Document de Travail n°80 | Les nouveaux dispositifs - Agence ...
Document de Travail n°80 | Les nouveaux dispositifs - Agence ...
Document de Travail n°80 | Les nouveaux dispositifs - Agence ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
3. <strong>Les</strong> politiques et pratiques <strong>de</strong> la formation professionnelle post-primaire au Cameroun<br />
une forme prometteuse <strong>de</strong> parcours post-primaire <strong>de</strong> professionnalisation.<br />
Créé en 1999 à Yaoundé à l’initiative <strong>de</strong> neuf chefs d’entreprise<br />
représentant divers corps <strong>de</strong> métiers artisanaux,<br />
le Groupement interprofessionnel <strong>de</strong>s artisans (GIPA) a<br />
le souci <strong>de</strong> renforcer les capacités techniques et managériales<br />
<strong>de</strong>s chefs d’entreprise artisanaux ainsi que <strong>de</strong><br />
structurer et normaliser la formation <strong>de</strong>s apprentis. Le<br />
GIPA regroupe aujourd’hui plus <strong>de</strong> 100 entreprises artisanales<br />
à Yaoundé répartis dans onze corps <strong>de</strong><br />
métiers (menuiserie, confection, coiffure, vannerie, sérigraphie,<br />
teinture, poterie, décoration intérieure, électrotechnique,<br />
bâtiment et sculpture).<br />
Le Groupement a entrepris, <strong>de</strong>puis plusieurs années, <strong>de</strong> faire<br />
évoluer l’apprentissage traditionnel en y introduisant une<br />
ingénierie pédagogique <strong>de</strong> suivi et d’évaluation qui permet<br />
aux maîtres artisans <strong>de</strong> mieux adapter leur intervention à la<br />
situation spécifique <strong>de</strong> chaque jeune. Une enquête spécifique<br />
à ce sujet, en 2006, avait permis <strong>de</strong> constater que les chefs<br />
d’entreprises regroupés au sein du GIPA travaillaient à mettre<br />
en place une harmonisation <strong>de</strong> leurs interventions <strong>de</strong> formation<br />
(Walther, 2006). Cette harmonisation, qui est toujours<br />
d’actualité, peut être explicitée comme suit :<br />
réalisation d’une modalité <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s apprentis aboutissant<br />
à <strong>de</strong>s évaluations successives <strong>de</strong> leur capacité<br />
<strong>de</strong> progression ;<br />
passage d’une évaluation individuelle à une évaluation<br />
globale <strong>de</strong>s améliorations à apporter à la formation ;<br />
ajout à la formation technique d’une formation à la gestion<br />
réalisée par le maître artisan lui-même ;<br />
mise en place <strong>de</strong> modalités <strong>de</strong> positionnement <strong>de</strong>s<br />
jeunes dépendant <strong>de</strong> leur niveau d’entrée et d’atteinte<br />
d’objectifs précis ;<br />
variation <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> la formation en fonction <strong>de</strong>s<br />
niveaux d’entrée mais aussi <strong>de</strong> l’évaluation régulière <strong>de</strong><br />
leurs capacités professionnelles ;<br />
proposition d’épreuves <strong>de</strong> sortie dans un même lieu et<br />
selon <strong>de</strong>s modalités i<strong>de</strong>ntiques <strong>de</strong> fabrication d’un<br />
objet évalué ensuite dans le cadre d’un jury commun ;<br />
réalisation d’un certificat commun <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> formation<br />
en partenariat avec le ministère <strong>de</strong> tutelle.<br />
Le GIPA a fortement évolué <strong>de</strong>puis 2006. Il a établi un<br />
gui<strong>de</strong> pédagogique qui définit un canevas <strong>de</strong> formation<br />
sur trois ans et réalise <strong>de</strong>s évaluations intermédiaires afin<br />
<strong>de</strong> bien structurer le passage <strong>de</strong>s apprentis d’un niveau à<br />
l’autre. Il a également mis en place une certification <strong>de</strong> fin<br />
d’apprentissage qui est définie d’un commun accord par<br />
les maîtres artisans et donne lieu à une appréciation, en<br />
jury constitué, <strong>de</strong>s compétences techniques, professionnelles<br />
et <strong>de</strong> gestion acquises par les apprentis. Le<br />
Groupement a sollicité, au printemps 2008, la reconnaissance<br />
<strong>de</strong> cette certification par le MINEFOP, mais pour le<br />
moment la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> n’a pas été satisfaite.<br />
<strong>Les</strong> membres du GIPA ont le sentiment que « <strong>de</strong> manière<br />
générale les institutionnels sous-estiment les artisans ».<br />
Toutefois, le MINPMEESA les consulte, y compris sur les<br />
décrets d’application concernant la définition <strong>de</strong>s statuts <strong>de</strong><br />
l’artisan et <strong>de</strong> l’apprenti, et tient compte <strong>de</strong> leurs observations.<br />
Ce même ministère a la volonté <strong>de</strong> mettre en œuvre<br />
un projet très ambitieux <strong>de</strong> création <strong>de</strong> 12 villages d’artisans<br />
ciblés sur la richesse et la diversité unique <strong>de</strong> l’artisanat<br />
camerounais. Le projet est pour le moment en phase <strong>de</strong><br />
montage, mais <strong>de</strong>vrait, en cas d’opérationnalisation, créer<br />
dans chaque localité, <strong>de</strong>s lieux et moyens d’apprentissage<br />
ciblés sur un lien interactif entre le maintien <strong>de</strong>s techniques<br />
artisanales et leur mo<strong>de</strong>rnisation, ainsi que sur une alternance<br />
entre une formation pratique en atelier et une formation<br />
théorique en centre.<br />
Il paraît évi<strong>de</strong>nt, au regard <strong>de</strong>s nouvelles formes d’apprentissage<br />
mises en œuvre en Afrique <strong>de</strong> l’ouest (Walther, 2008),<br />
que le Cameroun n’investit pas suffisamment dans les potentialités<br />
<strong>de</strong> ses <strong>dispositifs</strong> informels <strong>de</strong> professionnalisation.<br />
La CCIMA avait proposé un tel investissement dans un Livre<br />
Blanc intitulé « Projet politique <strong>de</strong> la CCIMA pour l’artisanat<br />
du Cameroun 2005-2010 », dans lequel elle soulignait l’importance<br />
pour le pays <strong>de</strong> promouvoir l’apprentissage.<br />
S’appuyant sur les expériences du GIPA, qui occupe le poste<br />
<strong>de</strong> vice-prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la section <strong>de</strong> l’artisanat, et sur <strong>de</strong>s<br />
concertations directes avec le MINEFOP, la promotion <strong>de</strong><br />
l’apprentissage <strong>de</strong>vrait passer, selon la Chambre, par la réalisation<br />
<strong>de</strong> quatre types d’actions :<br />
la définition d’un cadre légal et administratif ;<br />
© AFD <strong>Document</strong> <strong>de</strong> travail N° 80 • <strong>Les</strong> <strong>nouveaux</strong> <strong>dispositifs</strong> <strong>de</strong> formation professionnelle post-primaire • mars 2009<br />
51