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La lettre de l’ Institut Béarnais & Gascon Janvier 2009 - N° 17 Editorial ...............................................1 Ugène de LARROQUE ............2 Yocs Flouraus Gascoûs .....4 SOMMAIRE Yocs flouraus de l’Institut Biarnés e Gascoû en 2008. ..............5 Les Bannières des Provinces de France .............6 Chêne massif naturel ou Formica made in USA?.......7 Aurost enta l'Amic.....................8 Hèt serbici à l'àyne, que-b pagara de péts .........8 Las mâs pipautes .........................9 Le Maynade .....................................9 «Biarnés cap e tout» .........10 Etre Maire en Béarn ........10 Le Béarnais s'exporte ....11 Le Conseil général partenaire de l’IBG 29, rue Emile Guichenné - 64000 Pau - Tél. 05 59 27 63 38 E-mail : institut@biarn-e-gascougne.org - Site internet : biarn-e-gascougne.org Elus du peuple, prenez vos responsabilités Le sondage sur la pratique de « l’occitan » dans la région Aquitaine s’est déroulé du 2 octobre au 5 novembre. Près de 6000 aquitains ont été contactés dont 2000 béarnais. Les résultats seront connus en janvier 2009 mais dès à présent, au regard de l’opacité qui a entouré son déroulement, nous nous interrogeons sur ce sondage. L’Institut Béarnais et Gascon a bien essayé d’en savoir plus, et a demandé au Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques de diffuser le cahier des charges aux participants du projet « Iniciativa » (Entité départementale pour la langue béarnaise / gasconne / occitane). Aucune réponse à cette requête ne fut donnée. Aucune information non plus sur le rédacteur de ce cahier des charges. En fait ce projet, initialement prévu dans notre département, a été transmis au Conseil Régional qui a souhaité l’étendre à l’ensemble des régions de l’Aquitaine. Or, qui s’occupe de notre langue au niveau du Conseil Régional ? Réponse : l’Institut Occitan, une dizaine de représentants d’associations affiliées à celui-ci, des fonctionnaires régionaux entièrement acquis à la cause de la grande Occitanie, l’ensemble dirigé par Monsieur Ricarrère dont les positions pro-occitanes sont connues de tous. Voilà ce groupe d’experts (« l’amassada ») autoproclamés à Bordeaux en charge de nous dire comment parler notre langue ici en Béarn, en Bigorre ou en Chalosse. Quelle est la représentativité et la légitimité de cette assemblée ? Aucune, tant les politiques, conseillers régionaux en tête, ont depuis longtemps abandonné leur pouvoir de décision en matière de langue régionale, se contentant de laisser décider et agir une minorité extrêmement bien organisée. Par Emmanuel PÈNE Dans le domaine des langues régionales le moment des choix décisifs approche. En janvier seront connus les résultats de l’Enquête. Vous apprendrez, telle la révélation des dix commandements par Dieu à Moïse, que 55% des personnes interrogées comprennent l’occitan, que 20% le pratiquent occasionnellement, que 8% le pratiquent régulièrement, etc. Bien entendu, aucun enquêteur n’aura demandé à ces personnes quel était le nom de la langue à laquelle ils faisaient référence car alors nous aurions appris, oh sacrilège, que 65% des personnes interrogées pensaient comprendre ou parler le béarnais ou le gascon (ou, pour encore beaucoup de gens, le « patois »). Sur cette question des langues régionales, il est temps que les élus prennent leurs responsabilités. Conseillers municipaux, Maires, Conseillers généraux, Conseillers régionaux, ayez conscience de l’importance de vos prises de positions. Après avoir enquêté démocratiquement auprès des populations concernées, en tant qu’élus du peuple, c’est à vous de décider du nom de notre langue, de sa graphie, du drapeau régional qui doit orner nos édifices publics. Acceptez-vous qu’un gouvernement provisoire de l’Occitanie constitué en 2008 à Toulouse appelle ouvertement à la création d’une « République Fédérale et Démocratique d’Occitanie » ? Acceptez-vous que la Gascogne et le Béarn soient des composantes d’une entité fabriquée et sans légitimité historique ni populaire? Dans le domaine des langues régionales le moment de choix décisifs approche. Toutes ces décisions relatives à l’identité régionale, doivent être soumises au vote démocratique car il en va de notre droit fondamental à être ce que nous sommes.

La lettre de l’<br />

<strong>Institut</strong> <strong>Béarnais</strong><br />

& <strong>Gascon</strong><br />

Janvier 2009 - N° 17<br />

Editorial ...............................................1<br />

Ugène de LARROQUE ............2<br />

Yocs Flouraus Gascoûs .....4<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

SOMMAIRE<br />

Yocs flouraus de<br />

l’<strong>Institut</strong> Biarnés<br />

e Gascoû en 2008. ..............5<br />

Les Bannières des<br />

Provinces de France .............6<br />

Chêne massif naturel ou<br />

Formica made in USA?.......7<br />

Aurost enta l'Amic.....................8<br />

Hèt serbici à l'àyne,<br />

que-b pagara de péts .........8<br />

Las mâs pipautes .........................9<br />

Le Maynade .....................................9<br />

«Biarnés cap e tout» .........10<br />

Etre Maire en Béarn ........10<br />

Le <strong>Béarnais</strong> s'exporte ....11<br />

Le Conseil général partenaire de l’IBG<br />

29, rue Emile Guichenné - 64000 Pau - Tél. 05 59 27 63 38<br />

E-mail : institut@biarn-e-gascougne.org - Site internet : biarn-e-gascougne.org<br />

Elus du peuple, prenez vos responsabilités<br />

Le sondage sur la pratique de « l’occitan<br />

» dans la région Aquitaine s’est<br />

déroulé du 2 octobre au 5 novembre.<br />

Près de 6000 aquitains ont été contactés<br />

dont 2000 béarnais. Les résultats seront<br />

connus en janvier 2009 mais dès à présent,<br />

au regard de l’opacité qui a entouré son<br />

déroulement, nous nous interrogeons sur<br />

ce sondage. L’<strong>Institut</strong> <strong>Béarnais</strong> et <strong>Gascon</strong> a<br />

