téléchargez le petit journal - La maison rouge
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vinyl, disques et pochettes d’artistes<br />
la col<strong>le</strong>ction guy schraenen<br />
cé<strong>le</strong>ste boursier-mougenot<br />
marco decorpeliada, schizomètres<br />
thu van tran, <strong>le</strong> nombre pur selon duras<br />
daniela franco, face B<br />
19.02.10<br />
16.05.10<br />
la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
fondation antoine de galbert<br />
10 bou<strong>le</strong>vard de la bastil<strong>le</strong><br />
75012 paris france<br />
tél. +33 (0) 1 40 01 08 81<br />
fax +33 (0) 1 40 01 08 83<br />
info@la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org<br />
www.la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org
vinyl, disques et pochettes d’artistes<br />
la col<strong>le</strong>ction guy schraenen<br />
commissaire : Guy Schraenen<br />
2<br />
vue de l’exposition<br />
Exposition organisée par <strong>le</strong> Centre de Recherches pour <strong>le</strong>s publications<br />
d’artistes / Neues Museum Weserburg Bremen, Al<strong>le</strong>magne et <strong>le</strong> Museu d’Art<br />
Contemporani de Barcelona, Espagne.<br />
cartels<br />
: une sé<strong>le</strong>ction du contenu sonore est disponib<strong>le</strong> à la tab<strong>le</strong> d’écoute située<br />
en fin d’exposition<br />
: nom de l’auteur de la pochette<br />
: nom de l’auteur du contenu sonore et de la pochette<br />
L’exposition Vinyl, présente une sé<strong>le</strong>ction de près de 800 pièces<br />
de la col<strong>le</strong>ction de Guy Schraenen (cf. Glossaire). Cel<strong>le</strong>-ci est<br />
composée essentiel<strong>le</strong>ment de disques viny<strong>le</strong>s et de pochettes<br />
conçus par des artistes, plasticiens, musiciens et poètes, sous<br />
toutes <strong>le</strong>urs formes (33 tours, 45 tours, et toutes <strong>le</strong>urs variations<br />
possib<strong>le</strong>s), mais aussi d’autres types de supports sonores (cassettes,<br />
CD). On y trouve aussi <strong>le</strong>s documents qui accompagnaient<br />
ces créations à l’origine (posters ou livrets insérés dans <strong>le</strong>s<br />
albums) ou <strong>le</strong>s éclairent (photographies, affiches, manifestes,<br />
catalogues, livres d’artistes).<br />
A quelques exceptions près, ces objets ont comme point<br />
commun d’être des multip<strong>le</strong>s, la catégorie d’œuvres sur laquel<strong>le</strong><br />
Guy Schraenen a concentré son activité de col<strong>le</strong>ctionneur et<br />
d’éditeur. Ils sont à considérer pour une grande part comme des<br />
œuvres d’art, éditées à faib<strong>le</strong> tirage, au même titre qu’un livre<br />
d’artiste. Rarement col<strong>le</strong>ctionnés par <strong>le</strong>s institutions, <strong>le</strong>ur conservation<br />
est souvent <strong>le</strong> fait de col<strong>le</strong>ctionneurs particuliers.<br />
Le développement de l’utilisation du disque viny<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s<br />
artistes correspond à une évolution des pratiques artistiques.<br />
Ce sont <strong>le</strong>s avant-gardes du début du xx e sièc<strong>le</strong> comme Dada<br />
et <strong>le</strong>s futuristes, qui commencent à explorer la voix et <strong>le</strong> son<br />
comme matériau de création. A partir de la fin des années 50,<br />
performances, happenings, vidéos, œuvres sonores se multiplient<br />
et sont souvent à la croisée de plusieurs disciplines. Les<br />
artistes s’emparent des inventions technologiques de reproduction<br />
qui se développent à <strong>le</strong>ur époque (photographie, film,<br />
disque, cassette) pour en faire des outils de création.<br />
Les approches varient énormément d’un artiste à l’autre :<br />
certains s’intéressent au disque comme outil d’expérimentation<br />
sonore, c’est-à-dire utilisent <strong>le</strong> son comme un médium à part<br />
entière au même titre que la photographie ou la vidéo ; d’autres<br />
voient dans <strong>le</strong> disque un moyen de diffusion d’œuvres existantes,<br />
ou un document retraçant des événements. Les pochettes<br />
sont quant à el<strong>le</strong>s utilisées comme un support graphique, pour<br />
illustrer <strong>le</strong>urs propres créations ou cel<strong>le</strong>s d’autres artistes.<br />
3
L’exposition permet d’envisager <strong>le</strong>s artistes et <strong>le</strong>s mouvements<br />
artistiques de la deuxième moitié du xx e sièc<strong>le</strong> à travers <strong>le</strong> prisme<br />
de ce médium comp<strong>le</strong>xe, dans sa doub<strong>le</strong> composante visuel<strong>le</strong><br />
et sonore. A la fin du parcours, une sé<strong>le</strong>ction de 300 disques<br />
est accessib<strong>le</strong> depuis une tab<strong>le</strong> d’écoute.<br />
glossaire<br />
Adapté du glossaire de Guy Schraenen pour <strong>le</strong> catalogue Vinyl. Records and<br />
covers by artists, NMW, Bremen et Macba, Barcelona.<br />
<strong>La</strong>urie Anderson • Cas rare dans l’exposition, <strong>La</strong>urie Anderson (1947) est<br />
reconnue aussi bien dans <strong>le</strong> monde de la musique que dans celui de l’art<br />
contemporain. Les performances qu’el<strong>le</strong> réalise depuis <strong>le</strong>s années 60 ont<br />
presque toujours une composante musica<strong>le</strong>, et utilisent notamment ses<br />
violons é<strong>le</strong>ctroniques transformés. Dans <strong>le</strong>s années 70 el<strong>le</strong> participe à de<br />
nombreux enregistrements, en collaboration avec d’autres artistes, comme<br />
John Giorno et William Burroughs. C’est son sing<strong>le</strong> O Superman qui, en prenant<br />
la 2 e place des meil<strong>le</strong>ures ventes en Grande-Bretagne, étend sa notoriété<br />
au-delà du monde de l’art.<br />
Harry Bertoia • Dans <strong>le</strong>s années 70, <strong>le</strong> sculpteur et designer Bertoia (1915-1978)<br />
développe des sculptures sonores appelées « sonambient ». Il s’agit d’œuvres<br />
en métal sur pied, partiel<strong>le</strong>ment mobi<strong>le</strong>s, qui par l’action des éléments ou du<br />
toucher, produisent des sons qu’il conçoit comme des expressions humaines.<br />
Il réalise des heures de bandes d’enregistrement de ces sons, édités en<br />
plusieurs viny<strong>le</strong>s au milieu des années 70.<br />
Beat Generation • <strong>La</strong> Beat Generation rassemb<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s années 50 <strong>le</strong>s auteurs<br />
américains William Burroughs, Al<strong>le</strong>n Ginsberg, Jack Kerouac, John Giorno,<br />
Gregory Corso, Brion Gysin. Associées à la poésie sonore, <strong>le</strong>urs œuvres se<br />
caractérisent par une prosodie très rythmée et une grande liberté de ton.<br />
Joseph Beuys • Le multip<strong>le</strong> est au cœur de la pratique artistique de Joseph<br />
Beuys (1921-1986) qui y voit un outil essentiel pour la diffusion de sa pensée.<br />
Pour lui, <strong>le</strong> discours est une composante de la « sculpture socia<strong>le</strong> » et il<br />
accorde une grande importance à la transmission ora<strong>le</strong> et à la conservation<br />
