dossier de presse par mail - La maison rouge
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<strong>dossier</strong> <strong>de</strong> <strong>presse</strong><br />
à la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> du 22 février au 18 mai 2008<br />
vernissage <strong>presse</strong> le jeudi 21 février 2008 <strong>de</strong> 15h à 18h<br />
vernissage le jeudi 21 février 2008 <strong>de</strong> 18h à 21h<br />
gregor schnei<strong>de</strong>r,<br />
süßer duft<br />
pilar albarracín<br />
marie <strong>mail</strong>lard,<br />
wall 0208<br />
une proposition <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> la<br />
<strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> pour le patio<br />
contact <strong>presse</strong><br />
la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
Claudine Colin Communication<br />
fondation antoine <strong>de</strong> galbert<br />
Julie Martinez<br />
10 bd <strong>de</strong> la bastille – 75012 Paris<br />
5, rue Barbette – 75003 Paris www.la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org<br />
julie@claudinecolin.com<br />
info@la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org<br />
t : +33 (0)1 42 72 60 01 t : +33 (0)1 40 01 08 81<br />
f : +33 (0)1 42 72 50 23 f : +33 (0)1 40 01 08 83
sommaire<br />
p.3 présentation <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
antoine <strong>de</strong> galbert<br />
le bâtiment<br />
la librairie<br />
le café<br />
p.4 les activités <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
la suite<br />
pour les enfants<br />
les amis <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
le vestibule<br />
édition<br />
p.5 gregor schnei<strong>de</strong>r, süßer duft<br />
communiqué <strong>de</strong> <strong>presse</strong><br />
p.7 UMSTÜLPUNG UND ENTFALTUNG <strong>par</strong> Julian Heynen (extraits)<br />
p.10 liste <strong>de</strong>s expositions (sélection)<br />
p.11 pilar albarracín<br />
communiqué <strong>de</strong> <strong>presse</strong><br />
p.12 PILAR ALBARRACÍN : MILLE ET UNE FEMMES <strong>par</strong> Rosa Martínez<br />
p.15 liste <strong>de</strong>s expositions (sélection)<br />
p.16 marie <strong>mail</strong>lard, wall 0208<br />
communiqué <strong>de</strong> <strong>presse</strong><br />
p.17 liste <strong>de</strong>s expositions (sélection)<br />
p.18 informations pratiques<br />
en couverture :<br />
Ur 45, Steindamm, 2003, Hamburger Kunsthalle, Hamburg ©Gregor Schnei<strong>de</strong>r<br />
Prohibido el Cante, 2000 ©Pilar Albarracín<br />
Sans titre, 2007 ©Marie Maillard<br />
2
présentation<br />
<strong>La</strong> <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>, fondation privée reconnue d’utilité publique, a ouvert ses portes en juin 2004 à<br />
Paris. Elle a été créée pour promouvoir la création contemporaine en organisant, au rythme <strong>de</strong> trois<br />
<strong>par</strong> an, <strong>de</strong>s expositions temporaires, monographiques ou thématiques, confiées pour certaines à<br />
<strong>de</strong>s commissaires indépendants.<br />
Si la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> ne conserve pas la collection <strong>de</strong> son fondateur, Antoine <strong>de</strong> Galbert, amateur<br />
d’art engagé sur la scène artistique française, elle est imprégnée <strong>par</strong> sa personnalité et sa<br />
démarche <strong>de</strong> collectionneur. Ainsi <strong>de</strong>puis L’intime, le collectionneur <strong>de</strong>rrière la porte, la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
poursuit une programmation d’expositions sur la collection privée et les problématiques qu’elle<br />
soulève.<br />
antoine <strong>de</strong> galbert<br />
Diplômé <strong>de</strong> sciences politiques, Antoine <strong>de</strong> Galbert (né en 1955) travaille dans la gestion <strong>de</strong>s<br />
entreprises, avant d’ouvrir, pendant une dizaine d’années, une galerie d’art contemporain, à<br />
Grenoble. Parallèlement il débute une collection qui prend <strong>de</strong> plus en plus d’importance dans sa vie.<br />
En 2000, il choisit l’option <strong>de</strong> la fondation pour donner à son engagement dans la création<br />
contemporaine une dimension pérenne et publique.<br />
le bâtiment<br />
Le bâtiment est une ancienne usine réhabilitée, situé dans le quartier <strong>de</strong> la Bastille, face au port <strong>de</strong><br />
l’Arsenal. Il occupe un site <strong>de</strong> 2500 m² dont 1300 m² <strong>de</strong> surface d’exposition qui s’éten<strong>de</strong>nt autour<br />
d’un pavillon baptisé « la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> ».<br />
Ce nom, « la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> », témoigne <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> faire du lieu, un espace convivial, agréable,<br />
où le visiteur peut voir une exposition, assister à une conférence, boire un verre, explorer la<br />
librairie…<br />
L’aménagement <strong>de</strong>s espaces d’accueil a été confié à l’artiste Jean-Michel Alberola (1953, Paris).<br />
la librairie<br />
<strong>La</strong> librairie <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>, située au 10 bis, bd <strong>de</strong> la Bastille, a été confiée à Bookstorming,<br />
librairie spécialisée en art contemporain. Disposant d’ouvrages réactualisés en fonction <strong>de</strong>s<br />
expositions en cours à la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>, <strong>de</strong> DVD et vidéos d’artistes et d’un ensemble important <strong>de</strong><br />
livres épuisés et d’éditions d’artistes, elle propose aussi <strong>de</strong>s ouvrages traitant <strong>de</strong> l’actualité <strong>de</strong> l’art<br />
contemporain.<br />
Bookstorming, t. +33 (0)1 42 25 15 58<br />
le café<br />
Situé au cœur <strong>de</strong> la fondation, en terrasse <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>, le café offre au visiteur, en accès<br />
libre, la possibilité <strong>de</strong> se restaurer durant les heures d’ouverture, et le mardi entre 12h30 et 15h.<br />
Dans un cadre privilégié pour apprécier l’œuvre exposé temporairement dans le patio, le visiteur<br />
peut déjeuner ou boire un verre tout au long <strong>de</strong> la journée (brunchs le week-end). Le café propose<br />
<strong>de</strong>s formules et <strong>de</strong>s plats du jour.<br />
3
les activités <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
la suite<br />
A l’initiative <strong>de</strong> Gérard Wajcman, la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> développe ses activités en <strong>par</strong>allèle à ses expositions et a<br />
construit dans ses espaces, une gran<strong>de</strong> chambre d’hôtel, <strong>La</strong> Suite, afin d’y accueillir <strong>de</strong>s invités issus <strong>de</strong><br />
tous les domaines <strong>de</strong> la pensée et <strong>de</strong> la création actuelle pour <strong>de</strong>s rencontres insolites avec le public.<br />
pour les enfants<br />