bien essayé d’en savoir plus, et a demandé<br />

au Conseil Général des<br />

Pyrénées-Atlantiques de diffuser<br />

le cahier des charges aux<br />

participants du projet « Iniciativa »<br />

(Entité départementale pour la<br />

langue béarnaise / gasconne /<br />

occitane). Aucune réponse à<br />

cette requête ne fut donnée.<br />

Aucune information non plus<br />

sur le rédacteur de ce cahier des charges.<br />

En fait ce projet, initialement prévu dans<br />

notre département, a été transmis au<br />

Conseil Régional qui a souhaité l’étendre à<br />

l’ensemble des régions de l’Aquitaine. Or,<br />

qui s’occupe de notre langue au niveau du<br />

Conseil Régional ? Réponse : l’<strong>Institut</strong><br />

Occitan, une dizaine de représentants<br />

d’associations affiliées à celui-ci, des fonctionnaires<br />

régionaux entièrement acquis à<br />

la cause de la grande Occitanie, l’ensemble<br />

dirigé par Monsieur Ricarrère dont les positions<br />

pro-occitanes sont connues de tous.<br />

Voilà ce groupe d’experts (« l’amassada »)<br />

autoproclamés à Bordeaux en charge de<br />

nous dire comment parler notre langue ici<br />

en Béarn, en Bigorre ou en Chalosse.<br />

Quelle est la représentativité et la légitimité<br />

de cette assemblée ? Aucune, tant les politiques,<br />

conseillers régionaux en tête, ont<br />

depuis longtemps abandonné leur pouvoir<br />

de décision en matière de langue régionale,<br />

se contentant de laisser décider et agir<br />

une minorité extrêmement bien organisée.<br />

Par Emmanuel PÈNE<br />

Dans<br />

le domaine<br />

des langues<br />

régionales le<br />

moment des choix<br />

décisifs approche.<br />

En janvier seront connus les résultats de<br />

l’Enquête. Vous apprendrez, telle la révélation<br />

des dix commandements par Dieu à<br />

Moïse, que 55% des personnes interrogées<br />

comprennent l’occitan, que 20% le<br />

pratiquent occasionnellement, que 8% le<br />

pratiquent régulièrement, etc. Bien entendu,<br />

aucun enquêteur n’aura demandé à<br />

ces personnes quel était le nom de la<br />

langue à laquelle ils faisaient référence car<br />

alors nous aurions appris, oh<br />

sacrilège, que 65% des personnes<br />

interrogées pensaient<br />

comprendre ou parler le béarnais<br />

ou le gascon (ou, pour<br />

encore beaucoup de gens, le<br />

« patois »).<br />

Sur cette question des langues<br />

régionales, il est temps que les<br />

élus prennent leurs responsabilités.<br />

Conseillers municipaux, Maires,<br />

Conseillers généraux, Conseillers régionaux,<br />

ayez conscience de l’importance de<br />

vos prises de positions. Après avoir<br />

enquêté démocratiquement auprès des<br />

populations concernées, en tant qu’élus du<br />

peuple, c’est à vous de décider du nom de<br />

notre langue, de sa graphie, du drapeau<br />

régional qui doit orner nos édifices publics.<br />

Acceptez-vous qu’un gouvernement provisoire<br />

de l’Occitanie constitué en 2008 à<br />

Toulouse appelle ouvertement à la création<br />

d’une « République Fédérale et Démocratique<br />

d’Occitanie » ? Acceptez-vous que la<br />

Gascogne et le Béarn soient des composantes<br />

d’une entité fabriquée et sans légitimité<br />

historique ni populaire? Dans le<br />

domaine des langues régionales le<br />

moment de choix décisifs approche.<br />

Toutes ces décisions relatives à l’identité<br />

régionale, doivent être soumises au vote<br />

démocratique car il en va de notre droit<br />

fondamental à être ce que nous sommes.


