Une militante discr è - Maroc Hebdo International
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PORTRAIT<br />
Portrait Nouzha Skalli, minis tr<br />
<strong>Une</strong> <strong>militante</strong> <strong>discr</strong> <strong>è</strong><br />
M<strong>è</strong>re de famille, ministre, <strong>militante</strong> associative et<br />
pharmacienne, Nouzha Skalli, lauréate flambant<br />
neuve du prix Minerva Anna Maria Mammoliti, est<br />
au four et au moulin pour concilier ses différents<br />
engagements. Rétrospective des faits d’arme d’une<br />
battante.<br />
En remportant, jeudi 26 novembre 2009 à Rome, le prix<br />
Minerva Anna Maria Mammoliti, -catégorie politique-, récompensant<br />
les femmes qui se sont illustrées par leur engagement<br />
politique, associatif, humanitaire…, Nouzha Skalli a<br />
franchi un nouveau palier dans sa carri<strong>è</strong>re. Cette distinction, qui intervient<br />
quelques semaines seulement -c’était le 4 novembre 2009-<br />
apr<strong>è</strong>s le prix Opus remporté par Aïcha Chenna, honore le parcours<br />
de cette m<strong>è</strong>re de famille de 59 ans, native d’El Jadida et pharmacienne<br />
de formation et de profession.<br />
A travers elle, c’est la femme marocaine qui est honorée comme<br />
elle n’a eu de cesse de le répéter à l’issue de la cérémonie de<br />
remise des prix Minerva. Nouzha Skalli joue collectif en ne s’attribuant<br />
pas le méritée exclusif de la consécration. En bonne politicienne,<br />
elle préf<strong>è</strong>re y voir une récompense des efforts<br />
consentis par la femme marocaine dans son combat pour<br />
l’égalité des chances. «La politique a besoin des femmes, de<br />
leur regard, pour lutter contre l’analphabétisme et l’exclusion».<br />
© Ph.MAP<br />
Engagement<br />
Titulaire d’un diplôme de pharmacie à l’université de<br />
Montpellier en 1974, Nouzha Skalli a dû attendre l’âge de<br />
la plénitude pour faire parler d’elle. Entre la famille et la<br />
pharmacie, difficile de s’engager au début au point du<br />
renoncement et du don de soi. Il a fallu attendre 1985<br />
pour qu’elle devienne un personnage public.<br />
Effectivement, cette année-là, elle a fondé en compagnie<br />
d’autres <strong>militante</strong>s l’Association démocratique<br />
des Femmes du <strong>Maroc</strong> (ADFM), sorte de baptême<br />
du feu dans le long chemin de la reconnaissance<br />
des droits des femmes. En 1992, pour donner plus<br />
de sens et de vigueur à son combat, elle a fondé le<br />
Comité national pour la Participation des Femmes<br />
à la vie politique.<br />
Un militantisme qui ne lui a pas fait oublier pour<br />
autant son gagne-pain en tant que pharmacienne.<br />
Ainsi, de 1993 à 1997, elle a présidé la Fédération<br />
des Syndicats des Pharmaciens du <strong>Maroc</strong> et,
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s tre du Développement social<br />
<strong>è</strong>te, mais efficace<br />
durant la même période (1993-1998), le Syndicat des<br />
Pharmaciens d’officine de Casablanca. <strong>Une</strong> implication<br />
soutenue qui lui a valu un prix décerné par l’Union<br />
des Pharmaciens en 2001.<br />
Députée PPS à la Chambre des Représentants depuis<br />
2002, Nouzha Skalli a été désignée chef du groupe<br />
parlementaire de l’Alliance socialiste entre 2003 et<br />
2004. Elle a également été vice-présidente de la Commission<br />
des secteurs sociaux à la Chambre des Représentants.<br />
<strong>Une</strong> mission taillée à la mesure de son<br />
combat portant sur la justice sociale et à la lutte contre<br />