sonore de ses performances comme cel<strong>le</strong> de l’ICA de Londres en 1974 (Art<br />
into Society, Society into Art). Les disques de Beuys révè<strong>le</strong>nt aussi son réseau<br />
de collaborations avec d’autres artistes, comme Nam June Paik, Henning<br />
Christiansen et Albrecht d.<br />
Bruit • Le futurisme italien est <strong>le</strong> premier mouvement artistique du XX e sièc<strong>le</strong><br />
à s’intéresser au bruit, en particulier aux sonorités caractéristiques de la vie<br />
moderne, industriel<strong>le</strong> et urbaine (usine, automobi<strong>le</strong>, train, avion). Dans L’art<br />
du bruit en 1913, Luigi Russolo propose une classification des bruits qui doivent<br />
révolutionner la musique. Il créé plusieurs instruments de musique,<br />
dont <strong>le</strong> « intonarumori ». Il est considéré comme <strong>le</strong> précurseur de la musique<br />
é<strong>le</strong>ctronique, et a notamment influencé John Cage, Pierre Schaeffer ou Pierre<br />
Henry. Le bruit et <strong>le</strong>s sons industriels, mêlés à des instruments rock ou é<strong>le</strong>ctroniques,<br />
ont été éga<strong>le</strong>ment utilisés par la musique industriel<strong>le</strong> (ou « indus »)<br />
qui apparaît au milieu des années 70.<br />
Hanne Darboven • Pionnière de l’art conceptuel, Hanne Darboven (1941-2009)<br />
a créé un langage de notation visuel dans <strong>le</strong>s années 60, basé sur <strong>le</strong>s dates<br />
et <strong>le</strong>s chiffres du quotidien, accompagnés d’une graphie de son invention.<br />
Toute son œuvre s’est développée à partir de cette méthodologie pour chiffrer<br />
<strong>le</strong> temps et <strong>le</strong> rendre visib<strong>le</strong>, dont el<strong>le</strong> varie <strong>le</strong>s protoco<strong>le</strong>s. Le projet<br />
Wende 80 est <strong>le</strong> premier projet de l’artiste qui utilise la notation musica<strong>le</strong>.<br />
Formée au piano, Darboven a élaboré un jeu de correspondances entre<br />
nombres et notes ; avec l’aide d’un compositeur, el<strong>le</strong> a ensuite orchestré,<br />
enregistré et édité sur viny<strong>le</strong>s ces compositions, dont des extraits sont<br />
diffusés dans l’exposition.<br />
Die Tödliche Doris • Ce groupe de performance et de musique al<strong>le</strong>mand,<br />
actif dans <strong>le</strong>s années 80 à Berlin, faisait partie du mouvement Genia<strong>le</strong><br />
Dil<strong>le</strong>tanten, une sorte de fusion entre New Wave et Punk. Chaque nouvel<br />
album marquait un changement radical de sty<strong>le</strong> ou d’image (populaire,<br />
minimal, etc) perturbant tota<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s marketing de l’industrie<br />
musica<strong>le</strong>. Leurs disques sont très recherchés des col<strong>le</strong>ctionneurs, notamment<br />
<strong>le</strong> coffret Chöre und Soli, contenant huit mini-disques et un tourne-disque<br />
de poupée parlante.<br />
4 5
Diffusion • Considérés comme des multip<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s disques d’artistes (plasticiens,<br />
poètes sonores, musiciens expérimentaux), sont souvent diffusés de manière<br />
confidentiel<strong>le</strong>, à l’écart des réseaux habituels de l’industrie du disque. On <strong>le</strong>s<br />
trouve essentiel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s librairies, ga<strong>le</strong>ries spécialisées ou ga<strong>le</strong>ries d’art.<br />
Disque compact • Les premiers disques compacts (CD), disques optiques<br />
permettant de stocker des données sous forme numérique, apparaissent sur<br />
<strong>le</strong> marché en 1982. Ils supplantent rapidement <strong>le</strong>s disques viny<strong>le</strong>s : ils s’usent<br />
moins, sont plus faci<strong>le</strong>s à transporter, ont une durée d’écoute plus longue<br />
et présentent de bonnes qualités sonores. <strong>La</strong> tail<strong>le</strong> des CD fait que <strong>le</strong>s conditionnements<br />
sont moins adaptés au déploiement d’œuvres visuel<strong>le</strong>s, mais<br />
favorise <strong>le</strong>ur insertion dans <strong>le</strong>s revues et <strong>le</strong>s catalogues.<br />
Disque • Les disques phonographiques sont des ga<strong>le</strong>ttes (de viny<strong>le</strong> généra<strong>le</strong>ment),<br />
portant un enregistrement sonore analogique sur un sillon (un par<br />
face), gravé en spira<strong>le</strong>. Inventé par <strong>le</strong> français Emi<strong>le</strong> Berliner en 1887, <strong>le</strong> disque<br />
plat remplace la technique d’enregistrement sur rou<strong>le</strong>au mise au point par<br />
Edison en 1877. Au départ en gomme-laque, ils sont édités par Columbia à<br />
partir de 1948 en viny<strong>le</strong>, matériau qui permet de graver des sillons plus fins<br />
(disque « microsillon ») et autorise un temps d’écoute plus long. Les formats<br />
<strong>le</strong>s plus fréquents sont : <strong>le</strong>s disques de 17,5 cm de diamètre, avec une chanson<br />
par face, tournant à 45 tours par minute ; <strong>le</strong>s disques de 30 cm de diamètre,<br />
tournant à 33 tours par minute (Long Play, c’est-à-dire 40 à 60 minutes). Le format<br />
de 25 cm, tournant à 78 tours, a disparu dans <strong>le</strong>s années 50. Mais il existe<br />
une quantité de variab<strong>le</strong>s possib<strong>le</strong>s : disques de 30 cm tournant à 45 tours<br />
(Extended Play), sillon inversé de l’intérieur vers l’extérieur, sillon fermé, etc.<br />
Disque-objet • Les disques-objets sont des objets d’art, uniques ou tirés à<br />
peu d’exemplaires, qui prennent la forme d’un disque et sont conditionnés<br />
dans des pochettes, mais n’ont en général pas de contenu sonore.<br />
Documents • Certains disques ont <strong>le</strong> statut de documents, lorsqu’ils consistent<br />
en des enregistrements d’événements (performances, happenings, concerts,<br />
conférences, <strong>le</strong>ctures), dont ils constituent la seu<strong>le</strong> trace. C’est <strong>le</strong> cas des<br />
enregistrements de voix, qui incarnent de manière vivante la personnalité<br />
des artistes et «ressuscitent» des artistes disparus.<br />
Jean Dubuffet • Au début des années 60, Jean Dubuffet (1901-1985) et son ami<br />
Asger Jorn (1914-1973), co-fondateur du groupe Cobra, se livrent ensemb<strong>le</strong> à<br />
de multip<strong>le</strong>s séances d’improvisation musica<strong>le</strong> qu’ils enregistrent sur bande<br />
et éditent en albums (Musique phénoména<strong>le</strong>). Dubuffet va ensuite poursuivre<br />
seul ces expériences musica<strong>le</strong>s, dans un studio aménagé chez lui. Son manque<br />
de formation musica<strong>le</strong> est un atout dans sa recherche de liberté et de nouveauté<br />
: il tire des instruments des effets inédits, assume son amateurisme<br />
et <strong>le</strong>s limitations de son matériel d’enregistrement comme source d’authenticité,<br />
pour se mettre à la place « d’un homme d’il y a cinquante mil<strong>le</strong> ans […]<br />
qui ignore tout de la musique occidenta<strong>le</strong> et invente sa propre musique ».<br />