2 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 2009<br />

UGÈNE DE LARROQUE<br />

"Caddèt de Hourcadut, bielhot e praubét à Sen Guirouns"<br />

Par Jean-Michel PALETOU<br />

Badut à Ortès en 1832,<br />

qu'escribou dens lou<br />

yournau "Le Mercure", de<br />

1871 dinque 1898, hère de<br />

beroyes létres publicades en<br />

1924 per lous sous nebouts.<br />

Que sinnabe dab subernoums.<br />

Lou méy emplegat qu'éy<br />

"Caddèt de Hourcadut, bielhot e<br />

praubét à Sen<br />

Guirouns" Enta-u coumpréne<br />

û drin, que-s cau<br />

arrebira ûe pause au<br />

tems de Larroque.<br />

1870 qu'éy l'anade qui<br />

claba la fî de l'Empèri<br />

dusau, qui ère estat<br />

penden bint ans ûe dictadure<br />

poulitic. Permou<br />

d'aco, Larroque, republicâ<br />

ahoecat, nou poudè pas<br />

escribe : la poulice qu'atalayàbe!<br />

La pòu<br />

de tourna béde<br />

aus poudés<br />

lous qui ne<br />

soun pas<br />

republicâs<br />

que-u hé bade<br />

Apuch la deshèyte de Sedan e<br />

l'eschourroulhade de l'Empèri, la<br />

Tresau Republique qu'ère tabé<br />

ûe dictadure, mes culturau, e à<br />

choalines. Labets lous yournaus<br />

que tournèn gaha mey de libertat.<br />

Larroque, ta ha bàle las<br />

soues idées y touca lou petit<br />

puple que causi de calameya en<br />

loengue biarnése. Hourcadut<br />

qu'abou succès ! J.V.Lalanne<br />

que-ns e-n balhe û testimoni..<br />

"Que cau abé-c bis enta créde-c,<br />

la gauyou qui pourta lou debis<br />

biarnés de Larroque au puble qui<br />

n'abè yamey bis arrey de nau.<br />

Que demouràbi per labets à<br />

Berenx, au ras d'Ortès. N'y<br />

arribàbe pas sounque û soulet<br />

numero dou Mercure. E doun ,<br />

qu'ou hasèn passeya, birouleya<br />

de mâ en mâ, de maysou en oustau,<br />

dinque qu'ère en penalhs,<br />

dinque que ne-n y demourabe<br />

pas méy ròpi. Que léyen la letre,<br />

que l'arreléyen, que la sàben per<br />

co. Au cor dou hoéc, s'ous<br />

camis e p'ous cams que-n recitaben<br />

passàdyes. Dab grans hahas<br />

d'arrìde, que disèn lous<br />

beroys mouts, aumentats,<br />

mayourats, flouquetats."<br />

De l'obre de Larroque,<br />

de 1871 dinque 1899<br />

quoan se mouribe, quey<br />

demoure chic de<br />

cause. En 1924,<br />

Marrimpouey que hasou<br />

lusi û pa de liberots,<br />

dab sengles hèchs de<br />

létres, "Letres literàris"<br />

e "Letres poulitics".<br />

Hère chic au ras de ço qui escribou<br />

lou mèste d'Ortès. Que-s y<br />

troben, à barréyes, testimònis<br />

qui-ns e balhen drin de luts sus<br />

lous ahas poulitics e l'ana de<br />

bibe en aquere tempourade.<br />

Hourcadut que-s y amuche<br />

defensou atrebit de la libertat de<br />

pensa. Que bedém drin quin<br />

èren las eleccious aus tems de<br />

l'Empèri. "Touts que-s en mesclàben,<br />

mayre, curè, garde-man<br />

que-s embiaben e balhaben bilhetous<br />

chens s'esplica ta qué...<br />

Labets qu'anaben en tremblan<br />

enta la bote coum ûe troupe<br />

d'aulhes qui abèn pòu d'esta<br />

minyades per lou loup." E dab la<br />

Republique: "Adare n'ey pas<br />

mey atau, lou garde-man nou-s<br />

bien pas mey pourta bilhets, e<br />

que-ns ey permetut d'escouta<br />

las bertats qui-s disèn bien<br />

d'autes cops. Quoan nou seré<br />

qu'aquet drin de libertat qui-ns a<br />

tournat la Republique, que deberém<br />

esta counténs, e ha tout ço<br />

qui cau enta la sustiéne."<br />

(Mercure, 13 août 1871)<br />

La pòu de tourna béde aus poudés<br />

lous qui ne soun pas republicâs<br />

que-u hé bade à bèts cops<br />

gnacan e hissan : "Qu'espèri que<br />

lou die de la bote, e toustém<br />

d'are enla, que prouberam aus<br />

emperialistes e aus royalistes<br />

que n'y a pas mey de places ni<br />

fabous en tad'éts, e qu'ous amucheran<br />

toustem la porte de<br />

dehore (M. août 1871) Souben<br />

que-s amuche trufandè e despieytous:<br />

"Moussu A...sus la<br />

soue paperole ne parle pas<br />

brique de Republique, que<br />

semble qu'aquet mout qu'ou<br />

debe estrangla e qu'àye pòu des<br />

desgansoula lou pugnet en<br />

l'escrìben. Qu'éy doun ço qui<br />

bòu? N'at dits pas. Que-s dèche<br />

dab hère d'abillésse ue porte<br />

ubèrte enta-s poùde bira dou<br />

coustat qui arràye lou sou"<br />

(Mercure, octoubre 1871)<br />

Tradiciou? Prougrès?<br />

Daubues létres que-ns parlen<br />

drin de la purmère Espousiciou<br />

Unibersau de Paris en 1878.<br />

Empoun màye de la Republique,<br />

qu'éy birade decap à la mecanisaciou<br />

e la siénce. Coum tout<br />

boû republicâ, Larroque que<br />

cred hère au prougrès e à la<br />

siénce enta ha la countre-carre à<br />

la supersticiou. "N'an pas troubat<br />

encoère la mecanique qui<br />

hasè lous gouyatots de car e<br />

d'os, més que sera per segu enta<br />

l'àute espousiciou. E labets,<br />

Moussu, quin gran remèri enta


2009 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 3<br />

las fumèles manes, qui<br />

n'auran pas besougn<br />

de-s ana freta l'esquie<br />

sus la pèyre de<br />

Sarrance ou arresca-s<br />

lou hounilh dab l'aygue<br />

de Lourde, enta poude<br />

ha familhe. Lou tems<br />

dous miragles de countrebande<br />

que sera passat. Que-s en arrideran<br />

coum boussuts en béden<br />

que sufira d'ana bayla la mecanique<br />

de Paris enta ha gouyatots<br />

de car e d'os."<br />

Trufandise ou bisiou ? Que calera<br />

û sègle de mey enta trouba<br />

aqueres mecaniques ! Au<br />

sudyèc d'ûe mecanisaciou sancére<br />

de la soucietat, lou<br />

Hourcadut toustém trufandèc<br />

que-ns amuche û espia menchidèc<br />

meylèu que nèci. " Quin<br />

beroy téms, Moussu! tout à la<br />

mecanique. Aban bint ans bahide<br />

que pouyran bàde, minya e<br />

bébe, bibe e mouri à la mecanique.<br />

Be seram urous lous hilhs<br />

e arrehilhs de bibe adayse,<br />

n'aberan pas qu'a-s freta lou<br />

bénte e aténde la fourtune à la<br />

mecanique..." (Mercure. 3 aoust<br />

1878).<br />

Òmi de fé, Larroque qu'ère<br />

Proutestan. "Per aqueste téms<br />

de tourrade, que-m càuhi dap<br />

lous maynàdyes de case en<br />

pelan iroles e en cantan<br />

quauques nadaus enta apréne à<br />

l'arrehilh qui hè adare lous ans<br />

qu'y abè badut hens ûe escuderie,<br />

dap ûe minyadére enta<br />

bersòu, û maynàdye qui estou<br />

Nouste Segnou Yèsus Crist.<br />

Qu'éy estat mey gran que touts<br />

lous òmis, e que biscou toustém<br />

hens lou praubè e la moudestie,<br />

en prechan la pats, la caritat e la<br />

Quoan l'escòle<br />

ère fenide, cade<br />

troupèt que disè<br />

la soue pregàri a<br />

despar, e tout<br />

qu'anabe beroy<br />

chens nat patac!<br />

La bertadère<br />

escòle laïque<br />

qu'ère aquiu…<br />

fraternitat dous ûs<br />

embèrs lous àutes,<br />

causes hère desbroumbades<br />

desempuch..."<br />

(Mercure<br />

déc.1871) Òmi de tradiciou.<br />

Que sentim<br />

beroy qu'arregrète<br />

lous cambiaméns hens l'ana dou<br />

moùnde, las coustumes qui-s en<br />

ban, la fayçou de-s apelha, de<br />

dansa, permou de las modes<br />

nabères. Hourcadut que-s y<br />

pèrd las esluts, que-s esmab à la<br />

soue mode e que pause mantues<br />

questious : " Dechat-pe<br />

dise la mie grane tristésse de<br />

béde lous grans cambiaméns de<br />

las modes anciènes... Las<br />

Madames que soun carcades de<br />

pelhes, que porten chapelots<br />

hauts coum cluchès e lous<br />

ausèths que-s y pausen dessus.<br />

Las raubes que soun plegnes de<br />

plegs e d'arreplegs, de pitès e<br />

d'escalès, que las arrousseguen<br />

sus las carrères e lous câs, en<br />

créden d'esta s'ou palhat, que<br />

las y hèn afroun. Praubes pays<br />

carcats de gouyates, quin lou-s<br />

netéyen la tirete! Praubes marits,<br />

si n'an pas dinès, quin lous hèn<br />

cabelha! Digats-me ço qui y a de<br />

miélhe, de las bielhes ou de las<br />

nabères modes ?" (Heurè 1876).<br />

« Ne souy pas countén de las<br />

modes de dansa de oey lou die.<br />

Lous gouyats que pinneten de<br />

tort e de trubès...Mantues<br />

gouyates que birouléyen chens<br />

moudestie, en amuchan lou<br />

moulet dinque la calaligue."<br />

(Mercure, garbe 1878 )<br />

Qu'ou hè dòu tabé de béde daubues<br />

coustumes darrigades per<br />

la léys nabères : "Lou pica hòu<br />

qu’ère defendut... Que-m hè<br />

dòu, aquére hèste en l'aunou<br />

dou maynadye qui bien de bàde,<br />

que ba doun esta pergude?..."<br />

(Mercure decémbrẹ 1873). Au<br />

cap de la soue bite, Larroque<br />

que-s arrebendech countre l'ana<br />

nabèt d'escoulia lou maynadè,<br />

au ras de ço qu'et counegou au<br />

tems de l'escòle coumunale<br />

quoan ère maynat. "Touts,<br />

pràubes e riches amasses, lous<br />

ûs per arrey, e lous qui poudèn<br />

paga que balhaben trente sos<br />

per més. N'ère pas ca, û so per<br />

die ! Touts mesclats, catoulics e<br />

proutestans, chens yelou, ni guilhesques.<br />

Quoan l'escòle ère<br />

fenide, cade troupèt que disè la<br />

soue pregàri a despar, e tout<br />

qu'anabe beroy chens nat<br />

patac ! La bertadère escòle<br />

laïque qu'ère aquiu, chens l'abé<br />

embentade! Perqué abèn cambiat<br />

tout aquero desempuch?»...<br />

(Mercure, mars 1898).<br />

Au medich cop calam pregoun e<br />

leuyè, Larroque qu'ère û coumbatiè<br />

trebaten de la libertat de<br />

pensa, mes tabé de las tradicious<br />

qui hoeyèn deya hens<br />

aquere abiade de la soucietat à<br />

la mecanique.<br />

Defensou de la Republique, que<br />

senti toutu quauques camis<br />

esquèrs qui gahabe à choalines<br />

aquet poudé, countre lous<br />

puples e las loues cultures.<br />

N'ère pas û d'aquets republicas<br />

arrasàyres, e que boulè tira lou<br />

puple endaban, hens lou soû<br />

respect e chens se desbroumba<br />

las arradits.