l’exclusion.<br />
On peut donc conclure que sa nomination le 15 octobre<br />
2007 en tant que ministre du Développement social, de<br />
la Famille et de la Solidarité constitue pour elle l’apothéose<br />
de sa carri<strong>è</strong>re. Non pas que le portefeuille ministériel<br />
soit, en tant que tel, une fin, mais la<br />
pharmacienne <strong>militante</strong> allait enfin pouvoir lancer<br />
nombre de chantiers qui lui tenaient et lui tiennent<br />
toujours à cœur. C’est à dire, encore et toujours, les<br />
droits des femmes, la lutte contre l’illettrisme, l’exclusion,<br />
la violence…, en plus de la promotion de l’action<br />
humanitaire, de l’intégration des démunis… Un engagement<br />
à temps plein qui lui fait presque oublier la<br />
différence entre les corticoïdes et les anabolisants.<br />
Présence<br />
Dans la rubrique de la présence médiatique, Nouzha<br />
Skalli a fait le plein ou peu s’en faut. Entre le Wall<br />
Street Journal, Le Monde, Le Point, El Mundo…, sans<br />
parler des chaînes de télévision les plus regardées, elle<br />
a réussi à inscrire son département sur de prestigieux<br />
agendas. Le prix Minerva ne peut à ce titre qu’accélérer<br />
la cadence des demandes d’entretiens.<br />
C’est que Madame la ministre est tr<strong>è</strong>s courtisée et doit<br />
posséder un don d’ubiquité pour concilier son engagement<br />
politique, professionnel et associatif. C’est le prix<br />
à payer de la célébrité. Et ce n’est pas tout. Nouzha<br />
Skalli trouve du temps pour apporter sa contribution<br />
aux publications de l’Association démocratique des<br />
Femmes du <strong>Maroc</strong>. Ainsi, elle a signé entre autres,<br />
Droits des femmes au Maghreb : l’universel et le spécifique,<br />
en 1992, puis Femmes et pouvoir au <strong>Maroc</strong> : la<br />
démocratie mutilée, en 2001, ou encore Budget participatif,<br />
en 2003.<br />
Avant le prix Minerva, il y en a eu d’autres, notamment<br />
celui du Meilleur leader,<br />
décerné en 2004 par le<br />
Population Institute de<br />
Washington en 2004, ou<br />
le Printemps des talents<br />
féminins en 2005, par<br />
ESPODE. Elle est également<br />
membre du<br />
Comité de pilotage du<br />
GNLG (Global Network<br />
for Local Governance),<br />
réseau mondial de la gouvernance<br />
locale, basé à<br />
New Delhi. Elle est également<br />
membre fondatrice<br />
de l’Organisation marocaine<br />
des Droits de<br />
l’Homme (OMDH) et<br />
membre du Conseil d’administration<br />
de l’Institution nationale de solidarité avec<br />
les femmes en détresse (INSAF).<br />
Sa prestation à la tête du département du Développement<br />
social, de la Famille et de la Solidarité lui permet-elle<br />
de mener à bon port tous les chantiers initiés?<br />
Dispose-t-elle des moyens de sa politique? Laissons au<br />
futur proche le soin d’établir le bon diagnostic.<br />
Ismaïl Harakat<br />
DATECLÉ<br />
1950 : Naissance à El Jadida<br />
1974 : Diplômée en pharmacie<br />
de l’université de<br />
Montpellier<br />
1985 : Membre fondatrice de<br />
l’Association démocratique<br />
des femmes du <strong>Maroc</strong><br />
2002 : Députée PPS<br />
2003-2004 : Chef de groupe<br />
parlementaire<br />
2007 : Nommée ministre du<br />
Développement social, de la<br />
famille et de la solidarité<br />
2009 : Prix Minerva Anna<br />
Maria Mammoliti<br />
“La politique a besoin des femmes,<br />
de leur regard, pour lutter contre<br />
l’analphabétisme et l’exclusion”.<br />
N° 864 Du 04 au 10 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 33