse du tympan <strong>et</strong> rapporter le déficit auditif à c<strong>et</strong>te cause.<br />

La courbe A correspond à un tracé normal. Elle a une forme en « toit de pagode », une amplitude<br />

de 4 à 10 unités relatives <strong>et</strong> se situe entre –200 <strong>et</strong> +200 mm d’eau.<br />

La courbe B correspond à un tracé plat par diminution importante de la mobilité tympanique. Elle<br />

caractérise un OSM, ou un tympan totalement rétracté.<br />

Courbes de tympanométrie<br />

La courbe C correspond à une dépression importante dans l’oreille moyenne au-delà de –100 mm<br />

d’eau. L’amplitude du pic est variable. C<strong>et</strong> aspect est compatible avec un dysfonctionnement<br />

4.4. Traitements<br />

L’arsenal médico-chirurgical est étendu, ce qui explique qui y ait de nombreuses controverses sur<br />

les indications de ces traitements.<br />

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4.4.1. Traitements médicaux<br />

4.4.1.1. L’antibiothérapie<br />

Le liquide d’épanchement de l’OSM contient des bactéries identiques de celle des <strong>otite</strong>s moyennes<br />

aiguës avec présence de Streptococcus pneumoniae <strong>et</strong> d’Haemophilus influenzae.<br />

Les principaux antibiotiques utilisables sont amoxicilline-acide clavulanique (80mg/kg/j en trois<br />

prises), cefpodoxime (8mg/kg/j en deux prises), cefuroxime-ax<strong>et</strong>il (30mg/kg/j en 2 prises), <strong>et</strong> en<br />

cas d’allergie aux β-lactamines, érythromycine-sulfafurazole (50 mg/kg/j en trois prises) [pour les<br />

équivalences des antibiotiques utilisés, cf. OMA].<br />

La durée du traitement antibiotique, la plus communément admise, est de 10 jours.<br />

4.4.1.2. Les anti-inflammatoires :<br />

seuls les anti-inflammatoires stéroïdiens sont temporairement efficaces, les AINS seraient plutôt<br />

néfastes.<br />

4.4.1.3. Les anti-histaminiques<br />

Les anti-histaminiques ne sont à prescrire qu’en cas de manifestations allergiques prouvées.<br />

4.4.1.4. Les mucorégulateurs<br />

Les mucorégulateurs n’ont pas de rôle démontré.<br />

4.4.1.5. Les traitements mécaniques<br />

Les méthodes d’insufflation tubaire : essentiellement pratiquées en cures thermales, elles<br />

proposent de maintenir une ventilation efficace de l’oreille moyenne par l’intermédiaire de<br />

l’apprentissage de la manœuvre de Valsalva ou de ses équivalents. Elles nécessitent une<br />

coopération active des enfants, possible à obtenir après l’âge de 3 ans.<br />

La kinésithérapie tubaire : fréquemment utilisée en cures thermales, elle est destinée à lutter contre<br />

la dysperméabilité tubaire, mais elle relève d’une technique difficilement applicable <strong>chez</strong> le jeune<br />

enfant. C<strong>et</strong>te technique associe des exercices linguaux, vélaires <strong>et</strong> mandibulaires réalisés bouche<br />

ouverte <strong>et</strong> fermée. Elle perm<strong>et</strong> aussi de comprendre le rôle néfaste du reniflement qui, par un<br />

phénomène inverse à celui de la kinésithérapie tubaire, entr<strong>et</strong>ient la dépression tympanique.<br />

4.4.1.6. La crénothérapie<br />

Elle est indiquée lorsque les traitements conventionnels tardent à donner des résultats, en<br />

particulier après mise en place répétée d’aérateurs transtympaniques. Elle consiste à éradiquer tous<br />

les foyers infectieux de voisinage, adénoïdiens <strong>et</strong> sinusiens, à traiter le dysfonctionnement tubaire<br />

ainsi que l’ensemble des muqueuses naso-sinuso-tubaires <strong>et</strong> le terrain.<br />