F<strong>le</strong>xi-disque • Le f<strong>le</strong>xi-disque est un disque microsillon f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>, de 17 cm de<br />
diamètre en général. Fragi<strong>le</strong> et bon marché à produire, il était en revanche<br />
d’une qualité médiocre, et donc d’un usage souvent limité à des fins promotionnel<strong>le</strong>s.<br />
Les f<strong>le</strong>xi-disques étaient souvent insérés dans des magazines ou<br />
des livres d’artistes.<br />
Fluxus • Inspiré par l’esprit Dada, et très influencé par <strong>le</strong>s idées de John Cage sur<br />
l’indétermination et <strong>le</strong> hasard, <strong>le</strong> groupe Fluxus qui naît dans <strong>le</strong>s années 60,<br />
mê<strong>le</strong> happenings, concerts, poésie, objets, conférences, livres, projections,<br />
et revendique l’abolition des frontières entre <strong>le</strong>s disciplines et entre l’art et<br />
la vie (« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art » selon la célèbre<br />
formu<strong>le</strong> de Robert Filliou). <strong>La</strong> musique est très importante dans Fluxus, dont<br />
l’acte de naissance est un concert organisé par George Maciunas en 1962 et<br />
qui compte parmi ses membres des musiciens comme <strong>La</strong> Monte Young, John<br />
Cage, Nam June Paik, Philip Corner ou Ben Patterson.<br />
Giorno Poetry Systems • Proche de l’underground new-yorkais et notamment<br />
du mouvement Beat et de William Burroughs, <strong>le</strong> poète John Giorno (1936)<br />
créé en 1961 <strong>le</strong> Giorno Poetry Systems, dont <strong>le</strong> but est de mettre <strong>le</strong>s média et<br />
la technologie modernes au service de la poésie et de sa diffusion de masse.<br />
GPS a édité une quarantaine de titres.<br />
<strong>La</strong>ibach • Groupe de musique industriel<strong>le</strong> slovène créé en 1980, appartenant<br />
au mouvement New Slovenian Art (NSK). Leur esthétique joue souvent de<br />
manière ambiguë avec <strong>le</strong>s codes visuels des idéologies totalitaires d’extrême<br />
6 7
gauche comme d’extrême droite. Leurs albums sont des expérimentations<br />
sonores proches des formes musica<strong>le</strong>s populaires et proposent notamment<br />
des versions personnel<strong>le</strong>s et transformées de classiques de la pop culture<br />
(Let it be des Beat<strong>le</strong>s).<br />
<strong>La</strong>ngage • Les futuristes et <strong>le</strong>s constructivistes russes explorent <strong>le</strong>s potentialités<br />
expressives de la langue, indépendamment de sa va<strong>le</strong>ur sémantique.<br />
Ces recherches sont poursuivies par <strong>le</strong>s artistes Dada, notamment Schwitters,<br />
Huelsenbeck et Hausmann. Ce dernier publie en 1915 des poèmes monosyllabiques<br />
et entre 1922 et 1932, <strong>le</strong>s fameuses poésies phonétiques, <strong>le</strong>s Sonate<br />
in Urlauten (sonates de sons primitifs) qui influenceront la « poésie sonore »<br />
dans <strong>le</strong>s années 50.<br />
Locked groove • (en français « sillon fermé ») Sillon en bouc<strong>le</strong> qui se trouve<br />
à la fin des disques viny<strong>le</strong>s. Habituel<strong>le</strong>ment si<strong>le</strong>ncieux, il peut être enregistré.<br />
Plusieurs disques ne comprenant que des bouc<strong>le</strong>s sonores ont été publiés<br />
par <strong>le</strong> label RRRecords.<br />
Magnétophone • Dans <strong>le</strong>s années 50, <strong>le</strong>s magnétophones permettent aux<br />
artistes de se livrer faci<strong>le</strong>ment à des recherches sur <strong>le</strong> son : ils peuvent enregistrer<br />
eux-mêmes dans <strong>le</strong>ur environnement domestique, sons, déclarations,<br />
dictions… qu’ils peuvent ensuite monter ou retravail<strong>le</strong>r relativement faci<strong>le</strong>ment.<br />
Avec <strong>le</strong>s magnétophones à cassettes, à partir de 1963, il devient<br />
éga<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s artistes et pour de <strong>petit</strong>es <strong>maison</strong>s d’édition,<br />
de produire des cassettes qui sont copiées à la demande (contrairement aux<br />
disques viny<strong>le</strong>s qui demandent un tirage minimum de 500 copies). Comme<br />
ce fut <strong>le</strong> cas de la photocopieuse pour <strong>le</strong>s livres, <strong>le</strong> magnétophone à cassettes<br />
permet la diffusion d’œuvres d’art de manière indépendante et à des<br />
audiences limitées.<br />
Christian Marclay • Musicien et plasticien, Marclay (1955) s’intéresse à la question<br />
du son et de sa représentation et travail<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s zones d’intersection<br />
entre <strong>le</strong> visuel et <strong>le</strong> sonore, à travers sculptures, vidéos, et installations qui<br />
exploitent <strong>le</strong> recyclage, <strong>le</strong> détournement, l’altération. Footsteps, hommage<br />
à Fred Astaire, créé pour une exposition en 1989, consistait en un sol couvert<br />
de 3 500 disques enregistrés avec <strong>le</strong> son de pas, sur <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s visiteurs<br />
marchaient. Récupérés à la fin de l’exposition, <strong>le</strong>s disques deviennent tous<br />
uniques, portant des compositions aléatoires mêlant l’enregistrement original<br />
aux altérations produites par <strong>le</strong>s piétinements des visiteurs.<br />
Hermann Nitsch • Membre de l’actionnisme viennois, Hermann Nitsch (1938)<br />
organise depuis <strong>le</strong>s années 60, des actions et happenings au départ influencés<br />
par Fluxus, mais qui prennent un tournant spectaculaire avec <strong>le</strong> « théâtre<br />
des Orgies et des Mystères » sorte d’œuvre d’art tota<strong>le</strong> intégrant peinture,<br />
architecture, musique, dans des cérémonies publiques précisément orchestrées<br />
et documentées par lui, au cours desquel<strong>le</strong>s il met en scène des rituels<br />
dionysiaques,extrêmes et sanglants, conviant tous <strong>le</strong>s sens.<br />
Roman Opalka • Depuis 1965, Roman Opalka (1931) a entrepris un œuvre qui<br />
consiste à matérialiser par la peinture <strong>le</strong> passage du temps, en peignant <strong>le</strong>s<br />
chiffres de 1 à l’infini, sur des toi<strong>le</strong>s de format toujours identique, dont <strong>le</strong> fond<br />
est à chaque fois plus clair, provoquant la disparition progressive du motif.<br />
Opalka énumère à haute voix chacun de ces chiffres en <strong>le</strong>s peignant et <strong>le</strong>s<br />
enregistre sur une bande magnétique, pour pouvoir reprendre son travail quand<br />
il finit par peindre blanc sur blanc. Après chaque séance de travail, il réalise<br />
un auto-portrait photographique, toujours pris dans des conditions identiques.<br />
Partitions • Le plus souvent, <strong>le</strong>s œuvres sonores d’artistes plasticiens sont<br />
produites sans usage de partitions. Il n’y a pas d’étape intermédiaire entre<br />
la conception de l’œuvre et sa réalisation. Chez <strong>le</strong>s poètes sonores, <strong>le</strong> texte<br />
peut être considéré comme une partition. Partitions et pupitres ont été utilisés<br />
par <strong>le</strong>s plasticiens comme matériau de <strong>le</strong>urs œuvres (Rhüm, Darboven),<br />