Un mercredi <strong>par</strong> mois, la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> reçoit les enfants <strong>de</strong> 4 à 11 ans pour un après midi conte-goûter autour<br />
<strong>de</strong>s expositions.<br />
Renseignements et réservations : stephaniemolinard@la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org<br />
visites commentées<br />
pour les individuels<br />
Tous les samedis et dimanches à 16h, la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> propose une visite commentée gratuite <strong>de</strong>s<br />
expositions en cours.<br />
Les visites sont assurées <strong>par</strong> <strong>de</strong>s étudiants en histoire <strong>de</strong> l'art.<br />
droits d'entrée : 6,50 euros<br />
pour les groupes<br />
Visite commentée sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (75 euros + droits d'entrée)<br />
Renseignements et réservations : Stéphanie Molinard, 01.40.01.92.79 ou<br />
stephaniemolinard@la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org<br />
les amis <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
L’association les amis <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> accompagne le projet d’Antoine <strong>de</strong> Galbert et lui apporte son<br />
soutien. Elle <strong>par</strong>ticipe à la réflexion et aux débats engagés sur le thème <strong>de</strong> la collection privée, propose <strong>de</strong>s<br />
activités autour <strong>de</strong>s expositions et <strong>par</strong>ticipe au rayonnement <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> auprès <strong>de</strong>s publics en<br />
France et à l’étranger.<br />
Adhésion à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> 70 €<br />
t. +33 (0)1 40 01 94 38, amis@la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org<br />
le vestibule<br />
Le souhait <strong>de</strong> rester attentif et curieux à la jeune création a conduit Antoine <strong>de</strong> Galbert à créer Le vestibule.<br />
Ce lieu, en accès libre, accueille <strong>de</strong>s expositions à un rythme <strong>de</strong> quatre à six semaines.<br />
édition<br />
<strong>La</strong> <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong> publie un catalogue pour chacune <strong>de</strong>s collections privées qu’elle présente.<br />
Achat en ligne et informations complémentaires sur le site Internet <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>.<br />
> Programme et dates <strong>de</strong> toutes les activités disponibles sur le site Internet : www.la<strong>maison</strong><strong>rouge</strong>.org<br />
4
gregor schnei<strong>de</strong>r, süßer duft<br />
Depuis l’âge <strong>de</strong> 16 ans Gregor Schnei<strong>de</strong>r (né à Rheydt en 1969) transforme l’intérieur <strong>de</strong> son foyer,<br />
une <strong>maison</strong> héritée <strong>de</strong> son père située dans la ville <strong>de</strong> Rheydt en Allemagne. Engagé jusqu’en 2007<br />
dans un travail in process, il crée sans cesse <strong>de</strong> nouvelles pièces, isole <strong>de</strong>s chambres, évacue les<br />
éléments <strong>de</strong> confort, clôt <strong>de</strong>s ouvertures <strong>de</strong> fenêtres, en reproduit <strong>de</strong>s artificielles, générant un<br />
labyrinthe qu’il intitule Haus u r (« la <strong>maison</strong> u r »). Sporadiquement <strong>de</strong>s visiteurs sont invités à y<br />
passer la nuit et à <strong>par</strong>tager son espace intime.<br />
A <strong>par</strong>tir <strong>de</strong>s années 90 il reconstruit à l’i<strong>de</strong>ntique <strong>de</strong>s sections <strong>de</strong> sa <strong>maison</strong> dans <strong>de</strong>s musées ou<br />
<strong>de</strong>s galeries.<br />
A la Biennale <strong>de</strong> Venise 2001, il transpose la <strong>maison</strong> u r dans le pavillon allemand, et construit un<br />
dédale <strong>de</strong> pièces sombres et inquiétantes qui ouvrent chacune sur <strong>de</strong>s escaliers, <strong>de</strong>s passages<br />
incongrus et <strong>de</strong>s cul-<strong>de</strong>-sac que doit emprunter seul le visiteur avant <strong>de</strong> pouvoir sortir et se sentir<br />
enfin libéré. Il reçoit le Lion d’or pour cette œuvre au titre <strong>de</strong> Totes Haus u r (« <strong>La</strong> <strong>maison</strong> morte »).<br />
En 2004, avec Die Familie Schnei<strong>de</strong>r (« <strong>La</strong> famille Schnei<strong>de</strong>r », Londres) Gregor Schnei<strong>de</strong>r commence<br />
à se détacher <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> u r pour créer <strong>de</strong> nouveaux espaces complexes dérivés <strong>de</strong> sa première<br />
œuvre.<br />
Pour cette exposition il invite le public à prendre ren<strong>de</strong>z-vous pour accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>ux <strong>maison</strong>s<br />
jumelles se jouxtant: <strong>de</strong>ux architectures domestiques classiques d’un étage, habitées chacune<br />
d’une famille aux ressemblances troublantes, affairées aux mêmes taches, dans les mêmes pièces.<br />
Seul, invisible aux regards <strong>de</strong>s « habitants » <strong>de</strong>s lieux, le visiteur est jeté dans un trouble qu’il<br />
redouble, à la fois intrus et voyeur <strong>de</strong> l’espace domestique <strong>de</strong> la famille Schnei<strong>de</strong>r.<br />
Plus récemment dans son exposition Weisse Folter (« Torture blanche », 2007) au K20K21<br />
Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen à Düsseldorf, Gregor Schnei<strong>de</strong>r porte son intérêt sur<br />
l’espace public et dresse un portrait <strong>de</strong> l’univers carcéral. En se référant à la prison <strong>de</strong> haute<br />
sécurité <strong>de</strong> Guantanamo (Camp V), il recrée un lieu oppressant où se succè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s cellules, <strong>de</strong><br />
longs couloirs, une salle d’interrogatoire ou encore une pièce entièrement noire dont la sortie ne<br />
peut être découverte que <strong>par</strong> tâtonnements, plongeant le public dans un nouvel effroi.<br />
Pour son exposition à la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>, Gregor Schnei<strong>de</strong>r poursuit sa réflexion sur l’architecture et<br />
envisage une installation pensée tout spécialement pour le lieu. Il invite les visiteurs à se laisser<br />
gui<strong>de</strong>r <strong>par</strong> un <strong>par</strong>fum doucereux et à passer <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> la salle d’exposition. Il leur<br />
propose <strong>de</strong> quitter la salle blanche pour les espaces sombres <strong>de</strong>s doublages, et découvrir ce qui les<br />
habite, les hante, et rencontrer leurs propres peurs <strong>de</strong> l’inconnu.<br />
5
Haus u r, Rheydt, Allemagne ©Gregor Schnei<strong>de</strong>r<br />
Ur 45, Steindamm, 2003, Hamburger Kunsthalle, Hamburg ©Gregor Schnei<strong>de</strong>r<br />
6
UMSTÜLPUNG UND ENTFALTUNG / « Demi tour et en avant », <strong>par</strong> Julian Heynen<br />