4.4.2. Traitements chirurgicaux<br />

4.4.2.1. Les aérateurs transtympaniques (ATT)<br />

Sont de p<strong>et</strong>its tubes de silicone ou de téflon placés, sous anesthésie générale, dans l’épaisseur de la<br />

membrane tympanique à sa partie antérosupérieure. Leur rôle est de perm<strong>et</strong>tre une aération<br />

permanente des cavités de l’oreille moyenne, réalisant un « court-circuit » entre le conduit <strong>et</strong> la<br />

caisse du tympan.<br />

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Notions à connaître concernant les ATT<br />

Sont aussi appelés « yoyo » ou « diabolo »<br />

Se placent sous anesthésie locale ou générale en fonction de l‘âge <strong>et</strong> de l’angoisse du patient<br />

La voie d’abord est celle du CAE (celle du spéculum)<br />

Leur « durée de vie » est de 6 à 9 mois<br />

La baignade est contre indiquée<br />

Les complications les plus fréquentes sont :<br />

• l’otorrhée purulente due au staphylocoque doré ou au bacille pyocyanique,<br />

• l’obstruction de l’ATT par du cérumen ou un caillot de sang,<br />

• l’otorragie due au développement d’un polype sur les bords de la perforation,<br />

• la perforation résiduelle (2 à 10% des cas)<br />

4.4.2.2. L’adénoïdectomie<br />

Est l’ablation, au moyen d’une cur<strong>et</strong>te, des végétations adénoïdes situées sur les parois supérieure<br />

<strong>et</strong> postérieure du cavum, ainsi qu’autour de l’orifice des trompes d’Eustache ; elle agit par une<br />

levée de l’obstruction mécanique des trompes d’Eustache <strong>et</strong> par éradication de réservoir bactérien.<br />

4.4.2.3. La mastoïdectomie<br />

Est indiquée lorsqu’une mastoïdite subaiguë, résistante à une antibiothérapie parentérale, vient<br />

compliquer une OSM sous-jacente.<br />

4.4.3. Indications thérapeutiques<br />

Elles doivent tenir compte de la gêne de l’enfant, son âge, l’importance de l’hypoacousie, la<br />

répétition des surinfections, la souffrance tympanique, <strong>et</strong> les risques d’un geste chirurgical comme<br />

la labyrinthisation ou l’otorrhée sur ATT.<br />

4.4.3.1. Les indications d’un ATT (Références Médicales<br />

Opposables)<br />

Doivent être posées après s’être assuré que l’OSM persistait depuis au moins 3 mois <strong>et</strong> qu’elle<br />

résistait à un traitement médical (antibio-corticoïde). Ce sont :<br />

• une surdité de transmission supérieure à 30 décibels avec r<strong>et</strong>ard de langage,<br />

• une surdité de perception sous-jacente,<br />

• des épisodes de surinfection répétés (plus de 5 à 6 épisodes d’OMA par hiver)<br />

une rétraction tympanique.<br />

4.4.3.2. La surveillance<br />

Est requise pour les autres formes d’OSM, qui, par leur pronostic plus favorable, guérissent<br />

spontanément dans 85 % des cas, sans séquelle, surtout <strong>chez</strong> le jeune enfant. Ce sont :<br />

l’OSM unilatérale (après s’être assuré de l’absence de tumeur),<br />

une perte inférieure à 25 décibels sans aucun trouble du langage.<br />

l’OSM découverte en période estivale.<br />

4.5. Formes évolutives<br />

L’OSM est la plaque tournante de tous les processus d’<strong>otite</strong> chronique. Toute OSM traînant après<br />

l’âge de 7 ans doit faire craindre l’évolution vers une <strong>otite</strong> chronique : la surveillance otologique<br />

de c<strong>et</strong> enfant doit être systématique <strong>et</strong> rigoureuse [cf. <strong>otite</strong> chronique].<br />

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5. Otites chroniques<br />

Il n’existe pas une <strong>otite</strong> chronique mais des <strong>otite</strong>s chroniques dont le seul point commun est<br />

l’existence d’un processus inflammatoire de la muqueuse des cavités de l’oreille moyenne,<br />