4 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 2009<br />

YOCS FLOURAUS GASCOÛS<br />

C'était leur deuxième édition.<br />

Cet après-midi du 29<br />

Novembre a été une<br />

réussite. Poètes et prosateurs<br />

ont rendu des copies ayant<br />

toutes reçu l'agrément du jury.<br />

D'inspirations diverses, elles<br />

reflétaient les différentes<br />

avancées de leurs auteurs dans<br />

la maîtrise de la langue. Aucun<br />

texte n'était quelconque, a pu<br />

dire Alexis Arette-Lendresse<br />

qui a formulé quelques jugements<br />

autorisés sur certaines<br />

œuvres. Il a encouragé l'ensemble<br />

des auteurs à continuer<br />

à travailler, seul moyen d'aboutir<br />

à plus d'aisance dans la<br />

forme d'écriture choisie. La<br />

salle du conseil municipal de<br />

l'Hôtel de Ville de Pau était bien<br />

remplie, environ 90 personnes<br />

parmi lesquelles de nombreux<br />

élèves des cours de béarnais<br />

chaque jour plus fréquentés.<br />

C'est Marilis Oriona qui a donné<br />

lecture du palmarès entourée<br />

d'Emmanuel Pène président de<br />

l'<strong>Institut</strong> qui a salué la réussite<br />

de cette seconde manifestation<br />

littéraire et Bernard Coustalat<br />

qui avait veillé à son bon<br />

déroulement. Martine Lignères-<br />

Cassou s'était faite représenter<br />

par Anne Castera qui a salué<br />

l'assemblée venue honorer la<br />

langue béarnaise. Et c'est<br />

autour d'un Jurançon doux ou<br />

sec offert par la ville de Pau que<br />

s'est achevé le chapitre II des<br />

Yocs Flouraus qui nous réservent<br />

d'autres belles pages.<br />

Maurice Triep<br />

VOICI LE PALMARES :<br />

POÉSIE<br />

1 er prix : Claude REYNA<br />

2 ème prix : Jean BOUSQUET<br />

3 ème prix : Jean LIGNACQ<br />

Pierre MESTRESSAT-CASSOU<br />

Jean LOPEZ<br />

Pierre GÉRAUT<br />

Pierre BOY<br />

Michel DESCOUBÈS<br />

PROSE<br />

1 er prix : Jean ETCHEBERRIGARAY<br />

Prix du conte :<br />

Laurent CAMGUILHEM<br />

Marielle LUCATS<br />

Prix de la chronique :<br />

Jeannette CAPDEVIELLE<br />

Jean DUPOUY<br />

Denis GARUET<br />

Yvette RUPERD<br />

Christian MARANCI<br />

Laurent CAMGUILHEM<br />

Prix du billet :<br />

Paulette DANJOU<br />

Gérard LACRAMPE<br />

Jean PERE-LAHAILLE


2009 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 5<br />

Yocs flouraus de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e<br />

Gascoû en 2008.<br />

Coumentàri dou Presidén de la yurade.<br />

Amics de pertout,<br />

L’amassade dous yurats qui an descidat de<br />

las bòstẹs liloyes, que s’éy escadude<br />

aquéstẹ an dab la sourtide dous « Coùntẹs<br />

bracs » d’Albert Peyroutet, escributs héns la<br />

loéngue qui sayam de deféndẹ. Coum lou noùstẹ<br />

amic, qui muchè lous soûs taléns à Siros, s’ère<br />

drin esbarrit héns lous camîs de per-dela, que<br />

salùdi dab bounur lou soû nabèt apedagn sus<br />

lous sendès de noùstẹ, e sus aquère<br />

boune noubèle, que pàssi aus noùstẹs<br />

ahas.<br />

Héns l’ensémblẹ, que y a abut û beroy<br />

prougrès de hèyt desempuch l’an passat,<br />

autan sus lou plan de l’embencioû<br />

que de l’escriture.<br />

Bién segu, que y a encoère tarrocs à truca, més la<br />

recèrque que parech, e que sémble que touts<br />

qu’ayat embéye de dìsẹ quàuqu’arré. Perqué ?<br />

Permou que coum a dit Mistrau: « Qui tien la<br />

léngue, tien la clau ». La loéngue, qu’éy coum<br />

l’arràsclẹ qui barèyte la tèrre, ta que las seménces<br />

e poùchquẹn lheba, e n’éy pas per hasard si héns<br />

prèsque toutes las reliyoûs dou moùndẹ, que troben<br />

qu’au coumençamén, Diu que parlè : La<br />

paraule, qu’éy ûe creacioû. Ço qui disét, que-p<br />

exprime. Mes coum héns la bite bitante, lous<br />

raports coumûs que tiénin héns trés cénts mouts,<br />

qu’éy mèy dab l’escriut qui l’òmi pot apregouni<br />

las causes, e apregouni, qu’éy poussa mèy loégn<br />

las arradits. Ço qui hèt, en saya d’escrìbẹ, e d’escrìbẹ<br />

de plâ, n‘éy pas soùnquẹ ûe yogue, n’éy pas<br />

ûe coumpeticioû, qu’éy lou mouyén de ha tribalha<br />

la cibole drin mèy que d’abitude, ta que la pensade<br />

qu’atégnẹ mèy de laryè, e que la counsciénce<br />

en seguin, qu’ougméntẹ la bòstẹ Umanitat.<br />

Qui tien<br />

la léngue,<br />

tien la clau<br />

F. Mistral<br />

Més aquère puyade, drin au-dessus de l’arrestaliè,<br />

nou-s hè pas n’importe quin. Û maçoû nou hè pas<br />

muralhe chéns se serbi dou nibèu ni dou ploum. Ta<br />

û qui calaméye qu’éy pariè. Que y a enstruméns,<br />

qui soun héns la gramatique, e que y a l’aprentissàdyẹ.<br />

E tad aprénẹ, que y a Mèstẹs. E aquéts<br />

mèstẹs, que-p an esplechat lous sendès. E l’escouliè<br />

sàyẹ que s’estaubiera mante embroucade<br />

en lous segui. Lou gran poète Aleman Goethe que<br />

disè a pus près aço : « Certéns que dìsin : «<br />

N’èy pas nad Mèstẹ. N’èy pas prés leçoûs d’arrés.<br />

Que-m souy ensegnat tout soul » E aco que bau<br />

dìsẹ : « Que souy û àsou dou mé pròpi fèyt ! »<br />

Si coum you, n’abét pas l’entelliyénci de la loéngue,<br />

ayat au mén l’entelliyénci de ha counfiénce<br />

à l’imitacioû dous Mèstẹs. You qu’èy<br />

descoubèrt aco à l’escòle, oun n’èy yaméy<br />

coumprés arré à las analises gramaticales.<br />

E pourtan, qu’èri presque toustém lou<br />

purmè, permou que leyi mèy que lous<br />

àutẹs. E las beroyes formes de l’escriut<br />

que se-m emprimaben héns l’esperit,<br />

chéns passa per lou resounamén !<br />

Alabéts, si, per lous més escriuts, credét que souy<br />

en mesure de-p counselha, entenét ço qui-p dic e<br />

leyét. Leyét lous noùstẹs grans prousatous Palay,<br />

Camelat, Pic, Badiolle, Saint Bezard, Lalanne,<br />

Bouzet, Arnaudî, Casaboune. N’abét que l’embarras<br />

dou choès, més leyét, leyét, leyét. E û die<br />

lous mouts, puch que soun aquère clau doun a<br />

parlat Mistrau, que-p ourbiran pourtaus qui-p<br />

estouneran. E lhèu û die, en pe tourna léyẹ que-p<br />

diserat : « Qu’éy you qui èy escribut aco » ? E<br />

que serat susprés d’esta debiengut û drin mèy<br />

que nou n’èret.<br />

Ço qui disè taus prosatous, que bau d’autan mèy<br />

taus poètes, ou taus qui sayen de-n esta. Bién<br />

segu la poesie que pod esta autan héns la prose<br />

que héns lous bèrs. Més lous bèrs que soun û<br />

mouyén de dìsẹ drin mèy que la prose, permou<br />

que y a l’encantamén de la cadénci, e que hèn<br />

senti aus qui-us escouten, coum disè lou poète<br />

Mallarmé, lou « per dela lous mouts ».<br />

Aquéstẹ an tabé, héns aquét doumèc, que y a de<br />

grans progrès qui soun estats hèyts. Més coum y<br />

a tabé de granes pèques, que-m souy abisat de


6 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 2009<br />

que hère dous noùstẹs escouliès<br />

n’an pas yamèy oubèrt û<br />

lìbẹ de metode, e que-m souy<br />

descidat à escrìbẹ ûe broucadure,<br />

oun èy dat las règles las<br />

mèy sìmplẹs, en balhan cade<br />

cop l’exémplẹ, en bèrs francés<br />

ou en biarnés. Qu’èm en tri dab<br />

Bernard Coustalat de y tribalha,<br />