[extraits du catalogue Gregor Schnei<strong>de</strong>r, Weiße Folter, K21 Kunstsammlung Nordrhein-<br />
Westfalen, Düsseldorf, 2007]<br />
En 2001, lorsque Gregor Schnei<strong>de</strong>r dut « déconstruire » la plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s pièces qu’il avait mis quinze ans à<br />
aménager dans sa Haus u r pour les transporter <strong>de</strong> Rheydt à Venise et les réunir à nouveau dans son<br />
pavillon allemand pour en faire la Totes Haus (la <strong>maison</strong> morte), ce fut là une forme d’externalisation toute<br />
<strong>par</strong>ticulière. Un travail qui, <strong>de</strong>rrière les portes d’une <strong>maison</strong> privée, avait combiné la vie et l’œuvre <strong>de</strong><br />
l’artiste, souvent indissociables l’une <strong>de</strong> l’autre, un travail auquel seulement quelques invités avaient eu<br />
accès au compte-goutte sous l’escorte attentive <strong>de</strong> l’artiste, et qui n’avait été vu <strong>de</strong> façon publique que<br />
sous la forme <strong>de</strong> pièces indépendantes ou <strong>de</strong> petits ensembles, était maintenant une sorte <strong>de</strong><br />
transplantation totale exposée à un large public.<br />
L’artiste se mit en retrait, se retira <strong>de</strong> son œuvre et autorisa d’autres à prendre possession et à interpréter<br />
la <strong>maison</strong> comme ils le souhaitaient.<br />
[…]<br />
<strong>La</strong> secon<strong>de</strong> présentation <strong>de</strong> Totes Haus aux Etats-Unis marqua le début d’une phase durant laquelle<br />
différents thèmes <strong>de</strong> l’œuvre furent explorés, tels que le recours à la duplication (avec une intensité<br />
<strong>par</strong>ticulière dans Die Familie Schnei<strong>de</strong>r 2004 à Londres) et où l’adaptabilité <strong>de</strong> l’œuvre aux espaces <strong>de</strong>s<br />
musées fut testée (Hambourg 2003).<br />
L’artiste commença alors à se détacher peu à peu <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> Haus u r , bien que certaines <strong>de</strong> ses<br />
nouvelles œuvres pourraient, <strong>de</strong> <strong>par</strong> leur caractère, être <strong>de</strong>s dérivés <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>de</strong> Rheydt.<br />
<strong>La</strong> famille Schnei<strong>de</strong>r, <strong>par</strong> exemple, ap<strong>par</strong>aît comme une version <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> d’origine qui aurait été<br />
adaptée aux conditions locales, dupliquée et animée d’êtres humains. Et bien que certaines <strong>de</strong>s pièces<br />
présentées <strong>par</strong> Schnei<strong>de</strong>r soient encore, pour la plu<strong>par</strong>t, privées et dans l’intimité <strong>de</strong>squelles le visiteur se<br />
voit contraint <strong>de</strong> faire intrusion, l’attention <strong>de</strong> Schnei<strong>de</strong>r se tourne désormais aussi vers <strong>de</strong>s pièces et<br />
espaces implicitement publics: un garage vi<strong>de</strong> et désaffecté, <strong>par</strong> exemple, dont la porte d’entrée est<br />
ouverte (Düren 2002, Hambourg et Santa Fe 2003) et une ruelle sinueuse qui, bien que construite à<br />
l’intérieur d’un bâtiment, n’est accessible que <strong>de</strong>puis la rue extérieure. Deux lieux inhospitaliers et<br />
sombres, <strong>de</strong> ceux qu’on éviterait plutôt ou que l’on rechercherait justement pour cette raison.<br />
L’inquiétante étrangeté constamment présente dans Haus u r et tout ce qui en découle n’a pour autant<br />
absolument pas déserté ces nouveaux espaces, tout en ayant toutefois d’autres points <strong>de</strong> dé<strong>par</strong>t. A la<br />
place du mystérieux occupant – autour duquel tournent toutes les suppositions et les craintes du visiteur<br />
au sein <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> – ce sont désormais, dans <strong>de</strong>s pièces plus ouvertes, les aspects sombres du collectif<br />
qui occupent et tourmentent l’esprit <strong>de</strong> qui y pénètre.<br />
[…]<br />
De ces développements <strong>de</strong> l’œuvre Haus u r, émergea à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> 2004 un intérêt très spécifique, qui <strong>de</strong>vait<br />
<strong>de</strong>venir une sorte <strong>de</strong> catalyseur. Schnei<strong>de</strong>r porta son attention sur la Kaaba <strong>de</strong> la Mecque, un édifice<br />
fondamental, alliant la forme <strong>de</strong> base abstraite du cube – mot dérivé <strong>de</strong> Kaaba – à la dimension<br />
sociologique et l’espace du <strong>de</strong>dans, <strong>de</strong> ce qui est caché.<br />
[…]<br />
<strong>La</strong> sculpture Cube Venice, qui est l’expression <strong>de</strong> l’intérêt pour un édifice tel que la Kaaba et qui <strong>de</strong>vait être<br />
érigée en 2005 sur la place Saint Marc à Venise, fut victime, là-bas et plus tard à Berlin – d’hypothèses et<br />
d’inquiétu<strong>de</strong>s politiques alimentées <strong>par</strong> une certaine nervosité face au fondamentalisme islamique.<br />
Cependant, le projet fut finalement réalisé à Hambourg, non pas en tant que monument abstrait, isolé<br />
7
dans un espace public, mais comme faisant <strong>par</strong>tie d’une exposition qui le situera dans un contexte<br />
artistique plus large. Ce travail exploite la fascination exercée <strong>par</strong> le carré noir, peint <strong>par</strong> Kasimir Malévitch<br />
au tout début <strong>de</strong> la première guerre mondiale, repris et exploré <strong>de</strong>puis <strong>par</strong> <strong>de</strong>s artistes sous <strong>de</strong>s formes<br />
diverses. Si différentes que soient les formes d’intérêt suscitées <strong>par</strong> cette forme indépendante tout <strong>de</strong> noir<br />
vêtue, les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> cette attirance semblent être constitués <strong>de</strong> la fusion <strong>par</strong>adoxale <strong>de</strong> tous les<br />
symboles universels et spirituels d’un côté, et d’une insondable négation <strong>de</strong> l’autre. <strong>La</strong> sublimation du<br />
<strong>par</strong>fait et <strong>de</strong> l’éternel sont ici inextricablement liés dans un abysse <strong>de</strong> néant et d’absurdité. Le désir<br />
métaphysique et le déni radical sont réunis ici en une seule et même image. Vus ainsi, le carré noir et ses<br />
successeurs sont certainement les symboles premiers du 20ème siècle dans ses nombreuses<br />
contradictions.<br />
[…]<br />
Le cube <strong>de</strong> Schnei<strong>de</strong>r n’est en aucun cas une réplique <strong>de</strong> la Kaaba <strong>de</strong> la Mecque, mais il lui rend hommage<br />
dans un sens – sous une forme abstraite – et l’incorpore dans le cosmos <strong>de</strong> lieux réels et symboliques qui<br />
illustrent l’existence humaine. Par son exploration – à travers la (re) reconstruction – <strong>de</strong> sites <strong>de</strong> ce type, il<br />