évoluant depuis plus de trois mois. La pathogénie de ces <strong>otite</strong>s chroniques est complexe,<br />

multifactorielle. Les principaux facteurs identifiés, à ce jour, sont tubaires, bactériologiques,<br />

histologiques, immunologiques, biochimiques <strong>et</strong> anatomiques.<br />

L’OSM est considérée comme la plaque tournante de tous les processus d’<strong>otite</strong> chronique <strong>et</strong> porte<br />

en elle le potentiel susceptible de conduire aux autres formes cliniques.<br />

Tableau sur la filiation des différentes formes d’<strong>otite</strong> chronique à partir de l’OSM<br />

Toute <strong>otite</strong> chronique doit faire redouter la présence d’un cholestéatome qui en représente la forme<br />

la plus grave.<br />

5.1. Otite chronique à tympan ouvert<br />

L’inflammation <strong>et</strong> la dépression chronique dans la caisse du tympan vont aboutir à la perforation<br />

de la membrane tympanique.<br />

5.1.1. l’<strong>otite</strong> muqueuse à tympan ouvert<br />

Est définie par une inflammation chronique de la muqueuse revêtant les cavités de l’oreille<br />

moyenne.<br />

5.1.1.1. Cliniquement<br />

L’otorrhée est le symptôme majeur.Au début minime, filante, inodore, elle peut devenir purulente,<br />

abondante, voire fétide, à l’occasion d’infections rhinosinusiennes ou de baignades.<br />

5.1.1.2. L’otoscopie<br />

Montre une perforation tympanique non marginale, de taille variable, de siège antérieur ou central.<br />

Vue au travers de la perforation, la muqueuse apparaît épaissie, œdémateuse <strong>et</strong> luisante.<br />

5.1.1.3. L’audiométrie<br />

Révèle une surdité de transmission entre 20 à 40 décibels. Le reste de l’examen ORL recherche<br />

d’autres signes d’atteinte de la muqueuse des voies respiratoires (sinusite ou rhinite chronique).<br />

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5.1.1.4. L’évolution<br />

De c<strong>et</strong>te <strong>otite</strong> chronique, bénigne dans la grande majorité des cas, est menacée par deux risques<br />

d’inégale importance : soit une ostéite en particulier mastoïdienne, qui va pérenniser<br />

l’inflammation, soit une épidermose à partir des berges de la perforation qui va conduire au<br />

cholestéatome.<br />

5.1.1.5. Au plan thérapeutique<br />

Après avoir assécher l’oreille par un traitement antibiotique, la perforation tympanique est fermée<br />

par une myringoplastie.<br />

5.1.2. L’<strong>otite</strong> séquellaire<br />

Est définie par la disparition des phénomènes inflammatoires qui constituent la définition même de<br />

l’<strong>otite</strong> chronique. Il s’agit de véritables séquelles susceptibles d’intéresser la membrane<br />

tympanique <strong>et</strong>/ou la chaîne ossiculaire.<br />

5.1.2.1. Cliniquement<br />

Les circonstances de découverte sont variables :<br />

• une otorrhée à l’occasion d’une poussée de réchauffement,<br />

• une hypoacousie négligée,<br />

• une découverte fortuite.<br />

5.1.2.2. L’otoscopie<br />

Montre une perforation tympanique qui a les mêmes caractéristiques que dans l’<strong>otite</strong> muqueuse à<br />

tympan ouvert, mais elle laisse voir une muqueuse de fond de caisse normale. La chaîne<br />

ossiculaire, parfois visible par la perforation, peut être intacte ou atteinte principalement sous<br />

forme d’une lyse de la branche descendante de l’enclume.<br />

5.1.2.3. L’audiométrie<br />

Révèle une surdité de transmission pure, variable de 10 à 40 décibels, selon l’état du tympan <strong>et</strong> de<br />

la chaîne ossiculaire.<br />

5.1.2.4. Le traitement<br />

Est chirurgical, une myringoplastie pour réparer le tympan, <strong>et</strong> si nécessaire une ossiculoplastie<br />

pour rétablir la continuité ossiculaire.<br />

5.2. Tympanosclérose<br />

Elle se caractérise par une transformation hyaline de la muqueuse de l’oreille moyenne. C<strong>et</strong>te<br />

transformation conduit à l’infiltration progressive de la muqueuse par des lamelles pseudocartilagineuses<br />

ou par de blocs pseudo-calcaires immobilisant les ossel<strong>et</strong>s. Il faut distinguer c<strong>et</strong>te<br />

tympanosclérose, de la simple infiltration calcaire de la membrane tympanique, appelée aussi<br />

myringosclérose, très fréquente dans les suites de pose d’ATT <strong>et</strong> sans conséquence fonctionnelle.<br />