tandis que certaines partitions de musiciens contemporains ressemb<strong>le</strong>nt<br />
à des œuvres d’art abstrait, indéchiffrab<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s non initiés (Stockhausen).<br />
AR Penck • Formé en autodidacte à l’art et à la musique, A.R. Penck (1939), joue<br />
dans un groupe de free-jazz dans <strong>le</strong>s années 70, et produit et enregistre de<br />
nombreux disques. Il dessine lui-même ses pochettes, dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> graphique<br />
proche du graffiti qui l’a rendu célèbre dans <strong>le</strong>s années 80.<br />
Picture-disc • (en français « disque-image ») Disque qui porte sur une ou deux<br />
faces une photographie ou une illustration. Le procédé existe depuis <strong>le</strong>s<br />
8 9
années 30, mais ne se développe que dans <strong>le</strong>s années 70. Il s’agit en général<br />
de <strong>petit</strong>es éditions de viny<strong>le</strong>s originaux, destinés aux col<strong>le</strong>ctionneurs et aux<br />
fans. Ils peuvent néanmoins être écoutés.<br />
Platine • Pour écouter des disques microsillons, on peut utiliser un tournedisque<br />
ou é<strong>le</strong>ctrophone (éga<strong>le</strong>ment appelé pick-up), muni de haut-par<strong>le</strong>urs,<br />
ou une platine (qui ne comprend que <strong>le</strong>s mécanismes de <strong>le</strong>cture). Le microsillon<br />
du disque est parcouru par un diamant et amplifié. Dans Imaginary<br />
<strong>La</strong>ndscape #1, en 1939, John Cage utilise pour la première fois des tournedisques<br />
comme instruments.<br />
Pochette • Une longue frise de pochettes à l’entrée de l’exposition permet<br />
de voir que beaucoup de grands noms de l’art du XX e sièc<strong>le</strong> ont réalisé des<br />
pochettes de disques, pour <strong>le</strong>urs propres créations ou cel<strong>le</strong>s d’autres artistes :<br />
depuis Miró et Léger jusqu’à Hirst, en passant par Richter, C<strong>le</strong>mente, Pisto<strong>le</strong>tto<br />
et Mapp<strong>le</strong>thorpe, <strong>le</strong>s courants essentiels du sièc<strong>le</strong> sont ici représentés.<br />
A l’origine, la pochette de disques de 25 cm (78 tours) était en papier,<br />
perforée au centre, avec un trou de la même tail<strong>le</strong> que l’étiquette circulaire.<br />
Ainsi <strong>le</strong> titre et <strong>le</strong> nom des interprètes étaient clairement visib<strong>le</strong>s. Le nom de<br />
l’éditeur était quant à lui marqué sur la pochette, laquel<strong>le</strong> était dépourvue<br />
d’illustrations. C’est avec l’apparition du 33 tours au milieu des années 30,<br />
que <strong>le</strong>s pochettes, offrant une surface plus grande (31 x 31 cm), commencent<br />
à être utilisées comme support d’illustrations et investies par <strong>le</strong>s artistes<br />
plasiciens. Les possibilités sont diverses : pochettes simp<strong>le</strong>s ou doub<strong>le</strong>s, mais<br />
aussi insertions (brochures, documents relatifs à la création de l’œuvre, photographies<br />
d’installations ou de performances).<br />
Pochette (collaborations) • Certains musiciens ont fait appel à des artistes<br />
renommés avec <strong>le</strong>squels ils se sentent en affinité pour créer <strong>le</strong>s pochettes<br />
de <strong>le</strong>urs albums. C’est <strong>le</strong> cas de Bobby O avec Roy Lichtenstein ou Philip<br />
Glass avec Sol Lewitt par exemp<strong>le</strong>. Des groupes de rock et de pop font aussi<br />
appel à des artistes : <strong>le</strong>s Beat<strong>le</strong>s choisissent Richard Hamilton pour « l’album<br />
blanc » et Peter Blake pour Sgt. Pepper’s ; Raymond Pettibon dessine<br />
toutes <strong>le</strong>s pochettes de Black Flag ; Warhol crée des pochettes pour <strong>le</strong>s<br />
Velvet Underground, mais aussi pour <strong>le</strong>s Rolling Stones. Le groupe Sonic<br />
Youth confie chacune de ses pochettes à un artiste différent (Jeff Wall,<br />
Gerhard Richter, Richard Prince, etc).<br />
Poésie sonore • Les années 50 voient l’émergence en France de la « poésie<br />
sonore », qui veut faire sortir la poésie du livre où el<strong>le</strong> « roupil<strong>le</strong> » (Bernard<br />
Heidsieck) pour la rendre active, vivante. Les sources de cette approche<br />
poétique sont à chercher dans <strong>le</strong>s avant-gardes du début du XX e sièc<strong>le</strong> :<br />
poèmes futuristes, recherches des dadaïstes (Ursonate de Schwitters), etc.<br />
qui explorent <strong>le</strong>s potentialités sonores des mots, indépendamment de <strong>le</strong>ur<br />
contenu sémantique.<br />
Certaines recherches fondamenta<strong>le</strong>s sur la poésie sonore sont directement<br />
liées au développement de la technologie de l’enregistrement (avec<br />
l’apparition des Revox à bandes), notamment chez Heidsieck et Henri Chopin.<br />
Le terme de « poésie é<strong>le</strong>ctronique » peut éga<strong>le</strong>ment être utilisé dans ce cas.<br />
Une autre approche est strictement liée à la voix, et donc plus proche du<br />
corps, comme <strong>le</strong> <strong>le</strong>ttrisme d’Isidore Isou, ou <strong>le</strong>s Crirythmes de François Dufrêne.<br />
Une importante section de l’exposition est consacrée à la poésie. El<strong>le</strong><br />
rassemb<strong>le</strong> à la fois des compilations et des enregistrements de festivals<br />
comme Polyphonix, et des regroupements d’œuvres autour de quelques<br />
personnalités importantes : Henri Chopin et la revue-disque OU, qui publie<br />
à partir de 1964 des compilations sur disques viny<strong>le</strong>s de poésie sonore,<br />
regroupant des œuvres des pionniers historiques ou de ses contemporains ;<br />
John Giorno et son Giorno Poetry System, et <strong>le</strong>s autres poètes de la Beat<br />
Generation ; <strong>le</strong>s collages sonores de Ferdinand Kriwet (1942) à partir des<br />
archives de la campagne présidentiel<strong>le</strong> américaine de 1972 ; la collaboration<br />
entre <strong>le</strong> compositeur belge Henri Pousseur (1929-2009) et l’écrivain Michel<br />
Butor (1926), qui aboutit notamment à la création d’une « fantaisie variab<strong>le</strong><br />
genre opéra », Votre Faust.<br />
Retour du viny<strong>le</strong> • Alors qu’on croyait que <strong>le</strong> viny<strong>le</strong> allait disparaître, remplacé<br />
par <strong>le</strong> CD, il a connu dans <strong>le</strong>s années 90 un retour en grâce, du fait<br />
notamment de l’utilisation qu’en ont fait <strong>le</strong>s DJs, pour mixer et scratcher (la<br />
vitesse réglab<strong>le</strong> des platines est essentiel<strong>le</strong> pour enchaîner <strong>le</strong>s morceaux<br />
dans un mix). Les amoureux du son vantent la qualité sonore incomparab<strong>le</strong><br />
du viny<strong>le</strong> par rapport au CD ou au mp3. Ses adeptes apprécient <strong>le</strong> rituel<br />
10 11
qu’implique sa manipulation délicate et contraignante, qui resacralise<br />
l’écoute et la rend donc plus attentive. <strong>La</strong> pochette, par ses dimensions,<br />
reste un espace d’expression artistique remarquab<strong>le</strong>, qui concourt à faire de<br />