s’est risqué à sortir <strong>de</strong> l’espace personnel <strong>de</strong> la "<strong>maison</strong>", du cocon domestique <strong>de</strong> tout individu, <strong>de</strong> la<br />
sphère privée, et s’est concentré pour un temps, sur leur présence dans l’imaginaire collectif.<br />
[…]<br />
L’exposition 4538 KM <strong>de</strong> Deurle en Belgique, et dans une plus large mesure WEISSE FOLTER (Torture blanche)<br />
à Düsseldorf, ne gar<strong>de</strong>nt aucune trace d’une quelconque présence humaine, passée ou actuelle. Ces pièces,<br />
d’une propreté presque suspecte, aseptiques, n’ayant encore jamais été utilisées ou dans lesquelles un<br />
nettoyage consciencieux est constamment répété afin <strong>de</strong> supprimer toute trace d’un quelconque passage.<br />
Le "nettoyage" ou l’épuration va si loin que les détails éloquents ou les „accessoires“ qui pourraient donner<br />
<strong>de</strong>s indications sur l’utilisation concrète <strong>de</strong> ces pièces, ont été limités au strict minimum. C’est peut-être<br />
ce qui est le plus surprenant à première vue, dans le cas <strong>de</strong> cette suite <strong>de</strong> pièces qui ont pour point <strong>de</strong><br />
dé<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> détention militaires américains, circulant sur Internet, qui furent<br />
d’abord créés <strong>par</strong> le gouvernement Américain dans la baie <strong>de</strong> Guantanamo à Cuba en 2001, suite aux<br />
conflits en Afghanistan.<br />
[…]<br />
Jusqu’à très récemment, le travail <strong>de</strong> Schnei<strong>de</strong>r portait fréquemment les traces visibles d’un corps humain<br />
vivant ou qui, du moins, le suggérait. Les déchets et résidus <strong>de</strong> corps anonymes, mais imaginables en<br />
termes plastiques, et <strong>de</strong> leurs vies, étaient pour ainsi dire profondément et indissociablement incrustés<br />
dans la matière et la géométrie <strong>de</strong> ses pièces. Mais dans les nouvelles pièces <strong>de</strong> WEISSE FOLTER, ces<br />
marques illustratives ont dis<strong>par</strong>u. Toute tentative d’imprégnation <strong>de</strong> l’atmosphère ou toute volonté <strong>de</strong><br />
rendre plus accessible une pièce si terriblement vi<strong>de</strong> <strong>par</strong> l’invention <strong>de</strong> scénarii, ne font que ricocher sur<br />
<strong>de</strong>s surfaces rigi<strong>de</strong>s et muettes. <strong>La</strong> géométrie rigoureuse, presque stéréotypée <strong>par</strong>fois, <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rniers<br />
travaux et la suppression volontaire <strong>de</strong> toute sensualité narrative semblent plus adaptées à <strong>de</strong>s sujets, qui<br />
ne mettent plus en lumière les perspectives <strong>de</strong> l’individu (radical) mais qui, au lieu <strong>de</strong> cela, tentent <strong>de</strong> se<br />
rapprocher <strong>de</strong> pièces qui seraient constituées <strong>par</strong> la société en tant qu’ensemble. Ces pièces existant <strong>de</strong><br />
façon publique sont, d’un côté, plus générales et plus abstraites, et d’un autre, contiennent et influencent<br />
très concrètement la vie <strong>de</strong> chacun et <strong>de</strong> tous en même temps. Mais ce qui semble <strong>par</strong>ticulièrement<br />
intéresser Schnei<strong>de</strong>r ici, comme pour ses précé<strong>de</strong>nts travaux, est tout ce qui relève du caché, du secret, <strong>de</strong><br />
l’intime, <strong>de</strong> ce qui est invisible tout en étant présent. Mis à <strong>par</strong>t Haus u r, où le "caché" était indissociable<br />
d’un certain voyeurisme dans lequel le visiteur se voyait tomber inévitablement, il semble que, dans<br />
Schwarzer Kubus, dans Weisse Folter […], le fait que quelque chose soit caché à l’intérieur soit l’élément<br />
8
constitutif <strong>de</strong> son existence et <strong>de</strong> sa signification dans la société. Ceci s’applique spécifiquement à la<br />
dimension religieuse d’abord, puis à la réalité politique, et en troisième lieu à la question <strong>de</strong> la mort. C’est<br />
un peu comme si Schnei<strong>de</strong>r, <strong>par</strong> ces travaux en forme <strong>de</strong> spirale, avait réussi à inverser, <strong>de</strong> façon<br />
<strong>par</strong>adoxale <strong>par</strong> <strong>de</strong> nombreux aspects, ses anciennes métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail. Au<strong>par</strong>avant, il semblait creuser<br />
<strong>de</strong> plus en plus profondément en lui-même, <strong>de</strong> façon concentrique, animé <strong>par</strong> le désir <strong>de</strong> trouver l’ultime<br />
pièce <strong>de</strong> sa propre existence, qu’il ne <strong>par</strong>viendrait évi<strong>de</strong>mment jamais à trouver. C’est comme si, <strong>de</strong>puis<br />
quelques années maintenant, il avait inversé le mouvement, effectué un véritable <strong>de</strong>mi-tour. L’impulsion<br />
ressemble maintenant à une spirale décrivant <strong>de</strong>s cercles toujours plus grands <strong>de</strong> façon excentrique. Mais<br />
il ne peut y avoir <strong>de</strong> conclusion, <strong>de</strong> point final, peu importe la direction. Et quelle que soit cette direction,<br />
l’inconnu avance toujours en restant hors <strong>de</strong> portée. C’est cette perpétuelle et irrésistible fascination qui<br />
créé, finalement, le véritable malaise que suscite ses œuvres et qui est à l’origine <strong>de</strong> sa compulsion à rester<br />
constamment en mouvement, à travailler sans relâche, à questionner sa propre existence et <strong>par</strong> là même, à<br />
affirmer sa propre vie.<br />
Julian Heynen est directeur du K21 Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen à Düsseldorf. Il a été le<br />
commissaire <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong> Gregor Schnei<strong>de</strong>r, Weiße Folter, au K21.<br />
9
liste <strong>de</strong>s expositions (sélection)<br />
1985-2007<br />
Haus u r, Rheydt, Allemagne<br />
2001<br />
Totes Haus u r, Deutscher Pavillon, 49. Biennale <strong>de</strong> Venise, Venise, Italie (C). Commissaire: Udo Kittelmann<br />
N. Schmidt, Kabinett für aktuelle Kunst, Bremerhaven, Allemagne, Commissaire: Jürgen Wesseler<br />
2002<br />
Startkapital, K21, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf, Allemagne (C). Commissaire: Julian<br />
Heynen<br />
Haus u r, Stiftung DKM (Art and Culture Stiftung Duisburg), Duisburg, Allemagne (C)<br />
Fotografie und Skulptur, Museum für Gegenwartskunst, Siegen, Allemagne (C). Commissaire: Barbara<br />
Engelbach<br />
2003<br />
Gregor Schnei<strong>de</strong>r. Hannelore Reuen, Hamburger Kunsthalle, Hambourg, Allemagne (C). Commissaire: Frank<br />
Barth<br />
Dead House u r, Museum of Contemporary Art, Los Angeles, USA (C). Commissaire: Paul Schimmel<br />
517West 24th, Barbara Gladstone Gallery, New York, USA<br />
Gregor Schnei<strong>de</strong>r, Aspen Art Museum, Aspen, USA (C). Commissaire: Dean Sobel<br />
2004<br />
