Document de Travail n°80 | Les nouveaux dispositifs - Agence ...
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3. <strong>Les</strong> politiques et pratiques <strong>de</strong> la formation professionnelle post-primaire au Cameroun<br />
De manière plus globale, la réforme <strong>de</strong>vra répondre au<br />
déséquilibre structurel qui existe entre la structure <strong>de</strong>s<br />
emplois et le profil <strong>de</strong>s jeunes arrivant sur le marché du<br />
travail. Ce déséquilibre est provoqué, d’un côté, par la<br />
forte informalisation du marché du travail qui fait que<br />
90 % <strong>de</strong>s emplois et activités sont situés hors <strong>de</strong>s entreprises<br />
publiques et privées mo<strong>de</strong>rnes et hors <strong>de</strong> l’administration<br />
publique. Il est causé, <strong>de</strong> l’autre côté, malgré<br />
cette omniprésence <strong>de</strong> l’économie informelle, par un système<br />
éducatif qui forme au maximum 10 % <strong>de</strong> professionnels<br />
qualifiés 15 et, <strong>de</strong> ce fait, ne permet pas aux jeunes<br />
d’entrer dans le mon<strong>de</strong> du travail, même informel, avec<br />
une qualification professionnelle affirmée.<br />
La méthodologie <strong>de</strong> la réforme : l’approche par compétences<br />
Le MINEFOP a adopté en septembre 2007 un gui<strong>de</strong><br />
méthodologique portant sur la confection <strong>de</strong>s référentiels<br />
<strong>de</strong> formation (MINEFOP, 2007). Ce gui<strong>de</strong>, qui s’inscrit<br />
dans l’adoption par le ministère <strong>de</strong> l’approche par compétences<br />
(APC), a été finalisé suite à un séminaire <strong>de</strong> travail<br />
organisé le 7 juin 2007 à Yaoundé avec l’appui <strong>de</strong><br />
l’Organisation internationale <strong>de</strong> la francophonie (OIF) et<br />
avec la participation <strong>de</strong>s partenaires sociaux et <strong>de</strong>s organisations<br />
professionnelles. Il a pour vocation d’être adopté<br />
par tous les acteurs du sous-secteur <strong>de</strong> la formation<br />
professionnelle : les établissements publics, les instituts<br />
et centres <strong>de</strong> formation agréés, les fédérations et associations<br />
professionnelles, les partenaires sociaux et l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s intervenants dans le domaine <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et<br />
l’ingénierie <strong>de</strong> formation. La méthodologie adoptée part<br />
<strong>de</strong> l’analyse du marché du travail pour élaborer les référentiels<br />
d’activités, <strong>de</strong> compétences et <strong>de</strong> certification,<br />
ainsi que les documents d’accompagnement qui concernent<br />
les contenus <strong>de</strong> formation et les outils tant matériels<br />
que pédagogiques et didactiques. La mise en place <strong>de</strong><br />
l’APC n’est possible, selon le ministère, que si les professionnels<br />
du secteur arrivent à se l’approprier. La planification<br />
adoptée prévoit <strong>de</strong> former 70 formateurs à cette<br />
approche dans les filières traditionnelles et dans les <strong>nouveaux</strong><br />
métiers répondant aux besoins socio-économiques<br />
actuels et susceptibles <strong>de</strong> valoriser les écologies<br />
différentes du Cameroun.<br />
Un vaste travail est actuellement en cours pour finaliser<br />
une vingtaine <strong>de</strong> référentiels dans le domaine <strong>de</strong>s<br />
métiers liés aux TIC. Le ministère cherche <strong>de</strong>s moyens<br />
financiers pour réécrire les référentiels dans les autres<br />
métiers. Selon le document <strong>de</strong> stratégie, cette réécriture<br />
<strong>de</strong>vrait également concerner les métiers du bâtiment, <strong>de</strong><br />
l’habillement, <strong>de</strong> la mécanique automobile et <strong>de</strong>s zones<br />
« agro-écologiques ».<br />
Selon le ministère, la mise en place <strong>de</strong> l’APC est un préalable,<br />
d’un côté, à la mise en place d’une politique <strong>de</strong> formation<br />
professionnelle véritablement centrée sur les<br />
besoins économiques et l’insertion dans l’emploi et, <strong>de</strong><br />
l’autre, à la création <strong>de</strong> passerelles entre les certifications<br />
<strong>de</strong> la formation professionnelle et celles <strong>de</strong> l’enseignement<br />
technique. Il n’existe pas pour le moment <strong>de</strong> telles<br />
passerelles d’autant plus que la réforme fait une distinction<br />
nette entre la formation professionnelle qui sera<br />
sanctionnée par un CQP et l’enseignement technique qui<br />
donne accès au CAP, au BT et au baccalauréat technique.<br />
Même s’il paraît à première vue évi<strong>de</strong>nt que le<br />
CQP sera reconnu, à l’image du CAP, comme étant le<br />
premier niveau <strong>de</strong> qualification d’entrée dans le marché<br />
du travail, l’équivalence entre les <strong>de</strong>ux certifications n’est<br />
pas établie d’autant plus que le CQP n’est pas encore<br />
positionné dans les échelles <strong>de</strong> rémunération établies par<br />
les conventions collectives. <strong>Les</strong> discussions en cours au<br />
MINEFOP semblent par ailleurs vouloir faire reconnaître<br />
le CQP comme un titre générique dont le niveau <strong>de</strong> sortie<br />
sur le marché du travail serait défini par le positionnement<br />
du métier préparé dans l’échelle <strong>de</strong>s qualifications<br />
professionnelles. Le CQP <strong>de</strong>viendrait ainsi une sorte <strong>de</strong><br />
brevet professionnel à coefficient variable selon les<br />
métiers et les secteurs d’activités. Mais cela suppose,<br />
comme le suggèrent certaines composantes <strong>de</strong> la réforme,<br />
que la formation professionnelle sorte <strong>de</strong> son statut<br />
sous-valorisé actuel et puisse accueillir et qualifier les<br />
jeunes aux différents niveaux <strong>de</strong> scolarité atteints.<br />
15 Selon le document sur la stratégie <strong>de</strong> formation professionnelle, il faudrait ajouter à ces<br />
10 % les 28 % <strong>de</strong> jeunes qui sortent <strong>de</strong> l’enseignement supérieur. Mais une enquête qualitative<br />
récente faite par l’AFD sur plus <strong>de</strong> 60 jeunes Camerounais sortant <strong>de</strong> l’enseignement<br />
supérieur montre que la majorité d’entre eux n’ont pas acquis <strong>de</strong> qualification professionnelle<br />
et que plus <strong>de</strong> 70 % <strong>de</strong> l’échantillon se sont professionnalisés en faisant une formation sur<br />
le tas ou par apprentissage. Le document cité fait état <strong>de</strong> 62 % <strong>de</strong> jeunes qui entrent dans le<br />
marché du travail sans préparation professionnelle spécifique, mais ce pourcentage est sousévalué<br />
si on prend en compte le fait que l’enseignement supérieur, dans la majorité <strong>de</strong>s cas,<br />
ne donne pas <strong>de</strong> qualification professionnelle effective.<br />
© AFD <strong>Document</strong> <strong>de</strong> travail N° 80 • <strong>Les</strong> <strong>nouveaux</strong> <strong>dispositifs</strong> <strong>de</strong> formation professionnelle post-primaire • mars 2009<br />
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