e qu’ou pouderat, qu’espèri,<br />

abé-u en mâ enta prepara lous<br />

calams de l’an qui bién.<br />

Que bouleri dìsẹ ûe cause doun<br />

certéns e-m pouderén peleya.<br />

Touts qu’abèt entenut parla<br />

dous troubadous, doun en particuliè,<br />

lous qui-s noumen<br />

Occitâs e-s recoumanden. You,<br />

quoan lous èy bouluts estudia<br />

de près, que me-n souy desagat<br />

de tire. Perqué ? Permou<br />

nou y a, maugrat qu’at ayen<br />

sustiengut, nade unitat de<br />

loéngue, e que cau esta de<br />

grans spécialìstẹs de las biélhes<br />

loéngues Roumanes enta y<br />

coumprénẹ quauqu’arré. N’a<br />

pas en tout cap arré d’ûe poesie<br />

poupulàri. Qu’ère ûe poesie<br />

de cour, audide per Castellas<br />

esbagads, ou deya, abans que<br />

lou mout n’estésse embentat, e<br />

y abè ci-m sémble pas mau de<br />

snobìsmẹ. Or en Biarn, lous<br />

Baroûs qu’èren prèsque autâ<br />

pelats que lous manauts, e que<br />

minyaben mèy soubén castagnes<br />

que pouréts. Ço qui hè<br />

que n’abém abut nad troubadou<br />

qui aberé calut entertiénẹ.<br />

Qui-n se hè dounc que tout d’û<br />

cop, y ayé abut dab Despourrî e<br />

û sarrot d’àutẹs, û tan gran arramat<br />

de cansoûs poupularis,<br />

mèy qu’enloc héns touts lous<br />

pèys troubadourencs? E<br />

dounc, qu’éy permou qu’abèm<br />

de hère loégn enla ûe loéngue<br />

doun toute ûe partide ère basade<br />

sus la Poesie, e qu’èren lous<br />

Arrepoès ! Arremercat d’abord<br />

que lous mouts poesie e arrepoès,<br />

qu’an la mème arradits :<br />

E s’en crédi û sapién<br />

Lenguedouciâ, Fabre d’Olibet,<br />

Poesie ne bieneré pas brigue<br />

dou grèc : Poiein, qui bòu dìsẹ<br />

« ha », més de dus mouts<br />

semitiques, P(h)oen, e Ish<br />

qu’éy à dìsẹ : L’alét dous Dius.<br />

E toute l’antiquitat qu’a cregut,<br />

dit e repetat, que la poesie<br />

qu’ère la loéngue dous Dius,<br />

permou qu’ère en purmère,<br />

sayésse e armounie.<br />

Or beyat ço qui èren lous<br />

noùstẹs arrepoès : héns lou<br />

séns qu’èren cadû ûe leçoû :<br />

dounc Sayésse. E héns la<br />

forme, qu’en abém encoère<br />

quauqu’ûs, qui ne soun pas de<br />

bitare, e qui soun hèyts de dues<br />

rimes. Preném au hasard :<br />

« À l’aygue douce nou-p hidét<br />

À la bribénte qu’at bedét ! ».<br />

« Cade crepaut<br />

Que hè soun saut ».<br />

«Lou mensounyè qu’a tau bertut<br />

Quoan dits bertat n’èy pas cregut<br />

».<br />

« Ço qui bién per rique-raque,<br />

Que s’en ba per gnique-gnaque».<br />

« Lou qui cour que léque,<br />

Lou qui s’esta que séque!».<br />

« Cade Bilàdyẹ soun usàdyẹ<br />

Cade maysoû sa faysoû ».<br />

Qu’èy à dìsẹ que tandis que<br />

quoan d’àutẹs, sayaben de-s<br />

gagna la bioque héns lous castèts<br />

en gratan ûe mandore e en<br />

counta las loues pénes de co,<br />

lous noùstẹs ayòus que troubaben<br />

héns lous arrepoès ço quius<br />

ayudabe à bìbẹ la bite! E<br />

oéy, Poètes Biarnés, ou escouliès<br />

poètes, qu’èt d’aquère<br />

sayésse lous eretès.<br />

ALEXIS ARETTE<br />

Capdau de la Yurade<br />

LES BANNIERES<br />

DES PROVINCES<br />

DE FRANCE<br />

Nous connaissons les vaches du<br />

drapeau béarnais. Mais que<br />

savons-nous de leur origine? Et le<br />

léopard d’Aquitaine que l’on retrouve<br />

d’ailleurs sur le drapeau normand et<br />

jusqu’en Angleterre? Et cette croix dite<br />

« de Toulouse » et par extension, « occitane<br />

» ? Les pals de Foix, du Roussillon et<br />

de Provence ?<br />

Cette croix appelée « de Savoie » qui<br />

fut aussi l’emblème de la Monarchie italienne?<br />

La Lorraine, ses alérions et sa croix qui<br />

vient en réalité de l’Anjou? Les hermines<br />

bretonnes ?...<br />

Ces hermines, pourquoi les retrouvonsnous<br />

sur le drapeau du Limousin ?<br />

Ces mystères des symboles et des couleurs<br />

de nos vieilles provinces nous sont<br />

révélés par Patrice de La Condamine.<br />

Docteur en Histoire contemporaine et<br />

spécialiste en Vexillologie (science des<br />

drapeaux), l’auteur nous explique comment,<br />

grâce aux drapeaux, l’histoire d’un<br />

pays peut se lire exactement comme un<br />

livre ouvert, nous donnant énormément<br />

d’éléments propres à enrichir notre<br />

connaissance sur ces sujets.<br />

Le découpage administratif issu de la<br />

Révolution Française a souvent imposé<br />

de nouveaux noms à nos régions.<br />

L’ouvrage de Patrice de La Condamine<br />

rend ainsi justice à nos pays et provinces<br />

en tirant leurs noms de l’oubli et leurs<br />

redonnant la place qu’ils ont eu dans<br />

l’Histoire… la place qu’ils méritent, tout<br />

simplement.<br />

Les bannières des provinces de France<br />

éditions Les Enclaves Libres<br />

90 p. plus 8 planches contenant 54 drapeaux<br />

en couleur.<br />

15 euros, frais de port compris.<br />

Ecrire à l’auteur :<br />

Patrice de La Condamine, Quartier<br />

Portarrieu<br />

64190 MONTFORT-de-BEARN<br />

patrice.de-la-condamine@orange.fr


2009 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 7<br />

En marge de la fébrilité signalétique occitane<br />

CHÊNE MASSIF NATUREL OU FORMICA MADE IN USA ?<br />

Dans les années 50, un nouveau matériau a envahi nos cuisines, nos salles de bain<br />

et parfois même nos salles à manger... Il a dans nos campagnes bien souvent chassé<br />

nos vieux meubles hérités de génération en génération, chargés d’histoire,<br />

témoins d’un style régional et de traditions séculaires en matière d’ébénisterie.<br />

Ces meubles, véritables pièces du patrimoine local ont été relégués sans ménagement dans les hangars<br />

et ont fait le bonheur des antiquaires malins. Conscients du caractère impersonnel et de l’absence<br />

d’âme de ces meubles en Formica, les fabricants sont allés, dans le pire des cas, jusqu’à<br />

proposer des modèles imitant le bois et les formes “rustiques”.<br />

Aujourd’hui, et depuis une bonne trentaine d’années, nous sommes conscients de la valeur patrimoniale<br />

de ces meubles authentiques supplantés par le Formica, matière certes commode à nettoyer, de fabrication<br />

rationnelle et industrielle, mais sans histoire, sans style ou plutôt de style complètement uniformisé,<br />

sans chaleur et même sans vie.<br />

Eh bien, sachez que la graphie béarnaise a subi le même sort que les vieux meubles béarnais, certes de<br />

styles variés, ayant subi diverses influences, mais tellement vrais et chaleureux, pièces inestimables de<br />

notre patrimoine.<br />

Dans les années 50, au moment de l’arrivée du Formica, deux ou trois intellectuels régionalistes ont<br />

essayé d’adapter au gascon, et donc au béarnais, la graphie occitane, élaborée par un pharmacien de<br />

l’Aude, Louis Alibert, et euphémiquement surnommée par ses fervents promoteurs, graphie « classique»,<br />

excusez du peu ! La funeste entreprise, sous couvert d’une normalisation orthographique musclée, ressembla<br />

fort à une invasion culturelle et à une mise au pas dans le genre : « je ne veux voir qu’une tête!»<br />