Die Familie Schnei<strong>de</strong>r, Artangel Londres, Londres, Gran<strong>de</strong> Bretagne (C). Commissaire: James Lingwood<br />
2005<br />
Gregor Schnei<strong>de</strong>r, Museu <strong>de</strong> Arte Contemporânea <strong>de</strong> Serralves, Porto, Portugal (C). Commissaire: Ulrich Loock<br />
51. International Art Exhibition, Biennale <strong>de</strong> Venise, Venise, Italie<br />
Kabinett Für Aktuelle Kunst Bremerhaven, Bremerhaven, Allemagne. Commissaire: Jürgen Wesseler<br />
2006<br />
Totalscha<strong>de</strong>n, Bonner Kunstverein, Bonn, Allemagne. Commissaire: Gregor Schnei<strong>de</strong>r<br />
4538 KM, Museum Dhont-Dhaenens, Deurle, Belgique. Commissaire: Joost Declercq<br />
Into Me / Out of Me, P.S.1 Contemporary Art Center, New York, USA. Commissaire: Klaus Biesenbach<br />
Gregor Schnei<strong>de</strong>r Fotografie, Kunstverein Arnsberg e. V, Arnsberg, Allemagne. Commissaire: Necmi Sönmez<br />
Fondazione Morra Greco, Naples, Italie<br />
2007<br />
Won<strong>de</strong>rwall - Constructing The Sublime, Tomio Koyama Gallerie, Tokyo, Japon. Commissaire: Anna-Catharina<br />
Gebbers<br />
WEISSE FOLTER, K20K21 Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf, Allemagne (C). Commissaire: Julian<br />
Heynen, Brigitte Kölle<br />
Das schwarze Quadrat Hommage an Malewitsch, Hamburger Kunsthalle, Hambourg, Allemagne (C).<br />
Commissaire: Hubertus Gassner<br />
MARTa schweigt., MARTa Herford gGmbH, Herford, Allemagne (C). Commissaire: Jan Hoet, Michael Kröger<br />
Bondi Beach, 21 beach cells, Kaldor Art Projects, Bondi Beach, Australie. Commissaire: John Kaldor<br />
2008<br />
Come-in, RMIT-Gallery, Melbourne, Australie<br />
Gregor Schnei<strong>de</strong>r est représenté <strong>par</strong> la galerie Luis Campaña, Cologne, Allemagne<br />
Pour plus d’information : www.gregorschnei<strong>de</strong>r.<strong>de</strong><br />
10
pilar albarracín<br />
Pilar Albarracín (née à Séville en 1968, elle vit et travaille à Madrid), a fait <strong>de</strong> son héritage culturel<br />
andalou et <strong>de</strong> la position <strong>de</strong> la femme dans la société espagnole le centre <strong>de</strong> son travail.<br />
Son regard amusé et cinglant se porte sur l’ensemble <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> la figure féminine<br />
que véhicule la tradition, à l’instar <strong>de</strong> la photographie Prohibido el Cante (« Interdit <strong>de</strong> chanter »,<br />
2000) où elle ap<strong>par</strong>aît dans un bar au décor riche <strong>de</strong>s archétypes andalous (photographies <strong>de</strong><br />
corrida, jambons pendus, tête <strong>de</strong> taureau trônant) vêtue d’une robe <strong>de</strong> danseuse flamenco,<br />
bâillonnée et ligotée sur une chaise.<br />
Pilar Albarracín travaille aussi bien avec la photographie, la sculpture, le <strong>de</strong>ssin, l’installation, la<br />
vidéo, ou encore la performance qui <strong>de</strong>meure son médium privilégié. Elle incarne à tour <strong>de</strong> rôle<br />
la gitane, la paysanne, la prostituée, l’émigrante ou encore la femme au foyer, et produit une<br />
œuvre qui peut être interprétée comme l’écrit Rosa Martínez, comme « une métaphore <strong>de</strong><br />
l’insoumission ».<br />
Pour sa première exposition personnelle en France, Pilar Albarracín a choisi <strong>de</strong> présenter une gran<strong>de</strong><br />
installation, Techo <strong>de</strong> Ofrendas, et une série <strong>de</strong> vidéos dont <strong>La</strong> cabra, Lunares et Prohibido el Cante,<br />
associant l’émotion exacerbée du flamenco au rituel <strong>de</strong> la corrida, au sacrifice et à la mort.<br />
Dans la vidéo performance intitulée Prohibido el Cante (2000), elle accompagne un guitariste <strong>de</strong><br />
flamenco d’une plainte qui s’amplifie jusqu’à <strong>de</strong>venir un cri, dévoilant alors un couteau <strong>de</strong><br />
boucher avec lequel elle lacère sa robe et s’arrache littéralement le cœur (un cœur <strong>de</strong> bœuf)<br />
avant <strong>de</strong> le jeter à terre et quitter la salle.<br />
Dans Lunares (« Pois », 2004), Pilar Albarracín établit cette fois un <strong>par</strong>allèle entre la danseuse <strong>de</strong><br />
flamenco et le taureau sacrifié dans l’arène. Sur scène, entourée d’un groupe <strong>de</strong> musiciens restés<br />
dans l’ombre, elle danse et <strong>par</strong>e sa robe immaculée <strong>de</strong> pois <strong>de</strong> sang en se piquant d’une aiguille,<br />
donnant au spectacle la forme d’une tauromachie.<br />
Le rapprochement est plus explicite encore dans <strong>La</strong> cabra (« <strong>La</strong> chèvre », 2001) où elle danse <strong>de</strong><br />
façon endiablée avec « pour <strong>par</strong>tenaire » une outre <strong>de</strong> vin qui se déverse sur sa robe.<br />
L’artiste présentera également Techo <strong>de</strong> Ofrendas 2004, un « Toit d’offran<strong>de</strong>s » composé <strong>de</strong> plusieurs<br />
centaines <strong>de</strong> robes <strong>de</strong> flamenco suspendues, qui se déploie sur près <strong>de</strong> cinquante mètres carrés. Le<br />
visiteur est invité à circuler sous cette vaste couverture colorée et baroque, écho d’une coutume en usage<br />
dans certaines églises espagnoles, ou lors <strong>de</strong> certains pèlerinages, où les femmes se <strong>de</strong>ssaisissent <strong>de</strong> leurs<br />
robes en offran<strong>de</strong> à la Vierge pour qu’elle intercè<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong> Dieu.<br />
L'exposition est coproduite <strong>par</strong> la Seacex (gouvernement espagnol, ministère <strong>de</strong>s affaires étrangères et <strong>de</strong> la<br />
coopération, programme <strong>de</strong> l'art espagnol à l'étranger).<br />
A l’occasion <strong>de</strong> cette exposition un catalogue bilingue français-espagnol, 96 pages couleur, est publié aux<br />
éditions fage avec le soutien <strong>de</strong> la SEACEX (Société nationale espagnole pour l’action culturelle extérieure),<br />
textes <strong>de</strong> Cécile Bourne, Georges Didi-Huberman, Xavier Arakistain et Lour<strong>de</strong>s Men<strong>de</strong>z.<br />
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Prohibido el Cante, 2000 ©Pilar Albarracín<br />
PILAR ALBARRACÍN : MILLE ET UNE FEMMES <strong>par</strong> Rosa Martínez<br />
[extraits du catalogue du Prix Altadis, 2002]<br />
Une rue, à Séville. Une femme gît dans une mare <strong>de</strong> sang. Une autre pose, dissimulée <strong>par</strong>mi <strong>de</strong>s<br />
mannequins, dans la vitrine d’un grand magasin <strong>de</strong> la capitale andalouse. Une jeune marocaine en<br />
costume traditionnel est amarrée à la galerie d’une voiture d’émigrants, au beau milieu <strong>de</strong>s colis et <strong>de</strong>s<br />
malles. Une magnifique créature vêtue <strong>de</strong> falbalas, un bâillon sur la bouche, est ligotée sur une chaise,<br />