l’édition de viny<strong>le</strong>s des produits d’appel dans une stratégie promotionnel<strong>le</strong>,<br />
des « col<strong>le</strong>ctors » pour audiophi<strong>le</strong>s, nostalgiques, col<strong>le</strong>ctionneurs et fans.<br />
Revolution per minute (The art record) • Série de deux viny<strong>le</strong>s, accompagnés<br />
de 21 lithographies, éditée par <strong>le</strong> ga<strong>le</strong>riste new-yorkais Ronald Feldman en<br />
1982. Commandées aux artistes de sa ga<strong>le</strong>rie, ces pièces varient de l’expérimentation<br />
sonore à la conférence en passant par la chanson et <strong>le</strong> récit.<br />
Dieter Roth • Artiste touche à tout, auteur, poète, performer, musicien, inventeur<br />
du « eat art », Dieter Roth (1930-1998) enregistre plusieurs disques à partir<br />
de 1973 et donne des concerts en solo ou avec ses amis artistes : Arnulf Rainer,<br />
mais aussi Hermann Nitsch, Gerhard Rühm, Oswald Wiener, et Günther Brus,<br />
dans <strong>le</strong> cadre du projet Selten gehörte musik (« musique rarement entendue »).<br />
<strong>La</strong> « Radio Sonate » jouée en direct à la radio en 1978, consiste en « 45 minutes<br />
d’improvisation au piano, dans un état d’ébriété croissant ». Dans <strong>le</strong>s<br />
années 80, avec son fils Björn, il réalise des œuvres qui incorporent des<br />
magnétophones et des boîtes à musique.<br />
Guy Schraenen • Entre 1966 et 1978, Guy Schraenen tient une ga<strong>le</strong>rie à Anvers<br />
et crée en parallè<strong>le</strong> en 1973, <strong>le</strong>s éditions éponymes, qui se consacrent aux<br />
livres, disques, revues et films d’artistes et à la poésie visuel<strong>le</strong> et sonore<br />
essentiel<strong>le</strong>ment. En 1974, il crée avec Anne Marsily A.S.P.C / Archives for Small<br />
Press and Communication dont <strong>le</strong> but est de rassemb<strong>le</strong>r toutes sortes de<br />
publications produites par des artistes contemporains, délaissées par <strong>le</strong> marché<br />
et amenées à disparaître, mais qui lui apparaissent comme des éléments<br />
essentiels pour retracer <strong>le</strong>s manifestations de l’époque : cartons d’invitation,<br />
catalogues, livres, affiches, vidéos, multip<strong>le</strong>s, photos, objets et documents<br />
sonores. Tous <strong>le</strong>s courants importants depuis <strong>le</strong>s années 60 sont représentés<br />
dans A.S.P.C (art conceptuel, Fluxus, art minimal, Pop art, etc). En 1999,<br />
l’A.S.P.C est intégrée à la col<strong>le</strong>ction du Neues Museum Weserburg Bremen<br />
en Al<strong>le</strong>magne. Guy Schraenen garde en sa possession comme col<strong>le</strong>ction<br />
autonome la section consacrée aux arts sonores, musiques d’avant-garde et<br />
poésie sonore, dont une partie est présentée ici. Guy Schraenen a éga<strong>le</strong>ment<br />
été producteur d’émissions de radio en Belgique et en Espagne, entre autres,<br />
commissaire d’expositions, et a constitué des col<strong>le</strong>ctions pour <strong>le</strong> NMW à<br />
Bremen, <strong>le</strong> Macba à Barcelona, la fondation Serralves à Porto et <strong>le</strong> musée<br />
Reina Sofía à Madrid.<br />
Viny<strong>le</strong> • Matériau synthétique utilisé pour la fabrication de disques à partir<br />
de 1948, <strong>le</strong> viny<strong>le</strong> supplante rapidement la gomme-laque, utilisé pour <strong>le</strong>s 78<br />
tours. Souvent de cou<strong>le</strong>ur noire, <strong>le</strong> viny<strong>le</strong> peut recevoir des sillons plus fins<br />
(microsillons) sur une surface de 30 cm de diamètre, augmentant ainsi la<br />
durée d’écoute jusqu’à environ trente minutes. Le terme est devenu synonyme<br />
de disque microsillon.<br />
Vitesse • Les disques viny<strong>le</strong>s peuvent être conçus pour tourner à 33 tours,<br />
45 tours, 78 tours ou plus rarement 16 tours par minute. <strong>La</strong> variation de la<br />
vitesse de <strong>le</strong>cture produit des distorsions. Dès 1922, Darius Milhaud commence<br />
à expérimenter des transformations voca<strong>le</strong>s en jouant sur la vitesse de<br />
<strong>le</strong>cture du disque.<br />
Andy Warhol • Très lié au monde de la musique, Andy Warhol (1928-1987)<br />
a été lui-même producteur du groupe new-yorkais Velvet Underground. S’il<br />
a réalisé une cinquantaine de pochettes de disques au long de sa carrière,<br />
seu<strong>le</strong>s quelques-unes sont devenues des objets mythiques. C’est <strong>le</strong> cas de<br />
la « banane à pe<strong>le</strong>r » pour <strong>le</strong>s Velvet Underground et Sticky Fingers pour <strong>le</strong>s<br />
Rolling Stones. On retrouve dans ses pochettes <strong>le</strong>s caractéristiques des sty<strong>le</strong>s<br />
successifs de Warhol : dessins linéaires pré-pop, répétition des photomatons,<br />
et surtout portraits sérigraphiés (Paul Anka, Diana Ross, John Lennon) qui<br />
ont fait sa célébrité.<br />
<strong>La</strong>wrence Weiner • Le langage est la matière première de l’artiste conceptuel<br />
<strong>La</strong>wrence Weiner (1942). Ses œuvres se présentent souvent comme des énoncés<br />
écrits en <strong>le</strong>ttres d’imprimerie sur toutes sortes de supports : livres, affiches,<br />
tee-shirts, mais aussi sur <strong>le</strong>s murs des lieux d’exposition. Wiener a réalisé<br />
des enregistrements, sur tout type de support, qui mettent en évidence la<br />
dimension sonore de ses énoncés.<br />
12 13
cé<strong>le</strong>ste boursier-mougenot<br />
Musicien de formation, Cé<strong>le</strong>ste Boursier-Mougenot (Nice, 1961)<br />
a travaillé comme compositeur pour la compagnie de l’auteur<br />
et metteur en scène Pascal Rambert pendant une dizaine d’années<br />
(1984-1995), avant de commencer à exposer dans <strong>le</strong> circuit<br />
de l’art contemporain. Ce déplacement vers <strong>le</strong>s arts plastiques<br />
lui a permis de sortir de la temporalité limitée du spectac<strong>le</strong><br />
pour passer à cel<strong>le</strong> plus longue de l’exposition et l’a autorisé<br />
à développer un travail expérimental qui part de situations<br />
données pour créer des formes sonores vivantes, autonomes<br />
et chaque fois différentes.<br />
Le son et sa mise en espace sont <strong>le</strong> point de départ de ses<br />
expérimentations, qui aboutissent à des formes hybrides, entre<br />
sculptures, installations, performances musica<strong>le</strong>s, et scénographies.<br />
Il s’agit en général de dispositifs qui extraient <strong>le</strong><br />
potentiel musical d’objets, d’êtres, de phénomènes naturels,<br />
de situations, d’activités tirés du quotidien : l’entrechoquement<br />
de bols en porcelaine dans une piscine gonflab<strong>le</strong> (sans titre),<br />
des oiseaux se posant sur <strong>le</strong>s cordes de guitares amplifiées<br />
(from here to ear), <strong>le</strong>s mouvements de poissons dans un bassin<br />
(videodrone), <strong>le</strong> larsen d’un micro évoluant entre des hautpar<strong>le</strong>urs<br />
(scanner), la frappe d’un document sur un ordinateur<br />
de bureau transmise à un piano (index).<br />