Le résultat ne s’est pas fait attendre, tout ce qui constitue, comme l’écrivit jadis le linguiste et idéologue<br />

occitan Robert Lafont, les traits tout à fait originaux de la «scripta béarnaise», c’est-à-dire l’ensemble des<br />

traditions graphiques spécifiques du béarnais du moyen âge et de la renaissance, ont été éliminées sans<br />

vergogne, mises au rebut, reléguées, à l’instar des meubles traditionnels en chêne massif, dans quelque<br />

hangar de l’histoire. Elles ont été remplacées par une graphie certes rationnelle, propre et lisse, mais sans<br />

vie, sans âme et surtout, comble de l’imposture de ceux qui prétendaient nous restituer notre identité,<br />

sans aucune racine béarnaise. C’est en somme le pur produit d’une pensée technocratique ne visant que<br />

l’éventuelle efficacité technique et l’application schématique de modèles abstraits au mépris de l’humain<br />

et de son histoire.<br />

C’est ainsi que dans leur fébrilité signalétique actuelle, les technocrates occitans n’hésitent pas à remplacer,<br />

par exemple, les traditionnels « x », qui transcrivent le son [ch], par d’inattendus « sh » made in<br />

USA comme dans « Baudreix » qui devient « Baudreish », les « -aa » tout aussi traditionnels sont<br />

quant à eux trafiqués en « -an » comme dans « Morlaas » qui devient « Morlans », sans parler de «<br />

Poey » qui devient « Puei » ou de « Goés » qui devient « Güèrs » etc...<br />

Inutile de vous décrire le jeu de massacre qui en résulte pour l’ensemble de l’écriture béarnaise et plus<br />

largement pour l’identité de notre petite province.<br />

Alors, face au risque de voir déferler dans nos villages une graphie en « t’Oc » authentique, nous appelons<br />

tous les élus du Béarn au bon sens et à la vigilance dans toutes les opérations de signalétique<br />

bilingue, afin que la précieuse mémoire des anciens soit fermement respectée par le choix d’une graphie<br />

béarnaise digne de ce nom, héritière d’une tradition multiséculaire, du moyen âge à Simin Palay en passant<br />