sous le regard imposant d’une tête <strong>de</strong> taureau. Toutes ces femmes ont été utilisées ou exploitées <strong>par</strong> un<br />
système qui les considère comme <strong>de</strong> simples meubles, <strong>de</strong> purs produits <strong>de</strong> consommation. Toutes sont<br />
incarnées <strong>par</strong> Pilar Albarracín.<br />
12
A travers ses mises en scène et ses performances, Pilar Albarracín lève le voile sur le drame <strong>de</strong>s structures<br />
<strong>de</strong> domination et la violence perpétrée contre les femmes. Mais au lieu d’adopter un point <strong>de</strong> vue<br />
dogmatique et moralisateur, elle privilégie l’ironie et le sarcasme nés <strong>de</strong> visions surréelles et<br />
d’appropriations cocasses. Elle incarne à elle seule <strong>de</strong> nombreuses figures féminines : la gitane, la<br />
paysanne, la gardienne du foyer, la prostituée, la dépositaire du folklore, l’émigrante, ou encore la petite<br />
fille blessée. En choisissant <strong>de</strong> mettre en images la subordination sexuelle, sociale et i<strong>de</strong>ntitaire (tant<br />
nationale qu’ethnique), Pilar Albarracín rejoint dans son analyse <strong>de</strong>s constructions symboliques les plus<br />
éminents penseurs <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières décennies.<br />
[…]<br />
Pilar Albarracín s’immerge dans la culture andalouse – vampirisée <strong>par</strong> le franquisme et <strong>de</strong>venue, <strong>par</strong><br />
métonymie, symbole <strong>de</strong> la culture espagnole – en portant un regard à la fois amusé et critique sur ses<br />
principaux éléments. <strong>La</strong> gastronomie, le folklore, la religion et l’économie rurale occupent une place<br />
fondamentale dans ses œuvres. Témoin la vidéo-performance Tortilla a la española (1999), dans laquelle<br />
elle n’hésite pas à déchirer ses vêtements avant <strong>de</strong> passer, littéralement, “ à la casserole ”, au cours d’une<br />
cérémonie d’auto-immolation métaphorique. Témoin encore Lujo Ibérico (2001), sculpture constituée <strong>de</strong><br />
magnifiques chapelets <strong>de</strong> saucissons et <strong>de</strong> boudins en velours et soie noirs et <strong>rouge</strong>s suspendus à un<br />
crochet <strong>de</strong> boucher. Autre exemple : ses Relicarios (1993), véritables amulettes <strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes qu’elle<br />
commercialise. Réalisés à <strong>par</strong>tir d’une photographie <strong>de</strong> Pilar Albarracín et d’un morceau d’étoffe provenant<br />
<strong>de</strong> la blouse qu’elle revêt pour peindre, ces “ reliquaires ” projettent une lumière ironique sur le rôle<br />
protecteur, la fonction mystique et la dimension presque sacrée <strong>de</strong> l’artiste. Les séries Ora et labora (2001)<br />
mettent en scène une paysanne giron<strong>de</strong> vaquant à ses occupations champêtres dans un décor idyllique,<br />
dans une <strong>par</strong>odie du bonheur que procure le travail à ceux qui savent rester à leur place.<br />
Capitalisant sur une post-mo<strong>de</strong>rnité qui lui permet <strong>de</strong> transcen<strong>de</strong>r les disciplines, et consciente du<br />
potentiel offert <strong>par</strong> les nouvelles technologies, Pilar Albarracín passe avec aisance <strong>de</strong> la vidéo à la<br />
sculpture, <strong>de</strong> la photographie à l’installation et du <strong>de</strong>ssin à la couture. <strong>La</strong> performance <strong>de</strong>meure toutefois<br />
son mo<strong>de</strong> d’expression privilégié, en lui offrant un territoire où crier sa révolte d’un ton aussi brutal que<br />
radical. L’art <strong>de</strong> Pilar Albarracín est une métaphore <strong>de</strong> l’insoumission. Ses interventions dans l’espace<br />
public jouent sur l’élément <strong>de</strong> surprise, agissant comme un électrochoc social. S/T (sangre en la calle)<br />
(1992) est constitué <strong>de</strong> sept scènes tournées dans sept lieux <strong>de</strong> Séville témoins d’agressions contre <strong>de</strong>s<br />
femmes. Dans Esca<strong>par</strong>ates (1993-95), l’artiste s’immisce à nouveau dans le paysage urbain en se<br />
substituant cette fois aux mannequins <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vantures <strong>de</strong> magasins. <strong>La</strong> beauté <strong>de</strong>vient prison dans <strong>La</strong><br />
noche 1002 (2001) où, illustrant le “ pouvoir hypnotique <strong>de</strong> la domination ” (Virginia Woolf), l’érotisme<br />
tintinnabulant <strong>de</strong> la danse du ventre se confond avec le cliquetis <strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> l’oppression dans un<br />
fondu visuel fascinant.<br />
L’univers <strong>de</strong> Pilar Albarracín est fait <strong>de</strong> <strong>par</strong>odies et <strong>de</strong> tragi-comédies qui confinent au <strong>par</strong>oxysme<br />
cathartique. Les danseuses <strong>de</strong> flamenco <strong>de</strong> Dots (2001), <strong>par</strong> exemple, arborent <strong>de</strong>s robes découpées dans<br />
un tissu à pois faits <strong>de</strong> tâches <strong>de</strong> sang. Dans <strong>La</strong> cabra (2001), l’artiste entame une danse endiablée avec une<br />
outre <strong>de</strong> vin qui se répand sur elle à chaque pas. Pour Prohibido el cante (2000), sous les traits d’une<br />
chanteuse populaire, elle crie son désarroi d’un ton crescendo avant <strong>de</strong> déchirer ses vêtements, <strong>de</strong><br />
s’arracher le cœur et <strong>de</strong> le jeter à terre dans <strong>de</strong>s halètements orgastiques. Toutes ces œuvres représentent<br />
<strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> danses burlesques où l’érotisme et la mort s’entrecroisent, et où les débor<strong>de</strong>ments qui<br />
mènent à la libération sont poussés à l’extrême. Elles traduisent l’idée du “ corps pathétique ”, un corps<br />
13
soumis à toutes sortes <strong>de</strong> blessures et <strong>de</strong> tensions, et renvoient au théâtre du grotesque et aux rituels <strong>de</strong> la<br />
cruauté. A la différence <strong>de</strong>s cérémonies religieuses qui visent à perpétuer <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> croyances, la<br />
performance contemporaine dispose d’un pouvoir critique qu’elle met à profit pour déconstruire ces rituels<br />
et provoquer une catharsis libératrice. Le choc, les larmes et le rire sont autant d’armes qu’elle utilise pour<br />
y <strong>par</strong>venir. L’art possè<strong>de</strong> donc une fonction thérapeutique dans la mesure où il nous permet d’affronter<br />
nos démons personnels, tout en sachant qu’ils ne sont que le produit <strong>de</strong> l’idéologie et <strong>de</strong>s structures<br />
sociales.<br />
L’œuvre <strong>de</strong> Pilar Albarracín a également été marquée <strong>par</strong> la création d’objets dynamiques conduisant à <strong>de</strong>s<br />
mises en situation et exigeant une <strong>par</strong>ticipation active du spectateur. Duchamp affirmait que c’est le<br />