5.2.1. Cliniquement<br />

Les circonstances de découverte sont une hypoacousie progressive <strong>chez</strong> un grand enfant aux<br />

antécédents otitiques chargés.<br />

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5.2.2. L’otoscopie<br />

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Montre un tympan blanc, jaunâtre, infiltré de plaques dures, d’étendue variable, séparées les unes<br />

des autres par des zones pellucides. Une perforation tympanique peut être associée, laissant voir<br />

une infiltration blanc-jaunâtre de la muqueuse du fond de caisse, voire une atteinte de la chaîne<br />

ossiculaire.<br />

5.2.3. L’audiométrie<br />

Révèle une surdité de transmission.<br />

5.2.4. Le traitement<br />

Doit tenir compte du potentiel évolutif de c<strong>et</strong>te affection. En eff<strong>et</strong>, si la ferm<strong>et</strong>ure de la membrane<br />

tympanique (myringoplastie) donne de bons résultats, le geste de libération ossiculaire<br />

(ossiculoplastie) donne des résultats variables <strong>et</strong> généralement temporaires.<br />

5.3. Otite atelectasique<br />

5.3.1. La poche de rétraction (PR)<br />

se définit comme un collapsus de la caisse du tympan qui aboutit à la rétraction de la membrane<br />

tympanique. Les deux principales étiologies sont la fragilisation de la membrane tympanique <strong>et</strong> la<br />

dépression endotympanique.<br />

PR atriale, fixée,non marginale, auton<strong>et</strong>toyante<br />

PR atticale, fixée, marginale, auton<strong>et</strong>toyante<br />

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PR atticale, fixée, marginale, non auton<strong>et</strong>toyante (otorrhée)<br />

5.3.1.1. L’otoscopie<br />

Sous microscope ou à l’optique perm<strong>et</strong> de définir une PR par :<br />

• sa topographie : au niveau de la pars tensa (on parlera de rétraction atriale) ou au niveau de<br />

la pars flaccida (rétraction atticale)<br />

• son caractère : non marginal (atteignant le sulcus osseux →) ou non marginal.<br />

• la stabilité de l’épiderme : normal (on parlera de poches auton<strong>et</strong>toyantes) ou<br />

dyskératosique conduisant à l’accumulation de squames (poches non auton<strong>et</strong>toyantes).<br />

• sa réversibilité, notamment lors des manœuvres de Valsalva, ou sa fixité en particulier à<br />

l’articulation incudo-stapédienne .<br />

5.3.1.2. Au plan fonctionnel<br />

• L’atteinte auditive dépend de l’état de la chaîne ossiculaire (fréquence de la lyse de la<br />

branche descendante de l’enclume) <strong>et</strong> de la présence ou non d’un épanchement<br />

rétrotympanique. Il s’agit dans tous les cas d’une surdité de type transmissionnel, allant de<br />

10 à 40 décibels de perte.<br />

• La présence d’une otorrhée fétide constitue un signe de gravité qui témoigne de la<br />

surinfection d’une PR ; elle fait redouter l’évolution vers un cholestéatome.<br />

5.3.1.3. L’attitude thérapeutique<br />

Doit r<strong>et</strong>enir que les PR sont d’autant plus agressives qu’elles surviennent tôt dans la vie.<br />

• Lorsque la PR est propre, stable <strong>et</strong> contrôlable, l’abstention chirurgicale est de mise.<br />