Cé<strong>le</strong>ste Boursier-Mougenot conçoit des dispositifs qui génèrent<br />
<strong>le</strong>ur propre partition, notamment par la métamorphose<br />
de signaux divers (mouvements, vidéo) en son. Grâce à des<br />
programmes informatiques relativement simp<strong>le</strong>s qu’il met luimême<br />
au point, ces transductions se font « à vue », en temps réel,<br />
permettant au visiteur de déduire par l’écoute et l’observation<br />
la relation entre <strong>le</strong>s éléments visuels et sonores en mouvement.<br />
Les pièces qui en résultent sont expérimenta<strong>le</strong>s et reposent sur<br />
un principe d’interaction, dont <strong>le</strong> visiteur est un maillon.<br />
L’installation transcom 1 créée par Boursier-Mougenot pour la<br />
<strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> est une nouvel<strong>le</strong> création, qui reprend certains<br />
processus déjà explorés dans des œuvres précédentes. Le visiteur<br />
est invité à pénétrer dans un espace vide plongé dans la<br />
pénombre, délimité par une alternance de miroirs et d’écrans.<br />
Ces derniers diffusent <strong>le</strong>s images filmées en direct et en continu<br />
par quatre caméras de surveillance accrochées à deux ballons<br />
gonflés à l’hélium. Points blancs naviguant dans l’espace noir,<br />
ces ballons effectuent un véritab<strong>le</strong> pas de deux, selon une<br />
chorégraphie aléatoire, qui répond entre autres au nombre de<br />
personnes présentes dans la pièce, à la température, au flux<br />
des ventilateurs, aux phases d’expansion et de contraction de<br />
l’hélium. L’emplacement des ballons dans l’espace détermine<br />
<strong>le</strong>s images captées, qui el<strong>le</strong>s-mêmes déterminent <strong>le</strong>s sons, selon<br />
un principe déjà exploré dans la pièce antérieure (videodrones) :<br />
l’interprétation sonore des flux d’images passant dans <strong>le</strong> champ<br />
de chaque caméra, et variant donc en fonction de la luminosité,<br />
de la vitesse, du nombre et de la tail<strong>le</strong> des objets traversant son<br />
cadre. Ce que l’on entend correspond donc au « bruit des images<br />
», une formu<strong>le</strong> qui dit bien tout ce qu’il y a d’intuitif et de<br />
poétique dans <strong>le</strong> dispositif de Cé<strong>le</strong>ste Boursier-Mougenot. Entre<br />
son image filmée, son propre ref<strong>le</strong>t et <strong>le</strong>s images de ses ref<strong>le</strong>ts,<br />
<strong>le</strong> visiteur est immergé dans un continuum d’images et de sons<br />
qui <strong>le</strong> plongent dans une réalité comp<strong>le</strong>xe en mouvement perpétuel<br />
dont il est à la fois la source et <strong>le</strong> récepteur.<br />
Cé<strong>le</strong>ste Boursier-Mougenot vit et travail<strong>le</strong> à Sète. Il est représenté par la<br />
ga<strong>le</strong>rie Xippas à Paris et la ga<strong>le</strong>rie Paula Cooper à New York.<br />
Un multip<strong>le</strong> de Cé<strong>le</strong>ste Boursier-Mougenot est produit par l’association<br />
des amis de la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> à l’occasion de cette exposition.<br />
14 15
marco decorpeliada<br />
schizomètres<br />
L’œuvre de Marco Decorpeliada (1947-2006) est tota<strong>le</strong>ment<br />
inédite. L’exposition rassemb<strong>le</strong> des objets, documents, correspondances<br />
et œuvres d’art confiés par Julie W., la sœur de<br />
l’artiste, au Dr Sven Legrand, <strong>le</strong> médecin psychiatre qui a suivi<br />
son frère pendant ses dernières années. Au vu de la cohérence<br />
et de la richesse de cet ensemb<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Dr Legrand, soutenu par<br />
quelques-uns de ses collègues, a proposé à la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
d’en faire une exposition. Pour comprendre la « découverte » de<br />
cet artiste et <strong>le</strong>s différentes étapes de ce projet, il est conseillé<br />
de terminer la visite par la sal<strong>le</strong> où se trouve la vidéo.<br />
L’œuvre de Decorpeliada peut être qualifiée « d’art brut »,<br />
selon <strong>le</strong> terme inventé par Jean Dubuffet en 1945, pour décrire<br />
un art produit par des artistes non professionnels, n’ayant pas<br />
suivi de formation artistique et échappant par là même aux<br />
conventions et aux normes esthétiques convenues (autodidactes<br />
isolés, médiums, patients d’hôpitaux psychiatriques).<br />
Mais on se gardera de classer Decorpeliada dans une catégorie<br />
quelconque, alors que son œuvre est tout entière une réaction<br />
aux catalogages dont il a fait l’objet dans <strong>le</strong> circuit des hôpitaux<br />
psychiatriques.<br />
<strong>La</strong> cib<strong>le</strong> des œuvres de Decorpeliada est en effet <strong>le</strong> DSM IV<br />
(Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), un<br />
manuel édité par la Société Américaine de Psychiatrie qui encode<br />
numériquement <strong>le</strong>s maladies menta<strong>le</strong>s. Ce manuel propose<br />
à des fins pratiques, statistiques et épidémiologiques, une<br />
classification universel<strong>le</strong> de type décimal. Cette classification<br />
est devenue éga<strong>le</strong>ment obligatoire en France pour gérer <strong>le</strong>s<br />
patients hospitalisés en milieu psychiatrique.<br />
Au cours de ses séjours en milieu psychiatrique, Decorpeliada<br />
a été étiqueté de diverses manières, et s’est senti persécuté<br />
par cet acharnement diagnostique. Il s’est efforcé d’obtenir <strong>le</strong>s<br />
codes (chaque fois différents) qui ont été attribués à ses « troub<strong>le</strong>s<br />
», et d’en comprendre la logique. C’est en feuil<strong>le</strong>tant un<br />
catalogue de surgelés Picard que cel<strong>le</strong>-ci lui est apparue. Il a en<br />
effet constaté que <strong>le</strong>s codes attribués aux troub<strong>le</strong>s mentaux<br />
dans <strong>le</strong> DSM IV correspondaient à ceux des produits Picard<br />
Surgelés : deux items, un même chiffre !<br />
Cette « découverte » va occuper l’esprit et <strong>le</strong> temps libre de<br />
Decorpeliada à partir de 2004. Encouragé par <strong>le</strong> Dr Legrand, il crée<br />
diverses séries d’objets pour donner forme à cette corrélation.<br />
Dans ses premières œuvres, ces deux séries numériques<br />
vont être articulées via une référence tierce : <strong>le</strong> mètre, dont <strong>le</strong>s<br />
mil<strong>le</strong> millimètres, dans son esprit, correspondent aux mil<strong>le</strong><br />
cases du DSM. Toises médica<strong>le</strong>s, mètres de charpentier, mètres<br />
rubans, mètres rigides deviennent ses outils fétiches et se transforment<br />
donc en « schizomètres » par l’insertion des catégories<br />
DSM / Picard sur bandes de papier découpées.<br />
Puis il se met à traquer d’autres coïncidences numériques et<br />
généralise ainsi sa réplique au dsm iv en annexant des corpus<br />
divers, dont <strong>le</strong>s sources sont exposées dans la vitrine. <strong>La</strong> frise,<br />
réalisée d’une écriture appliquée et enfantine, fait correspondre<br />
à chacune de ces classifications <strong>le</strong>s codes DSM des diagnostics<br />