spectateur qui fait l’œuvre, <strong>par</strong> le biais <strong>de</strong> son interprétation. Pilar Albarracín va encore plus loin. Jugeant<br />
l’analyse intellectuelle insuffisante, elle recherche l’interaction convulsive avec le spectateur. Ce <strong>de</strong>rnier<br />
doit littéralement éprouver, ressentir, l’œuvre – qu’elle soit souffrance ou jouissance – et ce dans sa chair<br />
comme dans sa tête. Un objectif pleinement atteint <strong>par</strong> <strong>de</strong>s œuvres comme El viaje (2002), qui dépeint le<br />
retour aux sources chaque année <strong>de</strong>s émigrants nord-africains exilés en Europe. Au milieu <strong>de</strong>s rires<br />
inévitables <strong>de</strong>vant le véhicule bardé <strong>de</strong> bagages, le spectateur revit les mêmes sensations que les<br />
occupants battant la campagne espagnole, <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs aux secousses provoquées <strong>par</strong> les ornières creusant<br />
les milliers <strong>de</strong> kilomètres qui les sé<strong>par</strong>ent <strong>de</strong> la mère patrie. Visionneuses panoramiques créées à l’occasion<br />
d’une manifestation à San Vicente <strong>de</strong> Pollença (îles Baléares), Si no lo veo no lo creo (2002) représente <strong>de</strong>s<br />
scènes empruntées à d’autres rivages (pateras, pirates, massacres <strong>de</strong> thons) qui semblent virtuellement<br />
confluer vers les eaux touristiques <strong>de</strong> Majorque. Un lieu dédié à l’hédonisme et au farniente avec lequel<br />
tranchent violemment les situations évoquées <strong>par</strong> l’artiste : exploitation, rêves <strong>de</strong> liberté, <strong>de</strong>struction <strong>de</strong><br />
l’environnement, etc. Dans Diván (2002), le spectateur est invité à s’étendre sur une réplique du divan <strong>de</strong><br />
Freud, comme pour une thérapie, mais il ne tar<strong>de</strong> pas à ployer sous le poids <strong>de</strong> tous ses malheurs. Choc<br />
émotionnel encore avec Espejito (2001), miroir hilarant qui n’est pas sans rappeler celui <strong>de</strong> Blanche Neige, à<br />
cette différence près que tous ceux qui s’y mirent, homme ou femme, s’enten<strong>de</strong>nt qualifier d’affreux<br />
(affreuse) !<br />
[…]<br />
Son goût <strong>de</strong> l’excès et <strong>de</strong>s contrastes renvoie au Baroque, son amour du kitsch au Pop Art. Pilar Albarracín<br />
se situe dans une lignée créative qui remet en cause le puritanisme du mainstream anglo-saxon pour<br />
défendre les poétiques <strong>de</strong> la débauche et <strong>de</strong> l’érotique “ sortir <strong>de</strong> soi ” cher à Bataille.<br />
Analysant les images issues <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong> la culture populaire, Pilar Albarracín dissout le modèle patriarcal<br />
qui enferme les femmes dans <strong>de</strong>s clichés castrateurs. Son art est la preuve même <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> la<br />
femme comme sujet d’énonciation (quoi qu’en dise <strong>La</strong>can). Mais ce qui fait d’elle un phénomène, pour ne<br />
pas dire un miracle, c’est son excessive générosité et son impétuosité, doublées d’une ténacité sans faille<br />
et d’une exigence sans concession à l’égard d’elle-même. Sans <strong>par</strong>ler du courage qu’il lui a fallu réunir pour<br />
<strong>de</strong>scendre dans l’arène et attraper le taureau <strong>par</strong> les cornes, ou <strong>par</strong> la queue – au choix.<br />
Rosa Martínez est critique d’art et commissaire d’exposition. Elle a été directrice <strong>de</strong> la 51 e Biennale <strong>de</strong><br />
Venise (2005) et commissaire en chef du Musée d’Art Mo<strong>de</strong>rne d’Istanbul (2004-2007).<br />
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liste <strong>de</strong>s expositions (sélection)<br />
2003<br />
El real viaje Real / The Real Royal Trip. PS1 MOMA. New York, USA. Commissaire : Harald Szeemann.<br />
In Progress. 56 Festival Internazionale <strong>de</strong>l Film Locarno. Locarno, Suisse. Commissaire : Harald Szeemann.<br />
© Europe Exists. Macedonian Museum of Contemporary Art. Thesalonique, Grèce. Commissaire : Rosa<br />
Martínez. Avec l’assistance spéciale <strong>de</strong> Harald Szeemann’s Agency of Spiritual Guestwork.<br />
2004<br />
<strong>La</strong> alegría <strong>de</strong> mis sueños. I Bienal Internacional <strong>de</strong> Arte Contemporáneo <strong>de</strong> Sevilla.<br />
Monasterio <strong>de</strong> la Cartuja <strong>de</strong> Santa María <strong>de</strong> las Cuevas. Seville, Espagne. Commissaire : Harald Szeemann.<br />
Brainstorming, topographie <strong>de</strong> la morale. Centre National d’Art et du Paysage. Ile <strong>de</strong><br />
Vassivière, France. Commissaire : Guy Tortosa.<br />
2005<br />
Art that works / Catch me. 46th October Salon, Belgra<strong>de</strong>. Serbie et Montenegro. Commissaire : Darka<br />
Radosavijevic, Nebojsa Vilic.<br />
Centre of Gravity. Istanbul Mo<strong>de</strong>rn Sanat Müzesit, Istambul.Turkey. Commissaire : Rosa Martínez.<br />
Always a little further. 51st International Art Exhibition, Biennale <strong>de</strong> Venise, Arsenale <strong>de</strong> Venise, Venise,<br />
Italie. Commissaire : Rosa Martínez.<br />
Here comes the sun. Magazín 3, Stockholm Konsthall, Suè<strong>de</strong>.<br />
Dialectis of Hope. I Moscow Biennale of Contemporary Art. Moscou, Russie. Commissaire : Joseph<br />
Backstein, Iara Boubnova, Nicolas Bourriaud, Daniel Birnbaum, Rosa Martínez, Hans Ulrich Obrist.<br />
2006<br />
Housewarming, Film screening, Swiss Institute, New York, USA. Commissaire : Gianni Jetzer (décembre)<br />
"EN PRIMEIRA PERSOA",AHHHHHHHH <strong>La</strong> Expresión <strong>de</strong> la euforia y el <strong>de</strong>sahogo, Centro Galego <strong>de</strong> Arte<br />
Contemporáneo, Santiago <strong>de</strong> Compostela, Espagne. Commissaire : Mar Caldas e Silvia Martí<br />
Voices of Silence, Herzliya Museum of Contemporary Art, Herzliya, Israël. Commissaire : Dalia Levin.<br />
Selection from the International competition of the KunstFilmBiennale Köln 2005 , KW Institute for<br />
Contemporary Art, Berlin, Allemagne<br />
Cieplo / Zimno, Letnia mitosc / hot / cold, Summer Living, Zacheta Narodowa Galeria Sztuki / Zacheta<br />
Nacional Gallery of Art, Varsovie, Pologne. Commissaire : María Brewínska Julio /July<br />
Mirador/ Medienkunst Aus Spanien. Centrum fur Gegenwartskunst, Linz, Autriche.<br />
Commissaire : Genoveva Ruckert, Martin Sturm.<br />
2007<br />
Going Staying. Movement, Body, Place in Contemporary Art, Kunstmuseum Bonn, Allemagne (novembre).<br />
BODY CITY, vi<strong>de</strong>oa<strong>par</strong>tament, Dublin, Irelan<strong>de</strong>. Commissaire : Nigel Rolfe, Cliodhna Shaffrey, Shelagh<br />
Morris (novembre).<br />
Os trópicos: Visões a <strong>par</strong>tir do centro do globo ou O <strong>par</strong>aíso na outra esquina, Centro Cultural Banco do<br />