L’attitude associera une surveillance otoscopique régulière, le traitement des infections<br />

oro-rhino-pharyngées <strong>et</strong> sinusiennes, voire la mise en place d’un ATT si la poche paraît<br />

devoir évoluer.<br />

• A l’opposé, toute PR incontrôlable, desquamante, à fortiori otorrhéïque (états précholestéatomateux)<br />

ou toute surdité transmissionnelle invalidante, constituent une<br />

indication chirurgicale de tympanoplastie (myringoplastie +/- ossiculoplastie).<br />

5.3.2. L’<strong>otite</strong> fibro-adhésive<br />

est la conséquence directe de l’inflammation chronique de la caisse du tympan. Elle est<br />

caractérisée par un comblement de la caisse du tympan par du tissu conjonctif épais entraînant la<br />

disparition de tout espace aérien résiduel, bloquant les ossel<strong>et</strong>s, ne laissant que quelques espaces<br />

remplis d’une glu épaisse.<br />

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5.3.2.1. Cliniquement<br />

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les circonstances de découverte se résument à une hypoacousie progressive, sans otorrhée, ni<br />

otalgie.<br />

5.3.2.2. L’otoscopie<br />

donne le diagnostic en montrant un tympan épaissi, gris, blanchâtre, globalement rétracté, avec<br />

une verticalisation du manche du marteau, sans jamais mouler avec précision les reliefs<br />

ossiculaires, comme dans l’<strong>otite</strong> atélectasique. Le tympan n’est pas perforé.<br />

5.3.2.3. L’audiométrie<br />

révèle une surdité de type mixte, l’atteinte de l’oreille interne étant caractéristique de l’évolution<br />

de l’<strong>otite</strong> fibro-adhésive.<br />

5.3.2.4. Le traitement chirurgical<br />

se solde par un échec <strong>et</strong> la récidive du comblement conjonctif. La mise en place d’un ATT perm<strong>et</strong>,<br />

de façon inconstante, une aération des cavités de l’oreille moyenne.<br />

5.4. Otite cholestéatomateuse ou cholestéatome<br />

Elle est la forme la plus grave d’<strong>otite</strong> chronique à cause de:<br />

• son aspect clinique protéiforme<br />

• sa fréquente surinfection,<br />

• son pouvoir destructeur,<br />

• la gravité de ses complications,<br />

• sa redoutable tendance à la récidive.<br />

5.4.1. Pathogénie<br />

Elle est définit par la présence dans l’oreille moyenne d’un épithélium malpighien kératinisé, doué<br />

d’un triple potentiel de desquamation, de migration <strong>et</strong> d’érosion. Elle justifie pleinement le<br />

qualificatif de dangereux, classiquement attribué à c<strong>et</strong>te <strong>otite</strong> chronique.<br />

5.4.1.1. Les formes acquises<br />

Répondent à la théorie de la migration épithéliale. Celle-ci peut adopter quatre mécanismes<br />

différents :<br />

• migration directe à partir des berges d’une perforation tympanique marginale,<br />

• migration en profondeur par prolifération papillaire des cellules de la couche basale de<br />

l’épithélium du CAE <strong>et</strong> de la membrane tympanique,<br />

• implantation épithéliale d’origine traumatique à l’occasion d’une fracture du rocher ou<br />

postchirurgicale,<br />

• rétraction <strong>et</strong> invagination de la membrane tympanique (états pré-cholestéatomateux des<br />

<strong>otite</strong>s atélectasiques).<br />

5.4.1.2. Les formes congénitales sont plus rares<br />

Leur topographie préférentielle dans le cadran antérosupérieur du tympan trouve une explication<br />

pathogénique dans la persistance d’un reliquat épidermoïde normalement présent <strong>chez</strong> l’embryon<br />

entre la 10 e <strong>et</strong> la 30 e semaine de gestation (théorie de Mickaels).<br />

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5.4.2. Diagnostic<br />

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5.4.2.1. Les circonstances de découverte :<br />

• l’otorrhée fétide, résistante aux traitements antibiotiques, parfois associée à une otorragie<br />