par Vastin Lespy.<br />

Goalhart d’ESLAYOO


8 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 2009<br />

AUROST 1 ENTA L’AMIC<br />

Lous oélhs lhebats à las estélles,<br />

Qu’as caminat lou toû camî<br />

Calhaubut coum ûe ralhère 2 ,<br />

De segu, nou l’abous pas tout lis.<br />

Héns lous changuéys 3 de tas misèris,<br />

Ta arréns jaméy n’as pas dit<br />

Û mout machan, ûe mourgagnère 4 .<br />

Més toutû, quoau ère éth qui abè dit ?<br />

Que-n y a qui passen en han plâ, que-n y a qui passen en han plâ<br />

Que-n y a qui hèn plâ en passan, que-n y a qui hèn plâ en passan<br />

Que-n y a qui hèn plâ de passa, que-n y a qui hèn plâ de passa<br />

Arré nou hasès à mieytat,<br />

Coum per l’esperit qu’ères û mèstẹ,<br />

Qu’ères û coumpagnoû recercat.<br />

Que-t sabès da bère pauséte<br />

De pleytéys 5 y 6 d’amistat,<br />

Més méy que hèste y rehèste<br />

Case caséte 7 qu’a countat.<br />

Quoan per aciu dela las brumes<br />

Eth gran aulhè ba t’apera,<br />

Digue-l’y, si nou t’importune,<br />

Tau coum tu soul at sàbẹs ha,<br />

Digue-u d’espia û drin sus tèrre<br />

Oun nousàutis pederiqueyan 8 ,<br />

Digue-u tabé que y a misères<br />

Trop pesandes à pourta.<br />

Més tout aco soun foutricoles,<br />

Eth die qui-s retrouberan<br />

Nou s’aprén pas héns nade escole<br />

Las taulades 9 quin canteran.<br />

Dap eths amics, biélhs dera biélhe,<br />

Gran chèf de co te prouclaman,<br />

Desbousseran bounes boutélhes<br />

Y à la santat de tout passan.<br />

Que-n y a qui passen en han plâ, que-n y a qui passen en han plâ<br />

Que-n y a qui hèn plâ en passan, que-n y a qui hèn plâ en passan<br />

Que-n y a qui hèn plâ de passa, que-n y a qui hèn plâ de passa<br />

Jean Abadie deth Hayét d’Aulouroû<br />

1<br />

Sorte d’oraison funèbre (pas toujours élogieuse envers le défunt).<br />

2<br />

Coulée de roches éboulées.<br />

3<br />

Faux-pas.<br />

4<br />

Bougonnement.<br />

5<br />

Longues discussions.<br />

6<br />

y = « et » héns lou parsâ d’Aulouroû.<br />

7<br />

Ton « chez toi ».<br />

8<br />

Piétinant.<br />

9<br />

Tablées.<br />

Hèt serbici à l'àyne,<br />

que-b pagara de péts<br />

L'afouadye aquet an que-s troubabe au pè dou<br />

bosc. N'ère pas loégn e toutû qu'ère de soubié<br />

ha ta daubûs qui s'abèn escadut las pièles au<br />

houns de l'arrèc. Ta sourti-s d'aquet galhihoure que<br />

calè carga chic si'n n'èret hort atelat.<br />

Yusti de Branou, dab las soues baques qu'ère partit<br />

ta carga-s'en mieye pièle. Lous besis n'abèn encoère<br />

brigue desgadyat l'entour, ta trouba-s û cargadé,<br />

que debou ha pla de bire-plecs.<br />

Coumptan sus las balentes bacotes, que carga à<br />

mieyes, prou hort toutû, lhèu drin trop. Mes que sabè<br />

mia lou sou parelh e boutan-se daban, ballèu que las<br />

abourribe. « Haut Aricade, Mourete, haut ! haut ! ».<br />

Que hen quoàtẹ pas, dinquio la permère souque.<br />

Qu'embraca drin. « Arrè, praubotes, arrè ! » Puch<br />

adarroun, « Ha baque, ha, Mourete Aricade... Ya ! »<br />

Pas mouyen de tira mey endaban.<br />

Que calè descarga ou demanda-s ayude. A qui<br />

demanda l'ayude ? Yustemen arrés n'ère à pourtade.<br />

Yusti labéts que coumence la litanie dous arneguets:<br />

« Au haut digne diubiban ! Au gran double diubiban,<br />

au gran triple hilh de pute ! Macarèu, macarèu, bey<br />

foutan aço ! » O, yura que poudè mes tira nou-s hasè<br />

de coentes.<br />

Urousamén, miéye ore après, qu'arribabe Arnaud de<br />

Barats dab lou car atelat dou sou parelh de boeus.<br />

Lous dus òmis n'erèn pas dou medich bord, nou s'en<br />

boulèn pas, nou, mes tè, que-y abè û arrèc poulitic<br />

enter ets. Toutu Yusti que-s bedè oubligat de demanda-u<br />

ûe corde. Arnaud, chens se ha-s prega qu'ou<br />

tira lou car de l'arrèc e medich que l'at amia s'ou<br />

cami herrat.<br />

Nou-y abè pas à marcadeya, lou serbici qu'ère plâ<br />

rendut e Yusti qu'ère endeutat. La counciénce s'ou<br />

pic qu'ou hasè dise : « Ben, mercés per oey, mey tard<br />

que biérèy ayda-t û die ».<br />

Au mes de Yulh, cap à Sén Yan, coum Arnaud abè ûe<br />

palhade de hé que-s pensa : " Tè, oey, drin d'ayude<br />

nou seré pas de refus. Qu'embia la drolle ta ço de<br />

Yusti qui ét, abè deya estrussat lou sou fourradye.<br />

« Adichat, papa que-b hè dise si boulet balha-u lou<br />

die, oey qu'abem hère de hé à carga ».<br />

Yusti labéts de respoune : «O ba, maynade, ta pay<br />

que s'ey troumpat, que l'abi dit, ya, qu'ou balhèri û<br />

die, mes qu'ère tau pèle-porc qui you coumptàbi !».<br />

Zabié de Pucheu


2009 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 9<br />

LAS MÂS PIPAUTES<br />

Acase que y abè frays e serous<br />

mey bielhs que you. Doungues<br />

you, caddèt, qu’aberi û die à<br />

eschemia. Permou d’aquero que descidèn<br />

à noùstẹ de-m ha estudia. En<br />

aquet tems, que calè per force parti<br />

en û coulèdyẹ e demoura-y pensiounàri.<br />

Qu’éy ço qui-m arribè. Las<br />

anades que passèn e que-m troubèy<br />

û die en classe de filosofie-létres en<br />

licé de Pau. Enquio aquiu, arré d’estraourdenàri.<br />

Més û die que bedoum drin pertout à<br />

Pau, sus ets yournals, sus las<br />

muralhes, ûe propagande enta ûe<br />

counference « L’existentialisme a-t-il<br />

les mains sales ? » de Jean-Paul<br />

Sartre. La reüniou que-s tienè en ûe<br />

sale especialisade de la bile. Yoéns,<br />

que-ns e bagabe de pensa e de reflechi.<br />

Aquet sudyèc que-s apressabe<br />

dous noùstẹs cours de filosofie.<br />

Labets que designèm dus eslhèbes ta<br />

demanda at proubisur l’autourisaciou<br />

d’y ana. Que-ns e respounou que<br />

n’abè pas prou de « pious » (deyà !)<br />

enta-ns y segui. Lous noùstẹs delegats<br />

qu’estén prou diplomates entau<br />

disẹ qu’èrem prou grans e serious ta y<br />

ana souls, que-ns e poudè ha counfience.<br />

Que-ns e dé l’autourisaciou de<br />

y ana souls ! Qu’estém sèt a y parti<br />

yuste après soupa. Autalèu de qui<br />

estém dehore, que-s digoum enter<br />

nousàuts de que harém miélhẹ que<br />

d’ana escouta lou Yan Paul Sartre e<br />

d’ana bédẹ û film. Aquet die que passaben<br />

yustemen en « Bearn », û cinema<br />

at ras de la prefecture, « La couleur<br />

qui tue », û film anglés si créy, û<br />

« polar » coum disen at die de oey.<br />

Urous de noùstẹ sourtide, qu’y partim<br />

touts tranquiles. Û de nousàuts<br />

qu’anabe prénẹ bilhets enta touts, plâ<br />

segu lous méy a bou marcat. Més<br />

qu’èren reserbats e que-s anèm assède<br />

en las places las mey cares. Que<br />

cau sabé qu’à d’aquére epoque que y<br />

abè toustém û pouliciè en toutes las<br />

sales de cinema. Sèy pas si parlabem<br />

drin més hort qui nou calè, més aquet<br />

pouliciè que biengou plaça-s darrè<br />

nous autes enta ha coumprénẹ que<br />

calè amatiga-s drin. Lou film que coumencè.<br />

A û moumen dat, û persounàdyẹ<br />

que-s bire decap û autẹ e qu’ou te<br />

dit : « Vous vous débrouillez comme<br />

un vulgaire flic à pieds plats ! » Nou-s<br />

y entenou en la sale qu’û gran esclaquerat<br />

d’arridẹ e touts nousàutẹs ques<br />

arrebirèm decap aquet praùbẹ pouliciè.<br />

Que-s lhebè e que-s anè sèdẹ<br />

més enlà.<br />

A la fî det cinema que sourtim touts,<br />

més lou noùstẹ praubẹ òmi n’abè pas,<br />

pénsi, debergut l’aha e que seguech<br />

la noùstẹ bande. Permou que la serade<br />

n’ère pas acabade. Aquet sé quey<br />

abè tabé au « Palais des Pyrénées »<br />

ûe partide de basket qui n’ère pas<br />

fenide. Que y partim e que bouloum<br />

entra. Més darrè la porte que-y abè û<br />

pouliciè qui-ns e digou que nou lechaben<br />

pas entra arrés permou que-s<br />

anabe acaba. Aquére porte qu’ère de<br />

dus batans. Û de nous autes que<br />

digou : « E se y foutèm û pous ? »<br />

Tau dit, tau hèyt. Nou sèy pas ço quis<br />

passè. Pénsi que lou noùstẹ det<br />

cinema qu’ère encoère per aquiu. Û<br />

gran cop de chiulet e qu’estém gahats<br />

coum lapîs. « Allez ! Tous au commissariat<br />

! » Atau que trabersèm la bile<br />

de Pau, à pè, d’enla lou Palays enquio<br />

la carrère Carnot. N’èrem pas fiers !<br />

Arribats au coumissariat, que calou<br />

presenta-s. Quoan arribè lou mé tour,<br />

û pouliciè que-m digou : « Toi, laissemoi<br />

voir ton père!» Que-ns e hiquèn<br />

darrè aquéts triscats qui abet bist dab<br />

Navarro. Que-ns y goardèn enquio<br />

cinc ou chéys ores. Plâ counténs, que<br />

poudoum rentra per la porte qui-ns<br />

abè dit lou proubisur. Nou y abou pas<br />

nade seguide. Qu’atendouy dus més<br />

abans de demanda au pay si counechè<br />

quauqu’û au coumissariat de<br />

Pau. Que-m respounou que nou, ço<br />

qui-m hé plâ de gay.<br />

Més ço qui n’abém pas yamey sabut,<br />

qu’éy si las mâs de Yan Paul Sartre<br />

èren pipautes !<br />

Eschemia : essaimer<br />

Amatiga-s : se calmer<br />

Debergut : digéré<br />

Triscat : grillage<br />

Denis GARUET, Pountac<br />

LE<br />

MAYNADE<br />

Que sèy ibe broye flou,<br />

Blanque, lusénte, embaumade,<br />

E que sèy ibe maynade<br />

Bien mè broye que le flou.<br />

Que sèy un auserot blu,<br />

A l’ale toute daurade ;<br />

E que sèy ibe maynade<br />

Mè broye que l’auset blu.<br />

Que sèy un bèrmi de luts<br />

Qui lusis à l’escurade ;<br />

Coum lous oelhs de le maynade<br />

Lou bèrmi ne hèy pas luts !<br />

Que sèy un rayoun dou cèu,<br />

Relusente sourelhade ;<br />

Coum lous péus de la maynade<br />

N’y a nat rayoun dou cèu !<br />

Ni ausèts, ni flous, ni sourelhs,<br />

Ni diamans, ni noeyt estelade,<br />

Ne soun ta bèts com le maynade<br />

Me bère que flous e sourelhs !<br />

Justî LARREBAT<br />

(1820-1868)<br />

Beroy pouète de Bayoune, agradat<br />

per Mistrau qui arrebira<br />

aquèstẹ pouèmi en proubençau.<br />

Cargat de familhe, pescadou ahiscat,<br />

que-s nega s’ous garrocs de<br />

Biarritz à 48 ans.<br />

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10 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 2009<br />