Brasil, Brasilia, Brésil. Commissaire : Hug Alfons (octobre).<br />
The Passion acording to ABO. Festival di Ravello, Ravello, Itália. Commissaire : Achille Bonito Oliva. Villa<br />
Rufolo (Juin).<br />
Global Feminisms, Brooklyn Museum, New York, USA. Commissaire : Linda Nochlin, Maura Reilly, Lila<br />
Acheson Wallace (mars).<br />
«I AM MAKING ART - 4 Studies on the Artist’s Body», Centre d’Art Contemporain Genève, Suisse.<br />
Commissaire : Katya García-Antón et Clare Manchester (février)<br />
2008 janvier - mai<br />
<strong>La</strong> Mirada Iracunda, Centro Cultural Montehermoso, Vitoria, España (janvier-mai).<br />
Pilar Albarracín est représentée <strong>par</strong> la galerie Filomena Soares, Lisbonne.<br />
Pour plus d’information : www.pilaralbarracin.com<br />
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wall 0208<br />
une proposition <strong>de</strong> Marie Maillard pour le patio <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
Installation proposée et produite <strong>par</strong> l’association <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong>.<br />
Chaque année, l’association produit une œuvre spécifique pour le patio <strong>de</strong> la <strong>maison</strong><br />
<strong>rouge</strong>. Tous les membres sont invités à proposer un nom et à voter pour l’un <strong>de</strong>s trois<br />
artistes sélectionnés <strong>par</strong> un comité, présidé cette année <strong>par</strong> Jean-Pierre Criqui.<br />
À la croisée <strong>de</strong> l’art contemporain, du <strong>de</strong>sign et <strong>de</strong> l’architecture, l’œuvre <strong>de</strong> Marie Maillard<br />
investit l’espace pour en faire une trame sensible. Ses vi<strong>de</strong>o-wallpapers projettent <strong>de</strong>s<br />
motifs <strong>de</strong> façon à ce qu’ils se confon<strong>de</strong>nt avec les murs et modifient la perception du lieu.<br />
Ils produisent ainsi <strong>de</strong>s images à vivre et non à contempler. Idéalement, leur répétition<br />
infinie induit que le spectateur puisse libérer son attention pour vaquer à ses occupations<br />
tandis que la représentation imprègne l’endroit d’une couleur, d’un rythme, d’une<br />
pulsation. C’est alors sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’écho physique que l’on continue à y répondre. Les<br />
vi<strong>de</strong>o-wallpapers animent l’environnement traversé <strong>de</strong> vibrations. Ils offrent la possibilité<br />
à l’habitat d’abandonner sa neutralité rationnelle pour <strong>de</strong>venir une réalité englobante plus<br />
émotionnelle.<br />
Pour le projet du patio <strong>de</strong> la Maison <strong>rouge</strong>, Marie Maillard revient sur l’histoire du site, une<br />
ancienne usine construite autour d’un pavillon d’habitation. Espace <strong>de</strong> transition visible<br />
avant d’accé<strong>de</strong>r aux expositions, cette cour intérieure laisse passer la lumière du jour et<br />
montre la brique <strong>rouge</strong> qui évoque l’ancienne fonction <strong>de</strong> l’édifice. L’artiste a décidé <strong>de</strong> la<br />
reproduire à une échelle réduite et <strong>de</strong> placer son dispositif au cœur du patio. Ce<br />
redoublement, associé à l’inversion <strong>de</strong>s matériaux (le verre et la brique), entraîne une<br />
perte <strong>de</strong>s repères. Le lieu clos se fragmente et s’ouvre à une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> dimensions. De<br />
la sorte, Wall 0208 brise la sé<strong>par</strong>ation stricte entre le réel et le virtuel, le concret et<br />
l’imaginaire. En dépit <strong>de</strong> sa petite taille, il trace un labyrinthe que le spectateur est invité à<br />
arpenter mentalement, comme une zone <strong>de</strong> projection, à la fois inaccessible et intime,<br />
secrète et familière.<br />
Fabien Danesi<br />
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liste <strong>de</strong>s expositions<br />
2001<br />
Paysages, 4 ème Biennale d’Art Contemporain, Enghien-les-Bains<br />
Traversées, Musée d'Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Paris. Invitée <strong>par</strong> l’artiste Dominique Petitgand<br />
2002<br />
L’ap<strong>par</strong>tement, Galerie Interface, Dijon<br />
Galerie Ipso Facto, Nantes<br />
2003<br />
Images projetées, Aperto, Montpellier<br />
Comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> papiers peints vidéo pour Karl <strong>La</strong>gerfeld, Paris<br />
2004<br />
Biennale <strong>de</strong> Busan, Corée du Sud. Commissaire: Manu Park<br />
Histoire Intra Muros, Atelier Cantoisel, Joigny<br />
Designer's Days, Espace Cappellini, Paris<br />
2005<br />
Installations vidéos, Chanel, Metropolitan Museum, New York<br />
It’s not about sex, Luxe Gallery, Paris<br />
2006<br />
<strong>La</strong> Cabane, Palais <strong>de</strong> Tokyo, Paris. Commissaire : Pascal Beausse<br />
<strong>La</strong> Visite, Fondation Zervos, Vézelay. Commissaire : Christian Besson<br />
Wall 1006, FIAC, Grand Palais, Paris. Production Citroën. Commissaire : Anne-Pierre d’Albis.<br />
Version Animée, BAC (Bâtiment d’Art Contemporain), Genève. Commissaire : <strong>La</strong>urence H Dreyfus<br />
Projet vidéo pour le concours d’une tour <strong>de</strong> Jean Nouvel à la Défense, Paris<br />
2007<br />
Luxe Gallery, New York<br />
Galerie Aline Vidal, Paris<br />
RadioMobile, Performance, Art Basel<br />
Places, Luxe Gallery, New York<br />
The best of, Galerie Aline Vidal, Paris<br />
Marie Maillard est née à Besançon en 1973. Elle vit et travaille à Paris.<br />
Elle est représentée <strong>par</strong> la Galerie Aline Vidal à Paris et <strong>par</strong> la Luxe Gallery à New York<br />
Pour plus d’information : www.vi<strong>de</strong>o-wallpaper.com<br />
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informations pratiques<br />
transports<br />
métro : Quai <strong>de</strong> la Rapée (ligne 5) ou Bastille (lignes 1,5,8)<br />
RER : Gare <strong>de</strong> Lyon<br />
bus : 20/29/91<br />
accessibilité<br />
les espaces d’exposition sont accessibles aux visiteurs handicapés moteur<br />
ou aux personnes à mobilité réduite<br />
jours et horaires d’ouverture<br />
du mercredi au dimanche <strong>de</strong> 11h à 19h<br />
nocturne le jeudi jusqu’à 21h<br />
fermeture les 25 décembre, 1 er janvier et 1 er mai<br />
tarifs<br />
plein tarif : 6,50 €<br />
tarif réduit : 4,50 € (13-18 ans, étudiants, <strong>maison</strong> <strong>de</strong>s artistes, carte senior)<br />
accès gratuit : pour les moins <strong>de</strong> 13 ans, les chômeurs, les accompagnateurs <strong>de</strong> personnes invali<strong>de</strong>s, les<br />
membres <strong>de</strong> l’ICOM et les Amis <strong>de</strong> la <strong>maison</strong> <strong>rouge</strong><br />
laissez-passer annuel, plein tarif : 16 €<br />
laissez-passer, tarif réduit : 12 €<br />
accès gratuit et illimité aux expositions<br />
accès libre ou tarifs préférentiels pour les événements liés aux expositions<br />
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