• l’hypoacousie d’évolution progressive ou rapide. Certains cholestéatomes ne<br />

s’accompagnent d’aucune surdité car ils prennent, après les avoir détruits, la place des<br />

ossel<strong>et</strong>s (surtout au niveau de l’enclume),<br />

• une découverte fortuite à l’occasion d’une otoscopie systématique,<br />

• une complication (paralysie faciale périphérique, instabilité voire vertige, plus rarement<br />

méningite purulente, abcès intracrânien ou thrombose du sinus latéral),<br />

• enfin, au cours de la surveillance systématique de patients ayant une <strong>otite</strong> chronique, en<br />

particulier une PR.<br />

5.4.2.2. Le diagnostic est otoscopique<br />

Plusieurs aspects sont possibles<br />

• perforation ou PR marginale atticale (au niveau de la pars flaccida) laissant échapper du<br />

pus mêlé de squames épidermiques,<br />

• croûtelles ou polypes atticaux masquant un authentique cholestéatome (l’examen<br />

otoscopique d’une <strong>otite</strong> chronique doit toujours se faire sur un CAE <strong>et</strong> un tympan libres de<br />

tous débris),<br />

• masse blanchâtre rétrotympanique (formes congénitales).<br />

5.4.2.3. La recherche de complications<br />

Elle doit compléter l’examen clinique<br />

• une paralysie faciale périphérique, même minime,<br />

• une fistule du canal semi-circulaire externe par le signe de la fistule (l’obturation brusque<br />

du CAE en appuyant sur le tragus engendre une hyperpression qui sera transmise à la<br />

caisse du tympan puis dans le canal semi-circulaire externe en cas de lyse osseuse),<br />

• une otorrhée cérébro-spinale (otorrhée claire, parfois mêlée de sang <strong>et</strong> de pus)<br />

5.4.2.4. L’audiométrie<br />

Elle a deux buts<br />

• quantifier l’hypoacousie transmissionnelle, qui est fonction de l’atteinte ossiculaire. La<br />

perte auditive moyenne est de 30 décibels,<br />

• suivre le devenir fonctionnel postopératoire.<br />

5.4.2.5. L’examen tomodensitométrique<br />

(coupes fines en incidences axiales <strong>et</strong> coronales) a trois objectifs :<br />

• réaliser le bilan d’extension du cholestéatome en montrant l’association de lyse osseuse<br />

ossiculaire <strong>et</strong> d’opacités,<br />

• rechercher d’éventuelles complications comme une lyse du tegmen ou du canal<br />

semicirculaire externe<br />

• dépister d’éventuelles anomalies anatomiques (procidences du sinus latéral ou du tegmen<br />

tympani), dans l’optique d’un geste chirurgical<br />

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5.4.3. Traitement<br />

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Il est toujours chirurgical, eu égard au triple potentiel de desquamation, de migration <strong>et</strong> d’érosion<br />

du cholestéatome. Il doit être réalisé en urgence en cas de complications.<br />

L’objectif chirurgical est triple<br />

• réaliser prioritairement l’exérèse totale de tout l’épithélium malpighien ayant envahi les<br />

cavités de l’oreille moyenne,<br />

• éviter le risque de récidive,<br />

• préserver ou réhabiliter la fonction auditive.<br />

Le chirurgien ORL dispose de deux grands types d’interventions pour atteindre ces objectifs.<br />

• les tympanoplasties conservatrices du CAE. Elles réalisent une masto-atticotomie avec,<br />

réparation de la membrane tympanique (myringoplastie) <strong>et</strong> reconstruction de la chaîne<br />

ossiculaire (ossiculoplastie). Ce sont les techniques dites « fermées » qui exigent un<br />

deuxième temps chirurgical de vérification (10 à 18 mois plus tard) afin d’éliminer tout<br />

cholestéatome résiduel.<br />

• les tympanoplasties destructrices du CAE. Elles réalisent une cavité d’évidement<br />

« ouverte » vers l’extérieur avec ferm<strong>et</strong>ure de la caisse du tympan par myringoplastie <strong>et</strong><br />

éventuellement ossiculoplastie.<br />

Tout cholestéatome peut récidiver, même après un traitement chirurgical bien conduit.<br />

Ainsi, tout patient opéré doit être impérativement surveillé, à vie, par des otoscopies<br />

rigoureuses.<br />

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