dont il a été l’objet au cours de ses trois hospitalisations.<br />
En étendant ce procédé d’indexation commune de corpus<br />
hétérogènes, il découvre <strong>le</strong>s limites du DSM : bien qu’étant un<br />
système à mil<strong>le</strong> cases, <strong>le</strong> DSM n’a que 307 « troub<strong>le</strong>s », il est<br />
donc incomp<strong>le</strong>t : des maladies restent à trouver ! Le système de<br />
quadrillages qu’il réalise sur des portes de congélateurs permet<br />
de visualiser en un clin d’œil <strong>le</strong>s emplacements des maladies<br />
16 17
manquantes, ces « troublants trous blancs » qui se détachent<br />
face aux produits Picard.<br />
Dans <strong>le</strong> contexte d’un lieu d’art contemporain, <strong>le</strong>s œuvres<br />
de Marco Decorpeliada convoquent immanquab<strong>le</strong>ment des<br />
références artistiques. Les quadrillages noir et blanc des portes<br />
de congélateur rappel<strong>le</strong>nt l’art minimal, dans sa recherche<br />
de simplification des œuvres aux formes élémentaires de la<br />
géométrie (François Morel<strong>le</strong>t, Sol Lewitt) ; l’utilisation d’une<br />
sorte de « protoco<strong>le</strong> » présidant à la réalisation d’œuvres sériel<strong>le</strong>s<br />
fait penser à certaines pratiques de l’art conceptuel (Stan<strong>le</strong>y<br />
Brown, Hanne Darboven).<br />
Le sque<strong>le</strong>tte est l’ultime production de l’artiste. Il l’a réalisé<br />
en novembre 2006, à l’occasion de la fête des morts à Mexico,<br />
où il s’était rendu chez un ami du Dr Legrand. Décalé par rapport<br />
aux autres objets de l’exposition, construit sur un lapsus<br />
assimilant l’acte de classification à une calcification, il donne<br />
un aperçu des développements qu’aurait pu prendre l’œuvre<br />
inattendue de Marco Decorpeliada.<br />
Cette œuvre tout entière témoigne d’une véritab<strong>le</strong> guérilla<br />
artistique. Guérilla contre l’armada du savoir référentiel et<br />
ses impasses, contre <strong>le</strong> frénésie classificatoire de la psychiatrie.<br />
Utilisant une technique simp<strong>le</strong>, proche du bricolage (découpage,<br />
collage, détournement), l’œuvre de Decorpeliada s’efforce<br />
de mettre en évidence <strong>le</strong> grand secret qu’il a percé des « ordres »<br />
sous-jacents qui surgissent dans l’arbitraire d’une classification.<br />
Guérilla joyeuse, ironique, parodique, comique, et néanmoins<br />
rigoureuse dans sa logique toute personnel<strong>le</strong>.<br />
Un ouvrage Schizomètre. Petit manuel de survie en milieu psychiatrique, est<br />
publié à l’occasion de l’exposition (EPEL, 2010).<br />
Deux tab<strong>le</strong>s rondes autour de l’œuvre de Decorpeliada se tiendront à la <strong>maison</strong><br />
<strong>rouge</strong> <strong>le</strong>s samedis 20 février et 8 mai. Info et réservation: 01 40 01 08 81.<br />
thu van tran<br />
199 491<br />
<strong>le</strong> nombre pur selon duras<br />
Chaque année, l’association des amis de la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> produit une œuvre<br />
spécifique pour <strong>le</strong> patio de la fondation. Les membres sont invités à proposer<br />
des artistes et à voter pour l’un des trois retenus. Thu van Tran a été proposée<br />
par Marc Lenot (ami de la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> et auteur du blog « Lunettes Rouges »).<br />
Cent quatre-vingt-dix-neuf mil<strong>le</strong> quatre cent quatre-vingt-onze.<br />
C’est <strong>le</strong> nombre d’ouvriers qui travaillèrent aux usines Renault<br />
de Billancourt jusqu’à <strong>le</strong>ur fermeture en 1992. Cent quatre-vingtdix-neuf<br />
mil<strong>le</strong> quatre cent quatre-vingt-onze : ce fut <strong>le</strong> dernier<br />
numéro matricu<strong>le</strong> à Billancourt, celui du dernier ouvrier qui<br />
y fut embauché.<br />
En 1989, quand el<strong>le</strong> entend l’annonce de la fermeture des<br />
usines, qui entraîna <strong>le</strong> licenciement des derniers employés,<br />
Marguerite Duras réagit en écrivant un texte dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong><br />
imagine un projet, celui de consigner <strong>le</strong>s noms et prénoms de<br />
toutes <strong>le</strong>s femmes et de tous <strong>le</strong>s hommes qui y ont travaillé,<br />
d’en faire une liste exhaustive, un « mur de prolétariat ». El<strong>le</strong><br />
écrit « On devrait atteindre <strong>le</strong> chiffre d’une grande capita<strong>le</strong>. […]<br />
Ici l’histoire, ce serait <strong>le</strong> nombre : la vérité c’est <strong>le</strong> nombre. […]<br />
<strong>La</strong> vérité ce serait <strong>le</strong> chiffre encore incomparé, incomparab<strong>le</strong><br />
du nombre, <strong>le</strong> chiffre pur, sans commentaire aucun, <strong>le</strong> mot. » 1<br />
Alors âgée de près de 80 ans, Duras demande qu’on l’aide<br />
à réaliser ce projet insensé. Vingt ans plus tard, Thu Van Tran<br />
exécute et prolonge <strong>le</strong> souhait de Duras. Inspirée par l’écriture et<br />
<strong>le</strong>s récits autant que par la vie de l’auteur, el<strong>le</strong> choisit de reprendre<br />
ce projet, d’exposer cette histoire comme cel<strong>le</strong> d’une injustice.<br />
1. Marguerite Duras, « Le nombre pur », dans Écrire, Folio Gallimard, Paris,<br />
1993, pages 112-113.<br />
18 19
L’artiste, installée depuis deux ans dans un atelier en face des<br />
anciennes usines, souhaite ainsi à la fois commémorer la dimension<br />
humaine de cette histoire et interagir avec <strong>le</strong>s sites de son<br />
propre quotidien.<br />
Thu Van Tran a réalisé une sculpture commémorative qui<br />
prend la forme d’une architecture, cel<strong>le</strong> du recueil<strong>le</strong>ment ou<br />
de l’apaisement, utilisant <strong>le</strong> patio tel un jardin ouvert vers <strong>le</strong> ciel.<br />
<strong>La</strong> structure en bois partiel<strong>le</strong>ment recouvert de cire à sculpter se<br />
compose de quatre colonnes reliées par des voûtes cintrées, <strong>le</strong>s<br />
faces extérieures reprenant <strong>le</strong>s motifs de la porte historique<br />
des usines Renault, conservée en l’état à Boulogne-Billancourt.<br />
Là où <strong>le</strong>s arcs se rejoignent, la c<strong>le</strong>f de voûte, qui maintient<br />
tout l’édifice, sans laquel<strong>le</strong> tout s’effondrerait, est un énorme<br />
boulon, provenant d’une usine de décol<strong>le</strong>tage. Sur ce boulon<br />
unique est gravé <strong>le</strong> « nombre pur », 199 491, synecdoque de la<br />
liste exhaustive et impossib<strong>le</strong> que Duras appelait de ses vœux.<br />
Ainsi est évoquée la présence essentiel<strong>le</strong> des ouvriers sur la<br />
chaîne de fabrication.<br />
Si, stylistiquement, <strong>le</strong>s voûtes peuvent évoquer des souvenirs<br />
religieux, la sculpture de Thu Van Tran est <strong>le</strong> fruit d’un<br />
travail d’intériorisation et de transformation de l’histoire vers<br />
des incarnations possib<strong>le</strong>s que l’artiste confronte ici à l’espace<br />
du patio, prolongeant ses recherches passées sur la mémoire<br />
et <strong>le</strong> territoire.<br />