« BIARNÉS CAP<br />

E TOUT»<br />

Lorsqu’on s’appelle Pierre Bordenave, on ne<br />

peut cacher ses origines béarnaises, non seulement<br />

les cacher mais les revendiquer. Si vous<br />

poussez la porte de son magasin de la Maison du<br />

Beau Linge à Coarraze vous découvrirez sur bien des<br />

chemises, chemisettes, tee-shirts, polos, torchons,<br />

serviettes, la tête d’un petit béarnais coiffé du béret<br />

du même nom paraphée de la griffe « Cap e tout », en<br />

langue de chez nous, chose à laquelle tient ce commerçant<br />

qui maintient ainsi une identité à laquelle il<br />

tient.<br />

Il n’est pas le seul puisque cette griffe est parfois<br />

déterminante dans le choix des acheteurs parmi lesquels<br />

beaucoup de jeunes, chose qui fait plaisir au<br />

négociant. « Ils ne se trompent pas dans leur choix<br />

car ils exigent montrer ainsi la personnalité particulière<br />

de notre province gasconne ».<br />

Pierre Bordenave a même vendu récemment des<br />

polos à des vacanciers venus des Etats-Unis, ravis<br />

de ramener chez eux l’effigie de notre petit <strong>Béarnais</strong>.<br />

« Petit més hardit » comme on dit chez nous.<br />

ETRE MAIRE<br />

EN BÉARN :<br />

du seigneur à l’entrepreneur 1944 - 1989<br />

Presse Universitaire du Mirail, Toulouse,<br />

2008 (33 euros)<br />

Cet ouvrage important par son volume<br />

(362 pages) et par son contenu, est<br />

l’œuvre de Colette Moreux, une des<br />

premières militantes du mouvement en<br />

faveur du béarnais qui s’est développé dans<br />

les années 1980 et a abouti à la création de<br />

notre <strong>Institut</strong> <strong>Béarnais</strong> et <strong>Gascon</strong>. Cette<br />

sociologue, décédée en 2003, a eu l’occasion,<br />

en tant qu’enseignant-chercheur à<br />

l’Université de Pau, de mener une enquête<br />

approfondie sur la vie d’une commune du<br />

Béarn rural. Douée d’un regard vif et en<br />

même temps bienveillant, ainsi que d’une<br />

plume allègre, elle nous donne un tableau<br />

très vivant d’une scène politique municipale,<br />

avec tous les enjeux qu’elle comporte, dans<br />

tous les domaines. Dans ce village (qui reçoit<br />

dans le livre le nom fictif de Labarthe), deux<br />

personnalités exceptionnelles se sont succédé<br />

dans la fonction de maire. Le premier,<br />

continuateur d’une tradition héritée des<br />

« seigneurs » locaux, jouissant de la confiance<br />

de tous, gérait sa commune comme une<br />

grande famille, en la préservant le plus possible<br />

des influences extérieures. Le second a<br />

interrompu ce « règne » paisible : ouvert<br />

aux réalités économiques contemporaines, il<br />

a su faire bénéficier sa commune de l’apport<br />

de nouveaux arrivants, mais en même temps<br />

il a réussi à en préserver la personnalité et à<br />

y sauvegarder la qualité de vie : sous « l’entrepreneur<br />

» subsistait quelque chose du<br />

« père de famille », pour la plus grande satisfaction<br />

de ses électeurs, « anciens » ou<br />

« nouveaux ».<br />

L’ouvrage de Colette Moreux permettra aux<br />

<strong>Béarnais</strong> d’aujourd’hui de tirer les leçons de<br />

l’action, souvent méconnue, de ces hommes<br />

publics locaux qui ont su maintenir et adapter<br />

au monde moderne une culture formée<br />

par une longue histoire.


2009 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 11<br />

LE BEARNAIS S’EXPORTE<br />

Dans la Pampa, près des<br />

limites de Cordoba existe<br />

un joli village nommé<br />

Damian-Maisonnabe.<br />

Son fondateur, un <strong>Béarnais</strong> né<br />

le 25 Septembre 1861, à<br />

Dognen (canton de Navarrenx)<br />

lui donna tout simplement son<br />

nom : Maisonnabe. C’était le 9<br />

juillet 1906.<br />

Le 9 juillet 2006, le Conseil<br />

Municipal et les habitants ont<br />

fêté le centième anniversaire de<br />

la création de la localité. Ils ont<br />

honoré dignement son fondateur.<br />

Qui était-il? Le fils d’un<br />

laboureur de Dognen, Pierre<br />

Maisonnabe, et d’une ménagère,<br />

Marie-Anne Lassalle-<br />

Barrère. Son acte de naissance<br />

figure comme le veut la loi,<br />

dans le registre d’état civil de la<br />

mairie de Dognen ainsi qu’aux<br />

archives Départementales des<br />

Pyrénées Atlantiques.<br />

Le Mardi 11 Novembre 2008,<br />

une délégation de l’<strong>Institut</strong><br />

<strong>Béarnais</strong> et <strong>Gascon</strong> recevait El<br />

Senòr Emilio Maisonnave,<br />

consul honoraire de France à<br />

Rosario en Argentine et descendant<br />

de Pierre-Damien. La ville<br />

de Rosario compte plus d’un<br />

million trois cent mille habitants.<br />

C’est la capitale de la<br />

province de Santa Fé, et troisième<br />

plus grande ville d’Argentine.<br />

Emilio était accompagné d’une<br />

compatriote, Veronica VOSS-<br />

BOYER, professeur d’Espagnol<br />

à l’Université de Pau et élève<br />

assidue des cours de <strong>Béarnais</strong><br />

de l’<strong>Institut</strong>. Son souhait le plus<br />

cher, pouvoir initier tous ses<br />

amis, descendants comme elle<br />

d’émigrants béarnais, à la<br />

“loéngue nouste”. Tous deux,<br />

sont membres de l’Alianza<br />

Francesa, qui organise chaque<br />

année la fête du 14 Juillet, en<br />

présence des autorités officielles<br />

locales.<br />

Au cours d’un long et amical<br />

entretien qui dura une grande<br />

partie de l’après-midi, Emilio<br />

Maisonnave exprima son grand<br />

attachement à ses racines<br />

<strong>Béarnais</strong>es. Dans les années<br />

1980 il fit un premier voyage en<br />

Béarn sur les lieux de vie et de<br />

naissance de son aïeul. Il intégra<br />

les coutumes de la région du piémont<br />

Pyrénéen, et découvrit sous<br />

tous ses aspects, les particularités<br />

béarnaises des habitants de<br />

la plaine du gave d’Oloron. Cela<br />

aiguisa son intérêt, et aujourd’hui,<br />

de recherches en découvertes il<br />

se passionne pour le Béarn, dans<br />

sa globalité culturelle, mais plus<br />

particulièrement pour sa langue.<br />

La volonté et la pugnacité de<br />

l’I.B.G à maintenir au travers de<br />

ses ouvrages pédagogiques ce<br />

qu’il estime comme un trésor,<br />

l’ont rassuré. C’est avec intérêt<br />

qu’il écouta les explications de<br />

nos méthodes d’enseignement,<br />

et il apprécia l’ouvrage<br />

« Comprendre, parler, lire, écrire<br />

le <strong>Béarnais</strong> » édité par notre institut,<br />

sous la plume de Jean-Marie<br />

Puyau. Il y retrouva l’héritage<br />

précieux qu’il recherche : son<br />

identité dans toute son authenticité.<br />

Cette méthode et le dictionnaire<br />

du même auteur, traverseront<br />

l’Océano Atlàntico pour soutenir<br />

l’apprentissage de notre<br />

langue. De nombreux Argentins<br />

de la Pampa d’origine <strong>Béarnais</strong>e<br />

s’y intéresseront. Emilio<br />

Maisonnave nous l’a promis.<br />

Avant de nous quitter, il nous<br />

apprit que la troisième rencontre<br />

internationale des<br />

familles Maisonnave eut lieu à<br />

Aiguà dans le département de<br />

Maldonado (Uruguay) le Samedi<br />

29 Novembre 2008. Tous les<br />

descendants des Maisonnave,<br />

en déclinant les différentes<br />

formes de graphie du patronyme<br />

: Maisonave, Maissonave,<br />

Maisounave, Maisounabe,<br />

Maysonnave, Maisonneuve<br />

etc… y furent conviés. Il en vint<br />

de toutes les Amériques<br />

Le prochain rassemblement<br />

aura lieu dans deux ans. (Le lieu<br />

et la date seront fixés prochainement).<br />

Il espère une délégation<br />

des cousins béarnais venus<br />

de la terre ancestrale.

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