<strong>La</strong> liste se retrouve, au moins partiel<strong>le</strong>ment, dans l’installation<br />
sonore qui complète cette œuvre : la chanteuse Agathe Peyrat<br />
récite, à la demande de l’artiste, <strong>le</strong>s premiers noms connus des<br />
ouvriers de Billancourt, dans une tentative désespérée d’en<br />
donner <strong>le</strong> plus grand nombre possib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> temps imparti<br />
d’une minute. Sous cette contrainte, sa diction effrénée se transforme<br />
en une montée suraigüe, un cri hystérique. Marc Lenot<br />
Thu Van Tran est une jeune artiste franco-vietnamienne, née en 1979,<br />
diplômée de l’ENSBA en 2003, et dont l’exposition Fahrenheit 451 Homme<br />
Livre Homme Libre à Bétonsalon avait été remarquée l’an dernier. Après avoir<br />
été présenté à Toulouse lors du dernier Printemps de Septembre par Christian<br />
Bernard (Désordres de la mémoire), son travail a récemment été exposé à la<br />
Ga<strong>le</strong>rie Martine Aboucaya lors d’une exposition col<strong>le</strong>ctive en décembre 2009.<br />
L’artiste a bénéficié de l’Aide Individuel<strong>le</strong> à la Création 2009 de la D.R.A.C<br />
I<strong>le</strong>-de-France pour ses recherches autour du projet « <strong>le</strong> nombre pur ». El<strong>le</strong> a<br />
accompagné <strong>le</strong> travail plastique présenté ici d’un projet d’écriture sous la<br />
forme d’une <strong>le</strong>ttre à Marguerite Duras, qui sera publiée ultérieurement.<br />
Un multip<strong>le</strong> de Thu van Tran est produit par l’association des amis de la <strong>maison</strong><br />
<strong>rouge</strong> à l’occasion de cette exposition.<br />
20 21
daniela franco<br />
face B<br />
Intitulé Face B en référence à la deuxième face du disque viny<strong>le</strong>,<br />
<strong>le</strong> projet de Daniela Franco consiste en la création d’un site<br />
internet (www.la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org/faceb) qui regroupe une partie<br />
de ses archives. Depuis l’âge de cinq ans, Daniela Franco col<strong>le</strong>ctionne<br />
en effet photos trouvées, artic<strong>le</strong>s de presse, images de<br />
toutes sortes, et plus particulièrement sons, musiques et l’iconographie<br />
qui s’y rapporte. L’idée d’archivage chère à l’artiste<br />
rejoint très souvent cel<strong>le</strong> de col<strong>le</strong>ction, thématique qui s’inscrit<br />
dans <strong>le</strong>s préoccupations de la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>.<br />
Daniela Franco a demandé à certains acteurs de la culture (arts<br />
plastiques, musique, littérature, design…) de participer au projet<br />
en lui fournissant des listes d’albums. Cel<strong>le</strong>s-ci sont consultab<strong>le</strong>s<br />
sur <strong>le</strong> site internet et sur <strong>le</strong>s ordinateurs mis à disposition du<br />
public de la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>. Sur <strong>le</strong> site de Face B, <strong>le</strong>s pochettes,<br />
ainsi que certains morceaux des albums, sont classés en fonction<br />
des critères très spécifiques qui ont guidé <strong>le</strong>ur choix : <strong>le</strong>s<br />
dix disques qui illustrent une biographie, ceux sur <strong>le</strong>s pochettes<br />
desquels on aimerait figurer, etc. Une section spécia<strong>le</strong> est dédiée<br />
à des écrivains invités à sé<strong>le</strong>ctionner un disque dans <strong>le</strong>s archives<br />
de Daniela Franco.<br />
Une sé<strong>le</strong>ction de reproductions de ces pochettes, ainsi que<br />
des disques <strong>le</strong>s plus rares de ses archives (dont <strong>le</strong>s originaux ont<br />
été pour certains perdus ou ont disparu définitivement) est présentée<br />
au mur, à la sortie des expositions.<br />
Ces disques feront éga<strong>le</strong>ment l’objet d’une publication, à paraître début mars,<br />
qui réunira <strong>le</strong>s pochettes et histoires de chacun.<br />
Bar à platines : tous <strong>le</strong>s jeudis soirs de 19 h 30 à 22 h pendant la durée de l’exposition<br />
Vinyl, des personnalités (DJs, artistes, col<strong>le</strong>ctionneurs de viny<strong>le</strong>s…)<br />
sont invitées à mixer au café de la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>. www.la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org<br />
la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
président : Antoine de Galbert<br />
directrice : Paula Aisemberg<br />
chargé des expositions :<br />
Noëlig Le Roux, assisté d’Arthur Toqué<br />
régie : <strong>La</strong>urent Guy<br />
équipe de montage : Steve Almarines,<br />
Tiffany Bouet, A<strong>le</strong>xis Davy, Stéphane<br />
Emptaz, Jérôme Gallos, Louis Gary,<br />
Aurore Guillaume, Nicolas Juillard,<br />
Eric Michaux, Ludovic Pou<strong>le</strong>t,<br />
Fréderic Ray, Mykolas Zavadskis<br />
chargée des publics :<br />
Stéphanie Molinard<br />
chargée de la communication :<br />
Claire Schillinger, assistée<br />
de Delphine Levrat<br />
assistante : Stéphanie Dias<br />
accueil : Emilie Gérard,<br />
Elodie Lombarde<br />
conférencières : F<strong>le</strong>ur Chevalier,<br />
Rébecca Touboul<br />
relations presse<br />
Claudine Colin communication<br />
<strong>le</strong>s amis de la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
présidente : Pauline de <strong>La</strong>boulaye<br />
vice-présidente : Ariane de Courcel,<br />
assistées de <strong>La</strong>etitia Thomas<br />
prochaines expositions<br />
11 juin - 26 septembre 2010<br />
voyage dans ma tête, la col<strong>le</strong>ction<br />
de coiffes d’Antoine de Galbert /<br />
Peter Buggenhout / Christophe<br />
Gonnet / Jean de Maximy<br />
jours et horaires d’ouverture<br />
- du mercredi au dimanche de 11 h à 19 h<br />
- nocturne <strong>le</strong> jeudi jusqu’à 22 h<br />
- visite conférence gratuite<br />
<strong>le</strong> samedi et <strong>le</strong> dimanche à 16 h<br />
- <strong>le</strong>s espaces sont accessib<strong>le</strong>s<br />
aux personnes handicapées<br />
tarifs et laissez-passer<br />
- p<strong>le</strong>in tarif : 7 €<br />
- tarif réduit : 5 €, 13-18 ans, étudiants,<br />
<strong>maison</strong> des artistes, plus de 65 ans<br />
- gratuité : moins de 13 ans,<br />
chômeurs, personnes invalides<br />
et <strong>le</strong>urs accompagnateurs, ICOM,<br />
amis de la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
- bil<strong>le</strong>ts en vente à la FNAC<br />
tél. 0892 684 694 (0,34 € ttc/min)<br />
www.fnac.com<br />
- laissez-passer tarif p<strong>le</strong>in : 19 €<br />
- laissez-passer tarif réduit : 14 €<br />
accès gratuit et illimité<br />
aux expositions, accès libre ou tarif<br />
préférentiel pour <strong>le</strong>s événements<br />
- visite conférence : sur réservation,<br />
75 € et droit d’entrée<br />
partenaires de la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
<strong>La</strong> <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> est membre<br />
du réseau Tram<br />
crédit photo : Louis Gary - graphisme : Jocelyne Fracheboud, assistée de Nadia Campagnola - impression : L Graphic<br />
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